HAL Id: jpa-00242770
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Submitted on 1 Jan 1967
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Étude d’un appareillage destiné à la mesure de l’effet magnéto-électrique entre 1,8 °K et 330 °K
M. Mercier
To cite this version:
M. Mercier. Étude d’un appareillage destiné à la mesure de l’effet magnéto-électrique entre 1,8 °K et 330 °K. Revue de Physique Appliquée, Société française de physique / EDP, 1967, 2 (2), pp.109-113.
�10.1051/rphysap:0196700202010900�. �jpa-00242770�
ÉTUDE D’UN APPAREILLAGE
DESTINÉ A LA MESURE DE L’EFFET MAGNÉTO-ÉLECTRIQUE
ENTRE 1,8 °K ET 330 °K
Par M. MERCIER,
Laboratoire d’Électrostatique
etde Physique du Métal, C.N.R.S., Grenoble.
Résumé. 2014 On décrit
unensemble de
mesurede l’effet magnéto-électrique, induit par
unchamp électrique, à des températures comprises entre 1,8 °K et 330 °K. On commente les courbes indiquant le comportement de la susceptibilité magnéto-électrique de Cr2O3 et Fe1,15Ga0,85O3
enfonction de la température.
Abstract.
2014We describe
adevice for measuring the magneto-electric effect, induced by
anelectric field, with temperatures between 1.8 °K and 330 °K. Curves, illustrating the behaviour
of the magneto-electric susceptibility of Cr2O3 and Fe1.15Ga0.85O3
versusthe temperature,
areplotted and commented
on.1. Introduction.
-A l’aide des grandeurs, champ électrique E, champ magnétique H, quantité de cha-
leur 8Q et déplacement X,
onpeut construire
untétra- èdre ( fig. 1). Le couplage de deux de
cesgrandeurs
FIG. 1.
-Tétraèdre représentant les couplages
entre les grandeurs E, H, 8Q, X.
donne lieu à plusieurs
«effets » : l’effet thermomagné- tique, l’effet piézoélectrique, l’effet pyroélectrique, etc.
Vers 1930, plusieurs essais avaient été faits pour mettre
enévidence le couplage magnéto-électrique [1], [2].
L’échec de
cestentatives rejeta cette question dans
l’ombre.
En 1958, Landau et Lifshitz [3], dans
unarticle
consacré à la symétrie magnétique, réémirent l’idée de la possibilité théorique du couplage magnéto- électrique. Peu après,
en1959, Dzyaloshinskii [4]
indiqua comment les éléments de symétrie magné- tique [5] et cristallographique de Cr2o3 sont propices
à l’apparition de cet effet. C’est Astrov [6],
en1960, qui mit
enévidence, pour la première fois,
sonexis-
tence
sur unmonocristal,
nonorienté, de Cr2o3.
Ainsi il peut exister des corps pour lesquels l’applica-
tion d’un champ électrique induit
unmoment magné- tique,
ceque
nousnoterons l’effet (M.E.)E. Récipro-
quement, il
sepeut que l’application d’un champ magnétique induise
unepolarisation électrique,
ceque
nous
noterons l’effet (M.E.)H.
Dans le cadre de cette publication,
nous noussommes
seulement attaché à l’étude de l’effet (M.E.) E.
La susceptibilité magnéto-électrique s’écrit dans
ce cas oc =403C0/E,
océtant
sansdimension dans le
système de Gauss que
nousutilisons.
I I. Appareillage. - 1) GÉNÉRALITÉS.
-Pour étu- dier l’effet (M.E.) E, il s’agit d’appliquer à l’échantillon
un
champ électrique et de
mesurerpar
undispositif approprié le moment magnétique induit. Nous
avonschoisi de travailler
encourant alternatif à 1 kHz.
Cette fréquence est favorable du fait qu’elle est suffi-
samment éloignée de celle du secteur pour que
ceArticle published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/rphysap:0196700202010900
110
dernier
ou sesharmoniques importants introduisent peu de parasites dans le système de détection. En outre, elle est suffisamment basse pour réduire considé- rablement les couplages parasites. Dans le but de connaître l’évolution de la susceptibilité magnéto- électrique
a enfonction de la température, notam-
ment
auvoisinage des points de transition magnétique,
nous avons
utilisé
uncryostat à température variable
de 1,8 oK à 330 oR.
2) CELLULE
DE MESURE. -Le problème le plus déli-
cat posé par la mise
aupoint de l’appareillage
aété la
réalisation d’une cellule de
mesureconvenable ( fig. 2
et 3). D’après
ceque
noussavions de l’effet (M.E.) E,
a
était très faible (de l’ordre de 10-4). Ainsi il fallait
FiG. 2.
-Schéma de principe de la cellule de
mesure.en un
même endroit appliquer
unchamp électrique
élevé et recueillir
unmoment magnétique très faible.
La cellule est percée
en soncentre d’un trou cylin- drique dans lequel est introduit
unsupport
entéflon
où est placé l’échantillon. Doté d’électrodes
enfils
d’or, fixées
avecde la pâte d’argent, l’échantillon est
relié à des câbles coaxiaux à isolement téflon
(50 PPDTE) qui conduisent la tension issue d’un
générateur. Une bobine de
mesureentoure le porte- échantillon. Elle est constituée de 8 000 spires de fil
de cuivre émaillé de 5/100 de
mmd’épaisseur. La
résistance de cette bobine est de 1 980 ohms à la
température ambiante.
Un problème important devait être résolu : celui de la suppression de l’influence directe du champ élec- trique alternatif appliqué,
surla bobine de détection.
Pour avoir
uneidée de la difficulté de cette opération,
notons qu’avec
unetension de 300 V il
nefallait pas avoir plus de 0,2 03BCV d’influence directe, soit
unrap-
port 1,5 X 109, et cela malgré la petite distance entre
l’échantillon et la bobine, rendue obligatoire par la
petitesse du moment magnétique à
mesurer.C’est
pour cela que
nous avonsréalisé
unblindage métal- lique très mince entre l’échantillon et la bobine. Ce
blindage est directement relié
auzéro électrique de
l’ensemble. Grâce à la faible épaisseur adoptée et à l’emploi d’une fréquence d’utilisation de 1 kHz, le
courant induit par le moment magnétique dans la
bobine n’est que très peu atténué.
FIG. 3.
-Cryostat et cellule de
mesure1. Sorties de
mesure. -2. Passage du fluide cryo-
génique.
-3. Enceinte d’azote liquide.
-4. Enceinte
d’H2
oud’He liquide.
-5. Vide.
-6. Échangeur ther-
mique
encuivre massif.
-7. Écran
encuivre.
-8. Tube
en
inox.
-9. Échangeur thermique
encuivre. -10. Tube
en
cuivre. -11. Résistance thermique
eninox. -12. Ré- sistance chauffante. - 13. Câbles coaxiaux. - 14. Cellule de
mesure.L’axe de la cellule est perpendiculaire à l’axe du
cryostat,
cequi permet
uneplus grande souplesse pour l’orientation de l’échantillon vis-à-vis d’un champ magnétique extérieur éventuel.
3) MESURE
DE LA TENSION INDUITE PARL’EFFET
(M.E.)E.
-Du fait de la petitesse des signaux à
mesurer,
nous avonsadopté
unsystème de
mesureutilisant
unamplificateur à détection synchrone
FIG. 4.
-Schéma synoptique
de l’appareillage de
mesurede l’effet (M.E.)E.
(fig. 4). Nous
avonsréussi à supprimer
unegrande partie des parasites noyant le signal
enisolant complè-
tement l’appareillage du secteur. Ceci
nous aconduit
à adopter
unzéro électrique indépendant de la
massede l’installation électrique du laboratoire. Le signal
issu de la bobine est conduit à l’entrée d’un amplifica-
teur sélectif à faible bruit, de gain 105, suivi du dispo-
sitif de détection synchrone [7]. Nous
avonsutilisé
unappareil fabriqué
auCEN-G., auquel quelques modi-
fications ont été apportées.
Un signal de référence, convenablement amplifié et écrêté, pilote le circuit de détection (fig. 4). Il
nelaisse
passer que la composante du signal détecté qui
ala
même fréquence et
unedifférence de phase constante
par rapport à lui. Le signal de référence est issu du même générateur que la tension appliquée à l’échan-
tillon. Le démodulateur redresse
enoutre les deux alternances du signal à
mesurer.Une grande constante
de temps de l’ordre de quelques secondes élimine les fluctuations qui
seproduisent encore, et la composante continue, finalement obtenue, est lue
sur unmilli-
voltmètre électronique Metrix de type 745.
Pour s’assurer du bon fonctionnement du dispositif
décrit ci-dessus,
uncristal de quartz
aété introduit dans la cellule de
mesure.Dépourvu d’ions magné- tiques, il
nepeut pas donner d’effet M.E. En appli-
quant
aucristal
unetension élevée,
nousn’avons pas détecté de signal parasite supérieur à 10 mV
ensortie
alors que l’effet M.E. donne des valeurs de l’ordre du volt. Ces 10 mV correspondent à 0,203BCV aux bornes
de la bobine de détection de 8 000 spires.
4) CRYOSTAT
ATEMPÉRATURE RÉGLABLE
DE1,8 OK
A
330 oK.
-Le cryostat utilisé ( fig. 3) [8]
aété fabri- qué
auxateliers du CEN-G. Il présente la particularité
très intéressante d’être entièrement démontable,
cequi permet toutes les modifications et réparations néces- saires, avantage considérable par rapport
auxcryo- stats classiques entièrement soudés.
A 4,2 OK la consommation moyenne est de 100 litres gazeux par heure,
cequi correspond à
uneautonomie
de 40 heures environ.
La température est mesurée à l’aide d’une résistance de carbone jusqu’à 25 OK et
unerésistance de platine
pour les températures supérieures. La
mesurede la
valeur de la résistance est assurée par
unpont Meci
de type SKM et
ungalvanomètre Sefram de type VSID. La précision de
mesureest meilleure que 0,5°.
III. Mesure de oc( T) sur
uncristal de Cr2o3’
-1) PROPRIÉTÉS
DECr2o3.
-La maille magnétique [9]
( fig. 5) de Cr2o3 est identique à la maille chimique
FIG. 5.
-Maille magnétique et chimique de Cr203.
et les quatre ions Cr+++ sont disposés
surl’axe ter-
naire du rhomboèdre dans les positions + (xxx) et
=L (1/2 +x, 1/2 +x, 1/2 +x). La classe de symétrie magnétique de Cr2o3 contient les éléments suivants :
2C3, 3U2, IR, 2S6R, 3adR [4]. Sous l’action de
cesopérateurs, Ez Hz et Ex Hx -f - Ev Hy restent invariants,
et par conséquent des couplages M.E. sont autorisés
dans
cesdirections. Le potentiel thermodynamique
s’écrit alors [11] :
où (po est la valeur de cp lorsque E
=H
=0. s et y
sont la constante diélectrique et la perméabilité magné-
tique usuelles.
112
2) MESURE
DE LASUSCEPTIBILITÉ 03B1(T).
-NoüS
avons
utilisé
unesphère de Cr2o3 taillée dans
unéchantillon fabriqué à l’aide d’un four Verneuil.
Orientée suivant l’axe ternaire
avec unappareil de
rayons X, la bille
aalors été placée dans la cellule
entre deux électrodes constituées, dans
cecas, par deux fines plaques de métal, tandis que du dichloréthane était introduit également entre
cesdeux plaques afin
d’obtenir
unchamp électrique homogène perpendi-
culaire
auxélectrodes puisque les constantes diélec-
triques de Cr203 et du dichloréthane sont très voisines.
La courbe suivante
aété obtenue (fig. 6).
FIG. 6.
-Susceptibilité magnéto-électrique de Cr,O,
en
fonction de la température.
3) INTERPRÉTATION.
-Le flux, produit par le
moment magnétique induit, est donné par l’expression:
ç
=(203C0l03BDm/R). (1 + l2/4R2)-1/2
en
supposant que la bille peut être assimilée à
undoublet magnétique petit par rapport à la bobine.
l, R, v sont respectivement les longueur, rayon et nombre de spires par unité de longueur de la bobine,
m
est le moment magnétique. En tenant compte du
champ démagnétisant et de la différence des constantes
diélectriques si de Cr203 et Ee du dichloréthane, il
vient :
où Ez est le champ appliqué,
ale rayon de la sphère
et
nle nombre total de spires de la bobine. On
endéduit la valeur de
03B1connaissant la valeur de la ten- sion induite dans la bobine.
Le champ électrique étant appliqué le long de l’axe ternaire,
nous avonsobtenu la susceptibilité paral-
lèle r:J..1I dont la valeur maximum
aété évaluée à 10 X 10-4 approximativement. La température de disparition de l’effet M.E. est de 35 ()C -4- 0,50. Nous
retrouvons l’allure de la courbe tracée par Astrov [10].
Cependant,
nous avonstrouvé
unetempérature de changement de signe plus élevée. Cela est
sansdoute dû à
unelégère désorientation de l’axe ternaire par rapport à l’axe de la bobine,
cequi donnerait
unecontribution de l’effet perpendiculaire.
Si l’on suppose que le moment magnétique est dû
à
unchamp magnétique hz tel qu’il ait le même effet
que le champ électrique appliqué Ex,
onpeut écrire
avec
Rado [11] :
et
Il semble raisonnable de supposer que hz
ala
forme :
L’aimantation à champ nul du sous-réseau s’écrit :
où N/2 est le nombre d’ions Cr par unité de volume,
situés
surchacun des deux sous-réseaux. Sz>m est
la valeur thermique moyenne du spin. Il vient :
Ainsi, donc, l’allure de la variation de la susceptibilité
M.E.
enfonction de la température serait prévisible
en
calculant Mo Xll. Rado, par la théorie du champ
moléculaire de Néel-Van Vleck [12], appliquée à
unantiferromagnétique à deux sous-réseaux,
acalculé
la courbe théorique pour Cr2o3. Il
aeffectivement montré que les courbes théorique et expérimentale
sont très voisines, sauf
versles basses températures où,
entre autres, la courbe théorique
neprésente pas de
changement de signe.
Effet (M.E.)E
sur unéchantillon de poudre de Cr2o3.
-Nous
avonségalement mis
enévidence l’effet (M.E.)E
sur un
échantillon formé
avecde la poudre frittée
de Cr2o3, échantillon qui fut tout d’abord chauffé au-dessus du point de Néel. Puis, après avoir appliqué
un
champ électrique de 7 000 V/cm et
unchamp magnétique de 3 000 Oe, tous les deux continus,
l’échantillon
aété ramené lentement à
unetempéra-
ture inférieure à TN dans
uneenceinte thermique spécialement aménagée. Puis la
mesurede l’effet
(M.E.) E s’est effectuée de la même manière que pour
un
cristal. Nous
avonsobservé
unsignal de valeur égal à 15 % environ du signal
enprovenance du cristal de Cr2o3 [13].
IV. Mesure de B1..( T) de Fe1,15Ga0,85O3.
-1) PRO-
PRIÉTÉS
DEFe,,Ga2-xo3*
-Le ferrite de gallium est
FIG. 7.
-Susceptibilité magnéto-électrique
de Fe1,15Ga0,85O3
enfonction de la température.
un
ferrimagnétique [14] piézoélectrique [15] appar- tenant
augroupe magnétique 2. m qui autorise les
couplages du type Ey Hz et EzHy. En raison de
l’anisotropie magnéto-cristalline [16],
nous avonsessayé de mettre
enévidence l’effet (M.E.) E
enappliquant
unchamp électrique suivant l’axe y pour obtenir
unmoment magnétique suivant l’axe
z.Le monocristal étudié
ala stoechiométrie suivante :
Fe1,15Ga0,85O3. Pour observer l’effet (M.E.)E, il est
nécessaire d’appliquer
enpermanence
aucristal
unchamp magnétique continu (H
=3 000 Oe) produit
par
unaimant permanent. La courbe suivante ( fig. 7)
a
été obtenue.
2) EXPLICATIONS.
-Sur le graphique,
nous avonsreprésenté également la courbe obtenue par Rado [17]
que
nous avonsarbitrairement normée par rapport à la nôtre. Dans
unecommunication récente dont seul
un
résumé
aparu [18], Rado indique
uncomporte- ment,
endessous de la température de l’azote liquide,
très semblable à celui que
nous avonsobservé. Le
point de Néel n’a pas pu être atteint
carle cristal devient conducteur quelques degrés au-dessus de 0 OC.
Ne connaissant pas l’exacte valeur du pourcentage de fer de l’échantillon utilisé par Rado, il est possible
que TN varie
avec cepourcentage.
Rado
ainterprété l’allure de la courbe qu’il
aobtenue [17] à l’aide d’un modèle antiferromagnétique
à deux sous-réseaux
nonrigoureusement parallèles.
La nature ferrimagnétique du ferrite de gallium, qui
a
été tout récemment établie [14] par diffraction
neutronique et par
mesuremagnétique, devrait donner lieu à
unnouvel essai d’interprétation.
V. Conclusions.
-Les études faites
surl’oxyde de
chrome et le ferrite de gallium ont contribué à la
mise
aupoint de l’ensemble de
mesuredécrit ci-dessus.
Nous poursuivons l’étude de l’effet M.E.
surd’autres corps à l’aide des critères de symétrie qui
enautorisent
ou non