• Aucun résultat trouvé

Subductions cisaillantes et création de nappes sans racine dès l'origine

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Subductions cisaillantes et création de nappes sans racine dès l'origine"

Copied!
5
0
0

Texte intégral

(1)

Article

Reference

Subductions cisaillantes et création de nappes sans racine dès l'origine

AMSTUTZ, André

Abstract

Les notions nouvelles qu'impliquent les subductions cisaillantes de l'arc alpin sont ici récapitulées, soit pour les hauts de la lithosphère, soit pour les causes profondes. Parmi les conséquences de ces subductions, sont décrites trois nappes importantes nées sans racine.

AMSTUTZ, André. Subductions cisaillantes et création de nappes sans racine dès l'origine.

Comptes Rendus de l'Académie des Sciences. D, Sciences naturelles, 1976, vol. 283, p.

1277-1280

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:150671

Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.

1 / 1

(2)

G

R. Acad. Se. Paris, t. 283 (8 novembre1976) Série D 1277

TECTONIQUE. — Subductionscisaillanteset création de nappessans racine dès l'origine.

Note (*) de M. André Amstutz, présentée par M. Jean Piveteau.

Lesnotionsnouvelles qu'impliquentles subductionscisaillantes del'arc alpin sont ici récapitulées, soitpour les hauts de la lithosphère, soit pour les causes profondes. Parmi les conséquences de ces subductions, sont décrites trois nappes importantes nées sans racine.

Parla complexitéde ses structures,et parle grand nombrede documentscartographiques dont on dispose pour l'analyser, la chaîne alpine est sans doute la zone du globe la plus

apte à mettre à l'épreuvela valeurdes conceptionsqui traitent des déformationsde l'écorce terrestre. Aucuneautre chaîne,eneffet, neprésente, enplus d'unetelle diversitéde structures et de complicationstrès importantes, une telle densité de données cartographiques.Il y a donc là un critère particulièrementprobant, un ensemble particulièrement apte à mettre

" enévidencelajustessed'explicationssurl'orogenèse,oulegenred'erreursqu'ellescomportent.

Dès lors, pour placer dans un cadre juste les subductions('). cisaillantes et les nappes sansracinequi s'étendentdanslachaîne alpineet quipeuventégalement existerdans d'autres chaînes, voyonstout d'abord la valeur de la conception structuraleet génétique qui règne

depuis une cinquantaine d'années sur la géologie alpine, et rappelons pour cela les trois principesdirecteursqui sont à la base de toutes les variantesde cette conception. Ce sont :

le déversement généralisé des nappes penniques vers l'avant-pays,

l'enracinement collectif de ces nappes dans une zone dite des racines,

une culmination de toutes ces nappes dans le segment Ossola-Tessin.

Or, les structuresqui apparaissentauflancseptentrionaldes massifsMont-Roseet Grand- Paradis démontrenttrès nettementqueles deux premiersprincipes (solidairesl'un de l'autre) impliquent une erreur fondamentalede géométrie et une erreur essentielle de mécanique élémentaire. De même, les structures que l'on observe entre le massif Mont-Rose et le Tessin montrent que tant le troisième principe que les deux premiers ont conduit à des constructionsirréelles, impossibles en réalité. Cette impossibilité est clairementdémontrée aux pages 15 et 16 du travail paru l'an dernier dans les Archives des sciences(2) et il n'y a donc pas lieu de reprendre cette démonstration ici, dans une courte Note.

Tandis qu'à rencontre des deux premiers principes directeurs, tous les faits que l'on peut observer dans l'arc alpin s'enchaînent complètementpour montrer que les déver- sements de masses Saint-Bernard dans la fosse géosynclinale Mont-Rose correspondent

-aux premiers grands mouvements de l'orogenèse alpine, et non à un encapuchonnement tardif de Nappe Mont-Ro$e,impossible en réalité. Le retroussementde digitations Saint- Bernardpar les déversements Sesia s'ajoute d'ailleursà ces faitspour montrerl'antériorité des recouvrements SB/MR et mettre encore mieux en évidence l'ordre de succession des grands diastrophismes alpins.

Ayant ainsi assaini notre connaissance de l'orogenèse, alpine, considérons maintenant

le mécanisme créateurdes diastrophismescorrespondant au titre de cette Note-ci.Voyons

les structures qui en résultent dans les hauts de l'écorce terrestre et tentons d'en discerner

les causes profondes.

(3)

1278 —SérieD

C.R.

Acad.Se. Paris, t. 283 (8 novembre1976)

Rappelonspour cela, afin d'en tirer des corollaires nouveaux, les deux notions que

j'ai

avancées dans ces Comptes rendus en 1955 et 1957 (voir première Note infrapaginale), notions qui étaient alors tout à fait nouvelles :

Les principalesnappes de la chaîne alpine résultent de subductionscisaillantes pro- venant d'entraînementpar les courants suberustaux(phénomèneprimordial)suivies d'écou- lement par gravité dans les dépressions crééespar les subductionselles-mêmes(phénomène complémentaireet amplificateur).

Les subductionscisaillantesproduisent régulièrementcesdeuxphénomènes -.laminage et étirementaurdessous de la surface principalede cisaillement, avec « schistosité de sub- duction » parallèle à cette surface; compression au-dessus de cette surface, sous forme d'écaillés, plis ou simplement froncements, et coupure de strates, avec des angles variant de 0

à

90°.

Parmi les corollaires qui découlentde ces deux notions, il faut attacher une importance particulière à ceux-ci,car ils expliquent clairementet complètementdes structures qui aupa- ravant n'ont jamais été comprises :

Lors de subductionscisaillantesfaitesensérie, successivementetl'une

à

côtédel'autre,

le modede formation des nappes est à concevoir ainsi ; la première des nappes à la surface dusol comme dos et lepremiercisaillementcomme base (parex. Verosso-Berisàlet Donnaz- Dt. Blanche), mais pour toutes les suivantes, par ce système de cisaillements, le dos de la nappe se formé avant la base.

Un peu d'obliquité dans ces séries de cisaillements successifs, peut faire couper une

surface de cisaillementpar la suivante, et ainsipeut se créer une nappe dépourvuede racine dès sa naissance. Ainsi, la coupure de la surface dorsalepar le cisaillement basai doit ter- miner l'arrière d'une nappe en forme de biseau,

de

coin effilé. Tel est le cas de la nappe

simplonique Lebendun*et tel est aussi le cas desnappeshelvétiquesWildhorn et Diablerets, qui sont représentées ci-contre par ces deux coupes et dont le mode de formation devient donc clair.

Ces trois exemples de nappes dépourvuesde racine dès leur naissance sont de typiques cas d'intersectionlors de subductionscisaillantes faites successivementet côte

à

côte, autre-

ment dit, lors de subductions appartenantà une même sérié. L'angle de leurs obliquités

n'est pas grand. Tandis que des angles variant de 0 à 90° caractérisentles intersections, lescoupuresentreséries différentes.

Par

exemple,dans lazone compriseentre massifMont- Rose et Tessin, la première des quatre subductions cisaillantes simploniques coupe avec des angles très divers (60° dans la figure ci-jointe) les surfacesde cisaillement de laPremière phase tectogène. Mais ne nous arrêtons pas dans cette courte Note à d'autres exemples de coupuresentre séries différentesde cisaillements,ettentonsplutôtde discerner les causes /profondes du mécanisme des subductions cisaillantes.

De toutesles hypothèses émisespourexpliquerl'orogenèsealpine, uneseulepeutexpliquer véritablement,logiquementet complètement, l'amoncellementd'observationsque

j'ai

faites pendanttrente années de travail cartographiqueet pétrographiquedanscettechaîne. C'est tout d'abord l'action d'un courant subcrustal s'enfonçant sôus Pavant-pays et créant un

géosynclinal (cf. Rittmann), puis une immense subduction cisaillante et en conséquence

un bourrelet asymétriqueengendrantun second courant plus fort que le premier, créateur des déversements Sesia en sens inversé de ceux qui ont auparavant rempli le géosynclinal.

D'où, un ensemble créant ensuite une série de subductions alternant tantôt vers l'avant-

(4)

C. R. Acad. Se. Paris, t. 283 (8 novembre1976) Série D 1279

à gauche: Coupe NNW-SSE au 1/200.000 de Gondo à Camughera

En noir: la nappe Lebendum,seterminantàl'arrièreen coin,entreles nappessimploniques Monte-Leone et Antigorio,dontla schistosité de subductiondiminuegraduellementdehauten bas.— En stratification ondulée: PaléozoiqueSaint-Bernard,déversésur le Mésozoique (gris clair) et le Paléozoique(gris foncé) de la zone Mont-Rose,ex-fosse géosynclinale,lors d'une Première phase tectogène.

La 2e surface de cisaillement simplonique, dontrésultent la basede Monte-Leoneet le dos de Lebendun, a été coupéeobliquementpar le 3e cisaillement,dont résultentla basede Lebendunet le dos d'Antigorio.

à droite: Coupe NNW-SSEau 1/300.000 de Mordes à Sembrancher

En gris foncé:le PaléozoiqueMont-Blanc. Au-dessus: sédiments alpins anté-priabonienset 3 lames de PaléozoiqueSaint-Bernard(grisé).—En gris clair: le PaléozoiqueAiguilles-Rouges. Au-dessus et dans le synclinal de Chamonix: autochtoneet N.Morcles(hachuré).— Au-dessus de N.Mordes:le profil des nappes Diableretset Wildhorn avant l'érosion, d'après leurs structuresautour du Gellihorn.

La surface de cisaillement dontrésulte le dos de Wildhorn a été coupée par le cisaillement dont résultent la baséde Wildhorn et le dos de Diablerets. Idem lors du cisaillementsuivant: Diablerets-Mordes.

pays, tantôt vers Farrière-pays, au gré des alternancesde la résultante des forces d'entraî- nement émanant des deux courants en action sous le bourrelet infracrustal.

Tant les règles de la mécaniquerationnelle que tous les

faits

qu'on peut observer dans l'arc alpin convergentpour montrer le bien-fondéde cette façon de comprendreles causes profondes, à laquelle une objection techniquementsérieuse

n'a

d'ailleurs jamais été faite.

Mais, dans l'espacelimité de cette Note, n'ajoutons rien à l'essentiel ainsi formulépour les

causesprofondes,etvoyonsplutôtcommentse transmetjusqu'auxdiastrophismesde surface l'énergie des courants suberustaux.

Entre la lithosphère et la zone magmatique sous-jacente il y a probablement une zone de transition graduelleviscosité et friction transmettent aux masses rocheuses basales une partie du mouvementdes courants. De ces parties basales, particulièrementrhéomor-

phiques,cetentraînementparfrictiondoitsepropagerautraversde zones demoinsenmoins rhéomorphiques,etcréerdansleshauts relativementrigides de l'écorceterrestre,des tensions

si ce ne sont des mouvements. On a donc, au-dessus des convections subcrustales, une multitude de mouvementseffectifs ou sinon de tensions, de forces latentes à composantes horizontale et verticale, à peu près parallèles au courant magmatique. Tandis qu'en face de ces forces plus ou moins descendantes tendant à modifier l'état structure préexistant, s'opposentdes forces s'appuyant sur l'avant- ou l'arrière-pays,sises hors du champd'action du courant, et ne comportant donc pas, elles, de composante verticale.

Or, lorsquedes forces s'opposentnon pas en sens strictementinversemaisavecune diffé- rence angulaire dans leurs directions, il se crée non pas un simple écrasement, mais ce que l'on dénommeen mécaniquerationnelleun effort tranchant, une tendance au cisaillement.

Il y a donc là un état de choses qui ne peut durer : un ensemblede forces mouvantesdans

les parties rhéomorphiquesde l'écorce terrestre,et simultanément une accumulationde ten- sionsdansles partiesrelativement rigides sus-jacentes.Une rupture sous forme de subduction cisaillante dans les hauts, et conjointementune augmentation rapide des translations flui-

C. R., 1976, 2e Semestre. (T. 283, N° 11) Série D — 92

(5)

1280 Série

D G

R. Acad.Se. Paris,

t

283 (8 novembre 1976) dales dans les bas, doivent évidemment s'ensuivre, se déclencher lorsque, dans un laps de temps inférieurau temps de relaxation,larésistancecède

à

cetteaccumulationde tensions.

Mais, avant le paroxysme de l'effort tranchant et le déclenchementdu cisaillementprin- cipal, ces tensions doivent cependant créer des myriades de glissements microscopiques et de recristallisations concomitantes, et opérerainsiun début de schistosité.Lors du grand cisaillement et du laminage se produisant entre la masse mobile surmontant le courant magmatique et la masse immobile, pesante, surmontant la surface de cisaillement, cette schistosité initiale s'accentue évidemment beaucoup et devient ce que je propose de dé- nommer : schistositéde subduction. Tandis que dans la masse maintenue stationnairepar

son appui contre des masses relativement passives, il se produit des compressions (imbri- cations, plis) et des coupures (0 à 90°), conformément aux vues exposées ci-avant.

Tel est, àmon sens, le mécanismequi transmetdans leshautsde l'écorce terrestrel'énergie des courants suberustauxet qui créeles subductions cisaillantes, suivies d'écoulement, que la chaîne alpine montre si bien.

Une subduction cisaillante dérivant d'un effort tranchant, implique:

un laminage-étirementet une «schistositéde subduction» sous la sur- face de cisaillement, des coupures et des compressions au-dessus, et

unécoulementsubséquentdans la dépression crééepar la subduction.

"(*) Séance du 27 septembre 1976.

(') Subductionestun mot quej'ai crééetemployépourdespublicationsparuesen 1951 et 1952. Approuvé par M. Gignouxen 1952, il fut aussi agréépar l'Académiedes sciences dans le titre de Notesprésentéespar M. Pruvosten 1955 et 1957 (241, p. 967 et 243, p. 2531). En 1970 les géologues de l'« Esso » l'ontadoptéet montré en même temps leur intérêt pour mon travail dans les Alpes (Bul. geol. Soc. Amer., 81, p. 3431), et c'est depuis leur initiative que ce terme est devenu très employé dans le langage géologique.

(2) Arch. Se. (Genève), 28, p. 6-40, 1975.

41, quai Wilson, 1201 Genève.

Références

Documents relatifs

Le programme de la classe terminale comporte, comme en classe de première, deux parties synthèses chimiques et analyses physico-chimiques qui sont enrichies

ةماع ةرظن اهب نيقطانلا ريغل ةيبرعلا ميلعت ميلعت ناديمب اديازتم امامتها ةيضاملا ةليلقلا تاونسلا تدهش مامتهلاا اذه زرب دقو ،اهريغب نيقطانلل اهملعتو ةيبرعلا

Le but de cette étude est de déterminer l’influence de l’âge chronologique sur les performances physiques chez les footballeurs : 12 seniors (22.8 ± 0.9 ans) appartenant

ﺾﻌﺑ ﰲ ﺪﳒ ﺎﻨﻧأ ذإ ،ﺞﺘﻨﳌا ﻒﻴﻟﺎﻜﺗ ﺎﻬﻌﻣ ﺖﻌﻔﺗرا ةدﻮﳉا ﺖﻌﻔﺗرا ﺎﻤﻠﻛ ﻪﻧأ ﻰﻠﻋ ﻢﺋﺎﻘﻟا مﻮﻬﻔﳌا ﺾﻔﺨﻨﻣ ﺔﻴﻟﺎﻌﻟا ةدﻮﳉا وذ ﺞﺘﻨﳌا نﻮﻜﻳ يأ ﻒﻴﻟﺎﻜﺘﻟاو ةدﻮﳉا ﲔﺑ ﺔﻴﺴﻜﻋ ﺔﻗﻼﻋ

la nature pour ne citer qu’elles et les sciences humaines, qui ont pour objet le comportement de l’Homme au sens large, dans la dimension individuelle et collective.. Toutefois,

bourrelet subcrustal près de ces bords; 3° une déformation ultérieuremoindre pour les subductions simploniques que pour celles de la deuxième phase, celles-ci ayant déjà subi

Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences ,

A la cinquième phase, éocène, sont dues la série de subductions cisaillantes Cour- mayeur-Airolo, d'où proviennent les nappes préalpines, et la subduction zone