HAL Id: jpa-00237031
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Submitted on 1 Jan 1875
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par suite du mouvement de la source lumineuse et du mouvement de l’observateur
Mascart
To cite this version:
Mascart. Recherches sur les modifications qu’éprouve la lumière par suite du mouvement de la source lumineuse et du mouvement de l’observateur. J. Phys. Theor. Appl., 1875, 4 (1), pp.129-134.
�10.1051/jphystap:018750040012900�. �jpa-00237031�
129
RECHERCHES SUR LES MODIFICATIONS
QU’ÉPROUVE
LA LUMIERE PAR SUITE DU MOUVEMENT DE LA SOURCE LUMINEUSE ET DU MOUVEMENTDE L’OBSERVATEUR;
PAR M. MASCART.
Le dernier travail que
j’ai publié
à cesujet
a étéentrepris
pourrépondre
au programmeproposé
par l’Académie des Sciences pour legrand prix
deMathématiques,
cIlI 8~0 ~’ ~ .
On
sait, d’après
la théorie deDc~eppler, qui
a été confirnlée par di-verses
expériences d’acoustique,
que la distance des ondes élllises parune source de vibrations sonores ou lumineuses n’est pas la même suivant que l’on considère la
propagation
dans lc sens ou en senscontraire du mouvement de la source. Si donc il était
possible d’opérer
avec desappareils
immobiles et d’observer la luniièrequi provient
d’une source dont la vitesse de translation serait compa- rable à la vitcsse depropagation
de lalumière,
la réfraction d’unepareille
lumière dans unprisme dépendrait,
par une relation très-simple,
durapport
de deux vitesses et del’angle qu’elles
fcraient ·entre
elles;
mais ces conditionsexpérimentales
ne sont pas réali-sables,
parce que la Terre se meut dansl’espace
avec une N hcsse(lui
est
le §
de la vitesse de la lumière et que l’observateur et les instrumentsparticipent
nécessairement à cette translation.Arago
avait annoncé que, si l’on observe deux étoiles tcllementplacées,
que la Terre marche vers l’une ets’éloigne
de l’autre en vertu de son mouvement detranslation,
la réfractionapparente
que subit dans unprisme
la lumièrcprovenant
de ces deux étoiles estexactement la même. Ce résultat
parut
inconciliable avec la théorieae
l’émission,
et 11 resnel essaya d’en rendrccompte
dans la théorie desondulations,
en admettantclu’um
milieuréfringent
en 1nou, c- menttransporte
ai ec lui unepartie
seulement de l’étherqu’il
rcn-ferme. Il démontre ainsi cluu, dans un milieu cn 1110UB mm~llt, la vitesse de
propagation
des ondes lumineuses dans le sc.~ls LI II mou- vement du milieu estaugmentée
de laquantité
ii(1 - - 2 n , u~pres- (1) Annales scientifiques de l’École Norrnccle supérieure, 2~ série, t. 1, p. 157, et
t~. 111, p. 363.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:018750040012900
sion dans
laquelle it désigne
la vitesse detransport
dumilieu,
et izson indice de réfraction. Cette formule rend
compte,
eneffets,
del’expérience négative d’Arago,
lechangement
de réfractionqui
alieu en réalité étant
con1pensé
par ledéplacement
de la lunetted’observation ;
et M. Fizeau a montré directement que les ondes lumineuses sont entraînées enpartie,
conformément à la formule deFresnel,
par le mouvement du milieu danslequel
elles se pro-pagent. J’indiquerai plus
loin les modificationsqu’il
meparait
nécessaire
d’apporter
à cette théorie de Fresnel.On a
essayé
bien desexpériences
pour chercher à mettre enévidence,
par desphénomènes optiques,
le mouvement de transla-tion de la Terre. Babinet a cru trouver une solution dans le
phéno-
mène de la diflraction par les
réseaux ;
il amontré,
par des calculstrès-simples,
que lechangement
de directionapparent
dû audéplacement
p de la lunettes’ajoute
. auchangeinent
bproduit
par lemouvemelt du
réseau,
de sorte que lacompensation
n’aplus
lieucomme dans
l’expérience d’Arago.
Ledéplacement qu’il s’agit
alorsde mettre en évidence est
plus grand
que celui que recherchaitArago,
etparaît
devoir être observable sans detrop grandes
diffi-. cultés. Cette
expérience
n’estréalisable,
au moins avec les réseauxque l’on
possède aujourd’hui, qu’avcc
une source de lumière ter-reste, ou bien avec la lumière solaire que l’on ferait marcher par des réflexions
convenables,
soit dans le sens, soit en sens contraire du mouvement de translation de la Terre : ce sont d’ailleurs les conditionsqu’avait supposées
Babinet.Or
j’ai répété 1 expérience
ungrand
nombre de fois auxépoques
les
plus favorables,
enemployant
la lumière solaire ou des lumièresartificielles,
et le résultat a été constammentnégatif;
et l’observation duphénomène
est assezprécise
pourpermettre
d’alfiriner que, si lemouvement de la Terre
produit
unchangement quelconque
dans ladirection
apparente
de la lumièredilfractée,
cechangement
doitêtre
très-pmtit
parrapport
à celui que donnerait le calcul de Babinet.En exallllllallt alors la tliéorie de
plus près,
on y remarque unecause d’erreur
qui
ne meparait
pas encore avoir étésignalée.
Onadmet
implicitement
dans le calcul que la lumière solaire réfléchiesur un miroir se
comporte
exactement comme si elleprovenait
d’unesource fixe située sur le
prolongement
du rayonréfléchi ;
maiscette
conséquence
n’est pas exacte si le miroir estmobile,
comme131
cela a lieu pour les
expériences
faites sur la Terre. Le mouvementdu miroir iiiodicie la
longueur
d’onde de la lumière réfléchie.. et tout se passe comme si le miroir était lui-mèlnelumineux,
cequi
con-stituerait alors une source mobile.
L’emploi
de la lumière solaire réfléchie par un miroir terrestre dans une directionquelconque
estdonc absolument
équivalent
à celui d’une source de lumière artifi-cic’lle,
et il est facile de démontrer que lechangement
d(~longueur
d’omde dîx au
déplacement
de la sourceproduit
une déviation du rayon dillractéqui
compense exactement l’ellèt dti audéplacement
simultané de
l’appareil
de mesure. Il en résulte alors que l’obser- vation desphénomènes
de dinraction avec la lumière solaire ou les lumières terrestres nepeut
conduirequ’à
des résultatsnégatifs
aupoint
de vue du mouvement de translation de laTerre,
ccqui
estconforme à
1 expérience.
On ne
peut
substituer le miroir mobile ~3 la source de lumière pour l’étude de la lumière réfléchie que si le mouvement du miroirest
perpendiculaire
aux rayonsincidents,
cequi
a lieu sensiblement pour la Terre et les1)lallètes.
Il en résulte cette autreconséquence
que la lumière solairc réfléchie par une
planète
secomporte
exacte-ment colnme si la
1)lanètc
élnettait une lumière propre,identique
àcelle
qu’émet
le Soleil. Aucontraire,
le même raisonnement nes’applique
pas à la Lune et auxcomètes,
parce que la 1 Lesse de (-es astres nepeut plus
être considérée commeperpendiculaire
auxrayons
qui
leur viennent du Soleil.Les
conséqucnces
de la théorie deFresnel,
relatives à la réfractionproduite
par unprisme mobile,
m’ont paru mériter une étudeexpé-
rin1entale nouvelle.
Considérons,
enenet,
deux sources de lumièresynchrones,
l’une mobile et l’autrefixe,
parexemple
la flammejaune
de l’alcool salé et une étoile fixe dont lespectre possède
lesdeux raies D
qui indiquent
laprésence
dusodium,
et supposons que les rayons émis par ces deux sources sepropagent
en sens con-traire du mouvement de translation de la 1B~rre. Les
périodes
al)so-lues de vibration sur les deux sources sont
identiques,
mais les lon-gueurs d’onde de la lumière
propagée
sont dinerentes à cause dumouvement de l’une
délies;
les déviationsimprimées
a ces deuxfaisceaux par un
prisme réfringent
fixe ou mobile 1>1, nt ( trc dif- fércntes.Si,
leprisme
étantmobile,
la déviation apparente e>t dansun cas
égale
à la déviation que l’on ohserB l’rai t av cc unprisille 11 ~l’,
cette déviation
apparente
doit en différer dans l’autre cas. Il enrésulte que, si 1 observation
d Arago
est exacte, on devraapercevoir
un
changement
de déviation enopérant
avec une source terrestredont les rayons se
propageront
alternativement dans le sens et en sens contraire du mouvement de la Terre.Si,
aucontraire,
cettedernière
expérience
donne un résultatnégatif, l’expérience d’Arago
conv enablement
répétée
devra donner lieu à unchangement
dedéviation.
Le
changement
de déviation.qu’il s’agissait
d’observer n’étaitqu’une
fraction de la distance des deux raiesD,
etje
v oulais m’as- treindre àn’employ er qu’un
seulprisme réfringent
pour me rap-procher
leplus possible
du cas où la théorie seprésente
sous laf orme la
plus simplc .
Il faut alors avoir recours à desprismes
degrandes
dimensions dont les faces soient taillées avec leplus grand soin,
dont la matière soittrès-homogène,
et observer les rayons réfractés dans L111C direction très-voisine de la face de sortie duprisme.
Deux
grands appareils
ont étédisposés
à cet effet. L’un était il-stallé à
poste fixe,
dans une cavecomplétement
close où les varia- tions diurnes detempérature
étaient très-faibles. Le collimateur étaitdirigé
versl’ouest,
de sortequ’ell
faisant les observations à midiet à minuit les rayons incidents
pouvaient
se propager dans deux directionsopposées
parrapport
au mouvement de la Terre. L’autreappareil
était monté sur uneplaque
tournantequi permettait
de luidonner alternativement deux directions
opposées.
Les observationsrépétées
ungrand
nombre de fois ont montré que lechangement
de
déviation,
s’ilexiste,
est absolumentinappréciable
et,d’après
le
degré
deprécision
des mesures, onpeut
affirmerqu’un déplace-
ment
vingt
foisplus
faible que celuiqu’indique
la formule de Fres- mel nepasserait
pasinaperçu.
Ce résultat ne
peut
êtreexpliqué
que si l’on fait subir à la for- mule de Fresnel unepetite
modification. Des deux termesqui
re-présentent, d’après Fresnel,
la vitesse detransport
des ondes dansun milieu en mouvemcnt, l’un est
proportionnel
à la vitesse dumilieu;
ce terme esttrès-petit,
ilparait
exact, et,quand
même onle modifierait par un facteur
très-petit,
la différence ne serait pasappréciable expérimentalement. Quant
au termeprincipal,
Fresneldit
simplement qu’il
est le même que si le milieu était en repos; cela133 veut dire que ce terme
dépend
de lalongueur
d’onde absolue ou de lapériode
de la lumièreincidente;
mais si le milieu se meut, enmarchant par
exemple
à l’encontre desondes,
lapériode
de ,-ibra-tion de la
sitiface ~~~ ft~inbente
est diminuée. Onpeut
montrer parquelques
considérationstrès-plausibles
que la direction et la naturedes ondes réfractées sont déterminées
principalement;
par la vibra- tion de cettesurface,
et que, parsuite,
lepremier
terme de la for-mule de Fresnel doit
dépendre
de lapériode apparente
de la lu- mière incidente.Av ec cette
hypothèse,
lesexpériences s’expliquent
sans aucunedifliculté et à l’aide de calculs
très-simples ;
mais il en résulte uneautre
conséquence importante :
c’est quel’application
des raisonne-ments de Fresnel à
l’expérience d’Arago
n’estplus permise
et que l’ondoit,
dans ce cas, observer unpetit changement
de réfractionapparente,
si l’onopère
sur des rayons définis duspectre. Arago
avait
observé,
il estvrai,
avec unprisme achromatisé,
etl’expé-
rience devait de toute
façon
donner un résultatnégatif,
parce que ledéplacement
relatif de la source et de l’observateur altère la lon- gueur d’onde ou la couleur de chacune des lumièresélémentaires,
et, par suite de la substitution d’une couleur à une autre, la dévia- tion de la lumière blanche ne doit pas être modifiée
( 1 ) .
La mème
compcnsation
se retrouve dans laplupart
desphéno-
mènes
d’optidue,
sinon dans tous,quand
onopère
avec une sourcede lumière artificielle mobile avec la Terre ou avec la lumièrc du Soleil réfléchie dans une direction
quelconque.
Ainsi,
enapportant
auxprocédés
d’observationgénéralement employés
diverses modificationsqu’il
seraittrop long d’indiquer ici, tai
pu constater que dans lephénomène
des lames mixtes la ditlé-rence de marche
apparente
des rayonsqui
interfèrent n’est pas modifiée de1 a o’o ~ ~ quand
on éclairel’appareil
avec des rayonsqui
marchent dans le sens ou en sens contraire du mouvement de la
Terre,
et que la modification n’est pasde quand
on OhS(TB eles anneaux de Newton.
On
explique
de la même manière les résultatsnégatifs
obtenuspar NI. Hoek dans une
expérience que j’ai
aussireproduite
sous uneautre forme et où l’interférence a lieu entre des faisceaux
qui
ont(! ) j ôir le Rapport de 1B1. Fizeau (Comptes rendus, t. LXXIX, p. W 3 jj.
traverse tous deux un même milieu
réfringent,
l’un en suivant lemouvement de la
Terre,
et l’autre en marchant dans un sensopposé.
J’ai montré enfin que le mouvement de la Terre n’a aucune
influence sur la double réfraction du
spath
d Islande. Pour rendrecette conclusion
rigoureuse ~
"1 il était nécessaire deproduire
desfranges correspondant
à une diilérence de marchebeaucoup plus grande
que celle que l’on observe habituellement dans ce genre dephénomènes.
Le retard entre les deux rayons ordinaire et extraor- dinaire a étéporté jusqu à
jo ooo et même100000 longueurs d’onde,
sans
qu’il
y eùt une altérationde
dans laposition apparente
desfranges.
Il en est de même pour la double réfraction circulaire que pos- sède le
quartz
dans une directionparallèle
à l’axe decristallisation,
où la différence de marche
qui
s’établi t entre les deux rayonspola-
risés circulairemcnt a pour effet de faire tourncr le
plan
depola-
risation de la lumière. J’ai observé ce
phénomène
avec une mé-thode
qui permet
de mettre en évidence unchangement de 4
dedegré
dans larotation, quand
celle-ci estdéjà
de 15circonférences,
sans
pouvoir
constater le moindrechangement
duphénomène
dûau mouvement de la Terre.
Ces deux dernières
expériences
meparaissent présenter
un in-térêt
particulier.
Si l’on veutexpliquer
lechangement
de vitesse des ondes dans un 11lilieu par letransport partiel
del’étlier,
commel’a fait
Fresnel,
il en résulte cetteconséquence
que l’onde ordi- naire et l’onde extraordinaire dans lespatli
d’Islande devraientéprouver
le même accroissement devitesse,
et que les deux rayonspolarisés
circulairement dans lequartz
seraient dans le méme cas.Or,
avec cettehypothèse,
il nIeparait impossible d’expliquer
lafixité des
franges
dans lespath
et la valeur constante de la rotationdu
plan
depolarisation
dans lequartz.
La contradictiondisparait
sil’on
applique
la formule det resnel,
sans sepréoccuper
des raison-nements
qui
ont servi àl’établir,
aux deux ondes duspath séparé-
ment, ainsi