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Sur le champ électrique dans la lampe à cathode creuse
H. Fontaine, J. Brochard
To cite this version:
43 A
SUR LE CHAMP
ÉLECTRIQUE
DANS LA LAMPE A CATHODE CREUSEPar H. FONTAINE et J.
BROCHARD,
Faculté des Sciences de Lille.Résumé. 2014 Des mesures portant sur la raie interdite 2 1P 2014 4 1F de l’hélium ont permis
d’étudier le champ électrique dans la lampe à cathode creuse. Les déterminations ont porté sur la
densité d’ions caractérisant le champ interionique dans la tache cathodíque, et sur le champ dirigé dans la gaine cathodique. Il est en outre montré que la lumière utile d’une lampe à cathode creuse
contient toujours de la lumière provenant de la gaine, lumière qui est susceptible d’altérer certaines
mesures de
précision.
Abstract. 2014 Measurements on forbidden line 2 1P 2014 4 1F of helium allowus to investigate the electric field in a hollow cathode discharge. Valuations have been made of ion density, which cha-racterises interionic field in the cathodic spot, and also of the directed field in cathodic sheath.
Besides, it is also shown that useful hollow cathode light always contains light coming form the
sheath, which light is likely to modify certain précision measurements.
PHYSIQUE APPLIQU~E TO’_VIE 22, FÉVRIER ~.~6~, PA(
La
lampe
à cathode creuse de Schüler[1]
estcouramment utilisée en
spectroscopie
parcequ’elle
permet
d’obtenir des raies fines avec une brillance notable. Lapartie
lumineuse est en effet la lueurnégative, région
où 1echamp électrique
moyen estfaible, Ie champ interionique,
parcontre,
doit êtreau moins aussi
important
que dans la colonneposi-tive
puisque
la lueurnégative
est unerégion
deforte densité
électronique.
On sait peu de chose du
champ électrique
dans lalampe
à cathode creuse[2].
Nous avons fait uneétude sommaire de ce
champ
afin de savoir s’i1 estsusceptible
d’altérer les mesuresspectroscopiques
de
précision.
Nous avons travaillé
uniquement
avec de1’hé-lium.
Øour j auger
1echamp électrique
nous avonsétudié la transition interdite 41F -~ 21P
(4
920,59 A)
dont elle dérive. Pour les bases de 1’étudethéorique
et labibliographie
on pourra sereporter
à un travail similaireportant
sur la colonnepositive [3].
Dispositif
expérimental.
- Nosmesures ont
porté
sur unelampe unique
dont 1e schéma est donné par lafigure
M Cettelampe
est montée sur un banc deremplissage
deconception classíque
lapureté
de 1’hélium est assurée par unpiège
à char-bon actif dans 1’airliquide
et une réserve de gazde 2 litres
permet
de maintenir lapression
de gazà peu
près
constante au cours d’une mesure.En série avec la
lampe
une résistance ballastvariable assure la stabilité. L’ensemble est
alimente,
à
partir
de 1’alternatífstabilisé,
par une source decourant continu redressé et filtré
pouvant
débiterjusqu’à 1,6 ampère
sous une tension variable de 0áa1
kilovolt.Le métal de la cathode est de l’aluminium très
pur ne donnant pas de raie
parasite gênante.
LeF03C4G. 1. -
Lampe à cathode creuse (coupe).
A : anode en fer ; C : cathode en fer gainée d’aluminium ;
E : embout et fenêtre en pyrex ; P : joint en picéíne ;
R : rondelle de verre ; I : rondelle isolante ; S : serpen-tins ; J : joints toriques ; B : vers les pièges et 1e banc
de remplissage.
diamètre du trou
cathodique
est de 7 mm et avec1’hélium 1e meilleur fonctionnement a lieu pour des
pressions
de 1’ordre de 2 mm de mercure. Lalampe
et son alimentation ne sont conçues que pour tra-vailler à despressions
voisines de1’optimum :
au-dessous de 1 mm de mercure
1’allumage
est difficile1e fonctionnement est peu stable et la
pulvérisation
abondante,;
au delà de3,5
mm ladécharge
44 A
blit dans la
partie
annulaired’épaisseur
1 mmsépa-rant 1’anode de la cathode. Nos mesures ont donc été limitées à un intervalle étroit de
pression.
Nous avons utilisé un
grand spectrographe
montéà 1’Institut de
Physique
de Lille etpermettant
1’enregístrement photoélectrique
direct dans debonnes conditions par rotation d’un réseau
[4], [5].
Les flux étant
faibles,
la cellulephotoélectrique
était refroidie à 1’azoteliquide
etcouplée
à unenre-gistreur potentiométrique Philips
par1’íntermé-diaire d’un
adapteur d’impédance.
L’élémentdis-persif
duspectrographe
est ungrand
réseau Bausch et Lomb de308,57
traits au millimètre et de dimen-sions utiles 106 mm ~ 200 mm ; nous 1’avonsuti-lisé dans 1e 12e ordre 1e
plus
lumineux pour les raies étudiées.Malheureusement 1e réseau donne des cc
ghosts
otrès intenses et 1e second
ghost
de la raiepermise
coïncide exactement avec la raie interdite. Si I est1’intensité de la raie
permise,
celle du secondghost
I/91
estsupérieure
à l’intensité i de la raie inter-dite. L’intensité de ce secondghost
a pu être réduiteà
0,2510-3
I par1’emploí
d’unpetit
réseauprémo-2a) 1,2 ampère, 1,5 mm de mercure. En pointillé, la
contribution présumée du champ interionique à la raie interdite.
nochromateur,
dont la bande transmiserelati-vement
plate
était maintenue fixe au cours d’unenregistrement.
Ce
prémonochromateur,
trèsímparf aít
etsuscep-tible de
déréglages thermiques
estcependant
unecause
d’imprécision.
Champ
dans la tachecathodique.
- Dans latache
cathodique
(lumière
négative)
1echamp
important
est 1echamp interionique, champ
fluc-tuant en direction et en intensité. Cechamp
estdirectement iié à la densité d’ions et la mesure la
plus
convenable semble être celle de1’intensité ió
de la raie interdite dans une bande delargeur
donnéed. Cette bande a été choisie
égale
à0,3 03B4,
03B4 étant 1’intervallequi sépare
1e niveau 41F du niveau 41D soit encore la distanceséparant
la raiepermise
de1’origine (position
àchamp
nul)
de la raie interdite. En admettant que les ionspositifs
et les électronsagissent pratiquement
comme s’i1s étaient au repos,les formules
générales
établies antéríeurement[3]
donnentnuméríquement :
12 b) 0,6 ampère, 2, 3 mm de mercure, la raie interdite
doit la majeure
partie
de son intensité auchamp
inter-ionique. F03C4G. 2. - Raie interdite 4 ~F
-~ 2 1P dans la tache cathodique ; 0394 origine de la raie.
où N est 1e nombre de
charges
élém.entaíres libres par cm3. Une fois 1eghost
réduit lespremiers
enre-gistrements
obtenus ont faitapparaitre
undédou-blement de la raie interdite. Ce dédou.blement
qui
croit avec 1e courants’explique
comme suit :La
première
composante
est la raie interditecherchée due au
champ interionique,
elleprésente
un maximum peudéplacé
parrapport
à sonori-gine
0394. La secondecomposante, composante
para-sitebeaucoup
plus déplacée,
est émise par lagaine
cathodique ;
cettegaine
lumineuse étroite estsituée très
près
desparois
de la cathode et est 1esiège
d’unchamp
moyenimportant.
En ne
projetant
sur la fente duspectrographe
que 1e centre de la tache
cathodique
on afiaíblit laraie
parasite
mais on ne 1’élimíne pas.L’aspect
dela raie interdite
dépend
du courant et de lapression,
lafigure
2donne,
dans 1e cas de faibles correctionsde
ghost,
deuxenregistrements typiques.
L’enre-gistrement
2acorrespond
à un cas peu favorable(pression faible,
courantfort)
1e dédoublement est trèsnet,1a
composante
parasite
est intense et 1’in-tensité de lacomposante
due auchamp
interionique
nepeut
être quegrossièrement
estimée.L’enregis-trement 2b
correspond
à un cas favorable où lacomposante
parasite
est àpeine
visible.La mesure de 1’intensité I de la raie
permise
estsntachée d’úne erreur
d’auto-absorption
qui
doitêtre
corrigée. L’auto-absorption
nepeut
êtreme-eurée directement aussi n’avons nous pu
qu’appli-quer une correction estimée. L’estimation est basée
sur une étude des intensités dans les
triplets
4 3D -~ 2 3P et 4 3S -~ 2 3P. Cestriplets
ont desintensités
comparables
à celle dusingulet
41D ~-~
21 P,
et se situent dans la mêmerégion
spectrale.
La correctionappliquée
est au maximum20
%
et 1’estimation suffit pour ces mesuresqui
nevisent
qu’à
donner des ordres degrandeur.
Les résultats sont
groupés
dans 1e tableau I oüfigurent
aussí 1echamp
normalEn
et 1echamp
équi-valent Ee. Lechamp
normal de Holtsmark[6]. En
est
un intermédiaire de calcul souvent utilisé défini dans unsystème
non rationalisé par :E~ = 2,~~ 1~2~3 e
(e charge de l’électron). Le
champ
équivalent
est défini comme lechamp
électrique
constantqui
donnerait(moyenne
pourtoutes les
directions)
la même intensité relative que lechamp
interionique.
Lechamp
équivalent
dépend
de la transition interdite considéré et ne caractérisepas convenablement le
champ
interionique.
Numé-riquement
dans le casqui
nous intéresse enC. G. S. E. S. [3]
Dans 1e tableau 1 les
champs
sont donnés enTABLEAU 1
volts par cm. Les mesures à la
pression
de1,5
mm nepeuvent
être considérées que comme des ordresde
grandeur
grossiers.
Champ
dans lagaine
cathodique.
--- Pourdéter-miner 1e
champ
dans lagaine cathodique
desenre-gistrements
ont été faits ens’efiorçant
de n’utiliserque cette
région
proche
desparois
etpeu lumineuse
du tube. Les conditions
géométriques,
enpartie
imposées
par la nécessité d’une étendue de faisceausuffisante,
sont telles que lesparois
de la cathode soient vues duspectrographe
et y diffusent de lalumière
provenant
de la lueurnégative,
dont la luminosité est trèssupérieure
à celle de lagaine
cathodique.
On observe ainsi la raie
permise
nondéplacée
émise dans la lueur
négative
avec une intensitétrès
supérieure
à celle de cette même raiedéplacée
et émise dans lagaine.
La raie interditedéplacée
est au contrairebeaucoup plus
intense que la raiedue au
champ
interionique,
et cette dernière inob-servable nepeut
guère
fausser les mesures. Lafigure
3 donne unexemple d’enregistrement.
Dans la
gaine
cathodique
1echamp électrique
peut
avec une très bonneapproximation
êtreconsí-déré comme normal aux
parois
trèsproches.
Si cechamp
était bien constant la raie interdite sepréy
senterait cõmme un
triplet
lesdéplacements
et les intensités des troiscomposantes
seraient enpre-mière
approximation
comme9, 8,
5 et 5 ~9, 9
~8,
6x5respectivement.
Cescomposantes
sont loin d’être résolues mais elles font que lalargeur
de la raie interdite croît avec sondéplacement.
Ladissy-46 A
F03C4c. 3. - Raie interdite 4 ~F --~ 2 ~P
dans la gaine cathodique. La partie hachurée de la raie permise est la raie
dé-placée émise par la gaine. G 1er ghost de la raie permise g 1 er ghost de la raie interdite. Les échelles sont diffé-rentes pour les trois parties de 1’enregistrement.
métríe de la raie
globale.
En fait la raie observée estpratiquement symétrique
cequi
s’interprète
qualitativement
de laf açon
suivante :La valeur du
champ
moyen varie dans1’épaisseur
de lagaine ;
en outre unchamp interionique
va-riable
s’ajoute
auchamp
moyen. Ces vacations duchamp
causent desélargissements
descomposantes
à peuprès
proportionnels
à leursdéplacements.
Le fait que lacomposante
la moinsdéplacée
et la moins intense est aussi la moinsélargie
tend àdimí-- nuer la
díssymétrie,1es
écarts à la loiquadratique
pour 1’effet Stark
agissent
dans le même sens.Enfin, la
composante
faible tend à étaler la raie du côté des faiblesdéplacements,
lechamp
inter-ionique
au contraire tend à 1’étaler du côté desforts
déplacements.
La p erturb ation
est assezimpor-tante
1’approxímation
de 1’efiet Starkquadratique
est insuffisante mais on
peut
ne considérer que1’ínter-actíon entre les niveaux 4F et 4D.
L’axe
OZ, qui
sert à définir le nombrequantique
magnétique m
étantparallèle
auchamp
électrique
et normal à la direction
d’observation,
désignons
parIm
1’íntensité de 1’ensemble descomposantes
de la raiepermise
nonperturbée
issues du niveau4
~D~ ;
àIm
onpeut
associer unecomposante
de laraie
interionique
dedéplacement
dm et d’inten-siteim
on a[3]
avec :
Le
champ
étantdirigé
les différentescompo-santes
Im
ne sont paségalement
intenses les for-mulesgénérales
relatives à 1’eff et Zeeman donnent :Le
champ électrique
peut
alors être déduit de l’intensité relatíve :ou de la
position
du centre degravité
dont 1edépla-cement est :
Le tableau 2 résume les résultats obtenus par la
mesure du
déplacement.
L’étude des intensitésdonne pour les
champs
des valeurs trèsgrossié-rement
comparables
à cellesqui figurent
dans cetableau. L’étude des intensités est ici très
impré-cise
puisque
la raiepermise
utilen’apparaît
quecomme un renflement dans le
pied
de la raieTABLEAU 2
Champ dans la gaine cathodique (la tension Y est 1a tension aux bornes de 1a
lampe).
Champ
dans lagaine cathodique (la
tension h est la tension aux bornes de lalampe).
,Conclusion. - Les densités d’ions trouvées ici
pour une cathode de 7 mm de diamètre
peuvent
être
comparées
à celles trouvées antérieurement[3]
pour la colonnepositive
dans un tube de6,8
mmde diamètre
(par
suite d’une erreur lespressions
sont à
augmenter
de 110/0)’
A
pression
et courantdonnés,1es
densités d’ions sont en gros 3 à 4 foisplus
fortes dans la tachecathodique
que dans la colonnepositive.
Mais 1ediamètre de la tache est inf érieur à celui de la
Jolonne
positive
(surtout
aux faiblescourants)
et latache est une
région
particulièrement brillante,
onpeut
donc considérer que lesperturbations
appor-tées par 1e
champ interionique
sontcomparables
dans les deux cas. Par contre la
présence
de lalumière émise par la
gaine cathodique
dans 1e fluxprovenant
de la tachepeut
dans certains cas trèsparticuliers perturber
des mesuresspectroscopiqnes
L’emploi
d’une cathode sans fondpermet
desup-primer
la lumière díffusëe par celui-ci et de modifierla
partie postérieure
de lagaine ;
cetype
delampe
est donc
avantageux
du moins pour les gaz. Lacomparaison
duchamp
dans lagaine
à laten-sion aux bornes donne pour
1’ëpaisseur
de celle-ci une limitesupérieure
dequelques
diziemes de mm.On
peut
fixer ào,3
mm 1’ordre degrandeur
de cetteépaisseur.
L’augmentation
duchamp
avec 1e courant estprobablement
engrande
partie
due à ladisparition
progressive
de1’espace
obscur de Crookes et de la chute depotentiel correspondante.
Les mesures
qui figurent
dans cette étude sontentachées d’erreurs
importantes qui
ont étésigna-lées,
certaines d’entre ellespourraient
être forte-ment réduites mais des mesuresprécises
nepour-raient avoir d’utilité que pour une étude
systéma-tique
de larépartition
duchamp
dans la cathodecreuse, étude
qui
nepourrait
se faire que sur unelampe
degrandes
dimensions.Manuscrit reçu Ie 19
juillet
1960.BIBLIOGRAPHIE
[1] SCHULER (M.), Z.
Physik, 1921,
22, 265.[2] LITTLE (P. F.) et VON EGEL (A.), Proc. Physics, London,
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[3] BROCHARD (J.), Thèse, Paris, 1949 et Ann.
Physique,
1951, 6, 108.[4] WATTELLE
(M.),
Diplôme d’Études Supérieures, Lille,
1958.
[5] BROCHARD (J.), J. Physique Rad., 1960, 21, 51 S.