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Article pp.43-52 du Vol.24 n°1 (2004)

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© Lavoisier – La photocopie non autorisée est un délit

FOCUS : Neurobiologie du comportement alimentaire

Effets centraux de la ghréline : du GH secrétagogue au peptide orexigène

M.-T. Bluet-Pajot1

SUMMARY

Ghrelin, a 28 aminoacid peptide with a very unusual n-octanoylation on a serine in position 3 has been identified in 1999 as an endogenous ligand of the formerly orphan growth hormone (GH) secretagogue (GHS) receptor (GHS-R). This peptide is predominantly synthesized in enteroendocrine cells of the gastrointestinal tract, ghrelin positive cells being more abundant in the stomach, circulates in the blood and acts at the hypothalamic level where GHS-R are present on GHRH and NPY/AgRP neurons. Ghrelin administra- tion stimulates GH secretion but also food intake, modifies sleep wake rhyt- micity and increase anxiety. Nevertheless, at the present time, endogenous secretion of ghrelin seems good correlated only with food intake. and the emphasis on ghrelin’s physiological roles has shifted from the GH releasing properties to its implication in energy balance regulation.

Key words

ghrelin, growth hormone, food intake.

RÉSUMÉ

La ghréline, un peptide de 28 acides aminés octanoylé sur la sérine en posi- tion 3, a été identifiée en 1999 comme étant un ligand endogène du récepteur orphelin d’une famille de substances stimulant très fortement l’hormone de croissance (GH), les GH secrétagogues. Ce peptide est majoritairement syn- thétisé dans l’estomac, il circule dans le sang et agit, entre autres, au niveau hypothalamique où sont concentrés les GHS-R à la fois sur les neurones à GHRH et à NPY/AgRP. L’administration de ghréline stimule non seulement la sécrétion d’hormone de croissance mais aussi la prise alimentaire, elle modifie l’état veille-sommeil et augmente l’anxiété. Néanmoins, en l’état actuel des connaissances, la sécrétion endogène de ghréline ne semble bien corrélée qu’avec la prise alimentaire et l’intérêt pour ce peptide réside donc, pour l’ins- tant, dans son implication dans la régulation de la balance énergétique.

Mots clés

ghréline, hormone de croissance, prise alimentaire.

1. INSERM U549, 2 ter, rue d’Alésia, 75014 Paris, France.

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1 – DÉCOUVERTE DE LA GHRÉLINE

La découverte de la ghréline est un bel exemple de pharmacologie inverse et aura nécessité près de 20 années de recherche.

1.1 GH secrétagogues (GHS)

Tout a commencé en 1984 avec la synthèse d’un hexapeptide, His-D-Trp- Ala-Trp-D-Phe-Lys-NH2, dérivé de la Met enképhaline. Ce peptide qui ne pré- sente plus aucune activité opiacée mais est capable de stimuler très fortement la sécrétion d’hormone de croissance (GH), aussi bien in vitro qu’in vivo, est nommé GHRP6 pour growth hormone releasing peptide (BOWERS, 1984). Il ouvre la voie au développement de toute une famille de substances peptidiques et non peptidiques, les GH sécrétagogues qui toutes stimulent la sécrétion de GH en activant un récepteur distinct de celui de la somatolibérine (GHRH).

1.2 Récepteur des GHS (GHS-R)

La liaison des GHS à ce récepteur active la voie de transduction de la phos- pholipase C en stimulant le turnover des IP3 et la PKc, augmentant ainsi la libé- ration de calcium intracellulaire. C’est cette dernière propriété qui va permettre de l’isoler à partir d’une banque d’ADNc d’hypophyses de porc en 1996 (HOWARD, 1996). C’est un récepteur de la famille des récepteurs à 7 domaines transmembranaires couplés aux protéines G. Il est exprimé de façon très ubi- quitaire (GUAN , 1997 ; MUCCIOLI, 1998 ; PAPOTTI, 2000). Chez le rat, au niveau hypothalamique, le GHS-R est exprimé dans les noyaux arqué (ARC) et ventro- médian (VMN) par respectivement 27 et 22 % des neurones exprimant la GHRH, ce qui suggère que le ligand endogène pourrait, via ces récepteurs, directement moduler la libération de GHRH dans le sang porte hypophysaire et donc influencer la sécrétion de GH (TANNENBAUM, 1998). D’autre part, dans le noyau périventriculaire, une minorité de neurones hypophysiotropes à somatostatine (SRIH) expriment le GHS-R, ce qui indique que les cellules somatostatinergiques seraient aussi une cible, bien que plus mineure, du ligand du GHS-R pour son action sur la sécrétion de GH (TANNENBAUM, 2003). Par ailleurs, le GHS-R est exprimé par 97 % des neurones exprimant le NPY, 30 % de ceux exprimant la SRIH et 8 % de ceux exprimant la pro-opiomélanocortine (POMC) au niveau de l’ARC. Enfin, il est également présent dans le gyrus dente, l’hippocampe, l’aire tegmentale ventrale, la substance noire et le noyau du raphé. Une telle distribution dans le système nerveux central suggère que son ou ses ligands endogènes pourraient être impliqués non seulement dans la régulation de la sécrétion de GH mais aussi dans les processus d’apprentis- sage et de mémorisation, dans la régulation de la pression artérielle, de la prise alimentaire, de la nociception et des comportements affectifs.

1.3 Ghréline

Ce récepteur est resté orphelin jusqu’en décembre 1999, date à laquelle une équipe japonaise a purifié un ligand endogène à partir d’estomac de rat, ligand

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qu’ils ont nommé ghréline (racine proto-indo-européenne ghre pour « grow » et suffixe relin pour « releasing substance ») (KOJIMA, 1999). C’est un peptide de 28 acides aminés qui subit une modification post-traductionnelle tout à fait unique au cours de laquelle un groupement octanoyl est lié de façon covalente à la serine en position 3. Cette n-octanoylation est essentielle à son activité biologi- que mais le mécanisme aboutissant à cette modification est inconnu à ce jour.

Seuls les 4 premiers acides aminés en position N terminale sont nécessaires pour la liaison et l’activation du récepteur à condition que le groupement octa- noyl soit présent. De façon intéressante ces 4 acides aminés sont conservés entre primates, rongeurs, poissons, amphibiens et oiseaux, suggérant un rôle physiologique important de la ghréline

L’estomac est le principal site de synthèse de la ghréline mais des taux non négligeables de cette hormone sont trouvés dans l’intestin grêle, le côlon, le pancréas, le rein, le cœur et le placenta (KOJIMA, 1999 ; DATE, 2000 ; GNANAPA- VAN, 2002). Le fundus contient 10 à 20 fois plus de ghréline que le duodénum.

Des concentrations plus faibles de ghréline sont présentes dans le jéjunum et l’iléon, diminuant généralement au fur et à mesure que la distance par rapport à l’estomac augmente (ARIYASU, 2001 ; SAKATA, 2002). Au niveau central, seuls quelques neurones du noyau arqué hypothalamique semblaient présenter une immunoréactivité ghréline (LU, 2002), ce qui laissait supposer que la ghréline cir- culante était principalement d’origine gastro-intestinale et donc capable de tra- verser la barrière hématoencéphalique pour se lier aux récepteurs présents notamment au niveau hypothalamique. De façon inattendue, une étude réalisée chez la souris montrait que la ghréline octanoylée était bien transportée à travers la barrière mais plus dans le sens cerveau-sang que l’inverse (BANKS, 2002).

Récemment, COWLEYet al. ont montré que la ghréline était exprimée dans un groupe de neurones attenant au troisième ventricule dans un espace internu- cléaire entre les noyaux latéral (LH), arqué, ventromédian, dorsomédian (DMH) et paraventriculaire (PVN) hypothalamiques (COWLEY, 2003). Ces neurones inner- vent plusieurs noyaux hypothalamiques (ARC, DMH, LH et PVN) mais aussi des régions extrahypothalamiques (amygdale, noyau paraventriculaire thalamique, habenula). Au niveau hypothalamique, des boutons ghréline immunoréactifs éta- blissent soit des contacts synaptiques sur les corps cellulaires ou les dendrites des neurones à neuropeptide Y (NPY), AGRP et POMC dans l’ARC et à corticoli- bérine (CRH) dans le PVN soit des appositions directes sur les terminaisons axo- nales des neurones à NPY dans l’ARC et à GABA dans le PVN.

2 – EFFETS CENTRAUX INDUITS PAR L’ADMINISTRATION DE GHRÉLINE

2.1 Sur la sécrétion d’hormone de croissance

Comme on pouvait le supposer la ghréline, ligand endogène du récepteur des GHS, stimule la sécrétion de GH. In vitro, elle stimule cette sécrétion direc- tement à partir d’hypophyses de rat périfusées, de manière dépendante de la dose (TOLLE, 2000). Cet effet paraît spécifique de la GH puisque ni la sécrétion de prolactine ni celle d’ACTH ne sont modifiées. De façon intéressante, le

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peptide correspondant aux 18 premiers acides aminés (bien que son existence n’ait pas encore été prouvée, il pourrait être produit par clivage à partir de la ghréline compte tenu de l’existence d’un doublet dibasique en position 19-20) induit le même effet pourvu que la n-octanoylation soit présente, ce qui est en accord avec le fait que seuls les 4 premiers acides aminés sont nécessaires pour activer le récepteur.

In vivo, chez le rat vigile, libre de ses mouvements, la ghréline induit une sti- mulation rapide et transitoire de la sécrétion de GH. Les concentrations basales de GH sont multipliées par un facteur 20 à 50, 10 minutes après l’injection et retournent aux valeurs initiales après 40 à 60 minutes (TOLLE, 2000). In vitro la ghréline, à dose maximale, n’augmente la sécrétion de GH que d’un facteur 2 à 3 ; son action est donc majoritairement centrale. Elle inhibe probablement la libération de SRIH et stimule celle de GHRH. D’une part, elle présente la même efficacité qu’elle soit injectée en période de sécrétion basse de GH (c’est-à-dire de tonus élevé en SRIH) ou lors d’un pic spontané correspondant à un tonus bas en SRIH, contrairement à la GHRH qui ne peut augmenter la sécrétion de GH que si le tonus somatostatinergique est bas. De plus, l’activation préalable de la libération de SRIH par un stress à l’éther inhibe la sécrétion basale de GH mais pas la réponse GH à la ghréline (TOLLE, 2000). D’autre part, la ghréline ne peut induire une réponse de GH que si le système GHRH endogène est intact : une immunisation passive contre la GHRH diminue très fortement l’effet de la ghréline sur la GH (TANNENBAUM, 2003).

2.2 Sur le comportement alimentaire

Chez le rat, lorsque nous avons injecté de la ghréline en intraveineux, les animaux se sont mis à manger immédiatement après et ce quel que soit leur comportement alimentaire à cet instant, et la durée de prise alimentaire dans la demi-heure qui a suivi était très significativement augmentée par rapport à celle des animaux recevant le solvant (TOLLE, 2002). Chez l’homme, l’administration de ghréline induit une sensation de faim et l’infusion intraveineuse de ghréline (5 pmol/kg/min) pendant les 4 heures qui précèdent le déjeuner entraîne une augmentation de 28 % de l’apport calorique au cours du repas sans modifica- tion de la proportion de carbohydrates, protéines ou lipides ingérés (WREN, 2001). Cet effet orexigène a été rapporté par de nombreuses études que ce soit chez l’homme (ARVAT, 2000 ; WREN, 2001), chez le rat ou la souris (TSHOP, 2000 ; WREN, 2000 ; ASAKAWA, 2001 ; NAKAZATO, 2001) et que la ghréline soit administrée par voie sous-cutanée, intraveineuse (IV) ou intracérébroventricu- laire (ICV). De façon intéressante, les doses efficaces en ICV étaient 1000 fois inférieures à celles nécessaires en IV, suggérant un effet central majeur.

Le très court délai nécessaire à l’induction du comportement alimentaire (3 à 5 min) laisse supposer que cet effet ne dépend pas de l’augmentation de GH induite par le peptide puisque cette dernière n’est observée qu’après 5 minutes.

Ceci est confirmé par le fait que la ghréline stimule la prise alimentaire de façon comparable chez des animaux déficients en GH (rats Dwarf ou souris Lit/lit) (TSCHOP, 2000 ; LAL, 2001).

L’effet orexigène de la ghréline est relayé, en partie, par l’activation de neu- rones du noyau arqué hypothalamique qui coexpriment NPY/AgRP, deux neu- ropeptides anaboliques. En effet, l’administration chronique de ghréline entraîne

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une augmentation des ARN messagers du NPY et de l’AgRP (SHINTANI, 2001) et un prétraitement avec un anticorps anti-NPY ou anti-AgRP ou des antagonistes du NPY ou de l’AgRP inhibe l’effet orexigène de la ghréline (KAMEGAI, 2000 ; ASAKAWA, 2001 ; SHINTANI, 2001 ; LAWRENCE, 2002). La ghréline exerce aussi une action antagoniste de celle de la leptine sur ces neurones puisqu’elle lève l’inhibition induite par la leptine à la fois sur l’expression de NPY et la prise ali- mentaire. À l’inverse, les neurones à POMC, peptide anorexigène, bien qu’exprimant le récepteur des GHS, ne semblent pas être directement impli- qués dans la régulation de la prise alimentaire par la ghréline, l’administration centrale de ghréline ne modifiant pas l’expression de la POMC au niveau du noyau arqué (KAMEGAI, 2000). Néanmoins, une action indirecte ne peut être exclue puisqu’il a été montré que l’application de ghréline sur des coupes d’hypothalamus hyperpolarise les neurones à POMC. D’autres voies sont pro- bablement mises en jeu puisqu’il a été montré que l’injection de ghréline activait cfos dans différentes régions impliquées dans la régulation de la prise alimen- taire autres que l’ARC telles que les noyaux paraventriculaire et dorsomédian ainsi que l’aire latérale (ALH) hypothalamique, le noyau du tractus solitaire et l’area postrema (LAWRENCE, 2002). La ghréline pourrait activer les neurones à orexine puisque chez le rat, un anti-orexine A et B diminue la quantité de nourri- ture ingérée après administration de ghréline (TOSHINAI, 2003). Dans la mesure où les GHS-R sont peu exprimés dans l’ALH (MITCHELL, 2001) cet effet pourrait être indirect et impliquer les neurones à NPY/AgRP qui projettent sur les neuro- nes à orexine dans cette aire (BROBERGER, 1998).

L’hypothèse que la ghréline soit capable de déclencher la prise alimentaire à court terme est compatible avec les observations suivantes :

– elle est principalement produite par l’estomac qui est sensible à l’apport de nutriments ;

– sa concentration dans le plasma augmente avec le jeûne et diminue rapi- dement après renutrition ;

– la ghréline exogène déclenche la prise alimentaire chez le rat même lorsque l’injection a lieu à un moment où l’animal ne mange pas habituellement ; – l’effet orexigène de la ghréline est rapide et court ;

– elle stimule la motilité et la sécrétion acide gastriques qui sont connues intervenir dans l’anticipation des repas ;

– elle agit via NPY/AgRP qui sont impliqués dans le contrôle central de la prise alimentaire.

À long terme, la ghréline augmente l’accumulation de graisse et participerait à la régulation de la prise de poids comme le montrent les résultats obtenus après administration continue ou répétée du peptide (TSHOP, 2000, WREN, 2001). Très récemment, il a été montré que l’adiposité serait induite par une action périphéri- que directe aussi bien de la ghréline octanoylée que de la ghréline non octanoy- lée, qui agiraient via un récepteur différent du GHS-R1a (THOMPSON, 2003).

2.3 Sur le sommeil

Chez le rat, trois administrations de ghréline à 3-4 heures d’intervalle (une pendant la période diurne et deux pendant la période nocturne) diminuent la

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durée du sommeil paradoxal (TOLLE, 2002). Chez l’homme l’injection de 50 mg de ghréline toutes les heures de 22 h à 1 h du matin augmente la durée du sommeil à ondes lentes et diminue celle du sommeil paradoxal dans la seconde partie de la nuit. Les mécanismes impliqués dans cet effet ne sont pas connus.

2.4 Sur l’anxiété

Un effet anxiogène de la ghréline a également été reporté chez la souris (ASA- KAWA, 2001). Cet effet pourrait être relayé par l’activation des neurones à corticoli- bérine du noyau paraventriculaire hypothalamique, l’expression de la corticolibérine étant augmentée après injection intracérébroventriculaire de 3 nmol de ghréline.

3 – GHRÉLINE ENDOGÈNE

Jusqu’à très récemment, la plupart des équipes qui mesuraient les concen- trations de ghréline soit par dosage radio-immunologique soit par dosage immunoenzymatique, n’avaient à leur disposition que des anticorps dirigés con- tre la partie C terminale du peptide, qui ne permettent pas de différencier la forme biologiquement active de la forme non active. Pour cette raison, les valeurs de ghréline publiées à ce jour correspondent dans la majorité des cas aux valeurs de ghréline totale (active + non active).

Chez le rat, la ghréline totale est libérée de façon épisodique, les valeurs maximales n’étant que 1,5 à 2 fois plus élevées que les minimales. Bien que le nombre de pics observés pendant 9 heures (2,7 +/– 0,4)ne soit pas différent de celui observé pour l’hormone de croissance (2,3 +/– 0,3), les pics de GH sont plus réguliers que ceux de ghréline comme le montre un test d’entropie approximative (0,968 +/– 0,058 pour ghréline vs 0,796 +/– 0,062 pour GH) et il n’existe pas de corrélation entre les valeurs de GH et celles de ghréline. Par ailleurs une étude récente publiée par OKIMURA et al. montrent que les taux de ghréline non active mais aussi active sont équivalents quel que soit le moment du cycle de GH (pic ou nadir). Néanmoins, ces auteurs n’effectuent des prélè- vements sanguins que toutes les 30 minutes et la demi-vie de la ghréline active ne semble être que de quelques minutes, ce qui nécessiterait des mesures beaucoup plus rapprochées pour conclure. Il existe toutefois une relation étroite entre taux de ghréline et prise alimentaire, les taux de ghréline diminuant de 26 % dans les 20 minutes qui suivent la fin de la prise de nourriture (TOLLE, 2002).

Chez l’homme, les résultats publiés par D. CUMMINGS et al. (2001) montrent que la ghréline serait sécrétée selon un rythme à la fois ultradien et circadien.

En effet, ces auteurs montrent 4 pics sécrétoires de ghréline par 24 h, 3 corres- pondant aux heures des repas, le quatrième étant observé la nuit. Par ailleurs, les taux de base augmentent progressivement au cours de la journée. Le fait que les taux de ghréline augmentent avant et diminuent après un repas est compatible avec un rôle de la ghréline endogène dans la sensation de faim et l’induction du comportement alimentaire. De plus, le blocage de la ghréline

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endogène diminuant la prise alimentaire et la croissance corporelle suggère qu’un certain tonus en ghréline est nécessaire pour maintenir un appétit normal et qu’à long terme, la ghréline participe à la régulation du poids corporel.

Récemment, BARKAN et al. (2003) ont rapporté des profils de ghréline moins réguliers mais présentant un dimorphisme sexuel, avec des taux plus élevés chez la femme. Dans cette étude, les profils d’hormone de croissance ont éga- lement été déterminés et il n’y a pas de relation stricte entre taux de GH et taux de ghréline. Plusieurs données suggèrent que la ghréline pourrait intervenir d’une part dans la régulation de la sécrétion de GH et d’autre part dans celle de la prise alimentaire et du poids corporel, en agissant sur des sous types de récepteurs différents. En effet, un antagoniste du GHS-R1A, le (D-Lys-3) GHRP6, ne modifie pas de façon significative la sécrétion de GH chez le rat (OKIMURA, 2003) mais diminue la prise alimentaire chez la souris (ASAKAWA, 2003). De même, des rats transgéniques exprimant un antisens du gène du récepteur des GHS ont, par rapport à leurs contrôles, un poids corporel et une consommation de nourriture inférieurs et moins de tissus adipeux. À l’inverse, leur sécrétion de GH ne semble pas significativement altérée (SHUTO, 2002).

Les taux de ghréline circulante sont bas chez les patients obèses (TSCHÖP, 2001) et élevés chez les patientes anorexiques ou boulimiques (TOLLE, 2003 ; TANAKA, 2002). De façon intéressante, les femmes qui présentent une maigreur constitutionnelle non associée à des troubles psychologiques et ont un index de masse corporelle bas équivalent à celui des anorexiques mais un pourcen- tage de masse grasse normal, ont des taux de ghréline normaux, ce qui indique que ces taux dépendent de la masse grasse (Tolle, 2003). De plus, chez l’obèse une diminution de seulement 5 % du poids corporel suffit pour que les taux de ghréline augmentent (HANSEN, 2002) et cette augmentation est probablement liée directement à la perte de poids et de masse grasse et non à une diminution de l’inhibition induite par les nutriments ingérés, puisqu’elle est retrouvée chez des patients dont la perte de poids et de masse grasse est due à un exercice physique prolongé sans hypophagie (CUMMINGS, 2003).

4 – CONCLUSION

Découverte en tant que GH sécrétagogue endogène en décembre 1999, la ghréline suscite actuellement plus d’intérêt pour son implication dans la régula- tion de la balance énergétique que dans celle de la sécrétion d’hormone de croissance. Elle est la seule hormone périphérique qui stimule l’appétit et l’accumulation des graisses. Ce dernier effet est assez paradoxal compte tenu de son action sur la sécrétion d’hormone de croissance, hormone connue pour son action lipolytique et suggère l’existence de plusieurs récepteurs et/ou d’une localisation différente de ces récepteurs.

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