SAINTE BIBLE CATHOLIQUE ÉVANGILE
selon SAINT JEAN
Traduction et Commentaire verset par verset par l’Abbé Louis-Claude Fillion, p.s.s.
Professeur d’ Écriture Sainte et d’Hébreu à l’Institut Catholique de Paris
Membre de la Commission Biblique Pontificale
(édition numérique par JesusMarie.com – fichier placé dans le domaine public – copyleft – 30 mai 2018)
PRÉFACE
§ 1. — L'APÔTRE S. JEAN
(Voyez les Bollandistes, Acta Sanctorum, au 6 mai et au 27 décembre ; Tillemont, Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique des six premiers siècles, t. 1, p. 330 et ss., édit. de Venise, 1752 ; F.
Trench, The Life and Character of St. John the evangelist, Londres, 1850 ; Baunard, l'Apôtre S.
Jean, Paris 1869 ; J. M. Macdonald, The Life and Writings of S. John, Londres 1877 ; F. W. Farrar, Early Days of Christianity, 2° édit. ; Londres 1884 ; Smith, Dictionary of the Bible, au mot John the apostle ; Herzog, RealEncyklopædie, s. v. Johannes. Les commentaires de MM. Schegg, Schanz, Keil, Godet, contiennent aussi d'excellentes notices bibliographiques.)
1° Son nom. — Nom très beau, et tout à fait significatif sous sa forme primitive. Yôchanan ( ןבחוי, abréviation pour ןבתותי, Yehôchanan) se traduit en effet par “ Jéhova a fait grâce ” (Voyez l'Évangile selon S. Matthieu, p. 66). Après le Précurseur, personne ne l'a mieux porté que l'apôtre bien aimé. Il était alors assez commun chez les Juifs. Dans la généalogie de N. S. JésusChrist d'après S. Luc (Luc. 3, 27), le texte grec reproduit à peu près la prononciation hébraïque: Ἰωανάν.
De la forme hellénisée Ἰωάννης est venu le latin “ Joannes ” (primitivement Johannes, la lettre h correspondant au ח (ch aspiré) de l'hébreu) dont nous avons fait “ Jean ” (en passant par Jehan).
2° Sa famille. — L'apôtre S. Jean était Galiléen d'origine, comme tous les membres du collège apostolique, à part le traître Judas. Sa famille résidait sur les bords du lac de Tibériade au N. O.;
probablement à Bethsaïda, la patrie de S. Pierre, de S. André et de S. Philippe (Cf. Joan. 1, 44. On le déduit de ce que Jacques et Jean étaient les associés de Pierre et d'André (Luc. 5, 9). Voyez, sur la situation de Bethsaïda, 1'Évangile selon S. Matthieu, p. 228, et R. Riess, Atlas de la Bible, pl. 4.
Ne pas confondre cette localité avec BéthsaïdaJulias, située au N. E. du lac (Evang. selon S. Marc, p. 103). On ignore la date de la naissance de S. Jean, mais on admet généralement qu'il était le plus jeune des apôtres, et que Jésus luimême avait quelques années de plus que lui.
Quoique simple pêcheur, son père Zébédée (En hébreu : חיךבז, Z
ebadiah ; en grec: ὁ Ζεβεδαίος. Cf.
1 Par. 8, 15. Ce nom signifie “ don du Seigneur ”) paraît avoir joui d'une certaine aisance ; car il
possédait plusieurs barques, et son industrie était assez prospère pour lui permettre d'occuper
plusieurs journaliers (Cf. Marc. 1, 20 et notre commentaire). C'est tout ce que l'Évangile nous
raconte à son sujet. La mère de S. Jean est plus connue : elle se nommait Salomé (Schelomith
,תימולש, la pacifique), et les synoptiques signalent à plusieurs reprises son dévouement à la personne
sacrée du Sauveur. En combinant les passages Luc. 8, 3 et Marc. 15, 40-41, on voit qu'elle était une
des saintes femmes qui accompagnaient et servaient le divin Maître “ de facultatibus suis ”. Elle fut
fidèle jusqu'à la croix (Matth. 27,56 et parall.), jusqu'au sépulcre (Marc. 16, 1). (c'est sans motif