t
mtmrnm,
TRES-HUMBLES
ET TRES-RESPECTUEUSES
REMONTRANCES
Que prèf
ententau ROI
, notretûs~ho*
noré & Souverain Seigneur
, lesGens
tenant
fa Chambre
desComptes
de Paris*Du
19Décembre
1759%O c
IR E
,
Votre Chambre
desComptes
convaincue des befoinsdel’Etat,n’ignoroit paslanéceffité defecours extraordinairespour en acquitterles dettesimmenfes
,protégervos Alliés
, rétablir laMarine
&
conferver au-delà desmers
despo£
fefïionsqui font l’ame
du Commerce
; mais fa douleurne pouvoirêtreplusvive,
quand
elleavu
publierdu
très-exprèscommandement
deVo*
treMajefté,lesEdits quiontétédonnés au mois de
Septembre
dernier,&
qui contiennent les plus rigoureufesimportions.Dans
toutesles Monarchies,SIRE,
il eftun Corps
deMagiftrature chargé de l’examen desLoix, pourécarter
du Trône
toutefurprife préjudiciableau Souverain&
auxPeuples.Les fondions des Magiftrats ne fe bornent point à maintenir les anciennes
Ordonnances
contre des ufagesnouveaux
, qui feroient con- trairesàvotreautorité&
àla libertédesPeuple!A
k
qtxivivent fous lafoid’une ancienne Jurifpru*
dence.
; ;
La
nécefïitédeleurs fonftions s’étend egale-ment
àl’examendesImpôtsqui fontdevenus né- teffairesàl’Etat.Quoique
élevéfifortau-deflus desautreshommes
,Votre Majefcéveutenten-j
drela voix de fesPeuples;le fuffragedes
Ma-
giftrats
5
SIRE,
peut feul vous la faire en- tendre,& vous
repréfenter lesintérêtsrécipro- ques que lecommerce
* i’induftne, les biens fonds,&
tous vos Sujets peuventavoirdans cette contributionauxdettesdel’Etat.L’exécution des Lcix eft partagée entre les différentes
Cours
qui font revêtues de votre Autorité,&
leursronflionsà cetégardne peu- vent éprouver aucune concurrence; maisellesont toutes un droit inaltérable des’intérefferà rétablifîement des Loix,
&
de repréfenter àVotre
Majefté tout ce qui peut contribuer au biendel’Etat.A
cet égard,SIRE,
quiconqueeftadmis à s’approcher du
Trône,
eft debiteur de toutevérité;lié!pourquoi vosCours
nepré-fenteroient-ellespas
même
àVotreMajeftéles déftrs de fes Peuples fur quelques parties de l’Adminiftration générale? Lesplus grandsEm-
pereurs recevoient avecbontélesconfeils fou- ventintérefiesde leurs Courtifans;
&
vosAu-
guftes Prédéceffeurs,fanscraindred’altérerleur Puiflance,ont toujours cherché lavérité avec bien plusd’affiirance dansla
bouche
decesMa-
giftrats fideies
, qu’aucunepaftion n’engageàfe taire,
&
qui n’ont point d’autre intérêtquece-luideleur
Roi &
defes Peuples. Zéléspourfagloire, éloignés d’abufer ducrédit
&
delacon-fiancedont VotreMajeftéleshonore,voustrou- verez toujoursen euxla fmcérité
&
la généro-fité,parcequ’ilstiennent à
V. M.
parlesliensdudevoir,
&
plus encorê par ceuxd’uneaffe£Hoü' également tendre&
refpeétueufe. Chargésdu
dépôtpénibledelavérité,cesMagiftrats,SIRÊ, fontles Miniftreseffentielsdelachofepubliqué.Ilefteffentielà l’Êtatquel’Autoritéde Votre Majefté nefoitjamais
employée
pour donnerà des Edits cette publicité quidoit toujours être précédéedes DélibérationslibresdesCours.Un
ufagefiancien
&
fiutile, ne peut êtreconvertien
unefimpleformalité*C’eftaux premiers Juges del’Etatàrépondre
Uu
Prince&
à fesPeuplesdel’équité desLoix:c’eftpareuxquevotre AutoritéSouveraineréu- nitce qu’il
y
a de fageffe&
de prudence dans fonRoyaume.
S’écarter d’une forme auffi néceffaire
, c’eft anéantirladignitédesMagiftrats. Ilfembleroit
,
SIRE,
queces Officiersauroientmanqué
de zele, d’attention, de défintéreffement,
ou de
lumière,qu’ilsne feroientplusanimésdu
bien public,, &. qu’ils auroient préféré leurs intérêts particuliersàlagloiredevotre Empire. « C’eft.3?attaquerle fond del’Etat
&
lePrincemême,
3?difoit l’Empereur
Othon
,que donneratteinte 09àl’Autoritédu
Sénat.Daignez
donc,SIRE,
répandrefans inter- ruptionl’éclatdu Trône
furlesMiniftresdevo-
tre Puiffance Royale.
En
détruifant l’autorité des Magiftrats deftinésà fairerecevoirparles peuples vos Loix avecrefpeft,la puiffancemêA me
de VotreMajeftés’affoibliroit.Les Peuples .fupportent plus difficilementle poids desnou-
vellescharges , lorfqu’ils
voyent
tant de con- trainteexercéepourleur établiffement.Vos Cours
elle-mêmescroiroient agir contre lareligion deleur ferment&
l’iiitérêt deVotre
Majefté,fiellesemployoient pourfaire exécuterA
îj*
. . , ,fès volontés,
une
Autorité qui aurait ete regar- déecomme
inutilepourleurimprimerlederniercaraâere de loix.N’eft-ellepas
meme compro-
mife cette autorité augufte ,par hmpoffibilite d’exécuter des Edits dont votre Majefte seft mife horsd’état de connoîtrelesinconvemens
.
Dans
des Délibérationslibresilseuüentetema-
nifeftés,&Votre Majeftéeûtconcilié lesinterets defa gloireaveclefdulagement deles Peuples.
Cette forme d’enregiftement. Sire,
eu
egale-ment
contraire au bien del’Etat,&
une desprincipales caufes desmalheurs publics.
^
LesMagiftratsétanttémoins par
eux-memes de
la fituationdes Peuples,cenefont pointde
vainesclameurs,lorfqu’ils annoncent les char- gesénormes des biens fonds,l’arbitraire de la Réoartition des impofitions, larigueurdu
re-couvrement
, le défordre de la comptabilité,
l’altération des formes , l’obfcurite répandue fur l’emploi des Finances, le dérangement de leur deftinatîon, leur diffipation
meme
,dou
naiffentle découragement de lmduitrie
& du
commerce
,ladépopulationdes Provinces,1ex- tinfiionau
créditdel’Etat.C’eft ainfi, qu’en écoutant la voix de vos Magiftrats,VotreMajefté peut, félonles defirs, defcendre versles plus malheureux dentre le Peuole
&
calmer leurdouleur:Ily
afiloindu
Trône
à la condition des foiblesqui gemillent dans le fecret, quefiVotre
Majefté n’ecoutoit lesCours
avec bonté, fes plus fideles Sujets répandraient des larmesinutiles fans conlola-tion
&
fansappui. , ,LesEdits qui ontétéapportesenla
Chambre du
très-exprèsCommandement
deVotre Ma-
iefté,ne font qu’augmenter les
maux,&
con-tiennentd’ailleursdes inconvéniens quileurlont propres.
L’Edit de Subvention raflemble
un nombre
I
effrayantd’impofitions infiniment onéreufes.
j
Le nouveau
Vingtième avec lesdeux
fols!pour livre achevé d’ôter aux Citoyens lepro- duitleplusclairdeleurpatrimoine. Ilporteen particulier le dernier coup à l’agriculture, en ôtantaux propriétaires,aprèstantd’autres
îm-
:potsjlerefisdes
moyens
qu’ils avoient enbore deféconder leurs terres.Déjà
appauvris,plu- fiêursd’entreuxvendent leursfonds.Ces
fonds paffésentre desmainsincapablesde travaux pé- nibles,fontconfiésàdes mercenaires,à qui ils font étrangers,quilescultivent
comme
àregret&
n’y donnent qu’une partie de leurs foins.C’eft ainfi que l’agriculture, cette fource des véritables richeffes , languit
&
ne peutfournir une matièreabondante auxtributs impofésfur les terres. Les bâtimens qui font néceffairesà leur exploitation, vonteux-mêmes
périrfousun Impôt
quienleve toutmoyen
delesréparer.La
France,parladuréedecettetaxe,feverroit bientôt couverte de ruines.On y
trouve déjà une multituded’hommes
qui n’éprouventque
lesbefoinsde l’Etatfans participeràfesavanta- ges.
Dans
leurinfortune ils jettent lesyeux
fur celuiquiétoit riche;maisl’ardeurdesImpôtsa faitfécherdansfesmainslafource quidéfaitéroit la foifdes malheureux.Ce
Vingtièmefrappe principalement. Sire,"fur cettebrave
&
généréufe NobleffepourquileGénie
del’Etat,danslesanciensterrisdelaMo-
narchie, s’intéreffoit d’une maniéré vive qui étoit
munie
detoutes fortesdeprivilèges: Ellefuccombe
fous ce grandnombre
detaxes; fa foible richefle fubfifte à peinependant quelques générations,&
ceshommes
defiinés à être le nerfdel’Etat par la grandeur des fentimens.6
que
donne
une éducation diftinguée^ rentrentpeu
à peudansla fouledu
peupleparlanécef- fité devivre. Auffi de ces illuftres famillesqui paffent à travers les fiecles en fe. couvrantde
gloireaux
yeux
delaNation,ileneftpeu dont lesmembres
ne foient difperfés dans les Pro- vinces, réduitsày mener
une vie languiffaq^e dansun
bienmédiocre;&
fouventilsfont for-cés d’y
ramper
fous le faite d’unhomme
nou-veau que
lafinanceàrendulemaîtredeDomai-
nes immenfes.Tels fontlesdéfaftres quinaiffent
de
lamul- titude&
dupoids des taxes,&
quelenouveau
.Vingtièmevarendre irrémédiables.
La
taxeimpoféefurun
grandnombre
deMar-
chands,dontlafortuneefttrès-bornée,furpaffede beaucoup
,Sire, lesforcesdeceshommes
quidans leur indigence
même
font précieux&
FEtat.
Les quatre
nouveaux
fols pour livre ajoutés;aux
anciens droits, font également préjudicia- blesauxFinancesdeVotreMajeftédontilsaltè- rentla fource en diminuant laconfommation
,&
aux Citoyens en éloignant des Villes lesmoyens
de fubfiftance lesplusnéceffaires.Cet Impôt empêche
le tranfport&
le débitdes denrées, parce qu’il anéantit le gain
du Commerçant
; il afloupitImduftrie* les mar- chandifes qui n’ont pointd’iffues périront,ou
les Artseux-mêmes &
lesManufaâures
ferontpen- dues pour leRoyaume &
pafleront àl’Etran-g
erv
L
EditdeSuppreflion des OfficesfuriesPorts eftàlavérité,Sire,l’exercicedelafacultélégiti-
me
qui appartientau Souverain derentrerdans des droits engagés; maisil feroitdel’équitédeVotre
Majefté d’accorderà ces Officiersun
rem-7b
bourfementa&uel.
Ce rembourfement
ne doit point s’opérerpar des fixations arbitraires.La
Juftice diftributivequidoit
y
préfiderétoitrégu-lièrement obfervée, lorfqueces
rembourfemens
ne s’effeétuoient qu’en vertu desavisdefinance expédiésenlaChambre
desComptes.
L’interruption de cet ufage n’a plus laiffé fubfifter de Règles fixesdans
un
objet ouelles aur oientdû
êtreinvariables.Eh
! dequelle uti- lité neferoit-ilpasdelesrappellerdansun tems ou
l’examen decesliquidations,devenu
parleur multitude impraticableau Miniftre des Finan- ces,ne peut être plus fûrement confiéqu’aux foins d’uneCompagnie
quis’eneftfi long-tems occupée.L’obfcuritédanslaquellefontenveloppéesles Finances payées pourlacquifitiondecesChar- ges,forme
, Sire,
un
obftacîe à l’exaéle juftice quidoitrégnerdans cesrembourfemens
9&
vo-tre
Chambre
desComptes
ne peutfe difpenfer:de
représenter àVotre
Majefté qu’elle eft enmême
temsune
preuvedu
danger qu’ily
a de changer lesdifpofitionsfagesquelesCours
ap- pofent auxEdits parleursenregiftremens. Les mentions ordonnnées par celuidu
17Novem-
bre
1730,
être5 par le Tréforier des Parties Cafueliesfaites,tantdanslesRegiftresque dans les quittances données auxacquéreurs de ces Offices desdifférentesnaturesd’effets
&
d’efpe-ces fournies par ces acquéreurs
,jetteroientac- tuellement
un
grandjourfur cetteopérationde
Finance, fi des Lettres-Patentesnel’euffentdé- chargé decette claufe de l’EnregiftrementdelaChambre. Quiconque,
Sire,demande
desex- ceptions àVotreMajeffé contrelesEnregiftre-mens
desCours
, doit lui devenirfufpect,&
ceftprincipalement à fon égard qu’ils doivent êtrefuivisàlarigueur*
8
En
entrant dans desvues générales,Votrê
Majefté eftfuppliée deconfidérer que le poidsénorme
des chargesde l’Etat, quiontpris naif- fancedansles guerresfufcitées fouslerégnéde vos AuguftesPrédéceffëurs
,fubfifteencore de- puistant d’années,
&
vient malheureufementpour
vos peuples? fejoindre aux Impôts dela guerre préfente.Les
nouveaux
fecours qui leurfontdeman-
dés ne peuvent être fournis par une Nation donttouslesordres font prefqu’également épui- fés.Les Impofitions qui doivent êtrepaffageres ontétécontinuées, les anciennes augmentées,
&
lespeuples font tellement furchargés,que
leplus léger accroifiement ne leur laiffe plus la force d'enfupporteriepoids.
Cependant
lesnouveaux
Edits attaquenttous enferoble lesoffices, les rentes,le
commerce
,
l’induflrie9 les biens-fonds, tous les objets
de confommation
, toutes lesreffources del’indi- gence;& quand même
vospeuples pourroient fournir des fubfides aufficonfidérabies, cene
feroit qu’aux dépens des fecours ordinaires
&
annuels:
Des
efforts exceffifsfont toujoursné- ceffairementfuivis d’unépuifementtotal.Malgrécette fituationficritique à laquellevo- tre
Royaume
s’efttrouvécomme
entraîné parla chaînede tantd’impôts,les Ordonnateurs des dêpenfes de Votre Majeffé ont trop fouvent pâlie les bornes que la magnificenceRoyale
elle-même auroit établies.C’eftavec douleur quela
Chambre
voitainfi diffiper des tréforsque l’amour dubien public auroitr.éfervés pour les neceffités urgentes de l’Etat, fans recourirfifréquemment
àdes ex- trémités quicoûtentinfiniment aucœur
pater-|
ne!de VotreMajefté,
&
anéantirentla fortune[
des Citoyens.
La
lenteurdespayemens
quifuit ladiffipation!desFinances,,eneftelle-même
un nouveau
prin-j
cipe.
La Chambre
voitfouvent quelesfommes
payées par Votre Majefté,excédentbeaucoup
|
lavaleurréelle des fournitures, leurprix étant
!augmenté pour mdemniiêrdes retards de paye- mens.
Ces maux
de l’Etatviennentencore del’ex- rinftionducréditpublic;&
ladifetted’efpèces, quiforce aujourd’huilaNation defaire iesder- niers efforts,vientenpartiedu
peu deconfian-:edespeupleseffrayés partant d’atteintesdou- tées aux promeffesles plusautentiques,confi- ancesdanslesRegiftresdes Cours.
Les conditions avantageufes
que
l’on a été )bligé defaireàceuxquiont prêté àVotreMa-
efté, font une preuve évidente de leur in- [uiétude dans ces accroiffemens des dettes
de
'Etat.
Ces
empruntsmême
n’ont point été revêtus lesformesqui attirent la confiance de vos Su-|ets. Ils ne devroient jamais paroitre que fous autorité autentique d’Editsregiftres ;
&
les dagiftrats vous euffent repréfenté, Sire
,
que
esemprunts multipliés engagent
&
tarifténtleseffourcesdela
Couronne
:Cependant
ils n’ont té revêtus que deLettres-Patentes,&
leuren-*oi tardifne nous permettoit plus de prévenir tilement leurs difpofitions ruineufes
&
déjàonfommées
par des Arrêtsdu
ConfçildeVo-
eMajefté.
Ces
Arrêts étant aufli facilesàré- oquerqu’àproduire,laiffentlespeuplesdansla rainte;
&
Finclinationàoffrirfon bienpourFE-*t,eftrefroidie
même
danslesnéceflitéslesplus rgentes»ï6
Vos
peuplesnefontpasmoinsaîlarmés*Sire, lorfqu’ilsvoyent
détourner à des objets étran- gers des fondsdeftinésàlalibérationdel’Etat.L’Edit d’EtabliffementdelaCaiffedes
Amor-
tlffemens, avoit été propofé à
Votre
Majefté.par des vûes d’une fage adminiftration
;
mais
la
Chambre
ne peut diffimuler qu’elles n’ont pointétéfidèlement exécutées;une
partiede
îesfonds n’a ferviqu’àpayerdes arrérages:
Le compte
de 1752 juftifie qu’il reftoit, à cetteépoque
, plus de onzemillions entre les
mains du
Tréforier,dontl’emploienextinâiondeca- pitaux, auroitfait cefferauprofitde
VotreMa-
jeftédesintérêts proportionnés.
On
ne s’eftpas contenté d’éluder ainfi l’exé- cutiondecesarrangemens économiques,ilsont
meme
été détruitsen entier :Le
rembourfe-ment
des dettesdel’Etata été fufpendu; quoi-,que
Votre Majefté eût bien voulu l’appeller la plusfacrée&
la plus inviolable de toutes fes dépenfes; lesfondsdecetteCaiffeviennentdê-
tredeftinésà porter
un nouveau
fecoursauxdé- penfesdelaguerre.Votre amour
pour vos Sujets, Sire, pour- roit-ilvoirfans s’attendrir, une autreplaie de votre Etat également grande&
dangereufe?L’immenfité des
fommes
dont font formés les acquits de comptant,fontnaîtredejuftes ailar-mes
dans l’efprit devos peuples pourles fur- prifes fansnombre
qui pourvoient être faites par cette voie à la bontédu cœur
de Votre Majefté. Frappée desmêmes
motifs que vos ÂuguftesPrédéceflèurs, Votre Majefté a fenti la néceffité de fixer des
Dons
qui font trop fouvent furpris aux Princes par l’importunité.,Depuis
plus de quatre cens ans nos Rois 11e cefténtde feroidir contreun mal
fi.pernicieuxTT
qu on
avoitmême
enlevé àleur générofitê,Juf-qu
aux fonds domaniaux.Ces Monarques
or- donnèrent*qu
il nefût délivré aucunDon que
les dettes del’Etat ne fuflént acquittées; mais pourfurprendre cesPrinces
on
feignitdes créan- ces fur l’Etat,
comme
sen piaignoit Louis XIII. **Auffi la
Chambre
reçut-elle des dé- fenfesde regiftrer pareilsDons
, quelques Let- tres de
Jumon
qui puffent lui être envoyées.On
faîfoit auffi expédier desDons
parforme
de eomptans,mais cememe Monarque
voulut qu’aucundesDons
excédanttrois mille livresne
pûtavoir lieufansEnregiftrement de laCham-
bre.
Pour
éviterlanéceffitédefesEnregiftremens,
on
les fitexpédierendifférentesfommes
, cha- cune moindre detroismille livres.Le Roi
pourabolir cetabus,ordonnaque
lesfommes
erffîeresfuffent comprifes dansun
feui acquit pour être vérifiées en laChambre
desComptes
: Ilrenouvelîamême
auffi lesprécau- tions déjà priiespar fesPrédéceffeurs.Ilordonna quelesnouvelles Lettresde
Dons
contiendroient toujours le détail des anciens
Dons
accordés à ceuxqui enobtiendroientdenouveaux
, à peine de déchoir defditsDons,
&
de répétitions defommes &
chofesy men-
tionnées , afinqu’en tous tems
on
pût voirfi* Ordonnance du Roi Jean,enDécembre1360.
Ordonnancede CharlesV. du 18 O&obre 1364.
Ordonnancede CharlesVI.du 16Juillet 1418.
Ordonnancede Charles
VIL
du 30 Janvier145^5*Or
donn. d’Henry II, du 12Avril1547, Art.XXIV.6
auditarticlefontcités deuxautres Ordonnancesde FrançoisI. l’une du21 Décemembre1523,l'autre-- dut7Février1531.
**
P
r(lonn. de LouisXIU. de Janvier 1629,Article 378&
fuivantlès
Tommes
éxcédoîent les fervîces,& pour
mettre
un
freinà l’importunité.Enfinfilescom-
ptables fur lefquels les
Dons
étoient affignésmanquoient
de fonds , parcequ’ilsavoient été abforbés, veutleRoi
qu’ilne foitjamaisdonné
réaffignation niremplacement d’iceux
, quelque non-valeur
ou manquement
qu’ilpuiffey
avoir.Que
defagesmoyens
, Sire, de conferver vos Finances? Mais ilsferont anéantis malgré les bornes
que Votre
Majefté à prefcrit à fes- libéralités.S’ileftpofiiblede prendrecetteroute obicure des acquits de comptant dont feplai- gnoit fi énergiquement celui de nos Rois qui mérita le titre de Jufte, que d’inquiétudes ne doivent poifit naître dans lecœur de Votre
Majefté, en
voyant
ainfi lespièges fansnom-*bre qui ont été drefles à la générofité de
vos
Auguftes Prédéceffeurs, par des
hommes
qui ignoroient que c’eftune inhumanitéétrangeque
d’enleverdesmainsdu
Prince ce qui tient lieude
pain&
de vie àun nombre
infini de fa-milles. Pouvoient41signorerque pourfairepar- venir dans le tréfor de nos Rois des
fommes
qu’on follicite avectant d’ardeur, il a fouventfallu* quoique contre le gré de nos Auguftes
Monarques
, conduire danslesprifonsdesChefs de famillequi fonteux-mêmes
dansla triftené- cefiité de faifir&
vendreles meublesmême du
pauvre, quilerendent à peine folvable,même
enle dépouillant.
Les cris de cesmalheureux ne peuvent être bien entendus que
du cœur
paterneldeVotre
Majefté. Ilappercevracombien
il eft effentiel qu’il ne foit fait des acquits de comptantque
I’ufage abfolumentnécefiaire'
,pourla portion laplus fecretedeladminiftrationdel’Etat
,con-
formément
aux anciennesOrdonnances
parlef-quelles les Auguftes Prédécelîeurs de
Votre
Majefté ont bien voulu fixer àunefomme mo-
diquele
montant
de ces Acquits.Ilscroyaientque
lesdépends
feçrettesfontrarementnécef- faires&
toujours dangereufes :Que
l’Empire Françoispeutfefoutenirparlespropresforces,
&
quedéciderlaguerreou
lapaixparFefiortdeleurs Finances, c’eûtétéfe priverdeleur gloi- re : qu’iln’y arien defi refpeélablequ’une
Na-
tionqui a chez elle de braves troupes&
des tréfors. Puiffe donc Votre Majeftécomme
fiesAuguftesPrédéceffeurs,fixeràune
fomme mo-
diquecesAcquits de comptant,
&
renouvelier les difpofitions delaDéclaration de votreAu-
gufte Bifayeul.
D’autantdifpitce
Monarque
,
que
lemau-
3> vais ufage defdits
Comptants
peut apporter3i
beaucoup
de préjudice ànos Finances :Dé-
3> clarons
que
nous ne nous fendrons d’iceuxsi à l’avenir que pour les affaires fecretes
&
si importantesdenotreEtat,
& que
tousdons,3> voyages, gratifications, récompenfes;
rem-
3i bourlemens
, emploisde gages
&
appointe-3i
mens
; achats , fuppléments d’ambaflades ,3i dépenfesde bâtimens,remifesd’intérêts,
de
3i prêts,
&
avances, n’y feront plusemployés
3i
&
feront dorénavant mis enlignedecompte
3i fuivant l’Ordonnance qui fegardoitancien-
»
nement. nVotreMajefténe peuttropfe défierde ceux
3
ui pour affouvir la faim infatiable qu’ils ont evos dons
, groffiffent àvos
yeux
l’opulencede
vos peuples.Le
zèlede vos fujets eft iné- puifable, mais leurs forcesne répondentpoint àleur zèle.Vous
le favez , Sire, queles reffources
de
l’Etat ne peuvent plus fe trouver dansl’oeco-.
*4
hernie
de
Vos peuples.Depuis
long-temsk
cherté des denrées les a forcés à la privation des chofes les plus néceflairesàlavie.
Touché
decettetriftefituation,lespremiers foins de VotreMajefté ont été de fe livrer en faveur de fespeuples àune fevereœconomie.
Jamais
Monarque
n’eut moins le goûtdu
fafte ni
un
défir plus fmcere d épargner à fes fujets les malheurs de l’indigence; mais votreamour
pour vos peuples , Sire , ne peut trop veiller à faire exécuter les retranchemensqu’ila bienvouluprefcrire.
Ce
fera cetamour
qui fera entendre aux Ordonnateurs des dépenfesque
ces retranchemenspourêtrevéritablement utiles doivent avoirlamême
durée queles det- tes de l’Etat& une
étendue proportionnée à fes befoins.Il importe au bien public que
Votre Ma-
jefté attire de tous côtés le refpeét
&
l’admi-ration de ceux
mêmes
qui ne font frappésquede
la Majefté extérieure ; mais fi en laiffant agirvoslentimens de tendrefte pour vospeu-
ples il plaifoit à Votre Majefté, fans diminu- tiondel’éclat
du Trône
, fixerles dépenfes de toute naturedans les comptes de VotreCour,
le zèle de la
Chambre
pour le biendu
Ser- vice deVotre
Majefté rendroit cette fixation invariable.Ilferoitencoreplusintéreflant, Sire
, pourle
Servicede VotreMajefté
, que touslesTraités
& Baux
,&
que tous les marchés de fourni-tures foientadjugés fuivantles formes prefcri- tes par les
Ordonnances
:Ce
feroitlemoyen
d’éviter les abus; la préfence des peuples
&
lalibertédes Enchères rendroient plus utiles les effets de ces opérations de Finance. Pius les
Impôts viendront avec fidélité &. fans altéra-
tîon Tefendre dans lesCoffresdevotreTréfoi?
Royal
5 plus Votre Majefté ferapromptement en
état devenirau fecours de fes peuples&
de
répandrepar-tout la félicité,lesricheffes
&
l’abondance.
Une
des plus promptes confolationsque
VotreMajeftépuiffedonneràvos peuples,c’eft la libérationaâuelle
du nouveau
Vingtièmequi eft établi par 1Ed.it de Subvention.Le Vin-
gtième quifaifoit lefond delaCaifTe desAmox-
tifïemens eftpar
lui-même
auffi étendu que ce troifiéme Vingtième que votrebonté pourVos
peuples aneantiroit:Le
premier Vingtièmefor-me
avecle fécondun Dixiéme
entierquiatou- joursfuffi dans les guerres les plus longues&
les plus difpendieufes.
V
os peuples, Sire attendent de votre
com-
miferation Tentiere décharge de ce troifiéme Vingtième.Votre
^
Majefté entendroitréitérer ces vives acclamations
&
cenom
aimableque
l’amour des François a confacré pour immortaliferle caraélère de Votre Augufte Régné.Le Roi
Louis XII. mérita le titre de Peredu
Peuple parlapromptitude aveclaquelleil aboliffoit les impôts. Votre Majefté fçait que c’eft la voie d’aftermirdans lecœur
de vosSujetsun Trône
bien plus digne d’elle queceluimême
queVo-
tre Augufte naiflancevous a érigé.
Tous
les Sujets s’intér-effentàune
Puiffance qu’ilsneconnoiffent que par les biens qu’ilsen reçoivent; tous défirent qu’elledemeure
à.ja- maisdans des mains fi généreufes&
fi bien^faifantes.
Votre
Chambre
desComptes
, Sire,n’apû
taire ni diflimuler tant d’objets importants à
tVotre Majefté ;
Son
zèle&
fa fidelité FontLes très-humbles
&
très-refpeflueufesRe-
montrances qu’ont cru devoir préfenter àVotre.Vos très-humbles* très- obéiflans
? très-fidéles
,
&
très-affe£tionnés ferviteurs
&
Sujets,lesGens
tenansvotre
Chambre
desCom-
ptes.
jFait les Semeflres ajfemblés le ip Décembre
1
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-forci de réclamer contreInexécution d’Editsqui jettercientlespeuplesdansîedécouragement
&
le défefpoir,
&
contre lefqueisla gloire Yinté-rêt
&
les entrailles paternelles de Votre.Majefté ne proteftant pas moins que ne font
les Loix
&
les Magiftrats: Elle efpere qu’elleferaécoutéede VotreMajeftéaveccette
même
bonté
&
cettemême
confiance dont vosÀu-
guftesPrédéceffeursFonthonorée danstousles
âges dela Monarchie.