HAL Id: jpa-00206958
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Submitted on 1 Jan 1970
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Étude de la susceptibilité magnétique de l’oxyde de manganèse et du sulfure de manganèse en poudre dans
l’état ordonné
D. Bloch, Robert Georges, I.S. Jacobs
To cite this version:
D. Bloch, Robert Georges, I.S. Jacobs. Étude de la susceptibilité magnétique de l’oxyde de manganèse
et du sulfure de manganèse en poudre dans l’état ordonné. Journal de Physique, 1970, 31 (7), pp.589-
595. �10.1051/jphys:01970003107058900�. �jpa-00206958�
ÉTUDE DE LA SUSCEPTIBILITÉ MAGNÉTIQUE
DE L’OXYDE DE MANGANÈSE
ET DU SULFURE DE MANGANÈSE EN POUDRE
DANS L’ÉTAT ORDONNÉ
D. BLOCH et R. GEORGES
Laboratoire
d’Electrostatique
et dePhysique
duMétal, Grenoble,
FranceI. S. JACOBS
General Electric Research and
Development Center, Schenectady,
N.Y.,
U. S. A.(Reçu
le 5février 1970)
Résumé. 2014 On a étudié
expérimentalement
la variationthermique
de lasusceptibilité magnétique
en
champ
fortjusqu’à
70 kOe del’oxyde
et du sulfure de manganèse. Dans le domainemagnétique-
ment
ordonné,
la directiond’antiferromagnétisme
est modifiée sous l’action duchamp magnétique appliqué
cequi
conduit à uneaugmentation
de lasusceptibilité.
On a observé desphénomènes
detraînage
de lasusceptibilité.
On discute des résultatsexpérimentaux
en tenant compte desdépla-
cements des
parois
des domaines et de lamagnétostriction spontanée.
Abstract. 2014 An
experimental study
of the thermal variation of thehigh
fieldmagnetic
suscep-tibility
of manganese oxide and sulfide in fields up to 70 kOe isreported.
In themagnetically
orderedregion,
the direction ofantiferromagnetism
is modifiedby
theapplied field,
which leads to anincrease of the
magnetic susceptibility. Magnetic viscosity
effects were also observed. A discussion of theexperimental
results isgiven
which takes into account domain walldisplacement
and spon- taneousmagnetostriction.
Introduction. - A la
température ambiante, l’oxyde
de
manganèse
et le sulfure demanganèse présentent
la structure
cubique
à faces centrées du chlorure de sodium. Dans cescomposés,
les orbitales 3 ddes ions
Mn + +
contiennentcinq
électrons. Leur momentmagnétique
despin
est de 5 /ln et le moment orbital est nul. Les mesuresmagnétiques
ont montréque MnO et MnS en
poudre présentent
un compor- tementantiferromagnétique
avec destempératures
de Néel
[1-2]
voisinesrespectivement
de 120 OK et 150 OK. On admetgénéralement
que les interactionsd’échange
entrepremiers
et entre seconds voisinssuffisent à décrire les
propriétés
de cescomposés [3-4].
En
1951,
Shull et al. ont mis enévidence,
par diffrac- tion des neutrons[5],
la nature del’arrangement antiferromagnétique
dans MnO. Celui-ci est consti- tué deplans ferromagnétiques (111),
le sens desmoments étant inversé entre deux
plans
consécutifs(arrangement antiferromagnétique
de deuxièmeespèce).
Un cristal se divise donc en domaines anti-ferromagnétiques,
dits domainesT,
en raison de lamultiplicité
de la direction desplans (111). Kaplan
apartiellement
résolu leproblème
de la directiond’antiferromagnétisme [6]
que nousappellerons
L1dans la
suite,
en montrant quel’énergie
d’interactiondipolaire
est minimalelorsque
d estparallèle
auxplans ferromagnétiques ;
une étude effectuée ulté-rieurement par Roth
[7],
par la diffraction des neu-trons, a confirmé ce résultat.
Cependant,
au-dessousde la
température
deNéel,
lasusceptibilité magnéti-
que de MnO en
poudre
est une fonction croissante duchamp appliqué [8].
Ce faitsuggère
l’existence d’un processus de rotation de la direction d’anti-ferromagnétisme [9] (dit
encore« spin flotting »)
sous l’action du
champ appliqué. Mais,
le termed’anisotropie dipolaire
ne suffit pas àexpliquer
cecomportement
puisqu’il
existetoujours
une directiond’antiferromagnétisme, parallèle
auxplans (111)
etperpendiculaire
auchamp appliqué.
D’autre
part
des études récentes ont mis en évidence le rôlejoué
par les effets demagnétostriction
spon- tanée dans MnO et dans MnS[10, 11, 12].
Les modi-fications des
paramètres
de lamaille,
et la variationthermique
des interactionsd’échange
ont une incidencesur les
propriétés magnétiques,
et enparticulier
surles
susceptibilités.
Pour
répondre
à l’ensemble desquestions
ainsisoulevées,
nous avonsentrepris
l’étude de la suscep- tibilitémagnétique
del’oxyde
demanganèse
et dusulfure de
manganèse
dans le domaine ordonné.Nous avons utilisé pour cette étude le
champ magnétique produit
par une bobine sansfer,
dutype
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01970003107058900
590
Wood,
refroidie à l’eau[13].
Les mesures ont étéeffectuées par la méthode d’extraction axiale. Les résul- tats sont
corrigés
de lasusceptibilité diamagnétique
desions
Mn++,
0-- etS--,
soit -1,6
x10-6 u.e. m./g.
pour MnO et -
0,6
x10-6 u.e.m./g
pour MnS[14].
Laprécision
desexpériences
est estimée à± 0,6
x10-6
u. e.m./g.
Etude
expérimentale
de lasusceptibilité magnétique
de MnO en
poudre.
- Cette étude a été réalisée avecune
poudre
de mêmeorigine
que celle utilisée par Roth pour l’étude de MnO par diffraction des neu-trons
[7].
Elle estdépourvue d’impuretés ferromagné- tiques.
La grosseur desgrains
est telle que l’onpeut
supposer, paranalogie
avec NiO[15, 16, 17, 18]
que chacun d’eux est constitué d’un seul domaine T et que les
phénomènes caractéristiques
despoudres
en
grains
fins nepeuvent
pasprendre place.
Lesmesures à
température
constante sont effectuées àpartir
d’un état de référenceprésentant
enchamp
nul une distribution
parfaitement
aléatoire desplans ferromagnétiques (111)
et des directions d’antiferro-magnétisme [19].
Les résultats obtenus lors des mesures de la sus-
ceptibilité
de MnO enpoudre
enchamps magnétiques croissants,
àpartir
de l’état de référence ontdéjà
fait
l’objet
d’une note[20] (Fig. 1).
Dans le domaineparamagnétique,
l’accord avec les mesures antérieures est satisfaisant[18].
Au-dessous de latempérature
de
Néel,
lasusceptibilité antiferromagnétique
Xp de lapoudre
croît avec lechamp appliqué jusqu’à
50 000 Oe environ. Pour les valeurs
supérieures
duchamp,
elle reste constante. Nous admettons queFic, 1. - Susceptibilité magnétique de MnO en poudre (réfé-
rence 20).
dans ces
conditions,
à l’intérieur dechaque grain
de la
poudre,
la directiond’antiferromagnétisme
Liest
perpendiculaire
auchamp appliqué,
et que lasusceptibilité magnétique
mesurée estégale
à lasusceptibilité perpendiculaire,
xi. Nous avons ainsi à4,2
OK :avec une meilleure
précision
que lors des évaluations antérieures[21-22]. Lorsque
latempérature croît,
xl diminue
légèrement.
Sa variationthermique présente
un minimum très étalé autour de 55 OK.La valeur
de xl
est alors de 78 x10-6
u. e.m./g ;
cette valeur croît ensuite
jusqu’à
latempérature
detransition où elle est de 83 x
10-6
u. e.m./g.
Dans un autre ensemble de mesures, nous avons
constaté que les
susceptibilités magnétiques,
mesuréesen faisant décroître le
champ
àpartir
de 50 000Oe,
sont
supérieures
auxsusceptibilités
mesurées enchamps
croissants àpartir
de l’état de référence(Fig. 2).
Si l’on cesse de faire décroître lechamp
en le maintenant constant, par
exemple
à 6 000Oe,
la
susceptibilité magnétique
diminue peu à peu et tend vers la valeur mesurée enchamps
croissantsavec une constante de
temps
de 40 minutes environ.L’appareillage
utilisé nepermet
que des variations très lentes duchamp magnétique,
de sortequ’il
estimpossible
de déduire desrenseignements quantita-
tifs des courbes obtenues en
champs
décroissants.FiG. 2. - Traînage magnétique en fonction du champ dans MnO.
Enfin,
nous avons étudié souschamp
constant lavariation
thermique
de lasusceptibilité
X, en faisantcroître, puis
décroître latempérature.
En franchis- sant lepoint
de transition(120,DK)
dans le sensdes
températures décroissantes,
les valeurs de Xpsont
supérieures
à celles que l’on obtient àtempéra-
tures croissantes
(Fig. 3).
Siaprès
avoir refroidirapidement
l’échantillon au-dessous de la transitionon maintient sa
température
à une valeurfixe,
onobserve que la
susceptibilité
décroît peu à peu et tend vers la valeur mesurée àtempératures
croissantes(la
mêmeexpérience
effectuée sur lepyrophosphate
de
manganèse
n’a rien révéléd’analogue,
de sorteque les effets observés ne semblent pas liés à la
pré-
sence d’un
gradient
detempérature
ou à un retardde la mise en
équilibre thermique).
Il semble quel’on doive
rapprocher
cet effet de l’observationrapportée
parRodbell,
et Owen[23] : lorsqu’on
refroi-dit
rapidement
unepoudre d’oxyde
demanganèse
au-dessous de satempérature
detransition,
le dédou- blement de certaines raies dudiagrammes
deDebye- Scherrer, qui
caractérisel’apparition
de la distorsionrhomboédrique
liée à l’ordreantiferromagnétique, n’apparaît qu’au-delà
de 40 minutes environ. Nousverrons
plus
loin que ces deuxphénomènes peuvent
trouver une
explication
commune.FIG. 3. - Traînage magnétique en fonction de la température
dans MnO.
Interprétation.
- Dans ceparagraphe,
nous don-nons une
interprétation
de la variationthermique
dela
susceptibilité perpendiculaire
X, deMnO,
et nous confrontons avec nos résultatsexpérimentaux
lemodèle
proposé
par Keffer et O’Sullivan pouranalyser
les
phénomènes
de« spin-flopping
»,Enfin,
nousproposons diverses
interprétations
desphénomènes
de
traînage
et de retard que nous avons observés.Il est
possible d’interpréter
la variationthermique
de la
susceptibilité perpendiculaire
en utilisant le modèle des ondes despins
aux bassestempératures
et le modèle du
champ
moléculaire au-delà de 4QoK.Lorsqu’on applique
suivant la directionOy (perpen-
diculaire à la direction Oz de facile
aimantation)
un
champ magnétique H,
faible devant lechamp d’échange HE,
mais fort devant lechamp critique
de
« sping flopping » [22],
les aimantations moyennes(j A
etQB
des sous-réseaux forment unangle 0, petit,
avec la direction Oz
(Fig. 4).
Aux bassestempératures,
FIG. 4. - Effet d’un champ magnétique appliqué suivant une
direction normale à la direction d’antiferromagnétisme.
la valeur de
l’angle 0
rend minimale lapartie
del’énergie
totalequi dépend
de cetangle :
où 8£ -z
sont les valeurs moyennes desprojections
suivant Oz des aimantations aA et QB. Le deuxième terme de cette
expression représente
la variation avec 0 del’énergie d’échange
despaires
d’ionsantiparallèles.
Soient deux ionsantiparallèles
1 et m,couplés
par l’interactiond’échange
J. En l’absence dechamp extérieur, l’énergie
moyenne de lapaire (1, m)
est donnée par :La valeur de
l’énergie
moyenne de cettepaire
lors-qu’on applique
lechamp
H estégale
à :où les valeurs moyennes sont celles que l’on observe
en
champ
nul. Nous avonsnégligé
lesquantités analogues
àSI’ S,-,,.
Cetteapproximation
est moinsrudimentaire que celle que l’on effectue dans le
592
modèle du
champ
moléculaire etqui
consiste ànégli-
ger les corrélations
Si Sm
etSr SY,,.
Nous avons ainsi :L’indice
1 t! désigne
unepaire
depremiers
voisins(a, b) antiparallèles
et l’indice 2 unepaire
de secondsvoisins.
En
supposant
queSâ Sb
estégale
àSâ S6
cequi
revient à
négliger l’anisotropie,
nousobtenons,
au second ordreprès
en(g/lB HIJ1 t!)
Nous avons déterminé les variations
thermiques
des
quantités (S,,Sb)lll, (S.Sb)2, (sa Sb
1 T i ’(sa S;)2
et
Si
par un calcul d’ondes despins
non renormali-sées
[24]
enadoptant
les valeurs des interactionsd’échanges
déterminées par Lines et Jones[3].
Onconstate ainsi
qu’entre 4,2
OK et 40OK,
lasusceptibi-
lité X, décroît d’environ 1
%,
cequi
est en accordavec
l’expérience.
Cette diminutions’explique
par le fait que la création d’une onde despin
de faibleou de forte
énergie
diminue de la mêmequantité
lacomposante Si [25] ;
par contre, les corrélationsqui apparaissent
au dénominateur del’expression [6]
sont moins affectées par les ondes de faible
énergie qui
sont les seules excitées aux bassestempératures ;
ainsi le
rapport qui exprime xl(T)
commence par décroîtrelorsqu’on
élève latempérature
àpartir
du zéro absolu.
Au
voisinage
de latempérature d’ordre,
le coefh-cient de
champ
moléculairequi couple
entre eux lessous-réseaux
antiparallèles
varie en fonction de latempérature
par l’intermédiaire des variations thermi- ques de la distorsion a et duparamètre a [10-11]
(Fig. 5).
Il en est demême,
parconséquent,
de lasusceptibilité perpendiculaire,
et nous obtenons :Nous avons calculé la variation
thermique
de cerapport
en utilisant les résultats de mesures antérieures de la variationthermique
de a et de oc ansi que de la variation des interactionsd’échange
en fonction des déformations de la structurecristallographique [10, 11, 12] (Fig. 5).
Nous avonscomparé
les résultats ainsi obtenus et la variationthermique
déterminéeexpérimentalement (Fig. 6).
L’accord entre ces deuxdéterminations
complètement indépendantes
permet desouligner l’importance
des effets demagnétostric-
tion
spontanée
dans MnO. Il faut noter aussi queFIG. 5. - a) Variation thermique de la distorsion rhombo-
édrique a dans MnO (référence 11 ). b) Variation thermique du paramètre cubique a dans MnO (référence 11 ) : 1. courbe expé- rimentale, 2. courbe calculée en l’absence de magnétostriction
d’échange.
l’essentiel de la variation
thermique de X,
dans cedomaine de
température
est lié àl’apparition
de ladistorsion
rhomboédrique.
Si l’on veut attribuer à un processus de
spin flop- ping
la variation de Xp avec lechamp appliqué,
onest conduit à faire
l’hypothèse qu’il
existe au moinsune direction de facile aimantation à l’intérieur des
plans ferromagnétiques (111).
On définit ainsi unnouveau
type
de domainesantiferromagnétiques
(domaines S) correspondant
aux diverses directions L1 rencontrées dans un même domaine T. Keffer etFIG. 6. - Variation thermique de la susceptibilité perpendicu-
laire de MnO au voisinage de la température de Néel.
O’Sullivan ont calculé la variation de la
susceptibilité magnétique
d’unepoudre antiferromagnétique
enfonction du
champ magnétique appliqué [22].
Leurcalcul suppose que les directions L1 sont initialement orientées de
façon parfaitement
aléatoire et que danschaque
domaine S lesspins
tournent d’un mêmemouvement sous l’action du
champ appliqué.
Ondéfinit une
susceptibilité
réduite x, donnée parElle
apparaît
comme une fonction de la seulevariable
h,
mesure duchamp
enprenant
comme unité lechamp critique H,, :
Dans cette relation m et
K2
sontrespectivement
lamultiplicité
de la direction de facile aimantation dans leplan (111)
et la constanted’anisotropie
corres-pondante.
Nous avons calculé les valeurs dex(h)
pour les valeurs 1 et 3 du
paramètre m (Fig. 7).
Lecalcul pour le cas m = 3 diffère un peu de celui effectué par Keffer et O’Sullivan
[22].
FIG. 7. - Variation théorique de X en fonction de h2.
S’il existe 3 directions de facile aimantation
(m
=3),
la courbe variation
x(h) présente
unpoint anguleux
pour la valeur h = 1. En
effet, lorsque
lechamp
devient suffisammentintense,
dans certains domainesS,
la direction d bascule duvoisinage
d’une direction de facile aimantation auvoisinage
d’une autre, moinséloignée
de laperpendiculaire
auchamp appliqué.
De
plus,
si l’onsupprime
lechamp après
l’avoirporté
à une valeur nettementsupérieure
à la valeurcritique (h > 1)
les directionsd’antiferromagnétisme
dans
chaque
domaine T sedisposent
suivant la direc- tion de facile aimantation laplus proche
de la nor-male au
champ appliqué,
et leur distribution n’estplus isotrope.
Lasusceptibilité
réduite x est alorssupérieure
à la valeur2/3, correspondant à la réparti-
tion
isotrope
initiale. Si m estégal
à1,
aucun de ces deuxphénomènes
ne seproduit,
et la variation corres-pondante
de x neprésente
nipoint anguleux
nihystérésis
en fonction duchamp.
Nous avons
représenté (Fig. 8)
l’isotherme théori- quex(h)
pour m =1 ;
nous avonsreprésenté
aussiles isothermes mesurées à
4,2
OK et 77OK, ajustées
à la courbe
théorique,
par le choix de la valeur duchamp critique,
soit vers leschamps forts,
soit versFIG. 8. - Variation expérimentale de x ; comparaison avec la variation théorique pour m = 1 : 1. variation théorique,
2. ajustement aux champs faibles, 3. ajustement aux champs
forts.
les
champs
faibles. On note que les variationsexpéri-
mentales sont
identiques
en attribuant àH,
des valeurs dans lerapport.
Par contre, il est
impossible
d’amener en coïncidence les variationsthéoriques
etexpérimentales.
594
Pour
m = 3,
l’accord est encore moins satisfai- sant,puisque,
enparticulier, l’expérience
ne révèlepas l’existence de
points anguleux.
Cette différence
s’explique
sans doute par le fait que le modèle de Keffer et O’Sullivan ne tient pascompte
dudéplacement
desparois
entre les domaines.Or,
dansl’oxyde
de nickelNiO,
et pour deschamps magnétiques
de l’ordre de 2 000 Oe onpeut
observer de telsdéplacements [26].
Ilspeuvent
rendrecompte
de la forte valeur de lasusceptibilité parallèle
à4,2
OK(10
x10-6
u. e.m./g)
déterminée par extra-polation
àpartir
de mesures effectuées dans deschamps supérieurs
à 2 000 Oe.L’analyse
de la variation de lasusceptibilité
enfonction du
champ appliqué,
au moyen du modèlede Keffer et
O’Sullivan,
nepermet
donc pas d’écarter l’une deshypothèses m
= 1 ou m =3,
concernant lamultiplicité
des directions de facile aimantation dans leplan (111).
L’étude dutraînage magnétique
fournit des éléments
complémentaires
pour discuter la valeur de m.Dans
l’hypothèse m
= 3(3
directionséquivalentes
de facile
aimantation)
l’action d’unchamp
intensefavorise le
grossissement
des domaines S danslesquels
la direction
d’antiferromagnétisme
estproche
de lanormale au
champ,
au détriment des autres domainesS ;
elle provoque simultanément une rotation de toutes les directionsd’antiferromagnétisme.
Maisles domaines mal orientés
peuvent
subsister avec de très faibles volumes auvoisinage
de certainsdéfauts,
et
reprendre
peu à peu uneplus grande
extensionaprès
que l’on ait ramené lechamp
à une valeurplus
faible. Cette
hypothèse permet
de rendrecompte
desphénomènes
detraînage
que nous avons obser-vés ;
les diverses tentativesthéoriques
que nous avons faites pour évaluerl’anisotropie
ternaire dans leplan (111)
ont conduit à des ordres degrandeur
nettement
trop
faibles.L’hypothèse m
= 1 estincompatible
avec lasymé-
trie d’un réseau cristallinparfait,
et nepeut
favoriser ledéplacement
deparois
entre les domaines S(parois anti-phase).
Onpeut cependant
supposer que laprésence
de dislocations dans le réseau provoque des contraintesqui
favorisent localement une des direc- tions duplan (111).
Enprésence
d’unchamp magné- tique
la rotation des moments entraîne ledéplace-
ment de certaines dislocations dont la
présence s’opposerait
à cette rotation.Lorsqu’on
annule lechamp,
le mouvement de ces défauts vers leurrépar-
tition initiale
pourrait
provoquer lechangement progressif
des directions de facile aimantation et la variationcorrespondante
de lasusceptibilité
Xp.On
peut,
d’autrepart,
proposer uneexplication
commune au retard observé dans l’établissement de la distorsion
rhomboédrique lorsqu’on
abaisse latempérature
del’oxyde
demanganèse
au-dessous dupoint
detransition,
et àl’hystérésis
de lasuscepti-
bilité en fonction de la
température (Fig. 9) :
danschacun des
grains,
le franchissement de latempéra-
FIG. 9. - Susceptibilité magnétique de MnS en poudre.
ture de Néel provoque
l’apparition
de l’ordre anti-ferromagnétique.
Initialementchaque grain peut compter plusieurs
domaines T et la distorsion rhom-boédrique
nepeut
pas atteindre sa valeur normale(relation
5 de la référence11)
car des contraintesapparaissent
alors dans lesparois
entre les domainesT. Le terme
d’énergie correspondant
diminue au furet à mesure que la surface de ces
parois
diminue.De sorte que les
grains
tendent peu à peu à devenir monodomaines. Dans le mêmetemps,
la distorsion atteint la valeur normale et lasusceptibilité
xi, liée à la valeur de ladistorsion,
comme nous l’avonsdéjà
mis enévidence,
tend vers la valeur mesurée entempératures
croissantes.Etude des
propriétés magnétiques
du sulfure de man-ganèse.
- Lasusceptibilité magnétique
du sulfure demanganèse
MnS a faitl’objet
d’une étude ana-logue.
Nous avons utilisé unepoudre
fournie par leLaboratoire de Chimie Minérale de la Faculté des Sciences de
Lyon.
La très faible aimantation réma- nente, observée au-dessous de 45 OK sur cet échantil-lon, peut
être attribuée à laprésence
del’oxyde
ferri-magnétique Mn304
enproportion
inférieure à0,1 %.
Les
grains
ont des dimensions de l’ordre dumicron,
mais ils ne
présentent
aucun desphénomènes
carac-téristiques
dumagnétisme
desgrains
fins[27].
D’autrepart,
MnS ne semble pasprésenter
de distorsionrhomboédrique
dans l’état ordonné[12],
il est doncpossible
quechaque grain
contienneplusieurs
domai-nes T.
Nous avons
reporté (Fig. 9)
les résultats des mesureseffectuées en
champs
croissants. Au-dessus de latempérature
de Néel(15QoK),
lasusceptibilité
Xpest
indépendante
duchamp appliqué
et les valeurs mesurées sont en accord avec les mesures antérieures effectuées dans le domaineparamagnétique [2].
Au-dessous de la
température
deNéel,
lasusceptibilité
xp
augmente
avec lechamp magnétique.
Nous n’avons pu atteindre la valeur à saturation : eneffet,
des mesu-res effectuées en
champs pulsés jusqu’à
150 kOenous ont montré que cette valeur est atteinte pour des
champs
de l’ordre de 100 kOe.Nous pouvons attribuer au processus de
« spin flopping »
la variation de lasusceptibilité magnéti-
que avec le
champ appliqué.
Nous avonscomparé
les résultats
expérimentaux
aux variationsprévues
par le modèle de Keffer et
0’Sullivan,
enadoptant
pour
xl(T)
la valeur de lasusceptibilité
mesurée à latempérature
de NéelXp(ON) :
la faiblesse des effets demagnétostriction
dans cecomposé permet
desupposer que xl varie peu en fonction de T. On constate que les isothermes
x(h)
mesurées à20,3
OKet 77 OK sont
identiques
à condition de choisir leschamps critiques
dans le rapportPar contre, on observe comme dans le cas de
l’oxyde
demanganèse
un désaccord entrel’expérience
et le modèle de Keffer et O’Sullivan. La valeur de la
susceptibilité parallèle
à4,2
OK calculée en extrapo- lant la variation de Xp vers leschamps
très faibles est voisine de 30 x10-6
u. e.m./g.
Cette valeur très élevée semble confirmer l’existence desdéplacements
de
parois
entre les domaines S pour les faibles valeurs duchamp.
Conclusion. - Cette étude
expérimentale
n’avaitpu être réalisée
jusqu’ici
faute d’obtenir des échantil- lons suffisamment purs ; elle apermis
de montrerqu’il
estimpossible d’analyser
lesphénomènes
asso-ciés au
« spin flopping »
sans tenircompte
des mou-vements de domaines. De sorte que des
expériences
sur des monocristaux rendus monodomaines T par
une contrainte externe, effectuées en
champ statique
et en
champ pulsé,
sont sans doute nécessaires pourapporter
desrenseignements
décisifs sur la natureet
l’importance
del’anisotropie
dans leplan (111).
En
particulier,
les valeurs duchamp critique
évaluéespar
comparaison
avec le modèle de Keffer et O’Sul- livan sontprobablement largement
trop faibles.Nous avons mis en évidence les effets de la
magné-
tostriction
spontanée
sur lasusceptibilité perpendicu-
laire de MnO et nous avons pu les relier à d’autres observations telles que le retard manifesté dans
l’apparition
de la distorsionrhomboédrique
etl’hysté-
résis de la
susceptibilité
en fonction de latempérature.
En raison des limites
imposées
parl’appareillage
l’étude de MnS n’a pas pu être aussi
concluante,
et des mesures dans des
champs plus intenses, pulsés
ou
statiques,
sont très souhaitables. Dans cecomposé
comme dans
MnO,
les mouvements des domainesne peuvent être
négligés.
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