• Aucun résultat trouvé

LES FAMILLES GENEVOISES,

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "LES FAMILLES GENEVOISES,"

Copied!
324
0
0

Texte intégral

(1)

, ,

GENE.1LOGIQUES.

(2)
(3)

NOT~ES

r r

GENEALOGIQUES

SUR

LES FAMILLES GENEVOISES,

DEPUIS LES PREMIERS TEMPS

JUSQU'A NOS JOURS,

PA."

J.-AII- GALIFFE, C. G.

3. BA1tBBZAT ET CO".,Imprïmeu..

r.a...aid'.

PABlS,même liaison, ruedellle"'~"'I" 6.

(4)
(5)

AVERTISSEMENT.

Ce volume, à une seuleexception près, Ile contient qlle des généalogies de familles établies à Genève avant la Réformation; il

ell

reste encore

1.111

assez grand nombre

pour

le second volume, qui contiendra en outre une grande partie de celles qui se réfugiè- rent ici dans Je seizième siècle: le troisième sera rempli par le reste et par celles du dix- septième siècle, et jusqu'à nos jours. On m'a demandé sérieusernent si je n'inscrirois que des familles nobles

Ott

patriciennes : je ne fais aUCUIle différence entre les familles ge- nevoises: je cite les titres de noblesse quand je les connois, mais je ne les recherche point;

parce qu'ils sont

un

hors d'œuvre dans cet ouvrage tout national; le donne

à

chaque

individu la qualification qu'il porte dans les

(6)

AVE,J\'f ISSEMENT.

actes dont je- fais les extraits, sans entendre par-là garalltir le droit de cette qualification;

j'ajouterai que des familles, incontestable- ment nobles, n'en

011t

jamais pris la qualité dans aucun acte, et que d'autres l'ont obte- nue des notaires , et quelquefois des secré- taires d'état, sans

y

être autorisés ni par le fait, ni par les réglemens.

Je réitère que je recevrai avec gralld plaisir tous les documens authentiques qu'on vou- dra bien me communiquer.

(7)

INTRODUCTION.

DES personnes instruiteset spirituelles croient faire une chose très philosophique, en se mo- quant des généalogies et des généalogistes; mais la vraie philosophie ne confond point les foibles du genre humain avec ceux des individus: ceux- ci sont du domaine de la raillerie; les autres ap- partiennent à la physiologie. La manie de parler de son nom, de ses ancêtres, de leurs possessions et de leur noblesse,

est

un travers de l'esprit pure- ment accidentel; le désir de. connoître son ori- gineet de la trouver honorable est une véritable passion dont legerme est au fond de chaque cœur.

Sans doute, il ne s'y développe :pas toujours; il Y resle souvent inactif et assoupi, comme celui de l'amour et de la jalousie, dont tant de gensmeu- reut sans a voir éprouvé les effets; Blaisil existeJ

(8)

VJ INTRODUCTION.

et la moindre circonstance suffit pour l'animer.

Je pourrois en citer d'innombrables exemples, et je les choisirois, de préférence, parmi les person- nesqui, après s'être moquées du temps que, sui- vant elles, je perdais à l'étude des généalogies, écoutoient ensuite avec le plus vif intérêt ce que je leur apprenois de la leur: je me contenterai de consigner ici une observation dont la justesse m'a été démontrée par une multitude d'expérien- ces: c'est que l'animosité qu'on remarque dans tant de gens contre toutes les recherches de cette nature, n'a pas d'autre source qu'une vanité aigre, envieuse et jalouse, qui se sent blesséepar la crainte de devoir admettre des prétentions qu'elle ne croit pas pouvoir faire valoir pour son propre compte.

Il

n'y a rien au monde de plus méprisable que celte répugnance à accorder aux autres ce qu'on n'ose pas réclamer pour soi; car c'est une espèce de révolte, aussi absurde qu'im- puissante, contre les dispositions de la Provi- dence, que les petiles colères des mortels ne chan- geront jamais. Elle a multipliéàl'infini, pour eux, les compensations qui nivellent, d'une manière presque inconcevable, les inégalitésqu'elle acréées pour rompre la monotonie de leur existence. La beauté, la force, l'esprit, l'adresse, les talens, le génie, forment des aristocraties tout aussi désa-

(9)

INTRODUCTION. vi;

gréables pour ceux qui n'en jouissent pas, que les richesses, le rang etlanaissance: il me semble qu'il

y

a de la bassesse àvouloir diminuer la portion de ces avantages dévolue àson prochain, car on n'y gagne décidément rien pour soi; c'est comme si un horgne s'acharnoitàcrever un œil àtous ceux qu'il rencontre, pour les empêcher d'avoir quel- que.chose de plus que lui, sans considérer que l'un est manchot , l'autre boiteux, un troisième sourd, tandis que lui conserve l'usage de.ses deux bras, de ses deux jambes, de ses oreilles. La nais- sance est le seul hien que possèdent des mil- liers d'êtres

tout

à fait malheureux sous d'autres rapports: elleest le seul lien qui les attache à la société de leurs semblables: ah! ne le brisons pas!

De quel droit les pri verions-nous du seul appui qu'ils aient sur la terre?

Il

est d'ailleurs si doux.

de pouvoir trouver des dédomrnagemensàtoutes les infortunes qui affligent nos yeux! Je ne con- nois rien deplus consolant que de découvrirbeau- coup d'esprit àune personne d'une laideur amère, heaucoup de talentàun hommefort pauvre, une adresse singulière

à

un aveugle, une grande in- telligenceà un sourd-muet; tous les autres avan- tages servent également àcompenser des défauts que nous ne pouvons heureusement pas toujours distinguer.

(10)

viij

INTRODUCTION.

J'ai beaucoup observé toutes les classes de so...

ciétés dont le genre humain se compose, et je puis affirmerqu'iln'enestaucune qui soit exempte d'une portion de cette foiblesse, si c'en est une, qui nous porteà désirer une origine distinguée, ou quelque chose qui puisse illustrer notre nom.

J'ai vu des tableaux généalogiques dans plus d'une ferme; j'ai vu plus d'un paysan courroucé contre son fils, pour une alliance qui ne lui paroissoit pas assez honorable; j'ai vu une servante faire venir

à

assez grands frais de son pays, un certi- ficat d'origine et des armoiries peintes et expli- quées, dont elle ne vouloit point faire usage pour se marier, car elfe éloit décidée

à

rester fille; j'ai vu, enfin , tout un régiment de canonniers bohé- miens dépenser quelques jours de soldeàl'achat des petits. tableaux blasonnés qu'on vend au bureau Bo- nacini àMilan: deux on trois lettres de di fférence dans le nom Ileles arrêtoient point. Les Bomains, ce peuple le plus dur et le plus positif de laterre, poussoient

cette

passion à l'extrême,

et l'empe-

reur Napoléon, qui affectoit d'en parler avec dé- rision, a peut -être perdu sa couronne et sa li- berlé pour avoir voulu dire: (( l'Empereur mou

« beau. - père, et le l'Qi Louis XVI mon pauvre

« oncle». Dans tous les pays du monde on parle avec

grand plaisir de

ses pareos

nobles ou fiches

(11)

INTRODUCTION. JX

aux neuvième et dixième degrés, quoiqu'on pa- roisseàpeine connoître ses cousins pauvres et obs- curs. - Nous avons tous connu des personnes d'un grand génie, d'un esprit très distingué etd'0- pillions éminemment libérales, qui après avoir professé les principeslesplus démocratiques jus- qu'à l'âge d'une entière maturité, ont fini par don- ner des plweuves éclatantes d'une grande faiblesseà cet égard. OlivierCrotnwell écarteloitlesarmoiries de six maisons avec les siennes, c~mmeon pourra le voir dans mon armorial. Enfin, nous sommes tous faits comme cela, et les raisonnemens les plus subtils ne parviendroient pas à nous changer en masse: je me soucie donc fort peu du ridicule qu'on voudra jeter sur mon travail, certain qu'il fera plaisir à un grand nombre de mes compa- triotes.

Je crois ne pouvoir pas mieux terminer ce chapitre qu'en transcrivant l'opinion et les re- marques publiées dans un ouvrage qui a prodi- gieusernent contribuéà la destruction des inéga- lités sociales, et que l'on n'accusera pas de ten- dresse pour les préj ugés aristocratiques; voici ce que dit l'Encyclopédie:

fCL'étude des généalogies est d'une extrême

« importance pour l'histoire: outre qu'elles ser-

ccvent

à

distinguer les personnages historiques

(12)

X' INTRODUCTIO N.

«du même nom et de la même famille,elles

t( montrent les liaisons de parenté, les successions,

t( les droits, les prétentions» .... (1)

(1) M. Thierry, auteur extrêmement distingué à d'autres égards, aintroduit plusieurs erreurs, quelquefois très graves, dans son histoire de la Conquâe d'Angleterrepar les Normands, pour n'avoir point étudié les généalogies des princes dont il parle. C'est ainsi qu'il prétend que Raimond Berenger V, comte de Provence, ayant laissé une fille unique, ses tuteurs la vendi- rent avec le comté au roi St.-Louis, pour son frère Charles.

Béatrix de Provence, femme de Charles d'Anjou, loin d'êtrefille unique , étoit la cadette des quatre filles de ce comte. Ses trois sœurs ayant toutes été reines, comme elle le fut aussi, ct l'aînée ayant été femme de ce même roi St.-Louis,M.Thierry auroit certainement dû les connoître, et son ignorance sur ce point est d'autant plus inexcusable, qu'elle lui sert de base pour affirmer un fait entièrement controuvé. La Provence ne fut point vendue avec Béatrix par les tuteurs de cette princesse: elle en fut insti- tuée héritière par son père.

(13)

INTRODUCTION.

CHAPITBE Il.

XJ

Je commencerai ce chapitre pal" O"LI j'ai fini l'autre, par une citation de l'Encyclopédie:

«Si l'on avoit la généalogie exacte et vraie de ( chaque famille, il est plus que vraisemblable

«qu'aucun homme ne seroitestimé ni méprisé à

«l'occasion de sa naissance. Il peine y a-t-il un

cc mendiant dans les rues, qui ne se trouvât des-

« cendu en droiteligne de quelque homme illustre, ( ou un seul noble élevé aux plus hautes dignités

« de l'état, des ordres et des chapitres, qui ne

tedécouvrît au nombre de ses aïeux quantité de

« gens obscurs. »

Il est évident que ce passage doit s'entendre des tableaux de quartiers qui contiennent les noms de tous les ascendans des deux sexes de la per- sonne à laquelle ils se rapportent, et dans ce sens il est parfaitement vrai. Ilest même presque im- possible qu'il en soit autrement, puisque les aïeux d'unindividu qui ne remonte qu'à la trente-lroi-

(14)

XI) INTRODUCTION.

sième génér.ation (comme ce fakir des déserts de l'Arabie dont parle,

à

ce que je crois, la Biblio- thèque britannique) formeroient le nombre de cinq milliards trois cent dix- huit millions, neuf cent soixante-sept mille deux cent quatre-vingt- seize hommes et femmes sur la même ligne, et vivant par conséquent àpeu près dans le même temps. Sansdoute, les mêmes noms reviendroient bien souvent, et quelques-uns des millions de fois, dans cette ligne; mais il reste assez de marge pour un grand nombre de brigauds et de héros con- temporains, sans parler de ceux qui figureroient dans les cinqmilliards trois centdix-huitmillions neuf cent soixante-sept mille deux cent quatre- vingt-quatorze personnages qui remplissent l'es- pace entre J'individu etses trente-unièmes aïeux, et qui portent ainsi

à

plus de dix milliards et six cent millions le nombre des }lerSo-nnesdes deux sexes dontil descend en droite ligne depuismoins de mille ans. Je ne connois point de calcul plus propre à faire envisager la chose d'une manière philosophique: il est très piquant,sans aller aussi loin à beaucoup près, de voir figurer sur la même ligne, dans ces tableaux de quartiers, les ennemis les plus .acharnés, l'usurpateur et celui qu'il a dé- pouillé; l'assassin et sa victime: c'est ce qui se trouve

constamment , SHI-tout

dans les

tableaux

(15)

lNTRODUCTION. xiij de quartiers des grandes maisons de l'Angleterre, en ne les remontant que jusqu'à l'époque des guer·

res de succession entre la rose blanche et la rose rouge. Les chapitres les plus difficiles de l'Alle- magne ne demandaient que soixante-quatreql1.a- tiers, c'est-à-dire le nOID des cinquièmes ayeux et ayeules du postulant. Les autres n'en deman- doient que seize, c'est-à-dire ses trisayeux et tri- sayeules, I....e fameux: cardinal de Retz se vantoit de pouvoir prouver ses cinq cent douze quartiers.

Chez 110US, personne ne pourroit le faire, parce que la plupart des familles existantes sont d'ori- gine étrangère, et qu'il faudroit aller chercher ces preuves dans les paysd'oùelles sont venuesà une époque bien plus rapprochée que celle de la dixième génération: il n'en est donc aucune qui ne trouvât, dans ces tableaux, des lacunes plus ou moins considérables, suivant le

pIns

ou moins d'ancienneté de celles auxquelles elle s'est alliée.

Sans cela, ce genre de travaily seroit hien plus facile qu'ailleurs, àcause du fréquent retour des mêmes noms sur la même ligne:ilyen a fort peu dont l'établissementàGenève ou dans le canton, remonte au-delà du seizième siècle: le nombre de celles qui se sont éteintes est. presque incroyable.

Ceqoel'Encyclopédie affirme de la probabilité que presque tout mendiant descend de quelques

(16)

xiv INTRODUCT10N.

grands seigneurs, et presque tout noble de quel..

ques meudians , pourroit aussi s'exemplifier plus facilementàGenève que partout ailleurs.J'y con..

nois des gens qui ont été fort près de la misère , et qui descendent d'un grand nombre de souve- rains et d'une multitude des toutes premières mai- sons de France. Ceux qui, décorés de noms très noLles et très distingués, comptent beaucoup de paysans parmi leurs ayeux , son

t

naturellement encore bien plus COD1Dluns. Genève ayant été ja- dis infiniment plus commerçante que de nos jours, il s'y faisoit des fortunes très rapides, qui condui- soient sans aucune difficultéàla noblesse, vu que tout citoyen, ou bourgeois. de Genève, pouvoit acquérir des fiefs nobles, dans lesquelsilétoit qua- lifié de noble et puissant seigneur. Il n'étoit guère moins fréquent de voir de grandes existences ren- versées de fond en comble par des malheurs de tout genre, et bien des gens, dont les ancêtres jouoient un rôle brillant il y a deux ou troissiè- cles, ne sont pas même électeurs aujourd'hui. J'ai souvent pensé, et je pense encore, que ce mé- lange de sang noble répandu dans la presque to- talité de notre populat-ion influe fortementsur le caractère des Genevois, et contribue en secret à cet esprit fier et indépendant qui les distingue pour la

plupart,

Il y en a plus qu'on ne croit, qui

(17)

INTRODUCTION. xv nourrissent leur orgueil de traditions vénérables qu'ils cachent avec soin à tout œil étranger, mais qui se perpétuent non moins soigneusement de père en fils. Parmi cestraditions, sans doute, il s'en trouve d'imaginaires; mais je crois que la plupart ont quelque fondement. Je donnerai ici un exemple de la facilité avec laquelle elles peuvent se dénaturer au bout de fort peu de gé- nérations,quand elles ne sont basées que sur une transrnission orale. Dans le dernier siècle un in- dividu de bonnefamille, mais de peu defortune, prétendoit être descendu des ducs de la T. et, par eux, de la maison royale de Bourbon, On le traita de visionnaire avec beaucoup de raison, parce que l'admission à la bourgeoisie du chef reconnu,et bienlégalementconstatéde safamille, avoit précédé, de longues années, la naissance du duc dont il croyoit descendre. Je crois que sur ce simple aperçu on le repoussa peut-être avec trop d'ironie : en replique, il s'emporia jusqu'à accuser des membres du Conseil-d'État de la soustraction des titres qu'il avait présentés: ces titres n'avoient jamais existé et ne consistoient qu'en de simplesallégations de son père, dont il n'avoit pas été difficile de reconnaître la nullité:

quant àlui, je suis

persuadéqu'ilétoit

de bonne foi, et que le magistrat qu'il soupçonnoit d'une

(18)

xvj

INTRODUCTION.

cabale jalouse auroit pu lui faire sentir son erreur, s'il avoit été informé d'un fait qu'on trouve dans la généalogie de celte illustre Blaison ; c'est qu'une demoiselle de la T., d'une branche bâtarde, mais noble et distinguée, comme l'étoient ancienne- ment toutes celles des bâtards légitimés, avoit épousé un monsieur du même nom et de la même province que le particulier auquel je fais allusion:

il me paraît très probable que celui qui vint s'é- tabliràGenève descendoit de ce mariage. Il aura ditàson fils qu'il descendoit de lafamz11e de la T.;

celui-ci aura dit au sien qu'il descendoit des ducs de la T., et le petit-fils aura dit qu'il descendoit du duc un tel et d'une princesse de Bourbon.

Nous avons eu, dans la garnison, un homme de très bonne famille quidescendoit, par les femmes, d'un fils légitimé du roi René d'Anjou. Ne pou- voit-il pas direàses enfans, en toute vérité, qu'ils descendoient du bon roi René? Ceux-ci ne

pou-

voient-ils pas en conséquence se croire issus de la famille dtAnjou?

C'est pour obvier à des erreurs de ce genre, que l'étude des généalogies peut avoir une uti- lité reconnue dans notre pays, où elles trouvent tantd'imaginations ardentes prêtes àles adopter.

C'est encore pour un but bien plus distinct: j'ai observé ci-dessus que la très grande

majorité,

je

(19)

"lNTRODUCTION.

xvij

dirai même la presque totalité des familles exis- tantes, sont d'origine étrangère. J....es Genevois sont grands voyageurs, et le peu de ressources que leur offre leur petite patriet les oblige fré- quemment à .aller chercher fortune ailleurs. Ne sera-t-il pas agréable pour eux de savoir (lans quel pays se trouve la souchedontils sont sépa- rés, et de pouvoir se faire reconnaître dans l'oc- casion par des parens àmême de leur rendre de grands services? Les gens qui n'entendent rien à ces sortes de choses, croient que personne au monde ne peut prendre le moindre souci d'une identité d'origine commune, lorsque la parenté est fort au-delà des degrés de cousin-germain. Je puis citer trois exemples entre plusieurs autres , qui prouveront combien ils se trompent.

Entre les familles les plus illustres de Vicence, étoit celle des comtes de Thiènes , dont quelques individus se réfugièrent à Genève pour la religion vers 1550. Ilsy jouissaient de la plus haute consi- dération et de richesses considérables,

ayant

ac- quis des terres seigneuriales au pays de Vaud.

Mais parla suite, des revers de fortune les ont réduits à l'état de simples cultivateurs, à Don- nadieuv De notre temps, un comte de Thiènes d'une autre branche, qui s'est bien soutenue et qui a acquis de nouvelles illustrations, est •venu

b

(20)

xviij

INTRODUCTION.

rechercher ses parens villageois , parce qu'il n'a- vait point d'héritiers. Jecrois que la différence de, religion a mis obstacle à ses intentions bienveil- lantes, qui n'en sont pasmoins prouvées pour-cela, Je tienscefait de i\f. l'avoyer de Mulinen,

I...es comtes de Lagezza figurent parmi la pre- mière noblesse de Vérone. Ilya fort peu d'années qu'ils ont fait demander, à la chancellerie de Ge- nève, des renseignemens sur unebranche de leur famillet quiyest établie depuis plus de deux cent cinquante ans. Je fus appelé à dresser la généalo- gie du dernier rejeton qui en resle, et qui se trouvoit alors bien mal partagé du côté de la for- tune, quoiqu'il Ie fùt si bien du côté de la nais- sance. J'ignore s'il en a retiré quelque avantage.

Feu M. le professeur Weber m'a raconté qu'un nommé Pignolet s'adressa un jour à lui pour être assisté: il lui demanda ses papiers, qu'heureus-ement il avoit conservés, et il y vit avec surprise qu'il étoit {le la maison de Spinola, rune des plus illustres de l'Italie, et même de J'Europe•. On écrivit en sa faveur àon cardinal Spinola, qui lui fit passer des secours assez con- sidérables.

J'ai sous les yeux en ce moment une lettre adressée par un autre cardinal de ce même nom, évêque de Luques, en

1679,

aux familles luquoi-

(21)

INTRODUCTION. xix ses réfugiées àGenève, pour les conjurer de re- tourner dans une patrie où elles éloient appelées àjouer le rôle le plus brillant. Ilyavoitalors près de cent - vingt ans que leurs ancêtres l'avaient quittée.

A la révolu tion de France, lorsqu'on décréta la restitution des biens qui avoient été confisqués ou séquestrés pour cause de religion, plusieurs familles genevoises reçurent des indemnités assez fortes.

Pendant: la réunion de Genèveàla France, un monsieur Turrettini mourut ab intestat. J...'héri- lier du côté de son père étoit connu et préparéà recevoir toute lasuccession ; celui du côté mater- nel ignoroit totalement sa parenté, et ne son- geoit point

à

se présenter, lorsqu'un généalogiste ( M.Rilliet-Necker) lui fit connoître ses droits,en vertu desquels il reçut sa porlion.

Je pourrois multiplier ces citatio ns à l'infini mais je crois en a voir bien assez dit sur ce su jet.

J'ajouterai seulement que les généalogies gene- voises auront un intérêt positif dans diverses mo- narchies , oùil existe des familles puissantes des- cendues d'ancêtres genevois, ou issuesd'alliances avec des demoiselles de cette ville. Il y en a en Allemagne,en Angleterre, en

HoUande,en

Italie, 'et surtout enFrance,

(22)

xx INTRODUCTION.

Cettecensidération m'a engagé à recueillir tout ce que j'ai pu trouver sur l'immense nombre demaisons de haute chevalerie,

qui

ont tenu à honneur le titre de citoyens de Genève, et orné notre magistrature avant la réformation, on qui babitoient le diocèse, et avoient des relations de parenté et d'amitié avec les hahitans de la ville.

Il

y

en a d'ailleurs encore plus de rejetons qu'on ne pense ,dont les noms estropiés cachent l'ori- gine véritable, grâce àla taquinerie minutieuse qui s'est attachée depuis quelque temps

à

chiea- ner lesgenssur la manière d'écrire leur nom, et qui, tout en affectant un amour ardent pour la liberté civile, prétend dicter des loisjusquessur la dimension des lettres de l'Alphabet.

Il

ya

eu constamment

à

Genève un penchant très marqué à changer la véritable orthographe de son nom, pour éviter toute apparence de pré- tention anti-républicaine. Les d'Eysières se sont nommésDesire; les d'Entand, Dentand; les d'A_

cier,Dassier ,etc., etc., fort mal à propos, sui- vant moi, parce que ces noms neressemblent plus àce qu'ils étoient. Les de Léamont, de Léaval, du Cimetière, du Four ,du Pois, du Nant, duPan, (leRoches, des Arts, deChapeaurouge, de Chevrens, de laPalud, de la Maison, et tant.

d'autres, devaient avoir libertéentièrepour chao-

(23)

INTRODUCTION.

xxj

ger le petitde de leur vrai nom, en un grand De qui en fait un monosyllabe, Il faut avoir bien du temps de reste et l'esprit singulièrement tra- cassier, pour approuver ceux-là et chicaner ceux qui ont fait l'inverse (s'il en existe, ce que je ne crois pas du tout ). Cette malheureuse pe- tite particule qui tourmente si violemment de très petits esprits, ne signifie absolument rien, de quelque manière qu'on l'écrive. On peut être aussi noble que le Roi, sans en avoir jamais fait usage, et aussi roturier que le bourreau, en l'ayant de plein droit, aussi petite que possible.

Les Lévrier , Bonivard, Pecolat , Berlhelier et autres noms qu'on aime à nous citer, s'intitu- laientnoblesquoiqu'ils fussent incontestablement républicains, et ils trouvaient tout naturel de voir les comptes de leurs bouchers, de leurs tailleurs, de leurs maçons, signés avec un petitde, quand

leurs noms le

requéroient,

(24)

xxij INTRODUCTION.

CHAPITRE rn,

Je dois dire quelque chose sur les armoiries qui ont donné lieuàbeaucoupcl'autres platit udes, On a prétendu voir dans la seule mention d'un arrno..

rial, une espèce de conspiration contre laliberté, ou au moins contre l'égalité, D'abord, je nie po., sitivement que

cette

égalité puisse jamais exister de fait, quoiqu'elle existe de droit; toutes les criailleries imaginables ne sauroient changer la nature des choses,

et

faire que ce qui est ne soit pas. Or, il est indubitable qu'un grand nombre de familles à Genève sont nobles de race, et il est aussi absurde qu'injuste de vouloir les priver du mérite qu'elles ont eu de sacrifier des préten- lions légitimes,dans une monarchie,àl'amour de la liberté et de l'égalité politique dans une répu- l lique, On Ile peut pas d'ailleurs changer son ori-

~;'ne noble, plus que son origine roturière. Il n'y

(25)

INTRODUCTION. xxiij a pas long..temps qu'il existoit eneore descultiva- teurs du nom de de Confignon, descendus en droite ligne mâle des anciens seigneurs de haute chevalerie qui fleurissoient a'u13Csiècle: la char- l'lue qu'ils conduisoient eux-mêmes ne changeeit rien à leur extraction, et il auroit fallu avoir l'âme bien basse, pour se moquer de lapelite épée qu'ils portoient àleur côté, seul reste ,ave-c le cachet de leurs armoiries et une généalogie bien authentique, d'une existence aussi brillante que nobledans les siècles passés.

Je dois observer ensuite que des armoiries , quoique dûment enregistrées dans les livres hé- raldiques de toutes les puissances de l'Europe, ne donnent aucune espèce de droit, de privilége , ni de prétentionsquelconques. II n'y atlaS un cor- donnier en Augleterrequi n'ait les siennes , 00

qui se croie noble pour cela. (Je n'est pas autre chose qu'un signe. particulier au moyen duquel chaque famille se distingue de celles qui portent le· même nom. Sansdoute, les reis et les g,"ands de la terre en foot un usage pluaeonstanr-que leurssujets ou leurs domestiques

,mais

ilsn'em- pêchent point ceux-ci d'en avoir.

Celles' de plusieurs. famillesgene\~oises.sol1-tbletl authentiquementconstatées par les patentes des elnpereurs oudes rois qui les ont données; d'au...

(26)

xsiv INTRODUCTION.

ires lesont également par des titres irréfragables, mais il en est beaucoup dont on ne peut prouver

la

vérité que par l'usage plus ou moins prolongé.

Ilestévident qu'un très grand nombre de familles rt:iugiéesont dû perdre les leurs; elles les ont sou- vent remplacées par celles de leurs parens ou al- liés, quelquefois même par celles d'un ami , dont on héritoit un cachet; on y faisoit fort peu (l'at- tention en général, et il n'y avoit aucun dépar- tement héraldique; mais il est si parfaitement faux que nos lois les aient abolies, comme on l'a prétendut que feu M. le docteur Marcet a ob- tenu (depuis la restauration) un certificat d'ar- moiries du Conseil-d'État, qui certainement ne pouvoit point le lui refuser.

J'ai

recueilli toutes celles dont

j'ai

trouvé des traces, et depuisque j'ai conçu l'idée de les pu- blier, j'ai eu soin de noter où j'avois vu celles que je dessinois à fur et mesure: je ferai connol-

tre

ces notes; mais elles manqueront pour

plu-

sieurs

cachets recueillis avant cette époque. Je n'ai pas voulu les dessiner il la tête de chaque généalogie, pour ne pas renchérirIe prix de cet ou,"rage, mais je les indiquerai eu termes de bla- son, qu'il est très facile de se faire expliquer,

(27)

INTRODUCTION.

CHAPITRE IV •

..

xxv

La magistrature n'a jamais conféré de priviléges exclusifs àGenève; mais ici, comme dans pres- que toutes les autres républiques, eUe conféroit un titre d'honneur àcelui qui en étoitrévêtuet à ses descendans mâles; ils étoient tous qualifiés nobles dans tous les actes publics et particuliers ; le magistrat lui - même noble et honoré seigneur- Assurément, rien n'était plus inoffensif qu'une telle distinction pour toute récompense de ser- vices gratuits, et qui entralnoient le sacrifice corn...

plet de la liberté d'un individu. Il n'y a aucun commis ni garçon horloger, de nos jours, qui travaille autant qu'un conseiller, avant Iarévo- lution. Mon père étoit levé avant six heures du matin , etson temps tellement occupé jusqu'àsÎX:

heuresdu soir,que

tl-ès

sou veut ildinolt debout,

'I)OUravoir plus tût fait, On conçoit cela quand

(28)

xxvj INTRODUCTION.

on songeàla multiplicité des attributions du Con- seil-d'Étatà cette époque; aussi n'imaginoit -on point qu'il suffît d'être riche ou de porter un nom populaire pour entrer dans les charges; on fai- soit des études extrêmement soignées, et on les continuoit, pour ainsi dire, toute sa vie, au mi- lieu des graves occupations qu'on s'étoit impo- sées. Un magistrat ne pouvoit plus vaquer à ses affaires que dans les momens des féries, ou dans les heures prises sur son repos; il se regardoit comme appartenant au public beaucoup plus qu'à sa famille, etaucune considération d'intérêt par- ticulier n'étoit mise en balance contre ses devoirs administratifs. Certes, un dévoûment aussi absolu n'étoit pas payé trop chèrement par un avantage"

aussi simple que celui d'une qualification distinc- tive; il ne coûtoit rien à l'État, et cependant il suffisoit à toutes les ambitions; car l'estime qu'on en faisoit y attachoit une grande valeur de con- veation ; il facilitoit d'ailleurs des mariages avan- tageux, et la réussite des tentatives d'illustration au service des puissances étrangères , soit dans la diplomatie, soit dans le service militaire, pour lequel les Genevois de tout temps ont montré un penchantdécidé, Enfin, cette simple qualification nobleétaitadmise comme })reuve de noblesse dans tous-les chapitres de l'Europe. Il ne s'agit pas

(29)

INTRODUCTION. xxvij maintenant de savoir si cet état de choses étoit bon; cette question est du ressort de l'histoire, et non des généalogies; je me horne iciàconstater l'espèce de privilége héréditaire qui distinguoit les familles patriciennes, et qui

étoit

si bien re- connu qu'il avait donné lieu à desréglemens

(1).

Le mot de patricien choque excessivement , [ele sais, les petits esprits qui s'attachent avec fureur aux mots plutôt qu'aux choses; les hommes sen- sés n'y voient qu'une expression consacrée par l'u- sage de tous les temps et de tous Ies pars; il n'en existe point d'autre pour désigner les familles dont leschefs, honorés de la confiance de leurs concitoyens, ont transmis à leurs descendans une distinction sans valeur politique, mais uni- versellement reconnue pendant plus de deux siè- clesetdemi.Je m'étoisproposé de ne pas en par..

1er du tout danscet ouvrage, et de ne mettre que le nom de chaque individu, sans aucune espèce de qualification, pour lui donner un air d'égalité qui m'auroit plu; mais j'ai changé d'idée en voyant les efforts soutenus qu'on faisoit pour nous représenter au dehors-comme un ramassé

(1)Il fut arrêté en 1585, que les secrétaires de la justice ne qualifieroientpas de nobles , mais seulement d'égrégcs ou nono- l'ables, ceux des auditeurs dont les pères n'auroient }laS été conseillers.

(30)

xxviij INTRODUCTION.

de vagabonds.de "tous les pays, dont quelques in..

dividus, aussi audacieux que ridicules, cherchent à

usurper

des titres et des distinctions incompa- tibles avec notre véritable caractère national. J'ai senti dès-lors qu'il ne convenoit pas. de laisser calomnier ce caractère par ceux qui ne le con- noissent point, et qui loi attribuent une basse ja- lousie et une envieuse malice, propres seulement à quelques individus désavoués par la grande

ma-

jorité de mes concitoyens. Je crois être beau- coup plus fermement républicain que ceux qui ne cessent de vanter leur républicanisme; le leur est dans des mots et des injures, le miendans mon cœur etdans mon esprit; c'est pour cela que je ne crois point nécessaire de renoncer à tous 08$., antécédens, et d'effacer les noms et les qualités de ceux de nos ancêtres qui ont conquis la liberté au prix de leur fortune, et souvent de leur vie, pour les égaliser aux petits écrivailleurs anony...

mes du moment actuel , qui sont devenus Gene- 'Voissansaucune espèce de sacrifice, qui

n'ontja-

mais rien fait pour notre patrie, et qui détestent tout ce qu'ils n'ont pas, comme tout ce qu'ils ne sont pas, dans l'opinion ridicule que, s'ils parvenoient à détruire l'aristocratie des anciens services et du véritable mérite1 ils primeroient par .celle des talensqu'ilsae supposent•. Les.Ii-

(31)

INTRODUCTION. xxix bellistes anonymes sont parfaitement semblables aux brigands qui se cachent dans les buissons pour tirer sur les passans, et J'un d'eux nous a donné dernièrementla juste mesure de leur libé- ralité, en laissant battre un de ses amis à sa place, plutôt que de se nommer et -d'aifillonterlui-même le danger qu'il avoit provoqué.

(32)

xxx

INTRODUCTION.

OHAPITRE ....

C'est précisément parce que je sens le plus pro·

fond mépris pour ceux qui ne peuvent souffrir les distinctions qu'ils ne partagent pas, que je blâme aussi ceux qui,àl'autre extrémité de notre chaîne sociale, affectent des airs de supériorité avec leurs égaux. Nous ne manquons pas de gens très bien nés, etcharmés del'être,qui pren- nent plaisiràsubstituer des prétentions illusoires auxavantages réels qu'ils possèdent, et quisuffi- roient pour les distinguer. Ils ont tort pour leur propre intérêt; mais je ne me crois point obligé de les remettre à leur place, comme on a pensé que je serois peut-être tenté de le faire; je ne saurois concilier mes idées de liberté avec celle de tracasser les autressurdes choses quine con- cernentqu'eux - mêmes, et de les forcer d'être heureux et raisonnables à ma manière plutôt qu'à

(33)

INTRODUCTION. xxx]

la leur. Cependant, sans attaquer leurs erreurs, je puis leur présenter une série d'observations qui ne seront pas sans influence sur ceux qui cher- chent de bonne foi à baser leurs opinions sur la vérité.

Genève étoit une

cité

essentiellement vouée

au

commerce et à l'industrie: les familles les plus nobles prenoientpart à ce mouvement général, et les citoyens les plus distingués sous le rapport de la naissance, tout en prenant la qualité de no- bles qui leur étoit acquise, y ajoutoientcelle de marchand, apothicaire, pelletier, ete., tous les jeunes garçons étoient mis en apprentissage, et de nombreux testamens font foi de l'habitude de leur faire apprendre un métier, quels que fussent la fortune ou' le rang de leursparens. Pour ne blesser personne,

j'en

prendrai un exemple, entre mille, dans une famille éteinte,etdont la noblesse ne sauroit être contestée. Un monsieur Tudert, seigneur de Mazières., cousin du fameux chan- celier Séguier, duc de Villemor, dont une fille épousa en premières noces le duc de Sully,

petit-

fils du célèbre ministre, et en secondes, le duc de Bourbon-Verneuil, fils légitimé du roi Henri IV, vivoitàGenèvej où son grand.père s'étoit retiré

pour la

religion.

Le 6

mai • 1665, CamilleBur- lamachi,sa femme , mit noble Jean de Tudert,

(34)

xxxij

fNTRODOCl"ION.

son fils, en apprentissage chez un maitre hor- loger. En 1672, autorisée par noble Vincent Burlamachi, son père, et par noble et honoré sei.

gneur Louis de la Rue, ancien premier syndic, son beau-frère, elle mit un autre de ses fils, Louis, au serviced'Abraham Pierrot, rnarchand , bour- geois de Nuremberg, pour six ans (I..escommis étoient alors encore nommés serviteurs). Il està propos d'observer que les Tudert n'étoientpoint une famille déchue. Indépendamment des plusil..

lustres alliances en France, ils avoient une exis- tence extrêmement honorable à Genève, où ils s'étoient alliés à plusieurs familles patriciennes,

et

des plus considérées.

Cet usage étoit alors universel, à l'exception d'une ou deux familles réfugiées fort riches et fortpeu nombreuses, qui n'avoient pas adoptéles mœurs genevoises. Il a duré jusqu'au dix-hui.

tième siècle, et toute la différenceostensiblequ'ou faisoit dans un comptoir entre le filsd'un syndic et celui d'un artisan, consistoità attacherun beau ruban an oalai du premier, quand on le lui pré- sentoit pour la première fois, pour balayer le devant de la porte. Cela n'empêchoit point qu'il ne fût qualifié noble dans tous les actes, sans au- cune exceptiou, où il étoit appelé àfigurer, Ile fût-ce que comme témoin. Il n'y avoit aucun

(35)

INTRODUCTION.

xxxii]

genre d'industriehonorable qui fût repoussé par les mœurs de nos ancêtres: une orpheline sans biens servoit·comme chambrière dans la maison de quelque oncle, parent, ouamideson père,et ne, voyoit point de honte à l'état de domesticité dont le destin avoitfait sa seule ressource. (1

>-

Il y a quelque chose d'impie, aussi bien que d'absurde, à rougir de l'état où la Providence nous a placés: rien de plus louable que nos efforts pour l'améliorer; l'énergie nous a été donnée pourcela; mais tant que nous y sommes, il faut le faire respecter par lesaulres, en montrant que nous le respectons nous-mêmes. I...es seuls-mé- tiers avilissans sont ceux de mendiant etdebour- reau; encore le premier ne l'est-il que lorsqu'on (t) ]e ne puis concevoir le sens des déclamations puériles contre l'état domestique, voilées sous le masque de la sympathie.

Iln'est pas plus honteux pour un paysan de porter la livréed'un propriétaire, qu'ila librelnent choisi pour son maître, et qu'il peut quitter dès qu'il cesse d' en être content, que de porter un uniforme qu'on le force .d'endosser malgré lui, et qu'il ne peut quitter sans s'exposerà être emprisonné ct fusillé, Assurélllcnt si le mot d'esclavage ou de servitude peut ètre appliquéàl'un des deuxcas, ce n'est pasaupremier, et c'est hien malàpropos qu'on l'insulte en prétendant le défendre. lieureuselnent nos domestiquesont trop de sens pour se laisser aigrir contre l(lur position sociale pal' les harangues {le ces tribuns de cuisine, et ils préfèreronttoujoursun habifélégantctcommodequ'en leur' donne ,à l'accoutrementdésagréable qu'onlesforeed'acnetcr.

c

(36)

xxxiv INTRODUCTION.

pourroü en prendre un autre. L'épileptique qui demande un morceau de pain qu'il est hors d'élat de gagner, n'estpas plus méprisable que le riche qui sollicite une place: les sentimens intimes cie l'un et de l'autre peuvent seuls mesurer l'estime qu'ils méritent. Gardons-nous donc hien de re..

garder avec dédain telle profession que ce soit, tout comme d'en prôner quelques - unes avec extravagance, à l'instar des sentimentalistes de la révolution; ce n'est jamais par vertu qu'on se fait laboureur; c'est par goût ou par nécessité, et nous ne devons pas plus de reconnoissance à ceux qui cultivent la terre et nous procurent du pain, qu'aux juges qui administrent la justice pour un salaire qu'ils ont brigué.

Ce qui convient, dans une petite république comme la nôtre, c'est de regarder tous nos conci- toyens avec la même bienveillance, quelle que soit leur place sur l'échelle dont nous nous ser- vons, comme eux, pour notre bien particulier beaucoup plus que pour le bien général. Chacun y contribue de son. côté, parce que Je bonheur d'une société se compose naturellement de celui de tous les individus qui la forment: quantàl'a- mitié,àl'estime, ou aux sentimens contraires, ils dépendent de la conduite de chacun envers les autres,

(37)

INTRODUCTION.

CHAPITRE VI •

xxxv

La plupart des Genevois étoient voués au com- merce, comme je l'ai dit; les autres principales sources de fortune étoient l'étude du droit et la profession de notaire.

Les jurisconsultes, peu nombreux au quator- zième et quinzième siècles, jouissoient de la plus haute considération: on ne pouvoit guère se con- sacrer à cet état sans être riche, àcause de l'ex..

trême cherté des livres avant l'invenlion de l'im- primerie, de la longue étude qu'il exigeoit, et du temps qu'on consumoit, par conséquent, àac- quérir les moyens de .recouvrer ses dépenses;

aussi alloient-ils de pair avec la haute noblesse:

on leur dounoit Je litre de vénérables seigneurs;

on les payoit largement, on les appeloit au Con-- seil, où ils avoient des siéges d'honneur; on les créoit même quelquefois syndics sans qu'ils fus.

(38)

xxxvj lNTRODUCTJON.

sent bourgeois; enfin, c'étoit les hommes les plus respectés du pays. Cette considération si pro- fonde diminua graduellement, à mesure que ce genre d'étude devint plus accessible; cependant, elle étoit encore très grande à l'époque de la ré- formation et trente ans plus tardj ceux des ré- fugiés françois qui professoient le droit étoient constamment consultés, et leurs familles furent accueillies avec un empressement particulier.

Le notariat Ile pouvoit manquer d'être extrê- mement lucratif, dans un temps où l'on ne fai- soit pas la moindre transaction sans l'assistance d'un notaire, ne s'agît-il que d'une affaire de deux ou trois florins. Indépendamment de toules les occasions 011 l'on se sert d'eux aujourd'hui, et qui étoient beaucoup plus fréquentes alors, parce que, par exemple, les plus pauvres gens ne se marioient point sans contrat (1), et que les plus riches les faisoient précéder d'un contrat de fian- çailles; il yavoit alors plusieurs espèces d'actes dont l'usage a beaucoup diminué dès-lors, et d'autres qui ne sont plus connus. Par exemple, tout ce qu'on fils gagnoit par sa propre industrie appartenoit de droit à son père jusqu'à ce que Cl)Lecontrat se passoit tr-ès souvent {les mois et même plu- sieurs années après le mariage, quelquefois même aprèsla mort de l'une des parties, enguisede transaction avec ses héritiers.

(39)

INTRODUCTION.

xxxvi]

celui - ci lui en eût fait une donation en formet qui s'appliquoit , non à ce qu'il avoit gagné jus- qu'alors, mais

à

ce qu'il gagneroit par la suile;

c'estcequ'on nommoitdonation d'acquit.Les cau- tionnemens et revers decautionnemens étoient nombreux

à

l'excès: la dot d'une femme, quelque modique qu'elle fût, ne se payoit <Jue rarement Je jour du mariage; elle éloit ga'~antie par de nombreux répondans , et sa restitution de même.

La dot d'Isabelle de Livron, femme de Bolet Gay C. G., petite-fille de messire Henri de Bos- sillon, chevalier, mariée par contrat du

4.

août 1405, n'étoit que de

quatre

cents

80.·.05,

et fut garantiepar plusieurs seigneurs des environs dont Ia plupart étoient ~galement·garansde la restitu- tion: j'ai choisi cet exemple de préférence entre plusieurs aul res ,. parce que les maisons de Li vron et de Rossillon sont connues pour avoir été du tout premier rang de la noblesse, et qu'il montre (comme une multitude d'autres) (es alliances que les citoyens de Genève formolent alors avec des maisons d'une illustration historique•.

Les apprentissages, qu'on nommait assujétisse- mens, multiplioient aussi beaucoup

les actes ,

on ne pouvoit exercer un métier1 sans avoir finI un apprentissage, d@I"Jt le terme éloit fixé; mais quelquefois le Inaitre s'engagcoit à donner quit-

(40)

xxxviij

INTRODUCTION.

tance à son apprenti, dans un terme beaucoup plus court.

Les ventes de cense donnaient lieu àune mul- titude de transactions par devant notaire; les églises ettoutes leurs chapelles avoient constam- ment des fonds àplacer; c'étoit aux recteurs 00 aux procureurs de ces établissemens qu'on s'a- dressoit pour emprunter de l'argent, et ils ne se contentoient pas d'une hypothèque; il falloit en- core des répondans pour les intérêts, soit la cense annuelle qu'onétoitsupposé vendre. Larareté du numéraire multiplioit aussi les obligations et les quittances au-delà de toute idée; dès qu'il s'agis- soit d'unachat de quelques centaines de florinst on prenoit un grand nombre detérmes, à chacun desquelsily avoit un paiement partiel avec quit- tance, toujours par devant notaire, car on n'i- maginoit même pas que cela pût se faire au- trement.

Les commissions d'extentes étoient encore une source considérable de .profit pour cet état; tous les seigneurs avoient des vassaux qui tenoient d'eux les propriétés qu'ils habitoient ou culti- voient, et l'on en faisoit la revue à des époques pIns ou moins rapprochées. A ces époques ,cha- que. tenancier

étoit

tenu de reconnottre par de- vant le notaire ,commissaire d'extentes , qu'il

(41)

INTRODUCTION. xxxix tenoit telle et telle maison ou pièce de terre du seigneur , et qu'il lui devoit telle et . telle rede- vance, ordinairement payable àla Saint-Michel, en argent, en chapons, ou en provisions de diffé- rente .nature ; souvent aussi tel et tel service,au- quel il étoit héréditairement obligé. Lorsque la postérité, et souvent la seule postérité mâle, du premier tenanciervenoit às'éteindre, l'immeuble retournoit de plein droit au seigneur; les plus proches pareos ducôté maternel n'avoient rien à y prétendre: lorsque la ligne avoit été fort courte, et qu'il y avoitdes pareos du côté paternel à un degré fort proche, le seigneur consentoit assez volontiers à leyr remettre d-e nouveau le même objet: si .l'on omettoit de reconnoltre, pendant une génération, on perdoit la possession sans re- tour

moins que le seigneur ne voulût bien ex- cuser cette irrégularité. Telle est l'origine de la plupart des droits féodaux.: c'étoient des redevan- cesannuelleslibrement consentiespourla remise conditionnelle d'un terrain quelconque; c'étoient de véritables haux à ferme, prolongés indéfini- ment, On n'y reviendra probablement jamais , après I'infâme pillage auquel ils ont donné lieu.

Les notaires étoientdeplus assezfréqnemmeut créés secrétaires ducaux, ce qui leur donnoitIa noblesse, (1uandils ne Pavoieutpas par leurnais-

(42)

xl

INTRODUCTION.

sanee;mais ils étaientpresquetoujours de

familles

distinguées. Dans les siècles barbares, où pres- que seuls ils savoient lireetécrire, leurs fonctions étaient d'une si haute etsi importante responsa- bilité ,qu'on ne pouvoit guère les confier qu'à des hommes que leur position socialemettoit

à

l'abri de toute tentation; aussi étoient - elles souvent exercées parlesmembresde ladynastie régnante, dans les principautés lombardes d'Italie; elles étoient déjà moins considéréesàl'époque dont nous pouvons avoir des renseignemens certains, dans notre pays, etsurtoutàGenève, où il yavoit de tl-ès bonnes écoles établies de temps immémorial;

mais cette profession étoit encore fort estimée.

Il y avoit singulièrement peu de médecins : à peine en peut-on compter un ou deux par géné- ration: quand on étoit malade, on se faisaitsoi- gner par des barbiers, qui étoient toujours chi- rurgienst et qui jouaient, par cette raison, un rôle biendifférent de celui qu'ils ontaujourd'hui.

C'est une

circonstance très remarquable que cette rareté extrême des médecins, et il y en a une autre qui me feroit croire qu'elle tenoit

à

la ra- reté des maladies: c'est que fortpeu de personnes mouroietltab .,,"ntestat , et que l'immense majorité destestamensconnus ne sont datés que de peu

de joursavaot la mort

des testateurs;

la plupart

(43)

INTRODUCTION.

xl]

de ceux qui la précèdent de quelques années, sont faits àla veille d'entreprendre un voyage ,chose d'un danger sérieux dans ces temps-là.

Les apothicaires étoientpresque tous de fa- milles nobles et riches; indépendamment des dro- gues qu'ils vendent aujourd'hui, leur commerce comprenait aussi celai des chandelles et des cierges qu'on employoitaux enterremens,

et

celui des épiceries. Quelques-uns étoientencore pâtis- siers, par-dessus le marché; mais peut-être Il'é- toit-ce que ceux qui, ayant épousé une veuve, héritière d'un commercebien achalandé, le con- tinuoient avec Je leur.

Quant aux métiers, ceux de couturier (tail- leur) et de cordonnier, paroissent avoir été exercés fort en grand. On portoit des souliers

à

vendre en masse dans toutes les foires des envi- rons ,et probablement dans d'autres plus éloi- gnées, et une rue de Genève senommoit Ia rue des Cordonniers. Lescouturiersétoient tellement nombreux et paroissent avoir

été

si riches, qu'ils travailloient sans doute encore plus en grand.

Je n'ai rien observé de parfieulier suries autres métiers, si ce n'est que les peirolîers (chaudron- niers) étoient aussi fort riches et considérésj les charpentiers se nommoient

alors chapuis ; et les

maçons. lathons,

(44)

xlij

INTRODUCTION.

Au reste, je n'indiquerai point les métiers qu'exerçoient quelques-uns de ceux qui paroîtron~

dans ces généalogies, parce que cette eireen- stance, indispensable pour assister le généalogiste dans ses recherches, n'est plus d'aucune utilité quand elles sont terminées et que, surtout, je seroisdésoléde faire de la peine à qui que ce fût:

je serois d'ailleurs inexcusable, si j'abusois de l'accès à toutes les sources d'investigations de ce genre, pour punir par des indiscrétions volontai- res, les airs parfois un peu impertinens de quel- ques personnes qui se croient supérieures, parce qu'elles sont moins instruites; je trouve qu'on ne peut en être blessé que quand on manque de la fierté qui sied à tout homme d'honneur; cepen- dant, je conçois qu'ils échauffent la bile de ceux qui ne sont pas assez gais pour en rire.

n

est nécessaire d'observer que Genève ayant fréquemment suivi les erremens des républiques italiennes, avec lesquelles elle étoit en grande re- lation, il est probable qu'elle adopta la loi qui forçoitchaque citoyenàêtre membre d'un corps de métier (commec'est encore lecasà Londres) pour

pouvoir

parvenir aux charges municipales.

(45)

INTRODUCTION.

CHAPITRE VII •

..

xliij

Les familles étoient jadis incomparablement plus nombreuses que de nos jours; mais la popu- lation n'en augmentoit pas pour cela, parce que la mortalitéétoit aussi incomparablement plus considérable. Daniel Favre, Svde Châteauvieux, dont lapremière femme étoit une demoiselle de Jaucourt, d'une des plus illustres maisons de France, en eut douze enfans en seize ans; puis ilen eut encore sept en treize ans d'une demoi- selle Iaquemet, sa seconde femme: je crois que de ces dix-neuf, à peine trois parvinrent àl'âge de se marier. - Un de ses ancêtres, François Favre, premier conseiller-d'état de

cette

famille)

eut

pour

le meinsonze

enfans, tous mariés; ce- pendant, il ne reste plus aujourd'hui queM. Favre- Bertrand. 00 avoit le temps

d'en faire

beaucoup, parce que les femmes se mariaient

beaucçup

plus jeunes que de nos jours, et le

plus

fréquemment

(46)

xliv INTRODUCTION.

de quinzeàdix-sept ans; et puis le veuvage n'é- toit jamais long•.On étoit souvent remariée au bout de trois mois, quelquefois plus

tôt;

il paroit cependant qu'il

y

a voit un terme fixé par la loi, car j'ai vu la requête d'une veuve au Conseil (vers

1540),

demandant la permission de se re- marier, « attendu qu'il y a DÉJ.A.. cinq mois qu'elle est veuve,» Plus une femme avait eu de maris, et plus elle trouvoit de facilités à se rema- rier, parce que l'augment de sa dot alloit en croissant, de telle manière que si elle avait le bonheur d'en enterrer quatre, sa fortune étoit plus quequintuplée, indépendamment des dona- tions entre-vifs, des legs, des cadeauxqui étoieut arrivés dans l'intervalle et 'lui l'augmentoient en- core considérablement. Aussi en abusoient-elles assez souvent, et quelquefois au point que le Conseil se croyait obligé d'intervenir et d'arrêter les annonces, ccattendu qu'elle est vieille et qu'il est jeune compagnon.» Le cas dont je transcris ees.mots, était celui d'une dame âgée de plusde soixante-dix ans, qui voulait épouser un commis du

défunt,

qui n'en avoit pas vingt-cinq, je crois.

On

eut

toutes les peines du monde à empêcher cette.union ridicule.

Aqresle,.

les femmes avoient, en

général,be-

soiu de

ces

avantages, car on

ne leur donnoit

(47)

INTRODUCTION.

xlv

que fort peu de chose en les marlante

tout

alloit aux fils , qui partageoient ordinairement par égales portions, et bien des hommes Iaissoient leur héritageàleurs frères, quoiqu'ils eussent des fillesmariées.Il paroît cependant qu'ellesavoient une légilime, carily a assez de transactions pour des augmentations, on comme on les nommoit, des méliorations de dot, réclamées des héritiers.

J'ai vu un contrat de mariage d'une famille très puissante de nos jours, où la demoiselle avait neuf florins de dot et trois florins de joyaux. C'é- toit en 14.87- J'en aivu un autre 011 c'étoitlemari qui apporta deux cents florins dans la maison de sa femme ,demoiselle noble. Messire Amédée de Viry, chevalier, noble Jean de Viry et vingt-deux autres furent garans, en t

430,

de la dot de Jean- nette Guignet, femme de Jean Gervais de Sise- gnin, de douze livres, dont quarante sols furent payés d'avance. Il ne faut pas en conclure que c'était là.àpeu prèsce qu'on donnoità une tille en la

mariant:

la di

fférence à

cet égard entre fa- milles alliées et amies,

étoit

immense, surfontplus Iarde deux demoiselles de

la .

même société

et

proches parentes, avoient l'une six cent florins, l'autre dix mille ; rune huit mille, l'autre cent- vingt

miller

je parle ·de différentes époques

avant

le dix-huitième siècle, où

l'on

trouve

à

peu près

(48)

xlvj

INTRODUCTION.

la même proporlion, ou pour mieux dire la même disproportion: la richesse étoit beaucoup moins considérée q.ue le nom.

Je pourrois multiplier les traits de ce genre, mais comme ils sont du domaine de l'histoire et qu'il en paroltra un grand nombre dans mesMatériaux historiques,je me borne à ceux-ci en cet endroit, d'autant plus qu'il me reste encore diverses par- ticularités à ajouter sur ce qui a plus particuliè- rement rapport aux généalogies.

On donnoit assez fréquemment le même nom de baptême à plusieurs fils et à plusieurs filles.

Jean Maillard, qui testa en

1504,

avoit quatre fils nommés Jean. On les distinguoit par les sur- noms de Jean l'aîné, méan Jean, Jean le cadet et Jean des moulins: ce cas est fort rare; mais pour deux fils, c'étoit extrêmement commun, et cela em- brouille beaucoup de généalogies. Une autre cause de confusion, c'est qu'on avait assez souvent deux noms de famille, et quelquefois jusqu'à trois: par exemple, de Leyssu, alias Privessin , allas Jacod. Les doubles noms venoient le plus ordinairementd'unsecond mariage de la mère;

ses enfans du premier lit étant élevés avec les autres, on les nommoit tous de même pendant qu'ils étoient jeunes, et par la suite, .tantôt d'une manière,tantôt del'autre.

(49)

INTRODUCTION.

xlvij

L'orthographen'étoit point fixe pour les noms de famille: un frèremettoit deux lettres là où l'autre

n'en mettoit qu'une

i par

exemple, plu-

sieurs Lullin sesignoient Lulin,~Ja plupart avec deux l.Certains notaires , surtout, estropioient les noms de la manière la plus barbare, et met- toient Canard pour Canal, Chauffat pour Chauf- fard, Poupe pour Stoppa, Coquelimbert pour Guglenberg, etc,.; etc. I...es ministres n'étoient guère plus exacts,et leurs registres étoient sou- vent fort difficiles à déchiffrer. Ces registres datent de l'année 1550, et toutes les familles éta- blies à Genève à cette époque, peuventy remon- ter leur ascendance sans autre difficulté que celles fJue je viens de signaler. Pour aller plus loin, il faut avoirrecours auxminutes des notaires, aux terriers ou livres de reconnoissances et aux testa- mens et contrats de mariage en parchemin» qui ont

été

conservés en gr:lnd nombre, ainsi que les Itéglemens d'hoiries, partages, quittances de dot, etc., etc. Pour toutes les pièces du quinzième siècle et antérieures, il

y

a une autre difficulté , c'estl'écriture:· deux i, un u , un n , ne peuvent se distinguer que par une espèce d'instinct: lev n'éloitreprésentéque parun u ;voilàdoncquatre variantes pourune.seule lettre: in, ni, ni, vi, in, rn; en voilà six pour une autre, et quand ces

(50)

xlviij

INTRODUCTION.

lettres se trouvent rapprochées,on ne sait plus où l'on en est : par exemple, il y a eu en 1468 un syndic nommé Claude Bavunel , dont j'ai vu le nom dans une foule d'actes, sans pouvoir ima- giner si c'étoit Rammel, Banimel , Raminel, Ra- nuvel, Rainivel, Bannuel, ou quelque autre corn- hinaison formée par ces six barres toutes sem- blables: jepenchois pour la première version, parce que nous avons eu un peu plus tard des Ramel .. dans la magistrature, lorsqu'enfin je trou- vai son nom écrit avec uno au lieu d'un u , Ra.

vonel (1). C'estici le moment d'observer que 1'0 se prononçoit ou, et qu'on écrivoit Tarnier, Jl'ornier, Bordon , au lieu de Tournier, Fournier, Bourdon.

Je n'en dirai pas davantage, pour la même raison qui m'a arrêté plus haut; c'est que ces observa- tions auront une place nécessaire dans la partie de mes Matériau$ historiques relative au lan- gage. D'ailleurs, cet ouvrage devant se composer de plusieurs volumes, je pourrai ajouter en sup- plémentà l'un d'eux ce que je trouverois encore digne de remarque, en rédigeant les généalogies.

J'aurois désiré pouvoir les 'ranger en ordre alphabétique pour la

commodité

des lecteurs;

(1)C'estce qui a induit en erreur' tous nos écrivains sur Je nom. de Bonivard, qui nedoit avoir qu'un ", et auquel Ils en donnentdcux..

(51)

INTRODUCTION.

xlix:

mais cela auroit été désagréable.poureuxàd'an- tres égards :ce·p.remier .volume,parexemple, n'auroit pu contenir que les noms commençant par a, bet c, de sorte qu'il n'auroiteu que peu d'intérêt pour un très grand nombre de personnes, tandis qu'en mélangeant toutes les lettres, chaque volume en intéressera UI) nombreà

p,eu

près

égal:

d'ailleurs le répertoire alphabétique de chaque partie sera suivi, à la fin de l'ouvrage , par un répertoire général, qui donnera toute facilité pour trouver chaque généalogie

à

sa place. J·e voulois aussi insérer, sans retard ,celles qui m'ont été communiquées, ou pour lesquelles on m'a témoi- gné plus de curiosité, et je le ferai également par la suite.

Ce premier volume a été retardé par des inci- dens et des considérations qui m'ont engagé à changer mon plan presque ell entier: les autres ne se feront point attendre aussi long-temps.

J'ai cru utile de donner la généalogie des prin- ces Lombards de Salerne, pour montrer comment se sont formés la plupart des noms de famille, qui ne sont pas des noms de terres, de métier, de localité, ou des sobriquets. On y verra ce qu'on pourroit sans doute exemplifier dans-beaucoup d'autres qui remonteraient

aussibauf., -e'estque chaque familleavoitun nom

·debaptême favori,

cl

(52)

1

INTRODUCTION.

qui se donnoit

à

un fils de chaque génération dans chaque branche; lorsque les familles devinrent nombreuses, on les distingua par l'appellationdes Gaifier ou Gaffre, comme dans ce cas, des Albert

ou

Aliberts, desSigismondi,

des

Richards,

etc.

Une multitude de noms sont aussi des noms de baptême sans qu'on s'en doute en général, soit

par~eque ces noms ne sont plus en usage de nos jours, soit parce qu'ils ont été corrompus: par exemple, Eynard, Achard, Aubin, Mugnier, Bou- chard, Saladin, Roland, Rigaud, Borel, Bon,Fazy, Gallois, Garnier, Gervais, Guigon, Hurnbert, Vautier, Loup , Merlin, Ramu, Vaucher, etc., etc., etc.,étoient autrefoisdes noms de baptême•

. Alibert est nne corruption d'Albert, Ardin,d'Ar- douio; Berthet, de Barlhélemi; Colart , de Nico- las; Franc, deFrançois; Galley, de Galois; Galiffe, deGaïfre; Girod,de Girard; Guillerme , de Guil- laume;Gaudin, deRi.gaud;Guigonat, de Guigues,

etc.,

ete.t

etc.

Leg'et le wsont la même lettre,

on

ne

sait

trop pourquoi;letu de même ;bet v, l et r sont constamment confondus dans lesan- ciennes .chroniques

,et

cetteobservation identifie beaucoup de noms qui paroissent dissemblables à la première vue. J'ai peoséque bien des gens se- foientcurieux de connoltre l'étymologie de leur

0001.

iflout

le

plus.

SOlJventils.

ne.

se

doutentpas,

et je l'ai indiquée lorsqu'elle m'était connue.

(53)

.4.VERTISSEM(t~N~I~.

J'aurois désiré pouvoir mettre ces généalogies dans un ordre chronologique ponr qu'elles ser- vissent de pendant et de clef aux Matériaux liis- toriquesdont la publication doit être simultanée;

mais ce travail extrêmement pénible auroit pro- longé des retards dont on m'a déjà fait,de justes reproches: d'ailleurs son utilité n'auroit

été

que passagère ,en attendant lesvolumes qui doivent suivre. J'ai donc préféré insérer dans. ce premier volumelesgénéalogiesd'un intérêtgénéral,ceUe, des fondateurs de notre république,etde ceux qui lui ont donné le plusde lustrepar leursécrits:

si elles (le remplissent pas complétement le pre- mier volume,

j'y

ajouterai celles des familles dont l'établissementà Geuève remonte an delà deI'é- poque de la~éfortnation: celles qui. ne sont pas

encore prêtes seront insérées-dans les

volumes suivans,

Voici l'explicatiendes

ahréviatioDset.dessÎ-

gnes dont je

me!·

suis servi:

(54)

Iij

AVERTISSEMENT.

Ambasal'Ambassadeur. f. filsou fille.

Audl' Auditeur. ffeu, fils ou tille de feu.

Anc· Ancien. hab' hâbitant.

BO Baron. bérr univ. héritier universel, BI Bourgeois. hop. hopitalier.

B. G. Bourgeois de Genève. L. Conseil des Cinquante.

C. Citoyen de Genève. LX. Conseil des Soixante.

Cf. Comte. mare marié ou mariée.

C. G.Citoyende Genève. N.N.personnedoutjon ignore CC. Conseil des·Deux Cents. le nom.

Chane Chanoine. n, ne ou née.

Chape "Chapitre. No. noble.

Chato Chatelain. quittee dote quittance dotale.

CohérrCohéritier ou Héritière. recee reconnoissanee,

CODserConseillêr. reg. cons.registresduconseil.

Cos. Conseigneur. S.seigneur

D. Dame. s. a. sans alliance-

D. C. R. Député·àu Conseil s. e. sans enfans, Repréèentatif. s.p. sanspostérité.

DI' Dr. Docteurendroit. S. V. Saint-Yictor;

DI' Méd. Docteur en méde- Spa Speetahle,

cine. Trés" Trésorier.

%1"0 Eg1"ege. vivt vivant.

Êp. épousa.

t

mort, morte.

Les chiŒres romains indiquent les degrés de filiations en .commençant è l'individu depuis le- quel elle est prouvée.

Leschiffres arabes indiquent lesenfansde cha- cun de cesdegrés principaux, ordinairement par rang d'Age.

Les lettres sont

pour

les enfans de ces

enfane

t

«Juand la postérité s'est arrêtée à eux.

(55)

1I01:ICM

"

.

fi E NE Â..L O·G I-Q U ES.

~.:.

ANCIENNE fàmilte nobleer sans contredit la plus.

illustre de Genève, puisqu'elle a produit Besan- çon.

Hugues.

Je

père de la

patrie

et Je

fondateur- de notre indépendance, deux.autl'es syndics avant

la

réformatien,deux: chanoines

de

Saint-Pierre, dont

l'UR

fut cardinal, et deux ehampiensà

la:

bataille de Morat:ily a toute ap.parence que Ja~

ques Hugu-es,recteur de .lahaute école à Basle, en

1474.,

éloitleur frère.

Pierre Hugues, de Cepponex , fut reçu B. G.

l'el3 septembre 14,99, pour septfJorins :.il yha~

bitoit déjà auparavant.

Révérendissime· Messire Gui1'1a wne ."

Huguea,

chan" deGeuèverfcard-iI,)aldu titre <Je .

Saint-

(56)

HUGUES.

Marcel, est connu pélr les livres de comptes du chapitre en

14.48.

Jean Hugues contribua en 1457 pour 20 Bor.

à un emprunt de la ville. Ayant épousé la fille unique de Rolet Arnaud, cons'" de la ville, mais natif de Strassberg, au canton de Zurich, il parolt qu'il alla s'y établir. Ses fils Jean et Conrad sont comptés parmi lesZuricois qui combattirent àla bataille de Morat, en 1476, et ils sont constam- mentqualifiés Allemands dans une multitude d'ac- tes passésà Genève pour la succession de leur gl'and père maternel et autres, L'aîné, Jeau , presque toujours nommé Anzo, pour Hanz~ diminutif de Johannes, en Allemand , était déja revenu à Genève en 1479: il est cité comme témoin, cette année., à une vente faite par

Ayma

Gonteret, veuve de Jean Lossier, aux Altariens dela Made- laine. En 1497 il étoit du Conseil des Cinquante età la tête d'une députation des pelletiers,dont le commerce étoit immense à cette époque. Les deux frères étaient, en 1500,conseillersde la con- frérie de l'Assomption, fondée par les pelletiersil la M'adelail1e:l'assemblée , pour le choix d'un commissaire d'extentes , se tint dans leur maison le 5 février de cette année, en présence de Pierre Pelissier elConrad W ycticb, d'Allemagne,leurs

«erviteurs., c'est..à-dire leurs commis.

Références

Documents relatifs

Chacun a trouvé l'article &lt;le sa famille beaucoup trop court, ct tout les autres beaucoup trop longs ; rel a devait être, si j'ai su tenir une juste balance. Il est nature')

J'ai raconté un épisode, mais ce qui a été le plus important pour moi c'est d'avoir connu le monde de la coopération, le travail de groupe, qui m'a aidé dans mes rapports avec

THÉORÈME 1'. — Si /AI, ^2 ? • • • î/^r sont des entiers p-adiques deux à deux distincts et si ai,..., dr sont des éléments non nuls du corps F, alors la série formelle

Dans tous ces mots, encadre la partie que l’on retrouve pour une même famille. plant er plant ation trans

 Les mots qui ont un radical commun appartiennent à la même famille , ils font tous penser à la même chose ou à la même idée.. Ex : lire - lisible - relire -

 Les mots qui ont un radical commun appartiennent à la même famille, ils font tous penser à la même chose ou à la

ﺾﻌﺑ ﰲ ﺪﳒ ﺎﻨﻧأ ذإ ،ﺞﺘﻨﳌا ﻒﻴﻟﺎﻜﺗ ﺎﻬﻌﻣ ﺖﻌﻔﺗرا ةدﻮﳉا ﺖﻌﻔﺗرا ﺎﻤﻠﻛ ﻪﻧأ ﻰﻠﻋ ﻢﺋﺎﻘﻟا مﻮﻬﻔﳌا ﺾﻔﺨﻨﻣ ﺔﻴﻟﺎﻌﻟا ةدﻮﳉا وذ ﺞﺘﻨﳌا نﻮﻜﻳ يأ ﻒﻴﻟﺎﻜﺘﻟاو ةدﻮﳉا ﲔﺑ ﺔﻴﺴﻜﻋ ﺔﻗﻼﻋ

Pour dépasser cette opposition stérile et esquisser une typologie des systèmes de contrôle ou de gouvernance, il nous semble intéressant de distinguer et de croiser deux