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Champs affines.

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Academic year: 2021

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HAL Id: hal-00772982

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Submitted on 11 Jan 2013

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Bertrand Toen

To cite this version:

Bertrand Toen. Champs affines.. Selecta Mathematica (New Series), Springer Verlag, 2006, 12 (1),

pp.39-134. �10.1007/s00029-006-0019-z�. �hal-00772982�

(2)

Bertrand To¨

en

Abstract. The purpose of this work is to introduce a notion of affine stacks, which is a homotopy version of the notion of affine schemes, and to give several applications in the context of algebraic topology and algebraic geometry.

As a first application we show how affine stacks can be used in order to give a new point of view (and new proofs) on rational and p-adic homotopy theory. This gives a first solution to A. Grothendieck’s schematization problem described in [18].

We also use affine stacks in order to introduce a notion of schematic homotopy types. We show that schematic homotopy types give a second so-lution to the schematization problem, which also allows us to go beyound rational and p-adic homotopy theory for spaces with arbitrary fundamental groups. The notion of schematic homotopy types is also used in order to con-struct various homotopy types of algebraic varieties corresponding to various cohomology theories (Betti, de Rham, l-adic, . . . ), extending the well known constructions of the various fundamental groups.

Finally, as algebraic stacks are obtained by gluing affine schemes we define geometric stacks as a certain gluing of affine stacks. Example of ∞-geometric stacks in the context of algebraic topology (moduli spaces of dga structures up to quasi-isomorphisms) and Hodge theory (non-abelian periods) are given.

Mathematics Subject Classification (2000). 14F25.

Keywords. Stacks, schematic homotopy type, rational and p-adic homotopy theory.

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Table des mati`eres

0. Introduction 3

1. Rappels sur les champs 15

1.1. Rappel des d´efinitions 15

1.2. Limites homotopiques et d´ecomposition de Postnikov 18 1.3. Cohomologie des pr´efaisceaux simpliciaux 23

1.4. H∞-Champs 28

1.5. Sch´emas en groupes affines 31

2. Champs affines 35

2.1. Rappel sur les alg`ebres co-simpliciales 36

2.2. Champs affines 41

2.3. Affination des types d’homotopie 48

2.4. Champs affines sur un corps 51

2.5. Comparaison avec l’homotopie rationnelle et p-adique 61

2.6. Critique des champs affines 65

3. ∞-Gerbes affines et types d’homotopie sch´ematiques 65

3.1. D´efinitions 66

3.2. Exemples d’∞-gerbes affines et de types d’homotopie sch´ematiques 70 3.3. Sch´ematisation des types d’homotopie 74

3.4. Exemples et contre-exemples 79

3.5. Types d’homotopie des vari´et´es alg´ebriques 82 3.5.1. Type d’homotopie sch´ematiques et th´eorie de Hodge 82 3.5.2. Type d’homotopie (iso-)cristallin 85

3.5.3. Type d’homotopie l-adique 87

4. Champs ∞-g´eom´etriques 89

4.1. D´efinition 89

4.2. Application 92

4.2.1. Le champ des structures multiplicatives 92

4.2.2. P´eriodes non-ab´eliennes 96

Appendix A. Le probl`eme de la sch´ematisation 100

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0. Introduction

Le but principal de ce travail est de pr´esenter une notion de champ1 affine,

g´en´eralisation de nature homotopique de la notion de sch´ema affine, et d’en donner plusieurs applications que nous allons commencer par r´esumer.

• Dans un premier temps on montrera comment la notion de champs affines peut-ˆetre utilis´ee afin de r´einterpr´eter g´eom´etriquement, et d’´eclairer, les th´eories de l’homotopie rationnelle et p-adique (par exemple au sens de [41, 3, 4, 56, 34, 16, 37]). Ceci passe par l’existence d’un foncteur d’affination, associant `a tout type d’homotopie un champ affine v´erifiant une propri´et´e universelle. Nous proposerons cette construction comme une premi`ere solu-tion au probl`eme de la sch´ematisation de A. Grothendieck de [18] (voir aussi l’appendice A).

• Les champs affines seront utilis´es pour d´efinir une notion de type d’homotopie sch´ematique que nous proposons comme mod`eles pour construire des types d’homotopie de vari´et´es alg´ebriques. Nous d´emontrerons l’existence d’un fonc-teur de sch´ematisation, associant `a un type d’homotopie (au sens usuel) un type d’homotopie sch´ematique v´erifiant une propri´et´e universelle. Cette con-struction donne une seconde solution au probl`eme de la sch´ematisation, et permet de plus d’aller au-del`a des th´eories de l’homotopie rationnelle et p-adique pour des espaces `a groupes fondamentaux arbitraires.

• On construit, pour les th´eories cohomologiques usuelles de la g´eom´etrie alg´ e-brique (Betti, de Rham, Hodge, l-adique et cristalline) des th´eories homo-topiques associ´ees dont les valeurs sont des types d’homotopie sch´ematiques. On esp`ere que ces th´eories d’homotopie capturent des informations arithm´ e-tiques et/ou g´eom´etriques int´eressantes. Dans le cas des vari´et´es complexes projectives et de la th´eorie de Betti, on explique comment le type d’homotopie associ´e poss`ede une d´ecomposition de Hodge g´en´eralisant les structures de Hodge sur la coholomogie, le groupe fondamental et sur le type d’homotopie rationnel. De mˆeme, dans le cas de la cohomologie cristalline le type d’ho-motopie associ´e poss`ede une structure de F -isocristal (due a M. Olsson, voir [40]), et pour le cas de la cohomologie l-adique une action continue du groupe de Galois du corps de base. On propose aussi une construction d’une variante non-ab´elienne des applications d’Abel Jacobi.

• Tout comme un sch´ema (ou plus g´en´eralement un champ alg´ebrique) est obtenu par recollement de sch´emas affines, on peut recoller des champs affines pour obtenir une notion de champs ∞-g´eom´etriques. Cette notion, qui est une g´en´eralisation de la notion de champs alg´ebriques, permet de r´esoudre de nouveaux probl`emes de modules qui ne peuvent ˆetre raisonnablement r´esolus `a l’aide de la notion usuelle de champs alg´ebriques. On construit par exemple le champ ∞-g´eom´etrique qui classifie les structures d’alg`ebre

1Dans ce texte l’expression champ signiefira toujours champ en ∞-groupoides. Un mod`ele pour

la th´eorie des champs (que nous utiliserons) est celui des pr´efaisceaux simpliciaux de A. Joyal et R. Jardine (voir [30, 28]).

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diff´erentielle gradu´ee `a quasi-isomorphismes pr`es. On construit aussi le champ ∞-g´eom´etrique classifiant les filtrations sur une alg`ebre diff´erentielle gradu´ee commutative, que l’on utilise pour d´efinir une application des p´eriodes non-ab´eliennes qui contrˆole la variation de la filtration de Hodge sur le type d’homotopie rationnel d’une famille de vari´et´es complexes lisses et projec-tives.

Certains des points pr´ec´edents seront trait´es en d´etails, mais d’autres feront l’objet d’articles `a parts enti`eres et ne seront que survol´es dans ce travail.

D´ecrivons `a pr´esent le contenu math´ematique de cet article.

Champs

Un mod`ele ad´equat pour une th´eorie des champs en ∞-groupoides est la th´eorie des pr´efaisceaux simpliciaux (voir [30, 28, 29, 2, 13]). Ainsi, le mot champ signifiera pour nous un objet de la cat´egorie homotopique des pr´efaisceaux simpli-ciaux. Pour un anneau k, nous consid´ererons la cat´egorie des sch´emas affines sur Spec k, munie de la topologie fid`element plate et quasi-compacte. La cat´egorie ho-motopique des pr´efaisceaux simpliciaux sur ce site sera notre cat´egorie des champs sur Spec k.

D’apr`es les travaux fondamentaux [30, 28] la th´eorie homotopique des champs admet une structure de mod`eles. Une cons´equence importante, et non triviale, de l’existence de cette structure de mod`eles est l’existence de constructions standards tel que les limites et colimites homotopiques. De fa¸con plus pr´ecise la cat´egorie de mod`eles des pr´efaisceaux simpliciaux est un topos de mod`eles, au sens de [60]. Ceci implique en particulier des propri´et´es d’exactitudes additionelles de la th´eorie des champs, comme par exemple l’existence de Hom internes. Il est bon de garder `a l’esprit que la th´eorie des champs fonctionne de fa¸con tout `a fait similaire `a celle des faisceaux. Une pr´esentation de quelques constructions et propri´et´es standards de la th´eorie des champs fait l’objet du chapitre §1.

Champs affines

La notion de champs affines sur un anneau k est une version d´eriv´ee de la notion de sch´emas affines, et g´en´eralise celle-ci dans un cadre homotopique. Pour d´efinir cette notion nous utiliserons une structure de cat´egorie de mod`eles sur la cat´egorie des k-alg`ebres co-simpliciales. Pour A une telle alg`ebre co-simpliciale, nous consid´ererons le sch´ema affine simplicial Spec A, ainsi que le pr´efaisceau sim-plicial sur le site des k-sch´emas affines qu’il repr´esente. Nous d´efinissons ainsi un foncteur

Spec : (k − Alg∆)op−→ SP r(k),

de la cat´egorie des k-alg`ebres co-simpliciales, vers la cat´egorie des pr´efaisceaux simpliciaux sur le site des k-sch´emas affines pour la topologie fid`element plate et

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quasi-compacte. Notre premi`ere observation, qui est au centre du pr´esent travail est la proposition suivante.

Proposition 0.0.1. (Voir Prop. 2.2.2 et Cor. 2.2.3) Le foncteur Spec est un foncteur de Quillen `a droite. De plus, le foncteur d´eriv´e

RSpec : Ho(k − Alg∆)op−→ Ho(SP r(k)) est pleinement fid`ele.

Avant d’aller plus loin dans la d´efinition des champs affines il me semble important de faire deux remarques.

• Lorsque la cat´egorie des sch´emas affines sur k est munie de la topologie triv-iale, la proposition pr´ec´edente est plus ou moins une trivialit´e. En contre partie, lorsque l’on travaille avec la topologie fid`element plate, la preuve du fait que Spec est un foncteur de Quillen `a droite utilise un r´esultat r´ecent de D. Dugger, S. Hollander et D. Isaksen qui caract´erise les pr´efaisceaux sim-pliciaux fibrants (voir [13]). Il est important de noter ici que l’utilisation de la topologie fid`element plate est cruciale pour les r´esultats qui vont suivre, qui sont de toute ´evidence faux pour la topologie triviale. Par exemple, une des propri´et´es fondamentales de cette topologie que nous utiliserons est le fait que la sous-cat´egorie pleine de la cat´egorie des faisceaux en groupes, form´ee des faisceaux repr´esentables par des sch´emas en groupes affines, est stable par conoyaux et limites projectives (du moins lorsque k est un corps). Cette propri´et´e sera tr`es importante pour les th´eor`emes fondamentaux 0.0.2 et 0.0.4.

• La proposition 0.0.1 implique donc que la th´eorie homotopique des k-alg`ebres co-simpliciales se plongent dans celle des champs sur Spec k pour la topologie fid`element plate. Le foncteur RSpec permet ainsi de g´eom´etriser les objets alg´ebriques que sont les k-alg`ebres co-simpliciales. De plus, lorsque k est de caract´eristique nulle, les th´eories homotopiques des k-alg`ebres co-simpliciales et des k-alg`ebres diff´erentielles gradu´ees commutatives et en degr´es positifs sont ´equivalentes (voir [21]). Ainsi, nous obtenons aussi un plongement de la cat´egorie homtopique des k-alg`ebres diff´erentielles gradu´ees commutatives (et en degr´es positifs) dans la cat´egorie des champs sur Spec k.

Nous d´efinissons la cat´egorie des champs affines sur k commme la sous-cat´egorie pleine des champs sur Spec k image essentielle du foncteur RSpec. Ainsi, en caract´eristique nulle, la cat´egorie des champs affines sur k est anti-´equivalente `

a la cat´egorie homotopique des k-alg`ebres diff´erentielles gradu´ees commutatives et en degr´es positifs. Il se trouve que la cat´egorie des champs affines ainsi d´efinie poss`ede plusieurs descriptions ´equivalentes. Nous commencerons par montrer que les champs affines sont les objets locaux pour la th´eorie cohomologique repr´esent´ee par Ga, et de taille raisonnable (voir Thm. 2.2.9). On diposera ainsi d’une

in-terpr´etation de nature cohomologique de la notion de champs affines. Nous mon-trerons aussi que la cat´egorie des champs affines est aussi la plus petite sous-cat´egorie pleine de la cat´egorie des champs sur Spec k contenant les champs de la

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forme K(Ga, n) et qui est stable par limites homotopiques (voir la remarque qui

suit le th´eor`eme 2.2.9). Ceci montre en particulier que la notion de champs affines est intrins`eque `a la th´eorie des champs sur Spec k. Enfin, lorsque k est un corps, la notion de champs affines se simplifie quelque peu, et nous donnerons alors la caract´erisation suivante des champs affines, point´es et connexes.

Th´eor`eme 0.0.2. (Voir Thm. 2.4.1 et Thm. 2.4.5) Les champs affines, point´es et connexes sur un corps k sont exactement les pr´efaisceaux simpliciaux point´es et connexes F , tels que pour tout i > 0 le faisceau πi(F, ∗) soit repr´esentable par un

sch´ema en groupes affine et unipotent.

En corollaire de ce th´eor`eme on obtient qu’il existe un ´equivalence entre la th´eorie homotopique des k-alg`ebres co-simpliciales (ou encore k-alg`ebres diff´ eren-tielles gradu´ees si k est de caract´eristique nulle) augment´ees et connexes et celle des champs point´es v´erifiant les conditions du th´eor`eme 0.0.2. Cette intepr´etation g´eom´etrique des k-alg`ebres co-simpliciales est `a ma connaissance un r´esultat nou-veau, tout particuli`erement dans le cas o`u k est de caract´eristique positive. C’est aussi un th´eor`eme non-trivial car il permet par exemple de retrouver (et ce de fa¸con purement formelle) les th´eor`emes fondamentaux de l’homotopie rationnelle et p-adique (voir Thm. 2.5.1 et Cor. 2.5.3).

Affination des types d’homotopie

Les champs affines forment une cat´egorie de champs qui donne une solution probl`eme de la sch´ematisation de A. Grothendieck tel que je l’ai personnellement compris (voir l’appendice A). Dans ce cadre il s’interpr´etera de la fa¸con suivante. Si k est un anneau, on peut consid´erer le foncteur d´eriv´e des sections globales RΓ, de la cat´egorie des champs affines sur k vers la cat´egorie homotopique des ensembles simpliciaux. Notre premier r´esultat d’existence est le suivant, et est une cons´equence imm´ediate de la proposition 0.0.1.

Corollaire 0.0.3. (voir Cor. 2.3.3) Le foncteur RΓ restreint aux champs affines poss`ede un adjoint `a gauche X 7→ (X ⊗ k)uni. De plus, si kX est la k-alg`ebre

co-simpliciale de cohomologie de X `a valeurs dans k on a (X ⊗ k)uni' RSpec (kX).

Le champ affine (X ⊗ k)uni est appel´e une affination de X sur k.

Il est important de remarquer que le fait que les champs K(Ga, n) soient

des champs affines implique qu’il existe une propri´et´e de conservation de la co-homologie H∗(X, k) ' H∗((X ⊗ k)uni

, Ga) (qui est une des propri´et´es ch`eres `a

A. Grothendieck dans [18]). Ainsi, comme les champs affines sont des objets lo-caux pour la th´eorie cohomologique repr´esent´es par Ga, le morphisme d’adjonction

X −→ (X ⊗ k)uni peut aussi s’interpr´eter comme un morphisme de localisation (dans le sens que A.K. Bousfield a donn´e `a ce terme dans [3]).

En utilisant le th´eor`eme 0.0.2, il est possible de d´ecrire le champ (X ⊗ k)uni, du moins lorsque X est nilpotent de type fini et k est un corps. Dans ce cas, nous

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montrerons que (X ⊗Q)uniest un mod`ele pour le type d’homotopie rationnel de X,

et (X ⊗ Fp)uniun mod`ele pour son type d’homotopie p-adique (voir Thm. 2.5.1 et

Cor. 2.5.3). Ces r´esultats sont des cons´equences formelle de la propri´et´e universelle satisfaite par (X ⊗ k)uni et du th´eor`eme 0.0.2. La notion de champ affine permet

ainsi de construire des mod`eles g´eom´etrico-alg´ebriques aux types d’homotopie. Enfin, signalons que lorsque X est un ensemble simplicial fini, le foncteur X 7→ (X ⊗ k)uniest compatible aux changements d’anneaux. De ce fait, le champ

affine (X ⊗ Z)unipermet d’unifier les types d’homotopie rationnel et p-adique de

X. Nous donnerons une description conjecturale de ce champ lorsque X est 1-connexe et de type fini au paragraphe §2.3 (voir Conj. 2.3.6).

∞-Gerbes affines et types d’homotopie sch´ematiques

De par leur d´efinition, les types d’homotopie repr´esent´es par des champs affines ont une forte tendence `a ˆetre nilpotents. Ceci est un fait tr`es bien connu en th´eorie de l’homotopie rationnelle ou p-adique, o`u les groupes fondamentaux que l’on obtient `a partir des mod`eles alg´ebriques sont les compl´etions de Mal’cev (rel-ativement au corps de base) des groupes fondamentaux usuels. De mˆeme, pour un espace X qui est non-nilpotent, le champ (X ⊗k)unine verra pas la partie r´eductive

du type d’homotopie de X (e.g. le sch´ema en groupes π1((X ⊗ k)uni, x) est un

sch´ema en groupes affine pro-unipotent). On est donc naturellement amen´es `a in-troduire une notion plus g´en´erale que celle de champs affines qui soit moins restric-tive au niveau des groupes fondamentaux. C’est pour cette notion plus g´en´erale que nous r´eserverons l’expression types d’homotopie sch´ematiques.

Tout d’abord nous introduirons une notion d’∞-gerbe affine qui g´en´eralise la notion de gerbe affine utilis´ee dans le formalisme Tannakien (voir [43, 10]), et de fa¸con `a ce que les ∞-gerbes affines soient aux gerbes affines ce que les champs affines sont aux sch´emas affines. En clair, nous d´efinirons une ∞-gerbe affine (point´ee) sur un corps k comme ´etant un champ point´e et connexe F sur Spec k, dont le champ des lacets Ω∗F est un champ affine sur k (voir Def. 3.1.2). Les types

d’homotopie sch´ematiques point´es sur k seront alors les ∞-gerbes affines point´ees poss´edant une certaine propri´et´e de localit´e cohomologique (voir Def. 3.1.2). Nous conjecturons cependant que cette propri´et´e est toujours satisfaite, et que toute ∞-gerbe affine point´ee est donc un type d’homotopie sch´ematique (voir 3.2.10). Quoiqu’il en soit, la cat´egorie des types d’homotopie sch´ematiques point´es ainsi d´efinie est une sous-cat´egorie pleine de la cat´egorie homotopique des pr´efaisceaux simpliciaux point´es sur le site des sch´emas affines sur le corps k. Les ∞-gerbes affines et les types d’homotopie sch´ematiques sur un anneau de base plus g´en´eral ne seront pas d´efinis dans ce travail.

Le premier r´esultat que nous d´emontrerons est le crit`ere de reconnaissance suivant, qui permet de donner de nombreux exemples int´eressants de types d’ho-motopie sch´ematiques point´es.

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Th´eor`eme 0.0.4. (Voir Thm. 3.2.4 et Thm. 3.2.9) Les types d’homotopie sch´ ema-tiques sont exactement les pr´efaisceaux simpliciaux point´es et connexes tels que pour tout i > 0, le faisceau πi(F, ∗) soit repr´esentable par un sch´ema en groupes

affine, qui est de plus unipotent pour i > 1.

De plus, si F est une ∞-gerbe affine point´ee, alors pour tout i > 1 le faisceau πi(F, ∗) est repr´esentable par un sch´ema en groupes affine et unipotent. Le faisceau

π1(F, ∗) est un sous-faisceau d’un faisceau repr´esentable par un sch´ema en groupes

affine.

Le th´eor`eme pr´ec´edent r´epond presque `a la conjecture 3.2.10. Pour donner une preuve compl`ete `a cette conjecture il resterait `a montrer que pour toute ∞-gerbe affine point´ee F , le faisceau π1(F, ∗) soit repr´esentable par un sch´ema affine.

On peut en r´ealit´e montrer que le faisceau π1(F, ∗) poss`ede un espace de modules

grossier affineπ^1(F, ∗), et que le morphisme naturel π1(F, ∗) −→π^1(F, ∗) est un

monomorphisme.

Les types d’homotopie sch´ematiques forment une cat´egorie de champs don-nant une solution du probl`eme de la sch´ematisation (au sens de l’appendice A). De fa¸con plus pr´ecise, pour un corps k, on peut consid´erer le foncteur d´eriv´e des sec-tions globales RΓ, de la cat´egorie des types d’homotopie sch´ematiques point´es sur k vers la cat´egorie homotopique des ensembles simpliciaux point´es. Notre second th´eor`eme d’existence est le suivant.

Th´eor`eme 0.0.5. (voir Thm. 3.3.4) Le foncteur RΓ restreint `a la cat´egorie des types d’homotopie sch´ematiques point´es poss`ede un adjoint `a gauche X 7→ (X ⊗ k)sch.

Le champ (X ⊗ k)sch sera appel´e une sch´ematisation de X sur k.

On d´eduit imm´ediatement de la propri´et´e universelle des sch´ematisations que le sch´ema en groupes affine π1((X ⊗k)sch, x) est le compl´et´e affine du groupe discret

π1(X, x). Il s’agit donc du groupe fondamental alg´ebrique de l’espace X (d´ecrit

par exemple dans [9] et [43, VI §1]). On entrevoit ici la diff´erence fondamentale entre les foncteurs d’affination et de sch´ematisation. Il existe en effet toujours un morphisme naturel (X ⊗ k)sch −→ (X ⊗ k)uni, qui au niveau des groupes

fondamentaux induit la projection de π1((X ⊗ k)sch, x) sur son quotient unipotent

maximal. Ce morphisme au niveau des champs peut aussi ˆetre raisonnablement pens´e comme un quotient unipotent maximal.

Tout comme pour le cas des affinations, le morphisme d’adjonction X −→ (X ⊗ k)sch poss`ede une certaine propri´et´e de pr´eservation de la cohomologie.

Plus pr´ecis`ement, le groupe π1(X, x) et le faisceau en groupes π1((X ⊗ k)sch, x)

poss`edent les mˆemes repr´esentations lin´eaires. De plus, pour V une telle repr´ e-sentation lin´eaire on a H∗(X, V ) ' H∗((X ⊗ k)sch, V ⊗ Ga). Ces deux conditions

peuvent aussi se combiner en une notion de P -´equivalence (voir Def. 3.1.1), ce qui permet d’affirmer que le morphisme X −→ (X ⊗ k)schest aussi un morphisme de localisation au sens de A.K. Bousfield.

(10)

Enfin, tout comme pour le cas du foncteur d’affination, le foncteur X 7→ (X ⊗ k)sch permet de modeler une certaine partie de la th´eorie de l’homotopie

(une partie que l’on pourra appeler sch´ematique). Cependant, mˆeme pour des types d’homotopie de type fini X, il n’est pas raisonnable de penser pouvoir d´ecrire explicitement le champ (X ⊗ k)sch. Ainsi, ce que mod´ele exactement les types d’homotopie sch´ematiques reste un peu myst´erieux. Quoiqu’il en soit, des exemples simples montrent que le champ (X ⊗ k)sch est g´en´eralement beaucoup plus gros que le champ (X ⊗ k)uni (voir § 3.4). Enfin, lorsque X est simplement

connexe on a (X ⊗ k)sch ' (X ⊗ k)uni. L’objet (X ⊗ k)sch nous semble donc

un substitut bien adapt´e `a la th´eorie de l’homotopie rationnelle et p-adique pour les types d’homotopie non-simplement connexes. A titre d’exemple d’application, la construction X 7→ (X ⊗ C)sch sera utilis´ee dans un travail ult´erieur pour

´

etudier les types d’homotopie des vari´et´es complexes lisses et projectives `a groupes fondamentaux arbitraires. L’´etude par la th´eorie de Hodge de ce nouvel invari-ant d’homotopie permettra alors d’obtenir de nouvelles restrictions sur les types d’homotopie des vari´et´es projectives, qui semblent hors d’atteinte par une approche utilisant la th´eorie de l’homotopie rationnelle (voir [31] ainsi que §3.5.1).

Signalons aussi que les alg`ebres co-simpliciales sont des mod`eles alg´ebriques pour les champs affines. De mˆeme, il existe une notion de H∞-alg`ebres de Hopf

qui permet de donner des mod`eles alg´ebriques des types d’homotopie sch´ematiques (voir Def. 3.1.4). L’´etude de ces mod`eles alg´ebriques ne sera pas le but de ce travail, mais nous esp´erons pouvoir revenir sur le sujet par la suite (voir [32]). A titre indicatif, on peut r´esumer le double apport de cet article par le diagramme symbolique suivant.

{Champs affines} // {Types d’homotopie sch´ematiques}

{Alg`ebres co-simpliciales} //

OO

{H∞− alg`ebres de Hopf}

OO

Dans ce diagramme, les fl`eches verticales sont les proc´ed´es de g´eom´etrisation in-duit par le foncteur RSpec (i.e. le passage de l’alg`ebre `a la g´eom´etrie), et les fl´eches horizontales symbolisent le passage aux objets en groupes.

Types d’homotopie des vari´et´es alg´ebriques

La th´eorie g´en´erale des types d’homotopie sch´ematiques et du foncteur de sch´ematisation poss`ede plusieurs applications dans le cadre de la g´eom´etrie alg´ e-brique. Une premi`ere application est l’´etude des types d’homotopie des vari´et´es alg´ebriques complexes (voir §3.5.1). En effet, pour une vari´et´e complexe lisse et projective X et x ∈ X(C), on peut consid´erer son espace topologique sous-jacent des points complexes (muni de la topologie analytique) Xtop, ainsi que sa sch´ematisation (Xtop⊗ C)sch. Dans le travail [31] on construit une d´ecomposition

(11)

Hodge connues sur la cohomologie, les groupes d’homotopie et le groupe fonda-mental. L’existence de cette structure additionelle sur le champ (Xtop⊗ C)sch

poss`ede d’int´eressantes cons´equences sur le type d’homotopie de la vari´et´e X et impose de s´erieuses restrictions. On peut ainsi construire des nouveaux exemples de types d’homotopie qui ne sont pas r´ealisables par des vari´et´es projectives, et dont l’obstruction se trouve dans des invariants d’homotopie sup´erieurs (pr´ecisemment l’action du groupe fondamental sur les groupes d’homotopie).

De fa¸con plus g´en´erale pour une vari´et´e alg´ebrique X sur un corps de base k on peut utiliser la notion de types d’homotopie sch´ematiques afin de construire des types d’homotopie associ´es aux th´eories cohomologiques usuelles (Betti, de Rham, l-adique, crystalline, . . . , voir §3.5.2, 3.5.3). Toutes ces constructions montrent que la notion de type d’homotopie sch´ematique est ad´equate pour l’´etude homotopique des vari´et´es alg´ebriques, tout comme il ´etait d´ej`a bien connu que le bon cadre pour une th´eorie des groupes fondamentaux de vari´et´es alg´ebriques est en r´ealit´e celui des sch´emas en groupes affines et non celui des groupes discrets (voir par exemple [9, 43]). Cependant, ces constructions ne seront pas d´ecrites en d´etail et nous nous contenterons de donner les propri´et´es fondamentales (et parfois caract´eristiques) de ces types d’homotopie.

Champs ∞-g´eom´etriques

Une autre application de la th´eorie des champs affines est la notion de champ ∞-g´eom´etrique (voir §4). Par d´efinition un champ alg´ebrique (par exemple au sens d’Artin) est obtenu en recollant des sch´emas affines `a l’aide de l’action d’un groupoide lisse. En rempla¸cant formellement la notion de sch´ema affine par celle plus g´en´erale de champ affine on donne une d´efinition de champ ∞-g´eom´etrique. Il se trouve que les types d’homotopie sch´ematiques fournissent les premiers ex-emples de champs ∞-g´eom´etriques. Un deuxi`eme exemple fondamental est le champ des structures multiplicatives sur un complex parfait V , g´en´eralisant le champ des structures d’alg`ebres sur un espace vectoriel donn´e au cas des alg`ebres diff´erentielles gradu´ees (voir §4.2.1). On peut aussi donner des exemples plus so-phistiqu´es de champs ∞-g´eom´etriques, comme le champ des filtrations sur une alg`ebre diff´erentielle gradu´ee commutative, qui pourra ˆetre utilis´e pour constru-ire un domaine des p´eriodes non-ab´eliennes ainsi qu’une application de p´eriodes correspondantes qui controlera la variation de la filtration de Hodge sur le type d’homotopie rationnel d’une famille de vari´et´es lisses et projectives (voir §4.2.2).

Relations avec d’autres travaux

La notion de champs affine me semble nouvelle. Il en existe cependant des avatars ou versions voisines dans les articles [53, §6] et [20]. En caract´eristique nulle et pour le cas des types d’homotopie 1-connexes et de type fini le th´eor`eme 0.0.2 apparait dans [53, §6].

Il y a aussi les quelques six cents pages de [18], dont il est extr`emement difficile de faire une comparaison avec le point de vue adopt´e ici. Par exemple, la

(12)

notion de champs affines me semble assez proche de celle de complexes of unipotent bundles discut´es dans [18, p. 446]. Cependant, l’objet que A. Grothendieck appelle sch´ematisation d’un espace X semble plus proche de notre affination (X ⊗ k)uni que de notre sch´ematisation (X ⊗ k)sch. A vrai dire la question de l’existence du champ (X ⊗ k)sch, bien que fortement inspir´ee des consid´erations sur la th´eorie de l’homotopie que l’on trouve dans les lettres de A. Grothendieck `a L. Breen, ne semble pas avoir ´et´e consid´er´ee dans [18]. Cependant, la motivation principale de ce travail est n´ee d’un d´esir de comprendre certains passages de [18], et de ce fait ce manuscrit a eu une influence d´eterminante sur les d´efinitions et les ´enonc´es qui apparaissent dans cet article. Ce travail s’ins`ere donc naturellement dans le vaste programme propos´e par C. Simpson et intitul´e la poursuite de la poursuite des champs (ou encore comme l’a sugg´er´e D. Husem¨oller lors d’une conversation sur le sujet la 2-poursuite des champs).

Il existe aussi d’autres approches au probl`eme de la sch´ematisation des types d’homotopie tel qu’il est abord´e dans [18]. La premi`ere, qui est expos´ee dans [6], donne une construction de la sph`ere sch´ematique stable en caract´eristique posi-tive. Il n’est pas tout `a fait clair que cette construction soit comparable `a celle de cet article, mˆeme si cette sph`ere sch´ematique stable ressemble de tr`es pr`es `a ce que l’on pourrait appeler dans notre langage un spectre affine (version stable des champs affines). Une seconde approche a ´et´e introduite dans [51]. Ici aussi la comparaison avec notre construction n’est pas imm´ediate, bien que la th´eorie des champs pr´esentables et tr`es pr´esentables soit intimement li´ee `a celle des types d’homotopie sch´ematiques (voir Thm. 3.2.4). Enfin, dans [58] nous avons construit un foncteur de sch´ematisation `a l’aide d’une notion de cat´egorie simpliciale Tan-nakienne, qui est conjectur´e ˆetre isomorphe `a celui d´efini dans ce travail (voir aussi [59]). Signalons au passage que les constructions et r´esultats du pr´esent travail ont ´

et´es pour la plupart devin´es `a l’aide de ce formalisme Tannakien.

Comme nous l’avons fait remarquer le foncteur de sch´ematisation que nous construisons peut ˆetre consid´er´e comme un substitut des th´eories de l’homotopie rationnelle et p-adique pour des espaces non-nilpotents. Il existe aussi une autre approche qui consiste `a utiliser une version ´equivariante de l’homotopie rationnelle et p-adique, et `a appliquer celle-ci aux revˆetements universels (voir [7, 17]). Il me semble un probl`eme int´eressant de savoir comment ces deux points de vue sont reli´es.

Enfin, la notion de champs ∞-g´eom´etriques pr´esent´e dans le paragraphe §4 a ´et´e inspir´ee par [53]. Elle est aussi tout `a fait analogue a la notion de D-champs g´eom´etriques de [62] (voir aussi [61]). Pour tout dire la th´eorie des champs affines de cet article a fortement inspir´e le d´eveloppement de la g´eom´etrie alg´ebrique ho-motopique de [60, 61].

Remerciements

Je voudrais tout d’abord remercier C. Simpson, qui par l’interm´ediaire d’ar-ticles, de discussions et de correspondances a beaucoup influenc´e ce travail. Je

(13)

remercie aussi particuli`erement H. Baues, qui m’a sugg´er´e d’utiliser une version d´eriv´ee du foncteur de compl´etion affine des groupes discrets afin de construire le foncteur de sch´ematisation. Le lecteur remarquera que ceci est une ´etape fonda-mentale dans la preuve du th´eor`eme 3.3.4.

Pour de nombreuses discussions, remarques et correspondances sur le sujet je remercie aussi les personnes suivantes: L. Breen, A. Hirschowitz, L. Katzarkov, M. Olsson, T. Pantev, J. Sauloy, M. Spitzweck, D. Stanley, J. Tapia et G. Vezzosi. La majeure partie de ce travail a ´et´e effectu´ee `a l’institut Max Planck de Bonn durant l’ann´ee 1999 − 2000, que je tiens `a remercier pour son hospitalit´e et ses conditions de travail exceptionnelles.

(14)

Notations et conventions: Pour un univers U nous appellerons U-ensemble (resp. U-ensemble simplicial, resp. U-groupe, resp. . . . ) un ensemble (resp. un en-semble simplicial, resp. un groupe, resp. . . . ) qui est un ´el´ement de U. La cat´egorie des U-ensembles (resp. U-ensembles simpliciaux, resp. U-groupes, resp . . . ) sera alors not´ee U − Ens (resp. U − SEns, resp. U − Gp, resp. . . . ). Nous ferons une ex-ception avec l’expression U-cat´egorie, que nous r´eservons `a la notion usuelle (voir [48, IDef.1.2]), d´esignant une cat´egorie C telle que ´etant donn´e deux objets X et Y , l’ensemble des morphismes de X vers Y dans C soit un U-ensemble. Pour d´esigner une cat´egorie appartenant `a U nous parlerons de cat´egorie U-petite.

Nous parlerons de U-limites et U-colimites (resp. V-limites et V-colimites) pour d´esigner des limites et colimites dont les cat´egories d’indices appartiennent `a U (resp. `a V). De mˆeme, nous parlerons de U-limites et U-colimites homotopiques (resp. V-limites et V-colimites homotopiques) `a valeurs dans une cat´egorie de mod`eles (voir [22, §20]).

Pour la suite nous fixerons U un univers contenant l’ensenbles des nombres naturels, et V un univers avec U ∈ V. Comme il en est l’usage, nous noterons ∆ la cat´egorie simpliciale standard. C’est la cat´egorie U-petite dont les objets sont les nombres naturels [n], et dont les morphismes de [m] vers [n] sont les applications croissantes de {0, . . . , m} vers {0, . . . , n}. Pour tout V-cat´egorie C, nous noterons SC la V-cat´egorie des objets simpliciaux dans C (i.e. la V-cat´egorie des foncteurs de ∆o vers C), et pour F ∈ SC nous noterons Fn := F ([n]). Nous

identifierons syst´ematiquement C `a la sous-cat´egorie pleine de C∆o form´ee des

foncteurs constants F : ∆o−→ C.

Si C est une cat´egorie V-petite, et X un objet de C, nous noterons hX le

V-pr´efaisceau simplicial sur C qu’il repr´esente. C’est donc le foncteur d´efini par hX(Y ) := Hom(Y, X), o`u l’ensemble Hom(Y, X) est vu comme un ensemble

sim-plicial constant. De mˆeme, si X est un objet simplicial de C, nous noterons hX

le V-pr´efaisceau simplicial dont le pr´efaisceau des simplexes de dimension n est d´efini par la formule (hX)n(Y ) := Hom(Y, Xn).

Nous utiliserons les d´efinitions de cat´egories de mod`eles ferm´ees ´enonc´ees dans [26]. Elles seront toujours V-petites. On supposera implicitement lorsqu’elles seront engendr´ees par cofibrations (voir [26, §2.1]) que les ensembles g´en´erateurs des cofibrations et cofibrations triviales seront des V-ensembles (de mˆeme, les or-dinaux apparaissant dans les colimites transfinies seront des ´el´ements de V). Rap-pelons que la cat´egorie V − SEns est une cat´egorie de mod`eles ferm´ee, mono¨ıdale sym´etrique pour le produit direct, et engendr´ee par cofibrations pour la conven-tion ci-dessus (voir [26, §3]). Les Hom internes de V − SEns seront not´es Hom, et ces Hom d´eriv´es RHom (voir [26, §4]). Une cat´egorie de mod`eles ferm´ee sim-pliciale sera alors une cat´egorie (V-petite) de mod`eles ferm´ee, qui est un module sur V − SEns (au sens de [26, 4.2.28]). Enfin, si M est une cat´egorie de mod`eles ferm´ee Ho(M ) d´esignera sa cat´eorie homotopique. C’est une cat´egorie V-petite

(15)

qui est naturellement ´equivalente `a une U-cat´egorie. Les ensembles de morphismes dans Ho(M ) seront not´es [−, −]M.

Enfin, pour une cat´egorie de mod`eles ferm´ee M nous noterons M∗la cat´egorie

de mod`eles de ses objets point´es. Lorsque de plus M est une cat´egorie de mod`eles simpliciale, il en est de mˆeme de M∗. Ses Hom simpliciaux seront alors not´es

(16)

1. Rappels sur les champs

Dans ce premier chapitre nous avons rassembl´e un certains nombres de d´efinitions et de r´esultats standards de la th´eorie des pr´efaisceaux simpliciaux sur un site de Grothendieck. Les id´ees essentielles de la th´eorie ont ´et´e d´evelopp´ees par A. Joyal dans une lettre `a A. Grothendieck (voir [30]), o`u l’existence d’une structure de cat´egorie de mod`eles sur la cat´egorie des faisceaux simpliciaux est d´emontr´ee. Nous utiliserons cependant une structure un peu diff´erente, o`u la classe des cofibrations est strictement plus petite que celle des monomorphismes, et o`u les objets fibrants sont faciles `a caract´eriser (voir 1.1.2). Bas´ee sur des id´ees remontant `a D. Quillen, A.K. Bousfield et D.M. Kan, cette structure `a ´et´e consid´er´ee pour la premi`ere fois dans [23, 5], et a ´et´e reprise en d´etail dans [2]. Pour ce qui est des preuves et des d´etails techniques nous renvoyons le lecteur `a [28, 23, 15, 23, 2]. Signalons aussi le travail en cours [13], o`u il est probable que le point de vue de la localisation de Bousfield d´ecrit dans [23, 6] soit repris en d´etail.

Nous commencerons par rappeler la d´efinition de la structure de cat´egorie de mod`eles ferm´ee sur la cat´egorie des pr´efaisceaux simpliciaux, ainsi que ces prin-cipales propri´et´es. L’existence de cette structure de cat´egorie de mod`eles nous sera utile tout au long de ce travail. Dans les paragraphes suivants nous rap-pellerons comment elle permet de d´efinir la cohomologie d’un pr´efaisceau simplicial `

a valeurs dans un syst`eme local. Nous donnerons aussi une br`eve d´emonstration d’un th´eor`eme de comparaison avec la cohomologie d´efinie par foncteurs d´eriv´es, ainsi qu’un crit`ere pour s’assurer qu’un pr´efaisceau simplicial poss`ede une d´ ecom-position de Postnikov convenable. Nous terminerons ce chapitre par un aper¸cu de la th´eorie du d´ela¸cage dans le cadre des pr´efaisceaux simpliciaux, et un bref rappel sur les sch´emas en groupes affines sur un corps.

Pour tout ce chapitre C d´esignera une cat´egorie V-petite, et SP r(C) la cat´egorie des pr´efaisceaux en V-ensembles simpliciaux sur C. La cat´egorie SP r(C) est donc une V-cat´egorie. Nous supposerons que C poss`ede des produits fibr´es, et qu’elle est munie d’une topologie de Grothendieck (au sens de [47, IV ]). Pour fixer les id´ees, notons que par la suite C sera la cat´egorie des U-sch´emas affines sur Spec k, pour k un anneau commutatif, et la topologie sera engendr´ee par les mor-phismes fid`element plats et quasi-compacts (i.e. la topologie f pqc de [47, IV.6.3]).

1.1. Rappel des d´efinitions

On commence par munir la cat´egorie SP r(C) d’une structure de cat´egorie de mod`eles que nous appellerons le structure forte (dans la litt´erature on trouve aussi l’expression de structure projective niveau par niveau), et qui a ´et´ee introduite pour la premi`ere fois dans [5]. Il s’agit du cas o`u l’on consid`ere la topologie discr`ete, et donc o`u l’on voit C comme une simple cat´egorie d’indices. On appellera alors fibration forte (resp. ´equivalence forte) tout morphisme de SP r(C), f : F −→ F0, tel que pour tout objet X ∈ C le morphisme fX : F (X) −→ F (X0) soit une

(17)

fibration (resp. une ´equivalence) dans V − SEns. Pour ces d´efinitions, C ´etant V-petite, la cat´egorie SP r(C) est une cat´egorie de mod`eles ferm´ee simpliciale (voir [15, Ex.II.6.9]). Les Hom simpliciaux de cette derni`ere seront not´es Hom. En clair, ceci signifie que pour X ∈ V − SEns et F, F0 ∈ SP r(C) on peut d´efinir fonctoriellement dans SP r(C) des objets X ⊗ F , Hom(F, F0) et (F0)X satisfaisant `

a la formule d’adjonction

Hom(X, Hom(F, F0)) ' Hom(X ⊗ F, F0) ' Hom(F, (F0)X).

Ces Hom simpliciaux ´etant compatibles avec la structure de cat´egorie de mod`eles on peut d´efinir des Hom simpliciaux d´eriv´es (voir [26, §4.3])

RfHom(F, F0) := Hom(QF, RF0) ∈ Ho(V − SEns),

o`u QF −→ F est un remplacement cofibrant, et F0 −→ RF0 un remplacement

fibrant. Noter l’indice f dans la notation Rf, qui fait r´ef´erence `a la structure

forte. Ces objets sont bien d´efinis et fonctoriels comme objets de la cat´egorie homotopique Ho(V − SEns). De plus, la formule d’adjonction pr´ec´edente induit une formule d’adjonction d´eriv´ee

RfHom(X, RfHom(F, F0)) ' RfHom(X ⊗ F, F0) ' RfHom(F, (RF0)X),

o`u F0 −→ RF0 est un remplacement fibrant.

Pour X ∈ C, on dispose du foncteur d’´evaluation en X jX: SP r(C) −→ V − SEns

F 7→ F (X).

Ce foncteur poss`ede un adjoint `a gauche not´e jX∗, et l’adjonction (jX∗, jX) est

une adjonction de Quillen. En particulier, pour tout X ∈ C, jX∗(∗) est un objet cofibrant de SP r(C). Or, il est clair que jX∗(∗) est isomorphe `a hX. Ainsi, pour

tout objet du site X ∈ C, le pr´efaisceau simplicial qu’il repr´esente hXest un objet

cofibrant. Dans le cas o`u X = e est un objet final, nous noterons comme il en est l’usage

Γ := je: SP r(C) −→ V − SEns F 7→ F (e),

le foncteur des sections globales. Son adjoint `a gauche je∗est le foncteur qui associe `

a X ∈ V − SEns le pr´efaisceau constant X. Remarquer que lorsque C ne poss`ede pas d’objet final les pr´efaisceaux constants ne sont g´en´eralement pas cofibrants. De plus, le foncteur des sections globales Γ(−) := Hom(∗, −) n’est alors plus de Quillen `a droite en g´en´eral.

Revenons au cas o`u C est munie d’une topologie de Grothendieck. A un objet F ∈ SP r(C) on associe ses pr´efaisceaux d’homotopie de la fa¸con suivante. Pour tout X ∈ C, et tout 0-simplexe s ∈ F (X)0, on d´efinit le m-`eme pr´efaisceau

(18)

d’homotopie de F point´e en s par πpr

m(F, s) : (C/X)o −→ V − Gp

(u : Y → X) 7→ πm(F (Y ), u∗(s)).

C’est un pr´efaisceau en V-groupes sur C/X qui est ab´elien lorsque m > 1. Le pr´efaisceau des composantes connexes de F est d´efini par

π0pr(F ) : Co −→

V − Ens X 7→ π0(F (X)).

On d´efinit alors les faisceaux d’homotopie de F comme ´etant les faisceaux associ´es aux pr´efaisceaux d’homotopie. Ils seront not´es

πm(F, s) := a(πprm(F, s)) π0(F ) := a(πpr0 (F )).

D´efinition 1.1.1. Soit f : F −→ F0 un morphisme de pr´efaisceaux simpliciaux sur le site C.

• Le morphisme f est une ´equivalence si les deux conditions suivantes sont satisfaites.

– Le morphisme induit π0(f ) : π0(F ) −→ π0(F0) est un isomorphisme de

faisceaux sur C.

– Pour tout objet X ∈ C, tout m > 0 et tout 0-simplexe s ∈ F (X)0, les

morphismes induits

πm(f, s) : πm(F, s) −→ πm(F0, f (s))

sont des isomorphismes de faisceaux sur C/X.

• Le morphisme f est une cofibration si c’est une cofibration forte.

Comme il est expliqu´e dans [23, Thm. 5.1], ces d´efinitions munissent la cat´egorie SP r(C) d’une structure de cat´egorie de mod`eles simpliciale. Remarquons au passage que toute ´equivalence forte est une ´equivalence, que toute fibration est une fibration forte, et que tout fibration triviale est une ´equivalence forte. De mˆeme, toute ´equivalence entre objets fibrants dans SP r(C) est une ´equivalence forte.

Les Hom simpliciaux d´eriv´es relativement `a cette nouvelle structure seront not´es RHom. De mˆeme, lorsque C poss`edera un objet final e, le foncteur d´eriv´e `

a droite des sections globales sera not´e RΓ. On dispose aussi des isomorphismes d’adjonctions analogues `a ceux d´ecrits pr´ec´edemment

RHom(X × F, F0) ' RHom(X, RHom(F, F0)) ' RHom(F, (RF0)X). Il existe une relation entre les deux structures de cat´egorie de mod`eles sur SP r(C) connue sous le nom de localisation de Bousfield `a gauche (voir [22]). Nous n’insisterons pas trop sur cette notion et nous nous contenterons de retenir que le fait que SP r(C) soit une localisation de Bousfield `a gauche de SP r(C) munie de la structure forte implique l’existence d’une jolie caract´erisation des objets fibrants dans SP r(C). Le lecteur remarquera qu’il s’agit d’un analogue de nature homotopique de la d´efinition d’un faisceau.

(19)

Lemme 1.1.2. Un objet F ∈ SP r(C) est fibrant si et seulement si les deux asser-tions suivantes sont satisfaites.

1. Pour tout objet X ∈ C, F (X) est fibrant dans V−SEns (i.e. F est fortement fibrant).

2. Pour tout objet X ∈ C, et tout hyper-recouvrement U∗ de X dans C, le

morphisme naturel

F (X) −→ Holim[m]∈∆F (Um)

est une ´equivalence dans V − SEns.

Preuve: Voir [13]. 2

Un corollaire important de ce dernier lemme est qu’un pr´efaisceau simplicial de la forme K(M, n), o`u M est un faisceau flasque sur C, est toujours fibrant.

Remarquer que s’il l’on consid`ere des pr´efaisceaux en groupo¨ıdes plutˆot que des pr´efaisceaux simpliciaux, alors la seconde condition du lemme pr´ec´edent est exactement ´equivalente `a la condition usuelle d’ˆetre un champ (voir [29] pour plus de d´etails sur les relations entre pr´efaisceaux simpliciaux et champs en groupo¨ıdes). La d´efinition suivante est alors naturelle. Notons qu’il s’agit aussi du point de vue adopt´e dans [23] pour d´evelopper la th´eorie des n-champs de Segal.

D´efinition 1.1.3. Un champ sur C est un objet de la cat´egorie SP r(C) satisfaisant `

a la condition (2) du lemme 1.1.2. Par extension, tout objet F de la cat´egorie homotopique Ho(SP r(C)) sera appel´e un champ.

Avec ce langage, le champ associ´e `a un pr´efaisceau simplicial F est simple-ment un de ses mod`eles fibrants.

1.2. Limites homotopiques et d´ecomposition de Postnikov

Soit I une cat´egorie V-petite, et SP r(C)I la cat´egorie des foncteurs de I vers SP r(C). On peut munir SP r(C)I d’une structure de cat´egorie de mod`eles en-gendr´ee par cofibrations o`u les ´equivalences (resp. les cofibrations) sont d´efinies niveau par niveau (i.e. F −→ F0 est une ´equivalence si et seulement si pour tout i ∈ I, F (i) −→ F0(i) est une ´equivalence dans SP r(C)). Noter que cette structure n’est pas celle que nous avons utilis´ee pour d´efinir SP r(C), mais est une struc-ture de type injective analogue `a celle d´efinie dans [28, Thm. 2.3]. La cat´egorie de mod`eles ainsi obtenue est une cat´egorie de mod`eles ferm´ee simpliciale, et ces Hom simpliciaux seront not´es HomI. En particulier, on dispose du foncteur des sections globales

Γ(I, −) : SP r(C)I −→

V − SEns F 7→ HomI(∗, F )

dont l’adjoint `a gauche est le foncteur qui associe `a X ∈ V − SEns le foncteur constant de valeurs X, X : I −→ SP r(C). L’adjonction (−, Γ(I, −)) est alors une

(20)

adjonction de Quillen, et le foncteur d´eriv´e `a droite de Γ(I, −) sera alors not´e HolimI := RΓ(I, −) : Ho(SP r(C)I) −→ Ho(SP r(C)).

C’est le foncteur de limite homotopique le long de I. Il est naturellement isomorphe au foncteur HolimI construit de fa¸con standard `a partir de la structure simpliciale

sur SP r(C) (voir [22, §19]).

Il est important de remarquer que la d´efinition de HolimI d´epend de la

topologie de C, et en g´en´eral, la comparaison entre les limites homotopiques pour diff´erentes topologies n’est pas ais´ee. On dispose cependant du crit`ere g´en´eral suivant. Il permettra par la suite d’avoir dans certains cas des d´ecompositions de Postnikov raisonnables, que l’on sait ne pas exister en g´en´eral.

Lemme 1.2.1. Soit F : I −→ SP r(C) un I-diagramme de pr´efaisceaux simplici-aux, tel que pour tout i ∈ I, Fi soit un champ. Alors, si on note HolimtrivI F ∈

Ho(SP r(C)) la limite homotopique de F lorsque C est muni de la topologie triv-iale, le morphisme naturel

HolimtrivI F −→ HolimIF

est un isomorphisme dans Ho(SP r(C)).

Preuve: C’est imm´ediat, car toute r´esolution fibrante F −→ F0 est telle que les morphismes induits Fi −→ Fi0 soient des ´equivalences fortes pour tout i ∈ I.

Ainsi, F −→ F0est aussi une r´esolution fibrante lorsque C est muni de la topologie

triviale. 2

Nous allons maintenant ´etudier deux cas particulier du foncteur pr´ec´edent. Il s’agit du cas o`u I poss`ede trois objets 0, 1 et 2 et deux uniques morphismes non triviaux 1 → 0, 2 → 0, et du cas o`u I est la cat´egorie associ´ee `a l’ensemble totalement ordonn´e des entiers naturels.

Commen¸cons par examiner le premier cas, et notons 0, 1 et 2 les objets de I, et a : 1 → 0, b : 2 → 0 ses morphismes non triviaux. Un objet de SP r(C)I est

alors la donn´ee d’un diagramme de pr´efaisceaux simpliciaux F1

a // F

0 F2. b

oo

Pour tout objet F ∈ Ho(SP r(C)I) nous utiliserons la notation

F1×hF0F2:= HolimIF,

que nous appellerons le produit fibr´e homotopique de F1 et F2 au-dessus de F0.

Un cas particuli`erement important est celui o`u F2= ∗. L’objet F1×hF0∗ est alors

la fibre homotopique du morphisme a : F1−→ F0au point b : ∗ −→ F0.

Il est facile de v´erifier que les objets fibrants dans SP r(C)I sont exactement les diagrammes tels que Fi soit un champ pour tout i, et tels que les morphismes

a et b soient des fibrations. En particulier, si F ∈ SP r(C)I est fibrant, pour tout i et tout X ∈ C, Fi(X) est un ensemble simplicial fibrant, et les morphismes

(21)

aX : F1(X) → F0(X), bX : F2(X) → F0(X) sont des fibrations d’ensembles

simpliciaux.

Supposons maintenant que F ∈ SP r(C)Isoit fibrant et muni d’un morphisme

s : ∗ −→ F , qui induit donc des morphismes si : ∗ −→ Fi, et s : ∗ −→ F1×hF0F2.

Alors, en utilisant les suites exactes longues d’homotopie associ´ees aux produits fibr´es homotopiques d’ensembles simpliciaux, on obtient une suite exacte longue de pr´efaisceaux en groupes sur C

πm+1pr (F0, s0) ∂ // πpr m(F1×hF0F2, s) a×b // πpr m(F1, s1) × πprm(F2, s2) a−b // πprm(F0, s0) ∂ // πpr m−1(F1×hF0F2, s) a×b // . . . . . . // πpr 1 (F1×hF0F2, s) a×b // πpr 1 (F1, s1) × π pr 1 (F2, s2) a−b // πpr1 (F0, s0) ∂ // πpr 0 (F1×hF0F2) a×b // πpr 0 (F1) × π0pr(F2) a−b // πpr 0 (F0).

Par convention, une suite de morphismes d’ensembles M u // N a−b // P est exacte lorsque l’image de u est exactement l’´equaliseur des morphismes a et b. De mˆeme, dire qu’une suite de morphismes d’ensembles point´es M u // N v // P est exacte signifie que l’image de u est ´egale `a la fibre de v au point distingu´e.

En utilisant l’exactitude du foncteur de faisceautisation, on en d´eduit une suite exacte longue sur les faisceaux d’homotopie

πm+1(F0, s0) ∂ // π m(F1×hF0F2, s) a×b // π m(F1, s1) × πm(F2, s2) a−b // πm(F0, s0) ∂ // π m−1(F1×hF0F2, s) a×b // . . . . . . // π1(F1×h F0F2, s) a×b // π 1(F1, s1) × π1(F2, s2) a−b // π1(F0, s0) ∂ // π 0(F1×hF0F2) a×b // π 0(F1) × π0(F2) a−b // π 0(F0).

L’existence de cette suite exacte longue et un analogue du lemme des cinqs impliquent en particulier que l’objet F1×hF0F2ne d´epend pas de la topologie de C.

En d’autres termes, si F ∈ SP r(C)I est un objet, et si on note F

hf

F0F2le produit

fibr´e homotopique lorsque C est muni de la topologie triviale, alors le morphisme naturel dans Ho(SP r(C)), F1×hfF0 F2 −→ F1×hF0 F2 est un isomorphisme. Une

cons´equence remarquable de ce fait est que la cat´egorie de mod`eles SP r(C) est propre `a droite (i.e. les changements de bases le long de fibrations pr´eservent les ´

equivalences). Pour plus de r´ef´erences sur ce point le lecteur pourra consulter [23, §3].

Supposons maintenant que I soit la cat´egorie d´efinie par l’ensemble ordonn´e des entiers naturels. Ses objets sont donc les entiers n ∈ N, et il existe un unique

(22)

morphisme non trivial de n vers m si et seulement si n > m. La cat´egorie I peut donc se repr´esenter sch´ematiquement par

. . . m −→ m − 1 −→ . . . 1 −→ 0,

et un objet de SP r(C)Iest donc la donn´ee pour tout entier n d’un pr´efaisceau sim-plicial Fn∈ SP r(C), et de morphismes fn : Fn−→ Fn−1. La limite homotopique

de F ∈ SP r(C)I sera alors not´ee HolimnFn.

Comme le foncteur de faisceautisation ne commute pas avec les limites in-finies, on ne disposera pas en g´en´eral d’une suite exacte de Milnor reliant les faisceaux d’homotopie de HolimnFn avec ceux de F . Ceci entraine aussi qu’il

n’existe pas de d´ecomposition de Postnikov en g´en´eral. Nous allons cependant utiliser le lemme 1.2.1 et la suite exacte de Milnor de [15, Prop. V I.2.15] pour donner un crit`ere de convergence des d´ecompositions de Postnikov. Pour cela nous supposerons connu le cas absolu (tel qu’il est d´ecrit dans [15, §V I] par exemple). Soit ∗ −→ F un pr´efaisceau simplicial point´e tel que π0(F ) ' ∗. Quitte

`

a se restreindre au sous-pr´efaisceau simplicial de F des simplexes au-dessus du point ∗ (ce qui changera F en un pr´efaisceau simplicial ´equivalent), on pourra mˆeme supposer que F est 0-r´eduit, et donc que π0pr(F ) ' ∗. De plus, quitte `

a prendre un remplacement fibrant pour la structure forte on pourra supposer que F (X) est un ensemble simplicial fibrant pour tout objet X ∈ C. Rappelons que le pr´efaisceau en groupes πpr1 (F, ∗) op`ere naturellement sur πpr

n (F, ∗), et de

mˆeme le faisceau en groupes π1(F, ∗) op`ere sur πn(F, ∗). Nous utiliserons alors les

pr´efaisceaux simpliciaux K(πpr1 (F, ∗), πpr

n (F, ∗), n + 1) d´efinis dans le paragraphe

suivant. Ce sont des pr´efaisceaux simpliciaux point´es, connexes et fibrants pour la structure forte, et avec

πipr(K(π1pr(F, ∗), πprn (F, ∗), n + 1), ∗) ' ∗ pour i 6= 1, n + 1 π1pr(K(πpr1 (F, ∗), πprn (F, ∗), n + 1), ∗) ' π

pr 1 (F, ∗)

πn+1pr (K(πpr1 (F, ∗), πprn (F, ∗), n + 1), ∗) ' πnpr(F, ∗), et dont l’action du π1prsur le πpr

n est celle donn´ee pr´ec´edemment.

Consid´erons la tour de Postnikov de F , {τ≤nF }n, d´efinie objet par objet de

C comme dans [15, V I.3]. Il s’agit d’un diagramme . . . // τ≤nF pn // τ≤n−1F

pn−1// . . . τ

≤0F = ∗ ,

o`u la fibre homotopique du morphisme pn est ´equivalente pour la structure forte

au pr´efaisceau simplicial K(πpr

n (F, ∗), n). On peut donc trouver pour n > 1, un

diagramme homotopiquement cart´esien pour la structure forte

τ≤nF //  τ≤n−1F  K(πpr1 (F, ∗), 1) // K(π1pr(F, ∗), πpr n (F, ∗), n + 1),

(23)

qui est un diagramme classifiant pour la fibration τ≤nF −→ τ≤n−1F . Mais comme

les produits fibr´es homotopiques sont ind´ependants `a ´equivalence pr`es de la topolo-gie sur C, on trouve aussi des diagrammes homotopiquement cart´esiens

τ≤nF //



τ≤n−1F



K(π1(F, ∗), 1) // K(π1(F, ∗), πn(F, ∗), n + 1).

La proposition suivante est due `a R. Thomason dans le cas stable, et `a J.F. Jardine dans le cas g´en´eral (voir [28, Lem. 3.4]).

Proposition 1.2.2. Soit ∗ −→ F un pr´efaisceau simplicial point´e avec π0(F ) ' ∗,

et En un mod`ele fibrant pour K(πn(F, ∗), n + 1). Supposons qu’il existe un entier

N , tel que pour tout entier i ≥ 0 et tout n > i + N on ait πipr(En, ∗) ' 0.

Alors le morphisme naturel

F −→ Holimnτ≤nF

est un ´equivalence.

Preuve: Consid´erons le diagramme commutatif

F f // p !!C C C C C C C C Holimn>0τ≤nF q wwppppppppp pp τ≤1F

Comme Holimn>0τ≤nF est naturellement ´equivalent `a Holimnτ≤nF , il suffit de

montrer que le morphisme f est une ´equivalence. De plus, une utilisation de la suite exacte longue en homotopie montre qu’il suffit de d´emontrer que le morphisme induit sur les fibres homotopiques des morphismes p et q est une ´equivalence. Ceci implique que l’on peut remplacer F par la fibre homotopique de p, et donc se ramener au cas o`u F est simplement connexe (i.e. π1(F, ∗) ' π0(F ) ' ∗).

On peut clairement supposer que F est un champ, ce que nous ferons. De plus, quitte `a remplacer le diagramme {τ≤nFn}n par un diagramme qui lui est

´

equivalent, on peut aussi supposer que chaque τ≤nF est un champ, et que chacun

des diagrammes τ≤nF //  τ≤n−1F  • // En,

(24)

est homotopiquement cart´esien pour la structure forte. D’apr`es [15, Prop. V I.2.15], il existe pour tout i ≥ 0 d’une suite exacte courte de pr´efaisceaux

Lim1 nπ

pr

i+1(τ≤nF ) // π pr

i (Holimtrivn τ≤nF ) // Limnπipr(τ≤nF ) // 0 ,

o`u Holimtriv esigne la limite homotopique pour la topologie triviale (et o`u

nous ne mentionons pas le point de base). Cependant, l’hypoth`ese faite sur les pr´efaisceaux d’homotopie de Enentraine que le syst`eme projectif {π

pr

i (τ≤nF, ∗)}n

est stationnaire. La suite exacte pr´ec´edente se r´eduit donc un isomorphisme de pr´efaisceaux

πpri (Holimtrivn τ≤nF, ∗) ' πpri (τ≤nF, ∗),

pour n > i + N . En passant aux faisceaux d’homotopie on en d´eduit que le mor-phisme naturel Holimtriv

n τ≤nF −→ τ≤nF induit des isomorphismes de faisceaux

πi(Holimtrivn τ≤nF ) ' πi(τ≤nF, ∗),

pour n > i + N . Or, comme on a πi(F, ∗) ' πi(τ≤nF, ∗) d`es que i ≤ n, ceci

im-plique clairement que le morphisme F −→ Holimtrivn τ≤nF est une ´equivalence.

Le lemme 1.2.1 implique alors qu’il en est de mˆeme du morphisme naturel F −→

Holimnτ≤nF . 2

Remarque: Remarquer que la condition πipr(En) = 0 pour n > i + N est

´

equivalent `a la condition que Hn+1−i(X, πn(F, ∗)) = 0, pour tout n > i + N et

tout objet du site X ∈ C.

En corollaire de la d´emonstration on trouve le r´esultat suivant. Corollaire 1.2.3. Soit

F // . . . // Fn // Fn−1 // . . . // . . . // F1 // F0= ∗

une tour de champs point´es et connexes, telle que pour tout n > 0, la fibre homo-topique de Fn −→ Fn−1 soit ´equivalente `a un pr´efaisceau simplicial de la forme

K(πn, n). Supposons de plus qu’il existe un entier N > 0 tel que pour tout objet

X ∈ C et tout n > 0 on ait Hn+i−1(X, π

n) = 0 d`es que n > i + N . Alors, on a

π0(HolimnFn) = ∗ πi(HolimnFn, ∗) ' πipour i > 0.

1.3. Cohomologie des pr´efaisceaux simpliciaux

Nous consid`ererons essentiellement le cas particulier des pr´efaisceaux simpliciaux point´es s : ∗ −→ F tels que le morphisme induit sur le faisceau des composantes connexes ∗ −→ π0(F ) soit un isomorphisme. Un tel F sera appel´e un pr´efaisceau

simplicial point´e et connexe.

D´efinition 1.3.1. Un syst`eme local M sur un pr´efaisceau simplicial point´e et con-nexe F , est la donn´ee d’un faisceau en groupes ab´eliens M , et d’une action de π1(F, s) sur M . Un morphisme entre deux tels syst`emes locaux M et M0, est la

donn´ee d’un morphisme de faisceaux de groupes M −→ M0 qui commute avec les actions de π1(F, s).

(25)

La cat´egorie ab´elienne des syst`emes locaux sur F ainsi d´efinie sera not´ee SysLoc(F ).

Rappelons que pour un V-groupe G on peut construire son classifiant K(G, 1), qui est un V-ensemble simplicial d´efini de la fa¸con suivante. On commence par d´efinir E(G, 1), qui est l’ensemble simplicial nerf du morphisme naturel G −→ ∗. Ainsi, E(G, 1)m := Gm+1, et les faces et d´eg´en´erescences sont donn´ees par les

projections et les diagonales. Le groupe G op`ere sur E(G, 1) en op`erant sur lui-mˆeme `a gauche. On d´efinit alors K(G, 1) := E(G, 1)/G. Cette construction s’´etend naturellement au cas o`u G est un V-ensemble simplicial muni d’une loi de groupe. En effet, on forme alors l’ensemble bisimplicial K(G, 1)p,q := K(Gp, 1)q, et on

d´efinit K(G, 1) comme son ensemble simplicial diagonal. Ainsi, on a K(G, 1)n =

K(Gn, 1)n. On peut aussi commencer par former l’ensemble bisimplicial nerf du

morphisme G −→ ∗, et appeler sa diagonale E(G, 1). Le groupe G op`ere alors sur E(G, 1) et on a K(G, 1) = E(G, 1)/G. Rappelons aussi que l’ensemble simplicial K(G, 1) est naturellement point´e (par l’image de l’identit´e de E(G, 1)), et qu’il existe des isomorphismes naturels πm(K(G, 1), ∗) ' πm−1(G, e).

Lorsque G est un groupe ab´elien simplicial l’ensemble simplicial K(G, 1) h´erite d’une loi de groupe ab´elien induite par celle de G. On peut alors it´erer la construction pr´ec´edente et poser

E(G, m) := E(K(G, m − 1), 1) K(G, m) := K(K(G, m − 1), 1). La fonctorialit´e des constructions pr´ec´edentes permet de d´efinir pour tout pr´ e-faisceau en groupes simpliciaux G sur C, des pr´efaisceaux simpliciaux E(G, 1) et K(G, 1). De plus, lorsque G est ab´elien on dispose aussi des pr´efaisceaux simplici-aux E(G, m) et K(G, m). Le groupe simplicial K(G, m − 1) op`ere sur E(G, m) et on a K(G, m) = E(G, m)/K(G, m − 1). Nous d´efinirons par convention K(G, 0) comme ´etant le faisceau de groupes simpliciaux G.

Soit G un pr´efaisceau en groupes op`erant sur un pr´efaisceau en groupes ab´eliens M `a travers un morphisme de pr´efaisceaux ρ : G −→ AutC(M ). Alors le groupe G op`ere encore de fa¸con naturelle sur les pr´efaisceaux en groupes ab´eliens simpliciaux K(M, m − 1), pour m > 0. On peut donc former le produit semi-direct de G par K(M, m − 1), qui est un pr´efaisceau en groupes simpliciaux not´e G ×ρK(M, m − 1). On notera par la suite K(G, M, m) := K(G ×ρK(M, m − 1), 1).

On dispose de plus d’une suite exacte de pr´efaisceaux en groupes simpliciaux K(M, m − 1) −→ G ×ρK(M, m) −→ G.

En en prenant l’image par le foncteur K(−, 1) on en d´eduit deux nouveaux mor-phismes

K(M, m) // K(G, M, m) p // K(G, 1).

Pour m = 0, on d´efinit par convention K(G, M, 0) comme ´etant le pr´efaisceau en groupes G ×ρM , produit semi-direct de G par M . La suite exacte longue en

(26)

`

a la fibre homotopique du morphisme p, et ceci pour tout m ≥ 0. Le pr´efaisceau simplicial K(G, M, m) est donc caract´eris´e `a ´equivalence forte pr`es par le fait que

πpri (K(G, M, m), ∗) = ∗ pour i 6= 1, m π1pr(K(G, M, m), ∗) ' G πmpr(K(G, M, m), ∗) ' M,

et par l’action de G sur M .

Soit maintenant F un pr´efaisceau simplicial connexe, et ρ : G = π1(F, s) −→

AutC(M ) un syst`eme local. On dispose d’un morphisme d’ensembles simpliciaux p∗: RHom(F, K(G, M, m)) −→ RHom(F, K(G, 1)).

De plus, il existe un morphisme naturel dans Ho(SP r(C)), F −→ τ≤1F ' K(G, 1),

qui d´efinit donc un point ∗ ∈ RHom(F, K(G, 1)). Nous d´efinissons alors l’ensemble simplicial RHomρ(F, K(M, m)) comme ´etant la fibre homotopique du morphisme

p∗ au point ∗. Remarquer que si ρ est le morphisme trivial alors l’ensemble sim-plicial RHomρ(F, K(M, m)) est naturellement ´equivalent `a RHom(F, K(M, m)).

D´efinition 1.3.2. Le m-`eme groupe de cohomologie du pr´efaisceau simplicial point´e et connexe F , `a coefficients dans le syst`eme local ρ : π1(F, s) −→ AutC(M ) est

d´efini par

Hm(F, M ) := π0(RHomρ(F, K(M, m))).

Plus g´en´eralement, si F ∈ SP r(C) est un pr´efaisceau simplicial (non point´e) et M un faisceau de groupes ab´eliens sur C, nous noterons

Hm(F, M ) := π0RHom(F, K(M, m)).

Lorsque F = hX, pour X un objet du site C, ces groupes seront not´es Hm(X, M ),

et Hm(C, M ) si X est l’objet final de C.

En utilisant les suites exactes longues en homotopie associ´ees `a des fibrations, il est facile de v´erifier les deux faits suivants.

• Le groupe H0(F, M ) s’identifie naturellement au sous-groupe de Γ(M )

in-variant par l’action de Γ(π1(F, s)).

• Pour toute suite exacte 0 // M // M0 // M00 // 0 de syst`emes

locaux, il existe une suite exacte longue fonctorielle

0 // H0(F, M ) // H0(F, M0) // H0(F, M00) // H1(F, M ) // . . .

Hm(F, M ) // Hm(F, M0) // Hm(F, M00) // Hm+1(F, M ) // . . .

Lorsque (F, s) = (K(G, 1), ∗), pour G un pr´efaisceau en groupes sur C, les foncteurs Hm(F, M ) sont en r´ealit´e des foncteurs d´eriv´es. Comme nous ne con-naissons pas de r´ef´erences g´en´erales sur le sujet nous donnerons une esquisse de preuve du th´eor`eme suivant. Il s’agit de toute ´evidence d’un r´esultat faisant partie du folklore de la th´eorie.

(27)

Th´eor`eme 1.3.3. Soit G un pr´efaisceau en groupes sur C et (F, s) = (K(G, 1), ∗). Alors, pour tout entier m, le foncteur

Hm(F, −) : SysLoc(F ) −→

V − Ab (ρ : G → M ) 7→ Hm(F, M )

est isomorphe au m-`eme foncteur d´eriv´e du foncteur H0(F, −).

Esquisse de preuve: Commen¸cons par traiter le cas o`u G = {1} est trivial. Il faut alors montrer que pour tout faisceau de groupes ab´eliens M sur C, Hm(C, M )

est isomorphe `a la cohomologie de C, calcul´ee par foncteur d´eriv´e, `a coefficients dans M (que nous noterons Hderm (C, −)). Pour cela, notons C−(C, Ab) la cat´egorie des complexes de pr´efaisceaux en V-groupes ab´eliens sur C qui sont concentr´es en degr´es n´egatifs ou nuls (avec une diff´erentielle de degr´e +1). Pour chaque objet E de cette cat´egorie, on dispose de ses pr´efaisceaux de cohomologie Hnpr(E), dont les faisceaux associ´es seront not´es Hn(E). Un quasi-isomorphisme est par d´efinition un morphisme de C−(C, Ab), f : E −→ E0, tel que pour tout m, le morphisme induit Hm(f ) : Hm

(E) −→ Hm(E0) soit un isomorphisme de faisceaux. On notera alors D−(C, Ab) la cat´egorie obtenue `a partir de C−(C, Ab) en inversant formellement les quasi-isomorphismes. Il est alors bien connu que les foncteurs de cohomologie par foncteurs d´eriv´es se calculent par la formule suivante

Hderm (C, M ) ' [Z, M [m]]D−(C,Ab),

o`u Z est le pr´efaisceau constant de fibre Z, et M [m] est le complexe concentr´e en degr´e −m et de valeurs M .

Introduisons SAb(C), la cat´egorie des pr´efaisceaux en V-groupes ab´eliens simpliciaux sur C. D’apr`es [15, Cor. III.2.3] il existe une ´equivalence de cat´egories Γ : C−(C, Ab) −→ SAb(C) (o`u Γ est d´efini terme `a terme au-dessus de C). De plus, en rempla¸cant les ensembles simpliciaux par des groupes ab´eliens simpliciaux dans les paragraphes pr´ec´edents, on munit SAb(C) d’une structure de cat´egorie de mod`eles o`u les ´equivalences et les fibrations sont detect´ees dans SP r(C) (i.e. en oubliant la structure de groupes). A l’aide de [15, Cor. III.2.7] on voit que le foncteur Γ est compatible avec la formation des faisceaux de cohomologie et d’homotopie, et qu’il d´efinit une bijection de l’ensemble des quasi-isomorphismes de C−(C, Ab) vers l’ensemble des ´equivalences de SAb(C). Il induit donc une ´

equivalence sur les cat´egories homotopiques associ´ees Γ : D−(C, Ab) ' Ho(SAb(C)). Ainsi, pour tout pr´efaisceau en groupes ab´eliens M on a

[Z, M [m]]D−(C,Ab)' [Γ(Z), Γ(M[m])]Ho(SAb(C)).

Cependant Γ(Z) est ´equivalent dans SAb(C) au pr´efaisceau constant de fibre Z, et Γ(M [m]) est ´equivalent `a K(M, m). On a donc

(28)

Pour achever la d´emonstration dans ce premier cas, on fait appel `a l’adjonction de Quillen

− ⊗ Z : SP r(C) −→ SAb(C) j : SAb(C) −→ SP r(C),

o`u − ⊗ Z est le foncteur d’ab´elianisation, et j est le foncteur d’oublie de la struc-ture de groupes. Cette adjonction descend en une adjonction sur les cat´egories homotopiques, et donne

Hderm (C, M ) ' [Z, K(M, m)]Ho(SAb(C))' [∗, j(K(M, m))]Ho(SP r(C))

' π0RHom(∗, K(M, m)) ' Hm(C, M ).

Revenons au cas g´en´eral o`u F = K(G, 1), pour G un pr´efaisceau en groupes. Rappelons que l’on peut d´efinir un site G-´equivariant C/BG. Ses objets sont ceux de C, et ils seront not´es symboliquement X −→ BG pour X ∈ C. La donn´ee d’un morphisme dans C/BG X !!C C C C C C C C u // Y }}{{{{{{ {{ BG

est la donn´ee d’un couple (f, x), o`u f : X → Y est un morphisme de C, et x ∈ G(X). Les morphismes se composent naturellement par la formule (g, y) ◦ (f, x) = (g ◦ f, f∗(y).x), pour X f // Y g // Z et x ∈ G(X), y ∈ G(Y ). La topologie sur C/BG est d´efinie en d´ecr´etant que les familles couvrantes dans C/BG sont celles qui sont couvrantes dans C. Il est clair que C/BG poss`ede des produits fibr´es, mais il ne poss`ede pas de produits finis en g´en´eral (et encore moins d’objet final). De plus, la donn´ee d’un pr´efaisceau (resp. d’un faisceau) sur C/BG est naturellement ´equivalente `a celle d’un pr´efaisceau (resp. d’un faisceau) sur C muni d’une action de G. Il existe donc une ´equivalence de cat´egorie SP r(C/BG) ' G − SP r(C), o`u G − SP r(C) est la cat´egorie des objets de SP r(C) munis d’une action de G. Ceci montre aussi que la cat´egorie ab´elienne SysLoc(K(G, 1)) est ´

equivalente `a la cat´egorie des faisceaux en groupes ab´eliens sur C/BG, et donc poss`ede suffisemment d’injectifs.

Rappelons aussi que pour tout objet F ∈ SP r(C), on peut consid´erer la cat´egorie des objets sur F , SP r(C)/F , qui est naturellement munie d’une structure de cat´egorie de mod`eles ferm´ee simpliciale. De plus, pour tout morphisme f : F −→ F0 on dispose d’une adjonction de Quillen

f! : SP r(C)/F −→ SP r(C)/F0

(G → F ) 7→ (G → F → F0) f∗: SP r(C)/F0 −→ SP r(C)/F

(G → F0) 7→ (F ×GF0 → F ),

o`u f! est l’adjoint `a gauche. Comme SP r(C) est une cat´egorie de mod`eles propre

`

a droite, l’adjonction pr´ec´edente est en r´ealit´e une ´equivalence de Quillen d`es que f est une ´equivalence.

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