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Annulateurs circulaires des groupes de classes logarithmiques
Jean-François Jaulent
To cite this version:
Jean-François Jaulent. Annulateurs circulaires des groupes de classes logarithmiques. 2020. �hal-
02519397v2�
Annulateurs circulaires des groupes de classes logarithmiques
Jean-François Jaulent
Résumé.
Étant donnés un corps abélien réel
Fde groupe
GFet un nombre premier impair
ℓ, nous définis-sons le sous-groupe circulaire
EeF◦du pro-ℓ-groupe des unités logarithmiques
EeFet nous montrons que pour tout morphisme galoisien
ρde
EeFdans
Zℓ[GF], l’imageρ(EeF)annule le
ℓ-groupe des classes logarithmiquese
CℓF
. Nous en déduisons une preuve de l’analogue logarithmique de la conjecture de Solomon.
Abstract.
Given a real abelian field
Fwith group
GFand an odd prime number
ℓ, we define the circularsubgroup
EeF◦of the pro-ℓ-group of logarithmic units
EeFand we show that for any Galois morphism
ρ : EeF →Zℓ[GF], the subalgebra ρ(EeF)annihilates the
ℓ-group of logarithmic classes CeℓF. We deduce from this a proof of the logarithmic version of Solomon conjecture.
Introduction
Les ℓ-groupes de classes logarithmiques C e ℓ
Fintroduits dans [12] sont des invariants arithmé- tiques canoniques attachés à un corps de nombres F pour chaque nombre premier ℓ.
Ces groupes, qui sont finis sous la conjecture de Gross-Kuz’min, donc inconditionnellement pour F abélien, s’apparentent aux groupes de classes de diviseurs des corps de fonctions (ils s’obtiennent comme quotient du groupe des diviseurs de degré nul par son sous-groupe principal), sont liés aux noyaux sauvages de la K-théorie et interviennent naturellement en théorie d’Iwasawa.
Par exemple, la conjecture de Greenberg sur la trivialité des invariants structurels attachés aux ℓ-groupes de classes dans la Z
ℓ-extension cyclotomique F
∞/F revient à postuler que le ℓ-groupe C e ℓ
Fdes classes logarithmiques de F capitule dans F
∞pour F totalement réel (cf. [16, 17]).
La première ambition de ce travail est de transposer aux groupes de classes logarithmiques des corps abéliens réels les théorèmes d’annulation obtenus par Thaine, Rubin, All et al. (cf.
[1, 4, 6, 23, 25, 27, 28]) pour les groupes de classes habituels. Nous introduisons pour cela la notion d’unité logarithmique circulaire en intersectant le ℓ-adifié du groupe des éléments circulaires à la Sinnott avec le pro-ℓ-groupe des unités logarithmiques E e
F. C’est l’objet de la section 1.
Ce point acquis, la section 2 suit l’approche de Rubin [25] et de All [1] pour établir (Th. 9) : Théorème A. Étant donné un corps abélien réel F de groupe de Galois G
Fet ℓ un premier impair, pour tout morphisme galoisien ρ de E e
Fdans Z
ℓ[G
F], l’image ρ(e E
F◦) du sous-groupe des unités logarithmiques circulaires annule le ℓ-groupe des classes logarithmiques C e ℓ
F.
Nous en déduisons une version logarithmique d’un résultat conjecturé par Solomon (Th. 12) : Théorème B. Soient F un corps abélien réel, G
Fson groupe de Galois, ℓ un nombre premier impair, l une place de F au-dessus de ℓ et Z
ll’anneau des entiers du complété l-adique F
l; puis ϑ le Z
ℓ[G
F]-morphisme du pro-ℓ-groupe E e
Fdes unités logarithmiques de F dans F
l[G
F] défini par :
ϑ(ε) = P
σ∈GF
Log
l(ε
σ)σ
−1.
Alors, pour tout élément a de l’algèbre F
l[G
F] tel qu’on ait aϑ(e E
F) ⊂ Z
l[G
F], l’image aϑ(e E
F◦)du pro-ℓ-groupe des unités logarithmiques circulaires annule Z
l⊗
ZℓC e ℓ
F.
Rappelons enfin qu’en présence des racines ℓ-ièmes de l’unité les éléments de Stickelberger et
leurs reflets permettent également de construire des annulateurs galoisiens pour les ℓ-groupes de
classes logarithmiques (cf. [18]), à la manière de Gras et Oriat (cf. [9, 24]).
1 Éléments circulaires et unités logarithmiques
1.1 Rappel sur les classes et unités logarithmiques
Soient ℓ un nombre premier donné et F un corps de nombres. À chaque place finie p de F , il est attaché dans [12] une application à valeurs dans Z
ℓ, définie sur le groupe multiplicatif F
p×du complété de F en p par la formule :
˜
ν
p(x
p) = ν
p(x
p), pour p ∤ ℓ ; et ˜ ν
p(x
p) = −
deg1pLog
ℓ(N
Fp/Qp(x
p)), pour p | ℓ ;
où Log
ℓdésigne le logarithme d’Iwasawa et deg p est un facteur de normalisation, dont l’expression exacte est sans importance ici, destiné à assurer que l’image de F
p×soit dense dans Z
ℓ. Cette application induit un morphisme surjectif du compactifié ℓ-adique du groupe multiplicatif F
p×R
Fp= lim
←− F
p×/F
p×ℓndont le noyau, dit sous-groupe des unités logarithmiques de R
Fp, U e
Fp= { x
p∈ R
Fp| ν ˜
p(x
p) = 0 }
s’identifie par la Théorie ℓ-adique locale du corps de classes (cf. [13]) au sous groupe normique de R
Fpassocié à la Z
ℓ-extension cyclotomique F
pcde F
p. C’est donc l’analogue du groupe
U
Fp= { x
p∈ R
Fp| ν
p(x
p) = 0 }
des unités de de R
Fp, qui correspond, lui, à la Z
ℓ-extension non-ramifiée de F
p.
Soit maintenant J
Fle ℓ-adifié du groupe des idèles de F , i.e. le produit J
F= Q
resp
R
Fpdes compactifés R
Fpdes groupes multiplicatifs des complétés F
p, restreint aux familles (x
p)
pdont presque tous les éléments tombent dans le sous-groupe unité U
F= Q
p
U
Fp. La Théorie ℓ-adique globale du corps de classes (cf. [13]) assure l’existence d’un isomorphisme de groupes topologiques compacts entre le ℓ-groupe des classes d’idèles C
Fdéfini comme quotient
C
F= J
F/ R
Fde J
Fpar son sous-groupe principal R
F= Z
ℓ⊗
ZF
×et le groupe de Galois G
F= Gal(F
ab/F ) de la pro-ℓ-extension abélienne maximale de F . Dans la correspondance ainsi établie (cf. [12, 13]) :
(i) Le groupe de normes associé à la Z
ℓ-extension cyclotomique F
c= F
∞de F est le sous- groupe des idèles de degré nul : J e
F= { x = (x
p)
p∈ J
F| deg(x) = P
p
e ν
p(x
p) deg p = 0 } . (ii) Le groupe de normes associé à la plus grande sous-extension F
lcde F
abqui est localement
cyclotomique (i.e. complètement décomposée sur F
cen chacune de ses places) est le produit U e
FR
Fdu sous-groupe U e
F= Q
p
U e
Fpdes unités logarithmiques locales et de R
F.
(iii) En particulier, le groupe de Galois Gal(F
lc/F
c) s’identifie au quotient C e ℓ
F= J e
F/ U e
FR
F, lequel peut être regardé comme quotient du groupe D f ℓ
F= J e
F/e U
Fdes diviseurs logarith- miques de degré nul par son sous-groupe principal P ℓ
F= R
FU e
F/ U e
F, le numérateur f D ℓ
Fs’identifiant au sous-groupe ⊕ e
pZ
ℓp des diviseurs de degré nul de la somme formelle ⊕
pZ
ℓp.
(iv) Et le noyau E e
F= R
F∩ U e
Fdu morphisme div : f x 7→ P
p
ν e
p(x) p de R
Fdans D f ℓ
Fest le sous-groupe des normes cyclotomiques (locales comme globales) de R
F.
Définition. Nous disons que C e ℓ
F= J e
F/ U e
FR
F≃ f D ℓ
F/ P ℓ
Fest le ℓ-groupe des classes logarith- miques (de degré nul) du corps F et que E e
Fest le pro-ℓ-groupe des unités logarithmiques globales.
Le quotient C e ℓ
∗F= J
F/ U e
FR
F, qui s’identifie non canoniquement à la somme directe de C e ℓ
Fet de Z
ℓ, est, par convention, le pro-ℓ-groupe des classes logarithmiques de degré arbitraire.
Comme expliqué dans [12], la conjecture de Gross-Kuz’min (pour le corps F et le premier ℓ) revient à postuler la finitude du (pro)-ℓ-groupe C e ℓ
Fou, de façon équivalente, que le Z
ℓ-rang du pro-ℓ-groupe des unités logarithmiques E e
kest le somme r
F+ c
Fdes nombres de places réelles et complexes de F . Elle est toujours vérifiée dès lors que F est abélien.
Enfin, du point de vue de la théorie d’Iwasawa, le groupe C e ℓ
Fs’interprète comme le quotient des genres
ΓT
F, relativement au groupe procyclique Γ = Gal(F
∞/F ), du module de Kuz’min-Tate
T
F= lim
←− C ℓ
′Fnlimite projective des ℓ-groupes de ℓ-classes d’idéaux attachés aux étages finis K
nde la tour K
∞/K .
1.2 Éléments cyclotomiques logarithmiques
Notons (ζ
n)
n>1un système cohérent de racines primitives de l’unité (en ce sens qu’on ait ζ
mm/n= ζ
npour n | m, par exemple ζ
n= exp 2iπ/n) et ℓ un nombre premier arbitraire.
Théorème 1. Soient F un corps abélien de conducteur f > 1 et G
F= Gal(F/Q).
— Pour ℓ | f , l’élément η
F= N
Q[ζf]/F(1 − ζ
f) est une unité logarithmique : η
F∈ E e
F.
— Pour ℓ ∤ f , l’intersection du Z
ℓ[G
F] module multiplicatif engendré par η
Favec le pro-ℓ- groupe E e
Fdes unités logarithmiques de F contient le Z
ℓ[G
F]-module engendré par l’élément
e
η
F= η
1−(F Fℓ)−1.
En d’autres termes, on a : η
FZℓ[GF]⊂ E e
Fdans le premier cas ; η e
FZℓ[GF]⊂ E e
Fdans le second.
Preuve. Il est bien connu (cf. e.g. [9], §4.2) que les η
Fsatisfont les identités normiques :
N
F/K(η
F) = η
Q
p 1− Kp
−1K
(1)
où, pour toute sous-extension K de F, le produit fait intervenir les symboles d’Artin attachés aux premiers p qui se ramifient dans F/Q mais non dans K/Q.
Rappelons en outre que les η
Fsont des p-unités qui ne sont pas unités lorsque f est p-primaire pour un premier p ; des unités sinon. Cela étant, distinguons les cas :
— Pour ℓ | f , le cas f = p
ravec p 6 = ℓ étant exclu, η
Fest toujours une ℓ-unité et il vient donc : e
v
p(η
F) = v
p(η
F) = 0, chaque p ∤ ℓ,
puisqu’aux places étrangères à ℓ les valuations logarithmique v e
pet ordinaire v
pcoïncident.
Aux places au-dessus de ℓ, il vient, en revanche : e
v
l(η
F) =
deg1lLog
ℓ(N
Fl/Qℓ(η
F)).
Introduisons donc le sous-corps de décomposition F
◦de ℓ dans F/Q. Par hypothèse le premier ℓ se ramifie alors dans F mais non dans F
◦et l’on a en outre
Fℓ◦= 1, de sorte que la formule normique plus haut nous donne immédiatement :
e
v
l(η
F) =
deg1 lLog
ℓ(N
F/F◦(η
F)) =
deg1 lLog
ℓ1 = 0, sauf dans le cas ℓ-primaire f = ℓ
r, où l’on a directement :
e
v
l(η
F) =
deg1lLog
ℓ(N
F/Q(η
F)) =
deg1lLog
ℓℓ = 0,
En fin de compte, il vient bien e v
l(η
F) = 0 pour l | ℓ ; et η
Fest une unité logarithmique.
— Pour ℓ ∤ f , l’élément η
Fest toujours une unité (et donc une unité logarithmique aux places en dehors de ℓ), sauf dans le cas primaire f = p
r, dans lequel c’est une p-unité qui n’est pas une unité. Dans cette dernière situation, si p est alors l’unique place de F au-dessus de p, l’égalité e v
p(η
αF) = v
p(η
αF), pour tout α dans Z
ℓ[G
F] donne l’équivalence :
e
v
p(η
Fα) = 0 ⇔ α ∈ Z
augℓ[G
F], idéal d’augmentation de l’algèbre Z
ℓ[G
F].
Reste dans tous les cas à évaluer les valuations logarithmiques aux places l au-dessus de ℓ.
La formule e v
l(η
Fα) =
deg1lLog
ℓ(N
Fl/Qℓ(η
αF)) donne l’équivalence : e
v
l(η
αF) = 0 ⇔ N
F/F◦(η
Fα) ∈ ℓ
Zℓ⇔ N
F/F◦(η
Fα) = 1,
où F
◦désigne, comme précédemment, le sous-corps de décomposition de ℓ. Et cette dernière condition est évidemment remplie lorsque α est contenu dans l’idéal d’augmentation du sous-groupe de décomposition D
ℓde ℓ ; autrement dit lorsque c’est un multiple de 1 − (
Fℓ)
−1. Scolie 2. Sous les mêmes hypothèses, les éléments η
Fpour ℓ | f (et η e
Fpour ℓ ∤ f ) sont en fait des normes universelles dans la Z
ℓ-tour cyclotomique F
∞de F, i.e. des éléments de l’intersection N
F= T
n∈N
N
Fn/F(e E
Fn) des groupes de normes logarithmiques attachés aux étages finis de F
∞.
Preuve. C’est une conséquence immédiate des identités normiques citées plus haut. On a, en effet :
N
Fn/F(η
Fn) = η
F, dans le premier cas ; N
Fn/F(η
Fn) = e η
F, dans le second.
1.3 Unités logarithmiques circulaires
Soient toujours ℓ un nombre premier arbitraire, F un corps abélien réel, f = f
Fson conducteur, G
F= Gal(F/Q) son groupe de Galois et F
∞= S
n∈N
F
nsa Z
ℓ-extension cyclotomique.
Rappelons que le groupe des normes universelles est l’intersection N
F= T
n∈N
N
Fn/F( E e
Fn) des sous-groupes de normes d’unités logarithmiques attachés aux étages finis F
nde F
∞.
Pour chaque sous-corps K de F , notons f
Kson conducteur et η
K= N
Q[ζfK]/K(1 − ζ
fK).
Le ℓ-adifié C
◦Fdu groupe des éléments circulaires (à la Sinnott) est le Z
ℓ[G
F]-module engendré dans R
F= Z
ℓ⊗ F
×par les images de − 1 et des éléments η
K, pour K ⊂ F . Il est donc naturel de définir le pro-ℓ-groupe des unités logarithmiques circulaires (à la Sinnott) du corps abélien réel F comme l’intersection E e
F∩ R
◦Fde R
◦Favec le pro-ℓ-groupe E e
Fdes unités logarithmiques : Définition 3. Par pro-ℓ-groupe des éléments circulaires de F nous entendons le Z
ℓ[G
F]-module R
◦Fengendré dans R
F= Z
ℓ⊗ F
×par les images de − 1 et des éléments η
K, pour K ⊂ F .
Par convention le pro-ℓ-groupe des unités logarithmiques circulaires (à la Sinnott) est l’inter- section de R
◦Favec le pro-ℓ-groupe E e
Fdes unités logarithmiques : E e
F◦= E e
F∩ C
K◦.
Et nous disons que l’intersection N
F◦= T
n∈N
N
Fn/F( E e
F◦n) des groupes de normes d’unités logarithmiques circulaires est le sous-groupe des normes universelles circulaires.
Théorème 4. Soient F un corps abélien réel et F
◦le sous-corps de décomposition de ℓ ; puis E
F/F′ ◦, E
F/F◦ ◦et E e
F/F◦ ◦les pré-images respectives du ℓ-groupe des racines µ
F◦par la norme N
F/F◦dans les pro-ℓ-groupes des ℓ-unités E
F′, des unités circulaires E
F◦et des unités logarithmiques circulaires E e
F◦. Notons enfin G
Fle groupe de Galois Gal(F/Q) et D
ℓle sous-groupe Gal(F/F
◦).
(i) Lorsque F possède plus d’une place au-dessus de ℓ, i.e. pour F
◦6 = Q, il vient : E e
F◦= E e
F/F◦ ◦= E
F/F◦ ◦.
En particulier, le caractère χ e
◦Fdu Z
ℓ[G
F]-module des unités logarithmiques circulaires E e
F◦est alors l’induit à G
Fdu caractère d’augmentation du sous-groupe de décomposition D
ℓ: e
χ
◦F= Ind
GDFℓχ
augDℓ.
(ii) Lorsque, en revanche, le corps F admet une unique place au-dessus de ℓ, on a : E
F◦⊂ E e
F◦. (ii,a) Si F est ramifié en ℓ (e.g. pour F ⊂ Q[ζ
ℓk+ ¯ ζ
ℓk]), le groupe des unités logarithmiques circulaires est contenu avec un indice fini dans le pro-ℓ-groupe des ℓ-unités : E e
F◦≈ E
F′. C’est donc alors, tout comme celui-ci, un Z
ℓ[G
F]-module de caractère régulier.
(ii,b) Sinon, E e
F◦coïncide avec E
F◦≈ E
Fet on a directement : χ e
◦F= χ
◦F= χ
augGF. La preuve de ce résultat repose sur le Lemme suivant :
Lemme 5. Pour tout corps abélien réel F 6 = Q dans lequel le nombre premier ℓ se décompose complètement, le pro-ℓ-groupe des unités logarithmiques circulaires E e
F◦se réduit au ℓ-groupe des racines de l’unité µ
F= {± 1 }
Zℓ; i.e. E e
F◦= 1, pour ℓ impair ; E e
F◦= {± 1 } , pour ℓ = 2.
Preuve. En l’absence de ramification en ℓ dans F/Q, les éléments cyclotomiques η
Kpour K ⊂ F sont des unités aux places au-dessus de ℓ. On a donc : E e
F◦= R
◦F∩ E e
F⊂ E
F∩ E e
F. Puis, sous l’hypothèse de complète décomposition : E
F∩ E e
F= µ
F(cf. [11], p. 218, l. 11–13, ou [17], Prop.6).
Preuve du Théorème. Regardons d’abord (i). Le Lemme donne N
F/F◦( E e
F◦) ⊂ E e
F◦◦= µ
F◦, puis : E e
F◦= E e
F/F◦ ◦= E
F/F′ ◦∩ E
F◦= E
F/F◦ ◦,
puisque les places au-dessus de ℓ ne se décomposent pas dans F/F
◦. L’expression du caractère χ e
◦Fen résulte immédiatement, puisque E
F◦≈ E
Fest un Z
ℓ[G
F]-module de caractère χ
augGF.
Examinons maintenant (ii). La formule du produit pour les valuations ℓ-adiques montre que,
dans ce dernier cas, les unités logarithmiques sont exactement les ℓ-unités, i.e. que l’on a : E e
F= E
F′.
En particulier, E e
F◦= E e
F∩ C
◦Fcontient alors E
F◦= E
F∩ C
F◦, qui est d’indice fini dans E
F. Si ℓ se
ramifie dans F , le groupe circulaire C
F◦contient l’image de ℓ et E e
F◦est ainsi d’indice fini dans E
F′.
Sinon, les éléments circulaires sont des unités en ℓ, le groupe E e
F◦se réduit à E
F◦et tout est dit.
2 Annulateurs circulaires des groupes de classes logarithmiques
2.1 Application du Théorème de Čebotarev
Prenons désormais ℓ impair et considérons un corps abélien réel F de conducteur f = f
F> 1.
Écrivons G
F= Gal(F/Q) son groupe de Galois. Notons C e ℓ
Fle ℓ-groupe des classes logarithmiques (de degré nul) attaché à F et C e ℓ
∗Fle groupe des classes logarithmiques sans condition de degré.
Prenons m assez grand pour avoir ℓ
mC e ℓ
F= 0, de sorte que C e ℓ
Fpuisse être regardé canonique- ment comme un sous-groupe du quotient d’exposant ℓ
mdu pro-ℓ-groupe des classes logarithmiques de degré arbitraire : C e ℓ
F⊂
ℓmC e ℓ
∗F= C e ℓ
∗F/ℓ
mC e ℓ
∗F.
Désignons par F e la plus grande extension abélienne de F qui est d’exposant ℓ
met localement cyclotomique, de sorte que nous avons par la Théorie du corps de classes : Gal( F/F e ) ≃
ℓmC e ℓ
∗F. Et notons F
m0= F e ∩ F
∞le sous-corps de F e fixé par C e ℓ
F.
Donnons-nous enfin un morphisme galoisien ρ ¯ du pro-ℓ-groupe E e
Fdes unités logarithmiques de F vers l’algèbre Z/ℓ
mZ[G
F] ; et considérons les extensions emboîtées :
F
ζ= F [ζ
ℓm] ⊂ F
ρ= F
ζ[
ℓp
mKer ¯ ρ ] ⊂ F
ε= F
ζ[
ℓmq E e
F],
Observons pour cela que tout élément x du tensorisé R
F= Z
ℓ⊗
ZF
×peut être représenté par un élément x de F
×modulo une puissance ℓ
m-ième de R
F, disons x = xy
ℓm, et que cet élément x est unique modulo F
×ℓm; ce qui permet de définir sans ambiguïté F
ζ[
ℓ√
mx] comme étant F
ζ[
ℓ√
mx].
Observons en outre que les trois extensions F
ζ, F
ρet F
εsont linéairement disjointes de F e sur F
m0, de sorte que leurs composés F e
ζ, F e
ρet F e
εavec F e donnent lieu au schéma galoisien, où l’on a posé G
Fζ= Gal(F
ζ/Q) :
F e
e CℓF
F e
ζF e
ρF e
εF
m0F
ζGFζ
☞ ☞ ☞ ☞ ☞ ☞ ☞ ☞ ☞ ☞ ☞ ☞ ☞ ☞ ☞
F
ρF
εF
GF
Q
Par construction, le radical kummérien de F
ε/F
ρest : Rad(F
ε/F
ρ) = E e
F/ Ker ¯ ρ ≃ Im ¯ ρ. C’est un sous-module de Z/ℓ
mZ[G
F] ; et le groupe de Galois Gal(F
ε/F
ρ) ≃ Hom
GFζ(Rad(F
ε/F
ρ), µ
ℓm), qui s’identifie donc à un quotient de Z/ℓ
mZ[G
F], est, de ce fait, Z
ℓ[G
Fζ]-monogène.
Soient alors σ
Fε∈ Gal(F
ε/F
ρ) un Z
ℓ[G
Fζ]-générateur de Gal( F e
ε/ F e
ρ) et σ
Fe∈ Gal( F/F e
m0) provenant d’une classe donnée arbitraire [c] de C e ℓ
Fregardée dans
ℓmC e ℓ
∗F.
Définissons enfin σ dans Gal( F e
ε/F
ρ) en imposant σ
|Fε= σ
Fεet σ
|Fe= σ
Fe. Cela étant : Proposition 6. Il existe une infinité de nombres premiers impairs p 6 = ℓ, complètement décompo- sés dans F
ρ/Q, tels que l’image de l’une des places de F e
εau-dessus par l’opérateur de Frobenius coïncide avec σ. Sont alors vérifiées en particulier les propriétés suivantes :
(i) p est complètement décomposé dans F [ζ
ℓm], donc vérifie la congruence : p ≡ 1[ mod ℓ
m].
(ii) La classe [p] de l’un des premiers p de F au-dessus de p dans
ℓmC e ℓ
∗Fcoïncide avec [c].
(iii) Les Frobenius dans F
εdes places au-dessus de p engendrent Gal(F
ε/F
ρ).
Preuve. L’existence est une conséquence immédiate du théorème de densité de Čebotarev. De plus,
(i) la congruence résulte de la condition de complète décomposition dans F
ρ, donc dans Q[ζ
ℓm] ;
(ii) provient du fait que σ
Feest induit par l’image canonique [c] C ℓ
∗Fℓmde [c] dans
ℓmC e ℓ
∗F;
(iii) enfin résulte du fait que les conjugués de σ
|Fεpar G
Fζengendrent Gal(F
ε/F
ρ).
2.2 Lemmes d’annulation logarithmiques
Conservons les mêmes notations, supposons fixé le premier p de F au-dessus de p ≡ 1[ mod ℓ
m] donné par la Proposition 6 et considérons la restriction à E e
Fdu morphisme de semi-localisation s
pinduit par le plongement de F dans le produit de ses complétés F
pσaux places au-dessus de p.
Par construction, pour chacune des places p
σde F au-dessus de p, le complété F
pσs’identifie à Q
pet le ℓ-sous-groupe de Sylow µ
pσdu groupe F
p×σest d’ordre ℓ
mpavec m
p= v
ℓ(p − 1) ≥ m.
En particulier le quotient
ℓmµ
Fp= µ
Fq/µ
Fℓmpest un Z/ℓ
mZ[G
F]-module libre de dimension 1.
Lemme 7. Sous les hypothèses de la Proposition, le morphisme galoisien ρ ¯ : E e
F→ Z/ℓ
mZ[G
F] s’écrit ρ ¯ = ¯ ρ
p◦ s ¯
p, où s ¯
p: E e
F→
ℓmµ
Fpest induite par l’application de semi-localisation et ρ ¯
pest un morphisme galoisien de
ℓmµ
Fpvers Z/ℓ
mZ[G
F].
Preuve. Le noyau de s
pdans E e
Fest formé des unités logarithmiques qui sont localement puissances ℓ
m-ièmes aux places au-dessus de p, i.e. des ε ∈ E e
Fpour lesquelles les extensions F [
ℓ√
mε]/F sont complètement décomposées aux places p
σ(ou, ce qui revient au même, pour lesquelles l’extension F
ζ[
ℓ√
mε]/F
ζest complètement décomposée aux places au-dessus de p). Du fait du choix de α
Fε, cela revient à exiger que les conjugués de α
Fεagissent trivialement sur F
ζ[
ℓ√
mε] ; autrement dit, que ε soit une puissance ℓ
m-ième dans F
ρ, i.e. le produit d’un élément de Ker ¯ ρ et d’une puissance ℓ
m-ième dans F
ζet finalement dans F , puisque, ℓ étant impair, les éléments de F qui sont des puissances ℓ
m-ièmes dans F
ζsont déjà des puissances ℓ
m-ièmes dans F (cf. e.g. [25], Lem. 5.7). En fin de compte, il suit : Ker ¯ s
p= Ker ¯ ρ, ce qui assure, par Z/ℓ
mZ[G
F]-injectivité de
ℓmµ
Fp, l’existence du morphisme factorisant ρ ¯
q.
Soit maintenant ζ
pune racine primitive p-ième de l’unité. L’extension F[ζ
p]/F possède une unique sous-extension F
′de degré ℓ
m, laquelle est cyclique, totalement ramifiée au-dessus de p et non-ramifiée en dehors. En particulier, si p
′= p
F′désigne l’unique place de F
′au-dessus de p = p
Fet F
p′son complété en la place p
′, on a d’une part p
F= p
ℓFm′; et, d’autre part, l’égalité entre ℓ-groupes de racines locales de l’unité : µ
F′p
= µ
Fp
.
Le lemme qui suit peut être regardé comme l’analogue logarithmique du Th.5.1 de [25].
Lemme 8. Avec les notations ci-dessus, soient E e
F′/F= { η
F′∈ E e
F′| N
F′/F(η
F′) = 1 } le groupe des unités logarithmiques relatives de l’extension F
′/F et s
pl’homomorphisme de semi-localisation à valeurs dans la somme directe µ
F′p
= µ
Fp
= L
p|p
µ
Fp≃ µ
Qp⊗ Z
ℓ[G
F] ≃ (Z/ℓ
mpZ)[G
F].
Tout α ∈ Z
ℓ[G
F] qui annule le quotient µ
Fp/s
p(e E
F′/F)µ
ℓFmpannule la classe de p dans
ℓmC e ℓ
∗F. Preuve. Écrivons F
p′′= F
p[
ℓp
mπ
p] pour une uniformisante π
p∈ F
p; et x
F′∈ R
F′un relèvement de (
ℓp
mπ
p, 1, · · · , 1) ∈ Q
pF′|p
R
Fp′F′
; notons enfin δ un générateur de ∆ = Gal(F
′/F ) ≃ Gal(F
p′′/F
p).
Par construction, nous avons s
p(x
F′)
δ−1= s
p(x
δ−1F′)) = (ζ
p, 1, · · · , 1) pour une racine ℓ
m-ième de l’unité ζ
p∈ F
p; puis, par hypothèse, s
p(x
αF)
δ−1= s
p(x
δ−1F))
α= s
p(η
F′), pour un η
F′∈ E e
F′/F. Le Théorème 90 de Hilbert nous permet alors d’écrire η
F′= y
Fδ−1′pour un y
F′∈ R
F′, qui engendre donc un diviseur logarithmique ambige. Il suit (en notations additives) :
f
div y
F′= P
σ∈GF
α
′σp
σF′+ a
′F; puis : f div N
F′/F(y
F′) = P
σ∈GF
α
′σp
σF+ ℓ
ma
′Fde sorte que l’élément α
′= P
α
′σσ ∈ Z
ℓ[G
F] annule bien la classe de p = p
Fdans C e ℓ
∗F/ℓ
mC e ℓ
∗F. Reste à vérifier que α
′et α sont dans la même classe modulo ℓ
mZ
ℓ[G
F]. Pour cela, observons que l’identité s
p(x
αF′/y
F′)
(δ−1)= 1 nous donne s
p(x
αF′) = s
p(y
F′z
F), pour un z
Fconvenable de R
F. Écrivant alors α = P
α
σσ et prenant les diviseurs logarithmiques respectifs des deux membres de l’identité, nous restreignant enfin aux seules composantes au-dessus de p, nous obtenons ainsi :
P
σ∈GF
α
σp
σF′= P
σ∈GF
α
′σp
σF′+ a
Fpour un diviseur logarithmique a
Fde F , donc finalement, comme attendu : P
σ∈GF
α
σσ ≡ P
σ∈GF
α
′σσ [ mod ℓ
mZ
ℓ[G
F] ],
puisque les diviseurs logarithmiques au-dessus de p sont totalement ramifiés dans F
′/F .
2.3 Annulation des classes logarithmiques réelles
Nous pouvons maintenant énoncer le Théorème principal sur les annulateurs circulaires.
Théorème 9. Étant donné un corps abélien réel F de groupe de Galois G
Fet ℓ un premier impair, pour tout morphisme galoisien ρ de E e
Fdans Z
ℓ[G
F], l’image ρ(e E
F◦) du sous-groupe des unités logarithmiques circulaires annule le ℓ-groupe des classes logarithmiques C e ℓ
F.
Preuve. Choisissons m assez grand pour que ℓ
mannule le ℓ-groupe C e ℓ
Fdes classes logarithmiques ; prenons un élément α dans ρ(e E
F◦) ; et partons d’une classe [c] de C e ℓ
Fregardée dans
ℓmC e ℓ
∗F.
Notons ρ ¯ la réduction de ρ modulo ℓ
m, à valeurs dans Z/ℓ
mZ[G
F], et faisons choix d’un premier impair p 6 = ℓ satisfaisant les conditions de la Proposition 6. Par construction p ≡ 1[ mod ℓ
m] est complètement décomposé dans F et l’on a [c] = [p] dans
ℓmC e ℓ
∗Fpour l’un des premiers p de F au-dessus de p.
Tout revient donc à montrer que l’on a : α[p] = 0 ¯ dans
ℓmC e ℓ
∗F, où α ¯ ∈ Im ¯ ρ est la réduction de α modulo ℓ
m. Or, par le Lemme 7, ρ ¯ se factorise via l’application de semi-localisation s ¯
p. Et : Lemme 10. Pour toute unité logarithmique circulaire η ∈ E e
F◦, il existe une unité logarithmique circulaire relative η
′∈ E e
F′/Ftelle qu’on ait : s
p(η) = s
p(η
′).
Ainsi α, qui est l’image par ¯ ρ ¯ d’une unité logarithmique circulaire η, provient d’une unité logarithmique circulaire relative η
′∈ E e
F′/F; et il résulte alors du Lemme 8 qu’il annule la classe de p dans
ℓmC e ℓ
∗F. D’où le résultat annoncé.
Preuve du Lemme. Il s’agit de vérifier que les unités logarithmiques circulaires sont mutatis mutan- dis ce que Rubin appelle des unités spéciales dans [25]. Reprenons pour cela dans le cadre logarith- mique les calculs de All (cf. [1], §3) : partons d’une unité logarithmique circulaire ε = Q
K⊂F
η
KαKavec α
K∈ Z
ℓ[G
F] ; notons Q
′l’unique sous-corps de degré ℓ
mde Q[ζ
p] et K
′= KQ
′, pour K ⊂ F ; identifions G
F= Gal(F/Q) à G
′F= Gal(F[ζ
p]/Q[ζ
p]) ; et raisonnons modulo m
′= Q
p′|p
p
′. De ζ
p≡ 1, nous tirons : η
Q[ζf]= 1 − ζ
f≡ 1 − ζ
fζ
p= (1 − ζ
f p)
ρ= η
Q[ζρf p]pour un ρ de G
′F; et, plus généralement : η
K≡ η
ρKK′, pour un ρ
Kde G
′F.
Posant alors ε
′= Q
K⊂F
η
Kα′KρK, nous obtenons bien ε ≡ ε
′, i.e. s
p(ε) = s
p(ε
′), puisque ε est une unité aux places au-dessus de p, et N
F′/F(ε
′) = 1, puisque p est ramifié dans chaque K
′mais complètement décomposé dans chacun des sous-corps K.
Le résultat obtenu ci-dessus pour les classes logarithmiques peut naturellement être mis en parallèle avec celui de Rubin [25] sur les classes d’idéaux tel que présenté par All (cf. [1], §3).
Désignons pour cela par C ℓ
F0le sous-groupe du ℓ-groupe des classes d’idéaux C ℓ
Fengendré par les idéaux de degré nul, de sorte que l’on a C ℓ
F0≃ Gal(F
∞F
nr/F
∞), où F
nrdésigne le ℓ-corps de classes de Hilbert de F . Il vient alors :
Corollaire 11. Soient ℓ un premier impair, F abélien réel de groupe G
Fet ρ un morphisme galoisien du ℓ-adifié E
F′= Z
ℓ⊗
ZE
F′du groupe des ℓ-unités de F dans l’algèbre Z
ℓ[G
F]. Alors :
(i) L’image ρ( E
F◦) du pro-ℓ-groupe construit sur les unités circulaires annule C ℓ
F0. (ii) L’image ρ(e E
F◦) du pro-ℓ-groupe des unités logarithmiques circulaires annule C e ℓ
F.
L’assertion (i) n’est autre qu’une réécriture ℓ-adique du résultat initial de Rubin ; l’assertion (ii) provient directement du Théorème 9. Les classes logarithmiques sont conventionnellement de degré nul (sauf mention explicite du contraire), mais non les classes au sens ordinaire ; de ce fait l’introduction du sous-groupe C ℓ
F0renforce le parallélisme des résultats.
Remarque. Lorsque le corps F possède plusieurs places au-dessus de ℓ, i.e. lorsque le sous-corps
de décomposition F
◦de ℓ n’est pas le corps des rationnels Q, le Théorème 4 affirme en particulier
que E e
F◦est contenu dans le noyau de la norme N
F/F◦. Le Théorème 9 ne donne donc de ce fait
aucune information directe sur le groupe C e ℓ
F◦.
Appendice : lien avec la conjecture de Solomon
Supposons toujours F abélien réel et ℓ impair, mais fixons maintenant l’une l des places au- dessus de ℓ. Solomon a conjecturé dans [27] que si ℓ ne se ramifie pas dans F l’élément
ϑ
FSol=
1ℓP
σ∈GF
Log
l(η
Fσ)σ
−1annule le tensorisé Z
l⊗
ZℓC ℓ
Fdu ℓ-groupe des classes d’idéaux de F.
Conséquence du Théorème principal de Mazur-Wiles [22] dans le cas semi-simple ℓ ∤ [F : Q], ce résultat a été prouvé par Belliard et Nguyen Quang Do dans [5] pour ℓ décomposé, et sans restriction par All (cf. [1], Th. 1.1) sous une forme plus générale qu’on peut réécrire comme suit : Théorème (All). Soient F un corps abélien réel, G
Fson groupe de Galois, ℓ un nombre premier impair, l une place de F au-dessus de ℓ et Z
ll’anneau des entiers du complété l-adique F
l; puis ϑ le Z
ℓ[G
F]-morphisme du ℓ-adifié E e
F= Z
ℓ⊗
ZE
Fdu groupe des unités dans F
l[G
F] défini par :
ϑ(ε) = P
σ∈GF
Log
l(ε
σ)σ
−1.
Alors, pour tout a de F
l[G
F] tel qu’on ait aϑ( E
F) ⊂ Z
l[G
F], l’image aϑ( E
F◦)du pro-ℓ-groupe des unités circulaires annule le tensorisé Z
l⊗
ZℓC ℓ
F0du ℓ-groupe des classes d’idéaux de degré nul.
Nota. Dans l’isomorphisme du corps de classes C ℓ
F≃ Gal(F
nr/F ), où F
nrdésigne la ℓ-extension abélienne non ramifiée de F (i.e. son ℓ-corps de classes de Hilbert), le sous-groupe C ℓ
F0des classes de degré nul correspond à Gal(F
nr/(F
nr∩ F
∞)), où F
∞est la Z
ℓ-extension cyclotomique de F .
En parfaite analogie avec ce résultat, nous pouvons énoncer en termes logarithmiques : Théorème 12. Soient F un corps abélien réel, G
Fson groupe de Galois, ℓ un nombre premier impair, l une place de F au-dessus de ℓ et Z
ll’anneau des entiers du complété l-adique F
l; puis ϑ le Z
ℓ[G
F]-morphisme du pro-ℓ-groupe E e
Fdes unités logarithmiques de F dans F
l[G
F] défini par :
ϑ(ε) = P
σ∈GF
Log
l(ε
σ)σ
−1.
Alors, pour tout élément a de l’algèbre F
l[G
F] tel qu’on ait aϑ( E e
F) ⊂ Z
l[G
F], l’image aϑ( E e
F◦)du pro-ℓ-groupe des unités logarithmiques circulaires annule Z
l⊗
ZℓC e ℓ
F.
Preuve. Elle est strictement identique à celle donnée dans [1], §3. Rappelons-en brièvement l’argu- mentation : donnons-nous une Z
ℓ-base (v
1, · · · , v
d) de Z
let notons (v
∗1, · · · , v
∗d) la base duale de la codifférente. Partons d’un élément a = P
a
σσ
−1de F
l[G
F] et posons L
a(ε) = P
σ∈GF
a
σ−1Log
l(ε
σ).
Nous obtenons aϑ(ε) = P
L
a(ε
σ)σ
−1, avec L
a(ε
σ) ∈ Z
lpar hypothèse.
Écrivons maintenant L
a(ε
σ) = P
di=1
Tr(v
∗iL
a(ε
σ))v
ila décomposition de L
a(ε
σ) dans Z
l. Nous obtenons : aϑ(ε) = P
σ∈GF
P
di=1
Tr(v
∗iL
a(ε
σ))v
iσ
−1= P
d i=1P
σ∈GF
Tr(v
∗iL
a(ε
σ))σ
−1v
i, i.e.
aϑ(ε) = P
di=1
ϑ
v∗i(ε)v
iavec ϑ
v∗i(ε) = P
σ∈GF
Tr(v
∗iL
a(ε
σ))σ
−1; et l’application ϑ
v∗i: ε 7→ P
σ∈GF
Tr(v
∗iL
a(ε
σ))σ
−1est un Z
ℓ[G
F]-morphisme de E e
Fdans Z
ℓ[G
F].
En fin de compte, si x est un élément de Z
let [c] une classe de C e ℓ
F, il vient : aϑ(ε).(x ⊗ [c]) = P
di=1
xv
i⊗ ϑ
v∗i(ε)[c].
Or, on a ϑ
v∗i(ε)[c] = 0, si ε est une unité logarithmique circulaire, en vertu du Théorème 9 ; d’où le résultat annoncé.
Remarque. Prenant ε = η
Fet a =
1ℓ, on obtient l’élément de Solomon
1ℓP
σ∈GF
Log
l(η
Fσ)σ
−1, lequel annule donc Z
l⊗
ZℓC ℓ
F0, comme établi dans [1], puisque η
Fest bien une unité circulaire.
Si la place ℓ se ramifie dans F , on a N
F/F◦(η
F) = 1 en vertu de l’identité 1 et N
Fn/F(η
Fn) = η
F,
de sorte que η
Fest à la fois une unité logarithmique circulaire et une norme universelle. L’élément
de Solomon annule alors aussi le groupe logarithmique Z
l⊗
ZℓC e ℓ
F. C’est en particulier le cas, dès
que F contient le sous-corps réel Q[ζ
ℓ+ ¯ ζ
ℓ] du corps cyclotomique Q[ζ
ℓ].
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