Minist`ere de l’ ´Education Nationale, de l’Enseignement Sup´erieur, de la Formation des Cadres
et de la Recherche Scientifique
Pr´esidence du Concours National Commun 2008
´Ecole Nationale de l’Industrie Min´erale ENIM
Concours National Commun d’Admission aux
Grandes ´Ecoles d’Ing´enieurs ou Assimil´ees
Session 2008
´E PREUVE DE M ATH EMATIQUES ´ II
Dur´ee 4 heures
Fili`ere MP
Cette ´epreuve comporte 4 pages au format A4, en plus de cette page de garde L’usage de la calculatrice estinterdit
L’´enonc´e de cette ´epreuve, particuli`ere aux candidats de la fili`ere
MP
, comporte 4 pages.L’usage de la calculatrice est
interdit
.Les candidats sont inform´es que la qualit´e de la r´edaction et de la pr´esentation, la clart´e et la pr´ecision des raisonnements constitueront des ´el´ements importants pour l’appr´eciation des copies. Il convient en particulier de rappeler avec pr´ecision les r´ef´erences des questions abord´ees.
Si, au cours de l’´epreuve, un candidat rep`ere ce qui lui semble ˆetre une erreur d’´enonc´e, il le signale sur sa copie et poursuit sa composition en expliquant les raisons des initiatives qu’il est amen´e `a prendre.
Sur les classes de similitude de matrices carr´ees d’ordre 2
L’objectif de ce probl`eme est d’´etudier quelques propri´et´es topologiques des classes de simili- tudes de matrices carr´ees `a coefficients r´eels ou complexes en liaison avec la diagonalisabilit´e.
Notations et rappels
Dans ce probl`eme,Kd´esigne le corps des r´eels ou celui des complexes (K=RouC) etM2(K) l’alg`ebre des matrices carr´ees d’ordre2`a coefficients dansK; la matrice identit´e se noteraI2.GL2(K) d´esigne le groupe des matrices inversibles deM2(K).
Pour toute matriceAdeM2(K),tAd´esigne la matrice transpos´ee deA,tr (A)sa trace,detAson d´eterminant etSpK(A)l’ensemble des valeurs propres deAappartenant `aK.
SiA ∈ M2(C), on appelle matrice conjugu´ee deAet on noteA, la matrice deM2(C) dont les coefficients sont les conjugu´es de ceux deA; la matrice transpos´ee de la matriceAse noteraA∗.
On rappelle que deux matricesAetBdeM2(K)sont ditessemblablesdansM2(K)s’il existe une matrice P ∈ GL2(K)telle queA = P BP−1. Il s’agit d’une relation d’´equivalence surM2(K); les classes d’´equivalence de cette relation sont ditesles classes de similitudedeM2(K).
I. R´esultats pr´eliminaires
1. (a) V´erifier que siA ∈ M2(K), la classe de similitude de la matrice A dansM2(K), not´ee SK(A), est ´egale `a{P AP−1; P ∈GL2(K)}.
(b) Donner la classe de similitude d’une matrice scalaire, c’est `a dire une matrice de la forme xI2avecx∈K.
2. Pour toutλ∈K, on pose Eλ =
1 λ
0 1
et Fλ=
1 0
λ 1
.
(a) Justifier que, pour toutλ∈K,EλetFλsont inversibles et exprimer leur inverses.
(b) SoitA=
a b
c d
∈ M2(K); calculer les produitsEλAEλ−1etFλAFλ−1o `uλ∈K.
(c) On suppose que la classe de similitudeSK(A)deA∈ M2(K)est r´eduite `a un singleton.
Montrer queAest une matrice scalaire.
3. PourA=
a b
c d
∈ M2(K), on poseAS=
|a|2+|b|2+|c|2+|d|21/2 . (a) Montrer queA−→ ASest une norme surM2(K).
(b) V´erifier que, pour tout A ∈ M2(K), AS =
tr (AA∗) et que si U ∈ M2(K) est une matrice v´erifiantU U∗=I2alorsAS =U AU∗S =U∗AUS.
´Epreuve de Math´ematiques II 1 / 4 Tournez la page S.V.P.
4. On suppose que la classe de similitudeSK(A)de la matriceA∈ M2(K)est born´ee.
(a) Justifier que les parties{EλAEλ−1; λ∈K}et{FλAFλ−1; λ∈K}deM2(K)sont born´ees.
(b) En d´eduire queAest une matrice scalaire.
5. Que peut-on dire d’une matriceB ∈ M2(K)dont la classe de similitude est compacte ? 6. Montrer que les applicationsA−→tr (A)etA−→detAsont continues surM2(K).
7. Montrer que siAetBsont deux matrices semblables deM2(K), elles ont le mˆeme d´eterminant, la mˆeme trace et le mˆeme polyn ˆome caract´eristique.
II. Condition pour qu’une classe de similitude deM2(K)soit ferm´ee
1. SoitA∈ M2(K).
(a) SiSpK(A) ={λ, µ}, justifier queAest semblable dansM2(K) `a la matrice
λ 0
0 µ
. (b) Si SpK(A) = {λ}, montrer que A est diagonalisable dans M2(K) si et seulement si
A=λI2.
(c) SiSpK(A) = {λ}etA n’est pas une matrice scalaire, montrer queAest semblable dans M2(K) `a la matrice
λ 1
0 λ
. 2. SoitA∈ M2(K).
(a) SiAest une matrice scalaire, justifier que la classe de similitudeSK(A)deAdansM2(K) est ferm´ee.
(b) SiSpK(A) ={λ}etAnon diagonalisable, on poseAk=
2−k 0
0 1
λ 1
0 λ
2k 0
0 1
, k∈N.
´Etudier la suite(Ak)k∈Net en d´eduire que la classe de similitudeSK(A)n’est pas ferm´ee.
(c) SiSpK(A) ={λ, µ}, soit
PkAPk−1
k∈Nune suite d’´el´ements deSK(A)qui converge vers une matriceB ∈ M2(K). Soitα∈{λ, µ}.
i. ´Etudier la suite
Pk(A−αI2)Pk−1
k∈Net en d´eduire quedet(B−αI2) = 0.
ii. Montrer alors queB ∈SK(A)et conclure queSK(A)est ferm´ee.
3. Montrer que siA∈ M2(C)alorsSC(A)est ferm´ee si et seulement siAest diagonalisable dans M2(C).
4. SoitA∈ M2(R)une matrice telle queSpR(A) =∅.
(a) Justifier que4detA−(tr (A))2 >0. Dans la suite, on pose A = 2
δ
A−tr (A) 2 I2
etA= 1 2
tr (A) −δ δ tr (A)
avecδ : =
4detA−(tr (A))2.
(b) Montrer queA2 =−I2.
(c) On notefl’endomorphisme deR2canoniquement associ´e `aAet on consid`ere un vecteur non nuledeR2. Montrer que la famille(e, f(e))est une base deR2et ´ecrire la matriceA1 defdans cette base.
(d) ExprimerA en fonction de A1 et en d´eduire que les matrices A etA sont semblables dansM2(R).
(e) Soit
PkAPk−1
k∈N une suite d’´el´ements de SR(A) qui converge vers une matrice A˜
´el´ement deM2(R).
i. Montrer quetr ( ˜A) = tr (A)etdet ˜A= detA.
ii. Justifier alors que les matricesAetA˜sont semblables dansM2(R).
5. Montrer que si A ∈ M2(R) alors SR(A) est ferm´ee dans M2(R) si et seulement si A est diagonalisable dansM2(R)ou bienSpR(A) =∅.
III. Une caract´erisation des matrices diagonalisables deM2(K) 1. Un r´esultat de r´eduction
On muni le K-espace vectoriel K2 de son produit scalaire canonique not´e (.|.); la norme associ´ee est not´ee.. Ainsi(K2,(.|.))est un espace euclidien siK=Ret hermitien siK=C.
SoitG∈ M2(K); on notegl’endomorphisme deK2 canoniquement associ´e `aG. On suppose de plus queSpK(G)=∅siK=R.
(a) Justifier que les racines du polyn ˆome caract´eristiqueχGdeGsont toutes dansK.
Dans la suite, on d´esigne par λ et µ les racines de χG (´eventuellement confondues) ; ce sont les valeurs propres de g. On choisi un vecteur propre u1 de g, associ´e `a la valeur propre λ, qu’on compl`ete en une base (u1, u2) de K2 et on note (u1, u2) la base orthonorm´ee de(K2,(.|.))obtenue en appliquant le proc´ed´e de Schmidt `a(u1, u2).
(b) Rappeler les expressions des vecteursu1etu2 en fonction des vecteursu1etu2.
(c) On noteU la matrice de passage de la base canonique(e1, e2) deK2 `a la base(u1, u2).
Montrer queU U∗=I2. (on pourra exprimer les coefficients deU `a l’aide du produit scalaire).
(d) On noteT la matrice degdans la base(u1, u2). Justifier queT est de la forme
λ α
0 µ
et queG=U T U∗. Que vautGS?
2. Calcul d’une borne inf´erieure
On consid`ere une matriceA∈ M2(K)avecSpK(A) =∅siK=R, et on d´esigne parλetµles valeurs propres deA(´eventuellement confondues).
(a) Justifier que l’ensemble{P AP−1S; P ∈GL2(K)}poss`ede une borne inf´erieure.
(b) Montrer que, pour toute matriceB ∈SK(A),BS
|λ|2+|µ|2. (c) Montrer qu’il existeα∈Ktel que, pour tout r´eel non nult, la matrice
λ tα
0 µ
∈SK(A).
(d) D´eduire de ce qui pr´ec`ede que inf
B∈SK(A)BS =
|λ|2+|µ|2.
(e) Montrer queAest diagonalisable dans M2(K) si et seulement si la borne inf´erieure de l’ensemble {P AP−1S ; P ∈ GL2(K)} est atteinte. (pour montrer que la condition est suffisante, on pourra utiliser le r´esultat de la question1.)
3. Application
On consid`ere une matriceA∈ M2(K)avecSpK(A) =∅siK=R, et on d´esigne parλetµles valeurs propres deA(´eventuellement confondues).
On suppose que la classe de similitudeSK(A)deAest ferm´ee.
(a) Justifier qu’il existe une suite Pk
k∈Nd’´el´ements deGL2(K) telle que, pour tout entier naturelk,PkAPk−1S
|λ|2+|µ|2+k+11 .
´Epreuve de Math´ematiques II 3 / 4 Tournez la page S.V.P.
(b) En consid´erant une sous-suite convergente de la suite
PkAPk−1
k∈N, dont on justifiera pr´ealablement l’existence, montrer que la matriceAest diagonalisable dansM2(K).
IV. Cas d’une matrice r´eelle n’ayant aucune valeur propre r´eelle
On consid`ere une matriceM ∈ M2(R)n’ayant aucune valeur propre r´eelle, ce qui signifie que SpR(M) =∅. On a d´ej`a vu que 4detM−(tr (M))2>0; on pose alorsδ: =
4detM −(tr (M))2 et M= 2
δ
M− tr (M) 2 I2
, M = 1 2
tr (M) −δ
δ tr (M)
.
On rappelle queM2 =−I2et on notef l’endomorphisme deR2canoniquement associ´e `aM. 1. On noteM =
a b
c d
; justifier que la matriceMest de la formeM =
α β
γ −α
, o `uα,βet γsont des r´eels `a pr´eciser en fonction dea,b,cetd, puis v´erifier queα2+βγ=−1.
2. Pour tout vecteur v = (x, y) de l’espace euclidien (R2,(.|.)), exprimer le produit scalaire (v|f(v)) et montrer qu’il existe un vecteur non nul e ∈ R2 tel que la famille
e, f(e) soit orthogonale. Justifier quef(e)= 0.
3. Un tel vecteur e´etant choisi, on pose u1 = e1 .eet u2 = f(e)1 .f(e); V´erifier que(u1, u2)est une base orthonorm´ee de l’espace euclidien(R2,(.|.))et ´ecrire la matriceM1 def dans cette base.
4. On noteU la matrice de passage de la base canonique(e1, e2)deR2 `a la base(u1, u2); justifier queU est une matrice orthogonale et exprimer M en fonction de M1 puis en d´eduire que M =U M2tU o `uM2 = 1
2
tr (M) −δ
δ tr (M)
,´etant un r´eel>0`a pr´eciser.
5. On sait, d’apr`es les parties pr´ec´edentes, que l’ensemble{P M P−1S; P ∈GL2(R)}poss`ede une borne inf´erieure et que les matricesM etMsont semblables dansM2(R).
(a) Justifier que inf
B∈SR(M)BS MS =√
2detM.
(b) Montrer queM2S MS et que, plus g´en´eralement, BS √
2detM pour toute matriceB ∈SR(M). Que vaut alors la borne inf´erieure inf
B∈SR(M)BS?
6. Conclure que la borne inf´erieure de l’ensemble {P M P−1S ; P ∈ GL2(R)}est atteinte et caract´eriser toutes les matrices deSR(M)en lesquelles cette borne est atteinte.
7. Conclusion : Soit A une matrice r´eelle d’ordre 2; montrer que la borne inf´erieure de l’ensemble{P AP−1S ; P ∈ GL2(R)} est atteinte si et seulement si la classe de similitude SR(A)est ferm´ee (dansM2(R)).