G ERGONNE
Optique. Du mouvement de la lumière dans un milieu
transparent, dont la densité varie dans tous les sens, suivant une loi mathématique quelconque
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 19 (1828-1829), p. 257-284
<http://www.numdam.org/item?id=AMPA_1828-1829__19__257_0>
© Annales de Mathématiques pures et appliquées, 1828-1829, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Annales de Mathématiques pures et appliquées » implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (http://www.numdam.org/conditions). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale.
Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques
http://www.numdam.org/
257
OPTIQUE.
Du mouvement de la lumière dans
unmilieu
transparent, dont la densité varie dans tous
les sens, suivant
uneloi mathématique quel-
conque ;
Par M. G E R
G O N N E.LUMIÈRE.
PLUSIEURS
années avant que M. Biot eût faitparuître
sonouvrage
sur les
Rèfractions
extraordinairesqui
ont lieuprès
del’horizon ,
et à l’occasion d’une
pitoyable explication
duphénomène
du Mi-rage , que
j’avais
rencontrée dans la Décadephilosophique , je
m’é-tais
déjà occupé
de la recherche des lois du mouvement de la ta- mière et de lavision ,
dans unmilieu transparent
de densité va-riable. Bien
qu’alors
lephénomène
dumirage
fut connu et observédepuis long-temps ,
dans diverses contrées del’Europe,
personne néanmoins n’avaitsongé
à en déduirel’explication mathématique
des lois connues de
l’optique.
La route danslaquelle je m’enga- geais
n’était doncpoint
encorefrayée.
Je n’avaisjamais
en Fuc-casion d’observer le
phénomène
quej’entreprenais
de soumettre à;
il ne m’était même connu que par la courtedescription qu’en
avait donné M.Biot,
dans ses Elémensd’astronomie ;
cepen- dantje
fus assez heureux pourparvenir
à des résultats que l’observa- tion directe ,elle-même ,
n’avait faitapercevoir qu’assez
tardive-ment à M.
Monge ,
durant sonséjour
enEgypte ,
comme on enpeut juger
par lepost-scriptum
de son Mémoire sur lemirage ,
Tom. XIX , n.°
9 , I.er marsI829.
35258 DU
MOUVEMENT
inséré
d’abord
dans la Décadeégyptienne,
etreproduit postérieu-
rement par M.
Hachette ,
dans sonProgramme
d’un cours dephy- sique. Le mémoire
deMonge paraît ,
ausurplus, beaucoup moins
écrit pour les
géomètres
que pour leshommes ,
entrès-grand
nom-bre, qui aspirent uniquement
àprendre
une teinturesuperficielle
des causes des
phénomènes
variés que lespectacle
de la naturepeut
offrir à notreobservation ;
ce mémoire ne m’aurait donc pu être d’aucun secours pour montravail, qui
était terminédepuis plus
d’un an,lorsqu’il
me tomba pour lapremière
fois sous lamain.
Je m’étais borné
alors ,
parcequ’en
effet celasuffisait à
monbut ,
a considérer le mouvement de la lumière et la
vision,
dans unmilieu
transparent , composé
de couchesplanes parallèles ,
d’unedensité constante dans
chaque couches ,
et variantseulement ,
d’unecouche à
l’autre,
suivant une loimathématique
donnéequelcon-
que, et un extrait de mon mémoire
parut
dans le volume desTravaux de l’Académie du
Gard,
pourI808 ;
maisje
m’étais bienpromis
dès lors de revenir de nouveau sur cesujet,
pour l’envi- sager sous unpoint
de vue un peuplus large ,
ensupposant
que la densité du milieu varie d’unpoint
àl’autre ,
d’une manièrequelconque y
dans toutes sortes de directions. Ce n’est que très- récemment quej’ai
pujouir ,
sans de continuellesdistractions ,
desquelques
loisirsqui
m’étaientnécessaires
pour mettre ce dessein àexécution.
Je nem’occuperai ,
dans leprésent mémoire ,
que des lois du mouvement de lalumière ,
enrenvoyant à
un autre mémoirece
qui
concerne les lois de la vision.Dans tout ce
qui
vasuivre, j’admettrai ,
commeje
l’avaisdéjà fait,
dans monpremier mémoire , l’hypothèse
newtonienne sur lanature de
la lumière ,
non toutefois queje
laregarde , plus
que celles desondulations,
conforme à lavérité,
mais seulement parcequ’elle
seprête plus
aisémentque
cette dernière àl’analyse
ma-thématique ,
et qued’ailleurs ,
pourl’objet particulier
quej’ai
envue, rien n’est
plus facile,
comme on le verra , que de passer des259
résultats relatifs à l’une des
hypothèses
à ceuxqu’on
déduirait de l’autre. Afin que le lecteur n’ait besoin de recourir à aucun au- treécrit , qu’il pourrait
fort bien n’avoir pas sous lamain, j’ana- lyserai
d’abord brièvement l’action des milieux sur la lumièrequi
les traverse.
Tout ce que l’observation
peut
nousapprendre
sur la nature dela
lumière,
c’esti.* qu’elle
semble une substance d’une natureparti- culière,
dont les moléculess’échappent ,
dans toutes sortes de di-rections ,
de chacun despoints
des corps lumineux ouéclairés ;
2.° que ,
quelle
que soit la direction initiale d’une molécule lu-mineuse,
tantqu’elle
se meut dans le vide ou dans un milieuphy- siquetnent
etchimiquement homogène , c’est-à-dire ,
dans un mi-Meu dont la nature et la densité sont
partout
lesmêmes ,
elle suitune direction exactement
rectiligne;
de telle sorte que la pesan-teur terrestre ne
parait
exercer sur elle aucune actionappréciable (*) ;
(*) La preuve
expérimentale qu’on
apporte de cettepropriété
de la lu-mière ,
dans laplupart
des traités dephysique,
m’atoujours
paru une vé- ritablepétition
deprincipe.
On nous dit, parexemple,
qu’un rayon so-laire, reçu dans une chambre
obscure , par
un trou fait au volet, enfileexactement un
long
tuberectiligne, quelque petit
d’ailleursqu’en
soit ledialnètre intérieur ; mais on ne nous
explique
pas comment on peut s’as-surer, au
préalable,
que ce tube estrectiligne.
Ce ne sera sûrement pasau coup d’0153il
qu’ton
enjugera ;
car si , par aventure , le mouvement de la lumière étaitcurviligne ,
il faudrait que la direction de l’axe du tube le fûtégalement
pour qu’onpût ,
enplaçant
l’oeil à une de ses extrémités ,apercevoir
lesobjets
situés dans leprolongement
de cet axe; c’est mêmela
ce
qui
arriverait inévitablement , à raison des réfractionsatmosphériques ,
si le tube était excessivement
long
et non vertical. Il ne suffit donc pas que te rayon enfile le tube, pour que la direction de la lumière soit re- connuerectiligne ;
il faut, en outre,qu’il
ne cesse pas del’enfiler ,
lors-qu’on
fera tourner ce tube dans deux colliers fixes r situés à ses extrémités ;car il
n’y
a que laligne
droite dont la situation soitunique
entre deux despoints
de sa direction.260 DU
MOUVEMENT
o.
qu’alors
son mouvement est non seulementrectiligne
mais en-core
uniforme ;
de sortequ’elle
neparaît éprouver
aucune résis-tance sensible de la
part
des milieuxqu’elle
traverse ;4.° qu’en-
fin , lorsque
la tumièrepénètre
du vide dans un milieu ou d’un milieu dans levide,
ce milieuparaît
exercer sur elle uneaction
tantôt attractive et tantôt
réputsive,
tout à faitanalogue
aux ac-tions
chimiques ,
dont le caractèrele plus
saillant est d’être toutà fait insensible à la moindre distance
appréciable
du contact.Adoptons
donc cettehypothèse qui n’est , après
tout ,que
l’ex-pression
exacte desfaits ,
et examinonssoigneusement quelles
doi-vent en être les
conséquences mathématiques.
Soit d abord une molécule lumineuse mue
verticalement ,
dehaut en
bas
, dans levide,
, ets’approchant
ainsi d’un milieu in-défini , physiquement
jetchimiquement homogène , séparé
de cevide par an
plan horizontal également indéfini ,
et dont l’actionsur cette molécule soit attractive. Soit que la molécule soit encore
hors du
milieu,
ou soitqu’au
contraire elle y aitdéjà pénétré ,
tout se trouvant exactement dans les mêmes circonstances tout au- tour de la verticale que cette molécule
parcourt,
elle continueraconstamment à la
parcourir ;
de sortequ’il
est seulementquestion
de découvrir suivant
quelle
loi sa vitesse pourra varier.Considérons d’abord la molécule hurs du
milieu ;
soit x l’inter-volle
qui
l’ensépare à l’époque
t ; la force accélératrice sera, pour la mêmeépoque
,d2x dt2 ;
et cette force sera visiblementproportion-
ncl!e à la densité du
milieu ; puisque,
parexemple ,
un -milieu n foisplus
dense quecelui-là , pouvant
être considéré comme 1 esystème
de n milieux d’une densité
pareille à
lasienne, qui
se seraientpénétrés,
et chacun d’euxagissant
comme s’il étaitseul ,
leur ac-tion totale doit être n fois
plus grande
que celle de chacun d’euxen
particulier.
Il n’est pas moins évident que cette force accéléra- trice doit être une certaine fonction de la distance x de la mo-lécule au
plan
horizontalindéfini qui
termine lemilieu ; de,
sortequ’en représentant
par u sadensité
constante , ondoit
avoirla fonction F étant
indépendante
de u. Nous donnons ici lesigne
- an second
membre
, parceque
l’action du milieu tend à di- ïninuer la distance x.De cette
première équation
on conclutA étant une constante
arbitraire ;
de sortequ’en posant,
pour abré- ger ,,en a
simplement
Pour faire
disparaître
-laconstante A , désignons
par w la vitesse uniforme de la molécule dans levide ,
avantqu’elle
soit assez voi-sine du milieu pour
éprouver
desa part
une actionappréciable;
ce sera aussi sa vitesse pour x=~ . Soit de
plus
V la vîtesse decétte
molécule au contact où x=o ; nous aurons ainsid’où,
enretranchant
Or, f(~)-f(o)
est unequantité
constantequi
nedépend que
262 DU
MOUVEMENT
de la forme de la fonction
f , c’est-à-dire ,
dumode d’action
in-connu des milieux sur la
lumière ;
mais que nous pouvons , unefois pour toute ,
représenter par k2 (*) ;
nous aurons doncainsi
c’est-à-dire qu’à
l’entrée de la molécule dans lemilieu,
lecarré
de sa vitesse se trouve
déjà augmenté
d’unequantité proportion-
nelle à la densité de ce milieu.
Considérons maintenant ce
qui
se passelorsque
la molécule adéjà pénétré
dans le milieu. Aquelque profondeur
xqu’elle
y soitdéjà
parvenue,si,
à la même distance x , au-dessousd’elle ,
onconçoit
unplan horizontal,
laportion
du niilieti située au-dessus de ceplan
n’exercera évidemment aucune action sur cette molé-cule , puisqu’elle sry
trouverasymétriquement située ;
la moléculesera donc sollicitée par le
surplus
du milieu comme elle l’était par le milieuentier , lorsqu’elle
n’était encorequ’à
la distance x au-dessus de sa
surface ;
et , comme il en iratoujours
demêlne , quelle
que
soit la valeur de x,qui,
dans cecas-ci ,
vacroissant,
l’action du milieu surelle , qui
aura atteint san maximum au contact , dé-croîtra
continuellement ;
de telle sortequ’elle
aura été exactement la même aux mêmes distances au-dessus et au-dessous duplan
ho-rizontal indéfini
qui
termine cemilieu.
En un mot,- l’action totale- du milieu sur cette molécule aura été finalement la, même quesi ,
celle-ci restant
fixe,
le milieu s’était peu à peu élevéjusqu’à elle-,
pour s’en
éloigner ensuite ,
par un mouvementrétrograde ,
exacte-ment inverse du
premier.
La molécule enpénétrant
dans le mi.lieu, jusqu’à
uneprofondeur
où son mouvement sera devenu de(*)
Ce k2 est la même chose que le kemployé
parLaplace
dans le X.me livre dé laMécanique
céleste. Je mets k2 au lieu de k , pour la comino- dité desapplications.
nouveau sensiblement
uniforme,
comme il l’était dans levide,
aura donc encore accru le carré de sa vî(esse de la même quan- tité dont il s’était
déjà
accru en allant du vide à la surface de cemilieu ,
de sortequ’en représentant
par p la nouvelle vîtesse uni- forme de cettemolécule ,
on aurapuis donc
que nous avonsdéjà
trouvénous aurons, par
addition,
Ainsi , lorsqu’une
molécule lumineuse passedu vide
dans unmilieu
homogène indéfini qui l’attire,
etqui
estséparé
de ce videpar un
plan indéfini, perpendiculaire
à la direction du mouvementde la
molécule,
le carré de la vitesse uniforme de cette nolécule dans le milieu estégal
au carré de sa vitesse uniforme dans levide , augmenté
d’unequantité proportionnelle à
la densité de cemilieu ,
et la force accélératrice est exactement la même à des dis-tances
égales
depart
et d’autre duplan qui
termine le milieu.Mais ,
à cause de l’excessivepetitesse
du rayon d’activité du mi-lieu ,
tout se passe sensiblement comme si lavitesse ,
constammentégale à
w ,jusqu’au contact ,
sechangeait brusquement
en v au-delà de ce
point.
Supposons présentement
que lamolécule ,
au lieu depénétrer
du vide dans un milieu
homogène , pénètre
d’un milieu homo-gène
indéfini dans un autre milieuégalement homogène
et indé-fini,
d’une densitésupérieure
à lasienne ;
les deux milieux étantséparés
l’un de l’autre par unplan indéfini ,
et la direction de la molécule étantperpendic’ulaire
à ceplan.
Soient u et ul les den-264
DUMOUVEMENT
sités des deux
milieux , v et v’
les vitesses constantes de la lu- mière dans l’un et dansl’autre.
En considérant l’a densité Ul du second milieu commecomposée
de deux autres u etu’-u ,
lapremière , qui
lui sera commune avec celle dupremier,
n’aura au-cune action pour modifier la
vitesse p ;
la molécule lumineuse setrouvera donc dans le même cas que si elle
pénétrait
duvide,
oùelle aurait la vitesse v, dans un milien dont la densité serait
u’-u ,
et où elle
acquerrait
lavîtesse v’ ;
on aura.donc,
pair cequi pré- cède ,
Ainsi,
si deux milieu xtransparens, homogènes
etindéfinis ,
d’unedensité
différente ,
sontsépares
l’un de l’autre par unplan égale-
ment
indéfini ,
etqu’une
molécule dumineuse passe du moins dense dans celuiqui
l’est leplus
, en suivant uneperpendiculaire
à leurplan séparateur ;
par l’effet de l’excès de Faction du second mi- lieu sur celle dupremier ,
le carré de la vitesse dé la moléculese trouvera
augmenté d’une quantité proportionnelle
à l’excès de la densité de ce second milieu sur celle dupremier ;
et il est clairqu’on
pourra encore admettreici ,
sans- erreursensible,
que cetteaugmentation
dans le carré de la vitesse a lieubrusquement
, dansle passage du
premier milieu
au second.Supposons
actuellement que la molécule traverse lepremier
mi-lieu
dans
une directionoblique
auplan séparateur ; si ,
par cetle di,rection
onconçoit
unplan perpendiculaire
àcelui-là ,
tout étantégal
de part et d’autre de ce second
plan ,
la moiecute n’en sortira pas, mêmeaprès
avoirpénétré
dans lesecond
mliieu. Par le-point d’in-
cidence soit conduite une
perpendiculaire
auplan séparateur ;
soient0 et 03B8’ les
angles
que font les rayons Incidens et réfractés avec cetteperpendiculaire;
ce seront làaussi, respectivement ,
lesangles
d’incidence et de réfraction. Soient
tonjours v
et v’ les vitesses cons-tantes de la molécule dans les deux
milieux
; lescomposantes
deces vitesses seront y savoir :
265
or, comme l’action totale des milieux s’exerce
perpendiculairement
au
plan séparateur ,
lesvitesses ,
dans le sens de ceplan ,
ne sau-raient
différer- l’une del’autre ;
de sortequ’on
doit avoirEn
secondlieu,
les carrés des vitessesperpendiculaires
auplan
sé-parateur devant, d’après
cequi précède ,
différer l’un. de l’autre de laquantité 4k2(u-u’),
on aura aussiéliminant v’ entre ces deux
équations ,
et transformant les cosinus- en-siuus dansl’équation résultante
on auraor, pour les deux luêlnes milieux et pour une même vitesse cons- tante v , dans le
premier
le second membre de cetteéquation
estindépendant
de0 , c’est-à-dire,
de la direction de la molécule dans lepremier milieu ; donc ,
sonpremier
membre en doit êtreégale-
ment
indépendant ; donc,
pour les deux mêmes milieux et pour la même vîtesse absolue dans lepremier ,
il existe unrapport
constant entre le sinus d’incidence et le sinus de
réfraction.
On sait
que la
constance de cerapport
estcomplètement
con-Tom. XIX. 36
266
DU MOUVEMENT
firmée par
l’expénence ; d’où
il suitqu’elle
estindépendante de
toute
hypothèse
sur la nature de lalumière ;
en lareprésentant
par n , nous aurons
d’où on
tire
si donc on veut
adopter
tout autrehypothèse
que lanôtre,
il nes agira
qne deremplacer
parn2-I 4(v k)2
ce que nous avons ap-pelé
la différence de densité des deux milieux.SI,
entre les deux mêmeséquations ,
on élimine03B8 , 03B8’ disparaîtra
delui-même ,
et il viendraainsi,
la différence des carrés des vitesses absolues de la molécule dans les deux milieux estIndépendante
de la direction initiale deson mouvement.
Soient
présentement
u, UT y u2 , u3, ... um les densités d’une suite de milieuxtranspzrens , homogènes
etindéfinis , séparés
les unsdes autres par des
plans également indéfinis , parallèles
ou non pa.rallèles ;
une molécule lumineusequi
les parcourra successivement décrira sensiblement unpolygone rectiligne
ouvert,plan
ou gau-che , ayant
ses sommets sur les diversplans séparateurs ,
et lesplans
de sesangles respectivement perpendiculaires
auxplans
sé-parateurs qui
en contiendront les sommets. Au passage dechaque
mi-lieu dans le
suivant,
la composante de la vîtesseabsolue,
dans lesens du
plan séparateur ,
ne subira aucunemodification ; mais,
si l’onreprésente
par v , vI , v2 , v3 , ... vm les vitesses absolues dans les différensmilieux,
on aura, par cequi précède,
LUMIÈRE. 267
d’où ,
enajoutant
etréduisant ,
et par suite
c’est-à-dire que la vitesse absolue de la
molécule,
dans ledernier milieu
sera exactement la même que si elle y était immédiate-ment parvenue du
premier;
de sorte que l’existence des milieux intermédiaires n’aura eu, auplus
d’autre effet que dechanger
ladirection finale de cette
molécule,
et de lui faireacquérir,
par de-grés,
une vitesseqti’elle aurait prise
tout àcoup sans leur présence.
Si les
milieux. toujours homogènes
etindéfinis,
sontséparés
lesuns des autres par des surfaces courbes
quelconques
la moléculeen
les’
traversant décrira encore sensiblement unpolygone
recti-ligne
ouvert ,plan
ougauche, ayant
ses sommets sur ces diverses surfaces. Enimaginant,
par les sommets dupolygone ,
desplans respectivement tangens
aux surfaces courbesséparatrices
surlesquel-
les ces. sommets se trouvent
situés ;
cesplans tangens pourront
êtrepris
pour les surfacesséparatrices elles-mèmes ;
de sorte que lesplans
des
angles
dupolygone
serontrespectivement perpendiculaires à
ces.plans tangens ;
que lescomposantes
desvitesses absolues
dans le268 ’DU
MOUVEMENT
sens de ces
plans tangens
, ne subiront aucunevariation
dans le passage d’un milieuà celui qui
lui seraconsécutif ,
etqu’enfin la
vitesse absolue de la
molécule ,
dans l’unquelconque
de ces mi-lieux,
sera la même que si cette molécule y avait directementpé-
nétré.
Tout se passera évidemment de la même
manière, quelque
peudifférentes de
figure
et de situation dansl’espace
que soient deux surfaces courbesséparatrices
consécutives etquelque petite
que soit la différence de densité des deux milieuxséparés
par chacune d’el- les ; il en ira donc encore de mêmelorsque
la molécule parcourraun
milieu , chimiquement homogène ,
dont la densitévariera, d’une
manière
insensible ,
d’unpoint
ausuivant ,
dans toutes les direc-tions,
suivant une loimathématique quelconque.
Il arrivera seule-ment alors que le
polygone rectiligne, plan
ougauche.,
que dé- crivait d’abord lamolécule ,
deviendra une courbeplane
ou a dou-ble
courbure;
et l’onvoit,
I.° que leplan
osculateur de cettecourbe,
en l’un
quelconque
de sespoints,
sera normal à la surfacecourbe,
lieu de tous les
points
du milieuqui
auront même densité que ce-lui-là ;
2.°que la composante suivant
leplan tangent
à cette sur-face ,
en ce mêmepoint ,
de la vitesse absolue de lamolécule ,
de-vra être constante ou , en d’autres termes, que sa différentielle devra être
nulle ;
3.°qu’en fin
cette vitesse absolue devra être- la même quesi,
sansintermédiaire
la molécule était parvenue du vide en cepoint. Or ,
il n’en faut pasdavantage
pourparvenir
auxéqua-
tions du mouvement de la
lumière ,
dans un milieutransparent ,
chimiquement homogène ,
dont la densité varie d’unpoint
-à l’au-tre , dans toutes les directions et d’une manière
insensible ,
suivantune loi
mathématique donnée ,
ainsiqu’on
le verra tout à l’heure.Au lieu de supposer que le
milieu chimiquement homogène ,
varie seulement de
densité ,
il reviendrait au même de supposer quec’est ,
aucontraire,
sa naturechimique qui varie ,
pardegrés
insensibles,
tandis que sa densité demeure constante; onpourrait
même supposer que l’une et l’antre varient à la fois. Pour éviter tout
269
embarras ,
onpeut appeler
densitéoptique
d’unmilieu ,
en chacunde ses
points,
la densité que devrait avoir un fluide connu,pris
pour terme
de comparaison
l’airatmosphérique ,
parexemple,
pourexercer sur la lumière une action
pareille
à celle que ce milieuexerce sur
elle ,
en ce mêmepoint ,
et c’est ainsiqu’il
serapermis
d’entendre le mot densité dans tout ce
qui
va suivre.Soit
présentement
une moléculelumineuse ,
en mouvement dansun milieu
transparent,
d’une densité variable.Supposons
que cette molécule nes’y
meuvequ’en
vertu d’une vitesse antérieurement ac-quise ,
combinée avec l’action du milieu surelle ; rapportons-la
àtrois axes
rectangulaires ,
et soit(
x ,y , z )
lepoint
du milieuoù elle se trouve à
l’époque
t. Si nousreprésentons
par u laden-
sité de ce milieu en cepoint , u
sera une fonction de x , y , z ,san.s t, donnée par une
équation
.de la formequi
déterminera le densité de cemilieu ,
en chacun de sespoints,
et
qui
en seraconséquemment
la définitioncomplète.
En même
temps
que cetteéquation
donnera la densité de cha-cun des
points
dumilieu,
elle fera aussi connaître lespoints
dece milieu
qui
auront une densitédonnée;
et l’on voit que tous lespoints
d’une même densitéquelconque
seront , engénéral ,
ceuxd’une certaine surface
plane
oucourbe ;
de sorte quegénéralement parlant,
tout milieu de densité variablepeut
êtreconsidérée
ainsique nous le faisions tout à
rheure,
commecomposé
de couchesde densité constante. Un milieu ne saurait différer d’un autre que par la
figure
et la situation de cescouches ,
et par la manière dont la densité varie d’une couche à l’autre(*).
(*) C’est la théorie
générale
de ces sortes de milieux que nousappellions
de nos v0153ux dans une note de la pag.
87
de. noire XIV.e volume ; note270 DU
MOUVEMENT
Enposant,
pourabréger ,
on auta
Or,
poser du=o c’estexprimer
que la variation de densité est nulleou que la densité est constante;
donc
,l’équation
résultanteest
l’équation
différentielle des couches de densité constante; c’est- à-dire que c’estl’équation
différentielle de la couche dans toute l’étendue delaquelle
la densité u est la mêmequ’au point (
x"y , z
).
En
désignant
doncpar X, Y,
Z tes coordonnées courantes dans,l’espace ,
leséquations
duplan tangent
et de la normale de cettesurface ,
en cepoint ( x , y , z ) ,
serontPrésentement
en considérant x y, z comme des fonctions de t , choisi pour variableindépendante , l’équation
duplan
osculateurde la
trajectoire,
aupoint ( x , y , z ) ,
sera, comme tonsait,
sur
laquelle
le Bulletinuniversel ( juillet
I828 , pag. I0 ) arappelé
de nou-veau l’attention des
géomètres ,
à l’occasion d’un très-curieux mémoire de M. Gauss. On classerait alors les milieux comme on classeaujourd’hui
leslignes
et les surfaces courbes.LUMIÈRE. 27I
et il faudra d’abord que ce
plan
soitperpendiculaire , en ( x , y , z ) ,
auplan tangent (.5)
au mêmepoint;
cequi donnera,
pourpremière équation
du mouvement de la moléculeou b;en
Les vitesses de la
molécule , parallèlement
aux axes des x ,des
y et
des z ,
étantrespectivement
les
équations
de latangente
à latrajectoire,
aupoint ( x , y , z ) ,
seront
de sorte que, si l’on
représente par 6 l’angle
quefait
cette tan-272
DU MOUVEMENT
gente
avec la normale(6)
an mêmepointa c’est-à-dire, l’angle d’in-
cidence,
on auraMais ,
si l’onreprésente
par v la vîtesse absolue Je la molécule aupoint ( x , y , z ) ,
cequi
donneralà
vitesse,
dans le sens duplan tangent en ( x , y , z )
à la . sur-face
(4)
de densité constante, seravSin.03B8 ;
en substituantdonc ,
dansson
expression -
pour p et Sin.9 leursvaleurs ,
cette vitesse deviendraet il faudra que la différentielle de cette
composante ,
en y trai-tant
P , Q ,
R comme constans ,puisqu’on
reste dans leplan
tau-gent ,
soitnulle ;
cequi donnera ,
pour deuxièmeéquation
du mou-vement de la
molécule,
273
Enfin,
la vitesse absolue p de lamolécule en ( x , y , z ) ,
où la densité du milieu est u devant être la même que si cette molécule y était parvenue du
vide ,
sans aucunIntermédiaire;
endésignant toujours
par w la vitesse connue de la lumière dans levide ,
on devra avoir encore,d’après
cequi
a été ditci-dessus
ce
qui donnera,
pour la troisièmeéquation
du mouvement dela
molécule
mais nous allons voir que ces trois
équations peuvent,
êtrerempla-
cées par trois antres,
incotnparablement pins simples.
On satisfait d’abord visiblement aux deux
équations (8)
et(I2) , quel
quesoit 03BB ,
enposant
mais ,
en différentiantl’équation (13) ,
on obtientqui ,
en- y substituant les- valeurs(I4) ,
se réduit à 03BB=2/f2 ;
de sorteque les
équations (I4) , c’est-à-dire ,
leséquations
du mouvementde la molécule sout
simplement
équations qui comportent
d’ailleursl’équation (I3) ,
etqui
seront,Tom. XIX.
37
274 DU
MOUVEMENTà raison de leur extrême
simplicité
et de leurparfaite symétrie ,
d’un
emploi très-commode ,
surtoutlorsque P, Q, R
seront respec-tivement des fonctions de x, y, z seulement.
Ces
équations (16) pourront également servir,
soit à détermi-ner les circonstances du mouvement,
lorsque
la nature du milieusera
donnée ,
soit au contraire à déterminer la nature dumilieu, lorsque
les circonstances du mouvement seront connues.Pour donner un
exemple
dupremier
de ces deux cas , suppo-sons que les couches de densité constante soient des couches
ellip-
soïdales
concentriques ,
semblables et semblablementdisposées,
ayant lepoint ( a, b, c )
pour centre commun, et leurs axesproportion-
nels à trois
quantités
p, q , r.Supposons ,
en outre , que la den- sité de ces couches croisse du dedans audehors , proportionnelle-
ment aux carrés de leurs
dimensions,
enprenant
les axes des coor-données respectivement parallèles
aux diamètresprincipaux
de cessurfaces,
on auraOn trouvera
conséquemment
au moyen de
quoi
leséquations (16)
deviendrontet
donneront,
enintégrant
275
A, B,
C étant trois constantes arbitraires.Pour les
déterminer ,
supposons que la molécule soitpartie
clel’origine,
avec la vitesseV
, dans une direction faisant avec lesaxes des x , y , z des
angles respectivement égaux à 03B1 , 03B2 , 03B3 ; nous
aurons ainsi
en retranchant ces
équations
desprécédentes ,
ilviendra ,
en trans-posant ,
d’où on tirera
276
DUMOUVEMENT
ce
qui donnera ,
enintégrant ,
D , E , F
étant trois nouvelles constantes arbitraires.Pour les
déterminer ,
fixonsl’origine
des temps au passage de la molécule parl’origine
descoordonnées ;
alors x , y , z devront être nuls en mêmetemps
que t ; cequi
donnerad’où,
enretranchant,
277
équations
entrelesquelles élituinant t,
on aurad’abord,
pour la doubleéquation
de latrajectoire
décriteLes mêmes
équations (22) peuvent
être écrites comme il suit :carrant alors les deux
membres ,
réduisant et divisantrespective-
ment par VCos.03B1-2k
a p , VCos.03B2-2k b q , VCos.03B3-2kc r , il
viendra ,
entransposant ,
278 DU MOUVEMENT
et telles seront finalement les
équations
du mouvement de la mo-lécule.
Si l’on suppose c et
Cos y nuls, c’est-à-dire ,
si l’une des sec-tions
principales
communes à toutes les couches de densité cons-tante est dans le
plan
des xy, et que la direction de la molécule à son passage parl’origine ,
soit aussi dans ceplan ,
on aura z=o,quel
quesoit t ;
c’est-à-dire que ,pendant
toute la durée du mou- vement , la molécule ne sortira pas de ceplan ,
cequi
est d’ailleursévident , puisqu’alors
tout se trouvera depart
et d’autre dans lesmêmes circonstances.
Si les couches de densité constante sont
sphériques ,
on aurap=q=r, et par suite
LUMIÈRE.
279 On tirera de làet par suite
ou bien
la
trajectoire
est doncplane ,
dans ce cas, comme onpouvait
bienle
prévoir.
Sonplan
passe évidemment parl’origine
et par le cen-tre commun des couches de densité constante.
Si ,
dans leséquations (24) ,
onsuppose a, b, Cos.03B1, Cos.03B2 nuls c’est-à-dire ,
si l’on suppose que l’un des diamètresprincipaux
commun à toutes les couches de densité constante est dans l’axe
des z ,
etqu’à
son passage àl’origine ,
la molécule estdirigée
sui-vant cet axe, on aura x
et y nuls, quel
que soit t ; c’est-à-dire que,pendant
toute la durée du mouvement, la molécule ne sortira pas de cet axe des z ; cequi
d’ailleurs estévident, puisqu’alors, d’après
cequi
a été ditci-dessus ,
elle nedoit
sortir ni duplan
des xz ni de celui des yz.
Pour donner un
exemple
du second cas ,c’est-à-dire,
de celui oùdes circonstances
du
mouvement il faut conclure la nature du mi-280 DU MOUVEMENT
lieu ; supposons que
leséquations
du mouvement de lamolécule
soient
et proposons-nous d’en conclure la valeur
de u,
en x , y , z, On voit d’abordqu’à l’origine
destemps
la molécule se trouveral’origine
des coordonnées.Par une
premièie différentiation ,
on déduit de làd’où l’on voit que la vîtesse initiale de la molécule est
V,
et quesa direction initiale
fait ,
avec les axesdes x , y , z ,
desangles res-
pectivement égaux
à03B1 , 03B2 , y.
LUMIÈRE.
En
différentiant
de nouveau , il vienton aura donc aussi
(I6)
c’est-à-dire ,
d’où
et , par
suite,
enintégrant ,
telle est donc la définition du milieu dont il
s’agit.
Nousn’ajou-
tons
point
de constante) attenduqu’en augmentant
ou en dimi-nuant, d’une même
quantité,
la densité de tous lespoints
du mi-lieu
, on nechange
rien aux circonstances duphénomène.
Tom. XIX 38