CHAPITRE 4
Qu’est-ce que la monnaie et
comment est-elle créée ?
I / La monnaie est un outil et une institution
1) Pourquoi la monnaie ?
La monnaie n’est pas indispensable pour qu’existe un échange économique entre deux agents.
L’échange peut-exister sous la forme d’un TROC
Troc : Echange d’un bien ou d’un service contre un autre bien ou un autre service. Pour avoir lieu, cet échange suppose que les agents attribuent la même valeur à ce qui est échangé.
Quelles sont les limites du TROC ?
a) Trop de prix tue le prix…
BIEN 1
BIEN 3 BIEN 2
BIEN 1
BIEN 3
BIEN 4 BIEN 2
BIEN 1
BIEN 3
BIEN 4 BIEN 5
BIEN 2
ETC…
On considère qu’entre le BIEN 1 et le BIEN 2, il y a deux prix possibles : Combien vaut le BIEN 1 exprimé en BIEN 2 et inversement…
Avec 3 biens on a donc 6 prix Avec 4 biens on a donc 12 prix Avec 5 biens on a donc 20 prix…
Avec N biens on a donc N ( N – 1 ) prix
1ère fonction de la monnaie : La fonction d’unité de compte.
La monnaie permet de donner un seul prix à chaque bien.
Dans une économie à 5 biens, il n’y aura plus que 5 prix au lieu de 20 dans un système de troc ! Quel est l’intérêt ?
Comparer plus facilement la valeur des biens et des services, et de ce fait, faciliter les échanges
?
b) La monnaie, c’est de l’huile dans les rouages de l’économie…
Le troc suppose une condition qui n’est pas facile à remplir : Disposer simultanément de ce dont l’autre a besoin !
Si A dispose de quelque chose dont B a besoin mais que B n’a rien qui intéresse A, l’échange ne peut avoir lieu…
2ème fonction de la monnaie : La fonction d’intermédiaire des échanges.
La monnaie permet de différer l’échange dans le temps et de le permettre entre tous car elle est acceptée par l’ensemble des agents économiques.
De cette façon aussi, la monnaie accélère les échanges.
c) La monnaie permet d’accumuler de la valeur Peut-on tout accumuler ?
Non, les services (par nature) et certains biens (périssables) ne peuvent être stockés longuement.
Pourquoi accumuler ?
Pour pouvoir utiliser plus tard ce qu’on a stocké ! Pour montrer son pouvoir, sa position sociale etc…
3ème fonction de la monnaie : La fonction de réserve de valeur.
Elle permet de constituer une réserve de pouvoir d’achat, afin de se procurer par exemple des biens plus coûteux.
En Economie, on parle d’EPARGNE.
La monnaie permet donc de se projeter dans le futur, elle permet à la dynamique économique de se mettre en place !
Remarque :
La monnaie a aussi une fonction symbolique car elle est devenue avec le temps une institution sociale et politique qui incarne à la fois la Nation, ou la figure du souverain etc…
Elle est donc un élément identitaire dans lequel les populations peuvent se reconnaitre…mais ce point sera développé dans la partie suivante…
2) La monnaie est de plus en plus immatérielle a) La monnaie marchandise
Peut-on utiliser n’importe quel bien comme monnaie ? Non, le bien utilisé doit avoir certaines caractéristiques : - divisibilité
- transportabilité - rareté
- caractère non périssable
Mais dans l’histoire, les populations ont parfois utilisé des biens qui ne correspondaient pas exactement à ces critères.
Ce sont les monnaies « marchandise » : - Bétail
- Grain
- Coquillages - Pierres polies - Dents de poisson - Fruits secs
Etc…
La rareté est le critère principal, en revanche le caractère transportable ou non-périssable est plus ou moins respecté en fonction des possibilités.
Il y d’ailleurs des monnaies atypiques, parfois surprenantes : https://www.youtube.com/watch?v=nKvXhuZ_XQk
b) La monnaie métallique
Peu à peu, le métal s’est imposé comme le matériau idéal pour fabriquer de la monnaie, notamment le cuivre, le fer et bien sûr l’argent et l’or.
C’est en Lydie (Ouest de la Turquie actuelle) au 6ème siècle avant JC qu’on trouve les premières monnaies métalliques (pièces), puis en Grèce
et à Rome.
La monnaie a une valeur intrinsèque (seigneuriage) qui correspond à son coût de production
et une valeur faciale qui est celle que lui attribue la puissance
publique qui l’émet.
C’est la garantie de la puissance publique qui permet de mettre en circulation des monnaies dont la valeur faciale est supérieure à la valeur intrinsèque.
Problème :
Plus l’économie se développe, plus on échange, et plus on a besoin de monnaie en circulation.
Il faut donc toujours plus de métaux rares (précieux donc) pour servir de monnaie…
Il faut donc trouver plus de métaux précieux, ou trouver une autre forme de monnaie…
Ce sera la monnaie papier, le billet de banque…
Sa valeur repose sur la confiance en la puissance publique qui l’émet, et plus du tout sur sa valeur Intrinsèque.
On l’appelle monnaie fiduciaire (de « fiducia » qui signifie confiance en latin).
c) De la monnaie fiduciaire à la monnaie dématérialisée
L’expression «être à découvert » est ancienne, elle date du 17ème siècle, lorsque les banquiers commencent à émettre des billets pour une valeur supérieure à la valeur de l’or qu’ils ont en dépôt. Le risque est que les déposants demandent tous en même temps la conversion de leur billets en or.
Progressivement, les banquiers vont inscrire des sommes sur le compte de leurs clients, créant ainsi de la monnaie scripturale, dont la circulation est permise par des moyens de paiement particuliers :
- Virements bancaires - Chèques
- Prélèvements…
Monnaie fiduciaire : Billets de banque. Leur valeur dépend de la confiance dans la puissance publique (qui est à présent la seule à pouvoir les émettre) et dans la conversion possible en métal précieux. Cette conversion n’existe plus officiellement depuis 1976.
Monnaie scripturale : Monnaie inscrite sur les comptes bancaires. Monnaie dématérialisée dont la valeur repose sur la confiance dans les institutions qui l’émettent (comme les billets) et dans celles qui les conservent.
Une partie provient de la monnaie créée par les banques lorsqu’elles accordent des crédits à leurs clients.
1815 1872 1913 2009
Monnaie métallique
67 41 13 0,5
Billets 26,5 32 19 7,5
Monnaie scripturale
6,5 27 68 82
Composition de la masse monétaire totale de la France ( en % )
Cette monnaie scripturale est donc « dématérialisée », et elle circule grâce à des moyens de paiement qui sont :
- La carte bancaire - Le chèque
- Le paiement internet - Le virement
Doc 1 p 100
En 2017, 32% des transactions de plus de 100 € se faisaient avec des billets et pièces, mais 56 % se faisaient par carte bancaire.
Plus la somme est importante, plus la monnaie scripturale est utilisée.
L’ensemble de la monnaie en circulation, quelle que soit sa forme, est mesurée par la masse monétaire. Elle se constitue de 3 catégories qui s’emboitent les unes dans les autres (des agrégats).
M1 : Billets et pièces + monnaie scripturale des comptes courants.
C’est la monnaie la plus « liquide », c’est-à-dire utilisable sans délai
M2 : M1 + monnaie scripturale correspondant à une épargne assez liquide (livrets par exemple)
M3 : M2 + monnaie scripturale correspondant à une épargne peu liquide (SICAV par exemple)
II / Qui crée la monnaie ?
1) Les banques de second rang créent la monnaie scripturale
Banque de second rang (ou banque commerciale) : Institution financière qui gère les comptes de ses clients (particuliers ou entreprises) et qui peut accorder des crédits.
Exemples : Crédit Agricole, Société Générale ou BNP Paribas…
Dans quelles circonstances créent-elles de la monnaie scripturale ? Doc 4 p 101
Les sources de l’augmentation de la masse monétaire dans la zone Euro (ensemble des 19 pays qui utilisent l’€)
Q 1 : Que signifie la donnée entourée ?
En septembre 2018, sur les 12 derniers mois, la masse monétaire (M3) avait augmenté de 3,5%
dans la zone Euro.
Q 2 : Quels agents économiques sont à l’origine de la création monétaire lorsqu’ils demandent des crédits aux banques ?
Ce sont les agents du secteur privé, c’est-à-dire les entreprises et les ménages (particuliers) mais aussi les gouvernements, c’est-à-dire les Etats.
Q 3 : Quel est l’impact sur la masse monétaire si un pays importe plus qu’il n’exporte ?
Les entrées de devises étrangères liées aux exportations ($ ou £ par exemple) augmentent la masse monétaire, donc si on importe beaucoup c’est l’inverse qui se produit, cela réduit la masse monétaire dans la zone Euro.
Synthèse : Les Banques commerciales créent de la monnaie dans 3 cas.
1- Lorsqu’elles accordent des crédits aux entreprises et aux ménages (secteur privé).
2- Lorsqu’elles accordent des crédits aux Etats (secteur public)
3- Lorsqu’elles échangent des Euros contre des devises étrangères que lui
apportent les agents économiques lorsqu’ils exportent par exemple.
2) La banque centrale crée la monnaie fiduciaire
Banque centrale : Institution publique, plus ou moins indépendante des pouvoirs publics, qui a le monopole de l’émission des billets et des pièces dans un pays.
Dans la zone Euro, c’est la Banque Centrale Européenne (BCE) qui se trouve à Francfort.
3) Des monnaies alternatives créées par des agents privés
- Les monnaies locales : Monnaies émises par une communauté qui accepte de l’utiliser. Elle n’a de valeur qu’au sein de cette communauté et n’est garantie par aucun Etat mais il y a parfois un fonds de garantie en Euros déposé dans une banque de second rang.
- Les cryptomonnaies : Monnaies électroniques utilisables sur internet au sein d’une communauté qui l’accepte. Pas d’émission matérielle, et aucune garantie d’une institution publique ou privée.
Exemple : Le Bitcoin Doc 3 et 4 p 103
III / Qui contrôle la monnaie ?
1) La politique monétaire, qu’est-ce que c’est ?
Politique monétaire : C’est l’ensemble des objectifs et des moyens que l’Etat se donne pour contrôler la masse monétaire en circulation (l’accroitre ou la réduire).
C’est la banque centrale qui en est l’acteur principal.
Pourquoi contrôler la masse monétaire ?
- Si elle est trop limitée, cela bloque les échanges et donc l’économie
- Si elle est trop abondante, cela provoque la hausse des prix, c’est-à-dire l’inflation Doc 2 et 4 p 104-105
Or, l’inflation peut dégrader le pouvoir d’achat des individus et fait perdre leur compétitivité aux entreprises.
2) Les instruments de la politique monétaire Doc 2 p 106
2) Les instruments de la politique monétaire Doc 2 p 106
C’est la banque centrale qui mène la politique monétaire. Elle va réguler la capacité des banques à accorder des crédits en leur imposant ou pas des contraintes sur la fourniture de la monnaie
fiduciaire : 1er moyen :
Lorsqu’une banque accorde des crédits, elle sait que ses clients vont opérer des retraits en billets, même si ce n’est qu’une petite partie.
Donc, elle doit avoir des réserves de billets de plus en plus grandes.
Si elle ne les a pas, elle doit les emprunter à la BC qui lui fait payer un taux d’intérêt : le taux directeur.
Taux d’intérêt Taux d’intérêt directeur
Crédit Billets
Si la banque centrale augmente son taux directeur, elle oblige les banques à augmenter celui qu’elles proposent à leurs clients, et cela peut faire baisser les crédits accordés, donc la
masse monétaire…
2ème moyen :
La banque centrale peut imposer un taux de « réserves obligatoires » en billets aux banques de second rang.
Si ce taux est élevé, elles vont devoir trouver davantage de billets et cela va les gêner dans leur activité de crédit => cela freine la progression de la masse monétaire.
Si ce taux est faible, elles vont pouvoir accorder davantage de crédits => accélération de la progression de la masse monétaire.
Pour chaque pays de la zone Euro, la politique monétaire est confiée à la BCE.
La BCE est indépendante des Etats membres. Elle mène une politique qui a seulement 2 objectifs :
- Maintenir l’inflation en dessous de 2% par an dans la zone.
- Assurer la stabilité du taux de change de l’Euro.
