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ÉVANGILE SELON SAINT JEAN CHAPITRE 6

Miracle de la multiplication des pains (versets 1-15). - Jésus marche sur les eaux (versets 16-21). - Discours dans la synagogue de Capharnaüm (versets 22-60). - Crise parmi les disciples (versets 61-67). - La crise au sein du collège apostolique (versets 68-72).

b. La crise en Galilée. 6, 1-72

De nouveau, nous allons assister à la marche progressive de la foi et de l’incrédulité. Un miracle et un discours font éclater la crise en Galilée comme à Jérusalem, quoique d’une façon moins violente. Là nous avions entrevu les relations du Fils avec le père, du Messie avec Dieu ; ici nous voyons les rapports du Christ avec les croyants. C’est le ministère entier de Jésus en Galilée qui est réuni dans ce chapitre d’après sa forme essentielle. Le vrai Christ refuse de se prêter à la réalisation des folles idées messianiques d’un peuple aveuglé. On regarde à bon droit tout ce passage comme l’un des plus importants de l’Évangile, comme l’un des points culminants de la vie de N. -S. JésusChrist. - Trois parties principales : 1° Le double miracle, versets 1-21 ; 2° le discours, versets 22-60 ; 3° l’issue de ce grand épisode, versets 61-72.

1° Les deux miracles. Versets 1-21.

Le premier de ces prodiges a lieu sur terre, le second sur le lac ; Jésus fournit une nourriture merveilleuse à la multitude qui le suit, versets 1-15, puis il marche sur les eaux irritées de la mer Galiléenne, versets 16-21.

α. La multiplication des pains. Versets 1-15

Parall. Matth. 14, 13-21 ; Marc. 6, 30-44 ; Luc. 9, 10-17.

1

Après cela, Jésus s'en alla audelà de la mer de Galilée, ou de Tibériade ;

2

et une multitude nombreuse le suivait, parce qu'ils voyaient les miracles qu'il faisait sur les malades.

3

Jésus monta donc sur une montagne, et là il s'assit avec ses disciples.

4

Or la Pâque, jour de fête des Juifs, était proche.

5

Ayant donc levé les yeux, et voyant qu'une très grande multitude venait à lui, Jésus dit à Philippe : Où achèteronsnous des pains pour leur donner à manger ?

6

Mais il disait cela pour le mettre à l'épreuve ; car, lui, il savait ce qu'il allait faire.

7

Philippe lui répondit : Deux cents deniers de pains ne suffiraient pas pour que chacun en reçût un peu.

8

Un de ses disciples, André, frère de SimonPierre, lui dit :

9

Il y a ici un jeune garçon qui a cinq pains d'orge et deux poissons ; mais qu'estce que cela pour tant de monde ?

10

Jésus dit donc : Faites asseoir ces hommes. Or il y avait beaucoup d'herbe en ce lieu. Ils s'assirent donc, au nombre d'environ cinq mille hommes.

11

Jésus prit alors les pains, et ayant rendu grâces, il les distribua à ceux qui étaient assis ; il leur donna de même des poissons, autant qu'ils en voulaient.

12

Lorsqu'ils furent rassasiés, il dit à ses disciples : Ramassez les morceaux qui sont restés, pour qu'ils ne se perdent pas.

13

Ils les ramassèrent donc, et ils remplirent douze corbeilles avec les morceaux qui étaient restés des cinq pains d'orge, après que tous eurent mangé.

14

Ces hommes, ayant donc vu le miracle qu'avait fait Jésus, disaient : Celuici est vraiment le prophète qui doit venir dans le monde.

15

Mais Jésus, sachant qu'ils allaient venir l'enlever pour le faire roi, s'enfuit de nouveau, tout seul, sur la montagne.

C’est ici le seul miracle du Sauveur que les quatre évangélistes racontent de concert. Quoique S. Jean omette plusieurs détails et suppose comme en d'autres endroits, l’existence de narrations plus anciennes connues de ses lecteurs, il note cependant quelques circonstances nouvelles. Le récit des synoptiques est plus général, plus condensé ; le sien revêt une forme plus individuelle et dessine admirablement les personnages. Laissons dire aux rationalistes, selon leur habitude, que les narrateurs sont en contradiction les uns avec les autres.

Pour quiconque lit sans idées préconçues, les divergences ne font qu’accentuer l’unité, car “ la narration est essentiellement la même ”, Ewald.

Jean chap. 6 verset 1. - Après cela, Jésus s'en alla audelà de la mer de Galilée, ou de Tibériade. - Après cela. Cette brusque et vague transition caractérise notre évangéliste. Cf. 3, 22 ; 10, 22 ; 12, 1, etc. Ici, elle dissimule une lacune notable, que les synoptiques nous aident à combler (voyez notre Synopsis evangelica, p. 25-50). La durée de l’intervalle passé sous silence dépend de la nature de la “ Fête des Juifs ”, 5, 1. Pour nous, qui avons regardé cette expression comme synonyme de Pâque, il s’écoula presque une année entière entre 5, 47 et 6, 1. Comp. le verset 4. Le caractère fragmentaire du quatrième évangile est ainsi de plus en plus visible (voyez la Préface, § 5). S. Jean se borne à décrire un certain nombre de faits typiques, admirablement appropriés à son but ; il passe les autres sous silence. - Jésus s’en alla exprime l’idée de retraite ; et nous lisons en effet dans les autres évangiles que Jésus quittait alors la rive occidentale et si peuplée du lac, pour se retirer avec les siens dans les solitudes du nordest. Ce départ, disent les synoptiques, avait une double cause : d’un côté, le bon Maître voulait accorder un peu de repos à ses apôtres qui revenaient d’une mission fatigante (Marc. 6, 30-31 ; Luc, 9, 10 ) ; de l’autre, Hérode Antipas, qui avait naguère décapité JeanBaptiste, commençait à nourrir relativement à Jésus des projets dangereux (Matth. 14, 13). - Audelà de la mer de Galilée. Sur ce lac enchanteur, qui joue un si grand rôle dans la vie de N. -S.

JésusChrist, voyez l’évangile selon S. Matthieu, p. 91 et s. S. Jean n’en parle que deux fois. Cf. 21, 1. S.

Matthieu et S. Marc l’appellent habituellement “ mer de Galilée ” ; S. Luc le nomme toujours le “ lac de Génésareth ” : à la dénomination la plus ordinaire qu’il avait en Palestine, S. Jean ajoute une explication, destinée à le mieux faire reconnaître de ses lecteurs païens : ou de Tibériade. La plupart d’entre eux, en effet, avaient entendu parler de la cité de Tibériade, tout récemment bâtie par le tétrarque Antipas sur la rive S.-O.

du lac, et ainsi nommée en l’honneur de l’empereur Tibère. Cf. Jos. Ant. 18, 2, 3. Josèphe emploie parfois cette même appellation de “ mer de Tibériade ” ; le géographe grec Pausanias, V, 7, mentionne pareillement la λίμνη Τιϐερίς, que les Arabes désignent aussi par le nom identique de BahrTubaryeh. Sur l’état actuel de la ville, voyez les guides Joanne, Baedecker et Murray ; elle est habitée en grande partie par les Juifs, car elle est, avec Jérusalem, Hébron et Safed , une de leurs quatre cités saintes.

Jean chap. 6 verset 2. - Et une multitude nombreuse le suivait, parce qu'ils voyaient les miracles qu'il faisait sur les malades. - ..le suivait.. Cet imparfait, qui contraste avec les présents des versets 1 (“ s'en alla ”) et 3 (“ monta ”), marque comme d’ordinaire un fait réitéré : il rend le tableau très vivant. - Une multitude nombreuse “ de toutes les villes ”, ajoute S. Marc. Le Précurseur venait d’être martyrisé, les Douze avaient prêché dans tout le pays l’avènement du Messie : tout le monde accourait donc maintenant auprès de Jésus. - Parce que introduit un autre motif principal de ce concours : ils voyaient les miracles qu’il faisait.

Les foules ont toujours été nombreuses autour des thaumaturges, et Jésus était le plus grand et le plus compatissant de tous. Les deux nouveaux imparfaits sont encore à noter, parce qu’ils supposent des miracles fréquents, qui attiraient constamment des multitudes grossissantes. S. Jean résume par cette formule le ministère galiléen du Sauveur ; du reste, il en avait exposé antérieurement le début, 4, 43 et ss. Interrompu par un voyage à Jérusalem, 5, 1-27, ce ministère se poursuit maintenant. Les synoptiques ont aussi de temps à autre des formules analogues pour abréger et résumer : Matth. 4, 24 ; 8,, 16 ; 9, 35 ; 15, 30 ; Mar. 6, 56 ; Luc. 9, 11 etc. “ Ils voyaient ” ne rend pas toute l’énergie du grec ἐθεῶρουν, qui exprime toujours un regard réfléchi, attentif. Cf. 2, 23 ; 7, 1 ; 12, 45 ; 14, 19 ; 16, 16, etc.

Jean chap. 6 verset 3. - Jésus monta donc sur une montagne, et là il s'assit avec ses disciples. - Jésus monta donc sur une montagne. - Ce dernier trait est propre à S. Jean. Avec l’article en grec (de même au verset 15) peut se rapporter à une montagne spéciale, que les souvenirs de l’évangéliste lui rendaient présente au moment où il écrivait ; mais ces mots pourraient bien convenir aussi à tout le district montagneux du N. E.

du lac, par opposition aux rives beaucoup plus basses. S. Matthieu se contente de dire que Jésus s’était retiré en une lieu désert ; S. Luc précise la localité en la plaçant non loin de BethsaïdaJulias ; voyez notre commentaire et les cartes de MM Vigouroux, V. Guérin, R. Riess. - Et là il s’assit avec ses disciples. Simple et touchant tableau, que l’imparfait met en relief. Le repos de Jésus ne sera pas de longue durée. Cf. verset 5.

Jean chap. 6 verset 4. - Or la Pâque, jour de fête des Juifs, était proche. - Or la Pâque. Note chronologique précieuse, ajoutée aux détails qui concernaient les lieux et les personnes. S. Jean est seul à la donner. - Était proche. Le grec a ἐγγύς (proche), la Pâque semble avoir été très rapprochée. - Jour de fête des Juifs : la fête par excellence. C’était, d’après notre explication de 5, 1 (comp. 2, 13), la troisième Pâque de la vie publique du Sauveur ; selon d’autres, seulement la seconde. S. Jean, comme nous en avons déjà fait trois

fois l’expérience, aime à grouper les événements de sa narration autour des grandes fêtes juives. Cf. 7, 2 ; 10, 22. On a pensé, qu’indépendamment du soin de fixer une date, d’autres motifs l’ont porté à mentionner ce détail du verset 4. Il aurait voulu, aton dit, expliquer d’une autre manière encore (voyez le verset 2) la présence d’une foule si considérable auprès de Jésus : avant la Pâque, les caravanes de pèlerins galiléens se groupaient et se formaient en vue d’un voyage commun à Jérusalem. Ou bien, selon d’autres, cette date aurait pour but de préparer le discours eucharistique (versets 26 et ss.), et d’opposer ainsi la Pâque nouvelle, c’est-à-dire le corps et le sang de N.-S. JésusChrist, à l’agneau de l’ancienne Pâque.

Jean chap. 6 verset 5. - Ayant donc levé les yeux, et voyant qu'une très grande multitude venait à lui, Jésus dit à Philippe : Où achèteronsnous des pains pour leur donner à manger ? - Ayant donc levé les yeux. La particule “ donc ” renoue le fil du récit, qui avait été brisé par le verset 4. Trait graphique. Jésus était alors sur “ la montagne ” (verset 3) qui domine BethsaïdaJulias. - Et voyant qu'une très grande multitude… Dans le grec, comme au verset 2, il y a seulement “ une grande multitude ”. - Venait à lui. Le présent grec ajoute au pittoresque : la foule rejoignait N.-S. JésusChrist en ce moment, après avoir parcouru à pied l’espace qui sépare Capharnaüm de la Bethsaïda transjordanienne. Voyez notre commentaire de l’Évangile selon S. Marc, p. 100. - Jésus dit à Philippe. S. Jean nous a conservé de nombreux fragments de conversation, qu’on ne trouve que dans son évangile. Il donne ici un court dialogue entre Jésus et l’apôtre Philippe, une réflexion de S. André et deux ordres consécutifs du divin Maître. Pourquoi la remarque suivante futelle adressée spécialement à S. Philippe ? On a fait à cette question toutes sortes de réponses : 1°

Philippe se trouvait alors le plus rapproché de Jésus. 2° Il était chargé de l'approvisionnement pour le collège apostolique. 3° Originaire des bords du lac, d’après 1, 44, il connaissait mieux la contrée (mais plusieurs autres apôtres habitaient également le pays). 4° Enfin, esprit inquiet et curieux (on l’a du moins conclu de 14, 8), il aurait eu besoin entre tous d’être convaincu de son entière impuissance. Peut-être ce dernier sentiment correspondil pour le mieux à la réflexion communiquée plus bas par le narrateur (verset 6). - achèteronsnous… Jésus regarde toute cette multitude comme des convives que la Providence lui envoie ; en père de famille prévoyant, il songe aussitôt au moyen de les nourrir. Si les synoptiques laissent aux Douze l’initiative de cette prévoyance, tandis que S. Jean l’attribue à Jésus, la différence est très minime. Les récits se complètent mutuellement, et la réflexion des apôtres conserve toute valeur après celle du Maître.

Jean chap. 6 verset 6. - Mais il disait cela pour le mettre à l'épreuve ; car, lui, il savait ce qu'il allait faire. - Il disait cela pour le mettre à l'épreuve. Trait touchant de la “ pédagogie ” du Sauveur : nous avons ici en abrégé toute sa méthode d’éducation envers les apôtres. Dans le cas actuel il mettait à l’épreuve la foi de l’un d’entre eux. Comme dit S. Augustin, Tract. in Joan, h.l., “ en Philippe il recherchait non pas le pain mais la foi ” - Car. Le narrateur va expliquer plus au long la demande de Jésus à Philippe. - Il savait ce qu’il allait faire. NotreSeigneur n’avait donc pas besoin qu’on le conseillât réellement. Il est frappant de voir combien souvent le disciple privilégié signale les motifs les plus intimes de la conduite de Jésus. Cf. 3, 24, 25 ; 4, 1-3 ; 5, 6 ; 7, 1 ; 13, 1, 3, 11 ; 16, 19 ; 18, 4 ; 19, 28, etc.

Jean chap. 6 verset 7. - Philippe lui répondit : Deux cents deniers de pains ne suffiraient pas pour que chacun en reçût un peu. - Philippe lui répondit. La difficulté proposée dépassait la compétence d’un simple mortel ; aussi l’apôtre interpellé ne répondil pas directement à la question. Du moins il montre d’une certaine manière son esprit pratique par une prompte évaluation : Deux cents deniers de pain ne suffiraient pas… On a une assez grande quantité de pain pour deux cents deniers ; mais qu’étaitce pour une telle multitude ? D’après Grotius, cette somme serait mentionnée parce qu’elle eût été alors contenue dans la bourse du Sacré-Collège. - Pour que chacun en reçût un peu “ Un peu ” par opposition à une somme qui était alors relativement considérable, surtout pour des hommes si peu fortunés que les apôtres.

Jean chap. 6 verset 8. - Un de ses disciples, André, frère de SimonPierre, lui dit. - Un de ses disciples : détail propre au quatrième évangile. La formule d’introduction est remarquable, car Philippe aussi était “ un des disciples ”. On dirait que S. Jean, après avoir écrit cette indication générale, se reprend et se complète luimême en désignant l’apôtre par son nom. - André, frère de SimonPierre. Presque toujours on rappelle le grand titre de gloire de S. André. Une fois déjà, 1, 44, nous avons trouvé son nom à côté de celui de S.

Philippe ; nous les trouverons encore associés, 12, 22. Comparez la liste des apôtres dans S. Marc, 3, 18 et au livre des Actes, 1, 13.

Jean chap. 6 verset 9. - Il y a ici un jeune garçon qui a cinq pains d'orge et deux poissons ; mais qu'estce que cela pour tant de monde ? Autres détails propres à S. Jean. Les synoptiques se contentent de signaler le fait en général : “ Nous n’avons ici, disent les apôtres à Jésus, que cinq pains et deux poissons ”, Matth. 14, 17. Ici au contraire, nous avons plusieurs circonstances particulières. - 1° Les pains et les poissons sont la propriété (qui a) d’un jeune enfant (diminutif expressif en grec) qui les avait sans doute apportés pour les revendre avec quelque profit. - 2° Remarquez en outre l’adjectif un, qui n’est nullement synonyme de un certain en cet endroit, mais auquel il faut laisser la signification emphatique de un seul. - 3° Les pains sont qualifiés par S. Jean : pains d’orge ; nourriture des pauvres, ainsi qu’on le voit par la Bible, Jud. 7, 13, et par de nombreux passages du Talmud. 4° Les poissons portent le nom de ὀψαρία, que nous retrouverons au v.

11, et 21, 9, 10, 13. Ce terme s'employait primitivement pour représenter toutes nourritures pouvant accompagner le pain, peu à peu l'usage en fut limité aux petits poissons, dont les anciens étaient très friands.

Cf. Plutarque, Sympos. 4, 4 ; Bretschneider, Lexic. Man., s. v. ; Edersheim, Life and Times of Jesus the Messiah, t. 1, p. 682 et s. - Mais qu’estce que cela (en avant avec emphase) pour tant de monde ? Philippe a relevé la grandeur de la difficulté, André fait ressortir la petitesse des moyens.

Jean chap. 6 verset 10. - Jésus dit donc : Faites asseoir ces hommes. Or il y avait beaucoup d'herbe en ce lieu. Ils s'assirent donc, au nombre d'environ cinq mille hommes. - Or il y avait beaucoup d’herbe … C’était en effet le printemps. - Les hommes s’assirent “ par groupes de cinquante et de cent ”, ajoute encore le second évangéliste, dont le récit est très pittoresque en cet endroit - Hommes est la traduction très exacte du mot grec ἄνδρες, qui désigne exclusivement les hommes. - Au nombre d’environ cinq mille hommes. Les richesses de Jésus étaient inépuisables.

Jean chap. 6 verset 11. - Jésus prit alors les pains, et ayant rendu grâces, il les distribua à ceux qui étaient assis ; il leur donna de même des poissons, autant qu'ils en voulaient. - Après ces divers préliminaires, nous arrivons au miracle proprement dit : la narration de S. Jean tient le milieu entre celles de S. Marc et S. Luc. - Ayant rendu grâces, en tenant les pains dans ses mains divines. Cette circonstance a été notée de concert par les quatre évangélistes ; le nôtre y reviendra plus bas encore (v. 23) d’une manière emphatique, pour montrer que le prodige fut vraiment opéré durant cette prière adressée par Jésus à son père.

Comparez les récits de la seconde multiplication des pains (Matt. 15, 36 ; Marc. 8, 6), où l’on voit un trait identique. De même, avant l’institution de la saint Eucharistie (Matt. 26, 26 ; Marc. 14, 22 ; Luc, 22, 17, 19 ; 1 Cor. 11, 24), qui a tant d’analogie avec la scène présente, comme nous le montrera bientôt le discours du Sauveur. - Il les distribua à ceux qui étaient assis. Littéralement en grec “ il donna à travers, de main en main ” ; cette expression est propre S. Jean. La recepta a ici une variante assez notable : “ Il les distribua aux disciples, puis les disciples à ceux qui étaient assis ”. L’addition du “ texte reçu ” provient sans doute de Matth. 14, 19. - De même des poissons. Trait commun à S. Marc et à S. Jean. Ce dernier est seul à ajouter l’intéressant détail autant qu'ils en voulaient, qui rehausse beaucoup la grandeur du miracle. Deux petits poissons partagés entre cinq mille hommes, et ceuxci en recevant autant qu’ils en voulaient ! Sur la nature de ce prodige, voyez l’Evang. selon S. Matthieu, p. 295. Dans le changement de l’eau en vin, Jésus avait agi sur la substance ; il agit maintenant sur la quantité.

Jean chap. 6 verset 12. - Lorsqu'ils furent rassasiés, il dit à ses disciples : Ramassez les morceaux qui sont restés, pour qu'ils ne se perdent pas. - Il dit à ses disciples. Cet ordre du Sauveur n’est mentionné que par S. Jean ; les synoptiques se contentent d’en raconter l’exécution. - Ramassez les morceaux qui sont restés, pour qu’ils ne se perdent pas. Le grec dit avec plus de force pour que rien ne soit inutilement perdu.

Nous trouvons ici un mélange non moins étonnant que délicat de sainte économie et de générosité. On n’aurait jamais inventé un trait semblable.

Jean chap. 6 verset 13. - Ils les ramassèrent donc, et ils remplirent douze corbeilles avec les morceaux qui étaient restés des cinq pains d'orge, après que tous eurent mangé. - Dociles à l’ordre du Maître, les apôtres se mirent à l’œuvre, et ils remplirent (expression propre à S. Jean dans ce passage) douze corbeilles ; c’est-à-dire que chacun remplit sa corbeille de voyage. A propos de la corbeille (cophinus), voyez l’Evang. selon S. Matthieu, et notre Atlas archéologique de la Bible, Lyon 1883, planche 13, fig. 2. - Avec les morceaux qui étaient restés des cinq pains d’orge “ Et aussi des poissons ”, comme ajoute S. Marc.

Jean chap. 6 verset 14. - Ces hommes, ayant donc vu le miracle qu'avait fait Jésus, disaient : Celuici est vraiment le prophète qui doit venir dans le monde. - Ce verset et le suivant contiennent des détails nouveaux pour la plupart et d’une grande importance. Ils complètent une donnée de S. Matthieu (14, 22) et de S. Marc (6, 45), qui eût été difficilement explicable sans leur secours ; en même temps, ils décrivent la vive impression produite dans la foule par cet éclatant miracle. - Ces hommes... donc Ici, l’expression la plus générale du mot homme, et non l'acception restreinte ἄνδρες comme au verset 10. - Ayant donc vu le miracle

Jean chap. 6 verset 14. - Ces hommes, ayant donc vu le miracle qu'avait fait Jésus, disaient : Celuici est vraiment le prophète qui doit venir dans le monde. - Ce verset et le suivant contiennent des détails nouveaux pour la plupart et d’une grande importance. Ils complètent une donnée de S. Matthieu (14, 22) et de S. Marc (6, 45), qui eût été difficilement explicable sans leur secours ; en même temps, ils décrivent la vive impression produite dans la foule par cet éclatant miracle. - Ces hommes... donc Ici, l’expression la plus générale du mot homme, et non l'acception restreinte ἄνδρες comme au verset 10. - Ayant donc vu le miracle