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Géographie Économie Société : Article pp.499-510 du Vol.9 n°4 (2007)

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Géographie, économie, Société 9 (2007) 499-510

GÏOGRAPHIE ÏCONOMIE SOCIÏTÏ GÏOGRAPHIE ÏCONOMIE SOCIÏTÏ

Comptes Rendus

Dumont, Gérard-François, 2007, Démographie politique. Les lois de la géopolitique des populations, Paris, Ellipses, 498 pages

Voici un livre ambitieux à l’heure où les sciences sociales souffrent d’une approche micros- copique des phénomènes et se réfugient dans des études de terrain sans prétention théorique.

L’auteur situe la démographie politique à la confluence de deux branches de la géographie, la géopolitique et la démographie (au sens de géodémographie). Il énonce dix lois (au sens de régularités) permettant de comprendre comment se nouent les rapports entre les dynamiques démographiques et les décisions géopolitiques, à la fois internes et externes, d’un État.

D’une lecture agréable, l’ouvrage balaie de nombreux exemples historiques pour illustrer les différentes lois qu’il prétend dégager. Ainsi la « loi du nombre », qui peut paraître tautologique, fait de la Chine ou de l’Inde des acteurs géopolitiques désormais incontournables. D’autres, plus subtiles (lois de stimulation et de langueur ; loi du diffé- rentiel), permettent par exemple de corréler le déclin géopolitique de la France avec la perte de son poids démographique relatif en Europe et dans le monde. Le même phéno- mène s’observe aujourd’hui avec la Russie. Les phénomènes de génération, la répartition des genres, l’étude des diasporas, les phénomènes d’attirance et de repoussement (pour les migrations), la composition interne des États entre différents groupes sont successi- vement étudiés. L’auteur montre la nécessité de prendre en compte simultanément ces différentes lois démographiques, d’autant que les variations démographiques, presque imperceptibles à court terme, prennent, dixit Sauvy, leur revanche à long terme.

Revers de la médaille, on peut regretter que l’auteur simplifie excessivement des phé- nomènes historiques qui recèlent des dimensions sociales, économiques, religieuses ou politiques. En outre, s’il existe indéniablement des corrélations entre évolutions démo- graphiques et conséquences géopolitiques, elles sont plutôt de l’ordre du constat ; le terme de « lois » semble alors excessif, d’autant que leur formulation est assez floue, et qu’elles sont, de ce fait, difficilement réfutables.

Paul Cary Université de Nanterre

© 2007 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

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Camagni, Robert, Maillat, Denis, eds., 2006, Milieux innovateurs, Paris, Économica- Anthropos, 500 pages

L’allusion aux milieux innovateurs (MI), inévitablement, fait penser au regretté Philippe Aydalot que j’ai croisé à Dijon au temps où il n’en finissait plus d’en finir avec sa thèse sur les présumées retombées de l’exploitation des gaz de Lacq. Heureusement pour lui et pour nous, une fois débarrassé de cette importante étape du parcours du combattant et de quelques autres, il a pris la direction de la Silicon Valley pour y déceler les secrets de sa réussite. Ce fut suffisant pour l’inciter à mettre d’aborder les études régionales en tenant compte des attitudes sociales et des comportements des acteurs liés à des territoires et impliqués dans leur évolution et leur transformation. Ces territoires sont plutôt homogènes et abritent des systèmes de production spécialisés ; ils s’appuient sur des ressources territoriales spécifiques ; ils s’articulent autour d’un tissu de PME avant tout, avec parfois la présence de grandes entreprises, où l’on observe l’existence de réseaux de coopération et d’échanges fondés sur des relations à la fois marchan- des et non marchandes. On comprendra que l’on y retrouve certaines des caractéristiques pro- pres aux districts industriels ou autres systèmes de production locaux. Et Maillat de poursui- vre : ces systèmes fonctionnent indépendamment de l’évolution des entités individuelles qui les composent ; ils entretiennent des relations avec l’extérieur (entreprises, marchés, centres de recherche). On voit qu’ils ne fonctionnent pas en vase clos, tout au contraire. Et notre ami, qui fut l’un des piliers du GREMI dont il assuma le secrétariat, assène le grand coup : c’est le milieu qui est innovateur. Dans les systèmes territoriaux dotés d’un milieu c’est l’ensemble des acteurs qui participe au processus innovateur. Un diktat que reprendra inévitablement pres- que chacun des quinze collaborateurs de cet ouvrage. Ainsi, A . Matteacioli et M. Tabariés, qui ouvrent le bal avec l’historique du GREMI, ne tardent pas à reproduire la fameuse citation de 1986 rapportée ad nauseam par moult auteurs (ici comme ailleurs) : l’entreprise innovante ne préexiste pas aux milieux locaux, elle est secrétée par eux1. Citation reprise en première partie par Maillat lui-même en soulignant que l’entreprise n’est pas un agent innovateur isolé ; elle est partie d’un milieu qui la fait agir. Dans la deuxième partie de l’ouvrage, le regretté Richard Gordon en rajoute, toujours en s’appuyant sur le maître à penser : ce n’est ni l’entrepreneur ni l’entreprise qui innove, mais le milieu.

Il y a une dizaine d’années, lors d’un colloque ASRDLF à Toulouse, dans un atelier pré- sidé par mon ami Maillat, j’ai bien tenté, humblement, sur la base de mes travaux sur les PME rurales au Québec (où il n’y a pas de milieu), de montrer que l’entreprise pouvait innover sans milieu, mais le temps a manqué au président pour me commenter. Deux ans plus tard, lors d’un autre colloque, sur mes terres cette fois, j’ai repris mon argumentation en présence de d’Olivier Crevoisier pour qui j’ai fait en sorte qu’il ait tout le temps voulu pour que l’on ait un débat véritable sans invalider les thèses du GREMI, ce qui n’était pas mon propos.

Un texte reconstitué d’Aydalot permet d’aller directement aux sources où on peut lire : Le passé des territoires, leur organisation, leurs comportements collectifs, le consensus qui les structure sont des composantes majeures de l’innovation. On trouve dans ce texte un tableau qui présente les différents types de MI suivant que le marché du travail soit en

1 Lors d’un atelier que je présidais en 1990, à l’occasion d’un colloque conjoint ASRDLF et ACSR en Nouvelle-Écosse, les quatre conférenciers s’étaient référé chacun à leur tour à Philippe Aydalot. Ce qui m’avait conduit à dire qu’il était de loin le plus cité d’entre nous.

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développement par l’aval ou par l’amont, dans un contexte de grandes entreprises ou de petites entreprises et suivant que les régions aient ou non une tradition industrielle. Pour sa part, V. Peyrache-Gadeau, dans un texte déjà paru dans la RERU (Revue d’économie régionale et urbaine) ne manque pas de souligner qu’Aydalot, à travers le renouveau de ses questionnements, grâce à ses intuitions innovatrices, a participé à la naissance d’un champ théorique nouveau : celui d’une nouvelle économie régionale qu’il appelait de tous ses vœux et que l’on identifie aujourd’hui à l’économie territoriale. Rien de moins…

Dans une première partie intitulée : Les concepts fondateurs et leur évolution, Maillat définti le MI comme un ensemble territorialité dans lequel les interactions entre agents économiques se développent par l’apprentissage qu’ils font de transactions multilatérales génératrices d’externalités spécifiques à l’innovation et par la convergence des apprentissa- ges vers des formes de plus en plus performantes de gestion en commun de ces ressources.

Quelque 70 pages plus loin, dans un autre texte, il écrit que cet ensemble territorialité cor- respond à un environnement technologique et de marché qui intègre et maîtrise des savoir- faire, des règles, des normes de production localisée. Pour sa part, R. Camagni offre ce qui semble être un texte original. Le professeur de Politecnico di Milano fait le plaidoyer d’une théorie dynamique de l’espace économique en analysant tout d’abord les caractéristiques d’un nouveau paradigme utilisé pour interpréter le changement économique. Ensuite, il approfondit la notion d’incertitude et ses rapports avec les fonctions qui dans l’entreprise sont destinées à y faire face. Enfin, à ce schéma théorique, le président du GREMI relie les nouveaux comportements en réseaux des entreprises qui se développent tant au niveau local, informel qu’au niveau formel et transectorial. Puisque l’on ne peut éviter l’allusion aux réseaux, disons qu’ici ils sont définis comme des ensembles fermés de liens sélection- nés et explicites avec des partenaires préférentiels, dans l’espace des actifs complémentai- res et des relations de marché de l’entreprise, dont le but est la réduction de l’incertitude dynamique. Cette première partie se termine avec un texte d’O. Crevoisier tiré lui aussi de la RERU. Le collègue de D. Maillat à Neuchâtel insiste en entrée de jeu pour signaler qu’une approche territorialisée des problèmes économiques repose sur une épistémologie différente qui tend aujourd’hui à s’affirmer de plus en plus clairement. Une figure repré- sente les paradigmes des milieux innovateurs et le développement économique territorialité.

L’approche par les MI pose comme ontologiquement égaux ces paradigmes Au nombre de trois, ils se rapportent aux aspects organisationnels, technologique et territorial. En ce qui regarde ce dernier, le territoire se voit défini ici comme une organisation qui lie entreprises, institutions et populations locales en vue de son développement économique.

La deuxième partie intitulée Approfondissements thématiques et méthodologiques comprend trois textes dont le « classique » de Maillat, Crevoisier et Lecoq encore une fois tiré de la RERU. On y trouve la description des quatre dimensions qui cernent bien le concept de MI : soient les dimensions économiques, historiques, cognitives et normatives.

De son côté, Camagni, à son tour. livre son « classique » de la RERU2 : Compétititvité, milieux locaux et apprentissage collectif : une contre-réflexion critique. Deux thèses se trouvent ici développées. D’abord, la solidité de la notion de compétitivité territoriale à cause du rôle que joue le territoire dans le processus de construction des connaissances.

2 S’il doit y avoir un GREMI 7, il est à souhaiter qu’à son tour GE&S se voit offrir la chance de publier le résultat de ses travaux.

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Ensuite, certaines lois gouvernant l’économie des échanges internationaux n’agissent pas au niveau intra-national. De ces réflexions il se dégage – on s’en doutait - que les territoires sont en compétition entre eux.

La troisième partie Relations avec d’autres courants nous place en présence d’un texte tiré de la thèse de V. Peyrache-Gadeau qui parle de socio-économie territoriale en portant son attention à l’origine territoriale des dynamiques économiques. Vient plus loin un autre « classique » toujours tiré de la RERU sous la plume de Maillat et Kebir sur les learning régions. On nous rappelle que le concept de learning region s’inscrit dans le paradigme de la learning economy qui considère l’économie comme un processus de communication et de causalité cumulative en opposition à un système d’équilibre.

La dernière partie Politiques régionales, en plus d’un texte de M. Quévit présente un autre texte bien connu de D. Maillat suivi d’une conclusion de R. Camagni. Alors que Maillat évoque la possibilité d’une quatrième génération de politiques économi- ques après avoir décrit les trois premières, Camagni ferme la marche sur deux pistes de recherche possibles. La première se rapporte à une possible convergence entre la tradition d’économie territoriale typique du GREMI et la tradition plus formalisée, quantitative et économétrique de la nouvelle macroéconomie. La deuxième se rap- porte à la capacité de dégager des champs nouveaux et pertinents d’application des concepts et de l’approche GREMI, par exemple : celui des politiques pour avancer dans la société de la connaissance.

Voilà un livre que d’aucuns trouveront opportun d’avoir dans leur bibliothèque per- sonnelle afin de ne pas se voir forcés à courir après d’anciens numéros de la RERU ou après d’autres ouvrages collectifs et autres documents de travail pour se rafraîchir la mémoire ou pour les citer à bon escient dans de futures publications.

André Joyal Université du Québec à Trois-Rivières

© 2007 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

Cary, Paul, 2007, La politique introuvable ? Expériences participatives à Recife (Brésil), Paris, L’Harmattan, 282 pages

Cet ouvrage m’a beaucoup plu. Si je n’hésite jamais à souligner les faiblesses d’une publi- cation, comme on le verra, avec ce volume je n’ai, pour l’essentiel, que des commentaires positifs mis à part le titre que j’estime inapproprié. Une politique introuvable ? Où peut-on trouver LA politique ? En France, suite aux résultats du 17 juin dernier peut-être ?1Allons.

Quant au sous-titre, il n’est que partiellement pertinent, car un tiers du volume se rapporte à la démocratie participative. Sur la base de mes 31 séjours au pays Tom Jobin (jamais comme touriste), dans 17 États différents depuis 1992, j’estime que le titre de cet ouvrage

1 Sûrement pas davantage au Canada où un gouvernement élu par le tiers de la population fait la pluie et le beau temps.

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aurait pu être : Brésil : un pays à la fois fascinant et désespérant, en conservant le sous-titre tel quel. En effet, si je n’ai séjourné dans capitale du Pernamouco qu’à deux reprises, ce qui est décrit, de façon fort habile, s’applique à toutes les villes du Nordeste et, j’ajoute sans hésiter, à l’ensemble des grandes villes du quintuple champion de la Coupe du Monde. En prenant en considération que Paul Cary, docteur en sociologie de Paris X, déjà auteur d’un ouvrage le commerce équitable, est né en 1979, on ne peut que lui souhaiter la bienvenue dans le club des jeunes auteurs qui suscitent de beaux espoirs.

En introduction, en faisant allusion au régime politique qui a succédé en 1988 à 24 ans de dictature militaire, notre jeune auteur dresse le constat que les choses n’ont guère progressé. Ce qui me rappelle le titre de ma conférence lors d’un séminaire international à l’Université fédérale du Sergipe, à Aracaju, en décembre 2006 : Brasil 2006 : mais ordem e mais progresso ? J’avais paraphrasé la devise du Brésil en arrivant au constat qu’il était difficile de voir davantage (mais) d’ordre et de progrès à travers les années récentes2.

À travers ce livre, l’auteur s’est donné pour objectif de montrer la nécessité de prê- ter attention aux dynamiques sui surplombent « la » politique en examinant comment se déroulent les expériences se rapportant à la démocratie participative et à l’économie solidaire. Cette dernière, (o terceiro setor), il importe de le signaler, s’est développé à la vitesse grand V dans l’ensemble du pays ces dix dernières années. Mais, et c’est là un des grands intérêts de ce volume, l’auteur ne se complaît pas dans des descriptions à l’eau de rose comme il nous est donné de lire trop souvent quand il est question de ce sujet. Au contraire, d’entrée de jeu, il annonce devoir montrer l’aspect ambigu de ces pratiques qui souffrent dans leur déroulement d’une présence excessive de certains leaders ou autorités politiques à la faveur d’enjeux de profit et de pouvoir. En d’autres mots, on prévient le lecteur que la description de la mariée qui sera faite ne la présentera pas plus belle qu’elle ne l’est en réalité.

La première partie a pour un titre : Recife : ville de contrastes. Quand on sait que souvent les agences de voyage utilisent cette expression pour présenter le Brésil, je suis fort aise d’écrire que les contrastes mis ici en évidence s’appliquent pour le pays dans son entier. Allons-y avec des caractéristiques qui me sont très familières :

• Les condominios fechados (gated communities aux États-Unis) : Il s’agit de rien de moins que des enclaves sous la forme de tours (predios) bien emmurées ou, comme au pays de l’oncle Sam, sous la forme d’un quartier tout aussi bien emmuré avec gardiens ou vigiles aux diverses entrées ;

• L’automobile : L’obsession de leur propriétaire consite à bien fixer le système anti-vol au moment de garer la voiture non sans retirer une partie du poste de radio. Et, comme le fait remarquer Cary : On ne manque pas de relever la vitre une fois arrêté à un feu rouge.

Alors qu’en Occident ce sont surtout les jeunes délinquants qui conduisent dangereuse- ment, au Brésil, tous (ou presque) les automobilistes sont des conducteurs irrespectueux du code de conduite, donc dangereux ;

• Protection des domiciles : au-dessus de certains murs qui entourent une résidence on peut observer des tessons de verre coulés dans le béton fait remarquer l’auteur. Il aurait pu aussi faire allusion aux fils barbelés électrifiés que l’on aperçoit de plus en plus ces dernières années suite à l’aggravation des vols avec effraction non seulement à Rio ou à

2 Pour consoler mon auoitoire, j’ai affirmé que l’on pouvait faire le même constat avec le Canada et la France…

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São Paulo, mais maintenant presque partout (mais progresso e mais ordem vous dites ?) ;

• Les clubs privés : oublions celui, aussi célèbre que sélectif, en plein cœur de Rio où un collègue privilégié m’a amené le jour où Guga a remporté le tournoi de Barcelone qui allait lui conféré le titre de tennisman núumero um. Comme l’écrit notre jeune docteur : Si on ne souhaite pas sortir de la ville pour aller à la plage on peut passer au Club privé…

Encore davantage si la plage se trouve à 2 000 kilomètres comme c’est le ça à Uberländia (MG) où, de ma vie, je n’ai pu voir ailleurs un club aussi impressionnant, même pas au pays de G. debelawe Bush. Oui, ces clubs favorisent l’entre-soi et on s’y retrouve entre habitués et on profite d’un bon churrasco ;

• Les empregadas (femmes de ménages) : la main-d’œuvre est abondante, donc bon marché, alors, pourquoi s’en priver ? Un jeune collègue de l’âge de mon fils était tout heu- reux de nous inviter à dîner mon épouse et moi non sans nous avoir présentés, l’empregada, la cuisinière et la baba (gardienne d’enfant). Rien de moins. La super woman n’est pas une Brésilienne de classe aisée, beaucoup s’en faudrait ;

• Les vendeurs informels : si comme l’écrit l’auteur : Descendre dans la grande avenue Conde de Boa Vista vers midi est une véritable épreuve tellement les vendeurs informels (tolérés, à défaut de mieux, depuis le début des années 1990) se sont appropriés le trottoir, chaque ville à l’équivalent ;

• l’importance des écoles privées : Avec la montée du néolibéralisme dans les années 1980, l’État a coupé dans le financement du secteur public. Résultat : pour espérer envoyer un jour leurs rejetons à l’université, les parents recourent au secteur privé.

• La classe riche : avec raison, l’auteur signale que les riches (je dirais la classe moyenne aussi, pour autant qu’elle existe vraiment) ignorent les pauvres. Alors, comme il l’écrit : pourquoi les plus fortunés se soucieraient des centres-villes délabrés puisque qu’ils les ont désertés ?

De toute évidence, Cary a bien saisi la dynamique urbaine au Brésil, mais il aime trop le pays pour aller jusqu’à dire que Recife, à l’image de toutes les grandes villes brésilien- nes (oublions Rio qui, de par ses attributs géographiques, se trouve dans une catégorie à part) est une ville laide, sale et polluée non seulement par le C02 mais aussi par le bruit.…

Il a fallu seulement dix ans pour que le Centre-ville de Brasilia se brésilianise. Une mise en garde : vaut mieux attendre qu’un Brésilien signale cette réalité lui-même sinon le coq (portugais) peut sortir ses ergots. Là aussi, ce coq a le cocorrico facile…

Le deuxième chapitre de cette première partie se rapporte plus spécifiquement à Recife et surtout à son quartier Caranguejo Campo Tabaiares où interviennent de nom- breuses ONG. L’auteur explique bien que le mot caranguejo (crabe) fait référence à la présence polluante de ce crustacé à l’époque où l’endroit était une zone de marées et de mangrove (?). Si son livre est bien documenté, les différents auteurs étant toujours cités à bon escient, de toute évidence, Cary semble bel et bien ignorer Josué de Castro rendu célèbre par La géographie de la faim. C’est en 1933 que ce fils de Recife a publié Le cycle du crabe dont je me permets une citation : « Avec la chair des crabes, née de la boue, ils fabriquent la chair de leur corps et la chair du corps de leurs enfants, les corps de cent mille citoyens faits de la chair de crabe. Tout ce que l’organisme rejette retourne à la boue du mangle pour redevenir crabe. » Je ne peux qu’être d’accord avec la descrip- tion se rapportant aux ONG en particulier celles oeuvrant dans les favelas ayant pu en visiter moi-même à quelques reprises. Oui, à l’image de ce qui existe partout où l’homme

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met le pied, on trouve du meilleur et du pire. Ici le lecteur se voit offrir des exemples du meilleur. Effectivement, s’il existe de petits potentats et si certains profitent des Forum sociaux mondiaux pour se transformer en jet-setters grassement subventionnés, la majo- rité des intervenants dans les ONG brésiliennes font la preuve de leur dévouement et de leur désintéressement. Mais, avec réalisme, ici il est reconnu que certains font tout pour préserver leurs espaces de pouvoir.

Avec la deuxième partie on en arrive au cœur de l’ouvrage avec ce qui se rapporte aux fameux budgets participatifs (orçamento participativo) qui n’ont pas manqué de séduire la candidate malheureuse - mais néanmoins toujours souriante - aux dernières présidentielles françaises, probablement trop bien gavée des articles dithyrambiques sur le sujet qu’aime publier Le Monde diplomatique. Ce qui est décrit me rappelle le fameux L’autogestion c’est pas de la tarte de Marcel Marmoz3. Oui, vaut mieux ne pas chercher à réunir les gens le soir d’un grand match de foot et vaut mieux terminer les rencontres avant certaines télénovelas… Aussi, et plus important, c’est l’observation à l’effet que ces séances sont quelque peu illusoires étant donné le rôle exercé par les leaders com- munautaires alliés de la mairie. On aura compris, que plus souvent qu’autrement, les dés sont pipés. L’auteur pose alors la question : l’économie sociale et solidaire présente-t-elle une alternative à l’économie dominante ? Ma réponse est la même depuis vingt ans : non, mais elle joue en parallèle un rôle important, voire essentiel.

Viennent ensuite des considérations intéressantes sur la politique sociale de Lula incar- née par le fameux programme Fome Zero qui se retrouve à l’intérieur du vaste programme Bolsa Familial. C‘est vrai que l’on n’a fait que reprendre, en leur donnant plus de vernis et plus de tonus, des politiques déjà mises en œuvre par l’administration précédente. C’est vrai que l’on se demande si ce faisant on donne du poisson sans montrer à pêcher. On retrouve ici toute la question entourant l’assistancialismo : la dépendance envers l’assistance sociale.

Avec le premier chapitre de la troisième partie La division sociale c’est à nouveau du Brésil avant tout dont il est question. Il y est bien sûr question de l’énorme disparité dans les revenus et la quasi-impossibilité de mettre de l’avant une politique de redistri- bution. Qui, à part les Scandinaves, sait vraiment redistribuer ? Ici, alors que l’auteur y voit surtout l’obstruction venant des riches qui veulent conserver leurs différences, à mon avis il y a plus. Car les Brésiliens - qui œuvrent dans le secteur formel - paient beaucoup d’impôt. Mais : « l’argent ne se rend pas ». m’a-t-on dit souvent. Moins à cause de la corruption que dû à l’extrême lourdeur bureaucratique (en comparaison la France, ici, passe pour efficace n’ayant pas besoin du despachante). En ce qui regarde le chapitre Une ville violente, je le répète, hélas, il s’applique à l’ensemble du pays. On peut lire que : la société brésilienne souffre d’une profonde absence d’institution démocratique. En effet.

Les deux derniers chapitres se rapportent plus particulièrement à la réalité de Recife avec l’ethnographie d’un terrain de basket (mais encore, si on va à Copacabana ou à Leblond on y trouvera des similitudes) et surtout avec le mouvement culturel mangue (qui fait oublier fort heureusement le cycle du crabe d’avant–guerre).

Enfin, l’auteur, dans la première partie, met en exergue une citation : «C’est beau- coup mieux qu’avant (mais progresso…), on ne peut modifier 500 ans d’histoire en quelques années » (en fait, mieux vaut ne pas être pressé). Si cet ouvrage est issu d’une

3 Seuil, 1977.

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thèse, une réécriture complète n’en laisse guère de trace si ce n’est les 2.0, 2.1, et autres 2.5 que l’on retrouve en tête des sections dans tous les chapitres. On ne lui tiendra pas trop rigueur de deux citations identiques d’Habermas (1992, p. 386). Le style très alerte est dépourvu de toutes les lourdeurs académiques associées à une thèse. Et sur- tout, reconnaissons comme disait l’autre que : « La valeur n’attend pas le nombre des années. » Car l’auteur fait la preuve d’une très grande maturité de jugement. Je ne peux que lui souhaiter un voyage de part et d’autre du Brésil pour qu’il nous en fasse une description critique d’un aussi bon niveau.

André Joyal Université du Québec à Tr

ois-Rvières

© 2007 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

Itçaina, X., Palard, J., & Ségas, S., eds, 2007, Régimes territoriaux et développe- ment économique, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 329 pages

Commençons par la conclusion de Y. Lung qui considère que : « ce volume constitue un exemple remarquable de réflexion pluridisciplinaire : politistes1y côtoient économis- tes, géographes, aménageurs, sociologues et autres chercheurs en sciences sociales pour confronter leurs approches du développement économique territorial » Mon collègue de Montesquieu Bordeaux IV se fait juge et partie en recourant au terme « remarquable » mais le lecteur ne lui en tiendra pas vraiment rigueur car, effectivement, il trouvera ici un ouvrage susceptible de répondre à ses attentes. Les 26 collaborateurs qui se sont partagé 20 chapi- tres à l’intérieur de quatre parties sont reliés à l’un et l’autre des trois centres de recher- che de l’Institut d’études politiques de Bordeaux dont le Centre de recherche et d’étude sur le Canada et le Québec (merci pour la distinction…). Contrairement à ce à quoi les ouvrages collectifs nous ont habitués, celui-ci ne semble pas être issu d’un colloque où on aurait su, comme toujours, joindre l’utile à l’agréable. En effet, à en juger parce qu’écrivent en introduction X. Itçaina et J. Palard, cet ouvrage serait avant tout le fruit d’échanges et de confrontations interdisciplinaires. Mes collègues et compatriotes P.A. Julien et M.U.

Proulx seront agréablement surpris du clin d’œil que leur font ces deux auteurs en les pla- çant en bonne compagnie : C. Courlet, B. Pecqueur, B. Ganne, P. Veltz, et M. Storper pour ne pas les nommer tous. Ces noms s’expliquent par le questionnement auquel se rapporte l’ouvrage : De quoi dépend la réussite économique ? Quelle part de mérite faut-il attribuer à l’acteur entrepreneur et au système social ? De quoi procède l’innovation des produits et des procédés dans des territoires encore marqués par les traditions ? En quoi l’innovation favo- rise-t-elle une rupture dans les rapports sociaux ? Ou encore : dans quelle mesure la notion d’identité territoriale constitue-t-elle un facteur explicatif des configurations économique locales ? En se rapportant à la notion de régime territorial on estime que les contributeurs à cet ouvrage rendent compte de la complexité que renferme ce concept.

1 C’est la première fois que je rencontre ce vocable. Au Québéc, après avoir toujours utilisé le mot

« politicologue », depuis une quinzaine d’années c’est le mot « polititologue » qui est entré dans l’usage courant.

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La première partie intitulée : Qualités du territoire et développement économique : hérit- age et stratégie débutent avec une contribution de mon collègue Uqamien, Benoit Lévesque, dont je fus un collaborateur à la fin des années 80. Connaissant ses écrits, il n’a sûrement eu aucun mal à dresser un tableau historique de l’évolution du développement local au Québec.

S’il a cru opportun de citer un article que j’ai publié en…1989 (que j’avais complètement oublié), j’aurais préféré une référence à mon ouvrage publié en 2002 dans lequel on trouve sensiblement ce qui est décrit ici. Seule exception bien sûr : la loi de 2003 qui a donné lieu aux Conférences régionales des élus (CRÉ au nombre de 18) qui confère davantage de pouvoirs aux maires par rapport à Monsieur Tout le monde qui ne représente bien souvent que son auguste personne ou des groupes d’influence non sujets au verdict populaire. Les informations que j’ai recueillies sur ces CRÉ me font croire qu’il s’agit là d’une heureuse initiative de la part d’un gouvernement pour lequel je n’ai pourtant jamais voté… Quant à ce que l’auteur écrit à propos de l’institutionnalisation de l’économie sociale, je suis tout à fait d’accord et lui sais gré de le reconnaître ce que refusent de faire les plus chauds partisans québécois de ce type d’éco- nomie. Suit un chapitre dû à la plume d’un collègue camerounais portant sur l’expérience plu- tôt malheureuse de certaines coopératives agricoles. L’auteur se demande si on n’a pas raison de parler de l’Afrique comme étant un « cimetière des coopératives ». Mais non cher ami ! Des coopératives, il s’en crée et en meurt partout. Au Québec, par contre, en plus des secteurs agri- coles et financiers, grâce justement à l’institutionnalisation de l’économie sociale, des cops connaissent un franc succès dans le domaine de l’entretien domestique. Toujours à propos des coopératives, le chapitre suivant, sous la responsabilité de X. Itçaina, se rapporte au pays basque. Suite à un intéressant tableau des initiatives en matière de coopération dans le pays basque français, vient une allusion à l’incontournable exemple de Mondragon, outre frontière.

L’auteur se rapporte ici à un colloque tenu en 2005 en Basse-Navarre où deux interventions ont su retenir son attention. La première portait sur la théorie et la seconde sur les méthodes de gestion et les contraintes de l’inter na tio na li sa tion. Cette dernière aurait commencé ainsi :

« Bien. Cela, c’était l’idéologie. Je vais vous expliquer à présent comment nous faisons pour gagner de l’argent ». Or j’ai entendu exactement les mêmes propos il y a…25 ans à HEC Montréal de la part d’un représentant de Mondragon. En réponse aux commentaires réproba- teurs des défenseurs de l’orthodoxie coopérative (assez près de B. Lévesque), le conférencier avait sèchement répondu : « Si nous sommes des coopérateurs, nous ne faisons pas partie d’organismes de charité… » Vlan ! Tiens toé !2ça m’avait frappé il va sans dire. On oublie un moment les coopératives pour passer aux PME québécoises avec l’exemple mythique de la Beauce québécoise3à la faveur d’une contribution de J. Palard. Le mot mythique est de moi.

Peu de Québécois ignore le succès de la PME beauceronne. Ça va « tellement bien » dans cette région que l’auteur a raison de mentionner qu’à Saint-Joseph4 on a longuement hésité à transformer la société de développement économique en un Centre local de développement sous la tutelle du gouvernement québécois comme partout ailleurs. On ne voulait pas changer une formule gagnante. Mais a-t-il raison d’écrire que le développement industriel beauceron participe d’un type de dynamique collective et de rapports analogues à l’identité territoriale comme le soutiennent de nombreux observateurs ? Ici, je réfère le lecteur intéressé (et mon

2 Vieux français encore utilisé au Québec.

3 100 kilomètres au sud de Québec jusqu’à la frontière américaine.

4 Prononcez Saint ‘oseph…

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collègue Palard) à un chapitre d’un ouvrage recensé dans ses pages (Cf GES, 7, 2005, p 429) où je précise que trois auteurs québécois dressent un tableau tout à fait différent de nature à détruire un certain mythe. Enfin, j’ai en mémoire cette remarque cinglante d’un collègue de l’UQAR lors d’un colloque sur le développement rural5: Le succès des PME en Beauce s’ex- plique par l’absence de syndicats, donc par les bas salaires versés. Revlan… Tiens toé !

La deuxième partie, Secteurs et territoires débute par une contribution de G. Benko qui fournit une intéressante genèse du vocable « territoire ». On peut lire que le territoire résulte d’une construction sociale, d’une œuvre humaine. Il est formé d’un espace géo- graphique et d’une organisation sociale. Ce sont les valeurs humaines qui construisent les territoires aux yeux du directeur de GES. Les territoires ont une vie et une mort et sont vus ici comme un mouvement de territorialisation-déterritorialisation. Avec le chapitre de Y.

Dupuis, J.-P. Gilly et Y. Lung, il fallait s’y attendre, il allait être question d’économie de proximité. Pour ces auteurs, l’espace n’est pas neutre et ne peut demeurer le parent pauvre de l’analyse économique. La référence à la proximité se rapporte ici à la géographie, à l’organisationnel (on va jusqu’à évoquer la proximité organisée) et à l’institutionnel. En faisant suite au chapitre précédent, il est bien précisé ici que le territoire n’est pas donné a priori, mais en tant que construction sociale, il résulte bel et bien du jeu des acteurs. Et les auteurs en arrivent à proposer une définition de la gouvernance territoriale vue comme un processus de construction d’une compatibilité entre différentes proximités institution- nelles unissant des acteurs géographiquement proches (…)

La troisième partie Nouveaux outils d’intervention sectorielle débute par un chapitre de M. Grossetti sur les effets de l’innovation. Je n’ai pu manquer d’être interpellé par la section intitulée : Les mythes du développement économique local. De quels mythes s’agit-il ? On y trouve une allusion à des Mélanésiens croyant que les blancs obtiennent des richesses sans travailler… Ce qui me frappe ici c’est que l’auteur, comme d’ailleurs beaucoup de ses com- patriotes, n’utilise pas toujours l’expression développement local de façon pertinente. Si bien que l’expression devient alors aussi galvaudée que celle du développement durable. C’est à croire qu’il se fait du développement local et du développement durable partout. Ceci me rap- pelle la boutade de mon collègue de l’UQAR, Bruno Jean qui, dans le numéro de la RCSR cité par B. Lévesque (où j’ai cet article oublié), parle de pléonasme d’un goût douteux si on fait allusion à des initiatives localisées, car le développement exige nécessairement une localisa- tion. Alors, pourquoi ne pas parler tout simplement de développement économique comme il est fait pour le titre de cet ouvrage ? Pourtant les Français ont les contributions de X. Greffe et de B. Pecquer6 pour savoir une idée précise de ce qu’est le développement local. Deux chapi- tres plus loin, quatre auteurs se partagent une réflexion sur l’insertion par l’économique. Voilà un sujet que je connais bien ayant été sensibilisé au milieu des années 1980 aux entreprises intermédiaires. Il s’agissait à l’époque de structures mises sur pied par des travailleurs sociaux remplis de bonne volonté mais pas très doués pour la gestion. Quelques années plus tard, sous le nom d’entreprises d’insertion, ces structures, qui donnent emploi et formation aux jeunes exclus du marché régulier du travail, sauront gagner leurs lettres de noblesse et ser- viront du modèle au Québec. On considère ici que ces entreprises s’appuient sur une vision issue des approches reliées au développement local. Je ne peux être d’accord si on pense ici que le développement local (à noter si nécessaire…) se caractérise par la conjugaison

6 Cités dans cet ouvrage par d’autres auteurs.

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d’une double finalité (économique et sociale). Mais, la finalité sociale exige un financement particulier, c’est pourquoi, avec raison, les auteurs évoquent la « chasse aux subventions ».

Dure réalité. Avec le chapitre dû à YA. Fauré portant sur l’impuissance économique des municipalités brésiliennes, je me retrouve, une fois de plus, en terrain familier. J’en veux pour preuve le fait d’être déjà allé à Nova-Fribourgo7 une des quatre villes à la base de l’étude ici utilisée. C’est avec soulagement que j’ai pu lire que la notion de développement local ayant servi de référence aux investigations intègre bien les dimensions particulières à cette approche que d’aucuns (dont B. Pecqueur ici cité) désigne sous l’appellation « déve- loppement territorial ». Étant en accord avec l’essentiel de cette contribution, je ne peux que déplorer deux absences . D’abord le plus bel exemple de développement local qu’il m’a été donné d’observer, soit celui de Pirai, petite ville sise au sud de Rio. À la décharge de l’auteur, je comprends que ses collègues brésiliens ignorent ce qui se passe dans leur propre cour… Plus difficile à comprendre, cependant, c’est l’absence d’allusion au fameux SPL de lingerie fine de Nova-Friburgo donné continuellement en exemple au Brésil par ceux qui s’intéressent au sujet (pas la lingerie fine… Mais les systèmes de production locaux).

La dernière partie Nouveaux outils de coopération internationale offre l’occasion de reve- nir sur l’économie sociale avec la contribution de S. Ségas. Plus précisément, il est ici ques- tion d’organisation de l’économie sociale et solidaire (OESS) avec une référence au « pays » comme espace de traduction des intérêts locaux. Vient ensuite un bel effort de synthèse de B. Pecqueur intitulé Le tournant territorial de la globalisation. En se référant à l’économie des territoires, notre ami grenoblois retient trois éléments : la société et la communauté sont en osmose ; le fonctionnement et l’organisation des systèmes locaux de production sont marqués par l’historicité et la mémoire collective et, enfin, la nécessité de prendre en compte la récipro- cité. Par cette dernière caractéristique, l’auteur veut signifier que la relation marchande n’est pas seule dans l’ordre de la coordination. Une intéressante section montre bien la nécessaire distinction qui s’impose entre l’avantage comparatif et l’avantage différenciatif. Avec ce der- nier, j’ai en tête l’exemple des crevettes de mon collègue PA. Julien. Si on veut concurrencer les Asiatiques, il faut imaginer une crevette présentée sous une forme… différente. Les deux derniers chapitres offrent des exemples mexicains et polonais.

Voilà un ouvrage qui ne demande pas d’être parcouru d’un couvert à l’autre mais qui, à n’en pas douter, permettra aux uns et aux autres, de trouver chaussure à leur pied. Ceci, bien sûr, dans la mesure où les aspects territoriaux reliés au développement économique répondent un tant soit peu à l’intérêt du lecteur.

André Joyal Université du Québec à Trois-Rivières

© 2007 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

Roca, Z., Spek, T., Terkenli T., Plieninger, T., Höchtl, F., European landsca-

7 Une ville crée peu après les guerres napoléoniennes alors que les paysans de la région de Fribourg crevaient de faim et, en désespoir de cause, se sont retrouvés dans d’autres montagnes à 150 kilomètres à l’ouest de Rio.

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pes and lifestyles. The Mediterranean and beyond, eds, 2007, Ed. Universitarias Lusofonas, Lisbonne, 400 pages

Un recueil d’articles issus d’un colloque organisé en 2004 par le PECSRL (Conférence européenne permanente pour l’étude du paysage rural) et centré sur les paysa ges méditer- ranéens. L’ouvrage veut apporter une contribution à une « histoire ouverte » des relations entre nature et société en Europe, en prêtant attention aux paysages et aux modes de vie.

Principalement centré sur la nature, la culture, et l’économie méditerranéennes, le livre se confronte aussi à des questions de méthode.

L’ouvrage, à la finition particulièrement soignée et abondamment illustré, aborde des thématiques très diverses (l’histoire du paysage méditerranéen, l’impact du tourisme sur les paysages, la biodiversité et l’agriculture, les problèmes méthodologiques en matière de recherche sur les territoires…). Paul Claval relate notamment la transformation pro- gressive de la Méditerranée dans la géographie française : d’un simple « contenant » à un genre de vie ; d’une nature immuable à une construction historique des paysages. On lira aussi avec intérêt la contribution de PJ Howard sur la perception de la Méditerranée à travers la peinture. L’article de Zoran et Maria Roca insiste sur le fossé entre une rhétori- que pro-identitaire, qui souligne le caractère central des paysages dans la construction des identités territoriales, et des pratiques qui vont plutôt dans le sens de « la fin des territoi- res » (Badie), en concourrant à la dégradation et à l’uniformisation des paysages.

La diversité des exemples abordés (de recherches sur Knossos, en Crète, ou sur une cité disparue du Péloponnèse, à la construction identitaire tourmentée de l’Istrie slovène) a pour contrepartie une forte hétérogénéité dans la qualité des contributions et nuit à l’écriture d’une réelle synthèse quant à l’état de la recherche sur le thème.

Pour autant, à l’heure où l’Union Européenne peine à trouver son unité, l’ouvrage nous éclaire sur les chemins tortueux de la construction identitaire des paysages méditerranéens et européens.

Paul Cary Université de Nanterre

© 2007 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

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