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La France et le patrimoine, des actions majeures de valorisation et de protection

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Academic year: 2022

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LFIK nov 2020

Objet conclusif

La France et le

patrimoine, des actions majeures de

valorisation et de

protection

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Introduction

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Introduction :

- En 2017, le président Macron créée la « Mission de sauvegarde du patrimoine », confiée à Stéphane Bern. Ses missions : identifier les monuments en péril, en financer la sauvegarde. Sa principale source de financement, outre le mécénat et le financement participatif, est le « Loto du patrimoine », événement annuel démarré en 2018 : l’édition 2019 a permis de récolter 22 millions d’€. Cette mission témoigne de la pluralité des acteurs investit dans la question patrimoniale :

- L’implication de l’Etat, via des organismes qu’il soutien, dans la sauvegarde du patrimoine - L’intervention d’acteurs divers (mécènes, personnalités, etc.)

- L’attachement des Français à la sauvegarde du patrimoine national

Depuis 1959, la gestion du patrimoine en France est prise en charge par l'État via le ministère de la Culture, qui veille tant à sa préservation qu'à sa mise en valeur.

Progressivement, suivant l'élargissement de la notion de patrimoine, les acteurs mais également les enjeux de la politique publique dans ce domaine se multiplient et se complexifient. En témoignent le classement en 2012 au patrimoine mondial de l'Unesco du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais (lieu de mémoire + facteur de développement local), et l'inscription en 2010 du repas gastronomique des Français sur la liste du patrimoine culturel immatériel (qui nourrit le rayonnement de la France dans le monde).

- Comment le patrimoine français, riche et diversifié, est-il géré ? Par qui ? Comment concilier valorisation et protection du patrimoine ?

1 L’ÉVOLUTION DE LA GESTION DU PATRIMOINE FRANÇAIS PAR LES POUVOIRS PUBLICS A - L’État, un acteur historique de la conservation du patrimoine

La France possède un patrimoine culturel d’une grande richesse. 45 sites sont classés au Patrimoine mondial de l’humanité. La plupart sont des sites culturels de province, hérités du moyen-âge (Mont-Saint Michel en Bretagne) ou de l’époque moderne (Port de la Lune à Bordeaux). L’occupation ancienne du territoire (celtes, gaulois, romains) et l’ancienneté de sa politique patrimoniale expliquent en partie cette richesse.

La conscience patrimoniale de l’Etat français nait avec la Révolution française : face aux risques de dégradations liés à la « passion révolutionnaire» qui voudrait effacer les traces de l’Ancien régime, des institutions de sauvegardes sont créées : les Archives nationales (1790) ou le conservatoire national des Arts et Métiers (1794).

A partir de 1830, l'État identifie et classe les biens à sauvegarder. A la tête de l'inspection générale des monuments historiques (fondée en 1830), Prosper Mérimée, inspecteur général de 1834 à 1870, fait dresser la liste de monuments dont la restauration est prioritaire. Il confie ainsi la restauration de la cité de Carcassonne et du Mont-Saint-Michel à l'architecte Eugène Viollet-le-Duc.

Des institutions étatiques sont créées pour former des professionnels du patrimoine : l'École du Louvre (1882) forme par exemple les conservateurs des musées et les techniciens de la restauration du patrimoine. La IIIe République renforce la législation en matière de patrimoine à travers une série de lois. Celle de 1913 sur les monuments historiques et souvent considérée comme fondatrice des POLITIQUES PUBLIQUES patrimoniale

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B • L’âge d’or de la politique patrimoniale (1980-1990)

Tout au long des décennies1980 et 1990, les politiques publiques s’appuient sur une active médiatisation de l’action patrimoniale. Le patrimoine devient un enjeu politique et sociétal, qui participe de la politique de démocratisation culturelle. Les manifestations se multiplient: l’année du patrimoine en1980, les journées portes ouvertes des monuments historiques en1984, qui deviennent les journées européennes du patrimoine. L'Etat n’hésite pas à faire la promotion de sa politique patrimoniale, thème désormais inscrit dans les projets des candidats à l’élection présidentielle.

Parallèlement, la gestion publique s’élargit à de nouveaux champs, les«nouveaux patrimoines», urbain, industriel, ethnologique, archéologique.Cette territorialisation du patrimoine engendre une gestion plus décentralisée des politiques publiques. Les collectivités locales prennent dorénavant en charge la valorisation et la protection du patrimoine de proximité au travers des commissions régionales du patrimoine historique, archéologique et ethnologique.

C • Des politiques patrimoniales décentralisées aux moyens insuffisants (1990-…)

Progressivement, on est passé d’une politique patrimoniale nationale, unitaire et centralisée à une politique plurielle, décentralisée et tournée vers

l’immatériel. Le patrimoine rural, les objets du quotidien, les productions audiovisuelles, les savoir-faire et les arts et traditions populaires sont entrés dans la

chaîne patrimoniale. Face à cette évolution, plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer une inflation patrimoniale. Aujourd’hui, les politiques patrimoniales sont

décentralisées et l’État agit davantage en partenaire qu’en initiateur des projets. L’action des collectivités territoriales, au travers des directions régionales

des a

aires culturelles (DRAC), constitue un enjeu à la fois économique, identitaire et culturel. Le patrimoine est un moteur du développement local alors que

51% des monuments historiques appartiennent aux collectivités locales qui doivent en assurer l’entretien. Mais les moyens se révèlent insuffisants. Le budget

de la préservation du patrimoine s’est en e

et réduit pour atteindre, en2019, 3% du budget du ministère de la Culture, soit un milliard d’euros. Le mécénat est

encouragé, notamment depuis le vote de la loi Aillagon en 2003. Les acteurs privés sont également sollicités lors de grandes catastrophes comme après

l’incendie de Notre-Dame de Paris. Et il est fait appel à la souscription publique, par le biais d’un loto du patrimoine lancé en septembre 2018. Or ces

initiatives témoignent en fait des difficultés à financer la sauvegarde du patrimoine en péril.

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jalon 2 : La patrimonialisation, entre héritage culturel et reconversion : le bassin minier du Nord - Pas-de-Calais

Jalon

A • Une patrimonialisation à caractère identitaire

La patrimonialisation du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, dans les Hauts-de-France, soulève deux points essentiels: d’une part, un phénomène de territorialisation des biens à sauvegarder et, d’autre part, la reconnaissance institutionnelle du patrimoine industriel. Le dossier présenté à l’Unesco en vue d’un classement concerne toute une région: un territoire de 4 000 hectares s’étendant sur 120 kilomètres de long et 12 kilomètres de large, regroupant 87 communes et 353 éléments de patrimoine minier. Cette région est riche de sites qui témoignent de son passé minier, initié en 1720 avec la découverte de charbon à Fresnes-sur-Escaut, et achevé en1990 avec la fermeture de la fosse de Oignies. Cette emprise multi-séculaire a modelé le paysage, la culture et l’identité des populations. Les chevalements, fosses et autres terrils sont autant de témoins du quotidien des mineurs que les cités ouvrières, les écoles et les dispensaires. Le bassin minier apparaît ainsi comme le reflet de la société minière, dans ses aspects technique, paysager et culturel.

La sauvegarde de cet ensemble de biens n’est pas allée de soi et a demandé du temps. En effet, les régions industrielles ont légué un patrimoine considéré comme «encombrant» car composé de monuments dont le critère n’est pas esthétique mais plutôt identitaire et mémoriel. C’est grâce à la mobilisation d’érudits locaux et d’anciens mineurs que sont créés les premiers musées de la mine, comme celui d’Escaudain ouvert dès1978, avant que la reconnaissance internationale ne vienne de l’Unesco.

B • Une mise en valeur entre muséification et reconversion

Quand l’activité minière a cessé, la patrimonialisation du bassin s’est accélérée afin de maintenir l’identité du lieu et de le faire connaître au plus grand nombre. Si une partie est restée en l’état, figée, comme pour mieux rendre compte du passé, la politique de sensibilisation au passé industriel s’est accompagnée d’un processus de muséification.Le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais est labellisé dans la catégorie «patrimoine culturel évolutif vivant» de l’Unesco. Il s’agit de montrer que le passé industriel des lieux reste vivant, qu’il est adaptable et donc recyclable. La démarche revient donc à préserver, sous une autre forme, pour continuer à faire vivre.

Les traces laissées par l’activité minière doivent guider l’aménagement de l’espace tout en revivifiant économiquement une région longtemps marquée par la mono-industrie. Cet élément est primordial tant en termes d’emplois que de ressources dans la dynamique du développement local. Ainsi, à Loos-en-Gohelle, l’ancien carreau de mine a été transformé en scène de spectacle et en pépinière d’entreprises liées au développement durable. Sur le site de Wallers-Arenberg, les décors du film Germinal de Claude Berri ont contribué depuis 2015 à reconvertir le lieu en site innovant appelé à devenir un pôle d’excellence en images et médias numériques.

Enfin, le Louvre-Lens, implanté sur la fosse 9-9bis et inauguré en 2012, est un symbole fort de la reconversion d’un héritage du passé minier en haut lieu culture

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Jalon 3 : Le repas gastronomique des Français facteur de rayonnement culturel et objet d’action diplomatique

Jalon

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A • Un savoir-faire culturel, outil de soft power

En 2010, le repas gastronomique des Français entre sur la liste du patrimoine immatériel de l’Unesco. L’organisation internationale a choisi de reconnaître, non pas une recette en particulier ou un élément culinaire, mais plutôt une pratique sociale liée à la gastronomie. C’est donc le plaisir de préparer les mets mais aussi de les goûter, de les partager, de les servir ainsi que le temps passé à table qui sont ici célébrés et reconnus. Car derrière l’appellation «repas gastronomique», c’est la convivialité inhérente au moment du repas qui est concernée par cette labélisation. En France la gastronomie est associée à une culture, elle intègre des valeurs et fait partie intégrante de l’identité du pays.

Dans le monde entier, ce savoir-faire gastronomique français attire: il s’est largement développé, en particulier en Amérique du Nord et au Japon, où il est synonyme du raffinement de la culture française. L’installation à l’étranger de restaurants de chefs étoilés français, comme Alain Ducasse ou Joël Robuchon, à New York et Tokyo, constituent des marqueurs culturels du prestige de la France.

L’utilisation de la gastronomie comme outil de soft power s’est accélérée depuis le classement du repas gastronomique des Français par l’Unesco, à l’initiative du président Nicolas Sarkozy. La France est alors devenue le premier pays à inscrire sa gastronomie sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité.

B • Une diplomatie de la gastronomie

Outre cette fonction de vecteur du rayonnement culturel, la gastronomie a été constituée comme objet diplomatique, et ce depuis fort longtemps. Sous Louis XIV avec l’intendant François Vatel et surtout sous l’Empire avec le chef Antonin Carême, l’art culinaire et la politique sont liés. Et lors du congrès de Vienne en1814, l’ambassadeur Talleyrand affirme:

«Donnez-moi de bons cuisiniers, je vous ferai de bons traités.» Le repas gastronomique vise alors autant à démontrer la grandeur et l’opulence du pays qui reçoit qu’à détendre les rivalités entre les nations. Cette diplomatie de la gastronomie a fait l’objet de recherches académiques, notamment par la politologue américaine Johanna Mendelson-Forman qui distingue deux concepts. Le premier est celui de diplomatie culinaire, renvoyant à l’utilisation des repas pour transmettre un message. Les mets qui sont servis ou la place que l’on occupe à table visent à faciliter le dialogue entre responsables politiques et à rendre hommage à l’hôte pour mieux arriver à un accord. Le second concept est celui de gastro-diplomatie, mettant en évidence l’utilisation de la gastronomie comme une marque au service de la politique nationale, afin de faire connaître son pays.

Le repas gastronomique des Français, tel que reconnu par l’Unesco, participe de ces deux concepts. Il bénéficie à ce titre d’un large prestige: ainsi, en 1961, pendant le mandat de John Fitzgerald Kennedy, la Maison Blanche embauche un chef français au poste de White House Chief Executive. Aujourd’hui, la diplomatie de la gastronomie n’est pas, ou plus, une spécificité française. Pour preuve, il existe depuis 1977 un Club des chefs des chefs d’État, considérés comme une forme de «G20 de la gastronomie». Ses membres avancent que les cuisiniers sont des ambassadeurs de leur culture lors des manifestations diplomatiques. Les visites d’État en particulier sont ainsi l’occasion de dîners fastueux, organisés tel un plan de bataille, avec un menu et une disposition spécifiques. Ceux-ci répondent à des choix politiques et stratégiques–épater les invités, négocier des contrats ou des traités de paix, renforcer les liens diplomatiques–, avec pour enjeu principal de montrer sa puissance, fût-elle culinaire

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