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Academic year: 2022

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Texte intégral

(1)

LA VIOLENCE A L’ECOLE :

PAR JEAN-PIERRE GESLIN

Parler de la violence « c’est... manier un cocktail explosif » : Ce peut être « sans y prendre garde, jeter de l’huile sur le feu ».

En se taisant, « ce peut être aussi passer à côté du phénomène »...

Parler de la violence est souvent une des premières thérapies .

D’après J.M. Dumay

... « METTRE DES MOTS SUR LES MAUX »...

Fichier : juin 2003

Pierre Leroy, JDI n°3, nov. 1995.

N N N

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économique et culturel.

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D’après Pierre Prum Page de garde de « Max a été racketté » par D. de Saint Mars et S. Bloch.

Editions Calligram.

(2)

Jean-Pierre Geslin, professeur agrégé à l’IUFM de l’académie de Créteil (site de Livry-Gargan),

INTRODUCTION :

La violence à l’école : quelle définition ? ...…………....……... page 4.

La classification des sociologues : ...………..…pages 5 et 6.

La violence a toujours existé dans les établissements scolaires…...page 7.

Pourquoi la violence ? ...…………...….. page 8.

Les 4 grands axes de la lutte contre la violence ...…………... page 9.

I - LA VIOLENCE EN CHIFFRES ... PAGES 10 À 21.

* La délinquance des mineurs : état des lieux………..………..…. page 11.

* La théorie des 5 %. De plus en plus jeunes ? ………..…. page 12.

* Une surdélinquance des jeunes issus de l’immigration ? ………...…. page 13.

* Accroissement de la violence scolaire ? Quelques réponses ...………... page 14.

* L’enquête de G. Fortinos et M. Poupelin en 1993-1994...……….……….………... page 15.

* Les faits de violence scolaire pénalisés de 1993 à 1997...……..………... page 16.

* Les faits de violence scolaire recensés en 1998-1999 et 1999-2000………... page 17.

* Des rapports à garder en mémoire ! ………...……….……..……… ... page 18.

* Le cas de la Seine-Saint-Denis : ...………..……...……… pages 19 et 21.

* La violence selon les élèves ...………..……….. pages 22 et 24.

* Les violences sexuelles à l’école : statistiques ……….………..…. page 25.

* Enquête sur le racket ...…...………….... page 26.

* Drogues et violences...………... page 27.

* Enquêtes auprès des enseignants victimiseurs...………... page 28.

* Enquête sur des enseignants-victimes ...…...………... page 29.

* La violence à l’étranger ...…………... page 30.

II - LA PRÉVENTION DE LA VIOLENCE ... PAGES 31 À 88.

* Stratégies verbales et comportement individuel : réponses de psychologues ………....page 32.

* Quelles démarches pédagogiques ? ...……...page 33.

* Je suis en faute quand ...……... page 34.

* Je lutte contre la violence en tant que personnel d’un établissement quand...…….... page 35.

* Je lutte contre la violence en tant que chef établissement quand...………...…... page 36.

* Je lutte contre la violence en tant que parent quand...………... page 37.

* Je lutte contre la violence en tant qu’élève quand………....……... page 38.

* Je lutte contre la violence au titre de l’institution quand...………...…... page 39.

* L’enfant qui avait griffé SAMIRA ...……... page 40.

* Le vol de la clé de la salle vidéo...……... page 41.

* La pédagogie institutionnelle (du silence à la parole) ...………... pages 42 à 44.

* Préférer le « COMMENT ? » au « POURQUOI ? » ...……... page 45.

* Mise en place de conseils de délégués en primaire ...……... page 46.

* Les élèves médiateurs ...……... . page 47.

* L’élaboration du règlement intérieur ...………... page 48.

* En attendant l’élaboration en commun du règlement : propositions ...………...page 49.

* Le délégué des élèves ...………... page 50.

* Charte du délégué des élèves en conseil de classe ... ...………... page 51.

* Un contrat en classe de 3ème ...……... page 52.

* Charte des lycéens contre la violence ...………... page 53.

* Le foyer socio-éducatif et la maison des lycéens...…... pages 54 à 56.

* L’association sportive ...……... pages 57 et 58.

* Théâtre et violence ...……... page 59.

* L’importance du chef d’établissement ...……... page 60.

* Violence et constitution des classes ………. page 61

* Savoir comment fonctionne le racket pour mieux s’en prémunir………..….pages 62 à 64.

* Le bizutage………..………. page 65.

* Assurer immédiatement les réparations : la « théorie de la vitre cassée »…………... page 66.

* Les ZEP ...………..….... pages 67 à 69.

* Les REP ………...……… page 69.

* Les établissements sensibles………. pages 70 et 71.

PLAN : PAGES 2 ET 3.

(3)

* Les établissements difficiles aux débutants………..……….. page 71.

* zones de prévention violence et contrats locaux de sécurité ………..… page 72.

* Les CES et les Comités d’éducation à la santé et à la sécurité………..…….page 73.

* Les contrats éducatifs locaux ou CEL ……… page 74.

* Le réseau GASPAR…………..……….……….page 75.

* D’autres dispositifs……….………….page 76.

* Les plans antiviolences jusqu’en 2002 : (Lang , Bayrou, Allègre, Lang)... pages 76 bis à 79.

* Bilan de ces plans……….….. pages 80 à 81.

* Texte sur l’absentéisme : ...….……... page 82.

* L’observatoire de l’absentéisme en Seine-Saint-Denis……… page 83.

* La dépense par élève ...………….……...….. page 84.

* Et la télévision ?... ses diffusions ont-elles des conséquences ? ...………... pages 85 et 88.

III - LA VIOLENCE : QUELLE RÉPRESSION ... PAGES 89 À 130.

* Les alternatives aux punitions par Daniel Lambert……….……… pages 90 à 93.

* Enquête de Bernard Douet : Les punitions à l’école primaire...………...…... page 94.

* Textes officiels pour l’Ecole Primaire : ...………...…. page 95.

* Enquête de Pierre Prum sur les sanctions dans les collèges……….……. page 96.

* Quelques propositions concernant les sanctions dans les EPLE ……….. page 97.

* Gradation des punitions et des sanctions dans le secondaire ... pages 98 à 101.

* Conseil de discipline dans les EPLE ……….. ...…...pages 102 à 106.

* Des réponses qui manquent de limpidité ………...……...…... page 107.

* Quand c’est l’adulte qui frappe ...………... pages 108 et 109.

* Quand c’est l’adulte qui est dans l’illégalité ...………... pages 110 et 111.

* Dispositions pénales applicables en cas d’infractions ………...pages 112 à 114.

* Approches partenariales en ces d’infractions………. pages 115 à 124.

* Obtenir la protection des autorités hiérarchiques……….……….page 125.

* Combien ça peut coûter au racketteur ? ………page 126.

* Le juge pour enfant……… page 127.

* Le juge pour enfant : un entretien avec P. Veron………..……… pages 128 et 129.

* Quelles sanctions au non-respect des obligations scolaires………..…….page 130.

IV - LA REMÉDIATION ... PAGES 131 À 151.

* Pourquoi la récidive ? ……….…………. page132.

* Les 1ères tentatives de remédiation………...………... page 133.

* Le contrat de réinsertion scolaire ...…….……...…... page 134.

* Dispositifs « Relais » et « Nouvelles ChanceS » : les textes……….……... page 135.

* Dispositifs « Relais » et « Nouvelles ChanceS » dans le 93 ....……... pages 136 à 139.

* Les « Ateliers relais » ……….. .…... page 139.

* Traiter la violence de l’Institution et des institutions……….………….. page 140.

* Violence institutionnelle : le regard de B. Defrance ...……...…….. pages 141 à 143.

* Quand il faut payer pour choisir sa classe …...…….. pages 144 à149.

* Dénoncer quand l’institution frôle la forfaiture ...………….…………... pages 150 et 151.

V- LES APPORTS DE LA BIOLOGIE ET DE LA PSYCHO - PATHOLOGIE ... PAGES 152 À 168.

* Violence/agressivité ...……... page 153.

* Structures cérébrales et agressivité ...…..……... pages 154 à 158.

* Sécrétions hormonales et agressivité ...………... pages 159 et 160.

* Médiateurs centraux et agressivité ...……..……..…... page 161.

* L’enfant hyperactif...…….. pages 162 à 164.

* La dépression agressive de l’adolescent ...……...…. pages 165 et 166.

* Le suicide (auto-agression) chez les jeunes ...………... pages 167 à 168.

* Le syndrome de Gilles de La Tourette ……….……… page 169.

CONCLUSION PROVISOIRE... PAGE 169 BIS.

BIBLIOGRAPHIE.... PAGE 170….. ET VIDEO…. PAGE : 171.

ADDENDA : ETRE CITOYEN, C’EST ... PAGES 172 À 183.

(4)

Jean-Pierre Geslin, professeur agrégé à l’IUFM de l’académie de Créteil (site de Livry-Gargan),

La violence à l’école, quelle définition ?

Dictionnaire Robert : « Fait d’agir sur quelqu’un ou de le faire agir contre sa volonté en employant la force ou

l’intimidation, contrainte en opprimant ou en brutalisant ».

La violence est en fait « pluriel » et on rassemble un peu artificiellement sous ce label :

1 - Une simple bousculade en classe ou des chahuts (souvent vécus de façon ludique par leurs auteurs).

2 - Les violences aux personnes :

* La violence verbale qu’il s’agisse d’insultes échangées entre enfants, proférées à l’encontre d’un enseignant par un enfant... ou l’inverse.

« outrage » : il s’agit d’une injure ou diffamation (en paroles, gestes, menaces, écrits, images, objets) adressée à un représentant de l’autorité publique, dans l’existence de sa profession.

* Menaces armées ou non.

* Les violences physiques : toutes bagarres (citées par 64

% des enfants), les échanges de coups ou encore quand des enfants ou des adultes sont frappés unilatéralement à l’intérieur ou aux abords d’un établissement.

* Les violences sexuelles.

* Le racket et les « dépouilles » ( = vols de vêtements).

3 - La détention d’armes blanches (couteau, cutter) ou à feu ou encore de bombes lacrymogènes dans l’enceinte d’un établissement ou à proximité de celui-ci.

4 - La drogue (trafic, recel ou consommation).

5 - Les dégradations et atteintes aux biens portant sur les objets personnels des enseignants (véhicules en particulier) ou sur l’environnement (vols avec ou sans effraction, incendies, dégradation de locaux ...).

« De l’injure à l’outrage en passant par l’affront, l’avanie, l’insolence et la calomnie, il est une culture de l’offense qui s’érige dans la salle de classe ».

« De la punition à la colle en passant par la privation, le déshonneur, la vexation, l’humi- liation publique, il est une relation irrespectueuse de la rencontre et répressive qui a cours dans la salle de classe ».

« De la gifle à la fessée en passant par la tape, la claque, la baffe, il est un rapport de force qui trouve son expression dans la salle de classe ».

Yannick Joyeux : « L’éducation face à la violence » - ESF éditeur, 1996.

Un même fait peut être considéré par 2 personnes différentes comme anodin ou comme acte de violence significatif. Ainsi, un enseignant considérera que « nique ta mère » ou « enfoiré » est une agression verbale alors qu’il n’en sera pas de même pour les enfants des quartiers sensibles... En effet la violence est d’abord ressentie... il n’y a

véritablement violence que si une personne en souffre.

« La violence, c’est ce qui m’arrive et que je décrypte comme telle »

Éric Debarbieux.

« La pire des choses serait de se cacher derrière son petit doigt et de ne voir que la violence qui paraît insupportable aux adultes : celle qui est dirigée contre eux ».

Yves Bottin, inspecteur d’académie, journal « Libération » 1er septembre 1995.

(5)

Les sociologues distinguent 5 grandes formes de violence scolaire :

1. Les violences dites exogènes ou extérieures : c’est la délinquance ambiante qui parvient à s’exprimer aux abords de l’école et même à y pénétrer : intrusions (de sujets souvent exclus du système), dégradations des véhicules, « dépouilles » et rackets...

Ces violences relèvent pour l’essentiel du traitement par la police.

« Quand un jeune vient régler un compte à l’intérieur du lycée et agresse un élève pour une histoire de quartier, on ne peut pas parler de violences scolaires. Quand la voiture d'un professeur est volée seulement parce qu’elle était là, ou quand des enfants se font « dépouiller » sur le chemin de l'école par des gens qui ne sont pas de l'école et qu'ils ne connaissent pas, il ne s'agit pas de violences scolaires car elles ne concernent pas les acteurs en tant qu'ils sont à l'école. Ce ne sont ni des agressions entre les élèves, ni des agressions contre les professeurs, mais des manifestations de délinquance « banales » dont les élèves ou les enseignants sont victimes ou coupables, comme n'importe quel citoyen ».

... La violence est alors une affaire de Police générale et le problème posé à l'école est celui de sa fermeture et de sa protection contre les « éléments étrangers » à l'établissement qui utilisent le va-et-vient et le déplacement de centaines d'élèves pour les agresser, voler des équipements, etc.

Dans sa nature, ce problème n'est pas différent de celui de tous les équipements collectifs ou commerciaux qui se protègent de la délinquance. Bien des établissements scolaires ont commencé à se protéger, à fermer les garages à bicyclettes, les centres de documentation, à donner des cartes aux élèves afin de s'assurer de leur identité. Force est de reconnaître que ces stratégies, probablement nécessaires posent de nombreux problèmes car il est difficile de contrôler des

centaines d'élèves et d'enfants, et surtout parce qu'un établissement scolaire doit être accueillant et ne peut pas se transformer en forteresse. En effet, la fermeture de l'école ne peut pas être sans conséquences pédagogiques fâcheuses; elle ne peut que l'éloigner plus encore de la population des quartiers ».

François DUBET, professeur de sociologie à Bordeaux II..

2. Les violences antiscolaires ou violences construites contre l’école, tournées contre l’institution, elles sont le fait de tout au plus une dizaine de loubards en échec scolaire total dans un établissement de 600. Ces « durs » rejettent complètement le système scolaire et mettent en place « une hiérarchie de valeurs inverses de celle de l’école » (J.M. Dumay). « L'exclusion des fauteurs de troubles rassure les enseignants, mais elle ne règle rien quant aux mécanismes qui engendrent cette violence » (François Dubet).

« Ces dernières formes de violences sont engendrées par la situation scolaire elle-même ... Ce sont des violences construites contre l'école. Elles se portent contre l'établissement, contre les enseignants, contre les élèves qui « col- laborent ». Ce sont elles qui apparaissent comme les plus « dangereuses », celles qui manifestent le plus profondément les difficultés du système éducatif.

Dans les établissements où les élèves ont été orientés contre leur gré, là où domine l'échec scolaire, il arrive que la communauté des élèves ne se construise pas « à côté » de l'école, mais « contre » l'école. Le groupe des élèves opère une sorte de renversement des valeurs scolaires, rejetant ce que l'école privilégie, refusant de reconnaître des normes qui « abaissent » les élèves. Parce qu'ils sont en échec et se sentent « humiliés » par l'école qui ne peut leur donner qu'une image dévalorisante d'eux-mêmes, les élèves choisissent de défendre leur dignité en créant, dans la communauté des garçons en particulier, une hiérarchie de valeurs qui renverse celle de l'école.

Autrement dit, tout se passe comme si, ne pouvant pas être un bon élève, il ne restait qu'à « choisir » d'être un mauvais élève contre l'école. C'est une affaire de dignité. Le leader du groupe de jeunes est alors celui qui ne se

« compromet » pas avec les enseignants, celui qui ne se laisse pas faire, ni impressionner par les punitions, celui qui peut devenir violent et régler ses comptes lui-même contre un enseignant qui l'aurait humilié devant la classe...

Il « répond » à l’enseignant, il peut le menacer, appeler à la rescousse les aînés qui ont quitté l'école. Il peut aussi se venger sur la voiture de l'enseignant.

François DUBET, professeur de sociologie à Bordeaux II.

(6)

Jean-Pierre Geslin, professeur agrégé à l’IUFM de l’académie de Créteil (site de Livry-Gargan),

Dans la plupart des cas, les élèves s'appuient sur le silence ou le soutien de leurs camarades, car il n'est pire faute que de passer de l'autre côté : c'est plus que de la « lèche », c'est de la collaboration. Presque toujours, ce type de conduite est parfaitement argumenté en termes de conflit avec tel ou tel enseignant, qui a fait une réflexion, qui est raciste, qui a humilié l'élève, qui n'a pas reconnu ses progrès, qui est injuste, qui ne lui adresse jamais la parole. Ces conduites agressives sont l'expression d'une sorte de « rage », de conflit informulé entre des élèves relégués et l'école, elles sont la seule manière de ne pas s'identifier soi-même aux catégories infamantes de la relégation.

... Dans les quartiers les plus difficiles, et dans les établissements de relégation, là où vont les élèves dont personne n'a voulu ailleurs, a fortiori dans les filières de relégation au sein même de ces établissements, il peut se créer une véritable sous-culture de l'opposition scolaire... Nous sommes ici aux points limites de l'emprise scolaire quand les élèves n'ont plus aucune raison de croire à l'école, ou plus encore, quand ils vivent l'école comme une forme de destruction de leur personnalité

.

François DUBET, professeur de sociologie à Bordeaux II.

3. Les violences dans l’école ou incivisme scolaire.

Ces adolescents quittaient autrefois le système scolaire pour l’apprentissage... ce qui fait dire à certains qu’il ne faut pas continuer à maintenir de tels enfants dans le système scolaire jus-qu’à 16 ans. Ils semblent « fébriles, toujours en instance de départ » Spécialistes de la vio-lence verbale, ils crient, chapardent, « attisant les bagarres lors des récréations »

(J-M. Dumay).

La stabilisation des comportements relève :

des qualités du chef d’établissement (voir le chapitre correspondant) de la cohésion de l’équipe éducative

de l’écoute des élèves

de la lutte contre l’échec scolaire

d’une éducation à la citoyenneté avec participation effective des élèves.

...

4. Le bizutage (ou « usinage »)

Relevant de la soumission au plus fort, inacceptable et pourtant longtemps toléré, il est né à Polytechnique et à Saint- Cyr et s’est répandu dans la plupart des filières sélectives. Il existait sous une forme soft (séminaires dits d’intégration) à HEC ou à l’ESSEC.

Il peut être enrayé si les chefs d’établissements et les enseignants en ont la volonté en s’appuyant sur 2 circulaires et la loi du 17 juin 1998. La circulaire n° 97-199 du 12-09-1997 est parue au B.O. n° 33 du 25 septembre 1997 et a été complétée par la circulaire n° 98-177 du 3-9-1998 intitulée « instruction concernant le bizutage » et parue au B.O. n° 33 du 10-09-0998. La 1

ère

est antérieure à la loi et la seconde précise la définition et le champ d'application de cette loi.

Loi n°98-468 du 17 juin 1998 relative à la préventi on et à la répression des infractions sexuelles ainsi qu'à la protection des mineurs » :

"Hors les cas de violences, de menaces ou d'atteintes sexuelles, le fait pour une personne d'amener autrui, contre son gré ou non, à subir ou à commettre des actes humiliants ou dégradants lors de manifestations ou de réunions liées aux milieux scolaire et socio-éducatif est puni de 6 mois d'emprisonnement et de 50 000 F d'amende".

Numéro vert national pour information et aide : 08 00 55 55 00

5. Les abus sexuels commis par

certains « éducateurs » .

Tous ces points seront ultérieurement

détaillés ...

Il manque dans une telle classification des violences dont on parlait peu il y a quelques années :

6 - Les maltraitances des parents et proches.

L’observatoire de l’action sociale décentralisée (ODAS) recense, pour 2001, 18 000 signalements d’enfants « maltraités » (21 000 en

1996 et 1997). 67 500 enfants sont « en risque » de le devenir en 2001 (53 000 en 1996 et 61 000 en 1997).

7 - Les violences de l’institution scolaire.

Déf. de la maltraitance :

« L’enfant maltraité est celui qui est victime de violences physiques, cruauté

mentale, abus sexuels, négligences lourdes ayant des conséquences graves

sur son développement physique et psychologique ».

Signalons le « Petit livre pour dire non » disponible depuis septembre 1996 aux éditions ASTRAPI, 3 rue Bayard. 75008, Paris.

(7)

La violence a toujours existé dans les établissements scolaires :

- « Les fonctionnaires de l’établissement appelés, par leur place, à y maintenir la discipline n’y sont plus traités qu’en ennemis, et les enfants qui leur obéissent encore y sont regardés comme des esclaves. Les maîtres d’études tremblent en présence de leurs divisions. Le censeur ose à peine se montrer dans les cours du collège ».

Marseille, 1825Extrait de l’enfance et la jeunesse dans la société française, Crubellier chez A. Colin .

- Au lycée Louis-Le-Grand, une révolte a entraîné la distribution d’une 100 aine de journées de prison... c’était en

1840.

- « Un collégien est trouvé assommé à la porte du collège, quelques jours plus tard les collégiens armés de casse-tête montent une expédition punitive » ?

Charleville, 1872.

- « Les lycées et collèges de jeunes filles sont à peine institués par la loi Camille SÉE de décembre 1880, qu’une révolte éclate au lycée de jeunes filles de Bordeaux en raison du déplacement d'une directrice adjointe » (1) le premier décembre 1882. Le journal l’Abbevillois, faisait état de la véritable insurrection qui y était survenue : « Les externes démolissent les barrières, brisent les vitres et vomissent des obscénités à la face de la directrice ! » (2).

(1) Les Cahiers de la sécurité intérieure, n° 15. Premier trimestre 1994.

(2) Extrait repris dans un texte : « L’âge de raison » de Sylvie Loiseau.

- « Les lycéens, forçant la grille, montent à l’assaut du cabinet du proviseur et commencent à briser les glaces de l’antichambre »,Paris, 1883.

« Pourtant, contrairement à nos illusions rétrospectives, la violence à l'école peut surgir dans les lieux les plus fermés, les plus protégés, là même où on ne l'attend pas, en pleine Troisième République triomphante, dans l'école de Jules FERRY, et dans son « saint du saint » : le lycée Louis-Le-Grand. En mars 1883 le proviseur renvoie un élève, puis sept autres qui protestaient publiquement contre sa décision. La résistance des élèves s'amplifie. Ils forcent une grille, montent à l'assaut du cabinet du proviseur, brisent les glaces de l'antichambre. Puis ils envahissent le dortoir affecté aux élèves de mathématiques spéciales, cassent les lits, font voler en éclat les lavabos. Le proviseur demande l'intervention d'une escouade de sergents de ville qui bloquent les mutins dans le dortoir. Mais les élèves rebelles ne capitulent pas;

certains s'arment de barres de fer ou de tessons de vases de nuit; l'un d'eux renverse trois sergents de ville et oblige les autres au combat. Après une lutte homérique, les forces de l'ordre réussissent à maîtriser les insurgés. Le bilan est éloquent : douze élèves exclus de tous les lycées de France, 93 renvoyés de l'établissement ».

GERBOD (Paul), La vie quotidienne dans les lycées et collèges au XIXème siècle, Paris, Hachette, 1968, Plusieurs des exemples précédents sont repris dans le livre de Jean-Michel Dumay : « l’école agressée » chez Belfond, 1994.

« Je pourrais vous en conter des vertes et des pas mûres à propos de Lune Bouchard qui était mon voisin de pupitre double et qui avait quatorze ans en 3ème année, alors que j’en avais neuf. Il m’avait enfermé dans un horrible racket de protection qui consistait à m’extirper tout au long de l’année par la contrainte, les menaces et l’intimidation, en contrepartie d’une protection comme aucune police d’assurance n’aurait pu vous en promettre, suffisamment de bonnes réponses aux examens pour lui permettre enfin de graduer, au grand étonnement du professeur.

Du haut de…, je devrais dire : du bas de… mes huit ou neuf ans, j’ai pensé plus d’une fois que la fin du monde était arrivée quand j’ai vu le même Lune Bouchard se colletailler avec le frère Bruno, Anguille Therrien qui avait quinze ans en 5 e année, en venir aux coups avec le frère Jérôme et lui arracher les boutons de sa soutane, ou Melon Bergeron qui avait seize ans en 6 e année, arraisonner le frère Octave en l’empoignant par les rabats empesés de sa soutane qui avaient craqué sous l’impact. Les Hell’s n’existaient pas encore, mais pour moi, c’était tout comme. Et cela me traumatisait d’autant plus qu’on m’avait enseigné que de s’attaquer à un clerc portant soutane, constituait un sacrilège péché mortel passible du feu de l’enfer à perpétuité, sans aucun espoir de libération conditionnelle! … Faut croire que Melon Bergeron n’en avait pas peur de l’enfer du frère Octave... Moi, si. J’avais peur de l’enfer du frère Octave et des muscles de Melon Bergeron. Les deux. Vous voyez ce que je veux dire?

Nous disions donc… que la violence à l’école n’est pas nouvelle. Non plus que dans le reste de la société. Je disais aussi qu’à cet égard, la situation s’est singulièrement améliorée et que l’école d’aujourd’hui apparaît infiniment plus civilisée que l’école d’hier et d’avant-hier. Vous conviendrez au moins qu’à la différence de celle d’hier, l’école d’aujourd’hui ne prêche plus la violence par l’exemple ». L’école est-elle responsable de la violence ? Par Antoine Baby.

(8)

Jean-Pierre Geslin, professeur agrégé à l’IUFM de l’académie de Créteil (site de Livry-Gargan),

Pourquoi la violence ?

De nombreux spécialistes distinguent les causes externes et les causes internes à l’école.

Toutes les causes qui contribuent à l’échec scolaire (plus celui-ci s’accroît et plus les comportements violents augmentent).

La violence « visible » de la délinquance constitue un miroir de la violence « invisible » de conditions de vie inacceptables.

« La violence des cités a, de proche en proche, contaminé le milieu scolaire. 700 000 jeunes de 10 à 15 ans vivent aujourd’hui dans des quartiers en difficulté qui cumulent... de très nombreux handicaps » (1) « Cadre de vie dégradé, des difficultés familiales, des problèmes de racisme, de chômage ou de pauvreté » (3) ... C’est la

« citadelle assiégée » décrite par Georges Fotinos... même si l’école « a sa marge d’autonomie » (2). La démission parentale est rarement volontaire, mais résulte plutôt de conditions de vie

et d'environnement psychologique précaires.

* « Plus d’une famille sur deux est touchée par le chômage ou le RMI (plus de 30 % à la Courneuve). (2)

* « Pour les nouveaux élèves, il se crée un clivage entre un modèle familial très rigide (problème accentué pour les jeunes filles maghrébines d’ailleurs souvent impliquées dans les problèmes de violences) » et un milieu scolaire plus souple et vécu comme « relativement laxiste ». (2)

L’individu soumis à l’influence du discours dominant comme quoi il faut « consommer »

ne peut différer ce qu’il ressent comme un besoin, ne peut résister au « tout, tout de suite »... d’où des transgressions lorsque l’envie ne peut être satisfaite.

L’échec scolaire se double d’un sentiment d’exclusion :

* le désintérêt, le sentiment d’inutilité, l’échec scolaire peuvent conduire à « la violence multiforme » (1).

* « L’école semble ne plus parvenir à assumer son rôle d’intégration scolaire et d’égalité des chances » (1)...

même si la « Loi d’orientation sur l’éducation (loi n° 89-486 du 10 juillet 1989) réaffirme : « Le droit à l’éducation et à la formation est assuré en France. Dans le respect des principes fondamentaux d’égalité, de liberté et de laïcité, l’état garantit l’exercice de ce droit à tous les enfants et les jeunes qui vivent sur le territoire national quelle que soit leur origine sociale, culturelle ou géographique... Si l’école ne peut abolir seule les inégalités qui marquent les conditions de vie des enfants et des jeunes, elle doit contribuer à l’égalité des chances ».

L'école sélectionne en fait non pas sur des critères d’aptitudes réelles, mais d'après l'origine sociale et culturelle des enfants. «... Une partie des jeunes ne se satisfont plus de promesses... souvent non respectées ». (1) « Le lycée est vécu comme une impasse, ne permettant pas d’échapper à la fatalité de sa condition ». (2)

« Le crédit... accordé... aux enseignants et aux éducateurs est largement entamé » (1)... Les professeurs sont jugés comme trop méprisants ou à l’inverse incapables de se faire respecter. « L’école devient un lieu conflictuel, le siège d’incompréhensions mutuelles... ». (1)

La structure :

la taille de l'établissement et ses effectifs (les grands établissements, favorisant l'anonymat, sont moins contrôlables) et l’architecture scolaire, souvent laide et vétuste, qui transforme l’école « en blockhaus ».

La violence de l’école ou « violence institutionnelle » :

« L’institution produit elle-même des facteurs qui peuvent favoriser des violences : qualité des locaux, pédagogie inadaptée... , insuffisance de l’équipe de direction, absence d’écoute de la part des enseignants » (2) mais aussi règlement intérieur peu lisible et mal compris...

« Si des enfants deviennent violents, c’est qu’ils ont eux-mêmes subi des violences d’autant plus inacceptables qu’elles proviennent soit d’adultes qui sont éducateurs professionnels ou parents, soit d’une logique institutionnelle intrinsèquement violente ». (3)

CITATIONS :

(1) Roland Séroussi et Gilles Van Grasdorff : « La violence état des lieux » - Editions France-Empire 1996.

(2) Jean-Louis Auduc : « Enseigner en banlieue ». Hachette, 1996.

(3) Bernard Defrance : « La violence à l’école ». Editions Syros, 1992.

(9)

Les 4 grands axes de la lutte contre la violence :

3. La répression : la transgression doit être sanctionnée.

Les sanctions vont, au sein des établissements secondaires, de l’avertissement à l’exclusion définitive.

Elles doivent être « claires, lisibles, cohérentes et valables pour tous ».

Les délits déclenchent une plainte du chef d’établissement ou de la victime (qu’il s’agisse d’un enfant... ou d’un adulte).

2. Viennent ensuite les actions de prévention qui passent :

Par la lutte contre l’échec scolaire… « La réussite fait du bien » en utilisant des méthodes pédagogiques adaptées aux élèves concernés et en mettant en place une

aide pour les élèves en échec.

Par la mise en place de lieux spécifiques d’écoute des jeunes en difficulté :

* en particulier avec l’aide des infirmières, médecins scolaires et assistantes sociales dont les effectifs doivent être impérativement accrus.

* Le CDI doit être un de ces lieux privilégiés de communication et d’éducation à la citoyenneté ...

Par une volonté réelle de donner du pouvoir aux élèves.

Il s’agit de faire de l’école un lieu d’apprentissage de la démocratie pour des citoyens en devenir que sont les jeunes :

*

En rendant les enfants et adolescents « acteur de la prévention » (par exemple en responsabilisant et formant les délégués-élèves élus) et en les associant à l’élaboration du règlement intérieur (afin qu’il

devienne une charte de vie collective).

* Par une transformation des conseils d’administration et commissions permanentes ... « qui sont souvent ...

des chambres d’enregistrement » en « véritables lieux de parole et d’écoute permettant l’expression de tous ceux qui y siègent et valorisant leur rôle ». (Jean-Louis Auduc)

* Comprendre que le projet d’établissement n’est pas une simple somme de voyages disparates, éphémères et onéreux réservés à ceux qui peuvent payer mais une ouverture sur l’élève lui-même

et l’environnement proche.

Par la mise en place d’une véritable formation initiale et continue des enseignants sur ce thème : formation théorique, étude de cas, jeux de rôle analysés

avec l’aide de psychologues, stages en zones sensibles...

Par la mise en place d’opérations « école ouverte » proposant des activités (sportives et de loisir mais aussi éducatives) à l’intérieur de l’établissement, en particulier durant

les vacances scolaires, pour ceux qui restent. Les jeunes doivent être associés à l’élaboration des projets et à leur gestion ainsi qu’à leur réalisation et leur évaluation.

Par le choix de chefs d’établissements qui ne fondent pas leur pouvoir sur le

« diviser pour régner » ouvrent l’école aux associations de parents et instaurent un véritable partenariat.

4. Les remédiations :

Elles consistent « à mettre en place des situations de réinsertion scolaire pour les jeunes délinquants ou en danger de le devenir ». L’objectif prioritaire est de rescolariser.

« L’un des instruments efficaces... est le Centre d’Information et d’Orientation = CIO spécialisé auprès du tribunal ». Il s’occupe des enfants « qui relèvent du tribunal des enfants et de l’Aide Sociale à l’Enfance ».

D’après, entre autres, « La violence à l’école » par George Fotinos.

1. Il est nécessaire de

pratiquer dans un premier temps

un

constat

= un recensement systématique

des phénomènes de violence observatoire de la violence

(placé sous l’autorité directe du recteur ou de

l’inspecteur

d’académie).

(10)

Jean-Pierre Geslin, professeur agrégé à l’IUFM de l’académie de Créteil (site de Livry-Gargan),

La violence en chiffres :

Motifs des incarcérations tous âges confondus en 1998 :

- vol simple et qualifié : 27,2 % - viol et autres agressions sexuelles : 21 %

- infraction à la législation sur les stupéfiants : 16,8 % - meurtre, assassinat, empoisonnement : 10,5 % - violences volontaires : 8,2 % - escroquerie, recel, faux et usage de faux : 4,6 %

- infraction à la législation sur les étrangers : 3 %

- homicide et atteinte involontaire à l’intégrité de la personne : 1,3 % - autre motif : 7,4 %

En 2001 la France avait un taux de délinquance rapporté à la population de 68,80 faits constatés pour 1.000 habitants. Elle fait mieux que l'Allemagne (76,25), la Belgique (84,12), la Finlande (86,97), le

Danemark (94,60) et la Suède (136,78) selon leurs statistiques 1999 communiquées à Interpol.

Pour la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, les derniers chiffres fournis remontent à 1998, et ils étaient déjà de, respectivement, 96,98 et 78,08.

- Le bruit incontrôlable et la chaleur augmentent les agressions.

- Ce sont presque toujours les mêmes qui agressent (la violence est répétitive) et... les mêmes qui sont agressés.

- La "violence à l’école" (importée des « banlieues ») n’est pas toujours la "violence de l’école" (échec scolaire produit par des pratiques enseignantes obsolètes) : « imputer la violence scolaire à l'école et

aux pratiques de ses professionnels a pour effet de disculper le politique et de masquer les violences qui traversent le monde du travail - en particulier le rejet des "classes populaires" - dans une zone de

non-lieu social ». SANDRINE GARCIA et FRANCK POUPEAU, octobre 2002.

(11)

La délinquance des mineurs : état des lieux

RAPPORT de la commission d'enquête sur la délinquance des mineurs, créée en vertu d'une résolution adoptée par le Sénat le 12 février 2002 :

« Les statistiques des services de police et de gendarmerie témoignent d’une augmentation de la délinquance des mineurs mesurée à partir du nombre des mineurs mis en cause. Plusieurs personnes entendues par la commission du sénat ont d'ailleurs parlé d'une « massification » de la délinquance ».

« Entre 1977 et 1992, le nombre de mineurs mis en cause est passé de 82 151 à 98 864, soit une augmentation de 20,4 %. Entre 1992 et 2001, le nombre de mineurs mis en cause a augmenté de 79 % pour atteindre 177.017 en 2001.

C'est à partir de 1994 qu'un fort mouvement de hausse s'est dessiné (+17,7 % par rapport à l'année précédente soit 109.338 mineurs mis en cause) pour se poursuivre de façon continue les années suivantes : en 1995 (+ 15,4 % avec 126.233 mineurs), en 1996 (+ 13,9 % avec 143.824 mineurs), en 1997 (+ 7,3 % avec 154 437 mineurs) et en 1998 (+ 11,2 % avec 171 787 mineurs).

Exception faite d'un léger tassement observé en 1999 (- 0,81 % avec 170 387 mineurs), la mise en cause des mineurs a continué à s'accroître à un rythme toutefois plus modéré (+ 2,86 % en 2000 et + 1 % en 2001) ».

Implication des mineurs en fonction des différentes catégories d'infraction :

1992

Part dans l'ensemble des mineurs mis en

cause en 1992 (%)

2001

Part dans l'ensemble des mineurs mis en

cause en 2001 (%)

Variation 1992-2001

(%)

Total des infractions 98864 100,00 177017 100,00 79,05

Vols 68911 69,70 87856 49,63 27,49

Vols avec violence sans armes à feu 3883 3,93 9531 5,38

Vols simples 46605 47,14 56036 31,66

Infractions économiques et financières 1759 1,78 5220 2,95 196,76

Crimes et délits contre les personnes 8552 8,65 27224 15,38 218,33

Homicides 55 1,42 46 0,03 -16,36

Coups et blessures 4418 4,47 13543 7,65 206,54

Autres atteintes volontaires aux personnes 2231 2,26 7184 4,06 222,01

* Dont menaces ou chantages 1363 1,38 5294 2,99 288,41

* Dont atteintes à dignité et à personnalité 245 0,25 1062 0,60 333,47

Atteintes aux mœurs 1476 1,49 4062 2,29 175,20

* Dont viols 579 0,59 1275 0,72 120,21

* Dont harcèle. Sex. et autres agressions sex. 728 0,74 1973 1,11 171,02

Autres infractions 19642 19,87 56717 32,04 188,75

Infractions à législation sur stupéfiants 4160 107,13 16572 9,36 298,40

* Dont usage 2904 2,94 13035 7,36 348,90

Délits à la police des étrangers 1503 1,52 2401 1,36 59,70

Destructions et dégradation de biens 9884 10,00 24158 13,65 144,40

Délits divers 4095 4,14 13586 7,67 231,80

Source : ministère de l'intérieur

« Tous les interlocuteurs de la commission d'en- quête ont insisté sur le fait

que la délinquance touchait plus les jeunes garçons que les filles. Les

chiffres du ministère de l'intérieur le confirment.

En 2000, sur les 175 256 mineurs mis en cau-

se, 21.003 (soit un peu moins de 12 %) sont des

filles et 154.253 (88 %) sont des garçons ».

(12)

Jean-Pierre Geslin, professeur agrégé à l’IUFM de l’académie de Créteil (site de Livry-Gargan),

Une délinquance concentrée : la théorie des 5 %

« Aux termes de l'étude de délinquance autorapportée de M. Sébastian Roché (La délinquance des jeunes - Les 13-19 ans racontent leurs délits, Seuil, 2001.), 74 % des jeunes interrogés reconnaissent avoir commis un acte de délinquance (dégradation, vol ou agression). Tous ne sont pourtant pas délinquants au sens où on l'entend communément. La gravité de l'infraction comme le caractère répétitif du comportement délinquant jouent un rôle essentiel.

La prise en compte de ce dernier critère conduit à relativiser l'importance numérique de la délinquance chez les jeunes. Ainsi, lors de son audition, Mme Sophie Body-Gendrot a déclaré : « Nous parlons en fait d'une minorité de jeunes. En matière de délinquance juvénile, il n'y a que 10 % de multirécidivistes dont personne d'ailleurs ne veut se charger. [...] Je rappelle que 80 % des jeunes qui passent pour la première fois devant le juge ne récidivent pas ».

M. Sebastian Roché a insisté devant la commission d'enquête sur la très forte concentration de la délinquance sur un petit ensemble de personnes : il s'agit de la « théorie des 5 % ». D'après les informations recueillies auprès des jeunes auteurs de délits eux-mêmes, 5 % des jeunes commettent 60 à 85 % des infractions.

Tous les magistrats interrogés à ce sujet ont confirmé cet état de fait : il existe bien un petit pourcentage de jeunes qui commettent une part importante des délits.

Ainsi, les magistrats du tribunal pour enfants de Marseille ont évalué à 350 le nombre de mineurs qui posent d'énormes difficultés dans cette ville. Les maires rencontrés par la commission lors de ses déplacements en province, notamment à Bonneville et à Thonon-les-Bains, ont eux aussi évoqué la responsabilité d'un tout petit nombre dans l'exaspération de la population ».

Plutôt que de parler de « noyaux durs », certains sociologues comme M. Sébastian Roché préfèrent employer le terme de

« noyaux suractifs ».

De plus en plus jeunes ?

Toutes les personnes entendues par la commission d'enquête du sénat ont insisté sur le rajeunissement de l'âge d'entrée des mineurs dans la délinquance.

« Lors de son audition, le colonel Christophe Métais, chef du bureau de police judiciaire à la direction de l'emploi de la gendarmerie, a noté "un abaissement de l'âge des auteurs d'infractions puisque l'implication des jeunes de dix à douze ans est en hausse de près de deux points et celle des adolescents âgés de treize à quinze ans de plus de quatre points, tandis que l'on constate un léger recul s'agissant des jeunes âgés de seize à dix-sept ans".

Les chiffres fournis par M. Patrice Bergougnoux, Directeur général de la police nationale, confirment le constat dressé par la gendarmerie : sur l'ensemble des mineurs mis en cause, la part des seize à dix-huit ans régresse légèrement (- 2 %) en 2001, celle des quatorze à seize ans reste

stable. En revanche, celle des moins de treize ans augmente. Les mineurs de moins de seize ans représentent 12 % des personnes interpellées par la sécurité publique et près de 49 % des mineurs mis en cause.

Quant à M. Alain Bauer, il a constaté que si les mineurs de treize à dix-huit ans représentent une très large majorité des mineurs délinquants, on observait une poussée des mineurs de huit à douze ans. M. Xavier Raufer a par ailleurs noté que les observations empiriques des étudiants de l'Institut de criminologie impliqués dans le travail social leur permettaient d'affirmer que l'âge moyen d'entrée dans les bandes avait tendance à baisser environ tous les trois ans.

Ce phénomène est particulièrement inquiétant dans la mesure où de nombreuses études ont montré que l'aggravation des actes est d'autant plus systématique que les actes délictueux sont précoces. En conséquence, l'augmentation du niveau de violence des jeunes serait liée à leur entrée précoce dans la délinquance. Pour M. Sébastian Roché, « le rajeunissement et l'augmentation du niveau de violence des actes sont un seul et même phénomène (...). C'est un peu comme jouer au tennis : pour être un champion, il faut commencer à s'entraîner jeune ».

Ainsi, l'enquête de délinquance auto-rapportée dirigée par M. Roché7(*) souligne une augmentation du nombre de ceux qui réalisent des délits avant 13 ans. Par ailleurs, elle démontre que la précocité pour les "petits" délits influe sur la commission d'actes graves.

* 74 % des jeunes qui ont déjà commis un délit bénin à 12 ans ou moins sont impliqués dans un acte grave par la suite.

* Ils sont un peu moins de la moitié (44 %) pour ceux qui ont commencé à 13 ans.

* En revanche, les adolescents qui attendent 14 ans pour commettre leur premier délit ne sont plus que 15 % à avoir commis un délit grave.

M. Sébastian Roché en conclut : « Le simple délit précoce semble donc favoriser le déclenchement ultérieur d'autres comportements, dont certains très agressifs ».

« La délinquance étant une activité comme une autre, elle nécessite l'acquisition d'un savoir-faire, la levée de toute une série d'inhibitions… Le rajeunissement et l'augmentation du niveau de violence des actes sont un seul et même phénomène, selon moi. C'est un peu comme au tennis : pour être un champion, il faut commencer à s'entraîner jeune ».

Sébastian Roché

(13)

Une surdélinquance des jeunes issus de l’immigration ?

« En France, nous ne parvenons pas à dire certaines choses, parfois pour des raisons louables. Il en est ainsi de la surdélinquance des jeunes issus de l'immigration, qui a longtemps été niée, sous prétexte de ne pas stigmatiser. On a attendu que la réalité des quartiers, des commissariats, des tribunaux, des prisons impose l'évidence de cette surreprésentation pour la reconnaître publiquement. Et encore, les politiques ne savent pas comment en parler »

Christian Delorme, le « curé des Minguettes » L'enquête de délinquance

autorapportée conduite en 2000 par M. Sébastian Roché, chargé de

recherche au CNRS et membre du Haut Conseil à l’Intégration :

Actes peu graves commis suivant les origines ethniques

Actes graves commis suivant les origines ethniques

* Pour expliquer ce phénomène, le sociologue Sébastien Roché « constate que ces jeunes cumulent certains facteurs associés à la délinquance : une plus faible supervision parentale, une résidence plus fréquente dans le parc HLM hors centre-ville, un niveau de revenu et de scolarisation faible des parents, un absentéisme scolaire plus élevé ».

* « Ce n'est pas un hasard si une partie très importante des jeunes que nous avons à traiter et qui se retrouvent en prison sont issus de l'immigration. Il s'agit bien souvent, me semble t-il, de familles fragiles, de parents qui ne peuvent pas dialoguer avec l'école et ne trouvent pas leur place au sein des institutions ».

Thierry Baranger, Président de l'association française des magistrats de la jeunesse et de la famille…

* « … Dans les familles d'immigrés, les enfants prennent très vite le pouvoir. Déjà, d'une manière générale en France, le rapport au savoir a tendance à s'inverser en raison des modifications technologiques, des nouveaux rapports urbains, et les jeunes générations ont parfois une meilleure connaissance que leurs parents de la société.

Alors, chez les immigrés, imaginez !... »

Malek Boutih, président de SOS racisme

« La majorité des délits peu graves sont commis par des adolescents dont un parent ou les deux

parents sont nés en France (68 %). Une forte

minorité des actes peu graves sont commis par

des personnes dont les deux parents sont nés hors de France (32 %).

« Les adolescents dont les deux parents sont nés

hors de France commettent 46 % des

actes graves ».

(14)

Jean-Pierre Geslin, professeur agrégé à l’IUFM de l’académie de Créteil (site de Livry-Gargan),

Accroissement de la violence scolaire ?… Quelques réponses…

On dispose de statistiques démontrant que les crimes de sang ont grandement diminué durant les dernières décennies. Mais les autres formes de violence, particulièrement la violence sco-laire, se sont telles accrues comme il est généralement affirmé ?

“ Modèle 1 ": la violence était bien plus importante dans les sociétés anciennes, le sentiment d’insécurité qui croît dans les sociétés contemporaines les mieux protégées est injustifié, relève du fantasme : il n’y a pas de lien direct entre sentiment d’insécurité et victimation… nous avons peur d’une violence qui tend à disparaître.

"Modèle 2 " : il y a eu une importante montée des atteintes aux personnes et aux biens et des phénomènes de petite délinquance dans les dernières décennies, particulièrement à partir des années soixante. La violence scolaire est nettement en pro-gression et concoure à l’élévation du sentiment d’insécurité .

Y a t-il croissance effective des faits délictueux au sein de l’Ecole ?

Les statistiques sur la violence (sous toutes ses formes) dans les écoles européennes sont plutôt récentes. Les premières études ne

datent que des années 1990. Le programme d’étude sur les violences scolaires n’a véritablement démarré qu’en 1994. Les

définitions de la violence diffèrent, les méthodes d’enquête varient (statistiques officielles, questionnaires, entretiens...), les

populations étudiées changent… Nous ne disposons pas d’analyses comparables si on excepte celle de la direction

centrale de la santé publique.

Dans certains pays, comme la Grande-Bretagne, il n’existe même pas de registre central de statistiques de source gouvernementale

sur la violence à l'école en 2003.

Il est en conséquence difficile de quantifier l’évolution de la violence en milieu scolaire puisque les modalités de calcul ont

changé… Nous ne pouvons donc pas véritablement apprécier l’évolution du phénomène du point de vue statistique mais la tendance semble pourtant bien à la hausse (voir page 13).

… Mais comme l’écrit J

… Mais comme l’écrit J

… Mais comme l’écrit J

… Mais comme l’écrit J----M. Dumay :M. Dumay :M. Dumay :M. Dumay :

« Le sentiment d’insécurité croît toujours plus vite que l’insécurité elle-même ».

Y a t-il en fait hausse des signalements des faits de violence aux forces de police et à la Justice ?

Auparavant régnait la loi du silence : les phénomènes de violence étaient tus, cachés et ignorés, car ils représentaient une honte, un échec pour les enseignants et pour l’établissement dans son ensemble.

Du rôle des médias : Les médias sont grandement responsables de la visibilité du phénomène des violences scolaires.

Les médias en sélectionnant les cas les plus dramatiques et les spectaculaires, en amplifiant le phénomène de la violence à l’école ( "catastrophisme médiatique", “ surmédiatisation“, "dramatisation excessive"), engendrent angoisses et craintes du public et participent du sentiment d’insécurité de plus en plus intense.

En France, le logiciel de 98 (utilisé jusqu’à la rentrée 2001- 2002), collationnait, dans une même application les insultes

et menaces graves et les incivilités, "noyant ainsi les faits graves sous un flot d'incivilités". Seuls les actes graves, dont la définition a été précisée, sont désormais recensés

dans le nouveau logiciel « SIGNA ».

En vingt ans, le nombre des détenus a augmenté de 70 %.

Population carcérale :

Au 1-07-99 : 57844 personnes. 3,8 % (2198) des détenus étaient des femmes et 22,3 % (12899) des étrangers. Au 1er janvier 1999, 60,3 % des étrangers incarcérés étaient originaires d'Afrique (dont 20,6 % d'Algérie et 18,1 % du Maroc). 24,7 % étaient européens, 8,7 % venaient d'Asie et 5,8 % d'Amérique).

Au 1-07-2000 : 52122 et au 1-07-2001 : 49718

Au 1er août 2002, il y avait 55 879 détenus dans les prisons françaises .

En mars 2003 : 57 621 détenus en France

Avant 13 ans un enfant ne peut pas être condamné à une peine d’incarcération.

* Au 1er janvier 1993, il y a donc environ 10 ans, on décomptait 538 mineurs en prison dont 35 avaient moins de 16 ans

* 718 mineurs étaient incarcérés au 1er janvier 2000.

* 4117 mineurs sont passés par la prison en 1999 (soit deux fois plus qu’au début des années 90).

* Le nombre de mineurs mis en cause dans des faits de délinquance constatés par des services de police et de gendarmerie a été de 170 000 en 1999 (il était de 10 000 en 1994).

Ainsi : « Pendant un trimestre scolaire ordinaire, 13 fonctionnaires de l'école sont sérieusement agressés en France (soit environ 40 par an). Or le ministère de l'éducation nationale emploie près de 500 000 personnes dans l'enseignement secondaire (dont plus de 376 000 enseignants) ; les établissements accueillent plus de 5 500 000 élèves. La situation de l'enseignant agressé physiquement par un élève (ou par un parent d'élève) demeure donc heureusement rarissime. Mais l'impact médiatique de ces agressions est énorme, puisqu'il est possible d'en relater plus d'une par semaine de l'année scolaire. D'où cette apparence d'un phénomène omniprésent alors qu'en réalité, rapporté à l'ensemble du système éducatif, il demeure exceptionnel ».

LAURENT MUCCHIELLI L'école ne brûle pas, le Monde, février 2002.

(15)

Evolution de la violence scolaire :

L’enquête de Georges Fotinos et Michel Poupelin en 1993-94

Elle a porté sur 18 académies et apporte des éléments précis sur 2 d’entre elles.

Dans l’académie de Paris (2 150 000 habitants, 273000 élèves dans l’enseignement public et 136 000 élèves de l’enseignement secondaire), entre le 1/09/1993 et le 7 avril

1994, 215 actes de violence ont été répertoriés :

Types d’établissements :

Collèges Lycées professionnels Lycées d’enseignements général et technique

75,5 % 15,5 % 9 %

Le collège, qui scolarise actuellement 3 millions d’élèves en France, est « le maillon faible » du système.

Nature des actes de violence (certains incidents se cumulent) :

Violences

physiques

Agression verbale

Vols (sauf racket)

Racket Dégradations

58 % 35 % 12 % 6 % 16 %

Personnes concernées

(somme supérieure à 100 % car plusieurs catégories sont concernées pour un même acte de violence).

Elèves : Enseignants : Autres personnes : Parents : Jeunes extérieurs :

90,5 % 20,5 % 5 % 4 % 18,5 %

Localisation des actes de violence :

Dans la classe Dans la cour Devant

l’établissement

Dans les couloirs

Autres

30 % 20 % 14 % 10 % 26 %

A noter:

A noter: A noter:

A noter:

1 - La violence s’exerce surtout le matin à l’intérieur des établissements et lors des sorties :

Heures d’entrée 8,5 % Au cours de l’après-midi : 15 %

Récréation du matin 10,5 % Récréation du soir 6 %

Au cours du matin : 25,5 % Heures de sortie 16,5 %

Aucun incident au cours des sorties pédagogiques.

2 - Que « l’absentéisme est un des premiers signaux les plus perceptibles de l’éventuelle dérive sociale, familiale ou individuelle d’un élève » (enfant en danger ou enfant délinquant)... Une rapide intervention est « un

outil particulièrement efficace ».

3 - La mise en place, suite à un protocole Inspection Académique-Parquet, « d’une procédure de signalement direct » permet aux établissements scolaires de signaler directement au parquet (sans dépôt préalable de

plainte auprès des services de police) des délits avérés ...

Ces signalements ont permis de résoudre 95 % des affaires pénales dans un délai inférieur à 10 jours.

Simultanément, 241 actes de Simultanément, 241 actes de Simultanément, 241 actes de Simultanément, 241 actes de violence ont été recensés en violence ont été recensés en violence ont été recensés en violence ont été recensés en

S SS

Seine eine eine eine----Saint Saint Saint----Denis pour Saint Denis pour Denis pour Denis pour 293000 élèves.

293000 élèves. 293000 élèves.

293000 élèves.

(16)

Jean-Pierre Geslin, professeur agrégé à l’IUFM de l’académie de Créteil (site de Livry-Gargan),

Les faits de violence scolaire pénalisés de 1993 à 1997

d’après la direction centrale de la sécurité publique :

Jusqu’en 1993, les statistiques, en France, ne portaient que sur des crimes et des délits.

Il est difficile de comparer avec les années précédentes car ont été introduites en 1993 les

« violences légères et les voies de fait », les termes « coups et blessures volontaires » étant réservées aux « incapacités temporaires de travail de plus de 8 jours » et à l’utilisation d’armes.

1) violence à élèves (pour 14 millions d’élèves) .

* 1223 cas de racket en 1995 soit une augmentation de 7,09 % par rapport à 1994 (rappelons le chiffre de 1993 : 983 cas). Pour les cas élucidés : 16 % des agresseurs sont des filles (10,4 % en 1993) et 25 % des victimes sont des filles (14,5 % en 1993).

* 363 cas d’attentats aux mœurs en 95 soit + 23 % qu’en 94 (244 cas en1993). En 1993, on avait la répartition suivante :1 homicide (à Brest), 36 viols + 208 attentats à la pudeur.

* 1909 cas de violences légères et voies de fait (soit + 6,1 % qu’en 1994) :

* 987 faits de coups et blessures volontaires (avec arme ou incapacité temporaire de travail de + de 8 jours) soit une élévation de 6,5 % par rapport à 1994... dont 52,8 % (49 % en 1993) dans des établissements scolaires mêmes, 40,3 % (43 % en 1993) aux abords et 6,8 % (8 % en 1993) dans les transports scolaires. Dans les cas ou les coupables sont connus (soit 692 auteurs identifiés en 1995), 61,4 % (69

% en 1993) sont des élèves scolarisés à l’intérieur de l’établissement... on ne peut pas parler d’invasion extérieure...

Violences, agressions sexuelles, vols :

1993 1994 1995 1996 1997

Violences sur élèves avec arme à feu 29 (3,8%) 37 54 55 69

Avec arme blanche 70 (9,2 %) 89 153 216 240

Avec bombe lacrymogène 28 (3,7 %) 73 80 113 116

Avec arme par destination 52 (6,8 %) 64 97 142 173

Sans arme (ITT + 8 jours) 589 (76,5 %) 659 583 801 869

2) Les faits de violence scolaire pénalisés dirigés contre les personnels et les établissements en 1995, d’après la direction centrale de la sécurité publique :

* 390 cas de violences légères et voies de fait en 1995 (770 cas de dégradations volontaires en 1993).

* 3061 vols commis à l’encontre des personnes pour 1995 soit une diminution de 16,2 % par rapport à 1994 (3694 vols dont 2943 dans les établissements en 1993).

* 3441 cas de dégradations volontaires concernant les établissements soit + 22 % par rapport à 1994 (2425 cas en 1993 dont 167 par incendie).

* 6661 cas de vols à l’encontre des établissements (pas de chiffres en 1993 et 1994).

176 faits de coups et blessures volontaires (avec arme ou incapacité temporaire de travail de + de 8 jours) en 1995 (soit - 30 % qu’en 1994). Il y en avait eu 210 en 1993 (dont 195 dans les établissements scolaires mêmes). Toujours en 1995, 78,5 % se sont produits dans les établissements mêmes et 21,5 % aux abords. En 1993, 63 % des agresseurs étaient des élèves de l’établissement et la répartition (nous ne disposons pas des chiffres de 1995) était la suivante :

Violences, agressions sexuelles, vols :

1993 1994 1995 1996 1997

Violences avec arme à feu 5 (2,3%) 5 3 10 8

Avec arme blanche 8 (3,8 %) 8 11 19 21

Avec bombe lacrymogène 11 (5,2 %) 13 12 18 19

Avec arme par destination 13 (6,2 %) 13 22 38 54

Sans arme (ITT + 8 jours) 173 (82,3) % 209 128 164 178

Conclusion : les nombres ci-dessus paraissent particulièrement sous-évalués par rapport à la réalité, il semble « que le problème de la violence en milieu scolaire est traité en interne ... et qu’il faut pour l’évaluer d’autres indicateurs » (* ). (* ) extrait de « La violence en milieu scolaire : état des lieux » Eric Debarbieux ESF éditeur 1996.

La tendance est à la hausse (au moins pour les signalements…)

3) Les taux d’élucidation : 63 % pour le racket et 80 % pour les coups et blessures en général (dont 70 % quand se sont des élèves qui sont victimes d’autres élèves) en 1995.

Statistiques au 31/1/2002

- Près de 17 000 agressions dans les collèges et lycées - Actes de racket, tentative

ou extorsion : 3,6 % - Violences physiques :

30,4 % - Insultes ou menaces

graves: 23,1 % - Vols ou tentatives de vols

: 10,4 %

Source : Education nationale.

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