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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL RAPPORT DE STAGE

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Academic year: 2022

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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL

RAPPORT DE STAGE

PAUVRETÉ ET SÉCURITÉ ALIMENTAIRE : CAS DU SERVICE DE NUTRITION ET D’ACTION COMMUNAUTAIRE (SNAC) À AHUNTSIC

TRAVAIL DE SESSION PRÉSENTÉ COMME EXIGENCE PARTIELLE DANS LE CADRE DU COURS STAGE EN MILIEU PROFESSIONNEL ET

RAPPORT DE STAGE (GEO7944)

PROFESSEUR TUTEUR JUAN-LUIS KLEIN

PAR

FRANCK FREDDY MAKANGA MAKF20127703

OCTOBRE 2019

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FICHE D’IDENTIFICATON DU STAGE

Titre du stage : Bénévolat au comptoir alimentaire du SNAC

Nom de l’organisme : Service de nutrition et d’action communautaire (SNAC) Adresse de l’organisme : 10 780, rue Laverdure (Ahuntsic)

Date de début : 26 juin 2019 Date de fin : 16 septembre 2019

Nom du professeur tuteur : Juan-Luis Klein

Nom de la superviseure de stage : Chantal Comtois, directrice générale du SNAC Autres personnes ressources : Antonio Trejo, intervenant et responsable du dépannage alimentaire ainsi que Louise Donaldson, directrice générale adjointe et responsable des bénévoles

Nom du stagiaire : Franck Freddy MAKANGA

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REMERCIEMENTS

Je vais, par ces mots, témoigner toute ma reconnaissance à Madame Chantal Comtois, directrice du SNAC, et à tout le personnel sous sa tutelle pour leur encadrement et leurs marques d’hospitalité accordés tout le long de ce stage.

Je remercie Monsieur Juan-Luis Klein pour l’intérêt et la disponibilité qu’il a accordés à suivre et à encadrer ce travail. Il a agi comme un coup de fouet et grâce à qui je dois mon réveil, après une dure et difficile session d’automne. Qu’il trouve ici l’expression de ma gratitude.

Je remercie également Mme Mélanie Doyon, Directrice du programme DESS Planification territoriale et Développement, grâce à qui j’ai eu à plusieurs reprises des signaux d’encouragement à l’effort et dont les enseignements ont été d’une grande utilité tout au long de mon parcours.

Mes remerciements vont aussi à l’endroit de tous les enseignants qui m’ont encadré au niveau du programme PTDL mais également auprès de tout le personnel administratif et technique du département de Géographie. La fin de ce parcours de DESS reste la résultante de tous les enseignements et des apports multiples reçus.

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TABLE DES MATIÈRES

REMERCIEMENTS ...iii

LISTE DES FIGURES ... vi

LISTE DES TABLEAUX ... vii

LISTE DES ABRÉVIATIONS ... viii

RÉSUMÉ ... ix

INTRODUCTION ... 10

CHAPITRE I ... 14

MANDAT DU STAGE ... 14

CHAPITRE II ... 15

SURVOL DE QUELQUES CONCEPTS ABORDÉS ... 15

2.1. Le concept de pauvreté et ses différents contours ... 15

2.2. Relations entre pauvreté et sécurité alimentaire... 22

2.3. Les impacts sociaux des organismes d’aide alimentaire à Montréal ... 23

CHAPITRE III ... 26

MÉTHODOLOGIE ... 26

3.1. Mise en contexte, analyse des concepts ... 26

3.2. Observation participante et évaluation des impacts du SNAC ... 26

3.3. La réalisation du mini portrait sociodémographique du quartier ... 27

CHAPITRE IV ... 28

LA VIE COMMUNAUTAIRE DU SNAC ... 28

4.1. De son historique à la forme actuelle ... 28

4.2. Du tout social à l’économie sociale ... 31

CHAPITRE V ... 35

MINI PORTRAIT SOCIODÉMOGRAPHIQUE D’AHUNTSIC ... 35

5.1. La population ... 35

5.2. La structure des familles et des ménages. ... 36

5.3. Le niveau de scolarité et la langue ... 37

5.4. L’immigration et les minorités visibles ... 38

5.5. Le revenu, l’emploi, le logement et la défavorisation ... 41

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5.6. Analyse et faits saillants du territoire d’Ahuntsic ... 45

5.7. Recommandations ... 48

CONCLUSION ... 50

LISTE DES ANNEXES ... 52

ANNEXE A ... 53

RÉCAPITULATIF DES DONNÉES POUR LA CARTOGRAPHIE (INSPIRÉ DE PORTELANCE JOUVERT, 2017)... 53

ANNEXE B ... 54

DENSITÉ AU KM2 DANS LE QUARTIER AHUNTSIC ... 54

ANNEXE C ... 55

POURCENTAGE DES MINORITÉS VISIBLES À AHUNTSIC ... 55

ANNEXE D ... 56

POURCENTAGE DES IMMIGRANTS RÉCENTS À AHUNTSIC ... 56

ANNEXE E ... 57

POURCENTAGE DES AINÉS DANS LE QUARTIER AHUNTSIC ... 57

ANNEXE F ... 58

POURCENTAGE DES LOCATAIRES DANS LE QUARTIER AHUNTSIC ... 58

ANNEXE G ... 59

POURCENTAGE DES TRANSFERTS GOUVERNEMENTAUX ... 59

ANNEXE H ... 60

POURCENTAGE FAMILLES MONOPARENTALES D’AHUNTSIC ... 60

ANNEXE I ... 61

POURCENTAGE DES INDIVIDUS DE 25 ANS ET PLUS AYANT LE PLUS HAUT CERTIFICAT D’ÉTUDES ... 61

BIBLIOGRAPHIE ... 62

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LISTE DES FIGURES

Figure 4.1.1 Intégration de l'historique du SNAC dans le schéma de Klein ... 31 Figure 4.2.1 Profil des bénéficiaires des services du SNAC ... 33 Figure 5.1.1 Pyramide des âges de la population d'Ahuntsic à Montréal ... 36 Figure 5.4.1 Nombre d’individus des minorités visibles selon les origines à Ahuntsic ... 39 Figure 5.5.1 Pourcentage des personnes ayant un faible revenu (MFR-ApI) dans le quartier Ahuntsic (Montréal)... 43 Figure 5.5.2 Quintilles de la défavorisation combinée sociale et matérielle à Ahuntsic dans le quartier Ahuntsic ... 44 Figure 5.7.1 Pourcentage des personnes à faible revenu (MFR-ApI) d'Ahuntsic, localisation des sites de dépannage actuels et site proposé ... 49

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau 2.3.1. Récapitulatif des impacts des banques alimentaires à Montréal ... 25 Tableau 4.2.1 Impacts des services du SNAC à Ahuntsic (juin-septembre) ... 34 Tableau 5.1.1 Distribution de la population d'Ahuntsic par grands groupes ... 36 Tableau 5.4.1 Évolution de la population des immigrants d'Ahuntsic selon leur lieu de naissance ... 40

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LISTE DES ABRÉVIATIONS

CLSC : Centre local des services communautaires

FAO : Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture IDQ : Institut du Québec

INSPQ : Institut national de santé publique du Québec IPM : Indice de pauvreté multidimensionnelle MFR : Mesure de faible revenu

MFR-ApI : Mesure de faible revenu après impôts MPC : Mesure du panier de consommation OBNL : Organisme à but non lucratif

OCDE : Organisation de coopération et de développement économique PNUD : Programme des nations unies pour le développement

SFR : Seuil de faible revenu

SNAC : Service de nutrition et d’action communautaire

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RÉSUMÉ

Le Service de nutrition et d’action communautaire (SNAC) est un organisme à but non lucratif ayant pour axe d’activités la promotion de la sécurité alimentaire principalement par le dépannage alimentaire. Il exerce depuis vingt-sept ans dans le quartier Ahuntsic et offre des services exclusivement réservés aux habitants du quartier vivant sous le seuil de faible revenu.

Ayant amorcé un travail sur le SNAC au cours de la session d’hiver dans le cadre du cours de sociogéographie du développement, une invitation nous a été faite de poursuivre le travail en y ajoutant une lecture sociodémographique du quartier. Le mandat de ce stage se formule ainsi :

• approfondir la réflexion sur la place et le rôle du SNAC comme organisme de promotion de la sécurité alimentaire et de lutte contre la pauvreté;

• prendre part, dans une perspective de mise en situation professionnelle, à toutes les activités de l’organisme;

• présenter, en se servant des outils de la géomatique, un mini portrait cartographique de quelques variables en lien avec la pauvreté du quartier Ahuntsic;

• analyser les caractéristiques sociodémographiques du territoire d’action de l’organisme et proposer quelques recommandations en rapport avec l’action dudit organisme.

Les tâches assignées pour la réalisation de ce travail sont : prendre part aux activités de l’organisme autour du dépannage alimentaire, produire un mini portrait sociodémographique du quartier en précisant les zones de grande pauvreté.

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INTRODUCTION

Le petit regard observateur qu’on peut avoir autour de la vie communautaire à Montréal nous laisse déduire que, parmi les thématiques qui suscitent beaucoup l’action communautaire dans les quartiers, figurent la pauvreté et la sécurité alimentaire. En effet, « 668 organismes communautaires » ont pignon sur rue dans la métropole et œuvrent pour la lutte contre la pauvreté par la promotion de la sécurité alimentaire (Boyer et al., 2019, p. 8). Ahuntsic, quartier situé au Nord de Montréal dans l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville, notre champ d’investigation, compte à son tour près d’une dizaine d’organismes ayant le même sacerdoce (Solidarité Ahuntsic, s. d.).

Malgré les apparences et sa réputation de pays riche, le Canada connait la pauvreté qui y est bien présente. Pour de nombreux auteurs (Broadway, 1992; Broadway et Jesty, 1998; Ley et Smith, 2000), cités par Apparicio (2006), la pauvreté n’est pas un problème résolu. Ils la considèrent comme un phénomène encore répandu qui s’enracine et croît dans la plupart des grandes villes du Canada. Montréal, la grande métropole québécoise n’est malheureusement pas épargnée de cette réalité (Ibid.). Les résultats des récentes études menées par l’Institut du Québec (IDQ) révèlent que la Ville de Montréal fait partie des milieux urbains nord-américains les « plus pauvres » (IDQ dans Zappa, 2018). En effet, « Montréal arrive au quatorzième rang au chapitre économique. […] Un Montréalais sur cinq vit dans la pauvreté. » (Ibid) et cette réalité est la conséquence du faible dynamisme de son secteur économique. Cette pauvreté bien installée menace la sécurité alimentaire d’une grande partie de la population de Montréal.

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La sécurité alimentaire est intimement liée à la pauvreté, comme le démontre Banques Alimentaires Canada (2019). En effet, la pauvreté est l’élément moteur du chiffre de plus en plus croissant des individus sollicitant de l’aide pour se nourrir au Canada.

D’ailleurs, pour l’année 2018, ses statistiques révèlent que près de 1,1 million de visites ont été constatées auprès des organismes communautaires œuvrant dans l’aide alimentaire au Canada et 356 970 seulement au Québec (Banques alimentaires Canada, 2018). Bien qu’à nuancer, puisqu’ils ne décrivent pas précisément le nombre de personnes dans le besoin, mais plutôt la fréquence des visites aux banques alimentaires, ces chiffres donnent l’allure de l’ampleur du phénomène, surtout pour le Québec, dont la valeur dépasse le quart de tout le Canada (Ibid.). Force est de dire après ce constat, que le mal est bien présent et que plusieurs personnes sont surement dans le besoin et manquent de nourriture.

À Montréal, le rapport 2017-2018 de Moisson Montréal, organisme œuvrant dans la coordination des actions des organismes communautaires chargés des questions de sécurité alimentaire de la métropole, fait mention que 136 500 personnes dont 41 500 enfants ont eu recours à l’aide alimentaire (Moisson Montréal 2018).

Si l’on peut croire à cette montée de la pauvreté dans des villes canadiennes y compris à Montréal, qu’elle est vraiment la réalité vécue de ce phénomène dans le quartier Ahuntsic? Comment s’y articulent les liens entre pauvreté et sécurité alimentaire? Et quel rôle jouent les banques alimentaires au sein des quartiers montréalais et, plus particulièrement, dans Ahuntsic, dans la lutte contre la pauvreté?

C’est dans ce cadre que s’insère ce travail qui est le produit de notre séjour de stage passé dans les locaux du Service de nutrition et d’action communautaire (SNAC). Cet organisme à but non lucratif est installé dans les locaux du Centre communautaire d’Ahuntsic et jouit d’une notoriété acquise depuis presque trois décennies d’activités

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dans l’aide alimentaire aux personnes démunies dudit quartier. Le SNAC siège aux côtés d’autres organismes à la table de concertation du quartier concernant la sécurité alimentaire (Solidarité Ahuntsic, s. d.). L’action du SNAC en tant qu’organisme communautaire s’appuie principalement sur les trois valeurs suivantes : faciliter, pour les usagers nécessiteux, l’acquisition des capacités d’action et les moyens de s’assumer afin de trouver réponses à leurs besoins ; impulser progressivement et d’une manière permanente des changements positifs dans l’accomplissement des actes afin de donner des réponses satisfaisantes aux préoccupations des bénéficiaires ; favoriser la création des canaux d’assistance entre les personnes dans le besoin, les structures communautaires et tous les Ahuntsicois (SNAC, 2018). Du point de vue administratif, le SNAC est géré par un conseil d’administration et une direction générale (Ibid.). Le conseil d’administration est composé de sept membres, qui tiennent neuf réunions dans l’année, et la direction générale de trois membres, dont les fonctions sont d’assurer la gestion courante de l’organisme (Ibid.).

Son aire d’activité couvre tout le territoire du quartier Ahuntsic qui, ensemble avec le quartier Bordeaux-Cartierville, font partie des deux entités formant l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville dans la partie Nord de Montréal. Le territoire d'Ahuntsic est subdivisé en 05 sous-quartiers ou secteurs (Ahuntsic, Sault-au-Récollet, Saint-Simon, Saint-Benoît et Saint-Sulpice) (Rayside Labossière, 2014) et sa population a été estimée à 78 565 habitants en 2011 (Ibid.). En dépit de son cadre de vie attrayant, le territoire d’Ahuntsic fait face à de nombreux enjeux sociaux ayant trait à la précarité et l’on dénombre une partie de sa population estimée à 16 000 personnes vivant sous la barre de faible revenu (Centraide du Grand Montréal, 2013). Selon son rapport 2018- 2019, le SNAC a pu rendre service à 10 245 personnes et a accordé un service de soutien alimentaire à près de 5000 individus (SNAC, 2019).

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Ce rapport vise ainsi à montrer la place et le rôle du SNAC dans la lutte contre la pauvreté, mais également, à décrire l’implantation territoriale du phénomène de la pauvreté au sein du quartier Ahuntsic. Il préconise de répondre aux objectifs suivants :

• Faire ressortir les stratégies et les impacts sociaux du SNAC comme organisme communautaire œuvrant pour la sécurité alimentaire de la population du quartier Ahuntsic;

• Présenter un mini portrait sociodémographique du territoire en ce qui concerne quelques variables en lien avec la pauvreté, analyser les résultats en décelant les niches et les secteurs de pauvreté dans le quartier afin de mettre au profit du SNAC des données nécessaires pour la bonne coordination de ses actions.

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CHAPITRE I

MANDAT DU STAGE

Dans le souci de comprendre la place des banques alimentaires dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion à Montréal, nous avons mené une étude de cas dans le cadre du cours de Sociogéographie du développement (GEO8735). Cette étude intitulée : Le dépannage alimentaire comme alternative au couple pauvreté-exclusion : cas du Service de nutrition et d’action communautaire (SNAC) à Ahuntsic, avait pour but d’évaluer le rôle de cet organisme à but non lucratif (OBNL) dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion. Ce rapport de stage est donc une suite logique de cette première initiative. Il se présente comme une réponse aux souhaits, dans le cadre de l’amélioration de leurs prestations, de l’équipe dirigeante du SNAC. Son mandat se résume par les points suivants :

• approfondir la réflexion sur la place et le rôle du SNAC comme organisme de promotion de la sécurité alimentaire et de lutte contre la pauvreté;

• prendre part, dans une perspective de mise en situation professionnelle, à toutes les activités de l’organisme;

• présenter, en se servant des outils de la géomatique, un mini portrait cartographique de quelques variables en lien avec la pauvreté du quartier Ahuntsic;

• analyser les caractéristiques sociodémographiques du territoire d’action de l’organisme et formuler quelques recommandations en rapport avec l’action dudit organisme.

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CHAPITRE II

SURVOL DE QUELQUES CONCEPTS ABORDÉS

2.1. Le concept de pauvreté et ses différents contours

Vu l’existence d’une grande panoplie d’études à son sujet, le concept de pauvreté serait considéré aujourd’hui comme bien connu de l’humanité tout entière. Mais malgré cette grande attention de la communauté scientifique, le concept reste encore complexe et parfois sujet à controverses pouvant susciter, même au sein d’une même nation, des difficultés de compréhension et d’identification de son existence selon le moment et le lieu (Lollivier, 2008).

Pour Mollat du Jourdin (1966, p.5), au Moyen-Âge, le concept de pauvreté « rameute tous les malheureux ». C’est ainsi qu’il donne l’étymologie latine du terme qui désigne le concept de pauvreté au Moyen-Âge, avant la moitié du XIVe siècle : « Ainsi les textes donnent au mot paupertas, […] une gamme de sens allant de la précarité à l’urgente détresse, pour inclure également les misères physiques et intellectuelles. » (Ibid).

La pauvreté est donc un concept ancien, séculier qui a évolué au fil des temps et de l’espace, selon la vie et les transformations sociétales. Mercier, citant Milano, en décrit plusieurs interprétations à travers le temps. Elle pose une chronologie des regards du concept pauvre selon l’ordre suivant :

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du pauvre mendiant, puis du pauvre peuple du XVIe au XVIIIe siècle et de l'ouvrier des classes dangereuses tout au long du XIXe siècle; au XXe siècle, les visages de la pauvreté se multiplient avec le pauvre du tiers monde, des pays riches et des pays ex-socialistes (Milano, 1992, p. 5, dans Mercier, 1995, p. 8).

Cette lecture montre que le concept de pauvreté a évolué dans l’histoire. Il n’est pas resté fixe et ne demeure pas statique de nos jours. On est passé du pauvre s’attendant à l’aumône au pauvre aux multiples visages, aux multiples définitions, que tentent d’exprimer plusieurs approches et plusieurs disciplines scientifiques.

S’il est vrai que le concept de pauvreté a évolué à travers le temps et l’espace et qu’il demeure un terme en perpétuelle évolution, quelle est actuellement la définition que nous pouvons lui accorder?

De la multitude des définitions que nous donne la littérature, on peut s’appuyer dans l’effort de la compréhension du concept sur celle proposée par Gublin (2014, p. 2) qui stipule que :

La pauvreté peut se manifester de manière multiple : par la faiblesse ou l’absence d’un revenu, par un logement précaire, par une mauvaise santé, par une éducation insuffisante, par la sous-alimentation ou un environnement dégradé… Ces facteurs varient d’une région à une autre, d’un groupe de personnes à d’autres ce qui complexifie la quantification du phénomène, néanmoins il est clair que la pauvreté est multidimensionnelle.

Cette définition nous amène à croire que le concept de pauvreté n’a pas la même portée dans les pays industrialisés que dans ceux qui sont en processus de développement.

Elle peut se résumer par l’état d’un individu en incapacité de s’offrir les besoins vitaux de première nécessité, mais également, tout ce qu’il faut pour assurer son épanouissement physique et mental.

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La littérature cherchant à définir la pauvreté montre l’existence de plusieurs approches et de divers paramètres de mesure de la pauvreté. Le monde scientifique, le monde de la finance, les organismes internationaux ou le milieu sociocommunautaire débattent de la pauvreté et chacun y va de son regard, de sa compréhension et de sa conception du terme.

Les travaux de Bellu et Liberati (2006), experts de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), donnent le point de vue de la FAO sur le concept de pauvreté selon la thèse de Sen qui qualifie la pauvreté comme un état de privation c’est-à-dire « le manque de ‘’ capacité ‘’ à fonctionner dans une société donnée. » (Sen, 1985 dans Bellu et Liberati, 2006, p. 2) La pauvreté est considérée, ici, comme une condition sociale ne répondant pas aux normes vitales de la société.

Pour Pogge (2009), la Banque Mondiale a un regard de la pauvreté réduite à la capacité de chaque individu à s’offrir des biens nécessaires. Elle considère la pauvreté comme étant :

le pouvoir d’achat que procure une certaine somme en dollars durant une année donnée (« année de référence »). Elle détermine cette somme selon les seuils de pauvreté domestique déjà en usage dans les différents pays étudiés. Elle a d’abord choisi le seuil de pauvreté intérieur le « plus typique » pour les pays en voie de développement, défini par un budget mensuel par personne possédant un pouvoir d’achat équivalent à celui de 31 dollars aux États-Unis en 1985. Plus tard, ce montant fut arrondi vers le bas à 30,42$, soit « un dollar par jour ».

(Pogge, 2009)

Mais cette mesure d’établissement d’un potentiel « seuil de pauvreté international » qui varie périodiquement revêt des difficultés dans le cadre de sa mise en application dans tous les pays vu la différence des monnaies en usage, la temporalité et le hiatus des coûts des biens entre les pays (Ibid.). C’est ce qui pousse l’auteur, pour des raisons suscitées, à douter de la capacité de cette mesure à servir de base pour juguler le

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phénomène de pauvreté dans le monde (Ibid.). Tenant compte de toutes ces raisons la Banque Mondiale réévalue de temps en temps sa mesure de seuil de pauvreté et ce montant est passé de 1,25 $ US en 2005 à 1,90 $ US en 2015 (Banque Mondiale, 2019).

De même, Gublin (2014, p. 2-3) considère cette approche de la pauvreté par la Banque mondiale comme « monétaire », car ne relevant que deux aspects du concept : « la pauvreté absolue » qui définit l’état des individus ne pouvant répondre à leurs « besoins alimentaires essentiels » et « la pauvreté relative » qui désigne l’état des individus ne pouvant répondre à d’autres soucis que la nourriture. Ces deux notions essentielles du concept de pauvreté peuvent autrement se lire comme étant respectivement : une incapacité de s’alimenter, s’abriter et se couvrir mais également comme une impossibilité à un groupe de sujets de bénéficier de tous les avantages et faveurs habituellement accordés à l’ensemble de leurs congénères (Raphael, 2004 dans Tardif et al., 2009).

Les Nations Unies célèbrent la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté tous les 17 octobre de chaque année (Nations Unies, 2019.). Et cette année, la présentation de cette journée s’est faite sous le signe du décalage existant entre les grandes avancées en termes de développement que vit l’humanité et l’existence d’une grande partie de sa population vivant dans une grande paupérisation (Nations Unies, 2019). Selon le Programme des Nations Unies pour le développement, la bonne prise en compte du concept de pauvreté doit se faire en conjuguant toutes les dimensions liées à l’homme, d’où son approche de la « pauvreté humaine » qu’il définit en ces termes : « absence des capacités humaines de base : analphabétisme, malnutrition, longévité réduite, mauvaise santé maternelle, maladie pouvant être évitée » (PNUD, 2000 dans Kouni, s. d., p. 4).

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Ce regard du PNUD élucide le fait que la pauvreté soit la conséquence d’un assemblage de causes. L’approche PNUD décrit les variations des niveaux du concept. On ne peut s’attaquer à la pauvreté qu’en mettant en place une dynamique d’intégration des stratégies.

Ces divergences de vision dans la prise en compte du concept de pauvreté ont pour conséquences une multitude de paramètres et de mesures de la pauvreté dans le monde.

Pour évaluer ou classer la pauvreté, on doit prendre en compte tous les enjeux que cet état suscite pour mettre en place un critérium qui permettra de recueillir des éléments quantitatifs et qualitatifs du phénomène (Martin, 2012).

Par exemple, le PNUD fait usage des indicateurs dits « composites », c’est-à-dire des indicateurs qui s’appuient sur plusieurs sous-indicateurs, pour évaluer l’état de pauvreté d’un pays (Ibid.). C’est le cas de l’Indice de développement humain (IDH) et de l’Indice de pauvreté multidimensionnelle (IPM) (Ibid.). La Banque mondiale, l’Eurostat comme l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) s’intéressent aux indicateurs dits « strictement monétaires » c’est-à-dire des indicateurs basés sur la mesure du « seuil de pauvreté » (Ibid.).

Au Québec, la définition du concept de pauvreté est donnée par la loi 112 (loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale), adoptée en 2002 (Assemblée nationale, 2002). Les auteurs (Klein et Champagne, 2011) dans Initiatives locales et lutte contre la pauvreté et l’exclusion, réfléchissant sur les moyens à prendre pour vaincre la « pauvreté et l’exclusion » au Québec, reprennent la définition de la pauvreté de l’Assemblée nationale :

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la condition dans laquelle se trouve un être humain qui est privé des ressources, des moyens, des choix et du pouvoir nécessaires pour acquérir et maintenir son autonomie économique ou pour favoriser son intégration et sa participation à la société (Assemblée nationale, 2002 dans Klein et Champagne, 2011, p. 40).

La pauvreté au Québec revêt, selon Côté et Scarfone (2019, p. 7), trois échelles d’appréhension qui sont : « culturelle, éducative et économique ». Les mêmes auteurs affirment l’absence de l’usage d’un « taux de pauvreté » au Québec et que ces différents paliers de compréhension, d’appréciation du concept rendent ainsi complexe son évaluation (Noreau, 2017 dans Côté et Scarfone, 2019, p. 7).

Ducharme et Dupuis (2018) faisant une analyse d’un potentiel « seuil officiel de pauvreté », que souhaite instaurer l’État Canadien avec le « projet de loi C-87 », émettent des réserves sur le bien-fondé de cette initiative dans la lutte contre la pauvreté. Les deux auteurs pensent que ce seuil, pris à partir de « la mesure du panier de consommation (MPC) », ne circonscrit pas réellement toute la réalité de la problématique de la pauvreté au Québec (Ibid.). Ils l’énoncent en ces termes :

Ce montant s’élève en moyenne à 18 000 $ pour une personne seule et à 36 000

$ pour une famille de quatre. Une personne ou une famille qui ne parvient qu’à satisfaire ses besoins de base vit nécessairement de manière précaire. Son budget se limite à l’essentiel, chaque dépense imprévue ou perte de revenu, aussi minime soit-elle, a un impact considérable sur sa qualité de vie.

(Ducharme et Dupuis, 2018)

Cette analyse est confortée par les travaux de Hurteau (2018), qui pense que les trois mesures suivantes : « les seuils de faible revenu (SFR), la mesure de faible revenu (MFR) et la mesure du panier de consommation (MPC) » (Ibid., p. 2), utilisées au Québec, ne permettent pas de répondre à la question de la pauvreté, car elles ne prennent pas en considération tous les aspects et les enjeux auxquels sont confrontés les gens vivant dans la précarité. Pour l’auteur, une lutte réaliste contre la pauvreté et l’exclusion, c’est-à-dire l’élaboration de bonnes stratégies capables de vaincre le

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phénomène, consisterait à prendre en compte un autre indicateur tel que le « revenu viable » ou le « coût du panier de consommation viable » (Ibid., p.7.).

À côté de la question suivante : comment mieux évaluer la pauvreté au Québec? se pose aussi le défi des mutations que prend le phénomène. En effet, plusieurs auteurs s’accordent à dire que le phénomène de pauvreté présente de plus en plus de nouvelles formes (Lesemann, 1989; Bonneau et Langlois, 2015). Pour Lesemann (1989, p. 114), la dénomination du phénomène de pauvreté jadis réservée, il y a quelques décennies, aux « familles biparentales nombreuses » ne pouvant complètement assurer le poids des charges familiales, revêt présentement plusieurs nouvelles caractéristiques notamment : une prévalence accrue du genre féminin, une baisse croissante des sujets séniles due aux réformes gouvernementales concernant les allocations de retraite, une grande visibilité auprès des classes juvéniles, des individus vivants dans l’insularité et des employés ayant des occupations instables et de faibles ressources. À ces nouvelles caractéristiques de la pauvreté, on peut ajouter les catégories suivantes :

les personnes peu scolarisées, les femmes, particulièrement si elles sont mères monoparentales ou peu scolarisées, les jeunes décrocheurs, les jeunes familles, les personnes âgées de 65 ans et plus, les nouveaux immigrants et les autochtones (Ulysse et al., 2009 ; Gardes, Langlois et Bibi, 2010 dans Bonneau et Langlois, 2015, p. 14).

Ces mutations sont surement la conséquence des « changements démographiques et économiques [qui] surviennent au sein des sociétés industrielles et [dont] la protection sociale n’est plus adaptée à ces nouvelles réalités. » (Bonneau et Langlois, 2015, p. 14)

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2.2. Relations entre pauvreté et sécurité alimentaire

C’est au tout début des années 1970 que l’humanité a découvert pour la première fois la thématique de la sécurité alimentaire (Ghersi et Martin, 1996). Du lot des définitions ayant accompagné son évolution, on peut retenir celle issue du Sommet mondial de l’alimentation, tenu à Rome, en 1996, reprise par Boucobza (2012) dans sa réflexion sur « La méthode de promotion de la sécurité alimentaire ». Ce dernier a défini le concept de sécurité alimentaire en ces termes :

La sécurité alimentaire est assurée quand toutes les personnes, en tout temps, ont économiquement, socialement et physiquement accès à une alimentation suffisante, sûre et nutritive qui satisfait leurs besoins nutritionnels et leurs préférences alimentaires pour leur permettre de mener une vie active et saine.

(Sommet mondial de l’alimentation, 1996, dans Boucobza, 2012, p. 72)

Cette définition montre que la sécurité alimentaire est garantie quand toutes les conditions sociofinancières et physiques sont réunies afin que tous les individus accèdent à un régime alimentaire convenable, sain et équilibré, qui pourra leur permettre de combler leurs exigences corporelles et de jouir d’une bonne qualité de vie.

L’insécurité alimentaire, cependant, se définit comme étant une situation de manque ou d’insuffisance alimentaire et est souvent la conséquence d’un état de profonde paupérisation (Delisle, 1998).

Étant donné que l’analyse des multiples définitions du concept de pauvreté et des critères de mesure utilisés par les organismes internationaux et les pays montre que l’alimentation reste le facteur primordial sur lequel s’appuient beaucoup des définitions de la pauvreté. On peut se permettre de dire que le concept de pauvreté se retrouve souvent associé avec le concept de sécurité alimentaire dans une sorte d’engrenage où la résolution de l’un peut réciproquement impliquer celle de l’autre. Pour Pena et Ballacao (2002) dans FAO (2019, p. 84), ces rapports peuvent se lire de la manière

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suivante : « La pauvreté, la sécurité alimentaire et la nutrition sont imbriquées, mais elles sont également distinctes les unes des autres. » Pour les experts de la FAO (2008), vu l’influence mutuelle entre les deux phénomènes, combiner les méthodes pour combattre la précarité et le plan de promotion de la sécurité alimentaire est la solution idoine pour leur résolution.

Au Québec, conscient de la relation intimement liée entre la pauvreté et la sécurité alimentaire et dans le même filon de la « lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale

», le gouvernement au tout début des années 2000 a inscrit la problématique de « sécurité alimentaire » comme une question additionnelle à résoudre (Hamelin et Bolduc, 2001, p. 57). Depuis là, plusieurs initiatives se sont succédé tant du côté gouvernemental, communautaire et entrepreneurial pour endiguer sinon atténuer le couple pauvreté-insécurité alimentaire afin d’assurer une sécurité alimentaire aux ménages québécois vivant dans la précarité (Hamelin et Bolduc, 2001). En effet, c’est derrière la bannière de l’action contre la paupérisation qu’on peut percevoir la réplique aux questions de manque de nourriture (Racine, 2003). Aller à contrecourant de la pauvreté est de s’assurer de la mise à disposition de nourriture aux démunis et aux gens dans le besoin.

2.3. Les impacts sociaux des organismes d’aide alimentaire à Montréal

C’est au tout début des années 1980 que le soutien en nourriture par des comptoirs alimentaires a pris corps au Canada (Tremblay, 2008). Moisson Montréal, l’initiative pionnière des banques alimentaires au Québec, a connu ses premiers jours précisément en 1984 (Beeman et al., 1997, p. 43). Depuis là, comme partout au Canada, la culture de l’aide alimentaire est rentrée dans les mœurs et s’est vu installée dans presque toutes les localités (Tremblay, 2008). Actuellement, après trois décennies, on dénombre à Montréal près de « 668 organismes communautaires » (Boyer et al., 2019, p. 8) œuvrant

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dans le soutien alimentaire dont on peut distinguer deux types de vocations : « les organismes dont la mission première représente la lutte contre l’insécurité alimentaire, des organismes pour lesquels l’aide alimentaire représente un complément à leurs services de base. » (Boyer et al., p. 14)

Pour Gough (s. d, p. 6), les services d’aide alimentaire constituent un pan essentiel dans la promotion de la sécurité alimentaire et leurs actions au profit de la communauté peuvent se lire selon la typologie suivante : les actions dites « Traditionnelles » qui se résument par le soutien permanent en denrées alimentaires des individus vivant dans des conditions précaires (organismes dont la mission principale est le soutien alimentaire); les actions dites « Alternatives » qui s’appuient sur la constitution des groupes dont le but est la mutualisation des efforts en matière d’approvisionnement en nourriture (organismes d'économie sociale œuvrant dans la sécurité alimentaire) et les actions dites de « Transformation sociale » qui visent à promouvoir des initiatives communautaires ayant pour but d'inciter le concours de tous à la résolution des questions de manque de nourriture au sein des individus et de toute la communauté (cas des organismes œuvrant pour l’émancipation socio-matérielle de leurs usagers, leurs membres et toute la communauté).

À Montréal, plus du tiers des organismes suscités sont liés à Moisson Montréal, qui assure la centralisation de la collecte des denrées alimentaires recueillies auprès, notamment, des grandes surfaces de la métropole et leur répartition aux organismes partenaires assurant le lien avec les bénéficiaires (Moisson Montréal, 2019).

Les bénéfices que les Montréalais peuvent tirer des activités de Moisson Montréal dépassent le cadre simple de la distribution de nourriture, mais touchent également l’amélioration des conditions sanitaires des bénéficiaires par la réduction de certaines maladies non transmissibles (Barthell et al., 2015). Moisson Montréal joue également

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un rôle sur le climat en contribuant à la baisse des « émissions de gaz à effet de serre » résultant de la récupération et la distribution des vivres, réduction qui a été estimée, pour l’échéance 2013-2014, à 28934 t éq. CO2 (Barthell et al., 2015, p. 10).

Tableau 2.3.1. Récapitulatif des impacts des banques alimentaires à Montréal

Services Quantités

Organismes partenaires 257

Soutien alimentaire 640951 demandes couvertes par mois Repas communautaires 507357 plats communautaires fournis

par mois

Nombre de personnes servies 74369 individus servis par le soutien alimentaire par mois

Quantité de nourriture collectée 15,6 millions de kg de vivres par an

Pourvoyeurs des vivres 300

Bénévoles mobilisés 11012 soit 97352 heures de travail Source : élaboré à partir des données de Moisson Montréal (2019)

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CHAPITRE III

MÉTHODOLOGIE

La réalisation de ce rapport de stage a été possible grâce à une méthodologie selon l’ordre suivant : la mise en contexte du sujet, la compréhension des concepts abordés par le problème, l’analyse des impacts du SNAC au sein du quartier par une observation participante et l’analyse sociodémographique du territoire d’Ahuntsic.

3.1. Mise en contexte, analyse des concepts

Cette première partie du travail a consisté à une recension des écrits traitant les différents thèmes abordés. Plusieurs catégories de sources ont été consultées notamment : la presse papier, des ouvrages, des rapports, des articles scientifiques, et d’autres sources documentaires. Les concepts de pauvreté et de sécurité alimentaire ont été abordés selon un regard historique en énumérant leur évolution et les appréhensions que ceux-ci suscitent auprès des organismes internationaux, dans les milieux scientifiques, au Canada et particulièrement au Québec. Aussi, un point a été fait sur les rapports qui lient les deux concepts et leurs impacts sur la vie des Montréalais.

3.2. Observation participante et évaluation des impacts du SNAC

La compréhension de l’action du SNAC a été possible grâce à l’observation participante comme bénévole et stagiaire ainsi qu’à la consultation des archives et du

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site internet de l’organisme. Plusieurs axes ont constitué cette observation participante, notamment, la transposition du parcours historique du SNAC au modèle de « L’effet structurant de l’initiative locale » de Klein (2009, p. 37), le recensement de la gamme des services, l’évaluation des impacts sociaux et du profil des bénéficiaires du SNAC.

3.3. La réalisation du mini portrait sociodémographique du quartier

L’analyse sociodémographique du quartier Ahuntsic s’est focalisée sur la réalisation d’un mini portrait. Ce dernier a été le produit d’un processus en quatre étapes : le choix des variables à analyser, la collecte des données, l’extraction des variables choisies, le traitement statistique et cartographique desdites variables. Plusieurs sources de données ont été utilisées : les données de recensement de Statistique Canada (2016) à l’échelle des aires de diffusion ; les données sur la défavorisation sociale et matérielle de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ, 2016) ; les données du portail ouvert de la Ville de Montréal (2016a) pour les limites administratives et les vues aériennes de GoogleStreet et OpenStreetMap. Les données recueillies sous plusieurs formats numériques (tables, fichiers Shapefile) ont été traitées avec le logiciel ArcGIS.

Le choix des variables à analyser et l’illustration cartographique se sont fait en s’inspirant des travaux antérieurs des différents auteurs (Apparicio, 2006; Khun et al., 2008; Rayside Labossière, 2014; Ghaffari et al., s. d.). En ce qui concerne les revenus, l’unité d’analyse choisie est la mesure de faible revenu après impôts (MFR-ApI) et la variable « À faible revenu fondé sur la Mesure de faible revenu après impôt (MFR- ApI) » qui donne le total des individus à faible revenu après impôts au sein des ménages (Statistique Canada, 2016).

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CHAPITRE IV

LA VIE COMMUNAUTAIRE DU SNAC

4.1. De son historique à la forme actuelle

Le SNAC est un organisme à but non lucratif opérant depuis plus de 27 ans dans le quartier Ahuntsic et œuvrant pour la sécurité alimentaire sous forme principalement de dépannage alimentaire. Il prend sa naissance au début des années 1990, tout juste une décennie après que le Québec ait connu l’éclosion des premières banques alimentaires (Banques alimentaires du Québec, 2015). Il est le produit d’une réflexion citoyenne lors des retrouvailles sur l’état de paupérisation des habitants du quartier, tenues en 1989, qui déboucha sur la création de la première initiative intitulée Cuisines collectives d’Ahuntsic, en 1991 (SNAC, 2018). Cette initiative s’est transformée, après une année, en un service d’aide alimentaire, le SNAC, dont les principaux objectifs dès le début furent : « Offrir un dépannage alimentaire adéquat » et « Favoriser l’action communautaire et l’implication individuelle et collective des personnes les plus isolées.

» (SNAC, 2018, p. 3) Ces deux axes stratégiques démontrent l’option choisie dès le départ par le SNAC qui est de s’attaquer aux problèmes de précarité des personnes démunies du quartier par le soutien alimentaire et communautaire. En scrutant son historique, on peut se rendre compte que le passage de la première initiative, c’est-à- dire des cuisines collectives au service de nutrition et d’action communautaire (SNAC), a été l’une des grandes mutations en termes d’orientation d’activités que l’organisme a connues jusqu’à nos jours (SNAC, 2018). Le reste des changements sont considérés comme des activités connexes et de renforcement à l’activité principale qui est le

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dépannage alimentaire (Ibid.). C’est le cas des trousseaux scolaires, de l’épicerie communautaire, des diners communautaires, du service d’intervenant et des ateliers culinaires (SNAC, 2018).

Klein, ayant suivi plusieurs tentatives de construction d’une action communautaire au Québec, a échafaudé une « proposition d’un modèle interprétatif » intitulé « L’effet structurant de l’initiative locale » (2009, p. 37). Cette réflexion propose un schéma type incluant l’incubation, l’éclosion et l’épanouissement continuel d’une initiative locale (2009). Ce schéma énumère trois phases essentielles de croissance et plein essor d’une initiative locale notamment : la création, la mobilisation des forces externes comme internes, l’appropriation de l’initiative par tous les acteurs concernés et se conclut par sa reproduction en intégrant des savoirs issus du parcours franchi (Ibid.).

La phase de création du projet est beaucoup plus le fruit de la réflexion d’un membre ou d’un petit groupe de membres de la communauté, elle doit susciter le concours et la contribution des autres pour que le projet prenne corps afin de démarrer (Klein, 2009).

Elle est suivie par la deuxième phase qui est constituée d’une mobilisation des forces internes comme externes pour booster la marche du projet (Ibid.). Ces deux premières sont perceptibles au niveau du SNAC et riment avec la création, après un constat d’une montée de la précarisation dans le quartier, de l’initiative embryonnaire du SNAC qui était les « cuisines collectives d’Ahuntsic » avec l’appui de trois acteurs communautaires du quartier (Conseil communautaire d’Ahuntsic, CSLC et la Société Saint-Vincent-de-Paul) (SNAC, 2018, p. 3). La troisième phase symbolise l’appropriation de l’initiative par tous les acteurs concernés, il se construit à ce stade des liens étroits entre l’initiative locale et les membres qui l’animent, que Klein qualifie en ces termes :

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L’action collective renforce le sentiment d’appartenance des acteurs au territoire local ce qui laisse des traces durables dans leurs organisations et institue des pratiques collectives et des mécanismes de régulation locale des conflits. (2009, p. 38).

À ce stade, bien qu’il se crée un lien étroit entre l’initiative et les acteurs, nos observations nous ont montré que l’initiative devient aussi un lieu de génération d’acteurs. Le SNAC s’est donc illustré comme un cadre de production d’acteurs communautaires et du leadership, car depuis sa création, il n’a connu que trois directrices et mis à part Mme Claude Ampleman, faisant partie des initiateurs et première directrice, les deux autres ont été des produits du SNAC (SNAC, 2018). Cela répond à la réflexion de Caillouette sur la question de « L’identité communautaire » qui affirme que « L’acteur se forme au sein même de son expression. » (1997, p. 104)

Le cycle du modèle reprend son chemin par la faculté des acteurs à impulser la répétition du schéma en intégrant des savoirs issus du parcours franchi (Klein, 2009).

Et la création du SNAC se situe à ce niveau, car il est le fruit de la deuxième génération d’une première initiative (SNAC, 2018). Le SNAC est donc le fruit de ce que Klein qualifie : « la capacité des acteurs de reproduire ce parcours en y ajoutant chaque fois de nouveaux objectifs et en générant de nouveaux projets. » (2009, p. 39)

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Source : Interprétation de l’historique du SNAC (2018) dans le modèle de Klein (2009)

Figure 4.1.1 Intégration de l'historique du SNAC dans le schéma de Klein

4.2. Du tout social à l’économie sociale

Depuis sa création, le SNAC a vu, au fil du temps, sa première orientation stratégique consacrée à la promotion de la sécurité alimentaire dans sa forme basique, c’est à dire par le dépannage alimentaire, se faire compléter par d’autres formes dites « Alternatives » et de « Transformation sociale », comme l’énonce Gough (s. d. 6).

Certains auteurs réfléchissant autour des contours du concept de l’« économie sociale

» l’énoncent en ces termes :

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la nouvelle économie sociale regroupe à la fois de nouveaux services aux personnes pour répondre à des besoins non ou mal satisfaits par l’État providence (généralement des activités à dominante non marchande) et de nouvelles activités économiques (activités souvent à dominante marchande) pour favoriser l’insertion des personnes exclues ou encore pour revitaliser des territoires ruraux ou même urbains en déclin ou même devenus des friches (Fontan et al., 2003 dans Lévesque et Mendell, 2005, p. 3).

C’est dans ce cadre que s’insère l’ensemble des services du SNAC c’est-à-dire ceux relevant du tout social comme le dépannage alimentaire, les ateliers cuisine, l’appui à l’insertion et ceux relevant typiquement de l’économie sociale c’est-à-dire les magasins périodiques (magasins partages, bazar), les repas communautaires, les services traiteurs et le SNACafé. Le SNAC offre donc trois services hebdomadaires de dépannage alimentaire soit en moyenne douze par mois. Ce dépannage est accordé exclusivement aux habitants du quartier Ahuntsic vivant sous le seuil de faible revenu. Il se tient en trois lieux différents du quartier et selon un programme cyclique visant à joindre toutes les personnes dans le besoin.

En ce qui concerne le profil des bénéficiaires de vivres, il a été constaté durant la période du stage (juin-septembre) une forte prévalence des personnes sans emploi mais également des individus vivant seuls, les immigrants de longue date et les récents (Figure 4.2.1).

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Source : Données tirées du rapport en préparation 2019-2020 du SNAC (s. d.) Figure 4.2.1 Profil des bénéficiaires des services du SNAC

La réalisation d’un dépannage alimentaire est la résultante d’une série d’opérations selon l’ordre suivant : la collecte et le transport des denrées, le pesage, le triage, l’entreposage, le reconditionnement, la conservation, la préparation de la salle et la distribution. Les aliments sont collectés tout le long de la semaine auprès de deux principaux fournisseurs (Moisson Montréal et COSTCO du marché central). À côté de ces deux grands fournisseurs, le circuit d’approvisionnement du SNAC s’étend auprès d’autres épiceries, commerces et jardins communautaires installés dans le quartier.

L’action communautaire se vit au SNAC par une forte mobilisation des bénévoles, des partenaires communautaires comme financiers. Une grande action est aussi menée dans le cadre de l’aide à l’insertion par l’intervenant. Ce dernier aide les usagers en difficulté à avoir l’information sur le service dont ils ont besoin. Les impacts de l’action du SNAC constatés pendant la période du stage (juin-septembre) sont présentés par le tableau (4.2.1).

0 100 200 300 400 500 600

Personnes vivant seul Familles monoparentales/femme Famille monoparentales/homme Étudiants et enfants Personnes itinérantes Personnes sans emploi Immigrants Immigrants récents

Nombre de personnes bénéficiaires des services

du SNAC

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Tableau 4.2.1 Impacts des services du SNAC à Ahuntsic (juin-septembre)

Services Quantités

Repas communautaires 571 plats communautaires fournis Recettes des plats congelés servis 3960$ de ventes

Nombre des services traiteur accordés 18

Bénévoles mobilisés 80 bénévoles soit 3694 heures Nombre d’ateliers cuisine organisés 6

Nombre de familles servies au magasin partage de la rentrée (mois d’aout)

171

Source : Données tirées du rapport en préparation 2019-2020 du SNAC (s. d.).

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CHAPITRE V

MINI PORTRAIT SOCIODÉMOGRAPHIQUE D’AHUNTSIC

5.1. La population

Selon les données tirées du recensement 2016, la superficie du territoire d’Ahuntsic est estimée à 16,17 Km2. Le quartier Ahuntsic a une population estimée à près de 89 525 âmes. Sa densité s’estime à 5 536 habitants au Km2. Le pourcentage de représentation des femmes est de 52 % et celui des hommes de 48 %. L’âge moyen de la population est de 41 ans et l’âge médian est de 42 ans. La classe d’âge la plus représentée chez les femmes est de 30 à 34 ans tandis que chez les hommes, elle est de 35-39 ans. On note une faible représentation des adolescents et des enfants. Les pourcentages respectifs des grands groupes de la population (0 à 14 ans, 15 à 64 ans et 65 ans et plus) sont : 15,84 % ; 65,89 % et 18,25 % (Tableau 5.1.1). Le nombre des personnes âgées de 65 ans et plus s’estime à 16 740 et les pourcentages respectifs des ainés hommes et femmes sont : 39 % et 61 %.

Quelques différences de ratio homme-femme sont à noter notamment au niveau des tranches d’âge de 0 à 4 et 5 à 9 ans où ils sont favorables aux hommes soit respectivement 104 et 107 individus pour 100 femmes. Ce ratio s’inverse en faveur des femmes à l’adolescence soit 104 femmes pour 100 hommes. Il alterne à toutes les tranches d’âge soit en faveur des femmes ou des hommes pour être définitivement en faveur des femmes à partir de 55 ans et plus. La tranche d’âge où l’on trouve beaucoup d’individus chez les hommes est de 35 à 39 ans soit 3 665 individus tandis qu’elle est de 30 à 34 ans soit 3 405 individus chez les femmes (Figure 5.1.1).

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Tableau 5.1.1 Distribution de la population d'Ahuntsic par grands groupes Grands groupes

d’âge Total de personnes Pourcentages

0 à 14 ans 14060 15,84

15 à 64 ans 58725 65,89

65 ans et plus 16740 18,25

Total 89525 99,98

Source : élaboré à partir des données tirées de Statistique Canada (2016)

Source : élaborée à partir des données tirées de Statistique Canada (2016) Figure 5.1.1 Pyramide des âges de la population d'Ahuntsic à Montréal

5.2. La structure des familles et des ménages.

Selon les données de recensement 2016 de Statistique Canada, le quartier Ahuntsic compte un nombre total de 21 760 familles de recensement et 41 480 ménages privés.

La taille moyenne des familles de recensement est de 2,8 tandis que celle des ménages privés est de 2,1. Le nombre total des familles monoparentales s’estiment à 4 685 et

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leur taille moyenne est de 2,5. Plus de ¾ du total des familles monoparentales sont gérées par les femmes soit un pourcentage de 79 %. On compte 17 085 familles avec couples. 46 % des couples répertoriés dans le quartier ont des enfants et 54 % de ceux- ci sont sans enfants.

En ce qui concerne la situation matrimoniale, les données du quartier Ahuntsic sont les suivantes : 24 415 individus mariés ; 6 920 individus sont des divorcés ; 1 725 personnes séparées ; 26 095 personnes n’ayant jamais connu le mariage ; 39 565 personnes non mariées et ne vivant pas en union libre ; 35 935 personnes vivent en couple et/ou en union libre ; 11 545 individus vivant en union libre et 4 825 individus sont des veufs.

5.3. Le niveau de scolarité et la langue

Selon les données du recensement 2016, le quartier Ahuntsic est peuplé par 4 920 personnes âgées de 15 ans et plus qui n’ont ni un certificat, ni un diplôme et aucun grade. Le nombre total des Ahuntsicois âgés de 25 ans et plus ayant un plus haut certificat s’élève à 48 430 soit un total de 24 395 femmes et 23 935 hommes. Un total de 10 820 personnes sont détentrices d’un baccalauréat soit 5005 hommes et 5 850 femmes. 1 900 personnes ont un diplôme supérieur au-dessus du Baccalauréat dont 880 hommes et 985 femmes.

Le nombre de personnes parlant anglais-français dans le quartier est 49 130. Les personnes ne parlant que français s’estiment à 33 545. Les personnes ne parlant que l’anglais sont 2 970. Les personnes ne parlant ni anglais ni français sont 1 910. On note la présence de 71 215 personnes qui ont pour première langue officielle parlée le français et 8 285 l’anglais.

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Les personnes ayant l’anglais et le français comme premières langues officielles sont 6 150. Les personnes n’ayant ni l’anglais ni le français comme premières langues officielles sont 1 910. Les personnes ayant pour première langue une minorité de langue officielle sont 11 400.

5.4. L’immigration et les minorités visibles

Du côté de l’immigration, on note dans l’ensemble une forte régression concernant la variable du lieu de naissance des immigrants entre 2011 et 2016 (Tableau 5.4.1). Les populations immigrantes ayant largement progressé sur le plan de pourcentage sont : les Colombiens et les Égyptiens soient respectivement 76,92 et 71,79 %. Concernant les valeurs absolues, ce sont les Haïtiens, les Marocains et les Algériens qui viennent en premier. Ces derniers ont vu leur population croitre respectivement entre 2011 et 2016 à : 815 ; 725 et 605 individus.

Pour les données de recensement 2016, le quartier Ahuntsic a une grande représentation des populations immigrantes de la catégorie des minorités visibles. On y dénombre un total estimé à 26 505 résidents issus des minorités visibles soit 27 % du total des Ahuntsicois. Les populations noires s’estiment à 9 710 soit près de 37 % du total des minorités visibles et les Arabes s’estiment à 6 195 soit près de 23 %. Le nombre total des immigrants récents est de 7 280 soit un pourcentage de 8,1 % (Figure 5.4.1).

Les immigrants pour des raisons économiques s’estiment à 11 960 individus et ceux couverts par le droit d’asile c’est-à-dire le statut de réfugié sont estimés à 4 130 personnes. Le nombre d’immigrants ayant la qualité de demandeurs principaux est estimé à 6 445 tandis que celui des secondaires est de 5 485 et des personnes immigrantes parrainées est de 7 060. Les immigrants pour d’autres raisons que celles citées en amont sont au nombre de 385.

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Source : réalisée à partir de données tirées de Statistique Canada (2016)

Figure 5.4.1 Nombre d’individus des minorités visibles selon les origines à Ahuntsic

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Tableau 5.4.1 Évolution de la population des immigrants d'Ahuntsic selon leur lieu de naissance

Lieu de

naissance 2006 2011 2016

Variation de 2011 à 2016 (%)

Algérie 2095 2965 3570 20,4

Italie 3300 2925 2600 -11,11

Haïti 2610 2640 3455 30,87

Maroc 1115 1745 2470 41,5

France 1190 1130 1415 25,22

Vietnam 965 1055 940 -10,9

Liban 800 705 1070 51,77

Chine 455 580 605 4,31

Sri Lanka 600 550 550 0

Mexique 240 490 490 0

Portugal 420 475 490 3,1

Pérou 450 465 495 6,4

El Salvador 460 455 585 28,57

Inde 280 315 435 38,09

Colombie 170 260 460 76,92

Roumanie 500 240 385 60,41

États-Unis 200 195 320 64,1

Égypte 280 195 335 71,79

Chili 170 140 0 -1

Russie 130 135 110 -18,51

Pakistan 165 115 180 56,52

Autres pays 3990 10280 7925 -22,9

Total 20970 28055 28885 2,9

Source : Tableau augmenté de l’année 2016 et nouveau calcul des variations à partir de Rayside Labossière (2014) et des données de Statistique Canada (2016).

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5.5. Le revenu, l’emploi, le logement et la défavorisation

Selon les données du recensement 2016, le nombre des personnes ayant un faible revenu après impôts par rapport à la mesure de faible revenu après impôt (MFR-ApI) est de 17 330 soit 19,38 % du total de la population (Figure 5.5.1). Ce nombre pour les grands groupes d’âge est de : 3 515 pour les personnes âgées de 0 à 17 ans soit 19,99

% du total des personnes de la même tranche d’âge; 10 940 pour celles âgées de 18 à 64 ans soit 19,46 % et de 2 895 pour celles se trouvant entre 65 ans et plus soit 20 %.

Les ménages dans le quartier ont un revenu total médian de 53 735 $ et le revenu médian après impôts des ménages est de 27 360 $. Le revenu total moyen des ménages est de 31 541,5 $ et le revenu après impôts moyen des ménages est de 29 677,5 $. Le revenu total moyen des familles monoparentales est de 29 891,23 $ et leur revenu après impôts moyen est de 28 860,3 $. Le revenu médian des personnes âgées de 15 ans et plus hors familles économiques est de 31 428,07 $ et leur revenu après impôts médian est 25 954,10 $. Le revenu total moyen des personnes âgées de 15 ans et plus considérées hors familles économiques est de 37 351,3 $ et leur revenu après impôts moyen est de 26 482,81 $. Le nombre total des personnes bénéficiaires des transferts gouvernementaux est de 55 580 et le montant médian des transferts gouvernementaux est de 6 185,27 $.

Concernant les emplois, 45 680 personnes actives ont été recensées à Ahuntsic dont 41 430 ont une occupation, 4 265 sont au chômage et 26 345 personnes sont inactives. Le taux de chômage s’élève à 9,3 %.

La valeur médiane des logements s'élève à 425 841,98 $ et la valeur moyenne des logements est de 444 167,17 $. Le nombre total des logements est 44 294 et le nombre total des propriétaires est de 15 495. Les locataires sont estimés à 26 060. Près de deux

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personnes sur trois sont locataires à Ahuntsic. Le pourcentage des ménages locataires et propriétaires consacrant plus de 30 % des revenus aux charges liées au logement sont respectivement de : 30,22 % et 14,64. Le pourcentage des ménages propriétaires vivant avec une hypothèque est de 53,68 %.

La réalisation de la cartographie avec l’usage des données de l’INSPQ (2016) nous fait ressortir plusieurs aires de diffusion au sein du quartier se trouvant dans le quintille de défavorisation socio matérielle très élevée. Cette situation se lit autour des secteurs Saint-Benoit, Saint-Simon et le Sault-au-Récollet (Figure 5.5.2).

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Figure 5.5.1 Pourcentage des personnes ayant un faible revenu (MFR-ApI) dans le quartier Ahuntsic (Montréal)

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Figure 5.5.2 Quintilles de la défavorisation combinée sociale et matérielle à Ahuntsic dans le quartier Ahuntsic

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5.6. Analyse et faits saillants du territoire d’Ahuntsic

Le territoire d’Ahuntsic est d'une superficie de 16,17 km2 soit environ 2/3 de la superficie totale de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville (Ville de Montréal, 2018a).

Un quartier à forte densité soit 5 536 habitants/km2. Si l’on considère sa population estimée en 2011 à 78 565 (Rayside Labossière, 2014), Ahuntsic présente une très forte croissance démographique soit un taux de variation 2011-2016 s’estimant à 13,95 % dépassant du double le taux de variation de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville qui est de 6,3 % (Statistique Canada, 2019). Cette situation est due surement aux nouvelles dynamiques démographiques que présente la Ville de Montréal. En effet, Ahuntsic fait partie des territoires considérés comme étant des « poches de croissance à Montréal », car regorgeant des zones où la population a connu un bond pouvant s’estimer à 69 % (Rocha et Niosi, 2017). On note une forte concentration de la population dans le sous- quartier Ahuntsic où vivent plus de 52 % de la population de tout Ahuntsic soit 46 975 individus.

Le ratio dans l’ensemble est en faveur des femmes soit 109 femmes pour 100 hommes.

Les âges moyen et médian de la population d’Ahuntsic respectivement estimés à 41 et 42 ans sont nettement supérieurs à 40,6 et 39,1 de l’agglomération de Montréal (Ville de Montréal, 2018b). Ahuntsic abrite 16 740 personnes âgées de 65 ans et plus soit 18,25 % du total de la population. On note la présence d’un léger échantillon constitué de 40 centenaires soit 35 femmes et 5 hommes. Les grandes zones de concentration des ainés se situent le long du parcours Gouin où sont implantées plusieurs maisons et résidences des ainés.

Le quartier compte 21 760 familles de recensement et 41 480 ménages privés. La taille moyenne des familles économiques est de 2,8 personnes tandis que celle des ménages est de 2,1 personnes et cette dernière est légèrement inférieure à la moyenne de

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Montréal qui est de 2,2 (Ville de Montréal, 2018b). 4685 familles sont monoparentales sur 21 760 familles recensées dans le quartier soit un pourcentage de 21,5 % très largement supérieur à 20,5 % de l’agglomération de Montréal (Ibid.). On note quelques zones de concentration de ces familles monoparentales dans certains sous-quartiers.

C’est le cas dans Saint-Sulpice et Sault-au-Récollet où certaines zones présentent des pourcentages autour de 35 et 50 %.

Notons que 22,03 % des personnes âgées de 25 à 65 ans sont détentrices d’un baccalauréat soit 10 820 personnes dont 5 005 hommes et 5 850 femmes et 1 900 personnes ont un diplôme supérieur au-dessus du Baccalauréat dont 880 hommes et 985 femmes. Pourcentage très proche de 23,3 % de l’agglomération de Montréal (Ville de Montréal, 2018b).

Il faut ajouter que 49 130 personnes parlent français et anglais soit 54,94 % des Ahuntsicois. Pourcentage très inférieur à la moyenne de l’agglomération de Montréal qui est de 59 % (Ville de Montréal, 2018b). Ahuntsic est majoritairement francophone, car près de 71 215 personnes ont pour première langue officielle parlée le français.

Il est estimé que 26 505 personnes sont issues des minorités visibles soit 27 % des Ahuntsicois. Pourcentage très inférieur au 34 % des minorités visibles de l’agglomération de Montréal (Ville de Montréal, 2018b). On dénombre un pourcentage de 8,1 des habitants d’Ahuntsic qui sont considérés comme des immigrants récents.

Au total, 17 330 Ahuntsicois vivent sous la mesure de faible revenu après impôts (MFR-ApI) soit 19,38 %. Ce pourcentage nous donne approximativement la proportion de 1 Ahuntsicois sur 5 qui vit sous la mesure de faible revenu après impôts. Cette proportion rejoint les résultats des récentes études de l’IDQ reprises par Zappa (2018).

On note une forte représentation des personnes à faible revenu dans les sous-quartiers

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de Saint-Simon et Saint-Benoît où elles constituent 24 % du total de leur population.

Le pourcentage des ménages locataires usant 30 % et plus de leur revenu aux frais de logement est de 30,22 %. Une très forte partie de la population est bénéficiaire des transferts gouvernementaux soit 62,1 % de la population totale du quartier.

La lecture des différentes cartes nous montre la récurrence critique de certains secteurs et sous-quartiers sur la quasi-totalité des variables. C’est le cas de Saint-Benoît, Saint- Simon autour de la rue Chabanel, le Sault-au-Récollet au niveau de l’intersection parcours Gouin- Saint-Michel et quelques secteurs de Saint-Sulpice où l'on trouve des aires de diffusion à quintille de défavorisation sociale et matérielle très élevé. Constat correspondant avec les forts pourcentages de personnes à faible revenu et la forte présence des immigrants récents. Les zones suscitées sont aussi remarquables par la grande concentration des personnes bénéficiaires des transferts gouvernementaux.

Ces zones se révèlent aussi à présence moyenne des diplômés. Ce qui corrobore avec les résultats de l’un des derniers rapports du ministère de l’éducation et de l’enseignement du Québec repris par Fortier et Levasseur (2018) sur « le taux de diplomation ». Ces derniers affirment que « Les taux de diplomation et de qualification sont de 82,6 % pour les milieux favorisés, de 77,4 % pour les milieux intermédiaires et de 70,3 % pour les milieux défavorisés. » (Ibid.) À Ahuntsic certaines zones de défavorisation sociale et matérielle très élevées présentent des pourcentages allant de 62 à 72 des personnes âgées de 25 ans et plus ayant le plus haut certificat ou diplôme.

Cet état de fait peut s’expliquer par le pourcentage de réussite très prononcée des enfants issus des « immigrants de deuxième génération » qui est de 82 % sur l’ensemble du territoire du Québec (Ibid.).

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5.7. Recommandations

Pour continuer de mener à bien ses services et espérer atteindre le maximum des personnes démunies du quartier Ahuntsic, le SNAC devrait continuer son maillage dans le quartier en favorisant l’implantation d’un autre site de distribution de nourriture dans le secteur de Saint-Sulpice qui semble être esseulé du dispositif actuel (Figure 5.7.1). Ceci pour faciliter l’accessibilité au dépannage et diminuer les contraintes liées au transport des vivres pour les usagers. Toutefois, cette proposition de solution ne sera que d’une courte durée au regard des transformations qui pourront subvenir dans le système communautaire du quartier avec la mise en valeur, dans un proche avenir, du site Louvain où un accent sera mis sur les structures des organismes communautaires du quartier (Robitaille, 2017).

Aussi, un effort pourrait être fait dans l’amélioration des services concernant le volet nutritionnel en renforçant l’action des ateliers cuisines notamment en y ajoutant l’aspect virtuel de communication et d’éducation c’est-à-dire l’animation d’un blog dans lequel pourront être animées des séances directes de session d’ateliers cuisine.

Cette initiative permettra d’élargir le nombre de participants et renforcera surement les aspects liés au bon usage nutritionnel des aliments auprès des populations.

Enfin, dans le souci d’encourager l’autonomisation des usagers et l’action communautaire, le SNAC devrait réfléchir sur les possibilités de multiplier les actions liées au développement du volet concernant l’économie sociale. Ceci en regardant la possibilité, ensemble avec d’autres partenaires, l’organisation d’autres sessions d’épiceries et de magasins partage.

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Figure 5.7.1 Pourcentage des personnes à faible revenu (MFR-ApI) d'Ahuntsic, localisation des sites de dépannage actuels et site proposé

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