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La formation des travailleurs immigrés : un problème politique. Analyse d'une expérience

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La formation des travailleurs immigrés : un problème politique.

Analyse d'une expérience

FIBBI, Rosita, NERI, Pier-Angelo

FIBBI, Rosita, NERI, Pier-Angelo. La formation des travailleurs immigrés : un problème politique. Analyse d'une expérience . Genève : Université de Genève, Faculté de

psychologie et des sciences de l'éducation, 1979, 129 p.

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:33095

Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.

(2)

UNIVERSITE DE GENEVE

FACULTE DE PSYCHOLOGIE ET DES SCIENCES DE L'EDUCATION

LA FORMATION DES TRAVAILLEURS EMIGRES:

UN PROBLEME POLITIQUE Analyse d'une expérience Rosita Fibbi et Pier-Angelo Neri

Cahier No 11

Pour toute correspondance :

Section des Sciences de !'Education U N 1 11

1211 GENEVE 4 (Suisse)

(3)

Ce texte est le résultat d'un séminaire organisé et animé conjointement par R. Fibbi du Secteur "Développement et planification des systèmes de formation" et P.A. Neri du Secteur "Education des adultes" pendant

l'année universitaire 1976-1977.

IN TRO DUCTIO N

1. BREF RAPPEL HISTORIQUE

Dans le but "d ' a ider des équipes de recherche à réunir du matériel d'observation ( ..) afin de comparer les effets des programmes de formation des travail leurs étrangers", Maurice CATANI (UER des Sciences de !'Edu­

cation, Université René Descartes, Paris), assisté par Michel CARTON (Faculté de Psychologie et des Sciences de !'Education, Université de Genève) rédigeait en janvier 1976, un "Guide d'analyse et d'évaluation, sur le plan socio-culturel, des programmes de formation des travail­

leurs migrants, de leur conjoint et de leur famille" (Doc UNESCO - SHC 76/WH/5). Ce Guide, dans le contexte volontairement limité aux pays· d'Europe occidentale, pour la spécificité des problèmes sociaux et culturels ren­

contrés par les travailleur s migrants, fournit des axes de recherche, des hypothèses de travail et un cadre méthodo­

gique proposant un examen des programmes de formation et une analyse critique des effets produits par ces pro­

grammes sur la vie matérielle et intellectuelle des migrants.

Au courant de 1976, l'UNESCO a passé quatre con­

trats avec des groupes de recherche en France (Paris), Allemagne fédérale (Heidelberg), Norvège (Oslo) et Suisse

(Genève), afin de faire effectuer une analyse de program­

mes de formation pour les travailleurs migrants et, par là même, de procéder à une première "application" du Guide à des contextes nationaux. Le contractant pour la Suisse a été la Section des Sciences dè !'Education de la Facul­

té de Psychologie et des Sciences de !'Education de l'Université de Genève.

Le projet de recherche a porté sur un organisme de formation pour adultes immigrés, l 'ECAP-CGIL (Ente Con­

federale di Adelestramento Professionale), organisme de

(4)

fonnotion des syndicats italiens (Confederazione Generale ltal iana de 1 lavoro).

Cet organisme, par ses caractéristiques, renvoyait à l'hypothèse de la fonnation des immigrés faite, voire gérée par leurs associations.

le projet de recherche a donc essayé d'analyser les caractéristiques institutionnelles, celles des participants, les discours pendant Io fonnotion de ces derniers, et les articulations des objectifs et des besoins aux différents niveaux.

2. LES AUTEURS

la fonne de cette investigation voulait être celle d'une recherche-action, impliquant dans sa démarche d'a­

nalyse le groupe des enseignants et des fonnés, ce qui était par ailleurs rendu possible par Io présence des

"auteurs" dans le collectif ECAP, bien qu'à des niveaux d'implication différents.

les contacts avec le groupe des fonnateurs ont été fructueux, surtout dons la phase initiale de la recherche;

la contribution des formés a été aussi fort importante, en particulier de ceux avec qui nous avons pu/su garder le contact après la fin du cours (énviron 2/3). Du moment où leur statut d'élèves s'est transfonné en celui d'anciens élèves, leur fournissant ainsi une justification pour une entrée en matière sur la formation qu'ils n'estimaient pas légitime auparavant, leur expression, recueillie soit au cours d'interviews ou de rencontres infonnelles, a représen­

té des moments importants de vérification soit de l'analyse, soit de la réalité du cours. Malheureusement nous n'avons pu utiliser le matériel ainsi recueilli que sous la forme de citations; la matière restant pourtant lisible en fili­

grane dans 1 e texte.

Il faut mentionner ici qu'un des soucis principaux de l'•qulpe - formellement inscrite dans sa totalité dans un

lli.11.�dtddi

cadre universitaire, mais se définissant par ailleurs autant par rapport à sa propre pratique et terrain d'action - a été celui de fournir des éléments de réflexion témoignant de la prise de conscience de Io nécessité d'aller au-delà du cadre académique en vue de négocier les tenne d'une insertion dons un projet collectif d'action.

Pourtant, il reste encore b identifier Io valence stra­

tégique de l 1entrée d'une problématique telle que celle de la fonnation des émigrés, faite par les émigrés eux-mêmes, dons un lieu - l'Université - qui est une des fonnes d'ex­

pression d'un rapport de pouvoir.

3. CONTEXTE DE LA RECHERCHE PAR RAPPORT A l'ECAP-CGIL

L'ECAP a, jusqu'à maintenant, effectué une série d'études sur la population de ses cours en vue de retracer les caractéristiques unificatrices d'un phénomène né spon­

tanément et de mettre sur pied une politique de fonnation en accord avec ses fonctions d'organisation, de promotion et de revendication. Le présent travail ne prétend pas se présenter comme une alternative à ces activités de recher­

che, dans la mesure même où un tel type d'enquête était sollicité dons un document de 1975 qui traçait les lignes et les finalités principales des activités d'études de l'ECAP sur lui-même (ECAP, Chi sono i nostri allievi ? 1974, p. 11). L'étude qui va suivre se présente plutôt comme une analyse en profondeur d'une réalité qui ne prétend pas être représentative de la réalité migration-formation dons son

_;

nsemble, mais dont les manifestations peuvent pourtant etre perçues comme symptomatiques et révélatri­

ces de certains phénomènes, de leur complexité et du travail d'approfondissement qu'ils nécessitent. Le travail s'insère dans le cadre de l'ECAP; il met en évidence une richesse d'expériences qui reste inaperçue dans d'autres

(5)

enquêtes jusqu'ici entreprises. Mais il est aussi conc;u comme un instrument de travail : pour les enseignants actuels de Genève, comme un miroir d'une pratique ; pour le groupe de gestion de l'ECAP-Genève, comme un instrument d'orientation des activités futures en termes de programmation de l'intervention et de formation des ensei­

gnants; pour l'ECAP-Suisse, comme réflexion à un moment fixé dans le flou de l'expérience et comme une coupe d'une réalité spécifique, mais non isolée.

la réalité genevoise ne semble pas, à notre avis, être marginale ou isolée par rapport à d'autres pratiques de formation de l 1ECAP. Elle représente un cas typique du décollage entre formation de base et formation profession­

nelle qui s'est opéré au cours des deux dernières années;

ainsi, le rapport entre formation de base et formation professionnelle était-il de

30

cours à

70

en

1976-1977

(cf. Annexe

2,

p.

3).

le cas genevois, tout en étant quantitativement mini­

me par rapport à la toto 1 ité du public ECAP en Suisse - un &eul cours de formation de base - pourrait donc quali­

tativement représenter la réalité de la moitié des cours de l'ECAP dans la mesure où ceux-ci .ne sont pas suivis de cours de formation professionnelle, articulation pourtant retenue comme déterminante dans le discours de l'ECAP.

la nécessité de cette articulation ayant encore récem­

ment été affirmée (cf. Annexe

2),

il s'agit plutôt, dans ce travail, de prendre en compte la réalité de la primauté quantitative des cours de formation de base en Suisse pour éventuellement tester les hypothèses dans d'autres contex­

tes et, surtout, stimuler un approfondissement de la problé­

matique - déjà apparue à plusieurs reprises au sein de I' ECAP - de la gestion démocratique de la formation.

Celle-ci nous semble, à l'issue de ce travail, comme un des facteurs déterminants de la formation de base pour un passage à la formation professionnelle dans des termes

répondant aux besoins des émigrés.

4. HYPOTHESES DE LA RECHERCHE

Il est nécessaire, compte tenu des points précédents, de montrer pourquoi et comment la recherche al lait s'axer sur deux volets complémentaires - une évaluation institu­

tionnelle et une évaluation pédagogique du cas genevois - et pourquoi la pondération entre ces deux pôles allait évoluer au cours du travail.

l'importance que le premier point, l'analyse du fonc­

tionnement de l'institution, a toujours revêtu dans les hypo­

thèses de travail n'est par fortuite (1). Un des traits les plus intéressants de l'intervention de l'ECAP est en effet d'être issue de l'émigration même et d'avoir traduit en termes d'organisation un beso.in souvent clairement exprimé par les émigrés. Il apparaissait donc justifié d'étudier d'abord le fonctionnement d'une structure réunissant en soi l'émergence d'un besoin, comme la gestion de sa satisfac­

tion par les intéressés eux-mêmes, et s'inscrivant dans un cadre syndical. L'axe de ce travail allait donc consister à étudier comment ces caractéristiques institutionnelles se traduisaient dans la pratique pédagogique et à cerner les originalités et les éventuels décalages entre les deux plans. Une telle démarche rendait nécessaire la présenta­

tion des trois échelons de la structure - le niveau central, le niveau local et la pratique de formation - puis une

(1) Indépendamment des raisons qui vont être exposées, ces hypothèses étaient plus particulièrement le fait d'un des membres de l'équipe: elles étaient en effet nées d'une connaissance directe relativement approfondie de la structure et du discours de l'ECAP suisse et soutenaient l'analyse qui était à la base de son travail de coordina­

tion au niveau local.

(6)

réflexion sur l'articulation entre ces différents niveaux d'explicitation du discours.

Le déroulement du travail a entraîné une modifica­

tion assez profonde par rapport au schéma esquissé. Ceci ne nous semble pas contradictoire avec les problèmes posés par une telle étude: "Le thème d'une recherche ne peut être choisi a priori, mais il doit être découvert pendant la recherche. L'argument sur lequel va se faire la recherche ne peut donc pas être choisi 11in vitro", avant celle-ci.

Au contraire, la découverte du problème constitue un moment extrêmement important à l 1 intérieur même de la recherche" (2). Plusieurs éléments ont contribué à déter­

miner ce changement : tout d'abord, la réalité qui émer­

geait de l'analyse des discours recueillis; puis les difficul­

tés rencontrées dans l'implication souhaitée des acteurs de l'action de formation. Ce deuxième point, particulièrement, nous est apparu tout à fait cohérent avec le déroulement de l'analyse institutionnelle que nous opérions et nous a confirmé, au-delà des hypothèses posées, l'importance du noeud institutionnel. C'est pourquoi la problématique de la mise sur pied d'une stratégie et d'une structure ainsi que de son fonctionnement, a retenu toute notre attention par la suite.

La possibilité de poursuivre l'étude au niveau pédago­

gique, visant à mettre en évidence la manière dont les , termes de référence du cadre organisationnel se traduisaient!

dans la pratique a par conséquent été abandonnée : une

i

telle modification se justifiait dans la mesure où ce cadre

1

organisationnel avait été retenu comme paramètre quali­

fiant de l'évaluation, mais il révélait une richesse de nuances et de questions plus importante que prévu. Le

(2) Gion Antonio GILLI, Coma si fa ricerca, Mondadori, Milano,

1971,

p. 53

- - - · .....

1�

. .

. I l l } I J tll11 1 1 1

présent travail a pour objectif de permettre l'élaboration et une discussion de stratégies d'intervention dans la réalité quotidienne des émigrés. Ainsi, les problèmes de stratégies de formation deviennent-ils très importants puis­

qu'ils sont en interaction constante avec ceux de l'existen­

ce sociale de l'ensemble étranger, et non seulement des individus ou des groupes. Cette approche explique l'accent mis par la présente étude sur les articulations entre les niveaux de l'institution, des formateurs et des formés;

elle explique également l'importance de la mise à jour du rôle des enseignants "spécialistes" dans l'apparition de blocages institutionnels et pédagogiques comme de la nécessité d'une réinterprétation-gestion de la formation par les formés eux-mêmes.

5.

SOURCES UTILISEES

Pour procéder à l'analyse des discours tenus par les acteurs de la formation, nous avons eu recours à différen­

tes sources. Celles-ci sont soit des textes écrits, soit des enregistrements de réunions ou de séances de formation, qui ont été par la suite retranscrits.

En particulier, il s'agit de :

1.

Enregistrement d'une réunion entre enseignants

(9

février

197 6)

2. Enregistrements de trois séances de formation (cours d'italien du ler, du 8 et du

15

mars

1977)

3.

Entrevues libres avec quelques participants

(30

juin,

18 et

30

octobre

1977,

après la fin des cours) 4. Discussions libres avec quelques enseignants (juin,

juillet et novembre

1977)

!>. Programmes des différents enseignements

Matériel didactique utilisé dans ces différents ensei­

gnements (textes, articles, polycopiés)

7,

BI Ion écrit des enseignements, rédigé par les ensei-

(7)

gnants

8. Rédactions des participants, sur différentes thémati­

ques (école, émigration, travail, femme)

Toutes ces sources étant en langue italienne, pour faciliter la compréhension des analyses qui vont suivre et pour lesquelles il sera fait appel à de nombreuses cita­

tions, nous avons opté pour une traduction, la plus fidèle possible, en français.

En effet, plus qu'une analyse strictement linguistique (qu'une traduction fausserait et qui de toute façon n'est pas du ressort de cette recherche, faute aussi de compétences spécifiques dans ce domaine), c'est le contenu des déclara­

tions et des écrits des acteurs de la formation qui nous a da­

vantage intéressés.

Par ailleurs, vue la structure des cours de for mation de l'ECAP, il n'aurait pas été possible de faire autrement, ces cours se donnant en langue italienne, justement pour surmonter un des problèmes rencontrés par les migrants dans une forma­

tion de ce type (cf. infra 9.

4).

Les cours de français donnés à l'intérieur du program­

me ECAP n'auraient pas non plus fait l'affaire, soit parce qu'ils sont insérés dans une structure de formation dont ils ne sont qu'une partie, soit par leur caractère intrinsèque, qui n'aurait pas favorité l'émergence des discours verbaux comme ceux que nous avons pu recueillir.

Toujours en ce qui concerne les enregistrements des séances de formation, on relèvera qu'ils ont été effectués, au contraire de ce qui était dans nos intentions au début de la recherche, pendant les cours d'italien.

Ceci est dû au fait que, d'une part, le cours l'italien représente, par rapport au programme de formation, le trait d'union entre les différents enseignements, constituant un moment de vérification des acquisitions des participants;

d'autre part, et de ce fait aussi, il est un cours potentiel­

lement et intrinsèquement plus riche que les autres, son

"programme" étant plus souple et les thématiques abordées et analysées étant plus élargies que dans d'autres cas (le cours de mathématiques, par exemple).

Enfin, on relèvera aussi que les trois enregistrements des séances de formation ont été effectués dans la deuxiè­

me moitié de l'année et regroupés sur trois semaines.

Si ce dernier fait s'explique par le souci de disposer d'un discours relativement suivi et portant sur un champ de thématiques semblables et homogènes (en l'occurence le travail, les qualifications et la formation professionnel­

le), la première remarque s'appuie sur trois ordres de facteurs.

Premièrement, pour les autres périodes des cours ECAP, nous disposons de sources venant des participants, sous la forme de textes écrits (rédactions) ou d'impressions après le cours (entrevues).

Deuxièmement, une analyse qui aurait voulu tenir compte d'éventuels changements dans le discours verbal des travailleurs en formation, aurait impliqué un relevé trop fréquent de ces discours pendant toute l'année, trop lourd pour nos possibilités matér ielles.

Enfin, et il s'agit là peut-être de la raison principale, la recherche aurait dû s'insérer dans un séminaire univer­

sitaire, pour des raisons de politique de formation des for­

mateurs. Mais, comme nous l'avons déjà relevé, la parti­

cipation des formateurs à cette recherche ne s'est pas opérée d'une façon aussi intense qu'on l'avait souhaité.

(8)

l

PREMIERE PARTIE

(9)

1. LA PO LIT I Q U E M IGRA T OIRE SUI S S E PE NDA N T L 'AP RE S-GUERRE

Le développement économique de la Suisse depuis la fin de la deuxième guerre mondiale se caractérise par une remar­

quable stabilité du taux de croissance du produit national brut et un taux d'inflation très bas. Parmi les facteurs ayant contribué de façon significative au maintien de cette situa­

tion, la disponibilité presque illimitée de main d'œuvre étran­

gère est considérée comme l'un des plus importants : l'offre de main d'ceuvre étrangère a en effet augmenté à un taux de 7,6 % par an entre 1950 et 1970 {Knesch aurek, p. 16) .

1. HISTORIQUE DE LA REGLEMENTATIO N

La politique d'immigration des autorités suisses a toujours été dirigiste et sélective, marquée par une réglementation axée sur la différenciation des permis de séjour et la limitation de la mobilité sectorielle et géographique. La partie visible de cette réglementation se trouve dans la répartition de la popu­

lation étrangère par catégorie de permis:

- les permis d'établissement accordés après 10 ans de séjour continu {dits permis C); les intéressés ne sont plus soumis aux contrôles de Io police des étrangers; ils ont les mêmes droits que les travailleurs indigènes sur les plans de la mobi­

lité géographique et professionnelle;

- les permis de séjour renouvelables choque année (dits per­

mis

B);

ils sont aussi accordés aux saisonniers qui ont cumulé 35 mois de travail sur 4 ans (45 mois jusqu'en 1976); les titu­

laires de ces permis ne sont pas autorisés à changer de poste de travail, de profession ni de canton de résidence au cours des deux premières années de séjour;

-les permis de saisonnier (dits permis A) valables pour 9 mois de travail par an; les titulaires de ces permis ne peuvent chan­

ger d'employeur, de poste de travail, de profession ni de con-

ton pendant Io saison; il leur est interdit de faire veriir leur famille et de louer une résidence;

- les frontaliers n'ont pas Io permission de séjourner en Suisse. Le permis de travail leur est accordé à condition qu qu'ils retournent chaque soir de l'autre côté de la frontière.

Les autorités ont poursuivi jusqu'en 1964 une politique relativement libérale dans la délivrance des pennis de sé­

jour, l'hypothèse étant que l'importation de main d'oeuvre étrangère n'avait qu'une incidence conjoncturelle {Riedo, p. 57). Suite à la surchauffe économique du début des années 1960, le Conseil fédéral prit une série de mesures visant à un contingentement de la main d'oeuvre suisse et étrangère au niveau des entreprises. Ces mesures, limitant fortement la mobilité des étrangers sur le marché du travail, devaient contribuer à freiner la hausse des salaires.

Les mesures dites de "double plafonnement", adoptées en 1965 , qui tendaient également à une réduction des effectifs étrangers au niveau des entreprises et de l'effec­

tif total, furent définitivement abandonnées en 1970 avec l'introduction d'un plafonnement global au niveau des cantons {l).

Une telle disposition remettait donc aux forces économi­

ques le soin d'assurer la répartition des travailleurs entre les différentes branches de l'économie et les types d'en­

treprises, favorisant ainsi le processus de restructuration de l'appareil économique suisse. Cette disposition consti­

tuait aussi la riposte officielle du Conseil fédéral, qui montrait ainsi sa volonté de "lutter contre la pénétration étrangère", face à la première initiative xénophobe qui devait être soumise à votation quelques mois plus tard.

(1) Pour une information plus étendue, Maillat, Sydler.

(10)

2.

L'INSERTION PROFESSIONNELLE DES IMMIGRES l'existence d'une offre importante sur le marché du travail iusqu'oux années 60 conjuguée avec un haut degré de mobilité de la main d'œuvre suisse a signifié pour les étrangers l'engagement dans certaines bronches économiques plutôt que dans d'autres - en particulier cettes caractérisées par un faible niveau de solaire - et, généralement, au bas de la hiérarchie professionnelle :

"on constate que Io mobilité distributive de la population indigène, dans le secteur des industries manufacturières notamment, s'est effectuée des bronches à bas solaires vers les bronches à solaires plus élevés. Cette situation a entraîné une augmentation considérable du pourcentage des étrangers par rapport aux travail leurs suisses dans les bronches à bas solaires alors que le même rapport o subi peu de variations dons les outres branches" (Maillot, p.

19).

Au cours de Io période

1960-1970,

différents facteurs conjoncturels et en particulier les mesures de réduction des importations de la force de travail, ont poussé à une réduction de l'éventail des solaires dans le secteur indus­

triel favorisant ainsi une distribution indifférenciée des travail leurs étrangers dans toutes les branches du secteur manufacturier (voir tableau

1).

On peut aussi relever d'importants changements dons les caractéristiques de l'immigration au cours des années

1950-1970.

Pendant les années

50,

la maiorité des immi­

grés provenaient de l'Italie du nord, c'est-à-dire d'une région ayant connu un développement industriel. Au cours des années

60

au contraire, de nouvelles zones de recru­

tement apparaissent,· en particulier dans le sud de l'Italie et en Espagne - régions à caractéristiques plutôt agricoles.

Parallèlement, une modification s'opère du point de vue des qualifications de la main d'œuvre immigrée à l'arrivée.

En

1964,

l'Office Fédéral de l'industrie, des Arts et Métiers et du Travail {OFIAMT) note "qu'entre

1959

et

1963

le nombre des étrangers qualifiés et spécialisés tra­

vaillant pour la première fois en Suisse a augmenté de

35%

contre une augmentation de

112 %

du nombre des . manoeuvres" (OF IAMT, p.

97).

la politique des années

70

se caractérise par une très forte limitation des entrées. Cette tendance répond aussi bien à des nécessités économiques qu'à des exigen­

ces d'ordre politique - en particulier de la droite xéno­

phobe contre I' "Ueberfremdung der Heimat" (mal traduit en français oar "emprise étrangère"). la politique affichée est - avec l'appui de l'Union syndicale suisse (USS) et de la Confédération des syndicats chrétiens (CSC) - celle de la stabilisation de la population étrangère. Dans le cadre de cette politique et en fonction des dispositions concernant la mobilité liées à la "hiérarchie" des permis, la catégorie des travailleurs annuels représente la marge de manoeuvre de la Confédération pour la mise en œuvre de cette politique. C'est ainsi qu'en

1972

le rapport entre les permis de séjour et les permis d'établissement est de

2

contre

1.

Cette situation n'est pas seulement la consé­

quence de la vogue migratoire des années

50

dont les in­

téressés ont acquis le droit d'établissement, mois aussi le résultat d'une politique délibérée tendant à la fixation de quelques couches d'immigration, par exemple celle des ouvriers qualifiés (cf. Neue Zuercher Zeitung No

473, 24. 10. 1974,

Zurich, cité in : Buchmann e.a., Klassen­

kontrolle und Spaltung des Arbeitsmarktes, p.

71).

la

èonséquenèe de cette politique est une forte homogé.néi- sotion du marché du travail.

La crise économique intervient en

1973.

Le chef de la section "Force de travail et émigration" de l'OFIAMT envisage la crise, dans un article de la très officiel le Vie Economique, "comme la chance unique et qui ne se

(11)

T ABL E A U 1

TRAVAILLEURS ETRANGERS SOUMIS AU CONTROLE SELON LES GROUPES ECONOMIQUES ET LES CATEGORIES DE PERMIS

Agriculture, sylviculture, horticulture, pêche Alimentation, boisson

Industrie text.,

Industrie chimique tv\achines, appareils Horlogerie, bijouterie Hôtellerie Economie domestique Autres

Total in 1000

1950 (février)

-

A+S F T

% % %

11,2 3,4 10,5 1,4 4,6 1,8 10,0 27,0 11,6 o;i 0,2 o;i

7,5 12,0 8,0

0,4 2,0 0,5 2,3 9,2 2,9

20,2 3,3 18,6 35,8 17,9 34,l 11,0 20,4 11,8

100 100 100

1960 (février)

A s F T A

% % % % %

5,2 6,1 l,0 4,8 1.7 3,6 1,4 3,4 3,4 4,3 15,7 1,9 24,9 15,5 13,5 0,7 0,0 1,2 0,7 1,9 20,1 1,2 27,7 19,2 25,0

0,5 0,2 1,1 0,6 2,9 5,9 54,3 21,5 12,6 12,7

19,1 29,7 0,9 18,0 12,l 12,9 0,8 4,9 10,7 4,8 16,3 4,4 13,4 14,5 21,1 100 100 100 100 100

A: permis de séjour S: saisonniers F: frontoliers T: Total

1970 (avril)

s F T

% % %

4,0 0,7 2,0 0,9 4,1 3,6 0,8 12,1 11,0 0,1 4,7 1,9

1,0 23,6 20,3

0,0 4,6 2,6 80,7 17,6 26,0

10,3 1,5 10,5 0,5 3,5 3,9 1,7 27,6 18,2 100 100 100

Source: Handbuch der schweizerischen Sozialstotistik; cité in Kleinewefers, p. 13.

représentera pas de si tôt, sinon de résoudre le problème des étrangers, du moins de le rendre moins aigu" (cf.

Hug, Die Auslt1nderpolitik ouf dem Prufstand; in SMUV Zeitung No 35, 1. 9. 1976).

En 1974, l'OFIAMT prend des mesures pour la défense des possibilités de travail des Suisses. Un nouveau per­

mis, la permission de changer de poste de travail ou de profession, le renouvellement du permis sont soumis à la condition qu'il n'y ait pas de travailleurs suisses ou éta­

blis disposés à occuper le poste offert. Ces dispositions s'appliquent aussi tacitement aux postes d'apprentissage hypothéquant ainsi fortement ! 'avenir de la deuxième gé­

nération d'étrangers.

La crise économique conjuguée avec les mesures fédé­

rales s'est traduite par une sortie massive des étrangers - environ 227.000 entre 1973 et 1977, les plus touchés étant les saisonniers.

TABLEAU 11

Evolution de l'effectif des étrangers exerçant une activité lucrative par catégorie de permis entre 1973 et 1974

Année Permis B Permis C Permis A F renta 1 i ers annuels établis saisonniers

1973 322.513 256.568 193.766 104.573 1974 288.575 309.650 151. 962 110. 809 1975 239.755 328.532 86.008 99.373 1976 196.144 327.243 60.698 85.184 19n * 170.068 329.824 67.275 83.058

* 31.8

Source : La Vie Economique

(12)

En ce qui concerne les Italiens,

194. 628

d'entre eux ont quitté la Suisse depuis

1974,

dont

54.6%

exerçant

une activité lucrative (cf.·

450.000

lavatori stranieri hanno lasciato la Svizzera; in Realtà Nuovo No

16, 29.10.77,

Zuvich).

Enfin, il faut noter que les départs souvent "volontai­

res" d'établis surtout italiens ont été une source de préoc­

cupation aussi bien pour les autorités suisses que pour le patronat.

3. QUEL FUTUR POUR L'IMMIGRATION ?

Le rapport d'août

1976

de la Commission consultative au Conseil Fédéral pour le problème des étrangers

(1)

met en garde contre un nouvel afflux de main d'œuvre étrangère en cas d'une prochaine reprise conjoncturelle.

Elle conseille de ne pas accepter le retour des étrangers:

.. Il pourrait être opportun, afin d'éviter une chute de la demande et des entrées fiscales de retenir des étrangers pendant une période limitée à travers le versement de l'assurance-chômage (cf. Schweiz. Arbeitgeber Zeitung No 44,

28. 10.76).

(1)

Cette Commission (CFE) a été créée en

1970,

après la votation qui rejetait de justesse la première initiative xénophobe, au moment où la politique immigratoire des autorités suisses était devenue un sujet brûlant de politique interne. Elle était chargée d'élaborer les lignes directrices de la politique fédérale en matière de migration. La dénomination même de la commission :

"Commission Fédérale Consultative pour le problème des étrangers" semble révéler une conception univoque des questions posées par la présence des immigrés en Suisse.

Un des plus importants journaux romands, "La Suisse", reprend ainsi un des points clés du rapport : "Ne préci­

pitons pas, tant que la récession n'est pas totalement sur­

montée, le retour de nos hôtes dans leur mère patrie. Ils nous sont utiles de mille manières. Ce sont des contribua­

bles et des consommateurs qui nous restent. Eux seuls seront capables d'occuper certains postes lors du redémar­

rage de l'économie. Ceux connaissant déjà notre pays s'y adapteront avec davantage de facilité" .

Enfin, la CFE, dans son dernier rapport

(1),

semble justifier la politique suivie par les autorités suisses dans la période de récession, quand elle affirme : " ... il est simpliste d'affirmer ( ... ) que la Suisse a résolu le problè­

me de Pemploi uniquement aux dépens de la main d'œu­

vre étrangère". On peut y opposer la déclaration du Directeur de l'Office fédéral du travail qui reconnait aux immigrés le mérite d'avoir permis à la Suisse de connaître aujourd'hui le plus bas niveau d'inflation et de chômage parmi les

24

pays de l'OCDE (cf. "Sulla linea dei padroni la Commissione federale per gli stranieri ?";

in Emigrazione ltaliana Nos 43-44,

9. 11. 1977,

Zurich).

On peut trouver au niveau fédéral d'autres indices rela­

tifs au futur de l'immigration. Le nouvel arrêté fédéral en ne réajustant pas le nombre des permis de saisonniers au niveau actuellement enregistré

(67.000)

indique la volonté de poursuivre la politique migratoire dans le sens d'une rotation toujours forte de la main d'œuvre étrangère.

Ainsi, par exemple, les hôteliers ont revendiqué dernière­

ment une augmentation du quota de saisonniers affecté à leur secteur (cf. Emigrazione ltoliana No 40,

12.10.1977,

Zurich).

(1)

voir Annexe 1

(13)

11. E SQUISS E D E L ' EM IGRAT I ON IT AL I E N N E F L U X E T ORGAN ISAT I ON DANS LA FC L I 11 est impossible de comprendre la naissance et I' im­

plantation de plusieurs associations et organisations d'im­

migrés en Suisse sans brosser rapidement un tableau de la situation migratoire en général. Un tel cadre sera utile pour m�eux cerner la réalité dans laquelle apparaîtra plus tard l'E CAP et pour mieux comprendre certains a'Pects de l'évolution de cette organisation.

1. LES FLUX

Parmi les premières émigrations à apparaître en Suisse avec l'allemande, l'émigration italienne du début du siècle était caractérisée par un haut degré de qualification pro­

fessionnel le (cf. Briani). La guerre, puis le fascisme, ont motivé un flux d'intellectuels antifascistes - "fuoriuscitismo politico" - qui a laissé une trace profonde sur le dévelop­

pement ultérieur du mouvement associationniste des émigrés.

Le dernier flux d'émigration, commençant après la deuxié­

me guerre mondiale et s'étendant jusqu'à aujourd'hui, semble pouvoir s'expliquer principalement par des raisons économiques.

Deux courants peuvent être distingués à l'intérieur de ce dernier flux. Les années 50 se sont caractérisées par une émigration ouvrière, souvent professionnellement quali­

fiée, en provenance du nord de l'Italie. Le travail est rare dans l'Italie d'après guerre où l'appareil de produc­

tion a été en grande partie détruit et où le travail de reconstruction ne progresse que lentement. Ce flux s'ex­

plique aussi en partie par un refus ou une fuite de la politique des gouvernements de centre-droite de cette époque, marquée par de nombreux licenciements "politi­

ques". Les émigrés de cette époque sont donc encore assez proches du précédent flux et poursuivent la tradi-

tion anti-fasciste italienne en Suisse.

Le flux des années tlJ provient plutôt du sud de l'Italie - zone principalement rurale - et a donc moins de liens avec le mouvement ouvrier organisé comme avec le flux migratoire précédent. Ce nouveau flux est formé par ceux qui ont dû quitter le secteur primaire d'activités sans que leur soit offert par exemple des places de travail dans le secondaire. Ce flux a, d'autre part, non seule­

ment alimenté une émigration à l'étranger, mais également un fort mouvement migratoire interne.

2. LES COLONIES LIBRES ITALIENNES

C'est le contact entre ces deux types d'émigration - celle de type "politique" et celle de type "économi­

que" - qui donne sa spécificité à la 11Federazione delle Colonie libere italiane" (FCLI), la plus grande organisa­

tion de base de l'émigration en Suisse - environ 10.000 membres en 1976 - par rapport aux autres organisations déjà présentes en Suisse, comme les Missions catholiques ou les associations régionales.

Fondée en 1943, la FCLI s'oriente dès le début , et jusqu'à maintenant, vers les problèmes sociaux, sinon poli­

tiques, de l'émigration en essayant d'éviter tout piège nationaliste ou sentimentaliste : "il est à noter que la FCLI est une association d'ouvriers émigrés, avec une ab­

sence presque totale d'intellectuels. L'appartenance à la classe ouvrière, en tant que conscience de classe, n'est pas souvent un point de départ mais commence jus­

tement avec l'émigration : c'est un processus long , difficile et contradictoire ... La FCLI est une organisation véritablement de base qui, bien que liée, n'est pas hypo­

théquée par ses contacts et ses rapports avec les organisa­

tions, les partis et les associations italiens; c'est une éla­

boration originale et une réponse adéquate aux problèmes auxquels l'émigration doit faire face en Suisse, une répon-

(14)

se qui s'insère donc, sans imitations et transpositions mé­

caniques, dans la tr:adition que les organisations ouvrières italiennes ont exprimée dans les cent dernières années"

{Conti, p

.1507).

Les CLI naissent autour des années

25-30

comme des associations d'aide aux exilés politiques regroupant, avec un même objectif anti-fasciste, des activistes de différen­

tes orientations idéologiques

(1).

La Fédération, créée en

1943,

se trouva confrontée à la vague migratoire de l'après-guerre. Les nombreux problèmes sociaux des émi­

grés de cette époque, combinés au peu d'attention à leur égard de la part des autorités, syndicats et partis aussi bien en Suisse qu'en Italie, contraignent la FCLI à assu­

mer un rôle d'entraide, et parfois para-syndical. Les re­

vendications formulées à cette époque portent principale­

ment sur des questions de politique sociale adressées aussi bien à la Suisse qu'à l'Italie. L'analyse de la situation migratoire faisait pourtant de !'Italie non seulement la responsable de l'émigration mais aussi l'interlocutrice privilégiée de l'action de la FCLI. C'est ainsi que le premier appui politique donné aux revendications des émigrés par les trois syndicats italiens fut suivi par la reconnaissance de la FCLI par les autorités italiennes en

1959.

L'Association comptait à cette époque environ

5.000

adhérents.

Le congrès de la FCLI en

1963

a représenté un véri­

table tournant dans la ligne politique de cette organisa­

tion. Une analyse de classe du phénanène migratoire y fut formulée, qui permettait une stratégie politique arti-

(1)

Les données sur les CLI sont tirées de l'étude de Bresadola parue dans Il Ponte et du travail présenté à l'Ecole de service social de Lausanne par Bottinelli e.a.

culée , identifiait les responsabilités de la classe politi­

que italienne et qui rendait nécessaire une action à l'in­

térieur des structures du pays d'immigration. Si la présen­

ce des étrangers en Suisse était un fait acquis, il fallait en négocier les conditions. L'objectif était de créer une structure qui regroupait déjà à l'époque environ

10.000

membres et qui pourrait devenir la représentante officiel­

le de l'émigration.

La FCLI a, par la suite, développé une stratégie de luttes sur deux fronts. D'un côté, envers les autorités ita­

liennes pourqu'elles prennent en charge les conditions de vie et de travail des émigrés - ceci afin de développer, en accord avec les syndicats italiens, des actions à long terme visant à l'élimitation des causes ultimes de l'émi­

gration. De l'autre côté, envers les autorités suisses avec, pour objectif, de modifier leur politique d'immigration.

Les revendications ont porté sur l'assurance maladie et vieillesse; sur la réciprocité de la participation des syn­

dicats suisses et italiens à l'élaboration des conventions bilatérales; sur l'abolition du statut de saisonnier; sur l'école et les activités d'assistance scolaire. La nécessité d'une intervention dirigée aussi bien vers le pays d'émi­

gration que vers le pays d'immigration est aujourd'hui reconnue par toutes les organisations de l'émigration.

Les syndicats suisses, auxquels la FCLI n'a jamais voulu se substituer, ont été des interlocuteurs privilégiés.

Ils sont considérés comme les instruments les plus adéquats pour l'expression du pouvoir c .1tra tue) de la classe ou­

vrière. La nécessité d'entrer dans les syndicats suisses s'est ainsi souvent accanpagnée 'd e la volonté de voir s'amorcer, à travers la participation active des travailleurs émigrés, une démocratisation des structures internes ainsi que la prise en charge de� problèmes spécifiques de l'émigration.

Enfin, parallèlement à ses activités politiques dans

(15)

le domaine de Io prévoyance sociale et des législations italienne et suisse sur Io migration, la FCLI organise des activités culturelles, sportives et de loisir (ciné-club, cours de journalisme de base, musique). De plus, depuis les années 50, des cours d'allemand, de formation profes­

sionnelle et d'alphabétisation ont été organisés dans la zone de Zurich-Winterthur en réponse à des demandes d'ouvriers italiens.

Ill. L'E C A P - CGI L

Il est particulièrement difficile de retracer fidèlement l'histoire de l'ECAP depuis ses origines dons la mesure où, comme tout mouvement né de l'effort et de l'imagination de la "base", on ne s'est guère préoccupé de laisser des documents écrits. Ceux qui existent retracent les relations établies entre le mouvement et son environnement social.

Ils rendent compte de "l'entrée en scène des institutions qui en sont la mémoire et donc l'histoire" {Allal, p.70).

Notre référence ici est en partie constituée par Io mémoire des "anciens" des Cll présents ou moment où les activités étaient en train d'être structurées et où le problème principal était celui de l'affirmation. C'est pourquoi les données historiques qui vont suivre ne porte­

ront que sur Io période postérieure à 1970, époque où se mettent en place les bases d'une structure permanente avec l'ouverture d'un bureau et Io création d'un poste de fonctionnaire permanent.

Nous avons déjà indiqué que les problèmes de forma­

tion n'étaient pas ignorés ou sein des CU d'autant plus qu'une première approche leur avait donné un aperçu de l'ampleur de Io question et les avait incités à s'engager plus spécifiquement dans l'analyse de Io situation. C'est pour cette raison que les CLI ont alors accepté d'autono­

miser les activités de formation et de les confier entière-

ment à 11 ECAP. Cette répartition des activités ne signifie pas cependant une coupure entre les deux organisations.

C'est encore valable aujourd'hui. Des membres des CLI sont bien souvent les coordinateurs des activités de l'ECAP dans les différentes villes de Suisse.

1. UNE INSTITUTION SYNDICALE ITALIENNE

Dans une première approche, le processus qui a don­

né naissance à l'ECAP pourrait se caractériser comme l'autonomisation d'une fonction de formation auparavant remplie par les CU.

Il faut cependant y ajouter un fait important : le groupe CLI qui se consacre à la formation se constitue en une organisation affiliée à un syndicat italien. Pourquoi ce choix ? Nous essaierons tout d'abord de formuler quel­

ques hypothèses qui nous semblent historiquement fondées et qui sont largement diffusées parmi l'émigration italienne organisée. Tout d'abord, ces émigrants étaient arrivés ou

cours des années 50. Ils ·étaient marqués par une forte tradition ouvrière et étaient déjà syndicalisés avant de partir. Fomi liorisés avec les organisations de défense des intérêts spécifiques des travailleurs, ils avaient souvent mené des luttes dons les usines et ils en avaient payé les conséquences. Aussi était-il normal qu'une fois à l 'étronger ils continuent de s'intéresser ou débat et aux luttes politico- sociales du mouvement ouvrier italien.

Si le rattachement du groupe-formation des CU � une organisation syndicale peut paraître naturel dons une telle situation, on peut pourtant se demander pourquoi ce rattachement s'est fait à un syndicat italien. L'observa­

tion de Conti semble pertinente à cet égard : "pour beaucoup d'entre eux, anciens cadres syndicaux en Italie, le syndicat suisse n'a pas constitué une alternative, un choix naturel, une suite à leur engagement dons la

(16)

lutte" {Conti, p. 1507)(1).

L'appartenance des émigrés aux syndicats suisses - surtout en Suisse alémanique où les problèmes linguisti­

ques sont particulièrement aigus - était souvent filtrées par l'appartenance à un groupe italo-espagnol créé par les syndicats au niveau des usines. Ce phénomène a sans doute contribué à développer la cohésion et la solidarité.

des étrangers entre eux; i 1 a en même temps représenté un intermédiaire supplémentaire entre les travailleurs étrangers et l'organisation syndicale suisse. C'est en te­

nant compte de ces différents aspects de la situation qu'il faut étudier la création de l'ECAP à Zurich en 1970.

De plus, les syndicats suisses, soucieux d'assurer un développement harmonieux de l'économie suisse en lui garantissant un marché de l'emploi adéquat, apparaissaient souvent aux émigrés comme des obstacles à la défense des

(1) Une enqvête a été menée en 1974-75 (voir référence ECAP 1975, c) sur la syndicalisation des émigrés ita­

liens en Suisse - effectuée conjointement par la Fédé­

ration des ouvriers du bois et du bâtiment (FOBB), l1ECAP et la Società Umanitaria di Milano - et portait, pour des raisons d'ordre pratique, sur les élèves des cours de l'ECAP. Il est donc difficile de généraliser les résultats obtenus à partir de cette population dans la mesure où son taux de syndicalisation est particu­

lièrement élevé. 11 est cependant intéressant de noter que 50% des non organisés en Italie - principalement des artisans et des paysans - se sont syndicalisés en Suisse alors que 66% seulement des émigrés syndicalisés en Italie sont aujourd'hui organisés dans les syndicats suisses.

intérêts immédiats du prolétariat industriel qu'ils consti­

tuaient en Suisse.

Les syndicats italiens, quant à eux, n1 intervenaient à l'étranger qu'en appui aux revendications de l'émigra­

tion italienne. Ils interviennent en Italie dans le rapport de forces entre les autorités et les communautés italien­

nes à l'étranger. En ce qui concerne la formation, les syndicats italiens reconnaissent que celle-ci constitue aussi un domaine syndical, un enjeu dans l'affrontement de classes, mais ils laissent aux syndicats suisses la tâche d'organiser la classe ouvrière dont les immigrés font aus­

si partie.

2. SITUATION DE L1EMIGRATION ITALIENNE EN SUISSE DU POINT DE VUE DE LA FORMATION ACQUISE

Sur les trois composantes du coût de la main d'œu­

vre - frais de formation, salaire et prévoyance sociale - seules les deux dernières sont à la charge des pays im­

portateurs de main d'œuvre, la première étant entière­

ment à la charge des pays d'émigration. Ceci explique, au moins en partie, le manque total d1informations sur ce point dans les données statistiques suisses sur l'immi­

gration étrangère. Compte tenu de cette situation, les efforts des animateurs et enseignants de l1ECAP pour connaître 1 a réalité italienne en Suisse se sont fondés sur l'hypothèse que la première génération d'émigrés pou­

vait être considérée comme un reflet plus ou moins fidè­

le des niveaux de formation recensés auprès de la classe ouvrière italienne.

Vers 1970 pourtant, le débat politico-syndical enga­

gé en Italie sur la formation des ouvriers a mis en relief une situation dont l'enjeu politique n'était pas clair - même pour les agents de la formation. Les trois-quarts

(17)

des ouvriers employés. dan� l'industrie n'avaient pas. at­

teint le niveau scolaire correspondant à. huit �ms d'école obligatoire

(1).

Face à ce phénomène dont on ne connais­

sait pas encore les termes., on pouvait supposer qu_e la situation de l'émigration n'étç;iit sûrement pas meilleur�, mais était au moins analogue. · Par ail.leurs, la pr�Jtique de l'ECAP ,révélait. d� graves lacunes dans la formation de base des travailleurs engagés d_ans les cqurs de forma­

tion prqfes�ionnelle. Une enquête .des CLi effectuée _ _ en

1970 (2)

révélait que

73%

de leurs membres avoient au plus cinq ans de scolarité �bli�toire . .. Des études entre­

prises pour mieux connaître le niveau de qualificat'ion auquel étaient employés les ouvriers italiens montraient enfin qu'environ,

75%

d�entre eux occupaient des· postes de travail sem_i ou non .qualifiés

(3).

3.

ETRE "EMIGRE" : QUESTIONS DE VOCABULAIRE Nous avons souvent employé, dans la partie précéd.en­

te, le terme d' "émigré" pour définir la population à la­

quelle nous nous intéressons. Un tel choix est tout d'a­

bord déterminé par 1.'usage de ce terme dans le langage courant des émigrés qui ne se perçoivent et ne se défi­

nissent pas comme "étrangers" mais justement comme émigrés . L'élément qualifiant est donné par l'éJoignement, le détachement tangible par rapport à une réalité précise.

C'est une définition positive, alors que le terme "étranger"

(1)

Cf. Enquête du CENSIS de

1969:

"Rapporte sui la com­

posizione della popolazione italiana per grado di istru­

zione", citée dans "Atti del

convegno" ECAP,

1973,

Zurich.

(2)

Cf. FCLI "Chi sono i nostri soci ?",

1970.

(3)

Cf. ECAP "Chi sono i nostri allievi ?",

1973-74;

id.

1974-75.

relève de l'optique du pays de production et constitue une définition négative : est "étranger" celui qui n'appar­

tient ni à un groupe, ni à une réalité de référence qui est celle du pays de production

(1).

Le terme est repris par le milieu de l'émigration orga-

.

Il 1 t 1 1 t t' d' " ' "

n1see. s y arou e a ors a conno a ion ouvrier , allant jusqu'à former un seul concept. Ce qui permet une réévaluation du terme "émigré" qui ne désigne plus exclu­

sivement une situation subie, mais indiquerait un sujet conscient d'histoire

(2).

Nous utiliserons par conséquent le terme de "pays de production" car il reflète le mieux le mobile de départ de l'émigré. Cette dimension est plus particulièrement évidente en Suisse où le permis de séjour est accordé sur la base de la présentation du contrat de travail et où la crise économique, en réduisant le nombre de places de travail, a eu pour conséquence immédiate une réduction très forte de la population immigrée. C'est d'ailleurs au moment de la crise économique que les .autorités suisses ont lancé le concept d' "intégration"

(3)

de la population

(l)

"Quello che conta non é da dove si viene importante é capire

perché si é dovuto partire".

Poème de L. Zonier in "Riposta ai ragazzi di Fagagna",

1975.

('2)

Réévaluation du même type que celle souhaitée par

1. Silone à propos du terme 11 cafone" (terme désignant les paysans du sud de l'Italie) dans son livre "Fontamara".

(3)

Un des membres de la Commission Consultative Fédérale pour le problème des étrangers s'exprime de la façon sui­

vante dans la description d'une partie du travail effectué:

" . . • Ferner wurden die n�tigen Vorkehren zur Bewt3lti-

(18)

étrangère à la réalité suisse dont la principale caracté­

ristique est de ne pas considérer l'étranger en soi, mais seulement comme un candidat à la naturalisation.

En opposition à ce concept, qui suppose l'existence d'une norme à laquelle l'étranger doit se conformer, l'émigration organisée avance celui d' "intégration" où l'éventuelle insertion de l'émigré dans la réalité sociale, professionnel le et culturel le du pays de production est conçue comme une participation active à la définition et à la construction de cette réalité.

Hoffman-Nowotny propose des concepts qui nous semblent opérationnels pour l'explication de cette alter­

native.

Dans l'analyse de la réalité sociale il distingue deux éléments : la "culture", interprétée comme la struc­

ture symbolique de la réalité sociale et la "société", considérée comme la structure positionnelle. Les deux éléments sont dans un rapport d'interdépendance asymé­

trique où la dimension sociale détermine plus fortement la dimension culturelle que vice versa. Il distingue en­

suite le concept d' "assimilation" comme la participation à la culture et. I' "intégration" comme la participation à la société

(1).

gungder uberfremdungssituation des Einwanderers vom Stadium der Rekrutierung uber die Einwanderung, die

Anpassung im Betrieb und Gesel lschaft bis zur echten Eingliederung umschrieben. Auf der Umschreibung der weiteren Stadien, n!lmlich der Assimilation und der Einburgerung wurde bewusst verzichtet. .. " (E. Schwarb:

"Positive Eingliederungspolitik" in Schweiz. Arbeitge­

berzeitung No 9,

26.2.76).

Le chemin à étapes pour l'étranger est tracé ...

(1)

Hoffman-Nowotny, p.

177

ss.

En effet, le niveau auquel opère l'émigration organi­

sée relève plus particulièrement de la dimension sociale tout en réclamant aussi un impact au niveau "culturel"

de la participation démocratique des immigrés à la vie sociale du pays de production (par exemple : les comités de parents italo-espagnols qui suscitent la création d'or-·

ganismes suisses analogues).

IV. L ES A CTIVI TES D E l ' E C A P-CGIL

Issue du cadre des CU, l'ECAP allait s'inspirer du cadre institutionnel de ces derniers pour organiser ses activités.

1. ORGANISATION ET GESTION DE LA FORMATION

1. 1

La formation professionnelle

C'est en 1970 que l'ECAP commença à organiser dans le canton de Zurich ·des cours de formation professionnel­

le d'une durée de trois ans. Ces cours - mécanique, frai­

sage, tournage, mécanique automobile, ferblanterie, élec­

tricité - étaient souvent fréquentés par des ouvriers spé­

cialisés désirant obtenir une qualification supplémentaire.

(Le diplôme italien obtenu n'étant· pas officiellement re­

connu en Suisse permettait cependant quelquefois, avant la récession économique, des changements salariaux à l'intérieur des mêmes catégories professionnelles.) Le choix de ces cours avait été déterminé en fonction de la forte proportion de travailleurs italiens employés dans l'industrie mécanique - en particulier à Zurich - premiè­

re zone d'activité de l'ECAP.

Débouchant sur un diplôme professionnel italien du Ministère du Travail, les programmes des cours sont tirés des monographies de ce Ministère et correspondent aux programmes de l'apprentissage. La structuration s'effectue autour de matières avec une articulation des cours entre

(19)

théorie et pratique.

les enseignants sont recrutés parmi les émigrés - ouvriers qualifiés ou techniciens. leur engagement relève · à notre avis, de la pratique du secours mutuel caractéris

:

d ,

tique es premières organisations ouvrières.

l'expérience de ces cours et la réflexion sur leur pédagogie de quelques enseignants, en collaboration avec des militants de l'ECAP spécialistes en la matière, ame nèrent l'ECAP à s'interroger sur l'adéquation et l'effica cité de ses efforts

(l) .

le seuil très bas des participants au début des cours poussait en effet à revoir les programmes pour les adapter à la réalité et, en conséquence , à prendre en charge la formation des travailleurs au niveau des connaissances pratiques et théoriques {"strumentalità") de base. Cette adaptation s'est faite à partir de l'analyse d'un certain nomb�e de programmes de formation professionnelle publics et privés transformés en fonction du véritable ·niveau de connaissance des participants aux cours et de la pratique professionnelle des ouvriers-formateurs. La demande des élèves allait dons le même sens. Ils demandaient - paral­

lèlement à la formation technico-professionnelle - ce que nous appelons la "culture générale", qu'ils exprimaient en parlant de cours d'italien.

l. 2 les cours de Scuola Media

Face à cette situation, l'ECAP fut amené en

1973- 74

à juxtaposer des cours de formation de base, inscrits dans le cadre formel de l'école obligatoire italienne, aux ccurs de formation professionnelle. Cette décision était

(1)

Cf. Notizario No

5

Coordinamento corsi professionali ECAP,

1975

b; particulièrement les contributions de MM. M. Todeschini, W. Kraft, E. Munari, T. Agelli.

également fondée sur les besoins en formation révélés par les enquêtes statist_iques

(73%

d'émigrés avaient à peine

5

années de scolarité obligatoire). Elle est inspirée par la forme prise en Italie par le congé-formation obtenu par les syndicats.

Des cours de "rattrapage scolaire" furent donc mis sur pied, visant à faire acquérir pour les ouvriers le di­

plôme de fin d'école obligatoire

(8

années de scolarité).

1. 3

Le cadre juridique

le cadre juridique est fourni par la loi italienne No

153

du

3.3. 1971

qui entend promouvoir les actions de formation pour les ouvriers italiens à l'étranger :

"le ministère des Affaires étrangères institue des cours spéciaux d'une année destinés à la préparation des tra­

vailleurs italiens et de leurs famiJles aux examens d'ap­

titude et de diplôme de l'école italienne obligatoire"

(elementare et media) {Loi No

153,

art. 2, al. C).

la loi, tout en prévoyant des cours d'une durée d'un an, n'impliquait ni la révision des programmes con­

çus pour des cours de trois ans destinés à des enfants, ni réforme de l'examen d'Etat permettant l'obtention du di­

plôme de fin d'école obligatoire. Une réinterprétation de la loi fut donc opérée par l'ECAP sur la base de la réglementation édictée par le Ministère italien de I' Ins­

truction publique dans le cadre des négociations avec les syndicats sur le congé-formation

("150

heures") .

les cours, d'une durée de

350

heures, furent structu­

rés autour d'un programme adapté aux adultes. la struc­

turation par matière, caractéristique de l'école, était maintenue tandis que les contenus étaient orientés vers les problèmes directement soulevés. par les participants.

Cette approche a été mi se en œuvre dès

1973

et a

été finalement acceptée et autorisée en

1976

sur une

base expérimentale par le Ministère de !'Instruction

(20)

publique. Ce long intervalle montre la résistance ministé­

rielle à laquelle l'ECAP a dû faire face. Deux facteurs ont été déterminants dans le changement de position des instances officielles. D'une part, la prise en charge des revendications de l'ECAP suisse par la CGIL au cours des négociations concernant l'émigration avec le gouver­

nement; d'autre part, l'ampleur des activités de formation de l'ECAP en Suisse.

Les cours ECAP de rattrapage scolaire, qu'avaient su1v1s 12 ouvrier la première année, en touchaient envi­

ron 1.500 en 1976 - soit environ 50% du nombre d'émi­

grés participant à ce type de cours dans les différentes organisations présentes en Suisse (1). Le phénomènè d'a­

bord limité à la région zurochoise, s'étendit ensuit

:

à la

Suisse alémanique (cantons de Bâle, St. Gall et Argovie) puis au Tessin, et enfin à la Suisse romande (cantons de Genève, Vaud et Fribourg). Un tel développement n'a pu se réaliser qu'à travers une autonomisation de plus en plus grande des cours de rattrapage scolaire par rapport aux cours de formation professionnelle.

la demande pour ces cours - dits de "scuola media"

- a toujours .été importante dans la mesure où le diplôme obtenu constitue souvent un prérequis pour l'embauche dans le secteur public ou pour l'ouverture d'un commerce - dans le cas d'un retour au pays. Cette motivation con­

juguée au fait de pouvoir acquérir le diplôme au

00:,

t

d'une année de cours, représente en effet un motif d'at­

traction. la demande a pu être satisfaite rapidement par l'ECAP, dans la mesure où les cours de scuola media ne nécessitent pas une infrastructure importante, à la diffé­

rence des cours de formation professionnelle.

(1) Cf. l'intervention de C. A lleman-Ghionda in "Atti della Conferenza nazionale d'O�ganizzazione dell' ECAP-CGIL"; Ariccia, 16-18 février 1977.

2. LES ACTIVITES DE RECHERCHE

l'intervention de l 'ECAP n'a jamais eu comme pre­

mier but d' "aider" l'émigration sous la forme de cours.

Il s'agit plutôt d;un travail d'analyse de la situation actuelle devant servir à révéler les problèmes et à con­

tribuer à leur solution. le premier fonctionnaire de l'ECAP synthétisait, en 1975 lors d'un congrès, le sens de l'intervention de l'ECAP dans les termes suivants :

11 L' tntervention de l'ECAP sur le terrain de la formation n'a pas eu seulement comme objectif de modifier la réa­

lité dans ce domaine par des activités de gestion. Il s'agissait surtout de mener directement et de roire naître un vaste travail d'analyse et d'information. Travail d'in­

formation auprès des émigrés et de l'opinion publique suisse sur les problè mes liés à la formation générale et professionnelle des travailleurs émigrés - mais non exclu­

sivement d'eux -, sur leurs difficultés et sur les discrimi­

nations dont ils sont l'objet. Travail de mise en perspec­

tive visant à soutenir les efforts des émigrés engagés dans la lutte contre les discriminations d<:>nt ils sont l'objet et à lier ces efforts aux forces syndicales suisses agissant pour une réforme de l'école et de l'apprentissage" (Zonier, p. 21).

C'est dans cette perspective que se situent les collo­

ques organisés chaque année. lis visent à approfondir des aspects généraux ou particuliers de la problématique de la formation, tels que :

- la signification de la présence d'organisations d'émana­

tion syndicale au sein de l'émigration (1971).

- L'analyse de la situation de Ici formation professionnel le des travail leurs italiens en Suisse (1972).

- les travailleurs émigrés et le droit aux études (comptes rendus d1expériences et propositions pour la généralisation des èours de Scuola media) (1973).

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