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Géographie Économie Société : Article pp.35-57 du Vol.18 n°1 (2016)

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géographie économie société géographie économie société

* Auteur correspondant : afl eury@parisgeo.cnrs.fr

Géographie, Économie, Société 18 (2016) 35-57

Le commerce dans la fabrique périurbaine : centralités commerciales et pratiques habitantes

au nord de la métropole parisienne

Sandrine Berroir a , Matthieu Delage b et Antoine Fleury c*

a Maître de conférences en géographie, Université Paris Diderot – Paris 7 / UMR Géographie- cités, UFR GHSS - Case Courrier 7001, 75205 Paris Cedex 13

b Maître de conférences en géographie, Université Paris Est Marne-La Vallée / EA ACP 3350, 5 boulevard Descartes, Champs-sur-Marne, 77454 Marne-La Vallée Cedex 2

c Chargé de recherche, CNRS / UMR Géographie-cités, 13 rue du Four, 75006 Paris

Résumé

L’article s’intéresse aux espaces périurbains sous l’angle du commerce, en croisant l’analyse des structures commerciales et celle des pratiques et des représentations des habitants. S’appuyant à la fois sur des données portant sur les établissements commerciaux et sur une enquête par entretiens menée sur les franges nord de la métropole parisienne (secteurs de Méru, Senlis et Écouen-Ézanville), l’article entend contribuer aux réfl exions actuelles sur le rôle de la proximité dans la fabrique des ter- ritoires périurbains. Après avoir montré comment les habitants mobilisent l’offre commerciale dans leur environnement, l’article donne à voir le rôle du commerce dans les processus d’ancrage local et de valorisation des lieux. Il démontre ensuite comment la diversité des contextes locaux se combine aux caractéristiques individuelles pour expliquer la variété des rapports à la proximité : proximité physique ou réticulaire, proximité exclusive ou inscrite dans un espace de pratiques élargi. Déjà mises en évidence dans des espaces plus denses, ces pratiques témoignent de la relative banalisation des espaces périurbains. © 2016 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés

Mots clés : commerce, périurbain, proximité, mobilités, métropole parisienne.

doi :10.3166/ges.18. 35-57 © 2016 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

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Summary

Retail and the making of peri-urban areas: commercial centres and spatial practices of inhabi- tants in the North of Paris Metropolis. This paper deals with retail within the ‘peri-urban’ areas around big cities. It combines an analysis of the retail structure and an analysis of the local consu- mers’ practices and images. Using retail account databases and a series of interviews with inha- bitants in the North of the Parisian Metropolis (Senlis, Méru, and Écouen-Ézanville), the paper explores the concept of ‘proximity’ and aims to contribute to the debate about the construction of local territories on the fringes of big cities. It shows first how commercial centres are practiced, and then moves on to examine how retail contributes to the good image and the inhabitants’ deep attachment to their local environment. Finally, it highlights the various forms of proximity – spatial proximity vs network-based proximity, local dependency vs large life space – which differ accor- ding to individual characteristics and spatial contexts. As these spatial practices have already been identified within areas of higher density, the paper concludes that peri-urban areas are being increasingly normalized. © 2016 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés

Keywords: retail, peri-urban areas, proximity, mobility, Paris metropolitan area.

Introduction

Les espaces périurbains sont généralement considérés comme les espaces d’accueil

privilégiés des « grandes surfaces », au détriment des commerces des centres-villes et

des centres-bourgs (Delobez, Péron, 1990 ; Desse, 2001 ; Péron, 2004). Le consom-

mateur serait alors amené à faire des déplacements particulièrement nombreux et à

parcourir des distances élevées, notamment pour ses achats. Certes, certains travaux ont

mis en évidence, dans les années 1990, un recours plus fréquent aux grandes surfaces

chez les périurbains que chez les habitants des agglomérations, ainsi que des pratiques

d’achat s’effectuant beaucoup plus en dehors des zones de résidence pour les premiers

que pour les seconds (Eymard, Seguin, 2000). Plus récemment, comme en témoigne le

cas de la métropole parisienne, ces différences tendent néanmoins à se réduire, même si

les distances parcourues par les périurbains – majoritairement en voiture – restent plus

importantes que la moyenne francilienne (DREIA, 2013). Cette évolution fait écho aux

travaux mettant en évidence, depuis quelques années, les processus de « maturation »

au sein des espaces périurbains (Berger et al., 2014), en lien avec des pratiques de

proximité et l’ancrage des habitants dans leur espace de résidence. À la différence des

années 1960-1970, période durant laquelle les périurbains étaient plus soucieux de la

taille des logements et de leur coût (Berger, 2004), les habitants valorisent également

de plus en plus un cadre de vie qu’ils ont choisi. Parallèlement, on observe un maintien

voire un développement de l’offre commerciale dans les espaces périurbains (Motte,

2008). Celle-ci apparaît relativement diverse, que ce soit dans les centres-villes et les

centres-bourgs (Aragau, 2008) ou à proximité des nœuds de communication (Gasnier,

2010b), avec des pôles commerciaux qui se caractérisent par une montée en gamme et

tendent à s’organiser autour de villages de loisirs (Delage, 2012), selon des logiques de

complémentarité entre les centres anciens et leurs périphéries.

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S’appuyant à la fois sur des données portant sur les établissements commerciaux et sur une enquête par entretiens menée sur les franges nord de la métropole parisienne 1 , cet article a pour objectif d’appréhender les espaces périurbains au prisme du commerce, en croisant l’analyse des structures commerciales et celle des pratiques et des représen- tations des habitants. En quoi une entrée par le commerce permet-elle d’alimenter une réflexion dialectique sur les processus d’autonomisation et d’intégration dans les espaces de franges métropolitaines ? Quel est le rôle du commerce dans la fabrique périurbaine 2 et plus particulièrement dans la construction d’une territorialité périurbaine par les habi- tants, tant en termes de pratiques de proximité que de processus et de désirs d’ancrage ? Les franges métropolitaines considérées dans cette recherche recouvrent une grande diversité de contextes périurbains, depuis les bordures de l’agglomération parisienne (Écouen-Ézanville dans le Val d’Oise) jusqu’à des petites villes (Méru et Senlis dans l’Oise), en passant par de petites communes où domine l’habitat pavillonnaire. Par ce choix, il s’agissait d’assumer la diversité des configurations actuelles de ces espaces et de mieux intégrer le rôle des petites villes dans les franges métropolitaines les plus loin- taines (Aragau, 2008 ; Bonnin-Oliveira, 2011). Au regard des nombreux travaux menés sur les espaces périurbains de villes moyennes (Cailly, 2008 ; Dodier et al., 2012), l’enjeu était plus globalement de mieux comprendre comment, dans le cadre particulier de la métropole francilienne, joue l’éloignement de l’agglomération centrale sur la configu- ration multiscalaire des espaces de vie et la combinaison des différentes expressions de la proximité. La proximité n’est pas réduite ici à la seule prise en compte de la distance physique ou temporelle, mais considérée comme relative et socialement construite, afin de porter attention à la diversité des pratiques et représentations des habitants, qui contri- buent à lui donner une valeur sociale et à en faire évoluer la signification (Fourny et al., 2012 ; David et al., 2012).

Plusieurs questionnements et hypothèses guident cet article. Il s’agit en premier lieu de caractériser les différentes formes prises par la proximité. L’hypothèse est que cette proximité est de plus en plus multisituée : faire ses courses renvoie certes à une proximité géographique au lieu de résidence mais aussi à une proximité plus réticulaire liée au lieu de travail, aux lieux de résidence de proches ou encore à une familiarité tissée avec des lieux qui ont une place particulière dans l’espace de vie des habitants. Si le caractère multisitué ou réticulaire de la proximité a été démontré pour Paris et la banlieue pari- sienne (Lestrade, 2000 ; Delage, 2012), tel n’a en effet pas été le cas pour les franges de la métropole. Il s’agit en second lieu de comprendre comment la diversité des contextes locaux, liée à la structure de l’offre commerciale, se combine aux caractéristiques des pratiques individuelles pour expliquer la large palette des rapports à la proximité auxquels les pratiques d’achat donnent lieu. Au final, nous cherchons à repérer comment les habi- tants mobilisent les lieux commerciaux et comment ils (re)construisent collectivement,

1 Cet article s’appuie en grande partie sur les travaux d’une équipe composée de Sandrine Berroir, Matthieu Delage, Marianne Guérois, Antoine Fleury, Sylvie Fol, Juliette Maulat et Lina Raad, dans le cadre du contrat PUCA « Lieux et hauts lieux des densités intermédiaires » (2012-2014).

2 Nous avons recours à la notion de « fabrique périurbaine » par analogie à celle de « fabrique urbaine »,

utilisée par de nombreux auteurs et qui « milite en faveur de l’idée selon laquelle il n’y a maintien apparent de

structures morphologiques que par changement permanent de leur sens social » (Noizet, 2013).

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par leurs pratiques comme par leurs représentations, des hiérarchisations qui ne corres- pondent pas nécessairement à la hiérarchie objective des lieux centraux, mais s’articulent à des formes variées de proximité. Cet article ambitionne donc, à travers une approche de la proximité par les commerces et services, d’étayer les réflexions actuelles sur le rôle de la proximité dans la fabrique des territoires périurbains.

1. Terrains et enquête

1.1. Un espace d’enquête sur les franges de la métropole parisienne

Trois secteurs du nord du Val d’Oise et du sud de l’Oise (Écouen-Ézanville, Senlis, Méru) constituent le terrain de l’enquête. Le premier secteur se situe dans les cantons d’Écouen et de Domont, à une vingtaine de kilomètres au nord de Paris, en bordure de l’agglomération parisienne. Les communes appartiennent soit à l’unité urbaine de Paris (notamment Écouen, 7 313 habitants et Ézanville, 9 200 habitants) soit à sa couronne périurbaine. Anciens bourgs ruraux, Écouen, Ézanville et Domont ont connu un dévelop- pement résidentiel lent et progressif à partir de l’arrivée du chemin de fer, dans les années 1870, et jusque dans les années 1970. Les villages alentour, marqués par la production céréalière au cœur de la Plaine de France, ont quant à eux connu un développement pavillonnaire à partir des années 1970, même si les contraintes liées à la proximité de l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle y ont limité l’urbanisation. La trame commerciale peu dense de ces anciens bourgs ou villages ruraux a été complétée par le développement de zones d’activités commerciales le long de certains grands axes à partir du début des années 1980.

Les secteurs de Senlis et de Méru se situent quant à eux à environ 50 km de Paris, le premier étant en partie inclus dans l’aire urbaine de Paris, alors que le second s’inscrit dans une petite aire urbaine autonome autour de Senlis. Délimité par ses remparts, le centre-ville de Senlis (15 800 habitants) rassemble les restes du château royal, des mai- sons anciennes et des hôtels particuliers, plusieurs musées et une cathédrale gothique autour desquels se concentre la majorité des commerces. Ensembles pavillonnaires et petits immeubles d’habitat collectif se juxtaposent ensuite dans des quartiers péricentraux structurés par quelques petits pôles commerciaux concentrant chacun trois à quatre cel- lules commerciales. Senlis est un pôle d’emploi essentiellement tertiaire, avec une spécia- lisation dans le commerce, les services et l’administration publique qui se renforce 3 . Tout autour, la forêt prédomine, parfois entrecoupée par des petits bourgs ou villages ruraux dans un cadre préservé grâce à de nombreux dispositifs de protection, tant des sites natu- rels que du patrimoine bâti et paysager. Le secteur de Senlis, avec sa forte proportion de cadres, contraste avec celui de Méru. Ville industrielle et ouvrière, cette dernière (13 650 habitants) s’était fait une spécialité des boutons de nacre, ce dont témoigne le musée ouvert récemment. De taille plus réduite que celui de Senlis, le centre-ville est marqué par un habitat en partie dégradé et par une fonction commerciale en déclin ; il est jouxté par des quartiers mêlant habitats collectif et pavillonnaire, incluant un grand ensemble, le quartier de la Nacre. Dans cette petite ville, 28 % des ménages sont des ménages ouvriers

3 Sources : Insee, 2012 et Base permanente des équipements, 2012.

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(contre 6 % pour les cadres) 4 et les ménages sont globalement plutôt pauvres, avec un taux de chômage élevé. À proximité de Méru et de l’échangeur de l’A16, une vaste zone commerciale s’est développée et les anciens villages ruraux se sont développés avec l’im- plantation d’ensembles pavillonnaires à partir des années 1980.

1.2. Protocole de l’enquête

Une enquête reposant sur 98 entretiens semi-directifs 5 réalisés au domicile des enquê- tés a été menée. Les entretiens portaient sur trois thèmes : le parcours résidentiel et bio- graphique ; les espaces de vie, incluant la collecte systématique des lieux régulièrement fréquentés 6 ; enfin, les représentations du territoire, incluant des questions sur l’atta- chement et l’ancrage dans ce territoire. L’échantillon a été stratifié selon la localisation géographique des lieux de résidence 7 (centres-villes, quartiers péricentraux, communes environnantes). Par le choix des terrains puis par ajustements successifs, nous avons tenté de construire un échantillon qui soit le plus proche possible des caractéristiques socio- démographiques de la population de référence pour chaque secteur (tableau 1). Au terme de l’enquête, l’échantillon reflète globalement bien les contrastes de profils moyens entre les trois secteurs pour les structures familiales, la situation professionnelle et les classes d’âge ; il existe cependant quelques légères surreprésentations, notamment des proprié- taires et des diplômés du supérieur pour l’ensemble des secteurs, des femmes pour le secteur d’Écouen-Ézanville et des hommes pour le secteur de Méru (Berroir et al., 2015).

En complément de cette enquête, des relevés de terrain ont été effectués à Senlis et Méru en juin 2014 et différentes bases de données ont été mobilisées (Inventaire commu- nal 1998, Base permanente des équipements 2012, Base Point de Vente Panorama 2008) pour l’analyse des structures commerciales.

Tableau 1 : Présentation des enquêtés

Secteur de Méru

33 enquêtés

Âgés de 23 à 86 ans (moyenne : 48 ans) Dont :

- 19 hommes et 14 femmes

- 18 actifs ayant un emploi, 5 actifs sans emploi, 9 retraités/préretraités, 1 étudiant

- 22 sans le Bac, 9 avec Bac uniquement et 2 diplômés de 2 e et 3 e cycles

4 Source : INSEE, RGP, 2009.

5 Les entretiens ont été réalisés puis retranscrits en 2013 par Marie Bocquet, Helin Karaman, Simon Labussière et Eugênia Viana. Nous souhaitons ici les remercier vivement pour leur apport à ce travail.

6 Commerces (marchés, supermarchés, discounts et petits commerces), services et équipements (établis- sements scolaires ou de santé, services courants tels que la banque, le coiffeur ou la poste…), loisirs (sport, culture…), activités associatives ou religieuses, visites de proches (famille ou amis), sorties au café, au restau- rant, pour faire la fête, etc.

7 Les communes d’enquête sont représentées sur la figure 1.

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Secteur de Senlis

31 enquêtés

Âgés de 24 à 75 ans (moyenne : 51 ans) Dont :

- 13 hommes et 18 femmes

- 23 actifs ayant un emploi, 1 actif sans emploi, 7 retraités/préretraités

- 7 sans le Bac, 18 avec Bac uniquement et 6 diplômés de 2 e et 3 e cycles

Secteur

d’Écouen-Ézanville

33 enquêtés

Âgés de 24 à 80 ans (moyenne : 48 ans) Dont :

- 11 hommes et 22 femmes

- 20 actifs ayant un emploi, 4 actifs sans emploi, 7 retraités/préretraités, 2 étudiants

- 7 sans le Bac, 11 avec Bac uniquement et 15 diplômés du supérieur

2. La pratique des centralités commerciales par les habitants

Plusieurs recherches ont montré que les pratiques d’achat des habitants du périurbain s’organisent dans la proximité physique du lieu de résidence (Motte, 2008 ; Dodier et al., 2012 ; Bonnin-Oliveira, 2011). Tel est aussi le cas en Ile-de-France : même si, pour leurs activités, les périurbains franciliens parcourent en moyenne des distances deux fois plus longues que dans les espaces plus denses de l’agglomération, les déplacements tendent à se reconcentrer dans la proximité physique du lieu de résidence, par opposition à ceux liés à l’activité professionnelle (IAU, 2014). Notre enquête vient confirmer ces résultats pour des habitants vivant dans des contextes morphologiques variés (autour de petites villes, de centralités secondaires ou encore dans des espaces plus diffus) puisque les distances parcourues sont de 3,7 km en moyenne pour les achats, ce qui place les enquêtés dans la moyenne francilienne (Delage, 2012).

Nous proposons dans un premier temps de caractériser les centralités 8 commerciales pratiquées par les enquêtés en confrontant les pratiques d’achat de ces derniers aux carac- téristiques de la structure commerciale. Nous nous référons pour cela d’une part à l’offre de commerces et de services 9 , complétée par les caractéristiques morphologiques de l’es- pace où elle s’inscrit, et d’autre part au nombre global d’occurrences des lieux dans les informations collectées auprès des enquêtés sur leurs pratiques d’achat 10 , qui constitue un indicateur de l’intensité de la mobilisation des ressources commerciales des communes 11 .

8 La centralité est définie au sens large comme lieu d’offre de services polarisant une clientèle.

9 À partir de relevés de terrains (juin 2014) et données de la BPE (2012), nous nous intéressons à la fois aux commerces sédentaires et non-sédentaires (marchés, commerces ambulants).

10 Au total, 13 722 lieux ont été cités par les 98 enquêtés pour leurs pratiques d’achat, dont 6 451 pour des commerces et 7 271 pour des services marchands (banque, coiffeur, etc.).

11 Il s’agit ici d’une approche agrégée à l’échelle des lieux fréquentés. Nous utilisons ce faisant la méthode

mise en place par Vallée et al. (2010) pour l’analyse quantitative plus globale des « espaces d’activité ».

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Ces données ont été analysées au regard du contenu des entretiens, ceux-ci permettant d’affiner les résultats selon les secteurs d’enquête et de qualifier les pratiques spatiales. À partir de là, nous avons pu définir plusieurs types de centralités commerciales correspon- dant à autant de rapports à ces dernières et qui témoignent de la manière dont les enquêtés mobilisent cette ressource spatiale qu’est l’offre commerciale.

2.1. À distance du lieu de résidence : de grandes centralités commerciales relativement peu pratiquées

Les lieux d’achat cités par les enquêtés (figure 1) incluent certes un certain nombre des grandes centralités de la métropole parisienne, qu’elles soient situées dans l’aggloméra- tion (Paris, Stains, Saint-Denis, Cergy-Pontoise…) ou sur ses pourtours (L’Isle-Adam, Chantilly…), ainsi que les deux villes moyennes que sont Beauvais et Compiègne, dans l’Oise. Mais dans tous les cas, leur fréquentation est beaucoup moins forte que les centra- lités les plus proches des lieux de résidence.

Figure 1 : Les lieux d’achat des habitants des trois terrains d’enquête

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Les centralités commerciales de niveau supérieur que constituent la ville de Paris et, en moindre mesure, Beauvais, Compiègne et Amiens, apparaissent parmi les lieux les moins fréquentés pour les achats et les services (moins de 100 occurrences de lieux). Elles corres- pondent à des pratiques marquées par l’exceptionnalité. On observe tout d’abord un faible recours à Paris pour les commerces et services, dont la très grande majorité se trouve déjà dans les espaces autour du domicile des enquêtés. Ceux-ci s’y rendent soit en voiture, soit en transports en commun, et une majorité d’entre eux mettent en avant la pénibilité des déplacements vers Paris, et ce quel que soit l’éloignement de leur lieu de résidence. Enfin, une partie des habitants se tourne occasionnellement vers les centralités de niveau supérieur de la région picarde : Beauvais, Compiègne voire Amiens, principalement pour des achats très spécialisés, dans les centres-villes ou dans les zones commerciales périphériques.

Les centralités secondaires de la métropole parisienne sont quant à elles souvent un petit peu plus fréquentées, d’autant plus quand on se rapproche des secteurs d’enquête (entre 100 et 500 occurrences pour le total des habitants enquêtés). Qu’elle s’inscrive dans un centre-ville ancien ou dans des zones d’activités périphériques, l’offre commer- ciale diversifiée de ces communes, plus importante que celles des communes de rési- dence des enquêtés (Saint-Denis regroupe ainsi 1 575 établissements commerciaux) explique pour partie cet attrait. Elles correspondent en effet à des fréquentations heb- domadaires spécialisées, pour l’offre commerciale ambulante (marché de Saint-Denis), la présence de biens rares indisponibles dans la commune de résidence, ou encore un cadre urbain et commercial apprécié. Il s’agit d’une part de communes situées dans le nord ou aux limites de l’agglomération parisienne (Garges-lès-Gonesse, Stains, Saint- Denis, Eaubonne, Pontoise…), principalement fréquentées par les habitants des secteurs d’Écouen-Ézanville, et en moindre mesure par ceux du secteur de Méru. Ces communes comprennent notamment les centres commerciaux régionaux que sont Val d’Europe à Marne-La Vallée, Les Trois Fontaines à Cergy. Il s’agit d’autre part de petites villes plus éloignées, dans le Val d’Oise et dans l’Oise, au premier rang desquelles on peut citer L’Isle-Adam et Chantilly, fréquentées par les enquêtés des différents secteurs d’enquête à la fois pour leur centre-ville très animé et plus occasionnellement pour leurs centres commerciaux. Dans tous les cas, la voiture est le mode de déplacement privilégié pour l’accès à ces centralités secondaires.

2.2. À proximité du lieu de résidence : des centralités commerciales intensément pratiquées

Les pratiques d’achat des enquêtés sont relativement concentrées autour de 63 com-

munes, dont 19 correspondent à plus de 100 occurrences (figure 1). Méru (3 429 occur-

rences), Senlis (1 424 occurrences), Écouen (1 290 occurrences) et Ézanville (1 424 occur-

rences) occupent la tête du classement, puis viennent des communes accueillant des zones

d’activités commerciales, comme Moisselles (664 occurrences), Chambly (381 occur-

rences) ou encore Pont-Sainte-Maxence (305 occurrences). On trouve ici les grandes

centralités situées dans ou à proximité des trois secteurs d’enquête. Elles correspondent

néanmoins à trois grands types : les centralités anciennes, incluses dans des centres-villes

et relativement diversifiées, les développements commerciaux périphériques plus récents,

souvent réalisés dans le cadre de zones d’activités commerciales, et des centralités plus

spécialisées, qu’elles soient urbaines ou rurales.

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