A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
E. C OSSERAT
Sur un théorème de M. Darboux et sur les congruences de droites
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 1resérie, tome 8, no1 (1894), p. B1-B9
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B.I SUR UN
THÉORÈME DE M. DARBOUX
ET SUR
LES CONGRUENCES DE DROITES,
PAR M. E.
COSSERAT,
Chargé d’un Cours complémentaire à la Faculté des Sciences de Toulouse.
1. Les
systèmes triples orthogonaux
pourlesquels
lestrajectoires orthogonales
d’une des familles sontplanes
ont été considérésd’abord,
dans un de ses Mémoires sur les
systèmes orthogonaux (’),
par M.Darboux, qui
s’est attachéparticulièrement
au cas où les trois familles ont toutesleurs
lignes
de courbureplanes.
Ribaucour considéra ensuite le cas où lestrajectoires orthogonales
sont des cercles et créa la théorie dessystèmes cycliques
dont lelien,
découvert parDarboux,
avec leproblème
de ladéformation,
constitue un desplus
beaux théorèmes de la théorie des sur-faces. Darboux remarqua d’ailleurs
(2)
que son théorème n’étaitqu’un
cas
particulier
du suivant : :Pour trouver la congruence la
plus générale formée
de courbesplanes
situées dans lesplans tangents
d’unesurface (03A3)
etqui
sont lestrajectoires orthogonales
d’unefamille
de Lamé(3),
onprendra
t’unequelconque (E’)
dessurfaces applicables
sur(E),
et l’on construiratoutes les courbes
(C’) qui
sont à l’intersection desplans tangents
~
(~) G. DARBOUX, Sur les surfaces orthogonales l’École Normale rieure, rrP série, t. III).
(2) M. Darboux a bien voulu me communiquer qu’il avait énoncé, sans démonstration,
cette remarque dans une de ses Leçons du premier trimestre de l’année I89I.
(3) Nous employons cette expression pour désigner, ainsi que le font plusieurs géomètres,
l’une des familles d’un système triple orthogonal.
de
(03A3’)
ct cl’macdéveloppable (0394)
circonscrite au cercle del’infini.
Si lasurface (03A3’)
scdéforme
cn entraînant lcs courbes(C’),
clc manière à venir coïncider avec lasurface proposée (03A3),
la congruence dcs courbes( C’ )
sc dans la congruence cherchée.Il faut
ajouter,
pour êtrecomplet, qu’une partie
du théorèmeprécédent
a été
énoncée,
dans lesComptes
rendus du aoûtI89I,
parRibaucour,
qui
n’avait pas connaissance des résultatsplus complets
de àl. Darboux et(pic M. Blanchi
(’)
apublié
un beauMémoire,
daté de novembre etconsacré aux
systèmes triples
cnquestion.
2. Je me propose (rétablir le théorème
général
de M. Darboux en lerattachant
en somme, il unepropriété remarquable
des congruences dedroites; je
commencerai toutefois parindiqucr
comment onpeut
le démon- trer, en utilisant lespropositions
connues de la théorie des sys- tèmescycliques.
Démontrons d’abord que la congruence des courbes
(C’) construites,
comme il a été
indiqué,
au moyen d’unedéveloppable (~)
circonscrite aucercle de
l’infini,
satisfait à laquestion.
Considérons les cerclesqui
sont àl’intersection des
plans tangents
de(~’)
et d’unesphère
de rayon nul ayantson centre en un
point
M de l’arête de rebroussement de(4);
ces cerclessont osculateurs aux courbes
(C’)
et ilsforment, lorsque (~’) s’applique
sur
(2),
unsystème cyclique;
lespoints
où ils sont alorsorthogonaux
à unemême surface étant
primitivement
sur unegénératrice
de lasphère
derayon nul
considérée,
il en résulte que ces cercles sontorthogonaux,
enparticulier,
à la surface lieu despoints
où ils touchent les courbes(C’) correspondantes.
Celaposé,
laproposition
résulte soit de laréciproque
duthéorème bien connu de Ribaucour sur les cercles osculateurs aux
trajec-
toires d’une famille de
Lamé,
soit encore de ce que,lorsque
lepoint
Mvarie,
leslignes
de courbure destrajectoires
des cercles dusystème cyclique correspondent toujours
au réseauconjugué
commun à(~)
et à(~’)
et, parsuite,
secorrespondent
entre elles.Inversement,
considérons une congruence de courbes(C’)
satisfaisant àL. BIANCHI, Sui sistemi tripli ortogonali che contengono una senie d,i super ficie
con un sistema di linee di curvatura piane (Annali di Matematica pura ed appliccta,
série II, t. XJX).
la
question;
les cercles osculateurs à ces courbes en tous lespoints
d’unesurface
qui
leur estorthogonale forment, d’après
le théorème de Ribau-cour
déjà cité,
unsystème cyclique;
leslignes
de courbure destrajectoires
des cercles dans ces différents
systèmes cycliques
devant secorrespondre,
il en résulte
qu’elles correspondent
à un même réseauconjugué
tracé surl’enveloppe (S)
desplans
des courbes(C’).
Ce réseauconjugué
est communà
(~)
et à une surface(~’) applicable
sur(E);
si ce réseauconjugué,
comme c’est le cas
général,
ne reste pasconjugué
sur une troisième surfaceapplicable
sur(~),
il est clair que le théorème est démontré. Mais il n’enest
plus
de même si le réseauconjugué
considéré resteconjugué
sur unetroisième surface
provenant
de la déformation de(E)
et, parsuite,
sur uneinfinité de telles surfaces. Le théorème est encore vrai dans ce cas, ainsi que nous l’établirons
plus
loin.3.
Rappelons rapidement quelques
résultats relatifs aux congruences de courbesplanes.
Introduisons le trièdre
(T), dépendant
de deuxparamètres
u et v, dontle
plan
des xy est leplan
d’une des courbesplanes
et dont l’axe des estla normale à ce
plan
aupoint
de contact avec sonenveloppe (~). Adop-
tons, de
plus,
les notations desLeçons
de Darboux. Nous définirons la congruence de courbesplanes
de lafaçon
suivante.Soit,
dans leplan
des xy,
l’équation
d’unedroite; si (
et t sont des fonctions données de u, v et d’unparamètre
c~, la droiteenveloppera, lorsque
u et v seront constants, une courbeplane (C’);
i et u, vvariant,
lespositions
de(C’)
formeront la con-gruence considérée.
Les coordonnées d’un
point
de(C’)
serontdéfinies,
en fonction de u,v, w, par les formules .
Posons
Les coordonnées du centre de courbure de
(C’) correspondant
aupoint
considéré seront
et l’on aura
Cela
posé,
considérons une surface de la congruence; si 03B8désigne
l’undes
angles
quefait,
avec leplan
des xy, leplan tangent
à cette surface enun
point y)
de((~’ ~, l’application
des formules(B )
de 1Z. Darhouxdonne immédiatement
en posant
Parmi les surfaces de la congruence passant par une courbe
(C’),
consi-avec M.
Darboux,
cellesqui
admettent en M pour une de leurs directionsprincipales
latangente
à lacourbe;
il est clairqu’elles
véri-fient
l’équation
différentiellesuivante,
où cw estsupposé remplacé
par la valeurqui correspond
aupoint
MSi l’on écrit que les deux séries de
surfaces,
dont on vient derappeler
l’existence,
sonttoujours rectangulaires,
on trouve, comme onsait,
la con-dition pour que les courbes de la congruence admettent des surfaces tra-
j ectoires orthogonales.
Cherchons directement cette
condition;
supposonsqu’il
existe une sur-face
coupant
àangle
droit toutes les courbes de la congruence ; cette sur- face s’obtiendra enremplaçant
w, dans les valeurs de x et y, par une certaine fonction de u, vqui
seradéfinie,
comme on le voitimmédiatement,
par
l’équation
aux différentielles totalesoù l’on a
posé
c’est-à-dire
Supposons
la conditiond’intégrabilité
vérifiéeidentiquement; l’intégrale
de
l’équation
aux différentielles totales renfermera unparamètre
arbitraire.Nous pouvons effectuer un
changement
de variable consistant àprendre
pour
variable,
au lieu de w, ceparamètre. Supposons
que cechangement
de variable ait été effectué tout
d’abord,
en sorte que w soitprécisément
le
paramètre
enquestion.
On aura alorsCes
équations déterminent ~
et t en fonction de u, v, w, defaçon
à obtenirdes courbes
planes orthogonales
à une famille de surfaces.4. Ces
préliminaires établis,
abordons la recherche des courbesplanes
orthogonales
à une famille de Lamé ensupposant
connue la surface(~)
enveloppe
desplans
des courbesplanes.
Adoptons
pour variables u et p cellesqui correspondent
auxlignes
decourbure de toutes les surfaces
trajectoires
et pour ~ la variable dont il vient d’êtrequestion.
Si l’on introduit les deux séries de surfaces de Darboux considérées au numéroprécédent
ou encore si l’onapplique
le théorème de
Joachimsthal,
on trouveimmédiatement
dans les deux cas, leséquations
suivantes duproblème
Les deux dernières peuvent être
remplacées,
en introduisant deux auxi- liaires et par lesystème
suivant :D’ailleurs,
si l’on tient compte des relations obtenues en différentiantces dernières
équations,
leséquations
AI = o,M,
= o se transforment Im- médiatement dans les suivanteset, par
suite,
peuvent êtreremplacées
parAinsi la
question
est ramenée àl’intégration
dusystème ( ~ ~
où p, et ~.._sont des inconnues auxiliaires ne
dépendant
que de u et v. de ce résultat que nous allons déduire le théorème de Darboux en rattachantl’étude du
système (l~
à celle des congruences de droites distribuées dans lesplans tangents
de la surface(~).
5. Faisons
correspondre,
àchaque position
duplan
des xy du trièdre(T),
une droite située dans ce
plan
et définie parl’équation
où t
et (
sont des fonctions données de u et v; onengendre
ainsi la con-gruence de droites la
plus générale. Supposons
que u et v soient les para- mètres desdéveloppables
de lacongruence ; t et (
seront alors définis enfonction de u et v par le
système (i), où ~,
et sont deux inconnues auxi- liairesqui
ont uneinterprétation géométrique simple.
Leurs inverses ont pour valeurstang03B81
ettang62, 0,
et62 désignant
desangles
faitsrespecti-
vement avec le
plan
des xv par lesplans
focaux de la congruence.Si l’on se donne une congruence de droites
rapportée
à sesdévelop- pables,
il en résultera pour ~., et ~.2 des valeurs connues;inversement,
cherchons les congruences de droites
rapportées
à leursdéveloppables qui
conduisent à ces valeurs de p, et ~,2.
Introduisons les deux
symboles
de M. Christoffel :construits avec la forme
quadratique
différentiellequi
est le carré de l’élé-ment linéaire de la
représentation sphérique
et posonsSi l’on
égale
les deux valeurs de.. déduites
dusystème (i)
ainsi queles deux valeurs de
au
déduites
du mêmesystème,
il vient les deuxéqua-
tions sui van tes:
Ces
équations fournissent,
engénéral,
pour a et b deuxsystèmes
de va-leurs. L’un d’eux est celui d’où l’on est
parti; quant
àl’autre,
il ne satisferapas, en
général,
à laquestion posée.
6. Nous n’insisterons pas, pour le moment, sur les
propositions qui
sedéduisent immédiatement de la considération des deux
équations précé- dentes ;
le cas où ceséquations
sont toutes deuxidentiques correspond
àune
propriété
des congruences de droitesqui
entraîne commeconséquence
le théorème de Darboux.
Attachons-nous surtout à la démonstration de ce dernier théorème.
Remarquons
d’abordqu’elle
peut êtreprésentée
d’unefaçon
biensimple
si l’on a
égard uniquement
à laproposition
directe. Nous pouvons, eneffet,
poser, a
priori,
en vertu du théorème deJoachimsthal,
leséquations ( 11,
et u~~ sont
indépendants
de cw; cela résulte évidemment de cequi
aété dit au numéro
précédent.
Il en résulteégalement
que, pour obtenir une solution duproblème posé,
il faut que leséquations (2)
soientséparément identiques.
Ecartons
immédiatement le cas où = ~1.,, =i;
~ la solution correspon- dante s’obtient encoupant
lesplans
tangents de(~)
par unedéveloppable
circonscrite au cercle de l’infini et rentre d’ailleurs dans le théorème de Darboux.
Ce cas
écarté,
il vient leséquations
La
première
relationexprime
que le réseau(u, v)
estconjugué
sur~~~;
la seconde
permet d’exprimer
~~~, et u,.> en fonction d’une auxiliaire cr par les f ormulesPortant dans les deux
dernières,
il vientB.2
Supposons
que le réseau(u, v)
soitconjugué
sur(E)
et que les deuxéquations (2)
aient une solution commune ~; si l’on poseil existe alors un trièdre mobile
(T’)
dont les translations sont les mêmes que celles de( T )
et dont les rotations sontp’, q’, r, p~ ~ ~ ;
; l’axe des zde ce trièdre
(T’)
est normal àl’origine
à une surface(~’) applicable
sur
(~). D’ailleurs,
leséquations (1), qui déterminent (
et t en fonction de u, v, w,peuvent
se mettre sous la forme suivantece