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Vestiges de jardins : les terres de jardin

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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THÈME VII

v estIges de jardIns : Les terres de jardIn

Carole ViSSAC (INRAP, ADEPRINA) Cécilia CAMMAS (INRAP)

Composante essentielle du jardin, le sol constitue une véritable archive de l’existence du jardin. Il constitue un support privilégié pour étudier des pratiques culturales et des aménagements spécifiques. En prenant le sol comme objet d’étude, une brève présentation de ses caractères propres nous parait nécessaire avant de préciser une démarche d’étude à travers les sciences du sol et d’exposer une étude de cas.

L

esoLdu jardIn

:

défInItIon

Dans le contexte du jardin, la formation et l’évolution du sol ne résultent pas seulement de processus biologiques, physiques ou chimiques, le sol est aussi fortement influencé par des activités humaines importantes ou répétées qui lui valent l’appellation d’anthroposol. Le sol du jardin est en effet travaillé, cultivé, et divers apports y sont incorporés modifiant ainsi ses caractères d’origine. Des espaces spécifiques tels que les jardins, répondant à des fonctions d’utilité ou d’agrément, ont favorisé diverses pratiques, fait appel à des compétences et des savoir-faire spécifiques en matière d’aménagement du terrain et de pratiques culturales. Les vestiges de jardins peuvent donc être révélés par la caractérisation de leurs sols, améliorés, modifiés voire reconstitués. le sol du jardin rassemble également une diversité de terres pour répondre à un souci d’esthétisme ou remédier à un terrain impropre à la mise en culture (rehaussement, assainissement, amendement…).

les difficultés d’étude tiennent ainsi à la variabilité des dépôts et des structures (terrasse, système d’irrigation, plantation…), à la distinction des dépôts naturels ou anthropiques et à la détermination des niveaux de surface (enfouis, cultivés…).

d

émarched

étude

:

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approche Intégréede L

archéoLogIeetdes scIencesdu soL

La fouille d’un jardin révèle souvent à l’archéologue l’importance de pouvoir « lire » les terres composant ces jardins. Il s’agit en particulier des jardins potagers et d’agréments situés dans une période chronologique qui s’étend du XVe au XIXe siècle. Ces derniers ont souvent révélé un sol complexe par la nature et l’organisation de leurs dépôts.

La fouille archéologique et l’ouverture de grands transects révèlent l’importance de l’agencement, de la distribution du matériau terre dans la création de certains sites avec la notion de terres rapportées1. Les apports de terres favorisent en effet la mise en culture et aident à la construction du jardin. Les sites ont ainsi parfois subi d’importantes modifications pour des raisons esthétiques ou culturales. Nombre d’entre eux montrent en effet une organisation similaire avec une accumulation de dépôts hétérogènes liés à des successions de niveaux de jardins ou à des modifications de la topographie du site par exemple.

Dans l’étude de ces jardins historiques, les difficultés d’interprétation liées à la particularité de leur sol requièrent souvent une étude à différentes échelles d’observations.

La caractérisation des sols en terme de pratiques culturales (amendements, plantations…), de transformation du paysage (comblement de dépressions naturelles…), ou d’aménagements plus spécifiques (drainage, allée…) peut ainsi nécessiter de plus fines investigations. les études menées en laboratoire permettent de préciser la nature des couches, les propriétés physiques et chimiques du sol, l’ambiance hydrique, de déterminer la présence du sol naturel en place ou d’anciens niveaux de surface. Ces études concernent la micromorphologie des sols et des analyses pédologiques classiques (carbonates, phosphore…).

1 Fouilles de Anne Allimant réalisées depuis 1996 pour étudier la mise en œuvre technique des jardins.

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Dans l’étude des jardins, la lecture des traités et méthodes de jardinage permet aussi de prendre connaissance des pratiques culturales, des travaux d’aménagements, de l’amélioration des terres notamment.

Confrontés aux données de terrain, ces sources peuvent être un support pour comprendre le choix, l’exploitation d’un milieu.

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neXempLe

:

LejardIndu

p

radeL

Le jardin du Pradel en Ardèche appartient au domaine d’O. de Serres, agronome du XVIe siècle. La fouille du secteur attribué au potager a donné lieu à une série de prélèvements au sein des différentes fosses mises au jour. il s’agissait de préciser la nature des remplissages et d’identifier des pratiques culturales mentionnées dans les écrits d’O. de Serres.

L’étude a montré que les remplissages des fosses se distinguent par la nature des terres utilisées liées aux sols du contexte environnant (des colluvions et des alluvions) ainsi que par la nature et la fréquence des éléments incorporés (fragments de roche, matériaux de construction, charbons de bois, os, céramiques, agrégats de terre brûlés, coquille, résidus végétaux). Un enrichissement des terres et des apports en eau ont été mis en évidence et ont ainsi permis d’individualiser les fosses par rapport à leur encaissant. Enfin, le comblement des fosses a été immédiat et des terres rapportées ou enrichies par des constituants spécifiques rendent compte de certaines pratiques (litages relictuels, apports de matériaux de combustion pour arbres fruitiers par exemple).

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oncLusIonetperspectIves

Le caractère des sols étudiés réside principalement dans le déplacement de matériaux et l’incorporation de rejets anthropiques pour modifier le sol d’origine de façon plus ou moins intense. l’étude de ces sols a montré l’intérêt d’une approche alliant les données archéologiques et les sciences du sol, incluant la variabilité des échelles d’observation, du site à l’échantillon.

La comparaison entre des jardins de différentes périodes (plus anciens et actuels) favoriserait une meilleure caractérisation de l’espace jardin ainsi que l’étude de l’impact des activités anthropiques sur la longue durée. C’est en effet la conservation des caractères d’anthropisation spécifiques au jardin qui est également concernée avec des marqueurs tels que l’activité biologique et la nature des constituants des terres.

Carole vISSAC - Cécilia CAMMAS ~ vestiges de jardins : les terres de jardin

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