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Submitted on 1 Jan 1951
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Effet de la dilatation thermique sur la valeur de la constante de curie des ferrites
Louis Néel
To cite this version:
Louis Néel. Effet de la dilatation thermique sur la valeur de la constante de curie des ferrites. J. Phys.
Radium, 1951, 12 (3), pp.258-259. �10.1051/jphysrad:01951001203025800�. �jpa-00234379�
EFFET DE LA DILATATION
THERMIQUE
SUR LA VALEUR DE LA CONSTANTE DE CURIE DES FERRITES
Par LOUIS NÉEL
Sommaire.
- L’auteur montre que l’existence de fortes anomalies de dilatation dans les ferrites entraîne nécessairement une variation thermique importante des coefficients de champ moléculaire.Il en résulte que la constante de Curie asymptotique doit avoir une valeur plus grande que la valeur
théorique classique. Pour la magnétite, l’augmentation observée est très voisine de la valeur calculée
d’après les données dilatométriques.
LE JOURNAL DE PHYSIQUE ET LE RADIUM. TOME
1~,
MARS PAGE É58Il ressort d’études
récentes,
dues à A Serres[1]
et à P. Maroni
[2],
quel’inverse =1
de lasuscepti-
X 111
bilité
magnétique
moléculaire des ferrites varie au-dessus de leurpoint
deCurie,
en fonction de latempérature
absolue~’,
suivant la loiqui
résulte de la théorie duferrimagnétisme [3],
pourvu que T ne soit pas
trop proche
dupoint
deCurie
ferromagnétique.
Le Tableau donne les valeurscorrespondantes
de C pourquelques
ferrites ainsi que pourFe203
a, substanceantiferromagnétique.
TABLEAU.
La théorie
indique
que C devrait êtreégal [3] [5]
àla somme
C’,
donnée dans leTableau,
des valeurs habituelles des constantes de Curieatomiques
des ions
correspondants
dans les sels dont lepoint
de Curie est voisin du zéro absolu. On
s’aperçoit
au contraire que C est notablement
plus grand
que C’.
Comme nous l’avons
suggéré
antérieurement[51,
il est
possible
que cette discordanceprovienne
de lavariation
thermique
duchamp
moléculaire dontnous avons
jadis souligné l’importance [6]. Suppo-
sons pour
simplifier
queseul, parmi
les trois coeffi-cients
qui caractérisent
lechamp
moléculaire des ferrites[7],
le coefflcient n soit une fonction de T,a
et
restantconstants,
et posonsDans ces
conditions, l’expression
de la variationthermique
de lasusceptibilité
conserve la forme(i),
mais la
signification
des coefficientschange :
enparticulier,
la constante C est liée à la constante deCurie
théorique
C’ par la relationCette formule a
permis
de calculer les valeurs de y données dans le Tableau : elles varientdue -1,2
à20132,8. io"~.
C’est un ordre degrandeur raisonnable,
car, si nous attribuons la diminution du
champ
moléculaire à
l’augmentation progressive
de la dis- tance dséparant
deux atomes voisins à la suite de la dilatationthermique,
on trouve que, le coeffi- cient de dilatation linéaire étant de 16. 1 o-l(au voisinage
deIooo° K),
n varie comme d-P où p vaut de7,3
àx ~,3
selon le corps. Cette décroissance estcomparable
à celle des forces derépulsion
inter-atomiques,
où p estcompris
entre 8 et14 [8].
Cette variation
thermique
de n estaccompagnée
d’une anomalie de
longueur
au zéro absolu. Eneffet, lorsqu’une
substancemagnétiquement
saturée subitune variation relative r de
longueur, l’énergie
Ed’échange,
parmolécule-gramme,
s’écritEn
passant
de l’état desspins
ordonnés à l’état désordonné une telle substance subit[6]
une varia-tion relative
ro de longueur
donnéepar
où V est le volume
atomique
etko
le coefficient decompressibilité cubique.
Pour lamagnétite,
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:01951001203025800
259
V==45cm~ ko == - 0,54. 10-12,
}. =16.10-6,
tandis que les données de Maronipermettent
de calculerEo
=2,55.
I011 ergs : on trouve alors ro = 2,9. 1 o-3.Or,
il résulte desexpériences dilatométriques
de"Chevenard
[9]
que l’anomalie delongueur,
extra-polée
au zéroabsolu,
vaut8,0.10~.
Cet accord excellent n’est sans doutequ’accidentel :
pour les ferrites demagnésium
et denickel,
l’anomaliede
longueur
observée estplus petite
que la valeurcalculée. Cela montre sans doute que le
problème
a été
trop simplifié :
d’unepart
eneffet,
on anégligé
les termes d’oscillation
[6],
d’autrepart,
on a attribuéle même coefflcient y de variation
thermique
aux troischamps
moléculairescaractéristiques âes
ferrites.Signalons
que Pauthenet[10J ]
a calculé la variationthermique
de l’aimantationspontanée
des ferrites de
Fe, Co,
Ni et trouvé des valeursen accord avec
l’expérience,
en utilisant les valeurs de no, 2 et~3, corrigées
de ladilatation,
obtenues par Maronid’après
lesexpériences
faites dans larégion paramagnétique.
En
résumé,
la variationthermique
duchamp
molé-culaire due à la dilatation
joue
un rôleimportant
dans
l’interprétation
despropriétés magnétiques
des ferrites et très
probablement
aussi des anti-ferromagnétiques,
notamment en cequi
concernela
comparaison
dupoint
de Curieasymptotique
et du
point
de transition dont les valeurs relatives sont altérées.Remarque
de lVl. Foëx. - La correction de dila- tation ne se manifeste pas dans le cas du nickel au-dessus de sonpoint
de Curie. La constante de Curie dunickel, qui possède
unpoint
de Curie assezélevé,
estidentique
à celle dupalladium
et dupla-
tine pour
lesquels
lespoints
de Curie sontnégatifs.
Si la dilatation intervenait elle devrait être nettement différente.
Réponse
de M. Néel. - Pour mapart, j’estime
que l’identité des constantes de Curie dunickel,
dupalladium
et duplatine
n’a pas designification
fondamentale.
’
Remarque
de 1B1. Casimir. - Il serait intéressant d’étudier aussi l’influence de lapression
sur lespropriétés magnétiques
des ferrites. Est-cequ’on
a
déjà
fait de telles mesures ?Réponse
de 1B1. Néel. - Pas à ma connaissance.BIBLIOGRAPHE.
[1] FOËX G. eL SERRES A. - C. R. Acad. Sc., 1950, 230, 729.
[2] MARONI P. - Colloques de Ferromagnétisme et d’Antifer- romaguétisme, Grenoble, 1950 (J. Phys., 1951, 12, 256).
[3] NÉEL L. 2014 Ann. Phys., 1948, 3, 137.
[4] ENDÔ K.2014 Sc. Rep. Tôhoku Imp. Univ., 1937, 25, 879.
[5] NÉEL L. - Ann. Inst. Fourier, 1949, 1, 163.
[6] NÉEL L. 2014 Ann. Phys., 1937, 8, 237.
[7] Pour les notations, se reporter aux références [3] ou [5].
[8] FOWLER R. H. et GUGGENHEIM E. A. 2014 Statistical Thermodynamics, Cambridge, 1939.
[9] CHEVENARD P. - C. R. Acad. Sc., 1921, 172, 320.
[10] R. PETHAUNET. 2014 C. R. Acad. Sc., 1950, 230, 1842.