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INFECTIOLOGIE CLINIQUE HORS VIH - Une épidémie massive de rougeole au sein d'une communauté amish non vaccinée aux États-Unis

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Academic year: 2022

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NUMÉRO BEST OF BIBLIO

20 | La Lettre de l'Infectiologue • Tome XXXII - n° 1 - janvier-février 2017

INFECTIOLOGIE CLINIQUE HORS VIH

Contexte

La rougeole a été déclarée “éliminée” des États-Unis en 2000, grâce à une excellente couverture vaccinale à cette époque et à des mesures effi caces de prise en charge rapide des rares cas importés, avec isolement respiratoire et vaccination en anneaux. Malheureusement, la progression du phénomène d’hésitation, voire de refus vaccinal expose à des épidémies qui peuvent être spectaculaires, compte tenu de la forte contagiosité de cette maladie, surtout au sein de communautés ayant des contacts étroits et une faible couverture vaccinale. L’épidémie qui a sévi au sein de la communauté amish dans l’Ohio est exemplaire à plusieurs titres.

L’histoire commence avec l’importation de 2 cas de rougeole par des volontaires amish au retour d’une mission humanitaire aux Philippines, le 21 mars 2014. Les prodromes classiques de la rougeole débutent le 22 mars (fi èvre, toux, conjonctivite, rhinorrhée), rapidement suivis d’une éruption maculopapuleuse généralisée le 24 mars chez les 2 hommes. Le bilan biologique révèle une thrombopénie modérée, et un diagnostic de dengue est posé pour ces 2 premiers cas. Le diagnostic sera rectifi é près de 1 mois plus tard, alors que 12 cas supplémentaires sont signalés dans cette communauté chez des patients n’ayant pas voyagé récemment, ce qui illustre bien comment la raréfaction d’une maladie entraîne la perte de la connaissance médicale, même pour des pathologies classiques…

L’épidémie va sévir pendant 4 mois, jusqu’en juillet 2014 (diapositive 1), au sein d’une des plus importantes communautés amish du territoire (32 630 membres), avec une couverture vaccinale contre la rougeole infé- rieure à 20 % dans toutes les tranches d’âge au début de cette épidémie (diapositive 2). L’âge médian des 383 cas documentés était de 15 ans (extrêmes : < 1-53), avec un sex-ratio équilibré (46 % de sexe féminin).

La souche était de génotype D9, épidémique aux Philippines.

Méthode

La qualité et l’intensité de la réponse des pouvoirs publics sont à souli- gner, avec la mise en place rapide d’une campagne de vaccination massive (12 229 doses de ROR), facilitée par une bonne acceptation de cette campagne de la part de la communauté. En effet, la faible couverture vacci- nale initiale était liée à un mode de vie qui se veut le plus éloigné possible du monde moderne, sans réelle opposition au principe de vaccination.

Résultats

De fait, l’épidémie n’a quasiment pas dépassé la communauté (99 % des cas étaient amish), avec un taux d’attaque bien plus bas que prévu même au sein de la communauté (1 %), très peu de formes viscérales (5 pneumo- pathies, pas d’encéphalite) et aucun décès.

Référence bibliographique

Gastañaduy PA, Budd J, Fisher N et al. A Measles Outbreak in an Underimmunized Amish Community in Ohio. N Engl J Med 2016;375(14):1343-54.

Cette publication est exemplaire à plus d’un titre, et docu- mente bien la lourdeur des conséquences potentielles de l’hési tation ou du refus vaccinal, un phénomène particulière- ment préoccupant en France depuis quelques années. La réac- tivité des pouvoirs publics et la bonne collaboration de la population concernée ont permis de contenir cette épidémie, certes fulgurante, mais qui est restée limitée dans le temps et dans l’espace, loin des 15 000 cas notifi és en France en 2011, à l’occasion d’une des plus importantes épidémies ayant sévi dans un pays développé au XXIe siècle.

Il faut espérer que la qualité du rapport produit par le Comité d’orientation de la concertation citoyenne sur la

vaccination, piloté par Alain Fischer (http://concertation- vaccination.fr/wp-content/uploads/2016/11/Rapport-de-la- concertation-citoyenne-sur-la-vaccination.pdf), va contri buer à inverser la tendance en France, où l’on assiste à une dimi nution progressive des couvertures vaccinales depuis quelques années. Cette épidémie de rougeole au sein de la première puissance mondiale montre bien la complexité de la problématique. Il  faut espérer que nous n’aurons pas besoin du retour de ce genre d’épidémie à grande échelle pour guérir de l’hésitation vaccinale, et remonter l’acceptation des vaccins par la popu lation française et ses soignants !

Commentaire

Une épidémie massive de rougeole au sein d’une communauté amish non vaccinée aux États-Unis

Pierre Tattevin

(Service des maladies infectieuses et de réanimation médicale, hôpital Pontchaillou, CHU de Rennes)

0020_LIF 20 16/02/2017 11:48:12

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NUMÉRO

BEST OF BIBLIO À retrouver sur le site www.edimark.fr

La Lettre de l'Infectiologue • Tome XXXII - n° 1 - janvier-février 2017 | 21

P. Tattevin déclare

ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.

0021_LIF 21 16/02/2017 14:38:24

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