1558
Revue Médicale Suisse–
www.revmed.ch–
10 août 2011actualité, info
revue de presse
Baisse du nombre de caisses-maladie : une tendance de fond
La tendance s’accentue : le nombre de caisses-maladie proposant l’assu- rance obligatoire des soins ne cesse de diminuer. En 1996, lors de l’intro- duction de la loi sur l’assurance mala- die (LAMal), la Suisse en comptait 145. En 2011, ce chiffre est tombé à 64 entreprises juridiquement indépen- dantes, confirme l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Un phé no- mène qui n’est pas anodin : en 2009 encore, l’OFSP comptabilisait près de vingt caisses-maladie de plus, soit plus de quatre-vingts entités…
Parmi les fusions les plus importan- tes intervenues ces derniers mois, l’OFSP souligne la réduction de 16 à 4 du nombre de caisses au sein du Groupe Mutuel. On peut citer le ra- chat de Xundheit par Sympany, ou encore la fusion, dès 2012, d’Auxilia avec Intras (Groupe CSS). Enfin, si
l’on considère que les grands grou- pes détiennent plusieurs filiales, la concentration paraît plus évidente en- core : ainsi, les cinq plus grands as- sureurs du pays – Helsana, CSS, le Groupe Mutuel, Sanitas et Visana – détiennent près de 50% du marché.
Et les sept plus grands groupes as- surent près de cinq millions de per- sonnes…
Les prédictions de l’ex-conseiller fé- déral Pascal Couchepin, ou de l’ex- patron de la Santé, Thomas Zeltner, qui imaginaient, à terme, compter avec «cinq ou six grandes caisses en concurrence les unes avec les autres», vont-elles se réaliser ? De toute évidence, le nombre des ac- teurs de l’assurance maladie tend, de manière générale, à diminuer, re- lèvent les spécialistes de la branche.
Qui avancent plusieurs explications.
Aux yeux de certains observateurs, il devient de moins en moins avantageux pour les grands groupes de créer des caisses bon marché, autrement dit des caisses qui proposent des pri mes basses pour attirer les bons risques.
Dès 2012, la compensation des ris-
ques, qui prévoit une redistribution des coûts entre les assureurs, selon l’état de santé de leurs assurés, sera affinée. Il ne sera plus tenu compte uniquement de l’âge et du sexe des assurés, mais aussi du «risque élevé de maladie» de ces derniers, réalisé en cas de séjour de plus de trois jours dans un hôpital ou un EMS au cours de l’année précédente.
Dès 2014, un critère supplémentaire pourrait être introduit, mesuré sur la base de la consommation de médi- caments des assurés. Une évolution soutenue par la faîtière des caisses Santésuisse, ce qui a d’ailleurs sus- cité l’ire de certains de ses membres.
Les grands groupes ont-ils pris les devants en réduisant le nombre de leurs filiales, histoire de ne pas voir leur facture gonfler à l’avenir ? (…)
Valentine Zubler Le Temps du 8 juillet 2011
Alain Pécoud : la passion de la médecine générale
(…) Au tournant du siècle, constate le directeur de la PMU, l’innovation tou- che à ses limites. Notamment en rai- son de la progression «fantasti que»
des coûts. Le marché devient «un par- tenaire envahissant», ses relations avec les médecins sont «équi vo ques».
Les «twin engines» ont accéléré le progrès mais perturbent la transpa- rence des liens thérapeutiques.
D’où ce dilemme contemporain : mon médecin est-il sous l’influence du mar- ché ? Qu’il me donne ce médicament, qu’il propose cette opération, est-ce bien nécessaire ? «L’incertitude et la méfiance appellent davantage de trans parence», résume Pécoud. C’est, annonce-t-il, la troisième révolution de la médecine : le patient a besoin d’un médiateur.
Pourquoi miser sur le généraliste ? Parce qu’il est le professionnel «le plus éloigné de l’industrie et le plus pro- che de la population». Et de citer les travaux pionniers de Barbara Starfield, fameuse épidémiologiste de Baltimore, en marge
38_39.indd 1 08.08.11 12:05