Capitulation abélienne des groupes de classes de rayons
Jean-François Jaulent
Résumé. Nous montrons que la méthode utilisée par Bosca pour faire capituler les classes d’idéaux d’un corps de nombres s’étend aux classes de rayons dans le cas modéré. Plus précisément, nous prouvons que pour toute extension K/k de corps de nombres dans laquelle une au moins des places à l’infini se décompose complètement et tout diviseur m sans facteur carré, il existe une infinité d’extensions abéliennes F /k telles que les classes de rayons modulo m de K capitulent dans KF. Il suit de là que les résultats de Kurihara sur la trivialité des groupes de classes des pro-extensions abéliennes maximales des corps de nombres totalement réels valent encore pour les groupes de classes de rayons dans le cas modéré.
Abstract. Building on Bosca’s method, we extend to tame ray class groups the results on capitulation of ideals of a number field by composition with abelian extensions of a subfield first studied by Gras. More precisely, for every extension of number fields K/k,where at least one infinite place splits completely, and every squarefree divisor m of K, we prove that there exist infinitely many abelian extensions F /k such that the ray class group mod m of K capitulates in KF. As a consequence we generalize to tame ray class groups the results of Kurihara on triviality of class groups for maximal abelian pro-extensions of totally real number fields.
Mathematics Subject Classification : 11R37 Keywords : ray class groups, abelian capitulation
Table des matières
Introduction 2
1 Énoncé des résultats et stratégie de preuve 3
2 Interprétation infinitésimale des `-groupes de classes de rayons 4
3 Identité des classes infinitésimales d’ambiges 5
4 Minoration de l’indice normique des unités 6
5 Construction de l’extension principalisante 7
6 Preuve du résultat principal 8
7 Conséquences arithmétiques 9
Appendice 10
Bibliographie 10
Introduction
Il est reconnu que la capitulation des idéaux (i.e. le fait de devenir principal) par extension abélienne est un problème difficile. La raison en est, nous semble-t-il, que la théorie du corps de classes qui décrit précisément ces extensions abéliennes est centrée sur les questions normiques tandis que la capitulation met en jeu, elle, les propriétés du morphisme d’extension.
Du point de vue cohomologique, le noyau de capitulation dans une extension galoisienne est gouverné par le premier groupe de cohomologie des unités. Il est donc naturel que les propriétés des unités – et donc le comportement des places à l’infini – joue un rôle essentiel dans ces questions.
C’est ainsi que Gras a montré dans [4] que, pour une extension abélienne de corps de nombres K/k vérifiant des conditions de signatures convenables, il existe une infinité d’extensions abéliennes F/k telles que les idéaux de K capitulent dans le compositum F K . Ce résultat a été ensuite généralisé par Bosca dans [1] pour K/k arbitraire sous la seule condition que l’une au moins des places à l’infini se décompose complètement dans K/k. Par passage à la limite inductive dans les tours abéliennes pour k = Q , il retrouve ainsi le théorème de Kurihara [14] sur la trivialité du groupe de classes du compositum de K avec l’extension abélienne maximale Q ab du corps des rationnels pour K totalement réel et démontre en outre la conjecture de Gras (cf. [4], p. 405).
La preuve de Bosca repose sur la conjonction de trois types d’arguments : la description des groupes de normes donnée par le corps de classes ; le théorème de densité de Chebotarev ; et des dénombrements de classes ambiges dans le cas cyclique, à la manière de Chevalley.
Le but de la présente note est d’étendre aux groupes de classes de rayons Cl
mK
Kles résultats de Bosca en reprenant essentiellement la même stratégie – au prix de quelques complications techniques – dans le cas où le diviseur m K qui définit le module de congruences est sans facteur carré, ce qui, du point de vue du corps de classes, revient à accepter de la ramification modérée.
Le résultat que nous obtenons, en parfaite analogie avec le cas des classes d’idéaux, généralise ainsi ceux de Bosca et, partant, de Kurihara dans ce nouveau cadre, et les redonne comme cas particuliers lorsque m K est pris trivial.
Par exemple, pour l’extension abélienne réelle maximale de Q , le Scolie 9 infra s’énonce ainsi : Convention. Étant donnés un ensemble fini T = T
Qde places de Q et une extension L ⊂ Q , convenons de noter par T L l’ensemble des places de L au-dessus de T et écrivons
Cl
mL = lim −→ Cl K
mla limite inductive des groupes de classes de rayons modulo m K = Q
pK∈TK
p K , pour K ⊂ L de degré fini sur Q .
Cela étant, pour tout ensemble fini T de places de Q , autrement dit pour tout diviseur sans facteur carré m
Q= Q
p∈T du corps des rationnels, il vient : Théorème. Le sous-corps réel maximal L = Q
ab+= S
f >0 Q [cos(2π/f )] du corps cyclotomique engendré par toutes les racines de l’unité Q
ab= S
f >0 Q [ζ f ] est m-principal : Cl
mL = 1.
Plus généralement les extensions algébriques totalement réelles N de Q
ab+sont m-principales.
En d’autres termes, tout idéal fractionnaire (de type fini) de l’anneau des entiers de N est principal et peut être engendré, pour tout ensemble fini donné T = T
Qde nombres premiers de N , par un élément α congru à 1 modulo p en chacune des places p du corps Q [α] au-dessus des p ∈ T .
Comme expliqué en appendice, le cas sauvage, en revanche, met en jeu ultimement d’autres
phénomènes qui s’opposent à la capitulation des groupes de classes de rayons. Par exemple, pour
tout premier ` donné et sous la conjecture de Leopoldt pour `, il est bien connu que le morphisme
d’extension pour les pro-`-groupes de classes infinitésimales introduits dans [11] est toujours in-
jectif ; ce qui exclut toute capitulation y compris pour leurs sous-groupes de torsion.
1 Énoncé des résultats et stratégie de preuve
Rappelons qu’un corps de nombres est, par convention, une extension finie du corps Q et qu’une place à l’infini d’un tel corps est dite se décomposer complètement dans une extension finie K/k lorsqu’elle possède exactement [K : k] prolongements à K (ce qui a lieu si et seulement si ce n’est pas une place réelle dont l’un au moins des prolongements ne l’est pas).
Le résultat principal de Bosca [1] prouvant la conjecture de Gras peut s’énoncer comme suit : Théorème A (Bosca). Pour toute extension K/k de corps de nombres où une place à l’infini au moins se décompose complètement, il existe une extension abélienne finie F/k complètement décomposée en toutes les places à l’infini, telle que les classes de Cl K capitulent dans L = KF .
Sa généralisation en termes de classes de rayons s’énonce naturellement comme suit : étant donné un ensemble fini T = T
kde places d’un corps de nombres k et une extension K de k, convenons de noter T K l’ensemble des places de K au-dessus de T
k. Cela étant :
Théorème B. Pour toute extension K/k de corps de nombres dans laquelle une place à l’infini au moins se décompose complètement et tout ensemble fini T de places non complexes de k, il existe une extension abélienne finie F/k complètement décomposée en toutes les places à l’infini, telles que les classes de rayons de Cl K
mmodulo m K = Q
qK∈TK
q K capitulent dans L = KF . Ce second résultat contient naturellement le premier qui correspond au cas particulier T = ∅.
La stratégie pour prouver le Théorème B reprend dans un contexte plus technique celle mise en œuvre par Bosca [1] pour établir le Théorème A : comme tout groupe abélien fini est un produit direct de `-groupes cycliques, il suffit de montrer que pour tout nombre premier ` chaque classe [d K ] d’ordre `-primaire de Cl
mK
Kse trivialise dans KF
dpour une certaine `-extension abélienne
∞-décomposée F
ddu corps de base k ; le compositum F des F
dlorsque d parcourt un système de représentants d’une famille génératrice de classes fournissant alors un corps principalisant, toutes les classes de Cl K
mKcapitulent par construction dans L = KF .
L’idée est de représenter la classe considérée par un idéal premier convenable p K ; à prendre pour F une `-extension de k cyclique de degré assez grand, non-ramifiée en dehors de p
ket non- décomposée en p
k, dans laquelle l’idéal premier p
kau-dessous de p K est très ramifié ; puis à former le compositum L = F K . Par construction, l’idéal p K est alors une grande puissance d’un idéal p L de L, ambige dans l’extension cyclique L/K ; ce qui permet de montrer que sa classe est principale, dès que l’on contrôle effectivement le nombre de classes d’ambiges dans l’extension cyclique L/K, ce qui se fait en imposant à p K un certain nombre de conditions arithmétiques fortes.
Pour cela, il est plus commode d’établir d’abord le résultat attendu dans le cas galoisien, le cas général pouvant s’en déduire ultérieurement par passage à la clôture galoisienne (Scolie 7).
La situation considérée est donc la suivante :
— K/k désigne une extension galoisienne de corps de nombres, de groupe de Galois ∆, dans laquelle une au moins des places à l’infini est complètement décomposée ;
— ` est un nombre premier fixé et T un ensemble fini, stable par ∆, d’idéaux premiers de K.
On note m K = Q
qK∈T
q K leur produit et E K
m= {ε ∈ E K | ε ≡ 1 mod m K } le groupe des unités de K congrues à 1 modulo m K . En termes de représentations, l’hypothèse faite, qui revient à postuler la trivialité du sous-groupe de décomposition ∆
p∞de l’une des places à l’infini, assure, d’après le théorème de Herbrand (cf. [8, 9] ou e.g. [16]), que le caractère du groupe des unités
χ E
K
= P
p∞
Ind
∆∆p∞
1
∆p∞− 1
∆contient le caractère d’augmentation χ
aug∆= χ
rég∆− 1
∆. En particulier E K
m, qui est d’indice fini dans E K , contient donc un sous- Z [∆]-module monogène E K ε = ε
Z[∆]de caractère χ
aug∆.
Partant d’une classe [d K ] d’ordre `-primaire de Cl K
m, on cherche un idéal premier p K dans [d K ] et une `-extension cyclique p K -ramifiée F de k convenables tels que [d K ] capitule dans Cl KF
m.
Le point-clé de la démonstration consiste à minorer un indice normique en imposant un com- portement ad hoc de p K dans l’extension K n ε = K
ζ `
n,
`p
nE K ε
pour n assez grand (Prop. 3).
2 Interprétation infinitésimale des `-groupes de classes de rayons
Soit donc K un corps de nombres et m un diviseur de K sans facteur carré. Écrivons K
m×= Q
q|m
K
q×le produit des groupes multiplicatifs des complétés de K aux places (finies ou réelles) intervenant dans m. Notons q
ql’idéal maximal de l’anneau local des entiers de K
qet U
q1= 1+q
qle sous-groupe de K
q×formé des unités principales, si q est finie ; U
q1= K
q×2' R
×+, si q est réelle.
Par définition (cf. e.g. [15] §5.1), le groupe des classes de rayons modulo m de K est le quotient : Cl
mK = D
mK /P K
m,
où D K
mest le groupe des idéaux de K étrangers à m et P K
mle sous-groupe formé des idéaux principaux engendrés par les x de K
×qui satisfont la congruence multiplicative : x ≡ 1 mod
×m, i.e. dont l’image canonique dans K
m×tombe dans le sous-groupe U
m1= Q
q|m
U
q1.
Fixons maintenant un nombre premier ` ; écrivons m = m
0m ¯ en mettant dans m
0les places qui divisent ` et dans m ¯ les autres ; puis considérons le `-sous-groupe C ` K
m= Z ` ⊗
ZCl
mK du groupe Cl K
m. Nous allons interpréter ce `-groupe en termes idéliques en nous appuyant sur le formalisme et les notations de la théorie `-adique du corps de classes tels qu’introduits dans [12].
Écrivons pour cela C` K
mcomme quotient du tensorisé `-adique D K
m= Z ` ⊗
ZD
mK par son sous- module principal P K
m= Z ` ⊗
ZP K
m. Précisons ce dernier : pour chaque place non-complexe q de K, notons R K
q= lim
←− K
q×/K
q×`mle compactifié `-adique du groupe multiplicatif K
q×. Et notons U K
qson sous-groupe des unités, qui s’identifie au groupe U
q1des unités principales de K
q, pour q|` ; au `-sous-groupe de Sylow µ K
q
du groupe des racines de l’unité contenues dans K
q, pour q - ` (et donc à {±1} pour q réelle et ` = 2, au groupe trivial {1} pour q réelle et ` 6= 2).
Rappelons que le tensorisé R K = Z ` ⊗
ZK
×du groupe multiplicatif de K s’injecte canonique- ment dans le pro-`-groupe des idèles, défini comme le produit restreint des compactifiés R K
q:
R K , → J K = Q
res qR K
q. Ainsi P K
mest l’image dans D K
m' Q
resq-m
R K
q/ Q
q-m
U K
q' Q
resq-m
R K
qQ
q|m0
U K
q/ Q
q-m¯
U K
qde R K
m=
x = (x
q)
q∈ R K | x
q∈ U
qpour q|m
0et x
q= 1 pour q| m ¯ = R K ∩ Q
resq-m
R K
qQ
q|m0
U K
q, sous-module de R K formé des éléments qui sont des unités aux places divisant m
0et triviaux aux places divisant m ¯ (on dit que que ce sont des unités en m
0qui sont m-infinitésimales ¯
1). Il suit :
C` K
m= D K
m/P K
m' Q
res q-mR K
qQ
q|m0
U K
q/ Q
q-m
U K
qR K ∩ Q
res q-mR K
qQ
q|m0
U K
q. Puis :
C ` K
m' Q
res q-mR K
qQ
q|m0
U K
qR K / Q
q-m
U K
qR K . Le théorème d’approximation faible permet de remplacer au numérateur Q
q|m0
U K
qpar Q
q|m0
R K
q. Il vient donc finalement :
C ` K
m' Q
resq-m¯
R K
qR K / Q
q-m
U K
qR K ' Q
resq-m¯
R K
q/ R K ∩ Q
res q-mR K
q' C ` K
m¯.
Proposition 1. Soient m un diviseur sans facteur carré d’un corps de nombres K, puis ` un nombre premier arbitraire et m ¯ le diviseur construit sur les places de K qui ne divisent pas `.
Le `-groupe C ` K
mdes classes de rayons modulo m est indépendant de m
0= m/ m ¯ et s’identifie au quotient du Z ` module multiplicatif D K
m¯construit sur les idéaux premiers qui ne divisent par m ¯ par le sous-module P K
mdes idéaux principaux engendré par les éléments m-infinitésimaux ¯ x ∈ R K
m¯:
C ` K
m' C ` K
m¯= D K
m¯/P K
m¯.
Par la théorie du corps de classes, C` K
ms’identifie ainsi au groupe de Galois de la `-extension abélienne m-ramifiée (i.e. non-ramifiée en dehors de ¯ m) maximale ¯ H K
m¯de K.
Preuve. Le corps de classes H K
massocié à C ` K
mest la `-extension abélienne maximale m-modérément ramifiée (i.e. non-ramifiée en dehors de m et possiblement mais modérément aux places de m). ¯ Or, dans une `-extension les places divisant ` qui se ramifient le font sauvagement, les autres modérément. H K
m= H K
m¯est donc la `-extension abélienne m-ramifiée maximale de ¯ K.
1. La notion `-adique d’élément infinitésimal, introduite dans [11], est exposée dans dans [12] et [5], III.2.b.
3 Identité des classes infinitésimales d’ambiges
La qualification d’ambiges pour désigner les classes ou les idéaux invariants par le groupe de Galois dans une extension galoisienne de corps de nombres est traditionnelle depuis Hilbert ([10],
§5.7). L’ambiguïté de cette notion tient au fait que les classes ambiges (i.e. invariantes) d’idéaux ne sont pas nécessairement représentées par des idéaux ambiges (i.e. invariants). On parle de classes ambiges dans le premier cas, de classes d’ambiges dans le second.
Le but de la présente section est d’étendre aux `-groupes de classes infinitésimales C ` L
m¯, dans une `-extension cyclique de corps de nombres L/K, les calculs de Chevalley sur les classes ambiges d’idéaux dans les extensions cycliques ([3], pp. 402–406). Un point-clé de la démonstration est le fait que, pour Γ cyclique, le quotient de Herbrand d’un Z [Γ]-module noethérien M
q(Γ, M ) =
|H|H21(Γ,M)|(Γ,M)|ne dépend que du caractère du Q [Γ]-module Q ⊗
ZM . Pour le module des unités, il est donné par le théorème de représentation de Herbrand (cf. [8, 9] ou e.g. [16]), ce qui conduit à la formule de Chevalley (où d
q∞K(L/K) désigne le degré de l’extension locale attaché à la place à l’infini q
∞K) :
q(Γ, E L ) =
Q [L:K]q∞K
d
q∞K(L/K)
Proposition 2 (Classes infinitésimales d’ambiges). Soient ` un nombre premier, L/K une `- extension cyclique de groupe Γ et m ¯ un diviseur Γ-invariant, étranger à ` et sans facteur carré.
Le nombre de `-classes de C ` L
m¯qui sont représentées par un idéal ambige est donné par :
D
mL
¯Γ: P L
m¯Γ= | C `
mK
¯| Q
q∞K
d
q∞K
(L/K) Q
q◦K-mK
e
q◦K
(L/K ) [L : K] E K
m¯: N L/K (E L
m¯)
où q
∞Kparcourt les places à l’infini, q
◦Kles places finies étrangères à m ¯ ramifiées dans L/K ; et d
qK
(L/K) et e
qK
(L/K ) désignent le degré local et l’indice de ramification en q
K.
Preuve. Reprenons les calculs effectués dans [11], §2 pour les classes `-infinitésimales, en nous appuyant cette fois sur la description infinitésimale des `-classes de rayons donnée dans la section précédente. Partons de l’identité : D L
m¯Γ: P L
m¯Γ= D
mL
¯Γ: D
mK
¯D
mK
¯: P K
m¯/ P L
m¯Γ: P K
m¯.
— D L
m¯Γest engendré par les produits Q
q◦L|q◦K
q
◦L, où q
◦Kdécrit l’ensemble des idéaux premiers de K étrangers à m, de sorte qu’il vient : ¯ (D L
m¯Γ: D
mK
¯) = Q
q◦K-m¯K
e
q◦K
(L/K).
— D K
m¯/P K
m¯est tout simplement le `-groupe C `
mK
¯.
— Reste à étudier le quotient P L
m¯Γ/P K
m¯. La Proposition 1 nous fournit la suite exacte courte 1 → E L
m¯→ R
mL
¯→ P L
m¯→ 1, où E L
m¯= E L ∩ R
mL
¯est formé des unités de L qui sont m-infinitésimales. Prenant la cohomologie, nous obtenons la suite exacte longue ¯
1 → E L
m¯Γ= E K
m¯→ R
mL
¯Γ= R
mK
¯→ P L
m¯Γ→ H
1(Γ, E L
m¯) → H
1(Γ, R
mL
¯) → · · · et finalement la suite exacte : 1 → P K
m¯→ P L
m¯Γ→ H
1(Γ, E L
m¯) → H
1(Γ, R
mL
¯).
Dans celle-ci, le groupe R
mL
¯des éléments de R L qui sont m-infinitésimaux est le noyau de ¯ l’épimorphisme de R L sur R L
m¯= Q
q|m¯
R L
qdonné par : x = (x
q)
q7→ (x
q)
q|¯m. Partant alors de la suite 1 → R
mL
¯→ R L → R L
m¯→ 1 et prenant la cohomologie, nous obtenons :
1 → R
mL
¯Γ= R
mK
¯→ R
ΓL = R K → R
ΓL
¯m
= R K
m¯→ H
1(Γ, R
mL
¯) → H
1(Γ, R L ) → · · · . de sorte que H
1(Γ, R
mL
¯) s’injecte dans H
1(Γ, R L ). Or, celui-ci est trivial, en vertu du théo- rème 90 de Hilbert. Il suit : H
1(Γ, R
mL
¯) = 1 ; puis : P L
m¯Γ/P K
m¯' H
1(Γ, E L
m¯) ; et finalement :
P L
m¯Γ: P K
m¯= |H
1(Γ, E L
m¯)| = |H
2(Γ, E L
m¯)|/q(Γ, E L
m¯).
Enfin, le quotient de Herbrand q(Γ, E L
m¯) coïncide avec q(Γ, E L ) = q(Γ, E L ) puisque E L
m¯est d’indice fini dans E L . Il vient donc :
P L
m¯Γ: P K
m¯= E K
m¯: N L/K (E L
m¯)
[L:K]Q
p∞K
d
p∞K(L/K)
.
Récapitulant le tout, on obtient le résultat annoncé.
4 Minoration de l’indice normique des unités
Contexte. Pour minorer l’indice normique dans la Proposition 2, fixons quelques conditions :
— K/k désigne désormais une extension galoisienne de corps de nombres, de groupe de Galois
∆, dans laquelle une au moins des places à l’infini est complètement décomposée ;
— ` est un nombre premier fixé et m ¯ un diviseur ∆-stable, sans facteur carré et étranger à ` ;
— L/K = KF/K provient d’une `-extension cyclique F/k de groupe Γ, disjointe de K/k.
La condition de décomposition assure, d’après le théorème de Herbrand déjà cité, que le groupe E K
m¯= {ε ∈ E K | ε ≡ 1 mod ¯ m
K} contient un sous-module monogène E K ε = ε
Z[∆]de caractère χ
aug∆. Soit n ≥ 1 un entier arbitraire (n > 1, pour ` = 2) ; ζ `
nune racine ` n -ème primitive de l’unité ; E K
◦n= {η ∈ K n
×| η `
n∈ E K ε } ; et K n ε = K
ζ `
n,
`p
nE K ε
l’extension kummérienne engendrée sur K n = K[ζ `
n] par les racines ` n -èmes des éléments de E K ε .
Il est bien connu que l’on a : K
×∩K n
×`n= K
×`npour ` impair et (K
×∩K n
×2n: K
×2n) ≤ 2 pour
` = 2 (cf. e.g. [18], Lem. 5.7) ; de sorte que ` ρ
n= (E K
◦`
nn
: E K ε `
n) est indépendant de n pour ` impair, et ultimement pour ` = 2. Notons le ` ρ . Pour n ≥ ρ, l’ordre du radical Rad(K n ε /K n ) = E K ε /E K
◦n`
nde l’extension kummérienne K n ε /K n est ainsi :
[K n ε : K n ] = | Rad(K n ε /K n )| = E K ε : E K ε `
n/(E K
◦`
nn
: E K ε `
n) = `
([K:k]−1)n/` ρ . Notons ` m , avec m ≥ n − ρ, l’ordre de ε dans E K ε /E K
◦`
nn
. Et soit τ n ∈ Gal(K n ε /K n ) qui vérifie :
`
√
nε τ
n−1= ζ `
mpour une certaine racine ` m -ème primitive de l’unité ζ `
m. Alors τ n fixe
`√
nε et, conjointement avec ses conjugués par ∆ n = Gal(K n /k), le corps K n ε . Proposition 3. Supposons que F/k est ramifiée, avec pour indice e
pk
= ` n , en une unique place p
k- 2` m ¯
kau-dessus d’un premier p - 2` qui se décompose complètement dans k ; que p
kse décompose complètement dans K n = K[ζ `
n] ; et qu’il existe une place p
Knde K n au-dessus de p
kdont l’image par l’opérateur de Frobenius vérifie :
Frob(p
Kn, K n ε /K) = τ n `
n0pour un n
0≥ 0 donné.
Alors le nombre de classes d’ambiges D
mL
¯Γ: P L
m¯Γdans C` L
m¯est majoré par ` n
1où
n
1= h
mK¯+ ([K : k] − 1)n
0+ ρ pour ` 6= 2 & n
1= h
mK¯+ ([K : k] − 1)n
0+ ρ + c
L/K, sinon ;
` h
mK¯= |C` K
m¯| et c
L/Kest le nombre de places réelles de K qui deviennent complexes dans L.
Preuve. Par hypothèse les éléments de Frobenius Frob(p
σKn
, K n ε /K n ) attachés aux conjuguées de la place p
Kn
engendrent Gal(K n ε /K n ) `
n0. Notons p
Kla place de K au-dessous de p
Kn
, et regardons K comme plongé diagonalement dans le produit de ses complétés Q
σ∈∆ K
pσKau-dessus de p
k. Du fait de l’hypothèse de décomposition, K
pσKest encore le complété de K n en la place p
σKn
. Par suite, les éléments de K
×qui sont localement des puissances ` n -èmes aux places p
σKsont globalement des puissances ` n−n
0-èmes dans K n
×. En particulier, il vient donc : E K ε ∩ Q
σ∈∆
K
p×`σnK
= E K ε ∩ K n
×`n−n0; et finalement : E K ε : E K ε ∩ Q
σ∈∆
U
p`
nσ K= [K n [
`n−np
0E K ε ] : K n ] = `
([K:k]−1)(n−n0)/` ρ .
Maintenant, dans la formule obtenue, les groupes d’unités locales U
pσKsont procycliques, puisque p 6= 2 étant complètement décomposé dans K/ Q , les complétés K
pσKsont tous isomorphes à Q p . Or, par construction, ` n est précisément l’indice de ramification de chacune des places p
σKdans L/K.
D’après la théorie locale du corps de classes, U
p`
nσ Kest donc le sous-groupe normique N L
pσ L/K
pσK
(U
pσL
) attaché à l’extension locale L
pσL
/K
pσK
. Il en résulte qu’on a : E K ε : E K ε ∩ Q
σ∈∆
U
p`
nσ K= E K ε : E K ε ∩ Q
σ∈∆
N L
pσL
/K
pσK(L
×pσL
)
= E K : E K ∩ N L/K (L
×) , en vertu du principe de Hasse (cf. [15], Th. 3.1), puisque dans l’extension cyclique L/K les éléments globaux qui sont normes locales sont exactement les normes globales et que, par ailleurs, les unités sont banalement normes locales aux places non-ramifiées. Il suit donc :
E K
m¯: N L/K (E L
m¯)
≥ E K
m¯: E K
m¯∩ N L/K (L
×)
≥ E K : E K ∩ N L/K (L
×)
= `
([K:k]−1)(n−n0)/` ρ . Et finalement :
D L
m¯Γ: P L
m¯Γ≤ | C`
mK
¯| Q
q∞K
d
q∞K(L/K)
[L:K]`
n`
([K:k]−1)n0+ρ≤ | C`
mK
¯| 2 c
L/K`
([K:k]−1)n0+ρ.
5 Construction de l’extension principalisante
Récapitulons : étant donnée une extension galoisienne K/k de corps de nombres complètement décomposée en au moins une place à l’infini, un nombre premier ` et un diviseur m K de K sans facteur carré, stable par ∆ = Gal(K/k), nous avons défini m ¯ K en écartant les places divisant ` et fait choix d’un sous- Z [∆]-module E K ε de E K
mde caractère χ
aug∆, ce qui détermine une constante ` ρ . Posons maintenant ` n
0= [H K ∩ K
∞: K] |µ K |, où H K désigne le `-corps de classes de Hilbert de K (i.e. sa `-extension abélienne non-ramifiée maximale), K
∞la Z ` -extension cyclotomique de K, et µ K le `-sous-groupe de Sylow du groupe des racines de l’unité contenues dans K.
Étant donnés une classe [d K ] d’ordre `-primaire dans Cl
mK et un entier n ≥ n
1, nous cherchons une place p
k- m ¯
kde k au-dessus d’un premier p - 2` de Q complètement décomposé dans k et une place p K de K au-dessus de p
kqui satisfassent les quatre conditions suivantes :
(i) p
kest complètement décomposée dans K n = K[ζ `
n] ;
(ii) l’une des places au-dessus p
Kndans K n est d’image τ n `
n0dans Gal K n
`p
nE K ε /K n
; (iii) p K représente la classe [d K ] de Cl
mK (autrement dit a même image dans Gal(H K
m¯/K)) ; (iv) il existe une `-extension cyclique F/k, ramifiée uniquement en p
kavec pour indice ` n . Examinons cette dernière condition. Par la théorie `-adique du corps de classes (cf. [12], §2.2), le groupe de Galois de la `-extension abélienne p-ramifiée ∞-décomposée maximale H
kpdu corps k relativement à sa sous-extension non-ramifiée maximale H
kest donné par l’isomorphisme :
Gal(H
kp/H
k) ' R
kQ
q
U
kqQ
q|∞
R
kq/ R
kQ
q6=p
U
kqQ
q|∞
R
kq' µ
kp/s
p(E
k),
où U
kp= µ
kpest le `-groupe des racines de l’unité dans k
pet s
p(E
k) l’image locale du groupe des unités globales. Or, le quotient obtenu est cyclique d’ordre ` d pour un d ≥ n si et seulement si le complété k
pcontient les racines ` n -ièmes de l’unité et si les éléments de E
ksont des puissances
` n -ièmes locales dans k
p; ce qui a lieu dès que la place p
kest complètement décomposée dans l’extension k
ζ `
n,
`n√ E
k/k. Le sous-groupe d’inertie I = I(p
k, H
kp/k) est alors d’ordre ` d pour un d ≥ n ; et il suffit de prendre pour F le corps des points fixes de n’importe quel sous-groupe B de A = Gal(H
kp/k) qui rencontre trivialement I et définit un quotient cyclique A/B pour avoir I(p
k, F/k) = BI/B ' I. En fin de compte, l’existence de F est assurée si l’on remplace (i) par :
(i
0) p
kse décompose complètement dans K n
`√
nE
k= K ζ `
n,
`√
nE
k.
Et tout le problème est alors de s’assurer de la compatibilité des trois conditions (i
0), (ii) et (iii).
D’un côté, les extensions kummériennes K n
`√
nE
k/K n et K n
`p
nE K ε
/K n étant linéairement disjointes, puisque E
ket E K ε sont en somme directe par construction, τ n ∈ Gal K n
`p
nE K ε /K n se relève dans Gal K n
`np
E
kE K ε ]/K n
`n√ E
ken un élément τ ¯ n . D’un autre côté, l’intersection H K E de H K
m¯avec K n
`np
E
kE K ε ] = K ζ `
n,
`np
E
kE K ε ] est simul- tanément m-ramifiée (comme ¯ H K
m¯) et `-ramifiée (car engendrée par des racines ` n -èmes d’unités) donc non-ramifiée (puisque m ¯ et ` sont étrangers), i.e. contenue dans H K . Par abélianité, il suit :
H K E = H K
m¯∩ K n
`p
nE
kE K ε ] ⊂ H K ∩ K n
`mp
KE
kE K ε ], où ` m
Kmesure l’ordre du `-groupe µ K . En particulier, l’exposant du `-groupe Gal(H K E /K) est majoré par [H K ∩ K
∞: K] |µ K | = ` n
0.
Il suit de là que l’élément τ ¯ n `
n0regardé dans Gal K n
`np
E
kE K ε ]/K
fixe H K E . De même, si la classe [d] est une puissance ` n
0-ème dans C ` K
m¯, son image δ dans Gal(H K
m¯/K) fixe également H K E . Ainsi ¯ τ n `
n0comme δ, qui coïncident alors sur H K E = H K
m¯∩ K n
`p
nE
kE K ε ], proviennent d’un même élément α de Gal H K
m¯ζ `
n,
`p
nE
kE K ε ]/K
. Et le théorème de densité de Chebotarev (cf. [2] ou e.g. [15], Th. 7.4) appliqué dans la clôture galoisienne de l’extension H K
mζ `
n,
`np E
kE K ε
/ Q nous assure l’existence d’une infinité de premiers p possédant une place p K au-dessus qui satisfait les conditions requises (i
0), (ii) et (iii). Ainsi :
Proposition 4. La construction de F est possible dès lors que la classe [d K ] est une puissance
` n
0-ième dans Cl
mK , où ` n
0désigne le produit du degré [H K ∩ K
∞: K] par l’ordre ` m
Kde µ K .
6 Preuve du résultat principal
Théorème 5. Soit K/k une extension galoisienne de corps de nombres dans laquelle l’une au moins une place à l’infini se décompose complètement ; ` un nombre premier ; et m ¯ K un diviseur de K sans facteur carré, étranger à ` et stable par ∆ = Gal(K/k). Pour chaque classe [d K ] ∈ Cl
mK d’ordre `-primaire du groupe de classes de rayons modulo m, il existe une `-extension abélienne
∞-décomposée
2F/k telle que la classe [d K ] se trivialise dans le groupe de classes de rayons Cl
mL
¯du compositum L = F K ataché au diviseur sans facteur carré m ¯
L= Q
qL|¯mK
q
L.
L’extension F/k peut être prise non-ramifiée en tout ensemble fini donné de places p
k- `.
La première étape consiste à se ramener au cas où [d K ] est une puissance ` n
0-ième dans Cl
mK . Définissons pour cela n
Ken notant ` n
K= |µ H
K∩K∞
| (et ` n
K= |µ H
K∩K∞[i]
| dans le cas spécial
` = 2 et K[i]/K non-ramifiée ∞-décomposée). Cela étant, nous avons :
Lemme 6. Pour tout entier n ≥ n
K, il existe une `-extension abélienne F
0de Q telle que le compositum K
0= KF
0vérifie les trois conditions :
H K
0∩ K
∞0= K
0, |µ K
0| = ` n
K≤ ` n , [d K
0] ∈ (Cl
mK
¯0) `
n, où [d K
0] est l’étendue de [d K ].
Preuve. Remplacer K par la sous-extension non-ramifiée maximale H K ∩ K
∞de sa Z ` -extension cyclotomique, revient à composer K avec un étage fini de la Z ` -extension cyclotomique Q
∞de Q . Cela fait, le corps obtenu vérifie par construction la condition H K ∩ K
∞= K. Par suite, le théorème de Chebotarev appliqué dans la clôture galoisienne de l’extension H K
m[ζ
2`n] nous assure l’existence d’un premier p
0K- ` m ¯
Kde K dans [d K ] (i.e. d’image donnée dans Gal(H K
m¯/K )) au-dessus d’un p
0complètement décomposé dans K[ζ
2`n]/ Q (donc vérifiant la congruence p
0= 1 mod l n ) :
— pour ` impair, cela résulte immédiatement de la disjonction H K
m¯∩ K[ζ
2`n] = K ;
— pour ` = 2, si l’extension K[i]/K est non-ramifiée et ∞-décomposée, le résultat vaut encore à condition de remplacer K/k par l’extension K[i]/k qui vérifie alors les mêmes propriétés.
De ce fait, le sous-corps totalement réel du corps cyclotomique Q [ζ p
0] contient un unique sous- corps F
0qui est cyclique de degré ` n et totalement ramifié en p
0. Comme p
0est pris complètement décomposé dans K/ Q , la place p
0Kau-dessus est totalement ramifiée dans l’extension composée KF
0/K
0; de sorte que l’étendue [d KF
0] de [d K ] est bien une puissance ` n -ème dans Cl KF
m¯ 0.
Enfin, K
0/K étant totalement ramifiée en p
0, on a µ K
0= µ K , sauf si K[i] vient remplacer K.
Preuve du Théorème. D’après le Lemme 6, nous pouvons supposer, sans restreindre la généralité, H K ∩ K
∞= K et [d K ] ∈ (Cl K
m¯) `
mK, où ` m
Kdésigne l’ordre du `-groupe µ K . Posons n
0= m
Ket définissons n
1comme plus haut. La Proposition 4 nous assure alors pour tout n ≥ n
0l’existence d’une `-extensions cyclique ∞-décomposée F de k ramifiée en un unique premier p
kavec pour indice e
pk(F/k) = ` n , qui satisfait les conditions (i), (ii) et (iii) de la section précédente.
En particulier la classe [d K ] est représentée par l’un des [K : k] idéaux p K au-dessus de p
k, lequel se ramifie dans l’extension composée L/K = KF/K avec pour indice ` n , de sorte qu’on a : p K = a ` L
npour un idéal a L invariant par Γ = Gal(L/K ). L’étendue [d L ] = [a L ] `
nde [d K ] à L est ainsi la puissance ` n -ème de la classe d’un idéal ambige. D’après la Proposition 3, c’est donc la classe principale dès qu’on a n ≥ n
1; et [d K ] se trivialise alors dans Cl L
m¯.
Scolie 7. La conclusion du Théorème vaut encore lorsque K/k n’est pas supposée galoisienne.
Preuve. Partons d’une classe d’ordre `-primaire δ
K∈ Cl
mK
¯; introduisons la clôture galoisienne K/k ¯ de K/k et notons ` s la `-partie de [ ¯ K : K]. D’après le Lemme 6, quitte à remplacer K par KF
0pour une `-extension abélienne F
0de Q (ce qui remplace K ¯ par KF ¯
0avec [ ¯ KF
0: KF
0] ≤ [ ¯ K : K] = ` s ), nous pouvons supposer que δ
Kest une puissance ` s -ème dans Cl
mK
¯, donc la norme N
K/K¯(δ
K¯) d’une classe de Cl
mK
¯¯. Donnons-nous maintenant un corps principalisant F pour δ K
¯; et écrivons que l’étendue j
FK/¯K¯(δ
K¯) est la classe triviale 1
FK¯. Notant H = F K ∩ K ¯ et δ
H= N
K/H¯(δ
K¯), nous avons :
j
FK/H(δ
H) = j
FK/H(N
K/H¯(δ
K¯)) = N
FK/FK¯(j
FK/¯K¯(δ
K¯)) = N
FK/FK¯(1
FK¯) = 1
FK; et j
H/K(δ
K) = j
H/K(N
H/K(δ
H)) = Q
σ∈Gal(H/K) δ
Hσ capitule donc dans F K.
2. Quand une place réelle devient complexe par extension, certains auteurs parlent de ramification à l’infini ;
d’autres, d’inertie. Pour éviter toute ambiguïté, nous précisons que les places de k ne se complexifient pas dans F .
7 Conséquences arithmétiques
Définition 8. Soient k un corps de nombres et T = T
kun ensemble fini de places de k. Pour chaque extension algébrique K de k (non nécessairement de degré fini sur k), convenons de noter T K l’ensemble des places de K au-dessus de T . Nous disons que K est T K
◦-principal lorsque son groupe des classes T K
◦-infinitésimales (défini comme limite inductive des groupes de classes de rayons Cl
mH modulo m
H= Q
qH∈TH
q
Hassociés aux sous-extensions H de degré fini) est trivial : Cl T
◦ K
K = lim −→ Cl
mH = 1
Cela posé, appliquons d’abord le Théorème principal (Th. B) avec k = Q .
Scolie 9. Pour tout corps de nombres totalement réel K et tout ensemble fini T = T
Qde places de Q , il existe une infinité d’extensions abéliennes réelles F/ Q telles que les classes de rayons modulo m K = Q
qK∈TK
q K de Cl K
mKcapitulent dans Cl
mFK
FK(avec m FK = Q
qFK∈TFK
q FK ).
En d’autres termes, le groupe Cl T
◦ K
K des classes T K
◦-infinitésimales de K capitule dans le sur- corps K[cos(2π/n)] pour une infinité de n (étrangers à un ensemble fini donné de premiers p).
Passant à la limite inductive, nous obtenons la généralisation suivante, en termes de classes infinitésimales modérées, du Théorème principal de Kurihara (cf. [14], Th. 1.1 & [1], Cor. 1) : Corollaire 10. Soit Q
ab+= S
n>0 Q [cos(2π/n)] la plus grande extension abélienne réelle de Q (i.e.
le sous-corps réel maximal du corps cyclotomique Q
ab= S
n>0 Q [ζ n ]). Alors, pour tout ensemble fini T
Qde places de Q , les extensions algébriques totalement réelles K de Q
ab+sont T K
◦-principales.
Regardons maintenant le cas relatif en distinguant suivant la signature du corps de base k : Scolie 11. Soit k un corps de nombres totalement réel et T
kun ensemble fini de places de k.
Alors, pour tout corps de nombres K ⊃ k où l’une au moins des places réelles se décompose complètement, il existe une infinité d’extensions abéliennes F/k complètement décomposées en toutes les places à l’infini et telles que les classes de rayons de Cl K
mKcapitulent dans Cl
mFK
FK.
Passant à la limite, nous obtenons la généralisation en termes de classes infinitésimales modérées d’un résultat conjecturé par Gras et démontré par Bosca (cf. [4], Conj. 0.5 & [1], Cor. 4) : Corollaire 12. Soit k un corps de nombres totalement réel, k
ab+sa plus grande extension abélienne totalement réelle et T
kun ensemble fini de places de k. Alors toute extension algébrique K de k
ab+dont la clôture galoisienne possède au moins un plongement réel est T K
◦-principale.
Preuve. D’après le scolie, pour tout α dans K, le groupe des classes T
k[α]◦-infinitésimales du corps k[α] capitule dans le sous-corps k
ab+[α] de K. Et K est donc bien T K
◦-principal, comme annoncé.
Scolie 13. Soit k un corps de nombres qui possède au moins une place complexe et T
kun ensemble fini de places de k. Alors, pour tout corps de nombres K qui contient k, il existe une infinité d’extensions abéliennes F/k complètement décomposées en toutes les places à l’infini et telles que les classes de rayons modulo m K = Q
qK∈TK
q K de Cl
mK capitulent dans Cl
mFK
FK.
Passant à la limite inductive, nous obtenons, toujours en termes de classes infinitésimales modérées, une généralisation d’un second résultat de Kurihara (cf. [14], Th. A.1 & [1], Cor. 3) : Corollaire 14. Soient k un corps de nombres qui possède au moins une place complexe, k
ab+sa plus grande extension abélienne de k complètement décomposées en toutes les places à l’infini, et T
kun ensemble fini de places de k.
Alors toute extension algébrique K de k
ab+est T K
◦-principale : Cl T
◦ K