FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
IDE BORDEAUX
ANNÉE 1894-95
N° 84DES MODIFICATIONS URINAIRES
CONSECUTIVES AUX
Ll i ISm H ANTIDI m 1, i
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
PRÉSENTÉE ET SOUTENUE PUBLIQUEMENT
LE 5 JUILLET 1895
Donatien-Henri-Jean-Marie CARDEILLAC
Né à Toulouse«(Haute-Garonne),
le 2 février 1854.
EXAANAIISr^ATETJPUS
IDE LA THESE
MM.
FERRÉ, professeur, président.
ARNOZAN,
professeur,
y DUBHKUILH,agrège', ( juges.
CASSAET,
agrégé ^
?4,
^
H v -m
é- A
\
>v..
LeCandidat répondra aux questions
qui lui seront laites sur les diverses parties de renseignement médical
BORDEAUX
IMPR
IMERIE Ve CA DORET
17—TIL'EJIONTMKJAN—17 1895
ni. it m li DEBORfilAOX
M.
AlM. MICE..
AZAM.
PITRES
Doyen.
PROFESSEURS :
Professeurs honoraires.
Clinique
médicalePathologie
interne et Médecine légalePathologie
externe.Accouchements
MM. PICOT.
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AGRÈGES EN EXERCICE SECTION DE MÉDECINE
/
SECTION DES SCIENCES ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES
Histoire naturelle. N.
v f - . p, <• , - IMM. PRINCETEAU
Anatomie et
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^Physique
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Chimie
DENIGÈS.
Zoologie
BEILLE.LeSecrétaire de la Faculté, LEMAIRE.
g
Par délibération
du 5 août 1879, la Facultéa arrêté que lesopinions
émises dans les» 1 hèses qui lui sont présentées doivent être considéréescomme
propres à leurs auteurs
» et qu'elle n'entend leur donner ni approbation ni
improbation.
»A LA
MÉMOIRE
DE MAMÈRE
A la mémoire de mon Père
Jean CARDE1LLAC
Médecin à Toulouse,
Ancien interne des hôpitaux de Toulouse.
A la mémoire de mon
oncle
etparrain, J.-M. CARDEILLAC
Médecinà Trèhons{H.-Pyr.).
A MA FEMME
A MA SŒUR ET A
MON BEAU-FRÈRE
A MES
PARENTS
A MES AMIS
A mon vènèrè maître
Monsieur le Docteur
J. NOGUÈS, o I.
Professeur honoraireà la Faculté demédecine de Toulouse,
Médecinenchef honoraire des hôpitaux.
A MES MAITRES
de la faculté de médecine de bordeaux
A mon Président
de Thèse,
Monsieur le
Docteur FERRÉ
ProfesseurdeMédecine
expérimentale à la Faculté de Médecine de Bordeaux,
Officierd'Académie.
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JJES
MODIFICATIONS UR1NAIRES
CONSÉCUTIVES AUX
FUIS 1SÉII ASÎlDIPITlEii
PRÉFACE
Il n'est pas
actuellement de question plus passionnante en thérapeutique
quecelle de la valeur des injections de sérum antidiphtérique. Malgré quelques détracteurs allemands, leur
valeur éclate de
jour
enjour plus considérable et tout fait pré¬
sager que ce sera
là une des meilleures conquêtes de la méde¬
cine
contemporaine.
Nous n'avons pas
à
nousoccuper, dans ce travail, de leur
valeur et de leur
efficacité
; nous avonstenu à rechercher quelles sont les modifications profondes qu'elles amènent dans
l'organisme et à saisir si possible une partie de leur mode
d'action.
C'est
pourquoi nous nous sommes attaché à faire l'étude
des modifications
urinaires
àla suite des injections antidiph¬
tériques.
Etudier les caractères
physiques et chimiques de l'urine
— 12 —
avant et
après le traitement, voilà
cequi constitue
notrethèse inaugurale.
Dans le domaine
expérimental, Charrin
etRoger
sontles
seuls
qui aient étudié
cesmodifications
d'unefaçon complète;
dans le domaine de la
clinique,
nous avons eu le bonheur de recueillir lesobservations
de M. le DrMongour, médecin des hôpitaux, qui
amis
cesdocuments précieux à
notre entièredisposition. Nous le
remercions bien sincèrement de sonappui
et de ses conseils.
De
pareilles observations
sont rares parcequ'il est néces¬
saire de recueillir les urines de 24
heures,
cequi
esttrès dif¬
ficile chez les enfants etparce
qu'il
estnécessaire de
soumettre les malades à un mêmerégime alimentaire.
Les six
observations
que nousrapportons
sont pour cette raisonplus intéressantes
etplus
rares.Elles
nous semblent néanmoins suffisantes pour entrerdans les considérations
quenous
développerons plus loin.
Nous remercions M. le
professeur Ferré d'avoir
bien voulunous faire
l'honneur d'accepter la présidence de
cettethèse
où toutes lesobservations
relatentl'efficacité
du sérumqu'il pré¬
pare avec tant
de
soin et dedévouement
en suivant lespré¬
ceptes de la méthode de
Roux.CHAPITRE
PREMIER
DENSITÉ ET DIURÈSE
Nous nous occuperons,
avant d'aborder les troubles surve¬
nus dans la
composition chimique de l'urine, des modifications
physiques, de la densité et de la quantité émise avant et après
l'injection.
L'accord est
unanime
pour cequi regarde la densité. H y a toujours augmentation de la densité des urines après l'in¬
jection.
Les
expériences de Charrin et Roger (L), dont nous aurons
l'occasion de
parler plus loin, montrent cette augmentation
après des injections de 3 cc. ou 5 cc. de sérum antidiphtérique.
Liegert (2)
adémontré que cette augmentation de la densité
de l'urine était constante
après les injections de sérum de
Behring et qu'elle
seproduit même à la suite d'injections de
sérum normal et même
d'eau distillée.
De sorte
qu'on
setrouve en présence d'un phénomène qui
n'est
point spécial
aucas qui nous intéresse.
Ce fait
d'augmentation de la densité devait appeler l'atten-'
tion des cliniciens sur
les modifications qui surviennent dans
la
composition de l'urine.
D'où
provenait cette augmentation du poids spécifique? Les
(1) CliarrinetRoger,
Société médicale des Hôpitaux, 14 décembre 1894.
(2) XIIIe Congrès de
médecine de Munich, 2 avril 1895.
_ 14 —
résultats des
analyses
que nousrapportons plus loin
nousl'ex¬
pliquent suffisamment.
Les modifications
qui portent
surla diurèse
ne sont pasaussi convaincantes. Les
expérimentateurs n'obtiennent
pas les mêmes résultats.Charrin et
Roger, expérimentant
surdes
animauxsains,
ont presquetoujours provoqué de la polyurie. Liegert,
aucontraire, expérimentant
surdes chiens
etdes lapins,
a constamment trouvé une diminution de la diurèse.Lorsque les animaux
sontmalades,
comme dans ladeuxième expérience de Charrin
etRoger,
011 constate au contraire unediminution notable de la
quantité d'urine émise
envingt-quatre
heures. Les animaux de
Liegert n'avaient pourtant
pasété
rendus malades avant les
injections de sérum.
Il y a
là
unecontradiction tellement évidente, qu'il
yaurait
lieu de vérifier ces
expériences
etde voir s'il
estpossible de
trancher la
question dans
un sens oudans l'autre.
D'un autre côté,
quels
sontles résultats fournis
parla clinique ?
D'après
nosobservations, il
estdifficile
d'établir unerègle
absolue. Nous devons
cependant éliminer la 6e
observation pour essayerd'arriver à des conclusions rigoureuses. Dans
ce cas, eneffet, il
estdifficile
de faire ledéport de l'infection
ty-phique et diphtéritique. Cependant
onpeut voir
quela quantité d'urine, qui
avantl'injection était de 1000
c. c., est tombée à 800 le lendemain. Mais à la suite de deux nouvellesinjections
elle est remontée à
1100, 965, 1000
c. c.La
quantité aurait donc plutôt augmenté.
Dans la
cinquième observation, elle
adiminué
d'unefaçon
notable
puisqu'elle s'est abaissée de 540
à260,
220 c. c. Cela concorde avec les résultats relatés dans la communication de Charrin etRoger.
— 15 —
De même dans la
première elle
abaissé de 1200 à 1000
c. c.Par contre, toutes les autres observations accusentune aug¬
mentation de l'excrétion urinaire. Dans la deuxième observa¬
tion, la quantité s'élève de 300 à 600
c. c.dans l'espace de vingt-quatre heures. Dans la troisième, de 600 à 1000, 950
c. c.Dansla
quatrième, de 300 5 440. Il semble donc,
en moyenne, y avoiraugmentation de la diurèse après l'injection de sérum antidiphtérique, mais il
estimpossible de l'affirmer. L'augmen¬
tation de la diurèse est-elle d'ailleurs la
règle lorsqu'on injecte
à un animal sain du sérum
quelconque ?
Gratwitz
(1)
adémontré qu'en injectant à
unanimal du
sérum normal
provenant d'une espèce différente
ou non, on constataitl'apparition d'une diurèse qui coïncide
avec une dilution duplasma sanguin.
En
injectant
aulieu de sérum simple le sérum de Behring
on observe les mêmes effets.
Gratwitz,
enexaminant
avant etaprès l'injection de sérum antidiphtérique le
sangdes diphtéritiques,
aconstaté
aubout
de
cinq heures l'apparition d'une dilution sanguine qui tend à disparaître
versla douzième heure. 11
pensequ'on n'est
pas enmesure
aujourd'hui de distinguer dans les phénomènes consé¬
cutifs à
l'injection de sérum, la part qui revient à l'antitoxine
etcelle
qui est
propre ausérum seul. Cela est vrai, mais il est
presque
certain
quel'antitoxine
nedoit point entrer
enligne
de
compte
pourl'augmentation de la diurèse, puisque tout
sérum non immunisé donne lieu à des
phénomènes identiques
à celui du sérum pourvu
de l'antitoxine,
11 serait
nécessaire,
pourêtre absolument affirmatif, d'injec¬
ter isolément l'antitoxine
diphtérique.
C'est dans ce but que
Siegert (2) (de Strasbourg) avait expé-
(1) Congrès de Munich, 2 avril 1895.
(2) Congrès de Munich, 2 avril 1895.
rimenté sur des
lapins
pourfaire la part de l'influence de l'an¬
titoxine, de l'influence du sérum dans les
casde diphtérie
sou¬mis à la
sérothérapie.
En
injectant du sérum de cheval normal chez un lapin, il
obtient une
augmentation de la densité urinaire avec diminu¬
tion de la
diurèse, il produit
enmême temps de l'albuminurie.
En
ajoutant quelques centigrammes de phénol, on obtient
les mêmes
phénomènes, c'est-à-dire l'augmentation de la den¬
sité de
l'urine, la diminution de la diurèse et l'apparition de
l'albuminurie.
Le sérum de
Behring donne les mêmes résultats. Il en est
de même de l'eau
distillée.
Par
conséquent, les troubles qui portent sur la diurèse sem¬
blent être les mêmes à
la
suitede l'introduction d'une certaine quantité de liquide dans l'organisme, que ce soit du sérum ou
de l'eau distillée.
Ce serait donc une erreur
d'attribuer
au sérumantidiphté¬
rique et surtout à l'antitoxine ces modifications de la sécré¬
tion urinaire.
Quoi qu'il
ensoit, les expériences de Charrin et Roger sur
l'animaldéjà infecté, les expériences de Siegert
surdes ani¬
maux sains ne concordent pas avec
les résultats que nous
avons relatés dans nos observations.
Il
y auralieu de continuer
ces recherches et de voir si cette
discordance
est constante et pourquelles raisons elle Test.
CHAPITRE 11
ALBUMINURIE
Une des
principales objections faites
auxinjections de
sérum
antidiphtérique
aété la production d'une albuminurie qui aurait été liée à
unenéphrite.
Cette accusation est
particulièrement
gravedans
unemala¬
die infectieuse où bon doit maintenir autant que
possible le
rein
perméable, elle
aété portée surtout
parŒrtel et de
Ritter.
Nous allons essayer
de montrer si la fréquence de l'albu¬
minurie est
plus grande depuis qu'on pratique des injections
de sérum
antidiphtérique et à quoi peut être due cette albu¬
minurie si elle existe réellement.
Pour résoudre une
pareille question,
nous avons parcouru lesstatistiques publiées
surle
nouveautraitement de la diph¬
térie tant en France
qu'à l'étranger et l'accord est
presqueunanime, quelle qu'ait été la variété de sérums employée,
sérum de
Behring, d'Aronson, de Roux, de Ferré.
Moizard et
Perregaux ont publié
unestatistique basée
sur 231 cas dediphtérie traités
parle sérum antidiphtérique.
Voici leur
opinion
:Au
point de
vuede l'albuminurie, une remarque doit être
faite. Elle n'est pas
plus fréquente qu'elle
nel'était
aupara¬vant et ils ne
partagent
pasl'opinion d'Œrtel et de Ritter qui
accusent la
sérothérapie de
provoquerl'albuminurie.
3C.
— 18 —
Sur 231
malades, 81
ont eude l'albuminurie, 62 l'ois
elle n'a duré quede 1 à 4 jours, constituant
cettemanifestation
rénalepassagère
ettrès probablement liée
àdes éliminations
de toxinequ'il
estsi fréquent de
rencontrerdans
les maladies infectieusesquelles qu'elles soient.
Dans 14 cas l'albuminurie s'est
produite
parintermittences,
existant un
jour, disparaissant le lendemain
pourreparaître quelquefois
un peuplus tard, mais toujours d'une façon
pas¬sagère. Dans 6
casseulement elle
apersisté plus de cinq jours
etchez
uneseule malade qui
aquitté l'hôpital, les urines
contenaient encore de l'albumine en
petite quantité.
Bien
qu'ils
nepuissent produire de statistiques
ausujet de
la
fréquence de l'albuminurie chez les
malades non traités parle sérum, ils concluent qu'elle n'est
pasplus fréquente qu'autrefois.
C'estaussi l'avis de
Legendre (1).
Sevestre et
Meslay (2), qui
onttraité 150 diphtéries, n'ont
pas
constaté la plus grande fréquence de l'albuminurie.
Bien
plus,
pour euxl'albuminurie, loin d'être
considéréecomme une
contre-indication,
estplutôt
uneindication.
Lorsqu'elle existait à l'entrée du
malade àl'hôpital, ils l'ont
vu
disparaître quelquefois rapidement à la suite du
sérum.Lebreton et
Magdelaine (3)
onttraité 258
enfants àl'hôpital
des Enfants malades. Ils n'ont pas eu
d'accidents locaux.
Les accidentsgénéraux
sontles éruptions
etl'albuminurie.
Cette dernière a été relevée chez 140 malades. 83 fois elle existait avant
l'entrée, 57 fois
elle s'est montréetardivement.
Bien
qu'elle
nesoit
pasplus fréquente qu'avant les injec-
(1) SociétémédicaledesHôpitaux, 14décembre 1894.
(2) Société deBiologie, 2mars 1895.
(3) Soc. méd. des hôpitaux,1er fév. 1895.
tions de sérum, ces
deux derniers
auteursconcluent
queles injections
nesont
pasinoffensives, qu'elles peuvent provoquer
des accidents du côté
des reins.
11 aurait
pourtant fallu, à notre avis, montrer une augmen¬
tation notable des cas
d'albuminurie.
C'est ce
qui est arrivé à Drasche (I), qui a pu observer des
symptômes
gravesd'albuminurie.
Eschericli
(2)
parcontre, qui
atraité 51 cas de diphtérie, n'a
eu aucun accident ni
du
côtédu
cœur,ni du côté des reins.
Il est des
statistiques particulièrement intéressantes à con¬
sulter à ce propos.
Ce sont celles qui ont été publiées au con¬
grès de Munich dans la discussion qui s'est produite sur les
résultats de la
sérothérapie dans la diphtérie.
Heubner
(3), rapporteur,
aanalysé 551 cas.
11 conclut que
l'albuminurie a d'autant plus de chance de
manquer que
le traitement est plus précoce. Ainsi, elle lait
défaut dans les
cinq sixièmes des cas traités dès les premiers
jours de l'affection, dans les deux tiers des cas traités au
deuxième
jour et dans la moitié des cas traités au troisième
jour.
Parmi les malades entrés
après le troisième jour, 24 seule¬
ment
présentèrent de l'albuminurie après le traitement séro-
thérapique,
cequi donne 14 0/0. En général, c'est dans la
seconde moitié de
la première semaine que l'albuminurie ap¬
paraît, aussi bien lorsqu'on a recours à la sérothérapie que
dans les cas où cette
méthode n'est
pasemployée.
Par
conséquent, le sérum ne paraît avoir aucune action à
cet
égard.
(1) Société
império-royate des médecins de Vienne, 26 janvier 1895.
(2) Club médical de
Vienne, 27 fév. 1895.
(3) XHIe Congrès
de médecine interne, 2 avril 1895..
— 20 —
Une
opinion importante aussi à connaître
est celle de Ba-ginsky.
La
néphrite diphtérique, dit Baginsky,
a pour caractèrela rapide croissance
etla rapide décroissance de l'albuminurie
et ces caractères
typiques existent aussi bien
dans les cas où lasérothérapie
estemployée
quedans
ceux oùelle
ne l est pas.L'urine de 25 malades,
traités à l'aide de lasérothérapie,
lutexaminée
régulièrement dans le but de
rechercher si lephé¬
nol contenu dans le
liquide injecté peut jouer
unrôle
surla production de l'albuminurie; chez
aucun de ces malades on ne trouva la moindre trace dephénol. Or,
eninjectant à
des animaux 15centigr. de phénol dilué dans 10
cc.d'eau,
on faitapparaître
aubout de
peude temps des
tracesde phénol
dans
l'urine, tandis
quela même quantité de phénol mélangée
à du sérum de cheval non immunisé se trouve soumise à des conditions
spéciales de résorption qui empêchent le phénol de
passer
dans les urines.
Pour cet auteur
aussi, l'injection de sérum
nedétermine
pas de lésions rénales et sonexpérimentation porte
sur525
cas,qui, du 15
mars1894
au15
mars1895,
ont été traités àl'hôpi¬
tal
Frederich, de Berlin,
où ons'est
servi du sérum d'Aronsonet ensuite de celui de
Behring.
Von Widerhofer
(1) (de Vienne),
aexaminé 300
malades etpartage l'opinion des deux
auteursprécédents.
11 en est de même de Von Rauke
(2) (de Munich), qui
asoi¬
gné 130 diphtériques.
De son
côté, Seitz (3)
a puobserver 140 malades.
47 ont eu del'albuminurie.
Chez 24 elle existait avant leurentrée àl'hôpital,
(1) XlIIe Congrès de Munich.
(2) XIIIe Congrès de Munich.
(3) XIIIeCongrès de Munich.
— 21 —
chez
23elle
seproduisitau bout d'une huitainede jours. Jamais
elle
n'augmenta à la suite des injections.
A
l'hôpital des Enfants assistés de Bordeaux, MM. les
l)rs
Saint-Philippe et A. Moussous n'ont jamais observé d'albu¬
minurie
consécutivement
auxinjections de sérum préparé
par
M. le professeur Ferré (communication orale).
Ainsi,
en sebasant
surplus de 2,000 observations, on arrive
à cette
conclusion
cpiel'albuminurie n'est pas plus fréquente
dans le cours
de la diphtérie qu'auparavant.
Mais dans
les
casoù elle existe, doit-on incriminer la diph¬
térie ou
le
sérum.Il est bien difficile d'alfirmer que telle
néphrite est due au poison diphtéritique ou à l'antitoxine.
Cependant, une des raisons qui peuvent nous permettre de
considérer
le
sérumantidiphtérique comme inoffensif pour le
rein,
c'est
quejamais les injections n'ont aggravé lalbuminurie;
bien
plus, le fait constant et le plus saisissant c'est la diminu¬
tion de
l'albuminurie après les injections. Nous avons pu
observer ce
fait dans
undes
casque nous rapportons. L'albu¬
mine a décru sans cesse
dans l'observation VI, dès le début
des
injections de sérum. Le contraire devrait évidemment se
produire si l'antitoxine était nuisible pour le rein.
C'est
l'opinion de ceux à qui revient l'honneur d'avoir vulga¬
risé la
méthode.
Martin
(1) affirme que l'injection du sérum antitoxique est
cliniquement inoffensive pour les reins, elle paraît les protéger
contre l'action
de la toxine;
ontrouve de l'albumine dans
l'urine dans
les 2/3 des cas des angines diphtériques bénignes,
tandis que
dans ces angines traitées par la sérumtliérapie on ne
trouve
plus d'albumine que dans la moitié des cas.
Roux
s'exprime aussi en ces termes :
(1)Progrès
médical, 189p. 250.
Le sérum
empêche l'action de la toxine
surles
reins et di¬minue considérablement
l'albuminurie.
On
peut
sedemander maintenant,
enadmettant qu'il
yait
ou non
albuminerie, quelle
estla partie du sérum qui la
pro¬duitou
qui l'empêche.
Est-ce le sérum ? est-ce
l'antitoxine?
Reportons-nous
pourcela
auxexpériences de Siegert, de Sevestre, de Trenpel.
Siegert
adéterminé de l'albuminurie
chez le chien et lelapin
en
injectant du sérum
non immunisé. Il l'a même obtenue eninjectant 10
cc.d'eau distillée. L'albuminurie
n'était pas con¬sidérable
quand il
ainjecté du sérum immunisé.
Il semble donc quel'albuminurie expérimentale
nesoit
pasla conséquence de l'antitoxine, puisque le sérum
pur oul'eau la produit.
Sevestre
(1), de
soncôté,
ainjecté à quatre enfants du
sérum de cheval nonimmunisé; il
y a euréaction fébrile
etéruption.
Ces
phénomènes
ne sont pasdus à l'antitoxine
mais au sérum lui-même.D'ailleurs, l'albuminurie qu'on
provoqueexpérimentalement
est-elle vraiment liée à une
néphrite? est-elle
vraimentpatho¬
logique? Ce n'est
pasl'opinion de Trenbel.
Lépine, Trenbel (2) (de Fribourg),
ontpratiqué des injec¬
tions sous-cutanées de sérum à des chiens et à des
lapins
sans provoquer aucuntrouble de la
santégénérale. Trenbel
a remar¬qué dans l'urine, à
unfaible degré, la réaction de l'albumine.
Mais il pense que cette
albuminurie
esttrop faible
pourêtre
rattachée à une altérationnéphrétique, il
estd'ailleurs impos¬
sible de retrouver des éléments
morphologiques qui
permettent d'admettre l'existence d'unepareille lésion. Il lui
semblequ'il
( 1 ) Société médicale desHôpitaux,, 29 mars 1895.
(2) Congrès de Munich, 2 avril 1895.
—23 —
s'agit plutôt, dans ce cas particulier, d'une peptonurie ou
d'une
albumosurie provenant d'une destruction plus active
des éléments
leucocytaires.
Enriquez et Hallion ont recherché quelle pouvait être l'ac¬
tion de la
toxine
oude l'antitoxine dans la pathogénie des
lésions
rénales de la diphtérie
:ils ne peuvent pas se pronon¬
cer d'une
façon absolue, mais ils pensent comme Roux que les
lésions des reins sont
dues à la toxine diphtérique et non à
l'antitoxine.
Kolisko
(!)
apratiqué 75 autopsies d'enfants dans le but
d'examiner
les reins
etil
a vu queles lésions étaient les mêmes
que sans
sérothérapie.
De tout cela
il
ressortqu'en tout cas on ne saurait incrimi¬
ner
l'antitoxine, les quelques accidents tels que les érythèmes,
la fièvre
qui
semontrent après les injections, sont dus unique¬
mentau sérum et
disparaîtront quand on aura isolé l'antitoxine
de la
diphtérie.
(1) Kolisko. Société
império-royale des médecins de Vienne, 26 janvier T89o.
CHAPITRE III
URÉE
Des
observations
contenues dans notretravail, il
résulte quel'infection diphtéritique détermine
unabaissement
de laquantité d'urée
émise en 24 heures.Cette
hypoazoturie paraît d'autant plus manifeste
quel'affec¬
tion évolue avec moins de
fièvre;
cefait
n'est pas surprenant si l'on songe quelhyperthermie s'accompagne généralement
d'une
augmentation du chiffre
de l'urée.Comme la
diphtérie évolue
sans fièvre dans laplupart des
cas
(l'élévation de la température, qui dépasse
rarement39°,
disparaissant
aubout de deux
ou troisjours),
on peutadmettre
comme
règle dans la diphtérie
unabaissement
du taux moyen de l'urée par24 heures. Ainsi, dans
lesobservations 1, II, IV, V,
oùl'élévation
de latempérature n'a
pasété appréciable, la quantité d'urée
excrétée était de8-7, 7-9, 6-10, 14,
tandis que dans les cas franchementhyperthermiques,
nous trouvons desproportions beaucoup plus élevées, 24
gr.(obs. III),
et33
gr.(obs. VI).
Quoi qu'il
ensoit, après l'injection de
sérumantitoxique,
la
quantité d'urée s'élève
et devientgénéralement double
dece
qu'elle était avant le traitement. Nous résumons dans le
tableau suivant le résultat des observations à ce
sujet
:Urée avantle traitement Uréeaprès.
Obs. 1 8gr.
32
Obs. II 7 gr.
7 15
Obs. III 24 gr.
(T. 40,2) 42,50 (T.40,4)
Obs. IV 9 gr.
6 14,08
Obs. Y 39 gr.
17,16
Obs. VI 26 gr.
31
Si l'on tient
compte, d'après les données de Cl. Bernard, qu'un individu sain excrète
par24 heures et
par1 itue de 0,53
à
0,59 d' urée,
nous pouvonsdire qu'à la suite des injections
de sérum l'excrétion d'urée est
supérieure à la normale phy¬
siologique.
Cette
hyperazoturie n'apparaît
pastoujours dans les 24 heu¬
res
qui ont suivi l'injection.
En
effet, dans les observations V
etVI, l'augmentation du
chiffre de l'urée n'a été vraiment sensible que
deux
outrois jours après le traitement et
acoïncidé avec Je début de la gué-
rison; pendant tout le temps
queles fausses membranes ont persisté
sanstendance à
sedétacher, il ne s'est fait aucune
modification dans l'excrétion
de l'urée; aussitôt
quel'état
local s'est
amélioré, l'urée
aaugmenté; dans les deux cas dont
il est
question,
sonexcrétion a semblé indiquer le début du
processus
curateur.
Nous notons en
passant la quantité relativement considéra¬
ble d'urée excrétée par
le jeune malade qui fait le sujet de
de l'observation V
(17 gr.) avant tout traitement.
Ce garçon,
qui habitait la même chambre que son frère
atteint de
diphtérie, était chaque jour examiné attentivement
4 c.
— 26 —
et la
première fausse membrane
aété découverte aussitôt
sonapparition. Tandis
queles autres malades ont été observés
enpleine évolution de diphtérie, celui-ci
aété surpris tout
audébut; l'infection n'avait peut-être
pas eule temps de modifier profondément les oxydations organiques; mais, le lendemain,
alors que
la diphtérie était bien caractérisée, l'urée s'abaissait
aussitôt â 10 gr.
Au
sujet de l'observation VI, quelques
remarquessont
nécessaires. 11s'agit
eneffet d'un malade chez lequel la dothié-
nenthérie
présenta
commephénomène prodromique
uneangine blanche d'apparence banale et
surlaquelle
segreffa le
bacille de Lœffler.
Pendant tout le
temps
quefurent faites les injections de
sérum,
la température
semaintint
auxenvirons de 40 degrés (période des oscillations stationnaires de la fièvre typhoïde);
aussi l'urée fut
toujours excrétée
enabondance; du reste
l'état local ne s'améliora réellementqu'après la troisième injection; la dothiénentérie arrivait alors
audébut du stade
des oscillations descendantes. Aussi nous ne trouvons pas dans ce cas des différences aussi considérables dans le chiffre de
l'urée; il
estvisible néanmoins
que sonexcrétion
a aug¬menté d'une manière sensible aussitôt
après la première injec¬
tion et
qu'elle s'est maintenue dans la suite entre 30 et 36
gr.tandis
qu'elle n'atteignait
audébut
que26
gr. par24 heures.
Nous ferons
cependant toutes réserves
sur ce casintéres¬
sant surtout par
l'association des deux infections
quel'on
voit rarement réunies sur un même individu.
L'hyperexcrétion d'urée
nedépasse
pas24 heures; dès
que laguérison s'affirme, le chiffre de l'urée s'abaisse
ettombe à la
normale
physiologique.
Ces résultats obtenus par
le D1' Mongour
sontconfirmés
par les recherchescliniques de Lenox Brown {Bull, médical, 1895).
- 27 —
11 est le seul
qui paraisse s'être occupé du dosage de l'urée
chez les
diphtéritiques.
A la suite
d'injections de sérum, il
aobservé
unetendance marquée à la néphrite,
avecaccroissement notable de l'urée.
« Ces
complications, dit-il, sont à
conpsûr plus
quecontre¬
balancées par
les avantages énormes de l'antitoxine
».11 nous reste à rechercher si cette
hyperazoturie doit être
mise réellement sur le
compte de l'injection de sérum et,
dans
l'affirmative, quelle interprétation physiologique
onpeut
en donner.
On sait combien sont
multiples les
causesqui font varier
la
quantité d'urée excrétée
en24 heures chez
unindividu
sain et surtout chez un malade.
Nous ne saurions les passer
toutes
en revue,la plupart
d'entre elles ne
pouvant être incriminées, telles les
causesprincipales qui activent la destruction des principes azotés
des tissus : diminution de
l'absorption d'oxygène, pertes
san¬guines, etc., etc.
On
pourrait plus justement mettre
surle compte des varia¬
tions de
régime alimentaire les variations dans la quantité
d'urée excrétée. Chez les
diabétiques,
eneffet (qui absorbent
une
grande quantité d'aliments, l'urée s'élève parfois jusqu'à
100 grammes par
jour), l'abstinence peut la faire descendre jusqu'à 0
gr.1.
Pour éviter cette cause
d'erreur, le Dr Mongour
asoumis
ses malades à une alimentation
uniforme pendant
toutle temps qu'ont été examinées les urines; les malades ont été
mis au
régime lacté exclusif. La quantité de liquide émise
variait suivant
l'âge, mais elle était la même avant et après le
traitement.
En outre,
l'injection de sérum
aconstitué la seule interven¬
tion
thérapeutique. Il était surtout indispensable de
nedon-
lier aux malades aucun médicament
capable de ralentir
ou d'augmenter ces combustions.Donc,
aucune cause d'erreurne
pouvait provenir du fait de l'alimentation.
L'existence de la fièvre n'a pu
davantage entacher les résul¬
tats d'erreur.
D'abord il n'est pas
de loi générale qui puisse exprimer
d'une
façon
exactele rapport de l'azoturie
avecl'état fébrile (1).
C'est à cette manière de voir que se
rattachent Labadie-La-
grave
(2) et Hallopeau (3).
De
plus,
surles six malades examinés, quatre n'ont présenté
aucune réaction fébrile.
Dans l'observation 111,
l'hyperexcrétion d'urée
est apparueavec les mêmes
caractères, le même
espacede temps chez les
malades
qui n'ont
pasprésenté d'élévation de température
;le
malade
qui lait le sujet de l'observation Y
aprésenté
unléger
mouvement fébrile les deux
premiers jours, mais l'urée s'éle¬
vait au moment où la
température devenait normale.
Nous nous sommes suffisamment
expliqué
surle malade qui fait le sujet de l'observation VI
et surles réserves qu'il
convenait de faire.
Dans ces
conditions, après avoir passé
en revue toutesles
causes d'erreur
(il
en est que nousn'avons
pasbesoin de signa¬
ler, absence de travail, etc.)
nous croyonspouvoir relier
par unrapport direct de
causeà effet, l'injection de sérum
etl'hyper¬
excrétion d'urée. Enfin et surtout les résultats des
expériences
de Cliarrin et
Roger
nepermettent à
cesujet
aucundoute.
Quelle peut être la
causede cette hyperazoturie ?
Sans nous lancer dans des affirmations dont la preuve
serait
(1) Démangé, Th. Agi-., 1878.
(2) Labadie-Lagrave, Traité sur les maladies des reins, p. 333.
(3) Hallopeau, Pathologie générale, p. 814.
difficile à
fournir,
nousadmettons
quel'urine des diplitériti¬
ques
doit contenir
unexcès de matières extractives, suscepti¬
bles d'être
considérées
commedes matières albuminoïdes qui
auraient été éliminées à
l'état physiologique sous la forme
d'urée et
qui représentent des produits d'élaboration incom¬
plète (acide urique, xantine, gu,a ni ne, etc.).
Les
injections de sérum assurent l'oxydation des albumi¬
noïdes dont l'urée est
Je dernier
termede transformation. Il
serait donc intéressant
de rechercher dans les urines de
cesmalades les
produits de décomposition moins oxygénés de ces
•albuminoïdes.
CHLORURES ET PHOSPHATES
Ils ont été dosés par
le procédé de Morh qui, moins précis
que
celui de Habel et Fernholz, donne des résultats cliniques
suffisamment
approximatifs. Nous rappelons en quelques mots
ce
procédé. On dilue 10 c. c. d'urine dans 90 c. c. d'eau, on
neutralise avec du
carbonate de calcium et
onajoute 3 gouttes
d'une solution concentrée
de chromate de potassium.
Avec une
burette,
on versede la solution titrée d'azotate
d'argent (14
gr.53 pour 500 c. c. d'eau) jusqu'à ce qu'il se produise
unecoloration rouge qui ne disparaisse pas en
remuant. A
chaque centimètre cube de solution argentique
employée correspondent 10 milligr. de chlorure de sodium ou
0 gr.
00607 de chlore. Si l'urine contient de l'albumine, il faut
au
préalable l'en débarrasser par ébullition.
L'homme sain excrète
environ de 10 à 13
gr.de chlorure en
24 heures.
Chez tousles
diphtéritiques examinés, la quantité de chlorures
excrétée s'est trouvée
notablement abaissée. On sait, du reste,
depuis longtemps que l'excrétion du chlorure de sodium dimi-
— 30 —
nue dans la
pneumonie et plus généralement dans les autres
affections inflammatoires
accompagnées d'exsudations abon¬
dantes, dans la diarrhée persistante, dans les
sueursprofu¬
ses, etc.
Mais le fait n'avait jamais été vérifié
pourla diphté¬
rie.
Après les injections de sérum, aussitôt
quel'état local s'améliore, les chlorures tendent
àreparaître dans l'urine
enquantité normale, mais la proportion physiologique n'est
atteinte
qu'après plusieurs jours et lorsque la guérison est à
peu
près complète.
Contrairement aux
chlorures, les phosphates sont toujours augmentés dans le
coursde la diphtérie, tandis qu'ils sont
éliminés normalement enproportion de 1
gr.à I
gr.50
par 24 heures. Nous en avons trouvéjusqu'à 5
gr.60 (obs. III et VI). Dans
cesdeux
cas,il
estvrai, l'hyperthermie était consi¬
dérable, puisque la température
aatteint
oudépassé 40° (!).
Cet acide
phosphorique provient
enpartie des phosphates
alcalins et terreux contenus dans les
aliments,
enpartie de la décomposition de la lécithine et de la nucléine.
Leur
augmentation dans les fièvres indique qu'il
y ades¬
truction du sang
et des muscles. Comme ils ont augmenté également dans les
casde diphtérie apyrétique, il faut
enconclure que
l'agent infectieux agit
commela fièvre
endésor¬
ganisant les tissus.
Après les injections de sérum, mais toujours à condition
quela
guérison s'annonce, les phosphates diminuent, si la diphté¬
rie a évolué sans fièvre
(obs. I V
etV).
Dans les cas
hyperthermiques, les phosphates
seprésentent
en
proportion anormale longtemps
encoreaprès la guérison
locale.
(1) Sevestre et Meslay, dans leur récent Mémoire, ont également constaté celle augmentation des phosphates (v. Bull. méd.. 1895, p.207), mais n'en ontpas donné d'interprétation.
CHAPITRE
IV
EXPÉRIMENTATION
Les seules
recherches expérimentales complètes qui aient
été faites à ce
sujet sont celles de Charrin et Roger.
Nous les
reproduisons ici in extenso en raison même de leur
importance.
En
effet, les recherches cliniques ont été entreprises par
M.le Dr
Mongour avant qu'il n'ait eu connaissancedes résultats
obtenus par
Charrin et Roger.
La
clinique et l'expérimentation sont ici absolument d'accord.
Dans le but
de déterminer l'action exercée par le sérum antidiphtérique sur la nutrition ils ont étudié les modifications
des urines
chez des lapins de 1,800 à 2,000 grammes, qui rece¬
vaient sous la peau
de 3 à 5 cc. de ce sérum.
La
quantité des urines émises en 24 heures a subi des modi¬
fications assez
variables; le plus souvent, pourtant, il s'est pro¬
duitune
légère polyurie; la densité s'est toujours élevée; l'urée
et l'acide
phosphorique ont augmenté notablement, tandis que
les chlorures ont
diminué; les modifications sont d'autant plus
appréciables que les doses injectées sont plus considérables.
Voici
quelques chiffres qui permettront de saisir ces divers
résultats.
QUANTITÉ DENSITÉ URÉE
ACIDE
phosphorique
CHLORE
'—
cc. cc. g'-- gr. gr. gr. gr. gr- gr- gr.
Injection de5cc. 230 250 1 020 1 028 2 24 6 6 0 053 0 341 1 59 1 4
Injection de 3cc. 250 350 l 018 1 020 1 425 2 5330 042 6 126 1 73 1 5
- 32 —
Les
premiers chiffres indiquent l'état de l'urine dans
les 24 heuresqui
ontprécédé l'injection; les seconds dans
les 24heuresqui l'ont suivie.
En ramenant les résultats à une même
unité,
on trouve que l'urée a monté de 1 à2,9
et à1,7; l'acide phosphorique de 1 à 6,4
et à 3 ;le chlore
est tombé de 1 à0,6
et à0,8.
Les variations sont donc semblables à cellesque provoque
la fièvre. Cependant la température des animaux
n'a subi aucunemodification; leur
étatgénéral
est restéexcellent, il n'y
a paseu
d'amaigrissement ni de troubles
consécutifs.C'est du moins ce
qui
alieu quand
onopère
surdes animaux
bien portants,il
nesemble plus
enêtre de
même chez les animaux malades.Charrin et
Roger ont injecté trois centimètres
cubes de sérum sous la peaud'un lapin atteint d'un abcès
au niveau de larégion pectorale, mais paraissant d'ailleurs bien
portant;l'injection détermina, dans
cesconditions, des
troublesextrême¬ment
marqués,
commeon peutle voir dans le
tableau suivant :m G
H a) C — d-S VW o
£ P
«
en -W^ Z
s
S <u -H
H
URÉE ACIDE
phosphorique CHLORE
O K—
5c-i
o
£
S Par
litre En 24 h.
Par litre
En 24 b.
Par litre
En 24 h.
Avantl'injection. 1 840 39 3
cc.
240 1 gr.
019 gr, 7 25 l 74
gr.
0 063 gr.
0 015 or*
5 64 gr.
1 353 1erjour après. . 1 650 40 5 190 1 019 11 40 2 166 0 073 0 051 4 85 0 911 2ejour après . . 1 570 39 2 50 62 3 1 3 045 0 152 2 45 0 122 4e jour après . . 1 450 39 5 87 L 034 38 43 3 33 1 26 0 109 4 75 0 416
Ainsi, chez
cetanimal, légèrement souffrant, l'introduction
d'unequantité minime de sérum
provoqua unaccès de fièvre,
un
amaigrissement rapide,
unediminution
étonnante dans laquantité des urines. Quant
auxmodifications présentées
par celiquide, elles
ontété analogues à celles qui surviennent chez
les animaux
sains, mais beaucoup plus marquées.
Enfin, ils
ont notédes quantités
asseznotables d'albumine,
tandis que,
dans les
autres cas,ils n'ont
trouvé nialbumose,
ni albumine.
Ces
expériences
montrent quele sérum antidiphtérique
pro¬voque
des modifications nutritives
que metfacilement
enévi¬
dence
l'analyse de l'urine
:les phénomènes
sont passagers et n'ont une notable intensité quechez les animaux déjà souf¬
frants.
OBSERVATION I
D1' AIongouk(Journal de médecine de Bordeaux, 3mars 1895).
R...
(Henriette), âgée de 4ans,
aprésenté,le 20 janvier 1895,
tousles symptômes d'une angine herpétique
:frissons dans la journée, fièvre, gène de la déglutition
etvésicules d'herpès petites mais confluentes,
sur les deux
amygdales. Le lendemain, les symptômes généraux dis¬
paraissaient;
les vésiculesd'herpès étaient moins
nombreuses et l'état de la malade s'améliora si vite queje cessai de la voir
àpartir du
lCr février. À ce moment, les
amygdales
neprésentaient
aucundépôt.
Le 4,
je fus appelé de
nouveau,les
parents ayant constatél'appari¬
tion, sur
l'amygdale droite, de fausses membranes grisâtres, faciles
àdétacher,
mais sereproduisant
enquelques heures. L'état général de
la
petite
malade était excellent,l'appétit normal
etle
caractèregai
comme de coutume. Je crus tout de suite à une nouvelle poussée
d'her¬
pès, d'autant
queles fausses membranes formaient
unpiqueté
surl'amygdale
et nes'étendaient véritablement
pas ensurface.
Le
5,
même état.Le 6, les fausses membranes deviennent
plus larges, plus grisâtres,
elles se détachent facilement, mais les deux
amygdales
sontenvahies.
Me méfiant alors d'une
diphtérie possible, je prescrivis
un collutoirephéno-camphré.
, oC
— M —
Pas
d'engoj-gement ganglionnaire.
Le
7, les fausses
membranes s'étendent encore etj'en fis
l'examen.Les
préparations démontrèrent
l'existence du bacille de Lœffler et l'en-semencement sur l'albumine d'oeuf donna des cultures pures
de
ce bacille.En présence
de
cerésultat
et bien quel'état général de la petite
malade fût excellent,
je
medécidai
à recourir au sérumantitoxique,
d'autant que
la paroi antérieure
dupharynx
commençaita se recouvrir d'un exsudâtgrisâtre. L'effet du collutoire
avait été nul; il avait même déterminé des érosions h la base de lalangue.
Le 9,
je fis dans la fesse
droite uneinjection
de 20 c. c. de sérumpréparé par
M. le professeur Ferré, l'injection fut
bien supportée.A cinq heures du
soir, la malade présenta unléger accès fébrile,
maisl'appétit persista
etla
nuit fut excellente.Le lendemain
dimanche,
les faussesmembranes,
aussi étendues que laveille,
étaient moinsépaisses. Je
me mis en mesure pourpratiquer
une seconde
injection qui fut inutile,
car, le 10 au matin, il ne restaitplus
tracesde fausses
membranes.Les urines des
vingt-quatre heures furent
recueillies avant etaprès l'injection.
Avant
l'injection
:J'ai recherché avec la
plus grande précaution l'albumine,
lespig¬
ments et les sels
biliaires,
l'urobiline dans les deux échantillons.Il
n'y
enavait
pasde
traces.Quant
aurégime alimentaire, il fut le
mêmeavant etaprès l'injection.
Il serait intéressant de rechercher si dans tous les cas
l'hyperexcrétion
d'urée estaussi considérable et
quelle
en est la cause.Quantité Urée. .
1,200 grammes.
8 grammes parlitre.
Après l'injection
:Quantité Urée. .
1,000 grammes.
32 grammes.
OBSERVATION II
(Dr Mongour. Journal de médecine de Bordeaux, 12 mai 1895).
Eugène D..., âgé de 4
ans, a présentéclans la journée clu 19
mars 1895 unléger accès fébrile. Perte de l'appétit,
tristesse.La fièvre ayant
augmenté
etle malade
seplaignant de violents
maux de tète,je lus appelé dans la nuit du 19
au20
mars.'Etantdonné
l'abattement dupetit malade,
mon attention se portaaussitôt du côté
du
pharynx
etje constatai
surles deux amygdales,
surtoutauniveau de l'amygdale droite, l'existence de Causses
membranesgrisâtres,
encore(aciles à détacher. L'ensemencement sur sérum eut lieu aussitôt et
l'examen des cultures démontra l'existence du bacille de Lœffler sans
association microbienne.
A 3 heures du soir, dans la
journée du 20, les pseudo-membranes
ayant envahi les deux
piliers
etla paroi antérieure du pharynx, je
pra¬tiquai dans
lafesse
uneinjection de 20 centimètres cubes de
sérum.Légère réaction fébrile
à7
heures, sipeuprononcée du
reste, cpieles
parents ne
jugèrent
pasutile de
mefaire prévenir.
Le 21 mars au matin, il ne restait
plus
tracesde fausses membranes
et l'enfant avait retrouvé la
gaité.
Cet enfant a
présenté 10 jours environ après le traitement
uneérup¬
tion
généralisée à
typed'urticaire
avechyperthermie (41°) etarthralgies.
Ces accidentsont
disparu
en4 jours.
Examen des urines avant l'injection.
Quantité en 24 heures. . . oOOgrammes.
Urée parlitre 29 gr. (soit 7,7)
Albumine Néant.
Pigments biliaires Néant.
Examendes urines après l'injection.
Urines de 24 heures .... 600 grammes.
Urée parlitre 25 gr. (soit 15).
Albumine Néant.
Pigments biliaires Néant.