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Diabetic patients at work: A study on 302 diabetic patients in Morocco [Le patient diabétique en milieu de travail: étude à propos d'une cohorte de 302 patients diabétiques au Maroc]

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Texte intégral

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© 2016 - Elsevier Masson SAS - Tous droits réservés.

Correspondance Nassim Essabah HARAJ

Département d’endocrinologie-diabétologie, maladies métaboliques et nutrition CHU Ibn Rochd

20100 Casablanca – Maroc haraj.nassim@gmail.com

Résumé

Le diabète sucré est une pathologie chronique fréquente, et donc également en milieu de travail. L’adaptation des horaires, y compris de repas, et la charge de travail peuvent constituer un véritable problème pour les patients diabétiques dans leur milieu professionnel. Le but de notre étude a été d’identifier les difficultés rencontrées par les patients diabétiques dans leur milieu professionnel. Pour cela, nous avons mené une étude transversale, observationnelle, incluant tout patient diabétique ayant une activité professionnelle régulière et suivi à la consultation du service d’endocrinologie- diabétologie du CHU de Casablanca, de janvier 2012 à mars 2014. Les informations ont été recueillies à l’aide d’un questionnaire, en tenant compte des classes professionnelles.

L’âge moyen des patients était de 40,2 ± 9,6 ans, avec 62,6 % de patients diabétiques de type 2. L’ancienneté moyenne du diabète était de 8,1 ± 3,6 années. Parmi ces patients, 56,3 % étaient sous insuline ; 20,5 % des patients cachaient leur maladie à leur entourage professionnel ; 42,4 % réalisaient des glycémies capillaires au travail.

Pour 17,2 % des patients, les horaires du travail étaient incompatibles avec les repas et les prises du traitement. Faits importants, 18,2 % des patients rapportaient des hypoglycémies au travail ; la prévalence de l’absentéisme était de 9,3 %. De plus, 33,8 % des patients se sentaient handicapés par leur maladie, et 15,6 % ont subi un reclassement professionnel à cause de leur maladie. En analyse multivariée, les facteurs prédominants influençant la gestion des diabétiques de leur maladie en milieu de travail étaient la charge physique intense, les hypoglycémies, et l’incompatibilité des horaires du travail (p < 0,01). Il ressort de l’étude que les personnes diabétiques, en milieu de travail, ne bénéficient pas d’une prise en charge particulière, et que les hypoglycémies sont fréquentes, et peuvent être responsable d’un reclassement professionnel.

Mots-clés : Diabète – milieu de travail – absentéisme – charge physique – Maroc.

Summary

Diabetes is a chronic pathology that is frequent at work place also. The workload and the unfitting meal schedule can constitute a real problem for the diabetic patient. The aim of this work is to identify the difficulties encountered by the diabetic patient at work. This is an observational, transversal study, including diabetic patients practicing a professional activity, and followed at the endocrinology-diabetes department of the Casablanca University Hospital (Morocco), between January 2012 and March 2014.

Data has been collected via a questionnaire; the patients being classified into profes- sional classes according to the French INSEE classification.

Patients’ mean age was 40.2 ± 9.6 years; 62.6% of them being type 2 diabetics.

Mean duration of diabetes was 8.1 ± 3.6 years; 56.3% were on insulin. Among these patients, 20.5% of them hided their disease to their professional entourage; 42.4%

performed capillary blood glucose measurements at work. For 17.2% of patients,

Le patient diabétique en milieu de travail : étude à propos d’une cohorte de

302 patients diabétiques au Maroc

Diabetic patients at work: A study on 302 diabetic patients in Morocco

N.-E. Haraj

1

, K. Zine

2

, S. El Aziz

1

, S. Nani

2

, A. Chadli

1

1

Service d’endocrinologie-diabétologie et maladies métaboliques,

CHU Ibn Rochd, Casablanca ; Faculté de médecine et de pharmacie, Université Hassan II, Casablanca, Maroc.

2

Laboratoire d’épidémiologie,

Faculté de médecine et de pharmacie,

Université Hassan II, Casablanca, Maroc.

(2)

en hôpital de jour, ou en hospitalisation ordinaire.

Les critères d’inclusion comprenaient les patients diabétiques exerçant une acti- vité professionnelle et qui ont accepté volontairement à participer à l’enquête.

Ont été exclu les patients avec une durée de diabète inférieur à 6 mois, les diabétiques en cessation de travail, et les diabétiques qui ont arrêté volontaire- ment le traitement antidiabétique.

Échantillon

La taille de l’échantillon a été calculée en utilisant la formule N = Z2PQ/ i2, en se basant sur une prévalence attendue de 19 % [2], un risque _ de 5 %, et une précision de 4 %.

Recueil de données

La collecte des données a été faite par une fiche d’exploitation comportant un ensemble de questions portant sur les Population cible

L’étude a concer né des patients diabétiques ayant une activité profes- sionnelle vus en consultation, ou admis

Introduction

r Le diabète est une maladie chronique fréquente, susceptible de toucher un nombre important de personnes sur le marché du travail. De nombreuses difficultés peuvent être rencontrées  : augmentation de l’absentéisme, risque d’hypoglycémie, contraintes pour la prise de traitement, discrimination à l’emploi, réduction de la rentabilité [1, 2].

Peu nombreuses sont les études qui se sont intéressées à ce sujet au Maroc.

r Ce travail vise à faire le point sur les interactions entre le diabète et l’activité professionnelle, noter les principales répercussions qu’exerce cette maladie chronique sur le quotidien du salarié diabétique, et identifier les facteurs professionnels prédictifs de déséqui- libre de diabète. Pour ce, nous décrirons quelques aspects de la situation de travail des diabétiques et les difficul- tés rencontrées par ces derniers, et qui pourraient faire obstacle à la gestion quotidienne du diabète au travail.

Patients et méthodes

Type de l’étude

Il s’agit d’une étude observationnelle, transversale, à visée descriptive, menée au service d’endocrinologie du Centre hospitalo-universitaire Ibn Rochd de Casablanca (Maroc), entre janvier 2012 et mars 2014.

their work schedule was incompatible with meal times and medication intakes; 18.2%

reported hypoglycemia at work; prevalence of absenteeism was 9.3%; 33.8% felt handi- capped by their disease, and 15.6% had occupational reclassification because of their diabetes. In multivariate analysis, the predominant factors influencing disease patients’

management at work were intense physical load, hypoglycemia, and inadequate work schedule (P<0.01). This study demonstrates that diabetic patients at work do not enjoy a particular handling; hypoglycemia is frequently occurring and can be responsible for professional position changes.

Key-words: Diabetes – work place – absenteeism – physical load – Morocco.

Tableau I. Caractéristiques cliniques de la population étudiée (n = 302).

n Pourcentage Moyenne

Âge (ans) 40,2 ± 9,6

Sexe - homme - femme

181 121

59,9 40,1 Type de diabète

- diabète de type 2 - diabète de type 1

189 113

62,6 37,4 Traitement

- mesures hygiéno-diététiques seules - antidiabétiques oraux (ADO) - insuline seule

- insuline + ADO

4 89 170

39

1,3 29,5 56,3 12,9

Durée moyenne de diabète (années) 8,2 ± 3,6

Suivi - régulier - irrégulier

82 220

27,2 72,8

HbA

1c

(%) 8,57 ± 1,78

Autres facteurs de risque cardiovasculaire - oui

- non

112 190

37,1 62,9 Complications du diabète

- coronaropathie - rétinopathie - néphropathie - neuropathie

34 103

81 115

11,3 34,1 26,8 38,1 Groupe professionnel

- agriculteur exploitant

- artisan, commerçant, chef d’entreprise - cadre et profession intellectuelle supérieure - professions intermédiaires, techniciens - employés

- ouvriers

14 90 63 70 45 20

4,6

29,8

20,9

23,2

14,9

6,6

(3)

items suivants : données sociodémogra- phiques ; type d’activité professionnelle, selon la classification de l’Institut natio- nal de la statistique et des études économiques (Insee) français [3] ; don- nées liées au diabète (durée du diabète, type de diabète, nature du traitement, régularité du suivi, facteurs de risque associés, complications dégénératives) ; informations liées à l’interaction mala- die/travail (sensations de handicap liées au diabète ; divulgation de la maladie à l’entourage professionnel [tous les col- lègues, ou seulement les plus proches]

et au médecin de travail) ; charge phy- sique liée au travail ; auto-surveillance par glycémies capillaire sur les lieux du travail  ; compatibilité des horaires de travail avec ceux des repas et des moments de prises de traitement ; dif- ficultés de suivre le régime au travail ;

hypoglycémie(s) ; absentéisme ; reclas- sement professionnel.

Déroulement de l’enquête

Les patients étaient interrogés durant leur consultation ou hospitalisation, indi- viduellement, à l’écart dans un espace aménagé à cette occasion, afin d’éviter tout biais dans les réponses.

Les questions étaient posées de façon ouverte, par le moyen de communication (dialecte) le mieux maîtrisé, de manière à laisser l’expression libre et directe de chacun d’eux.

Analyse des données

L’analyse des données a été réalisée à l’aide du logiciel SPSS

®

version 16.

Le seuil de signification a été fixé à 5 %.

Considérations éthiques

Le consentement éclairé soutenu avait été obtenu chez tous les sujets de notre étude. Les motivations et les objectifs de cette étude leur avaient été correcte- ment expliqués. Par ailleurs, nous avons veillé au respect de l’anonymat et à la confidentialité des données.

Résultats

Descriptif de la population et caractéristiques de la maladie Notre étude a concerné 302 patients diabétiques, d’un âge moyen de 40,2

± 9,6 ans, avec une prédominance mas- culine (59,9 % d’hommes). Parmi ces patients, 62,6 % étaient diabétiques de type 2, et 37,4 % diabétiques de type 1.

La durée moyenne de diabète était de 8,1 ± 3,6 années.

Le tableau I résume les caractéristiques cliniques de la cohorte étudiée.

Le vécu du diabétique sur son lieu de travail

Notre étude a mis en évidence que le patient diabétique rencontre plusieurs difficultés dans le milieu de travail  : 20,5  % des patients ont caché leur maladie à leur entourage professionnel, et 42,4  % seulement ont réalisé des glycémies capillaires au travail. Pour 17,2 % des patients, les horaires du tra- vail étaient incompatibles avec les repas et les prises du traitement ; 8,3 % rap- portaient des hypoglycémies sévères au travail. Ces différents éléments ont altéré la qualité de vie du diabétique dans le milieu professionnel, en effet, 33,8 % se sentaient handicapés par leur maladie Ces éléments ont également retenti sur le rendement professionnel : la préva- lence de l’absentéisme était de 9,3 %, et 15,6 % des personnes diabétiques ont subi un reclassement professionnel à cause de leur maladie.

Le tableau II résume les différents éléments en rapport avec le vécu du diabétique en milieu de travail.

Étude analytique

r Aucune significativité n’a été objecti- vée entre l’ancienneté de la maladie et Tableau II. Le vécu de la personne diabétique en milieu de travail.

Nombre Pourcentage Charge physique au travail

- légère - modérée - intense

26 157 119

8,6 52,0 39,4 Réalisation de glycémie capillaire au travail

- non - parfois - fréquemment

174 111 17

57,6 36,8 5,6 Compatibilités horaires des repas et traitement

- non - difficilement - souvent - oui

3 127 120 52

1,0 42,1 39,7 17,2 Hypoglycémie

- aucune - modérée/légère - sévère

16 261

25

5,3 86,4

8,3 Absentéisme

- souvent - parfois - rarement - jamais

28 170

97 7

9,3 56,3 32,1 2,3 Information de l’entourage

- non

- médecin du travail - tous les collègues - collègue proche

62 87 148

92

20,5 28,8 49,1 30,5 Sensation de handicap

- oui - non

102 200

33,8 66,2 Changement de poste

- oui - non

47 255

15,6

84,4

(4)

la décision d’informer les collègues, ou même le médecin du travail (p = 0,51).

La durée du diabète n’a pas affecté le sentiment de handicap qu’éprouve le salarié diabétique (p = 0,06), ni le chan- gement de poste (p = 0,50).

r Le tableau III résume la corrélation entre la nature de la profession et la charge physique sur la gestion du dia- bète en milieu professionnel.

– Les variables les plus démonstratives liées au vécu du diabète sont la sensa- tion de handicap, et l’absentéisme due à cette maladie chronique. Le lien entre la sensation de handicap liée à la mala- die et l’absentéisme a été significatif (p < 0,01).

– Une association entre la sensation de handicap ressentie par la personne dia- bétique et la survenue d’hypoglycémies a été retrouvée (p < 0,01)

– Il existe également un lien fortement significatif entre le handicap ressenti et la modification de l’activité profession- nelle (p = 0,002) : 53,2 % des patients ayant modifié leur poste de travail se sentaient handicapés par leur diabète, contre 46,8  % qui ne considéraient point cette maladie chronique comme handicapante.

– En revanche, notre étude n’a pas révélé de lien entre la sensation de handicap et la survenue des complications dégé- nératives du diabète (p = 0,18 pour la coronaropathie ; p = 0,57 pour la rétino- pathie ; p = 0,35 pour la néphropathie), alors que la neuropathie a été significa- tivement liée à la sensation de handicap (p = 0,014) (tableau III).

Discussion

De nombreux travaux menés dans dif- férents pays ont cherché à quantifier les répercussions du diabète, en tant que maladie chronique [1, 4-10]

r On retrouve des causes liées à la mala- die en rapport avec une gestion difficile et un monitoring non adapté. En effet, selon l’étude de Toljamo et al., 19 % des sujets disaient négliger complètement leur diabète dès qu’ils étaient au travail [11]. Ceci peut être dû à l’incompatibilité des horaires et à la difficulté de suivre le régime diététique au travail ; en effet,

56,9  % de nos patients trouvent que T ableau III. Corr élation entr e la natur e de la pr ofession et la charge physique sur la gestion du diabète en milieu pr ofessionnel. Natur e de l’emploi * p Charge physique au travail p Agriculteur exploitant Artisans, commer çants, chef d’entr eprise

Cadr e et pr ofession intellectuelle supérieur e Pr ofessions intermédiair es, techniciens

Employés Ouvriers Légèr e Modér ée Intense Compatibilité des horair es - non - dif ficile - souvent - oui

0 (0 %) 0 (0 %) 11 (78,6 %) 3 (21,4 %) 0 (0 %) 40 (44,4 %) 35 (38,9 %) 15 (16,7 %) 2 (3,2 %) 17 (27,0 %) 25 (39,7 %) 19 (30,2 %) 1 (1,4 %) 26 (37,1 %) 29 (41,4 %) 14 (20,0 %) 0 (0 %) 32 (71,1 %) 12 (26,7 %) 1 (2,2 %) 0 (0 %) 12 (60 %) 8 (40 %) 0 (0 %)

< 0,01 0 (0 %) 9 (34,6 %) 5 (19,2 %) 12 (46,2 %) 1 (0,6 %) 51 (32,5 %) 77 (49,0 %) 28 (17,8 %) 2 (1,7 %) 67 (56,3 %) 38 (31,9 %) 12 (10,1 %)

< 0,01 Fr équence des glycémies capillair es - non - parfois - fr équemment

14 (100 %) 0 (0 %) 0 (0 %) 61 (67,8 %) 29 (32,2 %) 0 (0 %) 23 (36,5 %) 39 (61,9 %) 1 (1,6 %) 28 (40,0 %) 26 (37,1 %) 16(22,9 %) 32 (71,1 %) 13 (28,9 %) 0 (0 %) 16 (80 %) 4 (20 %) 0 (0 %)

< 0,01 12 (46,2 %) 13 (50,0 %) 1 (3,8 %) 60 (38,2 %) 81 (51,6 %) 16 (10,2 %) 102 (85,7 %) 17 (14,3 %) 0 (0 %)

< 0,01 Hypoglycémie - aucune - modér ée/légèr e - sévèr e

0 (0 %) 7 (50 %) 7 (50 %) 4 (4,4 %) 72 (80,0 %) 14 (15,6 %) 9 (14,3 %) 51 (81,0 %) 3 (4,8 %) 4 (5,7 %) 60 (85,7 %) 6 (8,6 %) 1 (2,2 %) 31 (68,9 %) 13 (28,9 %) 0 (0 %) 8 (40 %) 12 (60 %)

< 0,01 22 (7,7 %) 22 (84,6 %) 2 (7,7 %) 12 (7,6 %) 129 (82,2 %) 16 (10,2 %) 4 (3,4 %) 78 (65,5%) 37 (31,1 %)

< 0,01 Information des collègues - non - oui

1 (7,1 %) 13 (92,9 %) 19 (21,1 %) 71 (78,9 %) 6 (9,5 %) 57 (90,5 %) 20 (28,6 %) 50 (71,4 %) 11 (24,4 %) 34 (75,6 %) 5 (25 %) 15 (75 %)

0,085 * nombr e (pour centage)

(5)

un arrêt maladie prolongé (supérieur à 6 semaines) par rapport à un non-dia- bétique [18]. Aux États-Unis, une étude a montré que les personnes diabétiques avaient, en moyenne, 0,66 jours (près de 15 heures) d’arrêt maladie par an de plus que les non-diabétiques. [1]. De plus, les résultats de la cohorte épidémiologique française GAZEL (des volontaires agents et anciens agents d’Électricité de France et Gaz de France) [9], ont montré que le nombre de jours d’arrêt maladie était plus élevé parmi les personnes atteintes de diabète que parmi les non-diabé- tiques. Quant à notre étude, 65,6 % des diabétiques interrogés admettent s’être souvent, ou quelques fois, absentés de leur travail à cause de leur maladie.

– Le diabète peut être aussi à l’origine d’un reclassement professionnel. Dans une étude menée en Grande-Bretagne, Robinson et al. ont constaté que 9 % des travailleurs diabétiques interrogés avaient dû changer de travail du fait de leur maladie (contre seulement 2 % des non-diabétiques) (p < 0,01) [19]. Dans notre étude, 15,6 % des diabétiques ont affirmé avoir changé de poste suite à leur diabète. Pour remédier à ces situations, il importe de considérer le handicap des diabétiques et de leur privilégier des postes de travail adaptés.

r Ces résultats soulignent, là encore, l’importance d’une démarche de préven- tion primaire, secondaire, et tertiaire, du diabète au sein de la population active, afin d’améliorer l’état de santé des sala- riés et de limiter également l’impact de cette maladie sur leur productivité.

Déclaration d’intérêt

Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’in- térêt en lien avec ce travail.

Références

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docs_ffc/cs125d.pdf r À côté du monitoring adaptée de la

maladie au travail, on retrouve que l’al- tération de l’estime de soi retentit sur le vécu du diabétique en milieu profes- sionnel. En effet, chez les personnes atteintes de diabète, les études réalisées aux États-Unis ont montré que la faible estime de soi a des effets négatifs sur les comportements d’auto-soins et sur l’équilibre glycémique [16, 17].

r Ces différentes difficultés auxquelles sont confrontés les patients diabétiques, chaque jour, ont des répercussions sur leur travail et le vécu de la maladie.

Le vécu de la maladie rassemble des notions assez variées, comme les émo- tions, la représentation de la maladie, et les comportements adaptatifs (coping).

– Pour 33,8 % de nos patients, le diabète représente un réel handicap au travail, cette sensation de handicap étant étroi- tement liée à la modification d’activité professionnelle (p = 0,02) et à la survenue d’hypoglycémies (p < 0,01).

– Selon Trief et al., la maladie affecterait les fonctions du diabétique dans 63,1 % des cas [12]. Dans une étude menée aux Pays-Bas, le diabète était perçu comme un obstacle au bon fonctionnement du travail de 18,6 % des diabétiques [13].

– L’étude de Favrot et al. a montré qu’il existait un risque 2 fois plus important pour un salarié diabétique de présenter les horaires du travail sont difficilement

compatibles, voire incompatibles, avec ceux des repas, exprimant ainsi un besoin d’adaptation des horaires nécessaire pour une meilleure qualité de vie. Nos résultats concordent avec ceux de l’étude de Trief et al. évaluant l’impact de l’emploi sur la gestion du diabète : 48,7 % qualifiaient leurs horaires de travail incompatibles et affirmaient les avoir modifiés pour une meilleure gestion de leur maladie [12].

D’après Weijman et al. [13], 35  % des personnes diabétiques interrogées ont répondu que les horaires de travail per- turbaient la gestion de leur maladie.

– Le travail retentit également sur l’au- tocontrôle glycémique : 57,6 % de nos patients n’ont jamais réalisé de glycé- mies capillaires sur les lieux de travail, taux alarmant, influencé principalement par les horaires contraignants du travail et la charge physique (p < 0,01). Dans la littérature, la fréquence d’auto-surveil- lance glycémique lors du travail est tout aussi faible, telle que dans l’étude de Weijman et al. (52,2 %) [13].

– Le problème des hypoglycémies sur le lieu de travail est un facteur important : un problème qui risque de limiter l’accès à certains postes pour des travailleurs.

La prévalence des hypoglycémies est variable selon les études [13-15]

(tableau IV).

Tableau IV. Prévalence des hypoglycémies chez les personnes diabétiques en milieu de travail, dans la littérature.

Étude [réf.] Pays Année de publication

Nombre de

patients Hypoglycémie

Wejman et al. [13] Pays-Bas 2005 292 34,5 %

Leckie et al. [14] Ecosse 2005 243 8 épisodes/personne/année

Allen et al. [15] États-Unis 2001 415 33 %

r Les conséquences du diabète sur l’activité professionnelle sont peu étudiées.

r Dans notre étude, menée au Maroc, nous avons constaté de nombreuses consé- quences : inadéquation du travail avec la charge de travail, risque hypoglycémique, horaires inadaptés aux contraintes de prises alimentaires et de traitement et, parfois, un déclassement professionnel.

r Ceci est particulièrement vrai chez les diabétiques insulino-traités qui représentaient 56,3 % de notre échantillon de 302 patients, dont deux-tiers de la cohorte étaient classés type 2.

r Cette question devrait faire l’objet de plus de travaux, et aboutir à plus d’aide de la part des soignants aux patients diabétiques dans leur milieu professionnel.

Les points essentiels

(6)

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Cette étude a mis en évidence certains facteurs qui peuvent intervenir dans la gestion de la maladie, comme la nature du métier exercé, la charge physique liée au poste de travail, la compatibilité des horaires de travail avec ceux des repas et les contraintes du traitement. Ceci peut être amélioré par une prise en charge adaptée. Le médecin traitant doit jouer son rôle, par son accompagnement et la transmission au patient de savoir et savoir-faire afin de renforcer l’autonomie du patient. L’information et la sen- sibilisation de l’entourage professionnel, sous couvert que la déclaration de la maladie ne le pénalise pas et avec son accord, peuvent contribuer à une meilleure intégration sociale et professionnelle du patient diabétique. Restera aussi à explorer la question de l’image de la maladie sur le lieu de travail, la perception par les collègues, supérieurs et employeurs et les conséquences que cela engendre pour l’insertion professionnelle des diabétiques, principalement ceux qui sont insulino-traités.

Conclusion

Références

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