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Sensibilité des substances luminescentes aux rayons X
de courte longueur d’onde
Georges Destriau
To cite this version:
SENSIBILITÉ
DES SUBSTANCES LUMINESCENTES AUX RAYONS X DE COURTE LONGUEUR D’ONDEPar M. GEORGES DESTRIAU. Faculté des Sciences de Paris.
École centrale des Arts et Manufactures.
Sommaire. 2014 L’auteur
étudie, pour diverses substances luminescentes, les variations, en fonction de la longueur d’onde, du rapport de la brillance à l’intensité ionométrique du faisceau excitateur. En corrigeant de l’absorption du support, ce rapport croît régulièrement avec la longueur d’onde et le rendement énergétique diminue. Si la substance est placée sur un support approprié, il apparaît un
maximum dans la région spectrale duquel la substance peut être utilisée pour la dosimétrie des rayons X.
Introduction. - L’étude des rendements
énergé-tiques
dans l’excitation des substances luminescentes par les rayons X semble conduire à des valeursélevées,
notamment pour les sulfures de zinc[i],
les mesures sontdélicates,
d’où nécessairement assezimprécises,
aussi les valeurs trouvées par certains auteurs doivent êtreplutôt
considérées en ordresde
grandeur.
Dans le domaine des rayonsX,
les rendements restent encore difficiles à détermineravec
précision,
lesgrains
sontplus
ou moinsréguliers,
les couches fluorescentes ne sont pas elles-mêmes-
absolument
régulières
et les coefficientsd’absorption
vraie nepeuvent
êtreguère
déterminés que par le calcul.J’ai donc
opéré
par une méthode indirecte mepermettant
de tirerquelques
conclusionsquant
au mécanisme de
l’excitation,
sans toutefois mepermettre
de déterminer les rendements en valeur absolue. Cetteméthode,
semblable à celle que vient de décrire Maurice Curie[2]
pour l’excitation enlumière
ultraviolette,
consiste à suivre lesvariations,
en fonction de la
longueur
d’onde des radiationsexcitatrices,
durapport
de la brillance B d’un écran fluorescent à l’intensitéionométrique Io
du faisceau excitateur. On al,
Si nous
désignons
par p le coefficientd’absorption
vraie de la substance
fluorescente,
par a le coefficientd’absorption
du cristal pour la lumière de fluores-cence, par p le rendementénergétique,
par El’épais-seur moyenne d’un
cristal,
l’énergie
réémise sousforme visible par l’unité de surface d’une tranche infiniment mince MN M‘N’
d’épaisseur
dx,
située à laprofondeur x
estet
l’énergie
émergente
la brillance B est donc de la forme
Fi g. 1.
Or lis et ces sont
petits,
il reste donc sensiblement’
(t
hil)
si le rendement p est
élevé,
il varie nécessairement peu avec lalongueur
d’onde,
la courbe y -f (1,)
doitêtre
régulièrement
croissantepuisque
p. croît avec JI.L’établissement de ces courbes nécessite la
connais-sance de
1,,
de B et de À.Détermination de l’intensité du faisceau excitateur. -- J’ai déterminé l’intensité du faisceau
excitateur à l’aide d’un dosimètre de
Hammer,
toutefois les indications de cet
appareil
peuvent
êtresuspectes
au moins pour les très courteslongueurs
d’onde. Afin de me rendre
compte
de l’erreurqui
pouvait
êtrecommise,
j’ai
relevé les indications del’appareil
pour des tensions constantes échelonnées de 2 5o à4oo kV,
lerayonnement
étant filtré par4
mm de cuivre et 6 mm d’acier.Par
ailleurs,
il estpossible
de déterminerthéori-quement
les intensités des faisceauxémergents
enappliquant
lesrègles
d’émission de Kramers etKuhlemkampfi,
et tenantcompte
des coefficients d’affaiblissementindiqués
par Read[3]
pour les très courteslongueurs
d’onde et par Holthusen et Braun[41
pour leslongueurs
d’onde moyennes. Ceci revient à tracer les courbes derépartition
spectrale
des faisceauxémergents
après
les filtrationsci-dessus,
les aires limitées par ces courbes sontproportionnelles
aux intensités des faisceauxémer-gents.
Les résultats sontindiqués
dans le tableauci-après.
192
Les écarts sont de l’ordre de 1 o pour ioo et cette
approximation
est suffisante pour ce genre de mesure, car non seulement les résultats ci-dessus concernent lesrayonnements
pénétrants
ultimes quej’ai
utilisés,
mais encore, nous le verronsplus
loin,
les variations de la fonction
(r~)
vont dusimple
auquadruple.
Enfin,
les mesures ont été faites avecdes installations et des
appareils
différents,
centre Anticancéreux deBordeaux,
Hôpital
Saint-André deBordeaux, École
Centrale des Arts et Manufactures de Paris(le
dosimètre dans ce dernier casm’ayant
été
obligeamment prêté
par laCompagnie
Générale deRadiologie)
les résultats sontparfaitement
concordants.Détermination des brillances. - A
Bordeaux,
j’ai
utilisé une cellulephotoélectrique
à couched’arrêt débitant sur un
galvanomètre
sensible etpeu résistant
(genre Moll),
les intensités débitéessont, dans ces
conditions,
proportionnelles
aux flux lumineux reçus,c’est-à-dire,
pour une même sub-stanceluminescente,
proportionnelles
aux brillances. J’ai vérifié aupréalable
que la cellule n’était passensible aux rayons X et que, d’autre
part,
sasensibilité aux radiations visibles n’était pas affectée
par l’irradiation aux rayons X.
A
Paris,
j’ai opéré
parphotométrie
visuelle à l’aide d’un « nitomètre )) Jobin Yvon mis à madispo-sition par M. Maurice Curie.
Les résultats définitifs sont donc la moyenne d’essais concordants effectués avec des
appareils
et des méthodes différentes.
Détermination des
longueurs
d’onde des rayons X. - Il aurait étésouhaitable,
pour cetteétude,
d’utiliser des faisceauxrigoureusement
mono-chromatiques,
malheureusement leurs intensités,nécessairement très
réduites,
ne m’auraient paspermis
de déterminer commodément les brillances;je
me suis donc contentéd’homogénéiser
les faisceaux de rayons X par la méthodeclassique
de lafiltration,
elle a l’inconvénient de ne pas fournir de faisceaux
rigoureusement
monochromatiques,
mais,
par contre, ellepermet
d’obtenir des faisceaux intenses. L’étudesystématique
desfiltres,
suivant des méthodesqui
ont étédéjà signalées [5],
permet
de combinerjudi-cieusement les substances filtrantes de manière à obtenir l’effet sélectif
optimum.
- -
-- - "- - - - .
-Les
longueurs
d’onde moyennes des bandes pas-santes ont été déterminées par des méthodesd’absorp-tion ; on
peut
se faire une idée de la «largeur
» deces bandes en
comparant
leslongueurs
d’onde moyennes et leslongueurs
d’ondequi correspondent
à la limite hautefréquence
duspectre
continu;
voici
quelques
résultats :. ,
Il
s’agit
donc en résumé de bandes assezlarges.
D
Tracé des courbes
y = = f ().
- J’aiopéré
Iosur des substances extrêmement
variées,
en tout20 échantillons fournis en
grande
partie
par M.Ser-vigne
etcomprenant
des Silicates de zinc et dezinc-glucinium,
des borates dezinc,
destungstates
decalcium,
de zinc et decadmium,
des sulfures de zinc dont 2 échantillons de cristaux de tailles diffé-rentesprovenant
d’une mêmepréparation
de M.Guntz,
des sulfures mixteszinc-cadmium,
desgermanates
de zinc et dezinc-glucinium.
Les courbes sont toutes
croissantes,
mais,
pour lesgrandes longueurs
d’onde,
elles semblent appa-ramment passer par un maximum entre o,25 et o,3 Á. Cetteallure,
qui
m’avait d’abord fortintrigué,
est due auxabsorptions
dusupport
(carton)
et de lasubstance;
celles-cinégligeables
aux faibleslongueurs
d’onde deviennentappréciables
auxgrandes
lon-gueursd’onde;
je
reviendraiplus
loin sur cepoint.
En
corrigeant
les valeurs de Io de cetteabsorption,
iln’y
a ~plus
de maximum.L’allure des courbes
paraît indépendante
de la taille descristaux; ainsi,
avec deux échantillons detailles et 60~ d’un même
sulfure,
j’obtiens
des courbes
superposables
par modification des193
le taux de variations est donc bien
indépendant
de y.l’épaisseur F-
du cristal.2.
On
peut
demême,
par modification de l’échelle desordonnées,
superposer les courbes relatives auxsulfures de zinc et de zinc-cadmium aux silicates
et aux borates de zinc et de
zinc-glucinium,
or lecoefficient
d’absorption
vraie étant pour toutes lessubstances,
proportionnel
au cube de lalongueur
d’onde,
on a
-et il en résulte que, pour toutes ces
substances,
l’égalité
du taux de variationsdy
conduit àl’égalité
.Ydu taux de variation du
rendement -
en fonctionc
de la
longueur
d’onde.1
Par contre les
courbes,
obtenues avec lesgerma-nates et surtout les
tungstates,
nepeuvent
pas sesuperposer aux
précédentes.
Sur la
figure
2,j’ai reproduit,
dans l’intervalle o,05 à o,2~Á,
l’allure des variations de y dans ces 3 cas.La courbe I est relative aux
sulfures,
silicates et borates que l’onpeut
superposer par modification convenable desordonnées;
la courbe II est relativeaux
germanates
et la courbe III auxtungstates.
Comme il
s’agit
de mesures relatives et pour faciliter lescomparaisons,
les échelles sont choisies danschaque
cas de tellefaçon
que les ordonnées soientles mêmes
pour À =
o,255
.~.En
adoptant
dans cetterégion
une relation moyenne linéaire y = m n +p, on a
Il en résulte que p décroît
quand
1. croît( 3
o ,
enoutre p
varie bienplus
pour lesgermanates
etdavantage
encore pour lestungstates
(à
cause des valeurs de p nettementplus
élevées dans cesdeux derniers
cas).
De toute
façon,
même pour lessulfures,
les varia-tions de p sontimportantes
et, de manièregénérale,
le rendement croît
lorsque
lafréquence
des radia-tions excitatrices croît.Fig. 3.
Sur la
figure
3,j’ai représenté
lesvariations,
enfonction de la
longueur
d’onde,
durapport
des brillances de deuxécrans,
l’un au sulfure dezinc,
l’autre au
tungstate
de calcium. L’écran ausulfure,
bien
plus
fortement lumineux que l’écran autungs-tate pour les
grandes
longueurs
d’onde,
devient moins lumineux en dessous de 0,11 i À. Cette moindre sensibilité du sulfure de zinc aux radiations de courtelongueur
d’onde,
présente l’avantage,
pour les écrans deradioscopie,
d’améliorer les contrastes, lerayonnement
filtré par les os étantplus
« dur »,l’ombre
portée
estplus
nettepuisqu’à
laplus
faible intensité durayonnement
filtrés’ajoute
la sensi-bilitéplus
faible de l’écranradioscopique.
Par contre,au début de
l’apparition
des écrans aux sulfures dezinc,
leur sensibilité avait étéexagérée,
onparlait
d’une sensibilité
4
foisplus
grande
que celle des écrans anciens autungstate
decalcium,
ceci n’avait pas été sans provoquerquelques légères déceptions
parmi
lespraticiens qui,
àl’usage,
avaient dû serendre
compte
que la sensibilité n’étaitguère
plus
de deux foissupérieure.
Cette confusionprovenait
de ce que médecins et constructeurs ne s’étaientpas rendus
compte
des variations considérables de la sensibilité du sulfure de zinc avec lalongueur
d’onde.
Lorsque
deux échantillons d’écransradiosco-piques,
l’un ausulfure,
l’autre autungstate,
sont soumis aurayonnement
direct non filtré d’un tubefonctionnant en tension ondulée sur 7o
kV max.,
la brillance de l’écran au sulfure est
environ 4
foissupérieure
à celle de l’écran autungstate, mais,
lorsque
le mêmerayonnement
se trouve « filtré »par un malade
qui
absorbe les radiations degrande
longueur
d’onde,
la brillance de l’écran au sulfure de zinc n’estguère
plus
de deux foissupérieure
à celle de l’écran autungstate.
précé-194
dente que le rendement croît
rapidement
quand
lalongueur
d’ondedécroît,
probablement
à cause de l’action ionisanteplus importante
des rayons et ceci viendrait confirmerl’hypothèse
de Maurice Curie[6]
sur les transferts d’activation.Utilisation dans certaines limites des sub-stances luminescentes pour la dosimétrie des rayons X. - La combinaison d’un écran luminescent
et d’une cellule
photoélectrique
à couche d’arrêt semblerait fournir un moyen facile pour le contrôlede l’intensité d’un faisceau de rayons
X;
malheu-reusement nous venons de voir que la brillancen’était nullement
proportionnelle
à l’intensité du faisceau etdépendait,
dans delarges
limites,
de lalongueur
d’onde. Il est toutefoispossible
de tournerpartiellement
la difficulté endisposant
la substancesur un
support
filtrantapproprié; j’ai déjà signalé
que, dans ces
conditions,
la fonction(y)
passait
par un maximum : dans larégion
spectrale
de
cemaximum,
la brillance est sensiblement propor-tionnelle à l’intensitéionométrique (y
=cont.)
et la substancepeut
être utilisée pour la dosimétrie. Onpeut
s’en rendrecompte
par un calculapproché.
En
désignant
par(a)
et(s)
lesépaisseurs
du
support
et de la
substance,
par t0 et z les coefficientsd’affai-blissement,
par p. et yo les coefficientsd’absorption
vraie,
par uo et a les coefficients dediffusion,
on aavec
yo et
fl-proportionnels
au cube de lalongueur
d’onde
mais vo 0 et a- sensiblement
indépendants
de A.Fig. 4.
Il
vient,
ennégligeant l’absorption
de la lumière visible de fluorescenceEn
négligeant
les variations du rendement p devant celles de p- et deil
est facile de voir que yi passe par un maximum pour une certaine valeurde ?, car, pour les faibles
longueurs
d’onde,
le terme varie peu et la variationde y1
est celle de1-
qui
croît comme ~. avec~.;
au contraireaux
grandes longueurs
d’onde p est élevé, 1-e-,"--et voisin de un et le sens de variation est celui
de e-7-,,
qui
décroîtquand
1. croît.Fig. 5. ,
Pour obtenir la valeur
Àm
de hcorrespondant
aumaximum,
il suffit de fairePlus le filtre est
épais (a élevé),
etplus
il est absor-bant(aa grand), plus
le maximum se trouverejeté
vers les courtes
longueurs
d’onde;
c’est bien ce quetraduisent les courbes
expérimentales
de lafigure
5. Auvoisinage
dumaximum,
la brillance est sensi-blementproportionnelle
à l’intensitéionométrique
quelle
que soit lalongueur
d’onde et l’onpeut,
par un choix convenable du
support,
ramener cemaximum dans une
région spectrale
déterminée.Conclusions. - Dans l’excitation de la
lumi-nescence par les rayons
X,
le rendementénergétique
s’élèvelorsque
lalongueur
d’onde des radiations excitatrices décroît. Lerapport
de la brillance à l’intensitéionométrique
croîtrégulièrement
avec lalongueur
d’onde; toutefois,
si la substance estplacée
sur un
support
absorbant,
cerapport
passe par unmaximum dans une
région
spectrale
conditionnéepar la nature et
l’épaisseur
dusupport.
Dans larégion spectrale
de cemaximum,
les substancesluminescentes
peuvent
être utilisées pour la dosi-métrie des ravons X.195
BIBLIOGRAPHIE. [I] P. M. WOOLF et N. RIEHL, Ann. Physik, I93I, 2, p. I08.
[2] Maurice CURIE, C. R. Acad. Sc.,
I943,
217, p. II0.[3] READ, Proc. Roy. Soc., I935, 152, p. 402.
[4] H. HOLTHUSEN et R. BRAUN,
Grundlagen
un Praxis der Röntgenstrahlendosicrung (Georg Thienne, Verlag.Leipzig).
[5] G. DESTRIAU et R. MATHEY-CORNAT, Archives d’électri-cité médicale, mai I936, p. I45; Bull. Soc. d’électro-radiologie, I936, p. 492 et I937, p. 297; C. R. du Congrès des Méd.
électro-radiologistes
de Paris, octobre I936, p. 5I.[6] Maurice CURIE, C. R. Acad. Sc., I932, 194, p. 1566.
NOUVEAU
SYSTÈME
DE BANDES DE LAMOLÉCULE
NEUTRE D’AZOTE Par Mme R. HERMAN.Parmi les nombreuses bandes émises dans le
proche
ultraviolet par la molécule neutred’azote,
quelques-unes
peuvent
être classées en unsystème
dont le niveau inférieur est
A3 ~ ;.
Nous avonsporté,
clans le tableau
ci-dessous,
leslongueurs
d’onde des têtes de ces bandes ainsi que leur classification. Les nombres d’ondecorrespondants
peuvent
êtrereprésentés
par la formuleL’intensité relative de ce
système augmente
nota-blement
lorsque
lapression
diminue(voir
repro-ductionci-après).
TABLEAlI (1).
Fig. 1. - Les têtes
marquées du spectre a (faiblés pressions) sont exaltées par rapport aux bandes voisines, c’est l’inverse dans le cas du spectre b.
L’écart entre le niveau de vibration v’ = o
et v’ = I est 2185
cm-’,
soit un peuplus
grand
que l’écart entre v" = o et v" - ~
qui
n’est que~ 446
L’étatélectronique
supérieur
serait doncplus
stable que l’étatélectronique
inférieur,
cequi
est en accord avec la
dégradation
des bandes versle violet. Le niveau v’ - 1
(97
961
cm-1)
est unpeu au-dessus du niveau
supérieur
des bandes de Goldstein(97
5go
cm-l).
On voit que le niveau v’ = 2a une
énergie largement
sufilsante pour se dissocieren deux atomes
2D (9796o cm-9.
L’effet de cette dissociation se ferait
déjà
sentirsur le niveau v’ - 1 en causant une diminution d’intensité des bandes relatives à ce niveau.
Inver-sement, deux atomes métastables 2D