A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
H ENRY B OURGET
Sur une formule de Lagrange et le théorème de Lambert
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 2
esérie, tome 3, n
o1 (1901), p. 69-75
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SUR
UNE FORMULE DE LAGRANGE
ET
LE THÉORÈME DE LAMBERT,
PAR M. HENRY
BOURGET,
Astronome-Adjoint à l’Observatoire et Maître de Conférences à l’Université de Toulouse.
1. La démonstration la
plus simple
du célèbre théorème de Lambert surl’expression analytique
du temps que met uneplanète
àparcourir
un arc de sonorbite est, sans
doute,
celle que Gauss adéveloppée
dans l’Art. 106 du Theoriamotus. Il nous semble
pourtant
que l’onpeut
désirer voir encore mieuxl’origine
de ce théorème. C’est
peut-être
ce désirqui
a déterminé Jacobi à donner uneplace
siimportante
à cettequestion
dans sesVorlesungen
überDynamik
:Il y consacre, en
effet,
lavingt-cinquième Leçon
tout entière etapplique
à ladémonstration du théorème de Lambert sa belle méthode
d’intégration
deséqua-
tions du mouvement d’un
point
matériel. Bien avant,Lagrange,
dans un Mémoireintitulé : Sur une manière
particulière d’exprimer
le temps, dans les sectionsconiques (OEuvres complètes,
t.IV),
avait donné une démonstration très remar-quable
de ce théorème. Il semble que ce Mémoire soit trop peu connu, car Jacobi lui-même n’en fait pasmention, cependant
la méthode deLagrange
a unegrande portée
et seprête
à desapplications
nombreuses fort différentes del’objet
pourlequel
son auteur l’avaitimaginée
etqui indiquent,
mieux que toutcommentaire,
la vraie
place analytique
du théorème de Lambert.Dans les pages
qui suivent,
nous nous proposons de donner une démonstration trèssimple,
en lagénéralisant,
de la formulequi
sert de base à la démonstration deLagrange
et d’en déduire le théorème de Lambert. Bienqu’il n’y
ait là rien d’essentiellement nouveau, nous pensons avoirsimplifié l’analyse
deLagrange
eten avoir montré toute
l’importance.
2. La formule fondamentale de ce
géomètre
est la suivante :70
Si l’on considène deux variables tc et v liées par
l’équation
d’Euleroù
on a
la formule
dans
laquelle
r = u + v eth,
Gdésignent
des constantes arbitraires.3. Voici une démonstration de cette formule
qui s’applique
au cas où le numé-rateur de la différentielle est
(p étant une fonction rationnelle
quelconque.
Rappelons
d’abordqu’en posant
l’intégrale algébrique
del’équation
d’Eulerpeut prendre
les deux formesconnues : ,
On sait
depuis longtemps,
par M.Hermite,
queest le hessien d’un certain
polynome
duquatrième degré
ce
qui
donne un moyen commoded’exprimer
les coefficientsA, B,
C en fonctiondes
quantités
a,b,
c,d,
e.Cela
étant,
considérons la différentielleen vertu de
l’équation d’Euler,
nous pouvons l’écriremais
cp( v)
étant une fonction rationnellequi change
designe quand
onpermute
les variables u et v, onpeut
poser~
étant une fonction rationnelle déterminée de r et de s.En
conséquence,
la différentielle devientD’autre
part,
la forme(a)
del’intégrale
del’équation
d’Euler nous montre quece
qui
donne pour la différentielleMais,
comme la forme( b )
de la mêmeintégrale
nous montres)
est unefonction rationnelle de r et de nous pouvons finalement énoncer le théorème : :
Si l’on considère deux variables u et v liées par
l’équation
d’EuLeron a la
formule
dans
laquelle
pet S désignent
desfonctions
rationnelles.Si nous posons nous avons
~(r, ~)==r
et nous obtenons laformule même de
Lagrange.
Observons
qu’en disant,
avec M.Raffy,
que la différentielleadmet une
transformation
invariantequand
on ale théorème que nous venons d’énoncer est, aux notations
près, identique
à unthéorème démontré par ce
géomètre (B.
S.M.
t.XII,
p.5 1 ).
4.
Si,
dans la formule deLagrange, R(u)
estdonné,
G et la sont des constantesarbitraires;
mais si l’onregarde
comme donné lepolynôme
G +4 br
+an2,
ondoit
envisager
lesquantités
c,d, e, h
comme des constantes arbitraires.Il y a lieu de faire une observation
analogue
sur la formulegénérale.
Il résulte de là que cette formule se
prête
à deuxcatégories d’applications :
1°, Elle permet
d’exprimer
une différence de deux différentielleselliptiques
données
qui
ne diffèrent que parl’argument,
ces arguments étant liés d’ailleurs parl’équation d’Euler,
au moyen d’une différentielle circulaire.On se rend
compte,
dèsmaintenant,
que les théorèmes sur les arcs de courbes à différencerectifiable, quand
ces arcspeuvent s’exprimer
par desintégrales elliptiques,
ont là leurorigine
commune; et, enfait,
on démontre trèsrégulière-
ment les théorèmes de
Fagnano,
Graves et C~hasles sur les arcs deconique
à diffé-rence
rectifiable,
en faisant usage de cette formule.2° Elle
permet d’exprimer
une différentielle circulaire donnée comme différence de deux différentielleselliptiques
ne différant que par leurs argumentsqui
sontliés par
l’équation
d’Euler.C’est à cette seconde
catégorie d’applications qu’appartient,
comme nousle verrons, le théorème de Lambert.
5. On est conduit à un cas
particulier
intéressant de la formule deLagrange,
en posant
et
on a
si l’on pose, en outre,
où 1 et A sont encore arbitraires.
6. Arrivons maintenant à la démonstration du théorème de Lambert.
Considérons une orbite
elliptique
que nousrapporterons
à trois axes rectangu-laires,
ayant pourorigine
lefoyer
0 où se trouve le soleil. L’axe des x serale
grand
axe de l’orbitedirigé
vers le sommet leplus voisin,
l’axe des y serala
perpendiculaire
élevée à l’axe des x dans leplan
de l’orbiie et enfin l’axe des z la normale auplan
de l’orbite.Désignons
par a, p, e, r le demigrand axe/le paramètre,
l’excentricité et le rayon vecteur del’orbite ;
par(x, y)
les coordonnées d’unpoint quelconque
M del’orbite et par
(a, ~, y)
les coordonnées d’unpoint quelconque
0’ del’espace.
Posons enfin O’M = p et 00~== S et cherchons la relation
qui
existe entre ret o.
Nous avons
nous tirons de là
Eliminant
x, y entre ceséquations,
nous obtenons la relation cherchéequi peut s’écrire,
en posantet l’on reconnaît la forme
(b)
del’intégrale
del’équation
d’Euler. Donc les variables il et v sont liées parl’équation
d’Euler.De
plus,
lespoints
de rencontre de laconique
et du côneisotrope
ayant poursommet le
point
0’correspondent à p
= o, c’est-à-dire à il == v, et par suite àr= 2ll et aux racines du
polynôme R(ll)
ou s’ensuitqu’en prenant
le
point
0’ sur laconique ell.e-méme,
cepolynôme
admettra comme racine doublela
quantité 03B4 q
et aura, parconséquent,
la forme. Nous sommes donc en
présence
du casparticulier
examiné au n°5,
aveck = 03B4 2.
Rappelons
maintenant que l’élément différentiel dutemps
dans l’orbite est donné par la formulek
désignant
ici la constante de Gauss.Nous avons donc
et la formule du n° 5 nous donne en y
faisant,
deplus, ),
= o,ou
Si, maintenant,
nous faisons varier rdepuis
n’= ~ àr",
p varie de o à x, x dési- gnant la cordecomprise
entre les rayons vecteurs n et Dans ces conditions ii’ varie de ,r a r’ + r03C0 + x 2et
v’ a - ,-- r’
+,,u_ 2 et nous obtenons, en intégrant
la formule
précédente
dans ceslimites,
le résultat ,qui peut
s’énoncer en disant que letemps employé
par laplanète
pourparcourir
l’arc
d’orbitecompris
entre les rayons vecteursr’, r’
estégal
au temps mis par uneplanète
fictive pouraller,
sur une orbite infinimentaplatie
de mêmegrand
axe,du
point’ +’ 2 ~‘ au point’~
+’ 2 ~~ + , ~‘.
. Ce résultat montre donc que le temps,
en
question,
estindépendant
de l’excentricité et nedépend
que de a,r’-~-
r" et x.Si l’on veut obtenir la forme même du théorème de
Lambert,
utilisée en Astro-nomie,
il suffit d’effectuer laquadrature
du second membre de la dernière for- mule.L’intégrale
indéfinie est -Nous obtenons donc
ce