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C MÉDOCS VITE...

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Texte intégral

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MÉDOCS VITE...

C

ent cinquante mille journaux dans le monde ont parlé de l’in- culpation à New York d’un candidat potentiel à l’élection présidentielle en France. Deux fois plus de citations que lors de l’élection d’Obama.

L’homme le plus célèbre du monde ! L’affaire DSK a éclipsé, momenta- nément, l’annonce de la future paternité de l’hôte de l’Élysée sor- tant, mais pas encore sorti ! Même le volcan islandais n’a pu enrayer le flux d’images et de commentaires. Il est vrai que le feuilleton est à rebon- dissements et qu’on peut compter sur la droite, malgré les efforts de M. Tron, pour utiliser l’argument

« moral » jusqu’à la lie, à défaut d’hallali. Certains, à gauche, ont, il est vrai, malencontreusement fourni des armes contre leur camp par des déclarations malvenues quoique dic- tées par l’amitié. Comme le dit La Fontaine : « mieux vaudrait un sage ennemi » !

Pourtant ni Mme Lagarde ni M. Guéant ni M. Mercier (Garde des Sceaux) ni a fortiori M. Sarkozy, qu’ils servent par tous leurs erre- ments dans les siens, ou la clique de députés de la droite populaire, ou un Woerth oublié, ne sont des modèles de vertu républicaine. Bref la nausée.

Pour s’en guérir, le meilleur remède, malgré le dossier fourni de ce sup- plément, reste la lutte. La perte d’au- tonomie ? Les retraités financeront leur survie ! La réforme fiscale ? Les riches assujettis à l’ISF paieront encore moins. L’école ? On ferme.

Les services publics... ? Bon été.

JEAN-PAUL BEAUQUIER secrétaire de catégorie

© Françoise Eiden

Supplément à L’US n° 709 du 11 juin 2011

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ACTUALITÉ

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P U E R T A D E L S O L . . .

ou trimestre ordinaire ?

Après le tsunami et l’accident nucléaire majeur de Fukushima, vinrent l’élimination de Ben Laden, l’affaire DSK, un 58esoldat français tué en Afghanistan, des manifs en Grèce et en Espagne, un G8, un contre-G8... et toujours le même président.

Comment imaginer que les décisions politiques prises pendant une période, déjà électorale, vont dans le sens de l’intérêt général ?

Diviser...

Ainsi la revalorisation des pensions à 2,1 %, ne rattrape pas les pertes antérieures, ne tient pas compte de la réa- lité de l’augmentation du coût de la vie, ne comporte aucun geste pour les pensions inférieures au seuil de pauvreté... mais elle fait apparaître les retraités comme mieux traités que les actifs, dont les fonctionnaires, la valeur du point d’indice stagnant pour la deuxième année consécutive.

Qui croira que ce mode de gouvernement est dépourvu d’arrière-pensées alors qu’il joue sur un mensonge global (le pouvoir d’achat des salaires maintenu, sans préciser le mode de calcul) et sur une opposition entre salariés actifs et retraités?

Les semaines ont vu se succéder les annonces : salaires, bonus et stock-options des patrons du CAC 40 (record pour le patron exécutif de Michelin), pantalonnade de la prime de 1 000pour les salariés des entreprises qui distribueraient un dividende en augmentation, sup- pression du bouclier fiscal compensée pour les plus riches par une baisse des taux de l’ISF et le maintien de la quasi-totalité des niches. Il n’est pas douteux que l’écart grandissant des revenus, l’insolence des bénéfi-

ciaires de la faveur du Prince, comme dans l’affaire Tapie-Lagarde, les séquelles du feuilleton Bettencourt ont pesé dans la dernière consultation électorale et favo- risé à la fois une abstention massive et un vote FN sur la thématique éprouvée du « Tous pourris »... Les déci- sions bellicistes du gouvernement russe, en 1904-1905 comme en 1914, n’ont pas sauvé le tsar mais Sarkozy a engagé la France dans une série de guerres supplé- mentaires dont le soutien aux revendications démocra- tiques de peuples en révolte contre leurs dictateurs n’est pas la première motivation évidente.

... pour régner

Cette quête pour lui d’un rétablissement sondagier, bébé compris, ne paraît guère efficace et ce président des riches a les pires sondages. Les thèmes opportu- nistes de la sécurité, la stigmatisation des Roms ou des immigrés, y compris à la suite des mouvements éman- cipateurs du printemps arabe, sont au centre des inter- ventions du président et de ses séides. Le leurre est un moyen d’attirer et de tromper, passé depuis longtemps

S O M M A I R E

ÉDITORIAL p. 1

ACTUALITÉ PUERTA DEL SOL...

ou trimestre ordinaire ? p. 2 POUVOIR D’ACHAT

Les limites de l’IPC p. 3 JEUNES TUNISIENS

EN FRANCE...

Le scandale doit cesser ! p. 4 INTERVIEW

ACTUALITÉS SYNDICALES Entretien avec

Frédérique Rolet p. 5 SOCIÉTÉ

RÉFORME FISCALE Les riches pleurent...

de joie p. 6

SANTÉ-SOCIÉTÉ L’INDICE DE DÉVELOPPEMENT HUMAIN FÊTE SES VINGT ANS L’IDH, un nouveau sigle ? p. 7 ASSISES GOUVERNEMENTALES DU MÉDICAMENT Placebo ou

thérapie efficace ? p. 8 PERTE D’AUTONOMIE : UNE QUESTION QUI INTÉRESSE Prudence sur les chiffres p. 9 REPENSER LA DÉPENDANCE, QUELLES PROPOSITIONS POUR LA RÉFORME ? Cinquièmes rencontres

parlementaires p. 9

VIE SYNDICALE AVEC LES ACTIFS ET SUR LEURS PROPRES REVENDICATIONS Les retraités du

SNES/FSU dans l’action p. 10 DES ÉVOLUTIONS

DANS LE SYNDICALISME DE LA FONCTION PUBLIQUE Assurer l’avenir

de la FGR-FP p. 11

DOSSIER

LE DOSSIER NOIR DE LA SANTÉ PUBLIQUE S’ÉPAISSIT...

Médicaments :

panacée ou poison ? p. 12 LOISIRS CULTURE FESTIVALS D’ÉTÉ Quelques conseils

pour les vacances p. 19 LECTURESpour l’été p. 19 et 22 VISITE

Balades alsaciennes p. 19-20 BUSSANG

Demandez le programme p. 21 UN GRAND PENSEUR ET ÉCRIVAIN MARTINIQUAIS Édouard Glissant p. 22 AU FIL DE LA PRESSE JACKY BRENGOU A LU POUR NOUS C’était écrit...

PORTRAIT

Raymond Aubrac p. 24

©Wikipédia - furilo

Puerta del sol, mai 2011: se faire entendre, inventer des perspectives nouvelles.

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ACTUALITÉ

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IPC mode d’emploi

Depuis la loi de 2003 les pensions sont indexées sur les prix. Pour l’INSEE, l’IPC est « l’instrument de mesure de l’inflation. Il permet d’estimer, entre deux périodes données, la variation du niveau général des prix des biens et des services consommés par les ménages ». Cependant cette définition est nuancée puisque l’IPC n’est pas considéré comme « un indice de dépenses, ni comme un indice du coût de la vie ».

L’inflation mensuelle.L’IPC est déterminé chaque mois. L’inflation mensuelle représente l’évolution de l’indice du mois considéré par rapport à celui du mois précédent. Pour le mois de mars 2011 il s’éle- vait à 121,9 contre 120, 9 en février. Ce qui représente une augmentation de 121,9/120,9 = 1,008, soit une inflation de 0,8 %.

L’inflation en glissement. Pour un mois donné, c’est l’évolution de l’indice du mois par rapport à celui du même mois de l’année précédente. En mars 2011 elle s’élevait à 1,9 % (121,9/119,58).

du domaine de la fauconnerie à celui de la manipula- tion politicienne. Un accroissement des inégalités, un recul des libertés publiques – la liquidation progressive de la spécificité de la justice des mineurs, contrairement aux engagements internationaux de la France, en est une illustration particulièrement préoccupante –, le refus des solidarités collectives, y compris à propos du débat lancé par le gouvernement sur la « dépendance », la casse des services publics, voilà la politique actuelle.

Cependant, la préparation de la rentrée scolaire 2011 donne lieu dans la France entière à des manifestations diversifiées associant nos collègues, les parents et les lycéens, provoquant même des prises de position d’élus de droite apparemment inquiets...

Mais le suicide d’un de nos camarades au ministère du Travail, les soixante suicides en trois ans à France Télé- com, dont le dernier particulièrement brutal, sans remise en cause des principes de gestion de cette entreprise et d’autres, services publics compris, com- pétition mondiale ou pas, sans interpellation par l’op-

L’inflation en moyenne annuelle. C’est elle qui est utilisée pour le calcul de la revalorisation des pensions. Elle s’obtient en comparant la moyenne des indices mensuels d’une année à celle de l’année pré- cédente. La moyenne annuelle est passée de 118,04

« SALAUDS DE PAUVRES »

L’effondrement médiatique du petit Nicolas provoque un spectacle édifiant.

C’est à qui, dans les traces du Président, battra le FN sur sa droite. L’an- tisémitisme est aujourd’hui électoralement dangereux mais avec les Roms, les immigrés, les pauvres, pourquoi se gêner ?

Bachelot, Fillon et même, paraît-il, et un peu tard, Sarkozy prennent pru- demment leurs distances avec les propos de Wauquiez. Mais qui a inspiré ce petit marquis. Il a l’indignation sélective l’homme de la « droite sociale » (ça ne s’invente pas). Les nouveaux cadeaux fiscaux aux plus grandes fortunes et aux millionnaires en euros, le niveau lamentable du SMIC et du minimum de pension... ne l’émeuvent pas. Mais le luxe insolent des « couples d’assistés » à 850 euros par mois le révulse.

Derrière le sourire du chérubin, les crocs du capital !

PIERRE TOUSSENEL

©Nlshop/Fotolia.com

Quel que soit le mode de calcul, le pouvoir d’achat est en baisse.

position d’un gouvernement indifférent ou complice, sont l’indice, que la représentation nationale néglige les obligations que lui donnent les citoyens. Un tsunami est une catastrophe : en faut-il un politique ? ■

JEAN-PAUL BEAUQUIER

P O U V O I R D ’ A C H A T

Les limites de l’Indice des prix à la consommation (IPC)

La revalorisation des pensions est maintenant connue. Elle s’élèvera à 2,1 %. Il apparaît nécessaire de faire le point sur les chiffres diffusés chaque mois par l’INSEE, en rappelant que l’indice

du mois est calculé en référence à un indice 100 en 1998.

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ACTUALITÉ

pour 2009 à 119,76 en 2010 soit une augmentation de 1,5 % (119,76/118,04).

L’inflation perçue.Enfin l’INSEE donne aussi la valeur de l’inflation estimée par les Français. Depuis 2003 elle correspond à peu près au double de l’in- flation « officielle ».

Revalorisation des pensions pour 2011

Pour le gouvernement il s’agit d’une stricte application de la loi. Les 2,1 % se décomposent en 1,8 % de pré- vision d’inflation en 2011 plus un rattrapage de 0,3 % pour 2010 (ce rattrapage correspond à la différence entre la prévision de 1,2 % et l’inflation mesurée à 1,5 %).

Silence total sur le fait que nous n’avons été augmentés que de 0,9 % l’an dernier, puisqu’il nous a été retiré 0,3 % de trop-perçu et qu’en pension nette (celle qui déter- mine notre pouvoir d’achat) la progression n’a été que de 0,3 % à la suite de l’augmentation de la cotisation MGEN.

Enfin aucune mesure sur le recul de l’échéance de la revalorisation reportée au 1eravril depuis trois ans.

Il faut changer l’instrument de mesure Que penser d’un indice qui estime que l’ensemble des prix n’a progressé que de 22 % depuis 1998 ? Tout le monde s’accorde sur le fait que le poids des dépenses contraintes est largement sous estimé dans la pondéra- tion utilisée par l’INSEE. Mais l’intégration des inno- vations technologiques et de l’effet qualité dissimule aussi de manière significative l’augmentation des prix.

Les Français ressentent de plus en plus le décalage entre l’évolution des prix annoncés et la réalité. Pour brouiller un peu plus les cartes l’INSEE envisage de laisser à la grande distribution le soin de relever les prix alimentaires à la place de ses enquêteurs.

Il est plus que jamais nécessaire d’imposer la mise en place d’un véritable indice du coût de la vie.

J.-C. LANDAIS

Effectivement, depuis janvier 2011, 20 000 Tunisiens sont arrivés à Lampedusa, au large des côtes italiennes. Certains ont reçu une autorisation provisoire de séjour et se sont dirigés vers la France. Peut-être croyaient-ils trouver un accueil digne de ce nom dans le pays des droits de l’Homme ! En fait, ils sont pourchassés, arrêtés, expulsés vers l’Italie. Ainsi Le 4 mai, une centaine de jeunes migrants ont été délogés violemment des locaux qu’ils occupaient à Paris. Des associa- tions,certaines municipalités, des centaines de mili- tants apportent solidarité et soutien d’urgence, mais ça ne suffit pas. Ces migrants sont en majorité jeunes, diplômés pour la plupart mais sans emploi dans leur pays. Les jeunes ont joué un rôle moteur dans la révolution tunisienne. La situation est dif- ficile : il faut reconstruire et, en ce sens, l’échéance électorale du 24 juillet sera déterminante.

La situation économique est très préoccupante et le taux de chômage dépasse les 60 % chez les jeunes.

Le tourisme, activité qui représente 40 % des emplois directs et indirects, ne redémarre pas. Le

peuple est impatient. Et les habitants du centre et du sud du pays se sentent délaissés. Les jeunes de la rue Bolivar viennent de là. C’est pourtant à Gafsa que se sont déroulées les premières mani- festations et la grève a duré six mois. Ces jeunes ne comprennent pas que la France, avec ses 65 mil- lions d’habitants, ne puisse pas accueillir 25 000 Tunisiens alors que la Tunisie (10 millions d’ha- bitants) accepte actuellement 300 000 réfugiés libyens ! Il est indispensable que le gouvernement français renoue avec les principes de solidarité qu’il affiche verbalement ? ■

MARYLÈNE CAHOUET

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J E U N E S T U N I S I E N S E N F R A N C E . . .

Le scandale doit cesser !

« La France doit apporter une réponse digne et responsable à la question tunisienne. » Tel est le titre de l’appel lancé par « France Terre d’Asile », suite aux expulsions de l’immeuble de la rue Bolivar à Paris.

Mardi 7 juin : manifestation contre les expulsions.

Des retraités du SNES en étaient.

©DR

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A C T U A L I T É S S Y N D I C A L E S

Entretien avec Frédérique Rolet

Frédérique avait ouvert l’année syndicale pour L’US Retraités ; il lui revient de la clore, d’en dresser un premier bilan et de tracer des perspectives pour la prochaine année scolaire.

Comment résumerais-tu l’année scolaire qui se termine ?

Année difficile que 2010-2011, année paradoxale aussi qui pose une série de questions au mouvement syndical.

L’automne a été marqué par les mobilisations d’une ampleur exceptionnelle ; à propos des retraites, l’intersyndicale interprofessionnelle à huit, reconstituée en 2009, a joué un rôle décisif dans la construction des actions [...]. En conjuguant ainsi unité et action, en portant des propositions alternatives au modèle libéral de la concurrence et de l’in- dividualisme, le syndicalisme a gagné en confiance dans l’opinion ; pourtant, comme en 2003, rien n’a pu faire plier le pouvoir. [...]

Progressivement, l’intersyndicale a perdu de sa substance,

s’est réduite à cinq organisations et a cessé d’être une force d’impul- sion et d’expression des préoccupations des salariés.

Pourtant, et tous les sondages l’attestent, le mécontentement vis-à-vis de la politique économique et sociale du gouvernement est extrême, l’ac- croissement des inégalités est ressenti par tous, les questions d’emploi et de pouvoir d’achat viennent en tête des attentes des Français.

Face au double constat d’une prise de conscience collective accrue et parallèlement d’une insuffisance du mouvement social, le syndica- lisme aura à s’interroger : quelle stratégie face à un pouvoir qui cherche en permanence à prendre de vitesse les organisations syndicales et à les affaiblir ? Comment obtenir un véritable soutien populaire à des orien- tations alternatives au plan politique ? Quelle relation aux partis poli- tiques ? Comment articuler le spécifique et le général ?

Autant de questionnements émergeant du bilan de cette année que la FSU, comme d’autres, ne pourra éluder.

Et sur le terrain plus spécifique du SNES, l’Éducation nationale, le second degré ?

Comme l’ensemble des services publics, l’Éducation nationale est soumise au régime du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux : ne sachant comment habiller les 16 000 suppressions de postes impo- sées à la rentrée 2011, le ministre de l’Éducation nationale a délégué aux recteurs le choix de gérer la pénurie. [...] Bien évidemment, il n’est pas question de se résigner en attendant une inversion de politique issue de l’élection présidentielle : le rétablissement d’un budget permettant de relancer une dynamique de démocratisation du système éducatif suppose des choix politiques fiscaux qui sont loin d’être gagnés si l’on regarde les projets finalisés ou en construction dans les partis politiques.

Cela nécessite de construire un mouvement social pour l’École de haut niveau, sur la durée, sans attentisme électoral. [...] Les luttes d’établis- sement se sont multipliées, les personnels victimes d’attaques ciblées (CO-Psy, stagiaires, enseignants de STI...) se sont illustrés par divers

biais ; il nous faut encore travailler à construire un cadre permettant de regrouper et centraliser toutes ces initiatives, ancrer dans l’opinion le message que l’on est en train de saper notre système éducatif, institutionnaliser une éduca- tion ségrégative. [...]

C’est pourquoi le SNES a poussé la FSU à décider d’un plan d’action [...]débouchant sur une action d’ampleur fin septembre. Il nous semble qu’il faudra aussi réfléchir collec- tivement au sein de la FSU sur ce que nous pouvons faire pour contrer les attaques contre la fonction publique, traduites de façon multiforme.

Ces attaques se traduisent par une

dégradation de la situation des personnels ? Dans le second degré, nous subissons par exemple des tentatives de contrer les statuts des enseignants à travers l’extension des établisse- ments CLAIR dans lesquels les chefs d’établissements ont un droit de regard sur le choix des personnels, où ces derniers sont assujettis à une lettre de mission, où les choix pédagogiques s’affranchiront pour une part du cadre national, abandonnant ainsi l’idée d’objectifs communs à tous les élèves.

Au travers des tentatives de réforme de l’évaluation, de l’individualisation croissante des rémunérations, d’un développement des hiérarchies intermédiaires, on voit se substituer à l’idée du bien commun la montée des particularismes ; ce qui faisait l’identité et la spécificité des missions de fonctionnaires – égalité sur le territoire, continuité... – est désormais mis à mal par les essais de subordonner les agents à des intérêts locaux.

Le sondage récent de la FSU a illustré l’attachement des Français à leur fonction publique et la conscience que l’État était un bien piètre employeur. Reste à travailler dans l’opinion le sens de la construction du statut en 1946 puis en 1983-1984.

Les élections professionnelles vont intervenir très rapidement après la rentrée scolaire...

On voit bien les chantiers à travailler pour les élections professionnelles d’octobre 2011 ; sur fond de recomposition de paysage syndical, de chan- gements profonds dans nos métiers et dans le rapport au travail, la FSU et ses syndicats devront convaincre de leur capacité à prendre en compte les problèmes professionnels des diverses catégories, porter leurs revendications, allier contestation et propositions, rechercher une unité porteuse de dynamiques.

La réflexion engagée par le SNES puis par la FSU au congrès de Lille sur le devenir du syndicalisme devrait y contribuer. ■

N. B. : L’entretien complet est disponible sur le site www.snes.edudans la partie actualité de la rubrique retraite/espace retraités

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INTERVIEW

Frédérique Rolet cosecrétaire générale du SNES

© Thierry Nectoux

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SOCIÉTÉ

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R É F O R M E F I S C A L E

Les riches pleurent... de joie

Supprimer un impôt sur les riches (le bouclier fiscal) pour distribuer d’avantage d’argent aux riches (réforme de l’ISF), tel est le sens de la « réforme fiscale » de Sarkozy annoncée fin avril.

Il faudrait se demander pourquoi un tel cynisme est aujourd’hui possible.

Contraint de renoncer au bouclier fiscaldevenu invendable, Sarkozy ne renonce pas pour autant à ses promesses de 2007 : accompagner la croissance des inégalités avec des impôts plus doux pour les plus riches. Le seuil de déclenche- ment de l’ISF est relevé de 800 000 euros à 1,3 mil- lion, ce qui exonère près de 300 000 foyers fiscaux.

Surtout les taux d’imposition sont abaissés à 0,25 % pour la tranche comprise entre 1,3 et 3 millions d’euros, puis à 0,5 % au-delà. De sorte que plus le patrimoine est important, plus le gain moyen obtenu par la réforme de l’ISF est élevé.

Sur les 2 000 redevables sur un patrimoine supé- rieur à 16 militions d’euros, la moitié bénéficient aujourd’hui du bouclier fiscal, mais en perdant cet avantage, leur gain net s’élèvera tout de même à 21 000 euros en moyenne . Pour les autres, le gain lié à la réforme de l’ISF sera entièrement acquis.

RETRAITE OU PENSION ? TROIS QUESTIONS À ANNE FÉRAY

Comme le stipule la loi de réforme de retraites, le gouver- nement va remettre au parlement avant la fin septembre un rapport sur la création d’une caisse de retraite des fonc- tionnaires de l’État ; alors plus de code des pensions ? La création d’une caisse de retraites de l’État participerait du désengagement de l’État vis-à-vis de ses agents pensionnés et heurterait le principe même du code des pensions, selon lequel la pension est une allocation versée en « rémunération des ser- vices » accomplis. En même temps, le code des pensions est un

« régime spécial », avec des dispositions originales, fondées sur le principe de carrière et qui peuvent être respectées par une caisse de retraite, comme c’est aujourd’hui le cas de la CNRACL.

Quelle est la position du SNES sur le dispositif envisagé?

Le SNES, avec la FSU s’est opposé à la création d’une telle caisse.

En juin 2010, Georges Tron a renoncé à inscrire la création d’une caisse dans le projet de loi. En acceptant de fournir un rapport aux

parlementaires, il ne leur a cependant pas opposé les conclusions qu’il disait avoir retenues de la concertation avec les organisations syndicales : il n’y a pas besoin d’une caisse pour assurer la trans- parence sur les pensions. En fait, le gouvernement cherche à trans- férer aux agents, via les prélèvements sur les rémunérations, la charge de la gestion des pensions, assurée aujourd’hui par des per- sonnels des ministères. Une énième mesure de la RGPP ! Autre dossier « chaud », le débat sur la « perte d’autonomie » ; les mesures envisagées pour le financement augurent-elles le démantèlement d’une protection sociale solidaire ? La droite cherche, à travers ce dossier à confier aux assureurs privés un pan de la protection sociale. Le renvoi à la prévoyance individuelle tourne évidemment le dos aux principes de solida- rité. De tels choix pour ce dossier ouvriraient un coin dans la pro- tection sociale tout entière.

PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-PIERRE BILLOT Patrimoine en euros Nombre assujettis Gain moyen en euros

800 000 à 1,3 million 280 000 719

1,3 million à 2,5 millions 210 000 1 700

2,5 millions à 4 millions 46 000 5 500

Plus de 16 millions 2 000 160 000

Source : simulation Thomas Piketty

Pour faire passer cette réforme inique, le gouverne- ment est revenu très partiellement sur l’allégement des droits sur les donations et les successions, mais cela ne modifie les choses qu’à la marge.

De même pour justifier son renoncement à accroître le taux portant sur la dernière tranche de l’impôt sur le revenu, le gouvernement envisage de taxer les 2 500 personnes qui ont plus de 2 millions de reve- nus, et dont le taux moyen d’imposition est faible (17 %) car leurs revenus sont surtout constitués de revenus du patrimoine peu taxés

Cette réforme est donc en faveur des patrimoines très élevés et déjà constitués. Elle fait beaucoup de gagnants parmi les riches (15 000 perdants béné- ficiaires du bouclier fiscal, mais environ 500 000 gagnants au titre de l’ISF), elle accroît le déficit budgétaire car le gain lié à la disparition du bouclier fiscal (600 millions) sera loin de compenser la baisse du rendement de l’ISF quoi qu’en dise le gouvernement. ■

DANIEL RALLET

(1) Compte tenu de divers abattements, le seuil de déclen- chement de 800 000 euros correspond en réalité à un patrimoine de 1,2 million. Le seuil de patrimoine réel pas- serait à 1,9 million.

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SANTÉ SOCIÉTÉ

Le premier rapport sur le développe- ment humain rédigé en 1990 dans le cadre du programme des Nations Unies pour le développement a dû établir des mesures nouvelles en créant un indice composite mesurant le niveau moyen atteint des trois dimensions du développement humain : santé et longévité, accès à l’éducation et niveau de vie décent. C’est un indice alternatif aux mesures conven- tionnelles de développement telles que le niveau de revenu et le taux de croissance économique.

Vingt ans plus tard, l’IDH moyen du monde qui a crû de 18 % témoigne d’améliorations en terme d’es- pérance de vie,de scolarisation, d’alphabétisation et de revenu. Des 169 pays considérés qui repré- sentent 92 % de la population mondiale trois seule- ment – la République du Congo, la Zambie et le Zim- babwe – ont un IDH inférieur à celui de 1990.

La notion de développement humain est évolu- tive,de même que les outils et les concepts analy- tiques qui s’y réfèrent. Si depuis 1990 des progrès substantiels ont été réalisés, ces vingt dernières années ont aussi été marquées par un accroissement des inégalités entre les pays et au sein de leurs propres régions avec l’émergence de modèles de production et de consommation nouveaux. L’écart de performance entre les uns et les autres ainsi qu’entre les domaines considérés,a nécessité l’in- troduction de nouveaux outils:l’IDH ajusté aux

inégalités,l’indice d’inégalité de genre et l’indice de pauvreté multidimensionnelle.

La France placée au 14erang des pays disposant de données comparables, n’occupe que la 17e place pour l’indice de participation des femmes à la vie et aux décisions économiques, politiques, au contrôle des ressources économiques.

Loin d’être un simple résultat d’évaluation, l’IDH avec tout ce qui l’entoure met donc en évidence les implications politiques du développement humain.

Au vu des résultats,il est visible qu’un certain nombre de défis restent à relever tant dans le domaine des libertés et de l’autonomisation,que dans celui de la durabilité et la sécurité humaine. ■ ROBERT JACQUIN

© Carte IDH : Domaine public

DES SIGLES ET DES DÉFINITIONS (suite)

DGS: Direction générale de la santé

HAS: Haute autorité de santé

InVS: Institut de veille sanitaire

INPES: Institut national de prévention et d’éducation pour la santé

EFS: Etablissement français du sang

AFSSAPS: Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé

AMM: Autorisation de mise sur le marché

SMR: Service médical rendu

ANSES: Agence nationale de sécurité sanitaire (alimentation, environnement et travail)

OMS: Organisation Mondiale de la Santé

EMEA: Agence européenne du médica- ment

FDA : Food and Drug Administration (Etats-Unis) : agence fédérale des pro- duits alimentaires et médicamenteux

CCNE: Comité consultatif national d’éthique

ONIAM: Office national d’indemnisation des accidents médicaux, des affections iatrogènes et des infections nosocomiales

LEEM: Les entreprises du médicament (puissante organisation patronale)

AFD: Association française des diabé- tiques

EFPIA: Fédération européenne des asso- ciations et entreprise de l’industrie phar- maceutique (traduction française) en fait lobby européen du médicament

Blockbusters: produits réalisant plus d’1 milliard de dollars de chiffre d’affaires annuel

« Me too » : médicaments présentés comme des nouveautés et qui sont en réalité des copies

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L ’ I N D I C E D E D É V E L O P P E M E N T H U M A I N F Ê T E S E S V I N G T A N S

L’IDH, un nouveau sigle ?

L’indice INSEE ou encore Indice des prix à la consommation (IPC), comme la mesure du Produit intérieur brut (PIB) sont des notions familières ; la presse commence maintenant à évoquer l’IDH ; et pourtant cette évaluation n’est pas nouvelle.

L’écart de performance mesure aussi la croissance des inégalités de développement

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SANTÉ SOCIÉTÉ

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A S S I S E S G O U V E R N E M E N T A L E S D U M É D I C A M E N T

Placebo ou thérapie efficace ?

Après la remise du rapport accablant de l’Inspection générale des Affaires sociales sur le Médiator, le gouvernement ne pouvait que s’indigner, malgré ses implications antérieures avec les groupes pharmaceutiques notamment avec le groupe Servier ; il a aussi décidé d’ouvrir le débat sur le contrôle de l’efficacité et de la sécurité du médicament en France.

Xavier Bertrand, ministre du Travail, de l’Em- ploi et de la Santé a reconnu des dysfonctionnements graves de l’État dans la police du médicament et décidé de mettre en place des assises du médicament ayant pour mission « d’étudier ce qu’il faut changer dans le système pour le rendre plus sûr, plus trans- parent, plus réactif et plus efficient ». Le but de ces assises est de restaurer la confiance dans le système de sécurité sanitaire des produits de santé. Les conclu- sions des assises devront permettre au gouvernement d’élaborer un projet de loi d’ici la fin de l’année. Six groupes de travail ont été constitués « en toute indé- pendance » ; ils doivent faire des propositions en articulant le système français et le système européen.

Les assises du médicament ont suscité un certain espoir pour un renouveau de la politique de santé. Des

participants aux groupes de travail ont décidé d’in- tervenir et de faire des propositions pour faire évo- luer la politique du médicament dans le bon sens.

Mais les conditions de nomination et de fonctionne- ment des groupes ont rendu difficiles la sérénité des débats.

Comment travailler et échanger efficacement dans des groupes de plus de soixante membres dont la plupart sont des représentants des principaux groupes et lobbies impliqués dans l’information sur le médi- cament ?

Malgré la demande expresse de la revue Prescrire, les débats n’étaient pas publics ; des participants qui avaient filmé les débats sans autorisation, se sont vus menacés de poursuites en cas d’utilisation publique des éléments enregistrés. Ne pouvant tolé- rer de telles pratiques, un certain nombre de partici- pants ont décidé d’arrêter leur participation aux assises. Une semaine plus tard, l’annonce a été faite que les séances seraient désormais intégralement fil- mées. Un progrès dans la transparence !

Mais comment s’est faite l’écriture finale du rap- port ? Les PDG de laboratoires pharmaceutiques, venus en personne, n’ont-ils pas tenté de préserver leurs intérêts ? Et surtout que retiendra le gouverne- ment des préconisations avancées par les partici- pants aux assises? Autant de questions dont il faudra attendre réponses avant de se prononcer. ■

FRANÇOISE EIDEN

ASSISES : MODALITÉS DE FONCTIONNEMENT

Six groupes de travail ont été constitués pour faire des propositions en arti- culant le système français et le système européen ; c’est sur ces bases que le gouvernement devrait élaborer un projet de loi d’ici la fin de l’année.

Le groupe 1 a étudié l’amélioration des conditions d’octroi de l’autori- sation de mise sur le marché d’un médicament nouveau.

Le groupe 2 a eu pour thème le renforcement du système de surveillance des médicaments notamment par la prise en compte plus rapide des signa- lements des effets indésirables des médicaments.

•Le groupe 3 a eu pour mission d’identifier les évolutions nécessaires de l’en- cadrement des prescriptions.

Le groupe 4 a réfléchi aux moyens de développer l’information sur les

produits de santé notamment par la formation initiale et continue de profes- sionnels de santé.

Le groupe 5 a eu pour mission l’optimisation de la gouvernance et la clari- fication des missions des organismes intervenant dans les produits de santé. Le groupe devait notamment s’intéresser « au processus de décision, à la gestion des liens et conflits d’intérêts et aux problématiques de transparence et d’indépendance aussi bien de l’expertise que de la décision ».

Le groupe 6 s’est occupé du renforcement du contrôle et de l’évaluation des dispositifs médicaux.

Sources : www.sante.gouv.frSanté ➝Assises du médicament • www.atoute.org/n/

article194.html • www.arretsurimages.net/contenu.php?id=3818 • www.prescrire.org

Des assises, un rapport, un projet de loi...

© Shironosov/Istockphoto.com

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SANTÉ SOCIÉTÉ

Le vieillissement – un tiers des Français aura plus de 60 ans en 2035 – ne signifie pas que le nombre de personnes dépendantes va croître dans les mêmes proportions. Pro- grès de la médecine, amélioration de l’habitat, des aides techniques, effets de générations limiteront la dépendance des plus âgés. À l’in- verse, des maladies pourront apparaître ou s’aggraver.

Toute projection en la matière repose « sur deux incertitudes énormes », souligne Jean-Marie Robine, spécialiste du vieillisse- ment à l’Inserm (recherche médicale) : le nombre de personnes âgées dans l’avenir et leur état de santé.

L’un des groupes de travail sur la dépendance mis en place par le ministère des Solidarités anticipe cependant jusqu’à un double- ment du nombre de bénéficiaires de l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA) en France métropolitaine. Mais Emmanuelle Cambois, de l’Institut national d’études démographiques, membre

P E R T E D ’ A U T O N O M I E : U N E Q U E S T I O N Q U I I N T É R E S S E

Prudence sur les chiffres

87 % des Français accordent de l’importance à la question de la dépendance des personnes âgées, selon un sondage ViaVoice pour le Groupe Pasteur Mutualité. Par ailleurs, le gouvernement multiplie les colloques et groupes de travail : deux témoignages le montrent.

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Dans son intervention Valérie Rosso-Debord a soulignéque le droit de vieillir dans la dignité était une préoc- cupation aussi essentielle pour la société que celle de l’emploi ou de la petite enfance. En 2030, c’est la nombreuse génération d’après guerre qui sera concernée. La question du financement de la dépen- dance ne doit pas réduire le projet social ; or, l’effort actuel de 25 milliards est déjà considérable eu égard à

l’état des finances publiques.

À la première table ronde, si un consensus s’est établi pour améliorer la grille AGGIR, la rendre plus cohérente et plus lisible, en évitant des inégalités entre les départements, si l’accord s’est aussi fait sur une certaine transversalité entre les différents acteurs du médico-social ainsi que sur le développement d’une politique de prévention, le problème du financement est resté posé. La ministre Bachelot a rappelé que le financement de la dépendance devait être assuré par un large socle de solidarité nationale dans le cadre d’un partenariat public-privé.

La deuxième table ronde s’est inscrite dans les

du groupe de travail souligne la difficulté d’une telle évaluation :

« On ne dispose pas, comme pour la mortalité, d’études comparables les unes aux autres sur une longue période » passée qui donneraient des tendances. La notion de santé est très compliquée : « l’aug- mentation du nombre de cancers vient-il d’une vraie hausse de la prévalence de la maladie ou d’un meilleur diagnostic ? De plus la définition de la dépendance varie d’une étude à l’autre. Tous ces élé- ments sont très difficiles à projeter un par un », poursuit-elle, appe- lant à la prudence sur les hypothèses avancées.

Prévoir le nombre de personnes âgées dépendantes est donc très com- pliqué : il est nécessaire de combiner projections démographiques,pro- grès médicaux, effets sociaux et environnementaux ; certains dis- cours parlementaires ou ministériels sont loin de respecter cette démarche de bon sens. ■

ANNIE EVENO

propos de la ministre : le représentant de la CNSA propose la créa- tion d’une commission nationale de la perte d’autonomie, dans le cadre d’un partenariat public-privé avec la participation des minis- tères, des conseils généraux et des caisses. Marisol Touraine, dépu- tée socialiste, s’est opposée à cette position ; selon elle la solidarité nationale nécessite la contribution de tous ; elle est possible dans le cadre d’une réforme de la fiscalité. Les assu- reurs ont proposé soit la mise en place d’une assurance complémentaire au sein des entre- prises se prolongeant après 60 ans, avec transfert des contrats, soit des prestations en espèces sous forme de rente choisie à la souscription du contrat. Dans les deux cas se pose le problème de l’âge de la souscription et de sa limite.

Il n’échappera à personne que cette réforme de la dépendance est de nature à remettre en cause le système de la protection sociale basée sur un principe simple : chacun participe selon ses moyens et reçoit en fonction de ses besoins, principe fondateur de la Sécurité sociale.

ROBERT JACQUIN

R E P E N S E R L A D É P E N D A N C E , Q U E L L E S P R O P O S I T I O N S P O U R L A R É F O R M E ?

Cinquièmes rencontres parlementaires

Les rencontres parlementaires pour la dépendance ont vu le jour en novembre 2007 ; les cinquièmes se sont déroulées à Paris le 3 mai 2011. La députée Valérie Rosso-Debord était l’une des têtes d’affiche de cette manifestation.

Les compagnies d’assurance sont toutes à l’affût.

© DR

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VIE SYNDICALE

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Pouvoir d’achat, perte d’autonomie, le leitmotiv de l’action unitaire dans les départements...

Avec les UCR et la FGR-FP, les retraités FSU ont donné rapidement des suites à la journée d’action du 25 novembre pour la défense du pouvoir d’achat et pour une réponse collective, solidaire et publique à la perte d’autonomie. Ainsi l’intersyndicale des Hautes-Pyrénées a rencontré le conseil général et constaté une large convergence de vue sur le traite- ment et le financement de la perte d’autonomie.

Celle de la Haute-Savoie a organisé un débat public, où deux motions ont été adoptées et envoyées à l’ensemble des élus du département. À Montpel- lier un rassemblement a eu lieu le 13 décembre, suivi d’une audience à la préfecture pour porter revendications et pétitions.

Cette dynamique unitaire s’est heureusement pour- suivie dans un certain nombre de départements.

Le 24 février les retraités FSU du Var manifestaient avec ceux de la CGT, de l’UNSA et de la FGR-FP.

Le 17 mars l’UCR-CGT avait décidé seule une jour- née d’action. Des intersyndicales départementales, parfois rejointes par des associations de retraités, s’en sont emparées pour en faire une journée unitaire.

Ainsi la plupart des organisations étaient représentées

dans les rassemblements ou les défilés du Bas-Rhin, des Bouches-du-Rhône, de la Haute-Garonne, du Lot, du Tarn-et-Garonne, de la Seine-Maritime... Dans le Var et l’Aude, seule la FSU a rejoint la CGT ; dans le Finistère, CGT, FSU et FGR-FP ont participé. Ces manifestations se sont souvent terminées par des audiences à la préfecture. La Seine-Maritime a orga- nisé une conférence de presse, le Bas-Rhin a distribué des tracts sur les marchés et obtenu une audience du président du conseil général, les Bouches-du-Rhône ont exposé leurs revendications dans une lettre au préfet, le Finistère a remis des pétitions et la Seine-Mari- time une lettre au Premier ministre.

Et le 24 mars c’était le tour du Loiret, où CGT et FSU procédaient à un premier dépôt de pétitions à la pré- fecture (la presse a relaté le ras-le-bol des manifes- tants dans un article débutant par « Trop c’est trop ») et annonçaient une manifestation le 12 avril. Pendant ce temps dans l’Allier, l’intersyndicale des retraités au grand complet ainsi que plusieurs associations manifestaient à Moulins, Vichy et Montluçon.

L’action unitaire sur la perte d’autonomie ne se limite pas aux journées d’action nationales.

Dans de nombreux départements des lettres ont été envoyées aux candidats aux cantonales.

Des débats décentralisés sont organisés comme en Indre-et-Loire, dans le Nord-Pas-de-Calais, en Haute- Savoie, des réunions se tiennent dans la plupart des départements, préparées par les tracts distribués sur les marchés, des conférences ou des communiqués de presse, voire un bulletin commun comme en Haute- Savoie ou comme le « Livre bleu » des retraités de la Côte-d’Or. Des audiences sont demandées au préfet ou au président du conseil général. En Loire-Atlantique un groupe de travail CGT-FSU fonctionne depuis plusieurs mois, et c’est un actif de ce département qui a fait introduire un passage sur la perte d’autonomie dans la motion Action de la dernière CA nationale.

Les débats officiels organisés dans chaque région par le préfet de région et le directeur de l’ARS donnent lieu à des distributions de tracts et des rassemble- ments. À Lille une délégation a été reçue par le chef de cabinet de la secrétaire d’État et deux repré- sentants de l’ARS.

A V E C L E S A C T I F S E T S U R L E U R S P R O P R E S R E V E N D I C A T I O N S

Les retraités du SNES/FSU dans l’action

Revendiquant toute leur place dans la société, ils ont manifesté le 22 janvier, le 10 février, le 19 mars

« pour l’éducation pour le second degré » ; ils ont participé aux actions locales parfois spectaculaires organisées un peu partout pour dénoncer les conditions de la rentrée 2011 ; ils n’ont pas pour autant déserté le terrain des revendications plus générales. Le 1ermai ils étaient encore là, et auraient souhaité voir davantage d’actifs...

Toujours mobilisés ; en 2011 les retraités de la FSU n’ont pas perdu leurs bonnes habitudes.

© DR

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VIE

SYNDICALE

Des évolutions sont à noter dont celle des retraités du SNAEN : le syndicat a été dissous en juin 2010 pour se fondre dans l’UNSA-Retrai- tés ; ils ont créé une autre structure, l’ARENCT (Association des retraités de l’EN et des collecti- vités territoriales) au sein de la FGR-FP. Globa- lement – même si les chiffres sont plutôt estimés que définitifs pour 2010 – on constate un nouveau tassement du nombre des adhérents directs et une légère progression des adhérents venus des syn- dicats affiliés.

Plusieurs propositions ont été faites par les parti- cipants pour élargir le recrutement à d’autres syn- dicats de la fonction publique par exemple, et doter la FGR des moyens nécessaires à son activité et au fonctionnement de ses instances : c’est le point de vue défendu par le SNES.

En ce qui concerne l’avenir de la FGR, la secrétaire générale a constitué un groupe de travail sur le sujet ; il synthétise les contributions reçues des syndicats, sections départementales, régionales suite aux propositions de l’ex-secrétaire général, J. Maurice, de restructurer la FGR-FP,de la réser- ver aux seuls adhérents directs, donc de faire sor- tir les syndicats de l’association, pour l’ouvrir au seul milieu associatif.

Les contributions connues à ce jour constituent un quasi-plébiscite en faveur du maintien, du déve- loppement de la FGR-FP !

Chacun est attaché plus que jamais au rôle qu’elle joue aux côtés des actifs dans la fonction publique menacée,pour la défense du statut, dans le débat sur la perte d’autonomie ou la réforme de la fis- calité.

Le prochain congrès s’annonce : la démocratisation engagée de sa préparation doit se poursuivre, et permettre d’aborder des thèmes nouveaux, d’exa- miner tous les moyens d’assurer l’avenir de la FGR-FP, dans l’unité qu’ensemble nous avons voulu construire : les représentants du SNES y seront présents et actifs. ■

ANNIE EVENO

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D E S É V O L U T I O N S D A N S L E S Y N D I C A L I S M E D E S R E T R A I T É S D E L A F O N C T I O N P U B L I Q U E

Assurer l’avenir de la FGR-FP

La réunion annuelle des syndicats nationaux adhérents de la FGR-FP s’est tenue récemment ; le point y a été fait sur le nombre d’adhérents, les moyens et l’avenir de la FGR-FP.

... mais aussi l’expression de l’ostracisme des UCR à l’égard de la FSU au niveau national La proposition de la FSU aux UCR et à la FGR-FP d’une action commune sous la forme par exemple d’une carte-pétition au président de la République étant restée sans réponse, les syndiqués de la FSU ont donc mené cette action seuls. À la mi-mai le recen- sement des signatures est en cours et une audience est demandée au ministre du Budget pour les lui remettre.

Et dans certains départements, la proposition de la FSU d’un tra- vail commun sur la perte d’autonomie a été refusée par des UCR qui ont préféré agir seules.

S1 du SNES ou SFR départementale ?

Rares sont les S1 ayant une vie autonome ; c’est le cas des grosses sections, comme le Nord-Pas-de-Calais ou l’Hérault. Le plus sou- vent on se réunit entre retraités de la FSU. On débat réforme des retraites, perte d’autonomie, pouvoir d’achat et services publics, mais aussi d’autres problèmes d’actualité : retraités appelés à remplacer

des profs absents, rassemblements contre la haine (Alsace), solidarité avec les peuples irlandais et grecs et leurs syndicats (Var), soutien aux lycéens jugés pour « entrave à la circulation », syndicalisme des retraités (Hérault), mise en place des ARS (Nord-Pas-de-Calais), campagne de syndicalisation, réformes systémiques (Hautes-Alpes)...

Parfois les échanges se poursuivent autour d’une bonne table et sont suivis d’une visite touristique (Dordogne, Hérault).

Les retraités de Haute-Garonne ont participé à une journée d’étude CGT-FSU sur la protection sociale et la dépendance, ceux de la Cor- rèze à un stage « Futurs retraités » animé par Marie-Louise Billy, ceux des Ardennes à l’accueil de Sarkozy à Vivier-au-Court.

De nouveaux bulletins apparaissent (Indre-et-Loire, Gironde, Haute-Garonne) ; des sites accueillent les informations retraités.

Et bien sûr les militants ont œuvré dans les AG pour que l’avenir de la FGR-FP ne soit pas celui que préconise son ancien secrétaire général mais pour une FGR-FP dynamique et revendicative s’appuyant sur ses syndicats et s’enrichissant de la diversité de

ses adhérents. ■ BÉNÉDICTE VRAIN

En 2013, le congrès de Narbonne sera une étape importante pour l’avenir de la FGR.

© Wikipédia-Benh LIEU SONG

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L’indépendance des instances de contrôle est au cœur du problème Pour être commercialisé, tout médicament doit obtenir une Autorisation de mise sur le marché (AMM) délivrée par les autorités de régulation nationale (AFSSAPS) ou européenne (EMEA). Leur rôle est d’évaluer le rapport bénéfice/risque des médicamentsavant et après leur entrée sur le marché. Or, selon l’IGAS, « l’emprise de l’industrie pharmaceutique s’exerce sur quasiment l’ensemble du système de santé ».

L’emprise est financière :80 % des ressources de l’AFSSAPS proviennent de l’industrie pharmaceutique qui finance aussi les associations de malades, la forma- tion continue des médecins, l’essentiel de la presse médicale, les congrès, etc.

Les règles de transparence ne sont pas respec- tées :l’indépendance des experts de l’AFSSPAS n’est pas garantie, elle recourt aux services de 1 400 experts M E D I A T O R

Un scandale médic

Le Mediator est au centre d’un des plus grands bénéficié d’une « incompréhensible tolérance ».

elle montre aussi l’affaiblissement considéra qui cherchent avant tout à réaliser des profits

>

DOSSIER

A P R È S L E M E D I A T O R , L ’ A C T O S : L E D O S S I E R N O I R

D E L A S A N T É P U B L I Q U E S ’ É P A I S S I T . . .

Médicaments : panacée

ou poison ?

En France, la consommation de médicaments est très

importante : certes pour le bien des patients mais également pour le profit – à n’importe quel prix – de l’industrie pharmaceutique.

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Dossier réalisé parMarylène Cahouet, Françoise Eiden et Jacky Brengou

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DOSSIER

externes qui, pour une large partie d’entre eux, ont des liens économiques avec les laboratoires, d’où des conflits d’intérêts.

Les expertises indépendantes sont rares :il est très difficile de trouver des experts qui n’aient pas partie liée avec un laboratoire dans le cadre de leur travail, les entre- prises privées finançant 99 % de la recherche sur le médicament.

Les expertises sont guidées par les laboratoires :ce sont les laboratoires qui fixent les méthodes d’évalua- tion (par rapport à un placebo et non par rapport à un produit de référence) ; ce sont eux qui apportent la preuve de l’efficacité de leurs nouveaux médicaments.

Les dispositifs de pharmacovigilance sont insuffi- sants :la complexité administrative, la faiblesse des moyens, l’absence d’incitation à la notification des effets secondaires par les praticiens expliquent pour une part la lenteur des décisions de retrait du Mediator.

L’influence de « Big Pharma » doit être limitée

Les laboratoires Servier refusant d’assumer les conséquences de la crise du Mediator, le gouverne- ment a donc annoncé la création d’un fonds public d’indemnisation des victimes du Mediator. Mais

« ce n’est pas aux contribuables ni aux assurés sociaux à supporter la charge financière de l’in- demnisation des dommages sanitaires dont [...]

Servier porte la responsabilité première » estime Gérard Bapt, député PS. Servier doit payer.

« C’est l’ensemble du système de santé qu’il faut revoir en s’attaquant à ceux qui le marchandi- sent et en développant des politiques publiques innovantes, pas forcément plus coûteuses, mais respectueuses de la santé de tous », telle est la conclusion empruntée à Élizabeth Labaye dans L’US Mag du 22 décembre 2010. ■

cal de plus

scandales sanitaires que la France ait connu ; le laboratoire Servier a, selon l’IGAS, Si cette affaire met en évidence les failles du système français de sécurité sanitaire, able des capacités des pouvoirs publics à infléchir les stratégies des laboratoires

s.

Des médicaments pour soigner les malades, pas les bénéfices de l’industrie pharmaceutiques.

© Sven Bähren/Fotolia.com

DOSSIER

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DOSSIER

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Avant d’obtenir une Autorisation de mise sur

le marché (AMM)par le ministre compétent, une substance active découverte en laboratoire subit un certain nombre de contrôles dont la durée est en moyenne d’une douzaine d’années. Ces différentes étapes devraient assurer un bon équilibre entre l’efficacité et l’innocuité d’un médicament. C’est le fameux rapport bénéfice/risque.

Pourquoi y a-t-il si souvent des dérapages ? Les évaluations cliniques sont testées sur des patients « standards », d’âge médian, triés sur le volet sans aucune pathologie associée. Ces premières évaluations ont donc leur limite et la nouvelle molécule est donc en fait mal connue. D’où la nécessité d’une pharmacovigilance accrue lors des premières prescriptions et de la prise en compte rapide des effets indésirables relevés.

On en revient aux conflits d’intérêt...dont le scandale du Mediator est le parfait exemple...

T O U T E S C E S C O M M I S S I O N S . . .

pour quelle efficacité !

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Pour être commercialisé,tout médicament doit obte- nir une Autorisation de mise sur le marché (AMM) délivrée par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de qanté (AFSSAPS) et l’Agence européenne du médicament (EMEA) basée à Londres. En dernier ressort, c’est le ministère de la Santé qui décide du remboursement du médicament et de son taux.

L’AFSSAPS, créée en 1999, est sous tutelle ministérielle mais est financée par l’industrie pharmaceutique... Ce qui explique que la majorité des experts de l’AFPSSAS ont des liens avec les labos !Sur les trente membres titulaires de la commission de l’AMM nommés par le ministre de la Santé, seuls deux décla- rent n’avoir pas reçu d’argent de labos ! C’est un véritable cercle vicieux :la recherche publique n’est plus assez financée, elle se tourne vers le privé qui gagne en influence... ■

MINISTÈRE DE LA SANTÉ

Commission d’Autorisation de mise sur le marché Haute autorité Agence française de sécurité sanitaire de santé (HAS) des produits de santé (AFSSAPS)

Commission Commission Commission Commission Commission de la des stupéfiants de la de la pharmaco- de contrôle transparence et psychotropes pharmacopée vigilance de la publicité

Prenons l’exemple de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSPS), censée contrôler les médi- caments commercialisés. Seulement 29 % des experts sont indépendants de tout lien d’intérêt avec une multinationale pharmaceutique !

Certains experts ont travaillé pour plusieurs organismes, ce qui explique que le total soit supérieur à 100 %.

Sources : UFC Que choisir…

Influence des firmes pharmaceutiques AFSSAPS L’essentiel, c’est la molécule.

Représentation d’une molécule d’aspirine U N E L E N T E G E S T A T I O N

De la découverte d’une substance active en

laboratoire à la naissance d’un médicament

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