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Submitted on 28 May 2020
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Bisphénol A : et si c’était aussi une question de goût ?
Marie-Chantal Canivenc Lavier
To cite this version:
Marie-Chantal Canivenc Lavier. Bisphénol A : et si c’était aussi une question de goût ?. Premier Cru - Les News du Centre Inra de Dijon, 2013, Au coeur de la science (3), pp.1-2. �hal-02642586�
Le bisphénol A, élément de base des plastiques en polycarbonate, est aussi un composant du PVC, des vernis internes des canettes et boites de conserves, de plastiques à usages médicaux, d’amalgames dentaires… Il est partout, et fortement suspecté d’avoir une action délétère sur la santé.
Depuis les années 90, des chercheurs de l’INRA ont fortement contribué à l’essor des connaissances sur le devenir de cette molécule.
Sa non dégradation par les microorganismes du sol tout d’abord (Mougin et Coll, 2007, PESSAC, INRA Versailles). Ces dernières années, les chercheurs de l’unité Toxalim (INRA Toulouse) ont montré que l’on pouvait également absorber le BPA par la peau, notamment via l’encre présente sur les tickets de caisse (D. Zalko et coll. 2010) et tout récemment par voie sublinguale (V Gayrard et coll., 2013).
A l’INRA de Dijon, d’autres chercheurs ont évalués les effets du BPA sur la sphère buccale. Ainsi, dans le cadre de sa thèse de doctorat, M Folia montre que la présence de BPA dans l’eau de boisson entraine une sécheresse buccale chez le rat mâle adulte, qui s’accompagne d’une action sur les glandes salivaires. Cette étude confirme que la glande salivaire est une cible de perturbateurs endocriniens. Nous l'avions déjà mis en évidence, en exposant dès la période utérine des animaux à deux autres perturbateurs endocriniens : la génistéine, un phytoestrogène du soja et la vinclozoline, un fongicide (W. Kouidhi 2012 ; 2013). Curieusement, les rats traités au BPA ne boivent pas beaucoup par rapport aux témoins (voir figure ci-dessous), ce qui dénote la perte de sensation de soif. Pour M Folia, qui est médecin au CHU, ceci ressemble au comportement observé chez certaines personnes âgées. De plus ces effets s’accompagnent d’une modification des préférences au sucré et au salé (Folia et al, 2012 et 2013), lesquelles varient selon la concentration en BPA dans l’eau de boisson (voir figure ci-dessous).
Parallèlement à ces travaux, dans le cadre du programme national de recherche sur les perturbateurs endocriniens (projet CIME, PNR-PE 2009-2013, coordonnateur scientifique : MC Canivenc-Lavier), le CSGA a développé et coordonné une étude qui consiste à administrer une dose de BPA 10 fois plus faibles aux doses réglementaires (5µg), à des rats dès le premier jour de la conception (via la mère) jusqu’à l’âge adulte. Les effets sur les glandes salivaires et sur les préférences gustatives sont plus forts sur la progéniture (non exposés), laquelle présente aussi un surpoids à l’âge adulte (Boudalia et al, sous presse). Par ailleurs, ce projet, intégrant plusieurs équipes INSERM, a aussi permis de montrer les effets du bisphénol A sur une nouvelle cible : la dent.
Plus précisément, une exposition prénatale au BPA perturberait la minéralisation de l’émail dentaire, à l’image de ce qui se passe chez des jeunes enfants atteints du MIH, une pathologie de la dent qui atteint près de 20 % des enfants dans les pays industrialisés (Jédéon et al 2013, INSERM, Hôpital des saint Pères, Paris Diderot).
Lors de son dernier rapport en mars 2013, l’ANSES souligne les risques d’exposition in utero au BPA pour l’enfant à naitre, en particulier vis-à-vis des cancers mammaires, et précise que la consommation d’eau minérale en bouteille plastique peut contribuer à la moitié de l’apport journalier en BPA. Plusieurs études épidémiologiques révèlent des associations entre troubles métaboliques et présence de BPA dans les fluides biologiques de la mère pendant la grossesse. Nos travaux, en lien avec ceux de Toxalim, nous amènent
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maintenant à définir si les effets du BPA sur la sphère ORL (dentition, préférences gustatives, sécrétions salivaires) peuvent avoir des conséquences sur le comportement alimentaire ou sur le métabolisme, qui seraient susceptibles d’expliquer le surpoids des animaux en deuxième génération…
Contact : Marie-Chantal Canivenc-Lavier
BPA et consommation d'eau BPA et préférences gustatives
Rédaction : mcc
Date de création : 28 Novembre 2013 Mise à jour : 02 Décembre 2013
© INRA 2013
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