IN MEMORIAM
Pierre est parti. J’aimerais associer a` cette e´vocation les membres passe´s et pre´sents du laboratoire de Toulouse et, avec Vladimir Stich, du laboratoire franco-tche`que de Prague.
Pierre a joue´ un roˆle essentiel dans le de´veloppement de la recherche clinique sur l’obe´site´ a` Toulouse.
Graˆce a` lui, nous avons pu de´velopper les interfaces entre physiopathologie et biologie, approches inte´gre´e et mole´culaire. Lors de son doctorat de sciences, Pierre a mis en place la microdialyse du tissu adipeux, une technique exigeante qui n’est actuellement pratique´e, en routine, que par quelques laboratoires dans le monde. Cette the`se allait bien au-dela` d’une simple mise au point technique. Pierre, avec rigueur et opiniaˆtrete´, avait e´tabli les conditions optimales, teste´ les limites d’utilisation et montre´ tout l’inte´reˆt de la microdialyse dans la compre´hension de la lipomobilisation. Ce travail lui a valu la reconnaissance since`re de Vladimir Stich et de Peter Arner de l’institut Karolinska de Stockholm. Pierre e´tait appre´cie´ par Peter et Vladimir pour ce qu’il avait accompli, mais aussi pour les liens personnels qu’ils avaient su tisser avec eux. Ils l’ont tous deux exprime´ a` l’annonce de sa disparition. Dans le premier grand programme europe´en auquel nous avons participe´, Nugenob, Pierre a coordonne´ l’ensemble de l’essai clinique. C’e´tait une expe´rience nouvelle pour nous : notre premier essai multicentrique en nutrition, l’apprentissage de proce´dures normalise´es, la de´couverte des pratiques, des pense´es et des modes de travail des grands centres europe´ens de recherche sur l’obe´site´. Notre engagement dans le programme n’aurait pas e´te´ possible sans Pierre. Ici aussi, cela s’est traduit par une reconnaissance et une appre´ciation de sa contribution par ses colle`gues e´trangers, en particulier, Wim Saris de l’universite´ de Maastricht et Thorkild Soerensen et Arne Astrup de l’universite´ de Copenhague. Cette expe´rience de Nugenob nous a marque´s et la petite e´quipe clinique s’est reconstitue´e spontane´ment pour eˆtre pre´sente le 28 mai.
En dehors du travail, il y avait une affinite´ et une vision partage´es sur l’e´tat du monde, un inte´reˆt pour nos parcours respectifs (l’ascenseur social re´publicain dont parle Max Lafontan), les soire´es avec Chantal et Mary, votre culture musicale... Un voyage re´sume ces impressions. En 1996, nous sommes partis a` Prague pour discuter de collaborations avec Vladimir que je connaissais peu a` l’e´poque. C’e´tait ma premie`re visite de la ville. Nous partagions une chambre d’e´tudiant au-dela` du Chaˆteau. Pierre m’a fait de´couvrir les styles architecturaux, le baroque surtout, la pe´riode pragoise de Mozart... Nous avons discute´ de Kafka.
La re´volution de velours n’e´tait pas loin, nous e´tions fascine´s d’e´couter Vladimir expliquant ce moment d’Histoire. Une belle histoire humaine et scientifique allait se de´velopper. Pierre en e´tait. Elle continue.
Pierre est parti. L’heure est aux souvenirs, a` l’e´vocation silencieuse de ce que tu nous as apporte´ et a` la reconnaissance de ce laboratoire ou` tu avais toute ta place.
Dominique Langin Obes (2008) 3: 100
©Springer 2008
DOI 10.1007/s11690-008-0130-8
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