E´DITORIAL / EDITORIAL
La chirurgie bariatrique ne saurait eˆtre miraculeuse
J. Mouiel
Socie´te´ franc¸aise et francophone de chirurgie de l’obe´site´ et des maladies me´taboliques (Soffco), 40, boulevard Victor-Hugo, F-06000 Nice, France
C’est dans les erreurs du passe´ que se forgent les fondements de l’avenir : c’est particulie`rement vrai pour la chirurgie bariatrique qui a ve´ritablement explose´, en 1998, graˆce a` l’apparition de l’anneau ajustable sous laparoscopie. Les chirurgiens, relaye´s par les me´dias, ont alors crie´ au miracle, re´pondant ainsi aux de´sirs ardents des patients de´c¸us par la rigueur des traitements me´dicaux juge´s inefficaces. Il a rapidement fallu de´chanter devant l’apparition d’e´checs et de complications pas toujours anodines et meˆme de de´ce`s. En effet, l’effet placebo de l’intervention a` l’origine d’une discipline comportementale initiale s’e´tant estompe´, les troubles alimentaires sont re´apparus, d’autant que le suivi die´te´tique et psychologique e´tait souvent insuffisant, voire absent.
Paralle`lement, les me´decins nutritionnistes et endocrinologues ont lance´ des cris d’alarme auxquels a re´pondu la se´curite´ sociale, qui a diligente´ des enqueˆtes re´ve´lant les insuffisances de prise en charge et de suivi.
Une prise de conscience salutaire s’est produite en meˆme temps qu’une nouvelle discipline naissait
« l’obe´sitologie ». Tre`s rapidement, les socie´te´s chirurgicales, re´unies dans la Socie´te´ franc¸aise et francophone de chirurgie de l’obe´site´ et des maladies me´taboliques (Soffco), ont re´alise´ qu’il s’agissait d’une discipline me´dicochirurgicale et que l’union me´decins-chirurgiens valait mieux que l’affrontement au be´ne´fice du malade – non pas de mon malade, mais de notre malade.
Des formations se sont mises en place, des congre`s interdisciplinaires ont e´te´ organise´s, des recommandations me´dicochirurgicales de bonne pratique ont e´te´ publie´es.
Le chemin est encore long, mais il est balise´ et e´claire´ : la chirurgie bariatrique est un outil permettant la
« gue´rison » a` condition qu’il soit inte´gre´ dans un programme interdisciplinaire avec : – une premie`re phase de prise en charge initiale suffisamment comple`te pour ;
envisager les aspects me´dicaux, psychologiques et sociaux du patient ; de´livrer une pe´dagogie comportementale approprie´e ;
donner une information claire et compre´hensible de la maladie, de ses traitements et des complications possibles ;
– une deuxie`me phase ope´ratoire et pe´ri-ope´ratoire, entoure´e de toutes les mesures de se´curite´ propres a` ces malades fragiles ;
– une troisie`me phase de suivi me´dicochirurgical a` vie qui doit re´pondre a` tous les aspects de la personnalite´ du patient sur le plan die´te´tique, nutritionnel, psychologique, physique et social.
C’est dans cette optique que travaille la Soffco dont Obe´site´est devenu le journal officiel de re´fe´rence, concre´tisant ainsi le partenariat me´dicochirurgical qui doit permettre a` la chirurgie bariatrique d’acque´rir ses ve´ritables lettres de noblesse en dehors de toute action miraculeuse.
Correspondance :pr.mouiel@wanadoo.fr Obes (2008) 3: 47
©Springer 2008
DOI 10.1007/s11690-008-0122-8
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