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Les Femmes

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Academic year: 2022

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LES FEMMES

L’absence de femmes parmi les fondateurs de l’intégration européenne ne doit pas laisser croire qu’elles n’ont joué aucun rôle par la suite. Dès la fin des années 1940, dans la France de la Quatrième République, des parlementaires s’engagent pour l’idée européenne : les gaullistes Marcelle Devaud et Irène de Lipkovski, la radicale Jacqueline Thome-Patenotre, Germaine Peyroles et Germaine Poinso-Chapuis parmi les « ultras de l’Europe » du MRP.

L’année 1979 est un tournant déterminant. Six ans seulement après l’entrée de son pays dans la CEE, Margaret Thatcher devient Premier ministre britannique. Pour la première fois, au Conseil européen, siège une femme… et huit hommes. Elle sera la seule jusqu’en 1990. Angela Merkel depuis 2005, n’est que la deuxième femme dont l’étendue de son pouvoir exécutif peut lui permettre de jouer un rôle décisif dans la construction européenne. 1979 est également marquée par l’arrivée des femmes dans un Parlement européen désormais élu au suffrage universel. Dès la première séance solennelle, le discours inaugural de Louise Weiss, doyenne de l’assemblée, et l’élection de Simone Veil comme présidente impriment la marque des femmes sur l’institution. Les élues vont très vite faire preuve d’un réel engagement au service de l’Europe, tandis que beaucoup de députés – notamment français – sont retenus par d’autres mandats électoraux et une vie politique nationale qu’ils estiment la seule capable de leur assurer la notoriété. Aussi, nombreuses sont les eurodéputées à se voir confier des responsabilités dans l’organigramme du Parlement ; Simone Veil incarnant un modèle dans lequel toutes, quelles que soient leurs idées politiques, se reconnaissent.

La présidence Veil (1979-1982) est insuffisamment reconnue comme un épisode de la construction européenne au cours duquel émerge une nouvelle institution, une nouvelle force qui faisait défaut jusqu’alors : la dimension démocratique. Certes, cette dernière mettra longtemps à prendre de l’épaisseur, mais le mouvement était lancé et la pleine participation des femmes au fonctionnement et aux travaux du Parlement européen est un signe important de démocratisation. Il faudra attendre 1989 et la deuxième commission Delors pour que deux femmes, Christiane Scrivener et Vasso Papandreou, soient nommées commissaires européennes. Ces « premières » gagnent la reconnaissance des partenaires européens, souvent davantage que dans leurs propres pays. Parmi les noms français qui peuvent être cités : Nicole Péry ou Marie-Claude Vayssade, Elisabeth Guigou ou Edith Cresson qui toutes, dans des responsabilités diverses ont participé à la politique européenne de la France, sans oublier Catherine Lalumière, seule femme à avoir été secrétaire générale du Conseil de l’Europe à l’époque si décisive de l’effondrement du communisme en Europe. Vingt ans après Simone Veil, une autre Française, Nicole Fontaine, devient la deuxième femme présidente du Parlement européen (1999-2002). Toutes se battent pour faire avancer les droits des femmes en Europe.

Dès les années 1960, les associations de femmes se sont appuyées sur le traité de Rome, en particulier son article 119 sur l’égalité de rémunération, pour réclamer l’égalité entre les hommes et les femmes. Dans le nouveau parlement de 1979, une commission des droits des femmes est créée sous l’impulsion d’Yvette Roudy. Son travail est poursuivi ensuite par d’autres instances qui peuvent compter sur le service Informations Femmes de la Commission européenne animé par Fausta Deshormes la Vallé et qui publie notamment la revue Femmes d’Europe. En s’alignant progressivement sur les pays les plus avancés, les directives européennes permettent aux droits des femmes de progresser partout en Europe. Les femmes le comprennent et s’organisent, par exemple en créant le Lobby Européen des Femmes (LEF) au début des années 1990. Lors des campagnes nationales pour la ratification du traité de Maastricht, les associations féminines et féministes se mobilisent pour montrer aux femmes tout ce que l’Europe a pu leur apporter. En France, elles sont 53 % à voter « oui », contre 49 % des hommes.

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Ces chiffres montrent qu’il faut aborder avec précaution la question de l’attitude électorale des femmes à l’égard de la construction européenne. Si l’on identifie assez bien une attitude eurosceptique chez les électrices des pays scandinaves – peut-être par crainte de voir des avantages acquis remis en cause par un alignement européen vers le bas – le vote des Françaises a évolué. D’une méfiance à l’égard de l’Europe, bien indiquée par les marqueurs d’opinion dans les années 1950 et 1960, les femmes ont pu prendre conscience de la contribution européenne dans l’affirmation de leurs droits. Pour autant, depuis 1992, l’adhésion des femmes au projet européen a subi une érosion notable liée à une orientation libérale qui les inquiète. Lors du référendum sur le projet de traité constitutionnel de 2005, elles ont été 46 % à voter « oui » (contre 44 % des hommes). Il y a là un enjeu majeur du présent européen.

Références bibliographiques :

- Yves Denéchère, Ces Françaises qui ont fait l’Europe, Paris, Audibert, 2007, 287 p.

- Jacques Capdevielle, « La construction européenne confrontée aux attentes des Françaises », French Politics, Culture and Society, vol. 20 (1), 2002, pp.58-67.

- Agnès Hubert, L’Europe des femmes, identités en mouvement, Editions Apogée, 1998, 183 p.

Yves Denéchère Professeur d’histoire contemporaine Université d’Angers – UMR CERHIO

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