A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION B
E. L ENGLART
Relation de domination entre deux processus
Annales de l’I. H. P., section B, tome 13, n
o2 (1977), p. 171-179
<http://www.numdam.org/item?id=AIHPB_1977__13_2_171_0>
© Gauthier-Villars, 1977, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Annales de l’I. H. P., section B » (http://www.elsevier.com/locate/anihpb) implique l’accord avec les condi- tions générales d’utilisation (http://www.numdam.org/conditions). Toute uti- lisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit conte- nir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques
http://www.numdam.org/
Relation de domination entre deux processus
E. LENGLART
Laboratoire de probabilités. Département de mathématiques,
Université de Rouen, 76130 Mont-Saint-Aignan
Vol. XIII, n° 2, 1977, p. 171-179. Calcul des Probabilités et Statistique.
SUMMARY. - We
study
theimplications
of a relation of domination of a processby
aprevisible increasing
process. Inparticular,
some of theBurkhôlder-Gundy inequalities
are extended topositive sub-martingales.
Moreover this relation introduces in a very natural way the uniform conver- gence on
compacts
inprobability.
RÉSUMÉ. - On étudie les
conséquences
d’une relation de domination d’un processusadapté positif
et continu à droite par un processus croissantprévisible.
On étendainsi,
enparticulier,
certaines desinégalités
de Bur-khôlder-Gundy
auxsous-martingales positives.
Cette relation introduit deplus,
defaçon
trèsnaturelle,
la convergence uniforme sur toutcompact
en
probabilité.
§ 1
Les processus sont tous définis sur un espace de
probabilité (Q, ~, fft, P)
muni d’une filtration et vérifiant les conditions habituelles.
DÉFINITION. - Un processus croissant est un processus nul en
0, adapté,
à
trajectoires
croissantes et continues à droite. Si A est un processus crois- sant on pose alorsA~ =
limAt
cequi
permet de définirAT
pour touttemps
d’arrêt T.DÉFINITION. - Un processus X
adapté, positif,
àtrajectoires
continuesà droites est dominé par un processus croissant
prévisible
A si : pour tout temps172 E. LENGLART
Nous donnons ici une
proposition généralisant
un théorème de M. Pra- telli[5],
la démonstration étantanalogue
à celle de[5].
PROPOSITION I. - Soit c une constante
positive.
Si X est dominé par le processus croissantprévisible
c. A on a : pour touttemps
d’arrêt fini T et pour toute fonction croissante concave nulle en0,
F :Si X est un processus
adapté
continu àdroite,
nous notons X* le pro-cessus
sup
. Pour tout processus nous posonsXo - ==
0.t
LEMME. - Si X est dominé par le processus croissant
A,
on a alors pour touttemps
d’arrêt T et tout c > 0 :S est un
temps d’arrêt ~
T A n.On a alors. la suite
d’inégalités :
Donc >
c) ~ 1
c cd’où >c )~ 1
cequi
entraînel’inégalité
cherchée.Voici maintenant le résultat
principal
de ceparagraphe:
THÉORÈME I. - Si X est dominé par un processus croissant
prévisible A,
on a alors pour tout
temps
d’arrêtT,
tout c >0,
tout d > 0 :Démonstration. Nous montrerons en fait un peu
plus :
a)
Pour touttemps
d’arrêt T >0, prévisible,
tout c > 0 et tout d > 0 :Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section B
Soit S =
inf {
t,d ~ .
S est untemps
d’arrêtprévisible
car c’estle début d’un fermé droit
prévisible [6]
et, par continuité àdroite,
on aS > 0
Pp.
p. Par suite S A T est >0, prévisible.
On a
l’inégalité : I~AT _ ~ d~XT _ X~T ~ s~ - .
En effet si d alors et on a
l’égalité,
et sialors le
premier
membre est nul.Par
conséquent : (*) ~ P(X T ~ s~ - > c)
+d) (**).
Soit
(Sn)n
une suite croissante detemps d’arrêts, convergente
vers S A Tet telle que
Pp.
p. pour tout n,S~
S A T. Soit s >0,
e c. On a alors :D’après
le lemme de Fatou et le lemmeprécédent
on a alors :Par
suite, E
étantarbitraire,
Or
AT- A d, ce,qui,
enreportant
dans(**),
entraîne bien l’iné-galité
cherchée.b)
Pour démontrer le théorèmeI,
il suffitd’appliquer a)
aux processus arrêtésXT
etAT,
avec letemps
d’arrêtprévisible
T’ = +COROLLAIRE I. - Soit
(Xn)n
une suite de processuspositifs
continus àdroite,
chacun dominé par un processus croissantprévisible An,
et T untemps
d’arrêt.On a alors :
Démonstration. On a en
effet,
pour tout c > 0 et tout d > 0 :ce
qui implique
immédiatement le résultat.COROLLAIRE II. - Soit X un processus
positif,
continu àdroite,
dominépar un processus croissant
prévisible
A.Pour tout
pe]0, 1[ et
touttemps
d’arrêt T on a :174 E. LENGLART
Démonstration.
D’après
le théorème deFubini,
pour toute variable~oo
aléatoire
positive Z, E(Z)
=0 P(Z c)de.. -
D’après
le théorème I on a donc :REMARQUE .
Laproposition
1permet
de renforcer cette dernière iné-galité.
En
anticipant
sur la suite de cetravail,
remarquons que l’on nepeut remplacer l’hypothèse :
« X est dominé par un processus croissantprévi-
sible » par : « X est dominé par un processus croissant localement
intégrable,
ou même
intégrable
».Ce
contre-exemple
est dû à M. M. Pratelli(communication personnelle).
Soit M une
martingale
de carréintégrable,
on a :Pour tout
temps
d’arrêt TE([M,
=E(( M,
M>T).
Donc,
si p1, E([M, M]p~) 2 - p E( M,
Mp d’après l’inégalité précédente.
p ~
([
~]~~ ~ 1
p( ~
~i ~~
pSi l’on
pouvait
énoncerl’inégalité précédente
avecintégrable
à laplace
de
prévisible,
on aurait :E(( M, M )~) ~ KE([M, M]~)
si p1,
K nedépendant
pas deM ;
cequi
n’est pas.Prenons Q =
[0, 1], ~~ _ ~ cp, Q }
si t1,
les boréliens de[0, 1]
si t > 1 et P la mesure deLebesgue
sur 0.Pour tout n, soit
M;
lamartingale :
On a :
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section B
et
§ 2.
APPLICATIONSDÉFINITION. - Soit X un processus à
trajectoires
continues àdroite,
ondit que c’est une
sous-martingale
locale(resp. martingale locale)
s’il existeune suite croissante de
temps
d’arrêt(Tn)n
telle queTn
converge p. s. vers + oo et que les processus arrêtés soient dessous-martingales (resp.
martingales).
On notera
(resp.
l’ensemble dessous-martingales posi-
tives
(resp. martingales locales, martingales
locales localement de carréintégrable)
nulles en 0.PROPOSITION I. -
(Décomposition
deDoob-Meyer).
Soit X
appartenant
à il existe un et un seul processus croissantprévisible
que l’on noteX
tel que X -X
soit unemartingale
locale.Démonstration.
~
est définilocalement, puis
parrecollement, d’après
l’existence et l’unicité de la
décomposition
deDoob-Meyer
pourXTn,
pour tout n
[4].
PROPOSITION II. - Soit X
appartenant
à on aalors,
pour touttemps
d’arrêt fini T : _
E(Xî)
Démonstration. Soit
(Tn)n
une suite detemps
d’arrêtqui
converge en croissant vers + oo et telle que pour tout n(X - X)Tn
soit unemartingale
uniformément
intégrable.
On a donc pour tout n :
La conclusion est alors immédiate en
appliquant
le lemme de Fatou.Par
conséquent
X*domine ~ qui
domine X. Onpeut appliquer
les résultats.du
chapitre précédent
aucouple (X, X)
mais pas engénéral
aucouple
(X, X*)
car X* n’est pasprévisible
engénéral, sauf
si X est elle-mêmepré-
176 E. LENGLART
Voici des cas
particuliers
intéressants où l’onpeut appliquer
cequi précède.
- Si X est un processus croissant localement
intégrable, X
est soncompensateur prévisible.
- Si M
appartient
à alors X =( M est
dans Le processusX
ne semble pas avoir été très
étudié,
sauf dans le cas où M estcontinue, auquel
casX
est letemps
local de M[7]
notéL°.
- Si M
appartient
à alors X =M2
est dans Leprocessus X
est alors le
processus ( M, M ~ ;
deplus,
si B =[M, M], alors ~
est aussi( M, M ).
§3
MARTINGALES LOCALES ET CONVERGENCE ENPROBABILITÉ
Nous allons montrer, dans ce
paragraphe,
quel’inégalité
fondamentaleet ses
conséquences permettent
de munir certains espaces demartingales
locales de
topologies
intéressantes.On retrouve ainsi très naturellement la construction des
intégrales stochastiques
parrapport
à unemartingale
locale continueprésentée
par K. Ito
[2]
et Ph.Courrège [1].
Une
application
immédiate du corollaire 1du §
1 entraîne :PROPOSITION I. - Soit
(Mn)n
une suite de et M EM;oc.
Pour touttemps
d’arrêt T on a :Si Mn et M
appartiennent
à(martingales
localescontinues)
on a :. x
Dans toute la
suite,
on note g : -~ la fonction x --~1 -I- x
.Soit ~’ l’ensemble des processus p. s. â
trajectoires
continues à droite etadaptés à ~t (on
confond deux processusindistinguables).
Munissons ~’de la
topologie de la
convergenceuniforme
sur tout compact enprobabilité.
Cette
topologie
estmétrisable,
une distancecompatible
avec elle étant donnée par :Remarquons
que d est invariante par translation.Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section B
Enfin une
application
du lemme de Borel-Cantelli entraîne qued)
est un espace vectoriel
métrique complet.
Il en est de même ded)
où~~
désigne
le sous-espace de Et formé des processus continus.Étudions
maintenant latopologie
induitepar d
surPROPOSITION II.
(M~ o~, d)
est un espace vectorielmétrique complet
Démonstration. Soit une suite de
Mioç qui
converge vers M dans(~’, d) d’après
cequi précède,
on sait que Mappartient
à Il reste doncà montrer que M est une
martingale
locale. SoitT~
=inf { t ( Mt ~ > n ~ .
La suite
Tn
converge vers + oo, et pourtout n
car M estcontinu.
Fixons t et s x t. Il existe une sous-suite
(n)
telle que :Soit
inf ~ u
+1 f .
Pour presque tout 03C9 il existe
jo(w)
tel que pourtout j jo(w) et
pourOn a donc :
Puisque Tn
AT1
A t ~T1
A t on adonc t ~
n + 1 pourtout j.
De
plus, d’après
lespropriétés
de la convergence uniforme :On a donc :
Par
conséquent,
pour tout nMTn
est unemartingale
et donc M est unemartingale
locale continue.Remarquons
que cette démonstration convientégalement
pour le cas178 E. LENGLART
On introduit sur une seconde distance d’
définie
par :également
invariante par translation.PROPOSITION III. -
1)
Latopologie
définiepar d
surM2loc
est moinsfine que celle définie par d’.
2)
Sur les structures uniformes définiespar d et
d’ coïncident.3)
Et doncd’)
estcomplet.
Démonstration.
1)
et2}
découlent de laproposition
I et de l’invariance par translation des distances considérées.3)
Découle alors de laproposi-
tion II.
Donnons enfin une
application
immédiate de laproposition
1 de ceparagraphe.
,Soit M E et
PROPOSITION IV. - Soit
(fn)n
etf appartenant
àA(M)
et T un temps d’arrêt.Si
alors :
Démonstration. - C’est évident car le processus croissant
prévisible
associé à
(jf - f ) . M
est( f n - f )2 . ~ M, M) .
COROLLAIRE. - Soit M
appartenant
àM;oc,
T untemps
d’arrêt fini etlin
une suite de subdivisions aléatoires de
[0, TJ, composées
detemps d’arrêt,
et dont le pas tend p. s. vers zéro. On a alors :
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section B
Démonstration. - Nous utilisons l’identité évidente suivante :
Pour tout n, soit
Un calcul
simple
montre immédiatement quel’expression
du corollaireest
égale
à(en
utilisant la formuled’intégration
parpartie)
expression qui
tend enprobabilité
vers0, d’après
laproposition précédente
et le théorème de
Lebesgue.
’
’
RÉFÉRENCES
[1] Ph. COURRÈGE, Intégrales stochastiques et martingales de carré intégrable. Séminaire Brelot-Choquet-Deny, 62-63, n° 7.
[2] K. ITO, Lectures on stochastic process. Tata institute.
[3] GETOOR-SHARPE, Conformal martingales. Inv. Math., 72 16, 271-3.
[4] P. A. MEYER, Probabilité et potentiel. Hermann.
[5] M. PRATELLI, Sur certains espaces de martingales localement de carré intégrable. Lec-
ture note, n° 511, Séminaire de probabilité X, p. 401.
[6] C. DELLACHERIE, Capacités et processus stochastiques. Ergeb. der math., Springer- Verlag.
[7] P. A. MEYER, Un cours sur les intégrales stochastiques. Lecture note, n° 511, Séminaire de probabilité X.
(Manuscrit reçu le 21 mars 1977)