Chapitre 2
L’atome d’hydrogène isolé
Notations:
qe = 1.60217733 (49) 10−19C: charge de l’électron qp =−qe(à10−21 près) : charge du proton
me= 9.10953 (5) 10−31kg: masse de l’électron Mp = 1.67495 (1) 10−27kg: masse du proton Pour alléger les expressions, on introduira e2 = 4π²qe2
0
µH = mmee+MMpp: Masse réduite de l’hydrogène.
Enfin, on définit
a0 = m¯he2e2 = 52.9177249 (24) pm: rayon de Bohr de H α= ¯hce2 = 1/137.0359895 (61) : constante de structure fine
2.1 Rappels: l’atome d’hydrogène non relativiste
L’atome d’hydrogène "non relativiste" est constitué d’un proton et d’un électron en inter- action coulombienne. Par extension, le traitement pourra s’appliquer à n’importe quel système de deux particules chargées (de signe opposé) en interaction (deutérium, tritium, ions hydro- génoïdes, antihydrogène (¯pe+1996), positronium (e+e−1951), muonium (µ+e−1960), hydro- gène muonique (pµ−) ...).
Après séparation des parties correspondant au mouvement d’ensemble de l’atome, du mou- vement relatif dans le centre de masse, on obtient le hamiltonien correspondant au mouvement dans le centre de masse de la particule relative:
H0 = P2
2µ +V(r) (2.1)
8 CHAPITRE 2. L’ATOME D’HYDROGÈNE ISOLÉ qui est constitué du terme d’énergie cinétique (on a introduit iciµla masse réduite d’un système hydrogénoïde quelconque) et du terme d’énergie potentielle coulombienne:
V(r) =− Zq2
4π²0r =−Ze2
r (2.2)
Le Hamiltonien (2.1) peut être réécrit à l’aide de l’opérateurL2 (carré du moment cinétique):
H0 =− ¯h2 2µr
∂2
∂r2r+ 1
2µr2L2+V(r) (2.3)
H0commute avec toutes les composantes du moment cinétique orbitalLi et donc en particulier avec L2 etLz avec lesquels il forme un ensemble d’opérateurs qui commutent. On peut donc trouver une base d’états propres communs àH0,L2etLz. Ceux-ci s’écrivent:
hr,θ,φ|n,l,mli=ψn,l,ml(r,θ,φ) = Rn,l(r)Ylml(θ,φ) (2.4) oùRn,l(r)etYlml(θ,φ)constituent la partie radiale et la partie angulaire de la fonction d’onde respectivement. On rappelle que les harmoniques sphériques sont états propres deL2etLz avec les valeurs propres¯h2l(l+ 1)et¯hmlrespectivement :
L2Ylml(θ,φ) = ¯h2l(l+ 1)Ylml(θ,φ) (2.5a) LzYlml(θ,φ) = ¯hmlYlml(θ,φ) (2.5b) Les nombres quantiquesn,l,mlsont :
n = 1,2,3...: nombre quantique principal l = 0,1,...(n−1): nombre quantique orbital
−l ≤ml ≤l:ml nombre quantique magnétique
Les valeurs propres deH0 ne dépendent que denet sont données par En=−Z2EI
n2 (2.6)
Ces états sont dégénérésn2 fois.EIest l’énergie d’ionisation du niveau fondamental de H:
EI =µ e4
2¯h2 = µ me
e2 2a0 = µ
m2e
¯ h2 2a20 = 1
2µc2α2 (2.7)
On définit la constante de Rydberg par R∞ =me e4
2¯h2 = 109737.3156852 (8)cm−1 (2.8) On a doncEI =RH = mµeR∞= 13.59 eV
Les états atomiques sont repérés par la valeur denet une lettre associée àl, en adoptant la convention :
l = 0 1 2 3 4 ...
noté s p d f g ...
On obtient ainsi les orbitales atomiques 1s; 2s, 2p; 3s, 3p, 3d ...
Les fonctions d’onde des premiers niveaux d’énergie sont données dans les tableaux sui- vants.
Harmoniques sphériques
l m Ylml(θ,φ) Ylml(x,y,z)
0 0 q1/4π q1/4π
1 0 q3/4π cosθ q3/4π z/r
1 1 −q3/8π sinθ eiφ −q3/8π (x+iy)/r 2 0 q5/4π ³32cos2θ− 12´ 12q5/4π (2z2−x2−y2)/r2 2 1 −q15/8π sinθ cosθ eiφ −q15/8π (x+iy)z/r2 2 2 q15/32π sin2θ e2iφ q15/32π (x+iy)2/r2 avecYl−ml(θ,φ) = (−1)mlYlml(θ,φ)∗ (complexe conjugué)
Fonctions radiales et densité radiale de probabilité
n l FonctionRn,l(r) Densit´e de probabilit´eu2n,l(r) =r2R2n,l(r) 1 0 2³a10´3/2exp³−ar0´ 4³a10´3r2exp³−2ra0´
2 0 2³2a1
0
´3/2³
1−2ar
0
´exp³−2ar
0
´ 4³2a1
0
´3
r2³1− 2ar
0
´2
exp³−ar
0
´
2 1 q13 ³2a10´3/2(r/a0) exp³−2ar0´ 13³2a10´3³ar20´2exp³−ar0´ 3 0 2³3a1
0
´3/2³
1− 3a2r
0 +27a2r22 0
´exp³−3ar
0
´ 4³3a1
0
´3
r2³1−3a2r
0 +27a2r22 0
´2
exp³−3a2r
0
´
3 1 4√92³3a10´3/2 ar0 ³1− 6ar0´exp³−3ar0´ 3281³3a10´3³ar20´2³1− 6ar0´2exp³−3a2r0´ 3 2 27√410³3a10´3/2³ar0´2exp³−3ar0´ ³274´2 110³3a10´3r2³ar0´4exp³−3a2r0´ On peut remarquer que l’expression générale de ces parties radiales est le produit d’une expo- nentielle décroissante (de "portée"n a0) par un polynôme enr/a0 de degré(n−1)et de plus petit terme en(r/a0)l. On en déduit que le nombre de nœuds de la partie radiale est égal à (n−l−1). En particulier, cela signifie que les orbitales delmaximal (l =n−1) ne s’annullent pas et présentent un maximum unique enr = an = n2a0. Par ailleurs, seules les orbitales s (l = 0) sont non nulles enr = 0.
Allure des principales orbitales atomiques (cf http://winter.group.shef.ac.uk/orbitron/)
10 CHAPITRE 2. L’ATOME D’HYDROGÈNE ISOLÉ
2.2 Structure fine de l’atome d’hydrogène
2.2.1 Termes supplémentaires au potentiel coulombien
Pour des énergies faibles, l’Hamiltonien d’un électron soumis à un champ électrique dérivé d’un potentiel centralφ(r)peut s’écrire
H =H0+WSF (2.9)
oùH0est donné par (cf eq. 2.1)
H0 = p2
2me +V(r) (2.10)
avec V(r) = qeφ(r) (V(r) = −e2/r, pour l’atome d’hydrogène), est l’Hamiltonien d’ordre zéro non relativiste.
L’opérateur WSF est un terme correctif appelé Hamiltonien de structure fine, qui tient compte des effets relativistes. On l’écrit sous la forme :
WSF =Wcr+WD +WSO (2.11)
où
Wcr =− p4
8m3ec2 (2.12)
est la correction de cinématique relativiste, WD = ¯h2
8m2ec2 ∇2V(r) (2.13)
est appeléterme de Darwinet
WSO = 1 2m2ec2
1 r
dV
dr `.s (2.14)
est le terme spin-orbite avec ` le moment cinétique orbital de l’électron et sson spin. Cette expression deWSF résulte d’un développement limité de l’équation relativiste de Dirac à l’ordre 2 env2/c2.
Le Hamiltonien de structure fine est écrit avecmeet non pas la masse réduiteµ. L’expres- sion exacte écrite en fonction deµest plus complexe et ne s’acarte de la forme donnée ici que d’une quantité très faible, enme/MP.
2.2.2 Règles de sélection de W
SF- Mode de calcul des corrections
Comme les niveaux deH0 sont dégénérésn2 fois si on ne tient pas compte du spin ou2n2 fois en tenant compte du spin, on va utiliser la théorie des perturbations au 1er ordre pour des systèmes dégénérés. Pour cela, il faut diagonaliser la restriction de WSF à chacun des sous- espaces propresEndeH0.
Les sous-espaces En sont engendrés par tous les états |n,l,mli où l et ml prennent toutes les valeurs possibles. Tout opérateur commutant avecL2 etLz se trouve donc diagonal dans ce sous-espace. C’est le cas deWcretWD qui ne font intervenir que la variableret donc n’agissent que sur la partie radiale. WSO est diagonal dans la base couplée |n,(l,s);j,mji. Comme les éléments de matrice deWcretWDne dépendent que del, et que le passage de la base découplée
|n,l,ml;s,msi à la base couplée s’effectue à l’intérieur d’un sous-espace En,l , ces opérateurs restent diagonaux dans la base couplée. En conclusion,WSF est diagonal dans la base couplée.
La correction au1erordre de la théorie des perturbations pourra donc être effectuée en prenant directement cette partie diagonale. On va donc maintenant calculer successivement les éléments de matrice de chacun des termes deWSF.
2.2.3 Calcul des corrections de structure fine pour les niveaux n = 1 et 2
a. Terme de cinématique relativiste b. Terme de Darwin
c. Terme spin - orbite