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Le Développement d Haïti est Possible

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Le Développement d’Haïti est Possible

Pour un plan de croissance accélérée sur 20 années de prospérité partagée et de stabilité socio-politique

Par Raphaël Paul Gustave Magloire

10 Janvier 2020

Ex-Ministre de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales Conseiller Spécial du Gouvernement de Transition

Entrepreneur

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Table de matières

i. En guise de préface, par Jean-Robert Saget, MA ii. Avant-propos

1- Pour un plan de croissance accélérée sur 20 années de prospérité partagée et de stabilité socio-politique (I partie)

2- Pour un plan de croissance accélérée sur 20 années de prospérité partagée et de stabilité socio-politique (II partie)

3- Ne faudrait-il pas des réformes en profondeur pour un nouveau départ en Haïti ?

4- Lancer une agriculture avec une grande capacité de production et d’exportation (1)

5- Lancer une agriculture avec une grande capacité de production et d’exportation (2)

6- Un hommage à l’Homme de Verrettes, le Président Léon Dumarsais Estimé 7- Un hommage à l’Agronome Louis Joseph Déjoie

8- L’HISTOIRE EST MORTE DANS LA COMMUNAUTE RURALE EN HAITI DEPUIS 1804.

9- Construisons tous ensemble un pays moderne et prospère ! (1) 10- Construisons tous ensemble un pays moderne et prospère ! (2) 11- Faisons un effort visant à améliorer les villes du pays

12- D’où vient le système qu’on veut changer, et pourquoi devrait-on le faire ? 13- L’émergence d’une classe moyenne en Haïti!

14- En guise de Conclusion

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Rêve d’une Haïti où il fait bon vivre.

Ambassadeur Jean-Robert SAGET, MA

L'Ambassadeur Jean-Robert Saget commente pour le Sécrétaire d'État au Ministère fédéral des Affaires

Étrangères, Peter Ammon, les zones des intensités sismiques après le séisme.

Rêve d’une Haïti où il fait bon vivre

.

J’ai suivi avec beaucoup d’intérêt une série d’articles publiés sous la rubrique « Le développement d’Haïti est possible » par Raphael Paul Gustave Magloire, ancien ministre de l’Intérieur et des Collectivités territoriales du gouvernement de transition Alexandre/Latortue.

Magloire brosse un tableau grave de la situation générale du pays et pourtant empreint d’un certain optimisme prudent mais encourageant. En effet, même si Magloire s’inquiète un peu des embarras présents, sa disposition d’esprit consiste à bien augurer de l’avenir. Il nourrit en quelque sorte un rêve, pas un rêve à la manière du rêve américain qui part de l’idée que la prospérité est à la portée de tout immigrant travailleur, courageux et déterminé, notion fortifiée par l’étendue territoriale, l’immensité des ressources naturelles et le libéralisme économique et politique qui caractérisent les USA.

En effet, le rêve de Magloire est un rêve sociétal ou mieux social, et en tant que tel il se doit d’être réaliste et lucide. Il rejoint plutôt la pensée de John Fitzgerald Kennedy qui en 1961, dans son discours d’investiture, harangua en ses termes ses concitoyens : « Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, demande ce que tu peux faire pour ton pays». L’idée de Magloire est d’améliorer par une politique adéquate de formation générale et professionnelle et d’investissements bien ciblés le bien être de chaque Haïtien dans son pays pour qu’il puisse réaliser son plein potentiel. Car le succès du pays est lié au bien-être de tous les citoyens. Ce qui signifie : il faut investir dans la population. Pour assurer le succès, il est impératif d’éliminer les obstacles (pauvreté, exclusion sociale, violation des droits de l’homme) empêchant les citoyens à réaliser leurs rêves avec confiance et dignité. Et là, ça devient plus difficile. Car il faut aborder la question d’un projet de développement économique et social dans la triple

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perspective d’éradication de la pauvreté endémique, du respect des droits de l’homme et de l’état d’avancement du processus démocratique.

Il devient clair que seul, l’Etat haïtien qui n’a connu à ce jour qu’une succession folle de régimes autoritaires alors que des inégalités sociales fondamentales persistent et deviennent au fil des ans plus criantes, ne pourra pas réaliser une telle performance. Le succès d’une politique de développement plus équitable dans un pays pataugeant difficilement dans un processus démocratique mal initié et mal géré, donc extrêmement fragile, ne dépend pas seulement de l’Etat, mais aussi de ceux qui détiennent le pouvoir économique et politique et de la mobilisation et de l’adhésion (cohésion) de ceux qui veulent le partager. Dans notre cas, le défi majeur lancé à l’Etat et à la société haïtienne toute entière est de mettre en marche sans trop attendre la construction commune d’un modèle de développement endogène qui puisse intégrer particulièrement les jeunes et la grande masse de ceux qui ont toujours été et qui restent de nos jours impitoyablement exclus du « système ».

Au bout du compte je souhaite ardemment que se réalise le «

rêve d’un pays où il fait bon vivre »

de Raphael Paul Gustave Magloire.

Jean-Robert SAGET MA novembre 2019

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Avant-Propos

Nous avons choisi de publier nos idées et nos réflexions sur la question haïtienne sur le Net avant de le faire de façon traditionnelle dans un livre, afin d’atteindre une large audience formée de jeunes (et de moins jeunes, certainement) qui se posent les questions suivante :

Pouvons-nous sortir de la situation de misère dans laquelle nous nous trouvons, selon toute vraisemblance, depuis toujours ?

Ne devrait-on pas changer ce système archaïque qui est organisé de sorte que les riches deviennent de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres ?

Pourquoi avons-nous eu plus de 360,000 personnes tuées dans moins de 36 secondes ?

Est-ce que ceux qui disent que le peuple haïtien est maudit pour avoir assassiné le libérateur de la Nation, Jean-Jacques Dessalines, ont raison ?

J’ai une réponse simple, il ne faut pas accepter ce fatalisme. Le sort n’est pas contre nous et nous avons notre avenir entre nos mains. Car, le peuple haïtien est un grand peuple, qui a une très belle histoire. Une renaissance haïtienne est possible, mais nous devons faire face à deux grands obstacles : l’instabilité politique et les désastres naturels. Nous pouvons traverser ces obstacles. Pour ce faire, nous devons impérativement nous parler et nous entendre entre nous afin de faire les bons choix et construire une Nouvelle Haïti où il fera bon vivre pour nous tous.

La date du 12 janvier ramène le triste anniversaire de la tragédie du tremblement de terre qui a frappé le pays en 2010. Nous ne devons jamais oublier les énormes pertes humaines et matérielles qu’il avait engendrées : ses victimes disparues à jamais sans laisser de traces, le sang des enfants innocents qui a coulé, le nombre innombrable de blessés et d’estropiés, la grande douleur généralisée, la destruction si instantanée de notre patrimoine urbain, les milliers de déplacés qui ont dû vivre durant des années sous des tentes dans des camps de fortune. De même, nous ne devons jamais oublier l’amour, la fraternité et la compassion que les Haïtiens du pays et de la diaspora ont montré à ce moment-là vis-à-vis l’un de l’autre. Cet infâme cataclysme nous avait rappelé que nous étions tous frères, sœurs, et enfants d’une même nation.

Les membres de la communauté internationale sont accourus pour nous apporter leur secours et nous montrer leur bienveillance, pour nous dire et se dire aussi à eux-mêmes que nous

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appartenons tous à cette humanité qui cherche à survivre contre la fureur aveugle de la nature et des torts que nous nous faisons à nous-mêmes. Au moins pour un moment nous nous sommes dits : NOUS SOMMES TOUS HAITI!

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Le Développement d’Haïti est Possible

1- Pour un plan de croissance accélérée sur 20 années de prospérité partagée et de stabilité socio-politique

Par Raphaël Paul Gustave Magloire 06/09/2019 – Mise à jour 14/12/2019

Le Conseil de Sécurité de l’ONU a pris la décision de mettre fin à la mission de paix en Haïti, à partir du 16 octobre 2019, et cela s’est déroulé comme prévu. Donc, Haïti est redevenu un pays totalement souverain qui n’a plus de force militaire étrangère sur son territoire. Cette mission avait été établie dans le pays en 2004 sous la base du Chapitre VII de la Charte de l’ONU, qui prévoit des dispositions à adopter dans le cadre d’un pays dont l’instabilité politique pourrait représenter une menace pour ses voisins et pour la paix internationale.

Haïti, malgré les difficultés qu’elle traverse encore aujourd’hui, aurait-elle vraiment besoin que des membres de la communauté internationale envisagent que la meilleure solution à nos problèmes serait la prise en charge de la gestion économique du pays et de laisser à nos politiciens le soin de gérer les affaires politiques ? Comme quoi les affaires économiques sont des choses trop sérieuses pour les laisser aux mains des Haïtiens qui ne donnent aucune preuve de leur capacité à lancer le processus de développement de leur pays. C’est une proposition qui circule dans les sphères internationales. Une autre façon pour eux de justifier cette nouvelle disposition vient du fait que le pays, sur le plan financier, va de scandales en scandales, surtout avec l’affaire des fonds Petrocaribe. Alors, un accord stratégique serait envisagé, même après

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que les Nations Unies mettent fin à l’intervention de stabilité qu’elles ont poursuivie pendant 15 années, pour essayer de redresser la situation du pays. Il faut dire que plus d’une dizaine de milliards de dollars ont été engagés par la communauté internationale dans la mission de paix internationale. La MINUSTHA, établie le 1er juin 2004 par la résolution 1542 du Conseil de sécurité avait le mandat d’établir un environnement politique sûr et stable. La mission prit fin en octobre 2017. Elle fut suivit par la MINUJUST, toujours sous l’égide du Chapitre VII de la Charte de l’ONU. Cette phase prit fin le 15 octobre 2019.

Malheureusement, il est évident que les conditions de vie de la population ne se sont pas beaucoup améliorées. Haïti est restée presqu’aussi pauvre qu’avant. Mais, il convient de noter aussi, qu’il n’y a pas eu de coup d’Etat durant cette période. Car, l’une des principales raisons de cette mission de paix en Haïti était d’éviter que nous continuions à changer de régime politique comme on change de chemise et aussi d’améliorer notre capacité à réduire les impacts négatifs de ces changements politiques sur la population. Par exemple, Haïti affiche un haut niveau d’immigration illégale de ses ressortissants vers les pays voisins à la recherche d’une terre d’asile. Un Bureau Intégré des Nations Unies est actif dans le pays, sous l’égide du Chapitre VI de la Chartre de l’ONU. Il est clair que les pays de la région veulent à tout prix se protéger contre l’instabilité politique et économique coutumière d’Haïti.

Depuis l’initiation du processus démocratique en 1986, Haïti a connu une longue période d’instabilité politique jusqu’à l’arrivée des forces de la MINUSTHA. Cependant, beaucoup reste à faire. Par exemple, depuis près de 6 mois, maintenant 9 mois, on n’a pas un gouvernement légitime qui fonctionne de façon régulière ; l’insécurité est criante presque partout dans le pays, les routes ne sont pas sûres, car des bandits armés rançonnent, dévalisent et tuent les passagers des véhicules publics et privés ; le carburant pour les véhicules fait face à un problème d’approvisionnement ; la corruption est endémique ; elle se retrouve dans toutes les interstices de la société haïtienne et se perçoit comme une façon de vivre, en fait, une véritable épidémie ; nous importons beaucoup, nous exportons très peu. La plus grande partie des produits consommés dans le pays est importée, mais une grande partie de ces produits rentre en contrebande ; la question des déficits budgétaires, des salaires non-payés, des détournements et du gaspillage des fonds publics, et du remboursement de la dette de PetroCaribe, tout cela pèse lourd sur le fonctionnement de l’État. La production et les services publics et privés périclitent ; environ 63%

de la population est sans travail ; l’inflation est galopante, le pouvoir d’achat des couches les plus pauvres s’amenuise ; le niveau de vie s’est effondré ; le pouvoir d’achat de ceux touchant en gourdes devient plus faible chaque jour avec la montée en flèche du dollar ; les pauvres deviennent plus pauvres; le système éducatif est insatisfaisant à tous les niveaux ; les jeunes sont très inquiets pour leur avenir ; les manifestations publiques liées aux frustrations qui découlent de tous ces problèmes perturbent davantage la situation ; environ 2.7 millions de personnes vivent en situation précaire ; on parle de disette, de famine, et de risque de soulèvement populaire contre la faim. Haïti est aujourd’hui un pays aux abois. Chacun a sa liste de cauchemars imminents et les membres de la communauté internationale sont loin d’être unis

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sur quelle solution qui serait appropriée pour Haïti, avec le peu de résultat du mandat du Conseil de Sécurité de l’ONU, dont Haïti est un membre fondateur.

Nous devons éviter une fois encore de souiller le patrimoine que nous ont légué les pères fondateurs, les preux de 1804, qui sans réserve ont versé un tribut de sang, avec honneur et courage, sur les champs de bataille du Nord au Sud, de l’Ouest à l’Est de l’ile d’Haïti, pour créer la Première République Noire du monde.

Ces derniers jours, des propositions de sortie de crise présentées de parts et d’autres par des mouvements, des regroupements, et des personnalités politiques ne se comptent plus. Mais, aucune de ces propositions ne peut, à elle toute seule, prétendre pouvoir résoudre les problèmes mentionnés ci-devant, et laisser continuer nos divisions intestines, basées sur l’égoïsme et la fierté de soi, qui sont totalement contraires à notre devise patriotique L’UNION FAIT LA FORCE. Nous devons finalement accepter de réunir les personnes de bonne foi du secteur politique, du secteur des affaires et de la société civile du pays, toutes tendances confondues, pour chercher à nous entendre sur un accord minimum afin de tirer le pays de ce bourbier. Une conférence nationale est une nécessité !

A suivre…

Alors, je vous dis, à un autre soleil!

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Le Développement d’Haïti est Possible

2- Pour un plan de croissance accélérée sur 20 années de prospérité partagée et de stabilité socio-politique

Par Raphaël Paul Gustave Magloire 09/09/2019 – Mise à jour 16/12/2019

Dans le cadre de la transition de 2004, avant le début de la MINUSTHA, nous nous sommes entendus pour signer, avec la participation de la majorité des partis politiques et des organisations de la société civile, l’Accord du 4 Avril 2004. Cet accord prévoyait un mandat de 2 années pour la transition et qu’aucun membre du gouvernement ne serait candidat aux élections, ni n’accepterait une fonction dans le prochain gouvernement. Plus tard, pour faciliter les élections, nous sommes arrivés à un accord sur des garanties électorales pour tous les partis politiques qui participeraient aux élections de 2006. Ce qui nous a permis d’initier la politique du financement des partis politiques et des candidats sans considération de partis. Le principe cardinal était d’assurer que les élections seraient libres et crédibles et que le pouvoir en place n’allait pas s’arranger pour choisir les gagnants à ces joutes. Ainsi il fut fait. Tout cela était loin d’être parfait. Mais, nous avons sauvé la Constitution de 1987, et nous avons continué avec le processus démocratique, sans tomber dans une guerre civile. Car, en grande partie, la stabilité politique dans le pays est liée à la question électorale. C’est cela qui tracasse la classe politique aujourd’hui. C’est une vieille tradition qui veut que ceux qui sont au pouvoir désirent y rester après la fin de leur mandat. Mais, cette fois-ci encore, il s’avère nécessaire de trouver une entente minimum et de faire les choses autrement.

Il faut sortir de la mauvaise tradition et travailler à la mise en place d’une république plus juste, plus moderne et plus prospère. Pour ce faire, il y a la nécessité de lancer une conférence

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nationale - comme nous ne cesserons de le répéter - où nous pourrions nous regarder en face et nous parler franchement.

Une croissance économique accélérée

La plupart des économistes sont d’accord sur le principe quand le Produit Intérieur Brut (PIB) d’un pays dépasse le niveau de 5% l’an, l’économie de ce pays peut doubler en 7 années. Dans le cas où le PIB dépasse 10% l’an, l’économie du pays peut doubler dans 5 années.

Par exemple, le Produit Intérieur Brut d’Haïti est aujourd’hui aux alentours de 9 milliards de dollars. Admettons, que toute chose étant égale par ailleurs, comme aiment dire les économistes, il arriverait que sur une période de 20 années l’économie du pays maintiendrait une performance moyenne au-dessus de 10% l’an. L’économie doublerait aussi tous les 5 ans sur cette même période de 20 années.

En terme chiffré, ça voudrait dire que l’économie de 9 milliards passerait à 18 milliards dans 5ans ; de 18 milliards passerait à 36 milliards dans 10 ans ; et de 36 milliards à 72 milliards dans 15 ans, ainsi de suite. En sommaire, avec un tel succès, l’économie haïtienne rivaliserait le niveau de celle de la République Dominicaine aujourd’hui, d’ici 15 années. Car, notre voisin a une économie qui tourne déjà autour de $70 milliards.

Le revenu moyen par habitant en Haïti est aux environs de 900 dollars aujourd’hui. En suivant le rythme de l’économie en général, le revenu moyen annuel par habitant (dans le cadre de cette projection) serait autour de 1,800 dollars en 5 ans ; 3,600 dollars en 10 ans ; 7,200 dollars en 15 ans ; et ainsi de suite... Il devient clair que sans achever une croissance accélérée, on ne peut même pas rêver d’un pays à l’instar actuel de notre voisin dans 15 ans. Ce serait vraiment pénible. Nous aurons certainement trahi les espoirs des nouvelles générations. Notre choix du moment devient impératif et urgent !

Bien sûr, on peut dire que c’est un modèle économique qui ressemble beaucoup plus à un scenario de «Alice au pays des merveilles » qu’á la réalité. Mais, il faut chercher l’idéal et ne pas être toujours satisfait avec une réalité médiocre et dangereuse. Car, si nous voulons continuer avec les projections économiques des taux de croissance récents (une moyenne de 0.49% l’an sur les 40 dernières années, selon le Gouverneur de la BRH, M. Jean Baden Dubois), dans 20 ans, la production intérieure brute pourrait être inférieure à 54 milliards de dollars l’an, ce qui se traduirait en un revenu moyen annuel par habitant d’environ $3.000 dollars, ou beaucoup plus bas encore, en tenant compte que la croissance pourrait tomber au-dessous de zéro cette année.

(Notre sort est connu maintenant, avec l’obtention d’un -1.5% pour l’année 2019). Bien sûr, vous avez compris, qu’avec un tel niveau de pauvreté Haïti pourrait cesser d’exister en tant que nation indépendante. Car, notre voisin de l’Est, la République Dominicaine, a déjà une économie qui tourne aujourd’hui autour de 70 milliards de dollars, avec une croissance moyenne de 5%

l’an.

Comme nous le savons tous, Haïti fait face à toute une kyrielle de problèmes. Les conditions de vie misérable de la majorité de la population est criante et intenable. Déjà, nos propres enfants s’interrogent sur la viabilité de notre très chère Haïti comme un pays souverain. Récemment, je

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parlais à un jeune qui m’a dit qu’il a été en vacances chez les voisins, et il a vu comment ça marchait bien pour eux. Alors, il se demandait, pourquoi (ils) ne viendraient pas nous aider ? Cette question explique, en partie, pourquoi j’écris cette série. Car, la misère dans le pays est intenable. Une économie accélérée peut créer du travail et réduire la misère.

Une économie orientée vers l’exportation

En prenant des mesures pour accélérer l’économie, nous devons privilégier les activités qui augmentent les exportations, réduisent les importations, créent du travail en masse, en nous assurant de maintenir une balance de paiement positive, c’est-à-dire que nous ayons beaucoup plus de dollars qui rentrent dans le pays par rapport à la quantité de dollars qui en sorte. C’est le meilleur moyen d’apporter une amélioration rapide dans les conditions de vie de la population.

Plusieurs pays avaient fait le pari de miser sur l’exportation comme point de départ pour lancer leur développement économique, comme la Chine de Deng Xiaoping, et ils ont gagné le pari.

Un choix qui idéologiquement n’a pas été très facile pour les héritiers de Mao qui devaient choisir comme principal partenaire commercial pour exporter à bas prix, les Etats-Unis, leur principal adversaire idéologique. Mais, en politique, il faut être capable de faire les choix difficiles, car la survie d’une nation peut en dépendre.

Il faut continuer de préconiser que dans l’état actuel des choses, nous avons la possibilité de réussir en faisant reposer notre économie sur 4 piliers :

1- L’agriculture 2- La manufacture 3- Le tourisme 4- Et la construction

Transformer notre économie orientée vers l’importation en une économie d’exportation va exiger des réformes en profondeur dans tous les domaines. La tâche ne va pas être facile.

(A suivre…)

Alors, je vous dis, à un autre soleil!

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Le Développement d’Haïti est Possible

Ne faudrait-il pas des réformes en profondeur pour un nouveau départ en Haïti ?

Figure 1 Ouverture du chantier de la route Cap-Haitien/Ouanaminthe vers la République Dominicaine

Par Raphaël Paul Gustave Magloire 17/11/2019 – Mise à jour 29/12/2019

Le chemin pour transformer Haïti en un pays où il fait bon vivre sera long et pénible. On devrait profiter d’un plan de croissance accélérée lancé sur une période de 20 années pour réaliser des réformes en profondeur sur le plan économique, social et politique susceptibles d’améliorer les conditions de vie de la population, surtout des couches les plus démunies. D’ailleurs, sans des reformes qui viseraient à rendre l’administration de l’État plus efficiente et plus efficace, on ne pourra pas devenir plus performant. En effet, nous devons remplacer ce système archaïque où les riches deviennent plus riches et les pauvres deviennent plus pauvres de plus en plus. Ce système devrait être remplacé par un autre plus juste et plus vertueux. Le nouveau système devrait nous permettre de faire plus avec moins et de laisser très peu de place à la corruption et au gaspillage des ressources publiques qui sont très limitées. Le nouvel État haïtien né de ces réformes, dans cette perspective, devrait veiller à ce que chaque citoyen jouisse de ses droits et honore ses devoirs. Dans un régime de droit, la loi doit être une pour tous.

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Dans mes réflexions et mes expériences durant ces 33 dernières années, j’ai compris qu’en Haïti nous avons pris la mauvaise habitude de créer une très large administration pour donner du travail à nos partisans et à nos amis, sans prendre en considération, qu’une administration pléthorique et budgétivore a pour effet de consommer les fonds et ressources qui auraient pu servir au développement du pays, et justement auraient créé les conditions pour lancer des entreprises capables de produire des biens, des services et du travail pour la satisfaction de tous les citoyens.

La réforme gouvernementale devrait commencer par la réduction du nombre de ministères qui forment le gouvernement en fusionnant les services que l’État offre à la population dans le cadre de 12 ministères. Il faudrait aussi diminuer les privilèges et avantages démesurés que reçoivent les cadres et les grands commis de l’État. En toute justice, il faudrait aussi donner un salaire décent à tous les employés qui reçoivent un salaire très bas et les encourager à être plus performants et dédiés à leur travail, grâce à un programme de motivation et de formation continue. De l’autre côté, la corruption et la malversation ne devraient pas être tolérées sous aucune forme. Ainsi donc, nous faisons les considérations suivantes.

Les 12 ministères pourraient être les suivants :

1- La Primature, dirigée par le Premier Ministre, aurait comme première fonction d’Orienter, de Controller et d’Évaluer tous les autres Ministères du Gouvernement, de même que les Services Autonomes de l’administration publique. Des lois seraient établies pour définir les rôles et responsabilités du Premier Ministre en tant que Chef du Gouvernement et de tous les ministres du gouvernement central.

2- Le Ministère des Affaires Etrangères, de la Coopération Externe, des Cultes, et des Haïtiens vivant à l’étranger

3- Le Ministère de la Communication, de la Culture et du Tourisme 4- Le Ministère de l’Economie, et des Finances

5- Le Ministère de la Justice, de la Police, et de la Sécurité Publique

6- Le Ministère de l’Intérieur, des Collectivités Territoriales, de la Défense, et des zones frontalières

7- Le Ministère du Plan et du Développement, de l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire

8- Le Ministère de la Production, de l’Agriculture, des Ressources Naturelles, de l’Industrie.

de l’Artisanat et du Commerce

9- Le Ministère des Travaux publics, de la Télécommunication, du Transport, de l’Energie, des mines, et de l’Equipement

10- Le Ministère de la Santé, de la Population et de l’alimentation

11- Le Ministère de l’Education nationale, de la Jeunesse, de la Formation Professionnelle, de la Technologie, et du Sport

12- Le Ministère du Travail, de la Famille, du Droit des Femmes, du Développement Urbain et du logement, et de l’Amélioration des Conditions de vie de la population

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Parmi les premières mesures devrait figurer la création par décrets des 5 Grandes Régions Territoriales, telles que :

1- La Région de Port-au-Prince 2- La Région du Grand Nord 3- La Région du Grand Sud 4- La Région du Grand Centre 5- La Région Transfrontalière

Chaque région serait dirigée par une autorité régionale choisie et nommée par le gouvernement central de Port-au-Prince. Mais, à l’avenir les lois pourraient prévoir que les autorités régionales soient élues par la population régionale. Afin de dynamiser le développement du pays, tous les employés de l’État, des Collectivités Régionales et Territoriales auraient accès à la formation continue. Une priorité serait donnée à la formation en informatique et en bureautique. Car, un Plan Bon Départ devrait envisager de commencer à informatiser de façon systématique tous les services de l’administration publique, afin que tous les services de l’État soient disponibles partout dans le pays dans le meilleur environnement et le meilleur délai possible,

L’administration publique devrait obéir strictement aussi, à tous les niveaux, aux règles de compétences et d’intégrité. Au moins les deux tiers des employés devraient être recrutés au mérite et le reste, quand nécessaire, serait sélectionné pour des raisons politiques. Les règles d’éthique et de déontologie de l’administration publique prévues par la loi s’appliqueraient aussi, en ce qui les concerne, à la fonction publique décentralisée dirigée par les autorités locales, municipales et régionales.

Les budgets du Pouvoir Exécutif, du Pouvoir législatif et du service diplomatique devraient être réduits de moitié. L’argent économisé pourrait servir à financer le pouvoir judiciaire, à équiper les administrations municipales et locales dont la plupart occupent des locaux délabrés et sans équipement adéquat pour servir les citoyens.

Les structures et l’administration de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSC/CA) devraient être renforcées afin de la mettre en situation de faire son travail de contrôle de l’administration centrale, des entreprises publiques et de l’administration décentralisée. La CSC/CA devrait publier sur des cycles établis par la loi les rapports et les audits sur le fonctionnement et le bilan de l’État central, des organismes autonomes et des collectivités territoriales. La transparence peut grandement aider à réduire la corruption.

La présence de la police devrait s’étendre sur toute l’étendue du territoire national. Car, la plupart des crimes restent impunis. Par exemple, l’absence de police dans les sections communales explique que les paysans abandonnent l’élevage du bétail par crainte de se faire voler. Cette faiblesse de la présence policière constituerait un handicap au développement de l’agriculture familiale et à la modernisation de l’agriculture, en général, si les corrections ne sont pas apportées.

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Environ 90 programmes nationaux dans tous les secteurs d’activités qui seraient coordonnés par les ministères du gouvernement, seraient déployés dans les 5 grandes régions du pays dans le but de transformer le pays en un vaste chantier.

Un grand effort devrait être fait pour assurer que dans les trois prochaines années académiques tous les enfants non scolarisés (environ 400,000) pourraient entrer à l’école. L’État doit faire un grand effort aussi pour garantir aux enfants des droits fondamentaux tels que le droit à la famille, à la protection, à l'éducation, à la santé, à l'alimentation, à l'identité et aux loisirs. Un nombre important d’enfants, (environ 300,000), sont dans une situation de domestication proche de l’esclavage sans même un document, acte de naissance par exemple, pour les identifier comme des citoyens Haïtiens. Pourtant Haïti est le premier pays qui, il y a plus deux siècles, a remporté la première grande victoire contre le système esclavagiste dans le monde en devenant un pays indépendant et libre du système colonial esclavagiste de la France. Dans le domaine du droit des enfants, nous devrions faire un grand effort aussi pour augmenter le temps que les élèves passent à l’école afin d’atteindre, au moins, la moyenne de la région Caraïbes. Car, c’est une bonne éducation qui doit assurer aux enfants d’avoir une meilleure condition de vie demain. Il serait souhaitable que chaque école puisse avoir accès à un centre de formation en informatique grâce à des subventions fournies par le Ministère de l’Education Nationale aux municipalités, afin que tous les élèves aient l’opportunité de recevoir une formation adéquate dans ce domaine.

Dans le cadre du Nouveau Départ un grand effort devrait être fait aussi pour améliorer le climat des affaires dans le pays, en mettant l’accent sur le cadre de travail et la rémunération des travailleurs, le transport public, le service électrique et électronique, la stabilité des taux de change, l’enregistrement des entreprises, la sécurité dans les rues, et la protection des entreprises et des investissements.

Les programmes de financement des entreprises, du logement, et de l’éducation à des taux préférentiels très bas comme moteurs de la décentralisation devraient viser aussi à créer 40,000 emplois pour les jeunes dans de nouveaux projets qui seraient créés dans les 5 régions du pays dans les 3 prochaines années. Des mesures devraient être adoptées pour faciliter qu’un nombre très important de femmes puissent bénéficier de ces programmes.

Ainsi, environ 10,000 jeunes cadres seraient recrutés au mérite et formés de façon continue pour travailler dans les différents programmes qui seraient déployés à travers le pays afin que les tâches soient exécutées avec efficience et efficacité. Environ 30,000 jeunes, soit 6000 environ pour chaque région, seraient formés et encadrés pour devenir des propriétaires de nouvelles petites entreprises dans différents domaines, dans les 5 régions du pays. Ces programmes seraient sous la supervision directe des mairies et viseraient à encourager la décentralisation et le développement des activités économiques partout dans le pays. Mais, la priorité devrait être donnée aux 4 grands secteurs porteurs qui peuvent supporter la croissance économique : l’agriculture, la manufacture, la construction et le tourisme.

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Dans un autre volet, 5000 jeunes seraient formés pour devenir des cadres des administrations décentralisées dans les 5 régions du pays. Un autre groupe de 5000 jeunes seraient engagés pour servir de cadres à temps limités, ou stagiaires, aux entreprises privées établies en région. Le traitement de ces employés serait payé à 50% par l’État central et le reste des 50% serait payé par les entreprises privées qui utilisent leur service. Ce programme permettrait aux nouveaux diplômés de faire leur première expérience. La création d’opportunités pour les jeunes est essentielle. Car, ce sont les jeunes cadres du secteur public et du secteur privé, les jeunes propriétaires des petites entreprises qui renforceront les classes moyennes et contribueront à la stabilité et à la prospérité du pays.

Un taskforce formé par le Ministère du Plan et du Développement, par le Ministère de la Production et le Ministère du Travail devrait viser à créer des emplois massifs dans les 4 grands secteurs porteurs de l’économie. Il serait possible de viser les objectifs suivants dans les 3 prochaines années: i) 100,000 emplois dans le secteur agricole ii) 200,000 dans le secteur manufacturier. iii) 50,000 dans le secteur du tourisme et iv) 100,000 dans le secteur de la construction. Ces secteurs, en plus de créer du travail massivement, joueraient un grand rôle dans l’augmentation du pouvoir d’achat de toute la population et l’amélioration des conditions de vie.

Les cadres de l’administration centrale qui ont servi la nation et qui seraient en âge de retraite seraient sollicités progressivement pour leur faire bénéficier de leur droit à la pension. Mais nul ne pourra être forcé d’agir de la sorte, ni sous la base de partisannerie ou de faveurs. La sortie des cadres de l’administration vers la retraite se ferait avec dignité et respect pour les services rendus à la nation. Chaque retraité aurait droit à un paquet pouvant leur garantir au moins un revenu décent, l’accès au logement et à la couverture médicale.

L’assainissement de l’administration publique va permettre de dégager les premiers fonds pour le financement des nouveaux investissements avant de chercher de nouveaux fonds dans le cadre des emprunts et de la coopération internationale.

Dans la phase préliminaire du Nouveau Départ, le Ministère de l’Economie et des finances et le Ministère du Plan et du Développement chercheraient à monter un fonds de $2.7 milliards de dollars pour couvrir une période initiale de trois ans, soit environ $900 millions l’an, pour financer ces réformes. Ces fonds devraient venir, d’abord, de l’effort national et ensuite nous chercherions à obtenir un support international. C’est pourquoi il serait essentiel que nous arrivions à mettre un contrôle strict sur nos dépenses et sur les revenus des entreprises publiques.

Le plan intérimaire pour le Nouveau Départ donnerait une grande priorité aux activités du secteur agricole, du secteur de l’industrie, du secteur du tourisme et de la construction, des infrastructures et des logements. Les secteurs de la santé, de l’éducation et de la sécurité publique feraient partie de la deuxième ligne de financements en termes d’investissements publics. Mais, tous les secteurs auraient droit à une attention spéciale du gouvernement afin de

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leur permettre d’atteindre un très haut niveau de performance et de délivrer un service de grande qualité à la population.

« La justice élève une nation ». Pour mettre fin à la tradition d’impunité en Haïti et construire un État de droit dans les vingt prochaines années, tous ceux impliqués dans les actes de crimes financiers, de crimes de sang et dans les violations de droits humains devraient être poursuivis et jugés pour leurs actes.

La sécurité du pays ainsi que la sécurité de la vie et des biens des citoyens est la première responsabilité de l’État. Ainsi, il faudrait prendre des mesures appropriées pour résoudre le problème de la prolifération des armes à feu et des gangs armés. Des programmes de désarmement devraient être poursuivis avec rigueur, en donnant une amnistie à ceux qui voudraient remettre leurs armes. Passé le délai de l’amnistie, des mesures exceptionnelles seraient adoptées pour assurer le désarmement et ramener la paix dans le pays. Le cas des adolescents qui feraient partie des gangs devrait être traité dans des programmes spéciaux de réinsertion sociale. Tous ceux responsables pour des crimes de sang devraient être jugés. Le contrôle des frontières devrait être renforcé, ainsi que la possession d’armes à feu par les particuliers.

Le renforcement de la sécurité générale du pays amènerait à réduire significativement le nombre de policiers alloué directement à la protection des officiels des 3 pouvoirs du pays. Ainsi, un nombre plus important de policiers pourrait être consacré à la protection des simples citoyens.

Si nous voulons choisir de construire un pays où il fait bon vivre, à tous les niveaux nous devons privilégier la prévention sur la répression.

Ces mesures citées plus haut devraient nous aider à sortir de la crise qui est en train de nous détruire aujourd’hui. Car, ceux qui sont dans les rues, sont là pour revendiquer un changement de système qui peut apporter une amélioration dans leur vie quotidienne et ouvrir un meilleur avenir pour les générations à venir. Sans un changement réel, on peut s’attendre à ce que les manifestations continuent, deviennent plus violentes, même-ci la répression deviendrait plus violente aussi. Malheureusement, la violence n’entrainerait que plus de violence. Ainsi de suite.

Comment allons-nous faire le développement du pays dans un tel environnement ?

Une nouvelle constitution devrait être rédigée par une assemblée constituante et ratifiée par referendum durant la période de transition. L’un des objectifs de la nouvelle constitution serait de rendre la gestion de l’État Haïtien moins coûteuse. Ainsi, elle devrait prévoir de regrouper les activités électorales en une seule joute tous les 5 ans. La nouvelle constitution devrait diminuer le nombre des élus à la Chambre du Sénat et à la Chambre des Députes également, remplacer le principe de cartels aux Mairies et au niveau local par un seul élu pour 5 ans. La mise en place d’un Conseil Electoral Permanent devrait faciliter l’organisation des élections et leur permettre de se réaliser à temps et au moindre coût avec une administration beaucoup plus

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professionnelle. Les nouvelles élections devraient pouvoir se dérouler dans une atmosphère plus sereine.

Le développement est un choix. Ce n’est pas le fait du hasard. Nous pouvons faire ce choix et gagner le pari!

Alors, je vous dis, à un autre soleil !

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Le Développement d’Haïti est Possible

Lancer une agriculture avec une grande capacité de production et d’exportation (1)

Jean-Jacques Dessalines, le libérateur d’Haïti - Toussaint Louverture, le précurseur de l’Indépendance Henry Christophe (1807-1820) - Alexandre Pétion (1807-1818)

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Commençons par dire que le pays est traversé par toute une série de contradictions qui rendent la gestion politique chaotique. Ces contradictions ne sont pas d’aujourd’hui. C’est notre histoire. C’est la raison pour laquelle, il est très difficile pour un gouvernement de suivre et maintenir une ligne stratégique unique en rapport avec les attentes de la population et les promesses électorales.

Par Raphaël Paul Gustave Magloire 15/09/2019 – Mise à jour 18/12/2019

Haïti

a été considéré pendant très longtemps comme un pays essentiellement agricole. Une colonie française de 1697, (Le Traité de Ryswick) au Premier Janvier 1804 (Indépendance d’Haïti), le tiers occidental de l’ile d’Hispaniola, (Saint-Domingue) était la plus florissante colonie française de l’époque, et était adéquatement appelé la Perle des Antilles pour sa richesse.

En effet, Saint-Domingue était devenu le plus grand exportateur mondial de sucre, de café et de coton. La production de ses plantations était très supérieure à celle des 13 colonies britanniques qui prirent leur indépendance de la couronne d’Angleterre en 1776 pour devenir les Etats-Unis d’Amérique. Cette production reposait sur la traite des noirs qui étaient importés d’Afrique dans la colonie de Saint-Domingue, pour travailler comme esclaves, comme des bourriques et des mulets, selon le Code Noir de Louis XIV. Ce travail harassant et pénible des esclaves, sous le fouet du commandeur, du lever au coucher du soleil, avait permis aux colons blancs de la colonie et dans la métropole française de construire d’immenses richesses. A la veille de l’Indépendance haïtienne on dénombrait dans la colonie de Saint-Domingue une population de 500,000 âmes comptant 450,000 de noirs, le reste composé de blancs et de quelques milliers de mulâtres.

Les esclaves n’ont jamais accepté paisiblement leurs conditions sous-humaines et des tentatives de révoltes ont eu lieu tout au long de l’histoire de Saint-Domingue, et les bandes de marrons (esclaves en rupture de bans) rôdaient aux alentours des plantations. Finalement, au mois d’août 1791, les esclaves se sont révoltés en masse à Saint-Domingue, sous le leadership d’anciens esclaves, principalement les Boukman, Jean-François, Biassou, Toussaint, Dessalines, qui vont écrire la plus dramatique épopée de l’histoire humaine. Cette révolte lancée comme un simple soulèvement anti-esclavagiste, aux cris de Liberté ou la Mort, est ensuite devenue une lutte anticoloniale pour l’indépendance de Saint-Domingue qui deviendra Haïti. A cette époque, la France coloniale était dans une effervescence révolutionnaire. Le régime de la royauté féodale en France avait été renversé, aux cris de « Liberté, Égalité, Fraternité ». Les révolutionnaires français avaient déclaré la liberté générale des esclaves selon les principes de la Révolution Française, et aussi pour conserver la colonie de Saint-Domingue, où les esclaves en révoltes allaient de victoire en victoire, sous les ordres de Toussaint Louverture, général espagnol à l’époque. Toussaint Louverture, passant sous les ordres de la France, était devenu le Gouverneur Général de la colonie de Saint-Domingue. Mais, à l’arrivée de Napoléon Bonaparte au pouvoir

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absolu comme Premier Consul de la France, le 9 novembre 1799, il fit la tentative de chercher à pacifier Saint-Domingue et à rétablir l’esclavage qui faisait la richesse de la France. Il envoya une expédition de 25,000 soldats commandée par son beau-frère, le Lieutenant Général Leclerc, assisté du Général Rochambeau. Le Général Toussaint Louverture à la tête de l’armée indigène résista au débarquement des troupes françaises. Toussaint fut finalement arrêté et déporté en France, où il mourut au Fort-de-Joux, le 7 avril 1803, sans avoir vu le triomphe de la Révolution Haïtienne dont il a été le précurseur.

Après l’arrestation de Toussaint Louverture, l’armée indigène qui était divisée en des contingents de troupes noirs et mulâtres s’unifia et prit la décision de se placer sous un commandement unique ayant à sa tête le général noir, Jean-Jacques Dessalines. Donc, la guerre d’indépendance reprit de plus belle. Dessalines, pour faire face à la supériorité en équipement et armement des troupes de Napoléon, donna l’ordre à l’armée indigène de se replier dans les montagnes, en brûlant toutes les villes et plantations sur leur passage, et de ne pas faire de prisonniers. Des deux côtés les armées étaient sans pitié. L’armée de Napoléon, finalement, fut décimée par cette guerre de guérilla totale et par les maladies tropicales comme la fièvre jaune.

Dans le mois de novembre, Général Dessalines rassembla les troupes indigènes et lança les dernières batailles de la guerre de l’indépendance. L’armée indigène remporta la victoire finale sur les troupes françaises au combat de Vertières, près du Cap-Haitien, le 18 novembre 1803. Les troupes de Napoléon capitulèrent et le peu qui en restait reçut la permission de quitter le sol haïtien.

De la Cérémonie du Bois-Caïman en août 1791, l’acte de départ de la révolution haïtienne, à la Proclamation de l’indépendance, le Premier Janvier 1804, les guerres se sont allongées sur une période de 13 années. Toute la colonie était ravagée. La plus grande partie des plantations qui produisaient la richesse de la colonie fut détruite. Les plus grandes puissances de l’époque, la France, l’Angleterre, l’Espagne, étaient des puissances coloniales qui pratiquaient l’esclavage.

Même les Etats-Unis d’Amérique nées elles aussi, 25 années avant Haïti, d’une lutte anti- coloniale contre l’Angleterre, considéraient Haïti comme un danger pour sa stabilité politique.

Car, l’économie du Sud des Etats-Unis reposait sur l’exploitation des esclaves noirs. Donc, ces pays se sont unis pour former une vraie « ceinture sanitaire » autour d’Haïti afin d’empêcher que les révolutionnaires haïtiens contaminent la population noire de leurs territoires. En effet, les nouveaux chefs d’État haïtiens n’hésitaient pas à répandre le credo de la liberté des esclaves et l’émancipation des pays du joug colonial. Haïti était déclarée une terre d’asile pour tous ceux qui cherchaient la liberté. Les leaders latino-américains, comme le Général Francisco de Miranda, puis le Général Simon Bolivar qui luttaient pour libérer leur pays de la colonisation espagnole sont venus en Haïti chercher du support. Ils ont trouvé de l’argent et des armes sous la promesse de libérer tous les esclaves dans les pays qu’ils rendraient indépendants. Tous les esclaves noirs qui arrivaient à toucher le sol d’Haïti, d’après les lois haïtiennes, y trouveraient en Haïti une terre d’accueil et d’asile.

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La politique exprimée en faveur de la liberté depuis l’indépendance, n’aidait pas Haïti sur le plan économique. Le pays ne pouvait pas trouver les fonds dont il avait besoin pour reconstruire ses plantations et manufacturer les produits à vendre à l’extérieur en vue de relever son économie.

Les chefs d’États haïtiens n’ignoraient pas non plus qu’un des grands pays coloniaux, à n’importe quel moment pourraient chercher à reconquérir le pays. Ainsi, ils utilisaient le peu de ressources dont ils disposaient pour renforcer la défense du pays. Sous le régime de Jean-Jacques Dessalines, les chefs militaires de chaque région avaient reçu l’ordre de construire des forts afin de protéger le pays en cas d’attaque. C’était la poursuite d’une stratégie qui avait commencé depuis le régime de Toussaint Louverture.

Toussaint Louverture avait déjà commencé avec un régime de caporalisme agraire visant à faire revenir d’anciens colons sur leur plantation et à retourner les anciens esclaves au travail salarié dans le but de relancer la culture de la canne-a-sucre, du coton et du café, qui avait fait la fortune de la colonie. Mais, ces mesures furent très impopulaires et sources de conflits même parmi les membres de son état-major. Par la suite, les gouvernements qui ont procédé à la distribution de lopins de terre aux anciens esclaves, et surtout aux anciens soldats, ont été beaucoup plus populaires. Car, les anciens esclaves ne voulaient plus revenir à un état qui leur rappelait leur ancien statut. Mais, les gros dignitaires du régime et surtout les mulâtres, qui se disaient les héritiers des anciens colons blancs, prenaient possession des propriétés abandonnées par les anciens maitres. Cet état de choses fut la cause majeure de l’assassinat de l’Empereur Jean-Jacques Dessalines, le principal leader de l’indépendance du pays, qui chercha à s’opposer aux velléités des nouvelles élites du pays. Donc, depuis le début de la nation, le choix entre le régime de la grande plantation pour les produits d’exportation et les lopins de terre pour la culture familiale a été un élément de division dans le pays. Et rien n’a vraiment changé jusqu’à présent, malgré des tentatives de réformes agraires et de production à grande échelle.

Cette tranche d’histoire est importante pour mieux comprendre l’impact de l’héritage colonial sur le développement économique d’Haïti. Donc, si l’Agriculture d’exportation doit devenir une priorité pour accélérer la croissance, elle doit aussi servir à réduire la misère de la population en modernisant la production, pour fournir suffisamment de biens agricoles et permettre d’éradiquer la faim dans le pays. Cette stratégie doit être en harmonie avec le développement écologique, Car, il s’agira aussi de protéger et de régénérer notre écosystème avec le support d’un réseau national de crédit dédié à l’agriculture, et pour encourager l’amélioration de la production des cultures traditionnelles également. C’est un sujet qui devrait être pris en considération dans le cadre d’un dialogue national, car un système d’appropriation sans tenir compte des besoins des démunis ne fera pas long feu.

(A suivre…)

Alors, je vous dis, à un autre solei

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Le Développement d’Haïti est Possible

Lancer une agriculture avec une grande capacité de production et d’exportation (2)

Le libérateur Simon Bolivar et le Président Alexandre Pétion

Président Jean-Pierre Boyer (1818-1843)

Par Raphaël Paul Gustave Magloire

18/09/2019 – Mise à jour 21/12/2019

Haïti

, en tant que pays, doit comprendre que ses intérêts passent d’abord avant l’intérêt des autres. Il en est ainsi dans tous les pays. Très souvent nos politiciens oublient cet axiome et cela a un coût très élevé pour notre pays, et explique en grande partie le manque de développement de notre économie qui nous vaut d’être le pays le moins développé de l’hémisphère occidental.

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Les hommes d’État américains font toujours primer l’intérêt de leur pays dans leurs relations avec Haïti. Durant le règne de Toussaint Louverture (1795-1802), le président américain, John Adams, (1797-1801), a maintenu des relations commerciales presque officielles avec la colonie française de Saint-Domingue, malgré que la France fût le principal allié des Etats-Unis depuis la guerre pour leur indépendance contre l’Angleterre. Saint-Domingue sous le régime de Toussaint Louverture était toujours une colonie française, et le système colonial français était basé sur le principe de l’exclusivité. Les colonies françaises ne devaient ni vendre ni acheter que de la métropole française exclusivement. Mais, le commerce qui existait entre les Etats-Unis et Saint-Domingue, pendant le règne de Toussaint était beaucoup plus que de la contrebande.

Il y avait un accord commercial. Les commerçants du Nord-est des Etats-Unis, principalement des villes portuaires comme Boston-Massachussetts, New York, et Manchester-New Hampshire vendaient des armes et des munitions et des produits manufacturés à la colonie et en achetaient du sucre, du coton, et du café. Ces produits arrivaient aux Etats-Unis, servaient à la consommation locale, et une bonne partie était réexportée vers les pays neutres d’Europe, particulièrement les ports de Hambourg et de Brême, en Allemagne. C’était un commerce très florissant qui permettait à Toussaint de commencer à redresser l’économie de Saint- Domingue et de maintenir une armée très équipée, pour l’époque, de plus de 40,000 soldats. Les intérêts commerciaux du régime de Toussaint et des Etats-Unis étaient administrés par des représentants officiels.

John Adams, (1797-1801), né à Quincy, Massachussetts, est le deuxième président des Etats- Unis. L’un des pères de la Révolution Américaine, il fut vice-président de George Washington (1789-1797), premier président du gouvernement fédéral des Etats-Unis. John Adams était de la Nouvelle Angleterre, précisément de Massachusetts. Cette région est la plus progressiste et la plus ouverte aux idées de liberté. Elle est aussi la région des grandes universités libérales, telles que Harvard et Yale où circulaient les idées contre l’esclavage. Par exemple, la devise du New Hampshire est de vivre libre ou mourir. L’économie de cette région reposait sur le commerce et l’industrie, et elle avait très peu d’exploitations agricoles, contrairement à celle du sud du pays. Il y’avait très peu d’esclaves dans la région et la Société des Amis des Noirs luttait en faveur de l’abolition de l’esclavage.

Thomas Jefferson (1801-1809), né dans l’État de Virginie, dans le sud du pays, et aussi l’un des pères de la Révolution Américaine, avait une position plus nuancée sur l’esclavage. Lui-même propriétaire d’esclaves en Virginie, il est établi qu’il avait une concubine noire qui lui avait donné plusieurs enfants. Jefferson était le vice-président de John Adams, et il ne partageait pas la relation du Président John Adams avec le régime de Toussaint Louverture à Saint-Domingue.

Jefferson était un homme politique du Sud des Etats-Unis. Le sud était essentiellement agricole et construisit sa richesse grâce à l’exploitation de l’esclavage des noirs. Il était aussi un ancien ambassadeur en France. Quand il est devenu président des Etats-Unis, Jefferson renforça ses relations avec Napoléon Bonaparte et mit fin à la relation commerciale presque officielle entre les Etats-Unis et le régime de Toussaint. Mais, le commerce de contrebande a pris la relève et

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les troupes indigènes continuaient à s’approvisionner en armes et en munitions pour faire face à la force expéditionnaire envoyée par Napoléon Bonaparte.

Subséquemment, les Etats-Unis vont devenir un grand bénéficiaire du succès de la résistance des forces indigènes à Saint-Domingue. Napoléon Bonaparte avait considéré qu’il n’allait pas pourvoir écraser les forces révolutionnaires de Saint-Domingue facilement, à un moment crucial où il avait besoin d’argent pour continuer sa guerre contre les autres pays féodaux d’Europe qui n’avaient pas accepté le fait que la révolution française avait renversé l’ordre féodal en France et décapité le roi Louis XVI. Alors, Napoléon décida de vendre aux Etats-Unis le Territoire de la Louisiane qui était lors une colonie française. Ainsi, le gouvernement de Thomas Jefferson procéda à l’acquisition de ce vaste territoire à un prix dérisoire, en empruntant de l’argent de l’Angleterre, le principal ennemi de Napoléon.

L’acquisition du Territoire de la Louisiane, en avril 1803, fut la transaction du siècle. Car, ce territoire qui était presque de la même dimension que les 13 États du pays à l’époque, représente actuellement 22,3% de la superficie des Etats-Unis.

A Saint-Domingue, Toussaint Louverture avait publié une Constitution le 8 juillet 1801 qui donnait pratiquement l’autonomie à la colonie française. Le 20 juillet 1801, Thomas Jefferson avait annoncé, par voie diplomatique, à Napoléon Bonaparte, que les Etats-Unis ne s’opposeront pas à une intervention pour rétablir l’autorité de la France à Saint-Domingue. Mais, les forces indigènes, commandées par le Général Jean-Jacques Dessalines, vainquirent les troupes de Napoléon Bonaparte envoyées à Saint-Domingue en février 1802.

La politique extérieure des Etats-Unis fut dominée dans la première moitié du 19 siècle par la volonté d’avoir une position dominante dans la région. Ainsi, elle était très méfiante vis-à-vis d’Haïti - le deuxième pays indépendant du continent américain - qui après son indépendance maintenait une grande armée afin de se protéger contre une invasion étrangère. Mais, Jean- Jacques Dessalines avait choisi de faire d’Haïti une terre d’accueil pour tous les noirs vivant en esclavage sur le continent américain. Ainsi, le Chef Suprême du nouvel État envoya au Congrès des Etats-Unis la copie du décret qu’il avait adopté le 14 janvier 1804, qui engageait son pays à payer les frais de voyage des noirs qui voulaient venir vivre en Haïti. Le support que Jean- Jacques Dessalines et Alexandre Pétion donnèrent aux libérateurs Latino-Américains (Francisco de Miranda, 1806 par Dessalines), (Simon Bolivar, 1815 par Pétion) dans la lutte pour l’indépendance du joug espagnol, laissait les Etats-Unis perplexes sur les intentions réelles de la Deuxième République indépendante du Nouveau Monde. Quand les troupes du Président Jean- Pierre Boyer occupa le territoire de l’Est (le 9 février 1822), cédé à la France révolutionnaire par l’Espagne dans le cadre du Traité de Bâle, (en juillet 1795), les liens commerciaux entre Haïti et les Etats-Unis devinrent de plus en plus timide. Déjà, sous le gouvernement de Jean- Pierre Boyer, Haïti fut le premier État indépendant à reconnaitre le soulèvement des Grecs, un territoire de l’autre côté de l’Atlantique, sous la domination de l’Empire Ottoman, en Europe. D’où la lettre suivante du Président J-P Boyer aux Grecs, le 15 janvier 1822:

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« Avant de recevoir votre lettre de Paris datée du 20 août dernier, la nouvelle de la révolution de vos concitoyens contre le despotisme qui durait depuis environ trois siècles était déjà arrivée ici.

Nous avons appris avec un grand enthousiasme que Hellas était finalement obligée de prendre dans le but de gagner sa liberté et la position qu’elle occupait jadis parmi les nations du monde.

Un cas aussi beau et juste, et surtout les premiers succès qui l’ont accompagné, ne peuvent laisser les Haïtiens indifférents, car nous, comme les Hellenes ont longtemps été soumis à un esclavage déshonorant et ont finalement brisé la tête de la tyrannie avec nos propres chaînes.

Vouloir aux cieux pour protéger les descendants de Leonidas, nous avons pensé assister ces braves guerriers, sinon avec des forces militaires et des munitions, du moins avec de l’argent, ce qui sera utile pour l’acquisition d’armes à feu, ce dont vous avez besoin. Mais les événements survenus et les restrictions financières imposées à notre pays ont absorbé la totalité du budget, y compris la partie que notre administration pourrait régler. De plus, la révolution qui triomphe dans la partie orientale de notre île crée actuellement un nouvel obstacle à la réalisation de notre objectif; en fait, cette partie, qui a été incorporée à la République que je préside, se trouve dans une extrême pauvreté et justifie donc d’immenses dépenses de notre budget. Si les circonstances, comme nous le souhaitons, s'améliorent à nouveau, nous vous assisterons honorablement, fils de Hellas, au mieux de nos capacités. »

Citoyens! Transmettez à vos compatriotes les vœux chaleureux du peuple haïtien au nom de votre libération. Les descendants des anciennes Hellènes attendent avec impatience le réveil de leur histoire avec des trophées dignes des salamis. Qu'ils se révèlent être comme leurs ancêtres et guidés par les ordres de Miltiade, et puissent, dans les domaines du nouveau Marathon, remporter le triomphe de la sainte affaire qu’ils ont entreprise au nom de leurs droits, de leur religion et de leur patrie. Puisse-t-il enfin, par leurs décisions judicieuses, être commémorés par l'histoire comme les héritiers de l'endurance et des vertus de leurs ancêtres. Le 15 janvier 1822, à Port-au-Prince, Jean-Pierre Boyer. » (Voir Jean-Pierre Boyer / Wikipédia).

Haïti et USA n’avaient pas encore de liens diplomatiques. Les Etats-Unis étaient favorables, en principe, à ce que les puissances européennes n’interviennent plus dans les affaires du continent américain, mais ressentaient fort mal l’influence grandissante de la République d’Haïti. Les Etats-Unis étaient engagés à cette époque dans une politique de neutralité afin de se concentrer sur leurs affaires internes. Ils ne reconnaitront l’indépendance de la République d’Haïti que seulement en 1862, sous le gouvernement d’Abraham Lincoln.

Tout le long de la deuxième moitié du 19 neuvième siècle, le mouvement abolitionniste dans le Nord des Etats-Unis a continué à évoluer pour s’opposer farouchement au système esclavagiste aux Etats-Unis. Le nouveau Parti Républicain, par exemple, était devenu le porte-étendard contre l’installation de l’esclavage dans les nouveaux États créés après l’acquisition du Territoire de la Louisiane. Cette prise de position en opposition à l’esclavage par les nordistes reposait sur des choix économiques. Le nord, orienté vers le développement industriel, utilisait les machines dans la production. Mais le sud avait bâti sa richesse sur les grandes plantations, principalement de coton, qui utilisaient la main d’œuvre non-payée des esclaves noirs. Aux justifications économiques se mêlaient les prises de position religieuses qui prêchaient que nous sommes tous des êtres humains et que les esclaves eux aussi ont des droits. L’abolitionniste

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blanc, John Brown - dont l’une des avenues de Port-au-Prince honore la mémoire - prit les armes avec quelques partisans et lancèrent une attaque, en 1859, contre l’arsenal de Harpers Ferry, dans l’Etat de Virginie Occidentale, pour débuter un soulèvement armé contre l’esclavage des noirs. L’action de John Brown fut infructueuse, mais intensifia le débat sur la question de l’esclavage dans le pays.

Le 6 novembre 1860, le républicain Abraham Lincoln fut élu Président des Etats-Unis. Les États du sud alarmés, prirent la décision de faire sécession avec la Fédération des Etats-Unis et de former la Confédération des Etats du Sud. Le Président Lincoln et le Congrès des Etats-Unis refusèrent d’accepter la division de la Fédération des Etats-Unis en deux pays. Ainsi débuta la Guerre de Sécession, qui opposa les nordistes aux sudistes. Cette guerre civile fut très sanglante. Elle dura du 12 avril 1861 au 9 avril 1865 et aussi causa la mort de plus de 630,000 personnes, civils et militaires, et laissa plusieurs centaines de milliers de blessés dans les deux camps.

Durant la Guerre de Sécession, le Président Abraham Lincoln reconnut l’indépendance d’Haïti, le 5 avril 1862. Le Président Abraham Lincoln proclama l’émancipation des esclaves, le 22 septembre 1862. Considéré comme l’un des plus grands chefs d’États américains, Abraham Lincoln fut pourtant assassiné par un sudiste, le 14 avril 1865.

Les Etats-Unis ont toujours été le principal partenaire commercial d’Haïti, et le resteront encore, surtout avec la présence de plus de 2 millions de membres de la diaspora haïtienne dans ce pays.

C’est à nous de faire en sorte d’utiliser la diaspora haïtienne comme tremplin pour lancer nos produits sur le territoire des Etats-Unis, afin de faciliter le développement de notre pays. Mais, le succès d’un effort à long terme pour réorienter notre économie vers l’exportation est d’arriver à travailler avec la diaspora pour promouvoir l’arrivée et la consommation des produits haïtiens dans les pays où les communautés haïtiennes sont bien établies. Donc, nous devons travailler ensemble en tant qu’Haïtiens, quel que soit l’endroit où nous nous trouvons, pour le succès d’un tel projet.

Cela pourrait être un sujet important du dialogue national.

(A suivre…)

Alors, je vous dis, à un autre soleil!

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Le Développement d’Haïti est Possible

Un hommage à l’Homme de Verrettes, le Président Dumarsais Estimé

Jean-Jacques Dessalines (1804-1806) - Léon Dumarsais Estimé (1946-1950)

Par Raphaël Paul Gustave Magloire 24/09/2019 – Mise à jour 23/12/2019

Haïti

, après la fin des guerres de l’indépendance (1791-1804), n’a jamais retrouvé sa position dominante dans le commerce international, quand il exportait un peu plus de la moitié du sucre, du coton et du café qui étaient consommés dans le monde. Les plantations avaient été détruites et la nouvelle république indépendante n’avait pas pu trouver sur le marché international les fonds nécessaires pour investir dans la reconstruction des plantations et le conditionnement des denrées afin de les exporter comme au temps de la colonie de Saint-Domingue. Le sucre et le café haïtiens, bien que moindre en quantité, sont restés très en demande sur le marché international, et constituaient encore la base de l’économie haïtienne. Mais, une bonne partie des terres restait en friche, et le reste était occupé par le jardin du paysan, où il cultivait des vivres alimentaires, des légumes et des céréales utilisés pour sa consommation quotidienne. Au fil des ans, la fertilité des sols s’est dégradée par l’érosion et le rendement des cultures est devenu plus faible, tandis que la population augmente rapidement. Le faible rendement des plantations parcellaires et le peu d’investissement dans le secteur agricole sont en grande partie responsables de l’augmentation du prix des produits locaux. Compte tenu que les agriculteurs forment la majorité de la

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