Géographie, économie, Société 9 (2007) 119-120
GÏOGRAPHIE ÏCONOMIE SOCIÏTÏ GÏOGRAPHIE ÏCONOMIE SOCIÏTÏ
doi:10.3166/ges.9.119-120 © 2007 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.
Éditorial
Conflits d’usages et dynamiques spatiales Les antagonismes dans l’occupation des espaces
périurbains et ruraux (II)
Thierry Kirat*
Chargé de recherche au CNRS, IRISES – Université de Paris Dauphine
et
André Torre
Directeur de recherche à l’INRA, UMR SAD-APT
Ce numéro de Géographie Economie et Société poursuit le dossier consacré à la ques- tion des conflits d’usage dans les espaces ruraux et périurbains, dont la livraison avait été entamée avec la sortie du numéro 3 (juillet-septembre 2006). Egalement consacré à la présentation de différents travaux portant sur les relations conflictuelles et leurs moda- lités d’expression, avec un regard particulier sur la dimension spatiale, il comprend cinq articles, qui présentent des facettes convergentes des analyses francophones contempo- raines de la conflictualité et insistent sur les dimensions pluridisciplinaires de l’étude des conflits. L’article de Lucie Dupré met l’accent sur la nature anthropologique des conflits d’environnement, étudiée sous l’angle de deux formes de politiques d’environnement : d’une part, un dispositif « sanctuariste » de protection d’une réserve biologique végétale et, d’autre part, un dispositif de concertation dans la mise en œuvre d’un site Natura 2000.
La démarche ethnographique de Lucie Dupré lui permet de soutenir que les conflits d’en- vironnement amènent les collectifs à se redéployer, avec des différences, dans les espaces
*Adresses email : thierry.kirat@dauphine.fr, torre@inapg.inra.fr
Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur ges.revuesonline.com
Thierry Kirat et André Torre / Géographie, économie, Société 9 (2007) 119-120 120
ruraux, tout en y assurant leur pérennité dans l’espace et dans le temps. L’article de Luc Bossuet repose sur une étude sociologique de cinq communes rurales où se déroulent des conflits d’usage et de voisinage. Il soutient que les situations conflictuelles observées en milieu rural sont certes révélatrices de l’antagonisme des intérêts des groupes sociaux en présence, mais qu’elles témoignent dans le même temps d’une recherche de nouveaux équilibres sociaux, économiques et politiques. Une démarche assez proche est suivie par Eleni-Christina Sotiropoulou, dans son étude des conflits d’appropriation des espaces villageois en Grèce, qui mettent en scène deux groupes sociaux d’importance : les vil- lageois et les « originaires », essentiellement citadins, qui gardent un lien fort avec les communautés villageoises d’origine. Elle révèle que les espaces villageois deviennent un objet d’appropriation, un enjeu social, qui se définit à travers les rapports qu’entretiennent différents groupes sociaux et interviennent, ce faisant, dans la construction de l’espace rural. L’article de Myriam Simard est, lui aussi, consacré à la recomposition sociodémo- graphique des espaces ruraux dans le cas d’une région du Québec, mis en regard croisé avec la France et le Royaume-Uni. L’implantation de nouvelles populations rurales est un phénomène plus récent qu’en Europe, marqué par la simultanéité de conflits, de tensions et d’alliances et de solidarités qui font germer de nouveaux espaces communs. Enfin, l’article de Thierry Kirat et André Torre se déplace sur un autre territoire : celui du statut des conflits dans la théorie économique. L’économie et les conflits est, dans l’ensemble, l’histoire d’un dialogue manqué. Les auteurs explorent plus précisément l’analyse des conflits au sein des théories économiques de l’espace, des théories dont l’intérêt marqué pour cette question résulte de la conjonction des préoccupations en matière de politiques publiques locales et d’environnement. Ils concluent en argumentant en faveur de perspec- tives pluridisciplinaires sur les conflits d’usage et de voisinage.
Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur ges.revuesonline.com