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Souvenirs involontaires et inhibition : quels liens avec les symptômes de reviviscences de l'Etat de Stress Post-Traumatique ?

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Souvenirs involontaires et inhibition : quels liens avec les symptômes de reviviscences de l'Etat de Stress Post-Traumatique ?

FELLRATH, Julia

Abstract

Les souvenirs involontaires représentent un élément central dans le diagnostic de l'Etat de Stress Post-Traumatique (ESPT). Ils sont décrits comme des reviviscences non désirées et incontrôlées d'événements passés. (Association Psychiatrique Américaine, 2005).

Cependant, ces souvenirs involontaires se rencontrent également au quotidien au sein de la population normale (Brewin, Christodoulides & Hutchinson, 1996). Par ailleurs, il a été suggéré que de faibles capacités en inhibition, telle que la résistance à l'interférence proactive ou l'inhibition de réponse dominante, engendrent plus de souvenirs involontaires, et seraient donc liées à la sévérité des symptômes de l'ESPT (Verword, Wessel & de Jong, 2008). Cette recherche a pour premier objectif d'étudier les liens entre les difficultés d'inhibition et les souvenirs involontaires, et pour deuxième objectif d'étudier si les difficultés d'inhibition et les souvenirs involontaires permettent de prédire les symptômes de l'ESPT dans une population tout-venant. Nos analyses de régression ont montré qu'une fréquence élevée de souvenirs [...]

FELLRATH, Julia. Souvenirs involontaires et inhibition : quels liens avec les

symptômes de reviviscences de l'Etat de Stress Post-Traumatique ?. Master : Univ.

Genève, 2009

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:2606

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des Sciences de l’Education

Session de août 2009

Souvenirs involontaires et inhibition :

Quels liens avec les symptômes de reviviscences de l’Etat de Stress Post-Traumatique ?

Mémoire de Master en Psychologie Cognitive 2007-2009

Etudiante : Julia Fellrath

Superviseurs : Dr. Grazia Ceschi

Prof. Martial Van der Linden Assistante doctorante Melissa David

Julia Fellrath, fellrat4@etu.unige.ch

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Résumé

Les souvenirs involontaires représentent un élément central dans le diagnostic de l’Etat de Stress Post-Traumatique (ESPT). Ils sont décrits comme des reviviscences non désirées et incontrôlées d’événements passés. (Association Psychiatrique Américaine, 2005). Cependant, ces souvenirs involontaires se rencontrent également au quotidien au sein de la population normale (Brewin, Christodoulides & Hutchinson, 1996). Par ailleurs, il a été suggéré que de faibles capacités en inhibition, telle que la résistance à l’interférence proactive ou l’inhibition de réponse dominante, engendrent plus de souvenirs involontaires, et seraient donc liées à la sévérité des symptômes de l’ESPT (Verword, Wessel & de Jong, 2008).

Cette recherche a pour premier objectif d’étudier les liens entre les difficultés d’inhibition et les souvenirs involontaires, et pour deuxième objectif d’étudier si les difficultés d’inhibition et les souvenirs involontaires permettent de prédire les symptômes de l’ESPT dans une population tout-venant.

Nos analyses de régression ont montré qu’une fréquence élevée de souvenirs involontaires est prédite par de bonnes performances dans une tâche de résistance à l’interférence proactive, ce qui est contraire à notre hypothèse de base. Nos analyses ont également révélé que les symptômes de reviviscences de l’ESPT sont prédits par la fréquence et la valence négative du souvenir autobiographique rapporté, mais cette influence s’estompe lorsque la dépression est contrôlée. L’exploration de liens directs entre les symptômes de reviviscences et les difficultés d’inhibition n’ont pas apporté de résultats significatifs en lien avec nos hypothèses.

De futures recherches doivent encore être réalisées afin de permettre d’éclaircir les liens entre les souvenirs involontaires, les souvenirs intrusifs suite à un traumatisme, et la capacité d’inhibition.

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Table des matières

1
 Introduction... 4


1.1L’Etat
de
Stress
Post­Traumatique
(ESPT)...4

1.1.1Le
Modèle
cognitif
de
l’état
de
stress
post‐traumatique
d’Ehlers
et
Clark
(2000) ...7

1.1.2La
nature
du
souvenir
intrusif ...7

1.2Les
souvenirs
autobiographiques
involontaires ... 10

1.3Les
capacités
d’inhibition
et
les
intrusions
mnésiques ... 12

1.4Comparaison
entre
les
souvenirs
involontaires
et
les
souvenirs
intrusifs... 15

1.4.1Différences
entre
les
souvenirs
involontaires
et
les
souvenirs
intrusifs ...15

1.4.2Similitudes
entre
les
souvenirs
involontaires
et
les
souvenirs
intrusifs...16

2
 Problématique...18


3
 Méthode...20


3.1Participants ... 20

3.2Déroulement
de
l’expérience ... 21

3.3Tâches
informatisées
et
questionnaires... 21

3.3.1Tâches
informatisées ...21

3.3.2Questionnaires...22

4
 Résultats...25


4.1Analyses
préliminaires ... 25

4.2Statistiques
descriptives ... 26

4.3Analyses
corrélationnelles ... 27

4.4Régressions
hiérarchiques
multiples ... 28

5
 Discussion...33


5.1Discussion
des
résultats ... 33

5.2Limites ... 38

6
 Conclusions ...41


7
 Références
bibliographiques ...42


Annexes ...48


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1 Introduction

Depuis plusieurs années, le concept de l’ « état de stress post-traumatique » (en anglais PostTraumatic Stress Disorder, PTSD) a été étudié afin de mieux cerner les mécanismes de développement et de maintien des conséquences psychologiques associées à un (ou à des) événement(s) traumatique(s) (Ceschi et Van der Linden, 2007). Dans ce cadre, un nombre croissant d’études indiquent que les facteurs de vulnérabilité individuels (par ex. : genre, intelligence, style de traitement) sont de bien meilleurs prédicteurs du développement d’un état de stress post-traumatique que les caractéristiques objectives de l’événement traumatique en tant que tel (Halligan & Yehuda, 2000). Certaines études évaluant des étudiants ont par exemple montré qu’un déficit d’inhibition est susceptible d’influencer le développement de symptômes de reviviscences, suite à un événement traumatique (Verwoerd, Wessel & de Jong, 2008 ; Wessel, Overwijk, Verwoerd & de Vrienze, 2008).

Par ailleurs, relativement peu d’études se sont avancées à suggérer un lien entre les symptômes de reviviscences, dans le cadre de l’état de stress post-traumatique, et les souvenirs autobiographiques involontaires, vécus au quotidien au sein de la population générale (Berntsen, 1996 ; Horowitz, 1975).

Cette étude vise donc à clarifier l’implication du concept d’inhibition dans les phénomènes d’intrusions mnésiques au sein d’une population d’étudiants, et à éclaircir d’éventuels liens entre les souvenirs intrusifs suite à un événement traumatisant et les souvenirs autobiographiques involontaires vécus au quotidien dans la population générale.

1.1 L’Etat de Stress Post-Traumatique (ESPT)

L’état de stress post-traumatique (ESPT) fait partie de la catégorie des troubles anxieux dans la classification du DSM-IV-TR (Association Psychiatrique Américaine, 2005). Toutefois, il diffère des autres troubles anxieux étant donné que sa survenue dépend de l’exposition à une expérience dans laquelle la personne est confrontée à la mort, ou à une menace à son intégrité physique ou psychologique. L’événement traumatique doit être associé à une sensation subjective de peur intense, à un sentiment d’impuissance ou d’horreur (Association Psychiatrique Américaine, 2005).

Dans un premier temps, l’ESPT doit être considéré comme une réaction normale face à une situation exceptionnelle. Dans ce cadre, après une période de stress aigu, on observe couramment un processus de rémission spontané (Ceschi & Van der Linden, 2007). Mais

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après cette période, il est fréquent de remarquer l’installation d’un ESPT chronique persistant durant de longues années.

Pour poser le diagnostic d’état de stress post-traumatique, le DSM-IV-TR (Association Psychiatrique Américaine, 2005) indique qu’il est nécessaire que le sujet remplisse l’ensemble des critères suivants :

• Un événement stressant externe reconnu par la personne en tant que menace pour son intégrité (critère A),

• La présence de symptômes de reviviscences (souvenirs intrusifs, cauchemars, etc.), lesquels donnent lieu au sentiment de revivre l’événement de manière constante et comme s’il se passait « ici et maintenant » (critère B),

• La présence de conduites d’évitement envers les stimuli (y compris les pensées et les émotions) associés au traumatisme et un émoussement de la réactivité en général (critère C),

• Des symptômes d’hypervigilance neurovégétative (sursauts exagérés, difficultés de concentration, troubles du sommeil, etc.) (critère D).

• Finalement, ces symptômes doivent s’associer à une importante perturbation socio- affective (critère F) et durer au moins un mois après la survenue du traumatisme (critère E).

Les études épidémiologiques au sein des populations cliniques et générales montrent une grande comorbidité de l’ESPT avec les symptômes de la dépression et d'autres formes d'anxiétés (David, Ceschi, Billieux, & Van der Linden, 2008 ; Eysenck, Payne, & Santos, 2006). Par exemple, dans l’étude de Sandin, Chorot, Santed & Valiente (2004) qui a évalué une population clinique et un groupe contrôle, il a été suggéré que les événements stressants et dangereux soient susceptibles de prédire les symptômes des troubles anxieux, et que les événements liés à un sentiment de perte semblent prédire les symptômes de la dépression.

La logique descriptive catégorielle du DSM concernant l’ESPT est actuellement largement remise en question. En effet, de récentes études suggèrent que la frontière entre les réponses normales et pathologiques suite à un événement extrêmement stressant ne semble pas être aussi claire que la nosographie catégorielle classique voudrait le faire paraître (Broman-Fulks et al., 2006). Dans ce cadre, il n’est pas rare d’observer des personnes ayant été exposées à un événement traumatique présentant des ESPT partiels. Bien que ces états partiels ne puissent

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pas être considérés comme des ESPT au sens de la taxonomie psychiatrique classique, ils entraînent malgré tout des incapacités fonctionnelles et des demandes d’aide chez les personnes concernées. D’un point de vue théorique, ces ESPT partiels inspirent une nouvelle vision de l’ESPT, sous forme d’un continuum entre la normale d’adaptation et celle pathologique décrite dans le DSM-IV-TR (Association Psychiatrique Américaine, 2005).

Cette observation s’éloigne de l’approche catégorielle et préconise une vision dimensionnelle de l’ESPT (Ruscio, Ruscio & Keane, 2002).

Les études au sein de populations générales indiquent que le risque d’être exposé à un événement traumatique varie entre 55% et 84% des cas observés. Cependant, dans ces mêmes populations, le risque de développer un ESPT ne varie qu’entre 5% et 12% (Breslau, Davis, Andreski et Peterson, 1991, Kessler, Sonnega, Bromet, Hughes, & Nelson, 1995 ; Norris, 1992). En accord avec ces observations, on considère actuellement que seul un sous-groupe de personnes exposées à un traumatisme développera un ESPT, alors que les autres personnes bénéficieront d’un processus de rémission spontanée.

A l’origine, l’ESPT a été considéré comme la conséquence directe de l’exposition à un événement traumatique chez des personnes, par ailleurs ne souffrant pas préalablement de troubles cliniques. Toutefois, sur la base d’études épidémiologiques indiquant une grande variation dans la prévalence de l’ESPT, l’idée selon laquelle l’exposition à un événement traumatique pourrait ne pas être suffisant pour développer un ESPT semble s’imposer. En effet, des facteurs de risques individuels joueraient un rôle essentiel dans le développement et le maintien de cette condition (Brewin, Andrews & Valentine, 2000).

Deux récentes méta-analyses s’accordent avec le postulat selon lequel les processus psychologiques péri-traumatiques (menace pour la vie perçue, support perçu, dissociation péri-traumatique, etc.), plus que les caractéristiques pré-morbides de la personne (genre, âge, traumatisme précédent, etc.), constituent de puissants prédicteurs (Brewin et al., 2000 ; Ozner et al., 2003). Il en découle un intérêt majeur concernant le traitement cognitif de l’événement traumatique dans des populations tout venantes pour tenter de comprendre pourquoi certaines personnes et non pas d’autres développent des symptômes chroniques, sévères suite à un traumatisme. Dans ce cadre, le modèle cognitif de Ehlers et Clark (2000) propose une explication des phénomènes liés à l’ESPT.

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1.1.1 Le Modèle cognitif de l’état de stress post-traumatique d’Ehlers et Clark (2000) Actuellement, le modèle proposé par Ehlers et Clark (2000) est considéré comme décrivant de la manière la plus détaillée l’ESPT. Les deux auteurs exposent un modèle cognitif afin d’expliquer la persistance des symptômes de l’ESPT et proposent un cadre théorique pour une prise en charge cognitivo-comportementale de l’ESPT.

Selon ce modèle, l’ESPT devient persistant à partir du moment où les individus traitent le traumatisme d’une manière qui entraîne un sentiment de menace actuelle. Ce sentiment de menace émerge en conséquence d’une évaluation excessivement négative du traumatisme et/ou de ses séquelles et d’une altération de la mémoire autobiographique. Cette dernière est caractérisée par une faible élaboration des souvenirs autobiographiques, peu de contextualisation, une importante mémoire perceptive (associative) ainsi qu’un important priming perceptif. Cette impression de menace actuelle provoque également une série de comportements et de stratégies cognitives destinées à réduire la menace et la souffrance, mais qui empêchent à leur tour tout changement cognitif, amenant à un maintien du trouble (Ehlers

& Clark, 2000).

Etant donné que cette étude a pour objectif notamment d’éclaircir les phénomènes sous- jacents des souvenirs intrusifs suite à un événement traumatisant, nous aborderons ci-dessous plus en détail différentes positions quant à la nature du souvenir du traumatisme.

1.1.2 La nature du souvenir intrusif

De nombreuses théories ont été développées pour tenter de rendre compte de ce phénomène mnésique complexe, amenant à différentes prédictions. Je vais en décrire quelques unes, qui me paraissent les plus intéressantes et dont j’ai pu constater qu’elles prennent une ampleur considérable dans la littérature.

Ehlers et Clark (2000) ont remarqué que les patients présentent souvent des difficultés à récupérer intentionnellement un souvenir complet de l’événement traumatique. De manière inverse, les patients expérimentent une grande fréquence de souvenirs intrusifs, engendrant un sentiment de « réexpérience » de l’événement traumatique, de manière très vivace et émotionnelle. Par ailleurs, les souvenirs intrusifs sont déclenchés par une vaste série de stimuli et de situations. Un grand nombre de ces déclencheurs représente des signaux qui n’ont pas de forte relation sémantique avec l’événement traumatique, mais sont simplement des signaux qui ont été temporellement associés à cet événement.

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Ehlers et Clark (2000) avancent que le pattern mnésique de l’ESPT soit le résultat d’une prédominance de processus « data-driven » durant le traumatisme (traiter les impressions sensorielles et les caractéristiques perceptives plutôt que le sens de l’événement) plutôt que du processus « concept-driven » (traiter le sens de l’événement, de manière organisée et le placer en contexte). Les individus qui engageraient davantage de processus « data-driven » lors du traumatisme devraient présenter davantage de risques de développer les symptômes de ESPT que ceux qui traiteraient les éléments de l’événement de manière élaborée, avec un sens et de manière contextuelle.

A l’instar d’Ehlers et Clark (2000) qui proposent un processus mnésique spécifique sous- jacent aux souvenirs intrusifs, la théorie de la représentation duelle (« Dual representation theory ») de Brewin, Dalgleish et Joseph (1996) tente d’expliquer les souvenirs intrusifs lors d’ESPT en mettant en relief deux systèmes mnésiques indépendants, fonctionnant en parallèle:

la Mémoire Situationnellement Accessible, SAM (« Situationally Accessible Memory »), et la Mémoire Verbalement Accessible, VAM (« Verbally Accessible Memory »). Le système SAM concerne tout matériel dont l’accès est possible uniquement grâce à des indices internes ou externes à la personne liés au traumatisme, et serait responsable des « flash-back », selon les auteurs (Brewin et al., 1996). Ce type de mémoire est associé aux informations qui n’ont pas été traitées de manière intentionnelle lors de l’encodage, ce qui explique pourquoi il est prédominant après un événement traumatique et engendre des souvenirs qui apparaissent de manière répétitive à la conscience avec des informations sensorielles et émotionnelles liées au traumatisme. Quant au système VAM, il concerne les éléments qui ont été consciemment encodés lors de l’événement traumatique, et qui sont intégrés dans un vaste réseau d’informations personnelles liées au passé, au présent et au futur de la personne, ce qui a pour conséquence d’induire un moins grand choc émotionnel que lors de la récupération involontaire des souvenirs du traumatisme. Une distraction ou une forte activation lors du moment de l’encodage sont susceptibles de réduire fortement le volume des informations enregistrées par le VAM.

Rubin, Boals et Berntsen (2008), quant à eux, proposent que les processus sous-jacents à l’ESPT représentent des mécanismes psychologiques de base relatifs à la mémoire, à l’émotion et à la personnalité. Dans ce cadre, ils avancent que l’intensité de émotion améliore (plutôt que perturbe) l’encodage et aide à la formation de souvenirs hautement accessibles en mémoire à long terme.

(10)

Contrairement à Ehlers et Clark (2000) et Brewin et al. (1996), Rubin et al. (2008) proposent que les deux types de rappels volontaire et involontaire ne soient pas explicables par le biais de systèmes mnésiques distincts (Figure 1). La différence entre les deux types de souvenirs s’explique plutôt en terme de récupération, ayant lieu dans le même système mnésique. Les souvenirs involontaires impliquent une activation mnésique incontrôlée suite à un déclenchement de nature associatif, tandis que les souvenirs volontaires requièrent une recherche contrôlée et cognitivement élaborée, faisant référence à des schémas de haut niveau.

Cette différence explique pourquoi le rappel de souvenirs involontaires engendre un plus grand impact émotionnel, moins de pertinence dans l’histoire de vie de la personne et un moins bon contenu narratif que le rappel de souvenirs volontaires (Berntsen & Hall, 2004).

Ces effets ne sont pas limités aux informations négatives et traumatiques, ils se retrouvent également lors de souvenirs involontaires quotidiens. Ce phénomène émotionnel ne serait donc pas uniquement dû aux propriétés du traumatisme mais indiquerait que la récupération volontaire basée sur une stratégie élaborée réduit l’accès au contenu émotionnel du souvenir (Conway & Pleydell-Pearce, 2000), ou alors que le rappel volontaire implique une régulation émotionnelle et donc moins de réactions instantanées émotionnelles lors de la récupération mnésique (Gross, 2001).

En conséquence, le point de vue de Rubin et al. (2008) légitime une approche des « flash- back » en faisant référence à des mécanismes se retrouvant dans les souvenirs autobiographiques involontaires en général.

Figure 1 :les différentes prédictions des théories sur le souvenir intrusif. Version française traduite de la figure de Hall et Berntsen (2008).

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1.2 Les souvenirs autobiographiques involontaires

Nous avons vu que les souvenirs intrusifs dans le cadre d’un ESPT font appel à diverses théories qui tentent d’expliquer le développement et les mécanismes sous-jacents à ce phénomène (Brewin et al., 1996 ; Conway & Pleydell-Pearce, 2000 ; Ehlers & Clark, 2000 ; Rubin & al., 2008 ). Nous allons à présent nous focaliser sur les souvenirs autobiographiques involontaires, qui eux sont vécus au quotidien dans la population générale.

Les souvenirs autobiographiques involontaires sont des souvenirs d’événements personnels, qui émergent soudainement à la conscience, et dont le déclenchement n’implique pas un effort volontaire (Rubin & Berntsen, 2009). Ces souvenirs sont vécus quotidiennement dans la population générale (Brewin, Christodoulides, & Hutchinson, 1996). En effet, on estime leur occurrence de l’ordre de trois à cinq par jour en moyenne (Berntsen, 1996, Mace, 2004).

Pendant longtemps, les souvenirs autobiographiques involontaires ont été associés à des expériences négatives, telles qu’à des problèmes personnels non résolus ou à des traumatismes (Berntsen & Hall, 2004). Actuellement, même si les souvenirs involontaires (appelés souvent souvenirs intrusifs) représentent un élément central dans le diagnostic de l’ESPT, plusieurs études révèlent qu’ils sont communs au sein de la population non clinique et qu’ils font référence à un vaste éventail d’événements associés à des émotions positives, négatives et neutres (Berntsen & Hall, 2004). De manière empirique, certaines d’études ont observé une majorité de souvenirs involontaires positifs au sein de la population générale (Bernsten, 1996 ; Bywaters, Andrade & Turpin, 2004 ; Rubin & Berntsen, 2009).

Mace (2007) suggère qu’il existe trois formes d’apparition des souvenirs involontaires. La première forme d’apparition résulterait du fonctionnement mental quotidien. Ces souvenirs représentent l’image la plus familière des souvenirs involontaires, dont l’un des exemples le plus connu se trouve dans le récit de Proust, dans lequel l’auteur décrit le souvenir qui apparaît à sa conscience lorsqu’il porte à sa bouche un morceau de madeleine. Dans ce cadre, les souvenirs involontaires se présentent essentiellement sous forme perceptive et sensorielle, accompagnés d’une émotion semblable à celle qui a été vécue lors de l’événement originel, et peuvent être déclenchés par des indices sensoriels, perceptifs, physiologiques ou encore abstraits (Mace, 2004).

La deuxième forme possible d’apparition des souvenirs involontaires proviendrait d’une réaction en chaîne lors des processus de rappel volontaires ou involontaires. Par exemple, quand une personne récupère un souvenir, il est possible que ce dernier déclenche un autre souvenir qui lui est associé, et ainsi de suite. Il est à relever que ces associations en chaîne

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paraissent se limiter à deux grandes catégories, les associations d’événements généraux et les associations conceptuelles (Mace, 2004, 2005). Les associations d’événements généraux apparaissent lorsque les souvenirs de la chaîne proviennent de la même période d’événements généraux, telle que par exemple « Mes vacances à New-York l’année passée » (exemple de Mace, 2007). Dans ce cas, un sujet peut réaliser qu’un souvenir involontaire d’un voyage à New-York (par exemple, visiter la statue de la liberté) peut déclencher un autre souvenir involontaire lié à la même période (par exemple, se promener dans Central Park un autre jour).

Les associations conceptuelles apparaissent dans les cas où les souvenirs de la chaîne contiennent des informations se chevauchant sur des personnes, des lieux ou encore des endroits, appartenant vraisemblablement à différentes périodes de vie. Mace (2007) donne l’exemple d’un souvenir d’un proche susceptible de déclencher un autre souvenir concernant cet individu, se démarquant par son contenu et par la période de vie en jeu.

Mace (2007) tente d’expliquer les mécanismes sous-jacents à la réaction en chaîne en suggérant que lorsqu’un souvenir est activé dans le système autobiographique, cette activation peut se propager dans un réseau de souvenirs, susceptible d’activer certains d’entres eux.

Quand les activations sont assez fortes, elles entrent immédiatement en conscience, ce qui fait vivre à la personne un souvenir involontaire par réaction en chaîne. Cependant, si les activations sont trop faibles pour entrer en conscience, elles peuvent se transformer en amorçage associatif à l’intérieur du système, dont l’influence sera exercée plus tard. En effet, si par la suite une personne rencontre un indice qui est associé à cette faible activation mnésique, le souvenir est susceptible d’être amorcé et sera donc vécu comme un rappel involontaire, produit du fonctionnement mental quotidien.

Finalement, la troisième catégorie d’apparition de souvenir autobiographique involontaire représente les souvenirs involontaires liés à un événement très stressant, plus communément appelés « souvenirs intrusifs », qui ont déjà été décrits dans cette introduction dans le cadre de l’ESPT. Selon Mace (2007), ce type d’intrusion est plus rarement vécu au quotidien en comparaison des deux autres formes d’apparition. Cependant, les souvenirs intrusifs sont fréquents dans le spectre des troubles mentaux tels que dans l’ESPT, par exemple.

Certains auteurs ont proposé que les souvenirs autobiographiques involontaires et les souvenirs autobiographiques volontaires reflètent des mécanismes appartenant au même système mnésique sous-jacent, à savoir la mémoire épisodique/autobiographique (Berntsen &

Rubin, 2008 ; Hall & Berntsen, 2008 ; Rubin & Bernsten, 2009). Plus précisément, les deux types de souvenirs différeraient seulement par les traitements qui les apportent à la conscience

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à un moment particulier, alors que leur encodage et leur stockage à long terme impliqueraient les mêmes mécanismes.

Finalement, Schlagman et Kvavilashvili (2008) soutiennent le point de vue d’une même base de connaissance mnésique autobiographique pour les deux types de souvenirs, et proposent que la récupération de souvenirs involontaires se fasse de manière automatique, inconsciente, et en réponse à un stimulus rencontré dans l’environnement ou dans la pensée d’un individu, contrairement à la récupération de souvenirs volontaires, qui elle demanderait un effort conscient de récupération.

1.3 Les capacités d’inhibition et les intrusions mnésiques

La question du rôle joué par le contrôle exécutif, et plus particulièrement par l’inhibition, dans les différences individuelles rencontrées dans les souvenirs involontaires ou intrusifs, fait état de passablement de recherches (Wessel, Overwiljk, Verwoerd & de Vrienze, 2008). Je vais à présent présenter quelques unes d’entres elles.

L’étude de Klein et Boals (2001) montre que dans une population d’étudiants, la fréquence des souvenirs intrusifs et les tentatives pour les éviter étaient relativement élevées chez les étudiants qui avaient obtenus un score bas dans une tâche mesurant les capacités de mémoire de travail (« Operation Span », Turner & Engle, 1989). Cette dernière capacité est définie par Engle (2002) comme l’habileté générale à contrôler l’attention, ce qui semble particulièrement important dans des situations impliquant des interférences proactives (c’est- à-dire des informations qui étaient pertinentes auparavant mais qui ne le sont plus à présent) ou des conflits entre différentes informations. De plus, deux études (Brewin & Beaton, 2002 ; Brewin & Smart, 2005) dont les résultats proviennent de populations d’étudiants et de volontaires, ont montré que les individus avec de fortes capacités en mémoire de travail avaient plus de facilité à supprimer les pensées intrusives.

Par ailleurs, la tendance à la distractibilité a été mesurée dans l’étude de Verwoerd et Wessel (2007) afin d’évaluer son influence sur les souvenirs involontaires et les souvenirs intrusifs.

Dans ce cadre, 488 étudiants ont reporté leurs souvenirs involontaires quotidiens dans un questionnaire crée par ces mêmes auteurs, l’IMQ (« Involuntary Memory Questionnaire », Verwoerd & Wessel, 2007), ainsi que leurs souvenirs intrusifs suite à un éventuel événement stressant, dans le questionnaire IES (Impact of Events Scale, Horowitz et al., 1979). Dans cette étude, la distractibilité est décrite comme l’habileté générale à garder les informations distrayantes en dehors de l’attention et représenterait donc un indice du contrôle inhibiteur.

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Les résultats indiquent qu’un haut score de distractibilité mesuré par le CFQ (« Cognitive Failure Questionnaire », Broadbent, FitzGerald & Parkes, 1982) est lié à une plus grande fréquence d’apparition des souvenirs involontaires, indépendamment de la valence de ceux-ci et du niveau de dépression. Par ailleurs, les étudiants se décrivant comme fréquemment distraits étaient également ceux qui reportaient le plus de souvenirs intrusifs dans le questionnaire IES (Horowitz et al., 1979), indépendamment du niveau de dépression.

Ces dernières études soulèvent l’idée qu’un contrôle inhibiteur relativement faible pourrait être responsable des différences individuelles dans le vécu de souvenirs involontaires ou intrusifs. Pour ces raisons, nous nous centrerons principalement sur le concept d’inhibition dans notre étude.

Selon Miyake et al. (2000), l’inhibition représente une des trois fonctions clés au sein des fonctions exécutives, et est définie comme la capacité à empêcher volontairement l’exécution de réponses dominantes et automatiques. Les deux autres fonctions clés sont le shifting, permettant d’allouer de manière flexible et séquentielle de l’attention sur différentes tâches ou opérations, et la mise à jour, qui permet de maintenir à jour le contenu de la mémoire de travail en l’actualisant en temps réel lors de l’exécution de la tâche. Ces trois fonctions exécutives sont séparables mais néanmoins liées les unes aux autres. De plus, les auteurs suggèrent que leur point commun pourrait résider dans la présence d’une composante d’inhibition globale au sein de toutes les fonctions exécutives (Miyake et al., 2000).

Le concept d’inhibition occupe une place importante dans l’explication que donnent Conway et Pleydell-Pearce (2000) sur le développement de souvenirs intrusifs suite à un événement traumatique. Selon ces auteurs, l’expérience traumatique représenterait une menace pour les buts de la personne, ce qui empêcherait ces derniers de s’adapter à cette situation, et de guider l’encodage et l’intégration de l’expérience dans le système relatif à la connaissance autobiographique de base. Cependant, cette information traumatique s’associerait aux buts actifs lors du traumatisme. Il en résulte qu’à chaque fois que ces buts risquent d’être réactivés, la probabilité que le souvenir de l’événement traumatique atteigne la conscience serait grande.

Ce phénomène affaiblirait les processus d’inhibition, censés contrôler l’accès aux souvenirs d’événements spécifiques à la conscience. Les capacités d’inhibition s’étant réduites et l’événement traumatique étant fortement associé à un indice interne ou externe à la personne, dès que celui-ci serait rencontré, le souvenir du traumatisme risquerait fortement d’être déclenché et d’entrer en mémoire de façon intrusive. Selon cette perspective, l’influence entre les souvenirs intrusifs et les mécanismes d’inhibition pourrait être bi-directionnelle.

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Friedmann et Miyake (2004) ont exploré de manière approfondie le concept d’inhibition et proposent de le diviser en trois facettes : l’inhibition de réponse prédominante (la capacité à supprimer volontairement des réponses automatiques), la résistance à l’interférence distractrice (la capacité à résister à une interférence provenant de l’environnement externe et qui est sans lien avec la tâche en cours) et la résistance à l’interférence proactive (la capacité à résister à des intrusions mnésiques provenant d’une information précédemment importante mais qui depuis ne l’est plus). Les deux premiers types d’inhibition se révèlent être très proches et sont corrélés aux scores du CFQ (« Cognitive Failure Questionnaire », Broadbent et al., 1982).

Dans ce cadre, Levy et Anderson (2008) proposent que l’habileté à inhiber une réponse dominante et envahissante permette de contrôler les souvenirs involontaires. Plus précisément, les auteurs mentionnent que les souvenirs involontaires sont activés par un indice associé à une trace mnésique en mémoire à long terme. Cette activation non intentionnelle peut être contrôlée grâce à un processus d’inhibition, permettant ainsi un contrôle général sur le matériel récupéré. De bonnes capacités d’inhibition représenteraient donc un facteur de protection contre l’accès à la conscience des souvenirs involontaires. En conséquence, Levy et Anderson (2008) émettent l’hypothèse que les différences individuelles dans les capacités d’inhibition devraient prédire la variabilité dans l’habileté à contrôler le déclenchement des souvenirs involontaires.

Dans leur étude proposant différentes facettes de l’inhibition, Friedmann et Myiake (2004) indiquent également que la résistance à l’interférence proactive serait liée aux pensées involontaires (Fiedmann & Miyake, 2004).

Suite à ces observations, Verwoerd, Wessel et de Jong (2008) se demandent si la résistance à l’interférence proactive serait également en mesure de jouer un rôle dans le phénomène des intrusions mnésiques. Plus précisément, ces auteurs ont demandé à des étudiants de compléter un questionnaire sur les souvenirs intrusifs (Impact of Events Scale, Horowitz et al., 1979).

Puis, les participants ont été testés dans des tâches censées mesurer deux formes d’inhibition : la résistance à l’interférence proactive et l’inhibition de réponse dominante, automatique. Les résultats indiquent que les souvenirs intrusifs sont spécifiquement reliés à la capacité à résister à l’interférence proactive. Cet effet serait plus marqué chez les femmes et indépendant du niveau de dépression. Par ailleurs, la relation entre la capacité à inhiber une réponse automatique et les souvenirs intrusifs s’est révélée non significative.

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L’étude de Wessel, Overwiljk, Verwoerd et de Vrienze (2008) évaluant une population estudiantine souligne également un lien entre les souvenirs intrusifs et la capacité à résister à une interférence proactive. En effet, ces auteurs suggèrent qu’un contrôle cognitif efficient permettrait d’empêcher que les indices déclencheurs de souvenirs intrusifs ne soient activés, si ceux-ci n’étaient plus pertinents avec la tâche en cours. Les résultats obtenus à l’aide du paradigme du film stressant ainsi qu’avec des mesures du contrôle cognitif (mise à jour, mémoire de travail et inhibition) et des souvenirs intrusifs, indiquent que seule la capacité spécifique à résister à une interférence proactive serait impliquée dans le phénomène des souvenirs intrusifs, suite à un événement stressant. En conséquence, de faibles capacités à résister à une interférence proactive avant un traumatisme pourrait compliquer le processus de récupération spontanée et constituerait un facteur de vulnérabilité dans le développement et le maintient de souvenirs intrusifs (Wessel et al., 2008).

En résumé, beaucoup d’études portent à croire qu’au sein de la population générale, de faibles capacités d’inhibition représentent une vulnérabilité dans le développement et le maintien de souvenirs involontaires quotidiens, ainsi que de souvenirs intrusifs suite à un événement traumatisant (Levy & Anderson, 2008 ; Verwoerd & Wessel, 2007). Par ailleurs, le rôle spécifique de la capacité à résister à une interférence proactive semble particulièrement pertinent dans l’étude d’apparition de ces intrusions mnésiques (Verwoerd, Wessel & de Jong, 2008). Dans le cadre du phénomène des souvenirs intrusifs suite à un événement stressant, l’influence avec les capacités d’inhibition a été proposée d’être sous forme bi-directionnelle (Conway & Pleydell-Pearce, 2000). En effet, les intrusions peuvent être le fruit d’un processus d’inhibition altéré. A l’inverse, les intrusions pourraient diminuer les ressources exécutives amenant alors à une perturbation des capacités d’inhibition.

Notre étude a notamment pour objectif d’apporter un éclaircissement dans l’étude de l’influence, éventuellement réciproque, des faibles capacités d’inhibition sur les intrusions mnésiques.

1.4 Comparaison entre les souvenirs involontaires et les souvenirs intrusifs 1.4.1 Différences entre les souvenirs involontaires et les souvenirs intrusifs

Les souvenirs autobiographiques involontaires sont vécus au quotidien dans la population générale (Berntsen, 1996), avec une fréquence supposée d’une à cinq occurrences chaque jour (Mace, 2005). Ces souvenirs involontaires ne produisent pas de préoccupations particulières et peuvent occasionner tant des émotions négatives que positives (Holmes & Bourne, 2008).

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Au contraire, les souvenirs intrusifs liés à un événement traumatique sont vécus de manière répétitive et sont susceptibles d’engendrer un stress extrême, pouvant se traduire par un symptôme clé dans le diagnostic de l’ESPT (Association Psychiatrique Américaine, 2005), mais également dans d’autres troubles psychologiques tels que la dépression (Reynolds &

Brewin, 1999) ou encore la phobie sociale (Hackmann, Clark & McManus, 2000).

Wegner (1994) propose une explication des divergences rencontrées entre ces deux phénomènes en les interprétant comme deux souvenirs involontaires distincts. Plus précisément, il serait nécessaire de distinguer les souvenirs non intentionnels des souvenirs qui seraient également non désirés. Ces derniers impliqueraient un évitement, alors que les premiers pas. Selon Wegner (1994), la tentative d’évitement serait susceptible d’engendrer plus de récupérations intrusives, étant donné que l’individu, de manière paradoxale, devrait être attentif à ces types de souvenirs qu’il aimerait garder en dehors de la conscience. Ceci expliquerait pourquoi les souvenirs intrusifs, à l’opposé des souvenirs involontaires, auraient tendance à être vécus de manière répétitive.

1.4.2 Similitudes entre les souvenirs involontaires et les souvenirs intrusifs

Cependant, certains auteurs suggèrent que tous les deux partagent des mécanismes de récupération communs (Hall & Bernsten, 2008, Rubin, Boals & Berntsen, 2008). En effet, Rubin, Boals et Berntsen (2008) soulignent que tant les souvenirs involontaires que les souvenirs intrusifs engendrent un impact émotionnel sur la personne, et qu’ils apparaissent généralement sous forme perceptive, les empêchant d’être racontés de façon claire sous forme verbale. Ces phénomènes refléteraient un processus de récupération mnésique incontrôlé et associatif suite à un indice (externe ou interne à la personne), qui surprendrait la personne, produisant ainsi une réaction émotionnelle. De plus, cette forme de récupération aurait moins de probabilité d’activer des souvenirs intégrés sous forme de récits, tels que ceux rencontrés lors de récupération volontaire utilisant des stratégies cognitivement élaborées (Ehlers &

Clark, 2000 ; Rubin, Boals & Berntsen, 2008).

Dans ses études, Horowitz (1975) a montré que la fréquence des pensées et des souvenirs involontaires augmente même après une stimulation moyennement stressante (visionner un film contenant des menaces envers l’intégrité physique). En conséquence, cet auteur a proposé que ces intrusions représentaient une réponse à un stress, et suggéra que les souvenirs intrusifs observés suite à un événement traumatisant étaient une manifestation générale provenant de cette tendance normale à répondre au stress (Horowitz, 1975). Cette opinion a

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été soutenue par Berntsen (1996), qui considère les souvenirs intrusifs comme une sous-classe anormale des souvenirs involontaires quotidiens, gouvernés par les mêmes mécanismes de récupérations involontaires, mais qui seraient devenus dysfonctionnels en réponse à un événement traumatique. On peut donc imaginer le phénomène des souvenirs involontaires comme un continuum, sur lequel le souvenir intrusif se trouverait à l’extrême, sous forme négative, vécu plus fréquemment, de façon répétitive, et avec une intensité émotionnelle extrêmement élevée. En conséquence, étudier les souvenirs involontaires pourrait représenter une manière d’explorer le continuum des réactions suite à un traumatisme, étant donné que les reviviscences feraient partie du phénomène des souvenirs involontaires, tout en considérant ces derniers comme non spécifiques à l’ESPT.

Les deux formes d’intrusions ont poussé les chercheurs à rechercher les mécanismes mnésiques sous-jacents à ces phénomènes, qui pourraient expliquer notamment en quoi certaines personnes seraient plus vulnérables que d’autres à vivre des intrusions, sous forme clinique ou pas. Dans ce cadre, nous avons vu au chapitre 1.3 que passablement d’études ont révélé que de faibles capacités d’inhibition semblent être liés tant au phénomène des souvenirs autobiographiques involontaires quotidiens, qu’à celui des souvenirs intrusifs liés à un événement traumatique (Verwoerd et al., 2008).

En lien avec l’idée d’un continuum, nous pouvons alors supposer qu’une altération de l’inhibition pourrait représenter un mécanisme commun aux deux phénomènes. Par ailleurs, il est également pertinent de se demander si les personnes les plus perturbées par les souvenirs involontaires sont plus à risque d’être confrontées à des reviviscences, suite à un traumatisme.

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2 Problématique

Les souvenirs intrusifs représentent un élément central dans le diagnostic de l’ESPT. Ces derniers sont décrits comme des reviviscences non désirées et incontrôlées d’événements passés (Association Psychiatrique Américaine, 2005). Par ailleurs, la littérature a mis en évidence que la population générale vit également des souvenirs autobiographiques involontaires (Brewin, Christodoulides & Hutchinson, 1996). De plus, il a été suggéré que de faibles capacités de contrôle exécutif, et plus particulièrement d’inhibition, sont susceptibles de donner lieu à plus de souvenirs involontaires, ainsi qu’à plus de souvenirs intrusifs suite à un événement traumatisant (Verword, Wessel & de Jong, 2008, Wessel, Overwijk, Verwoerd

& de Vrienze, 2008). Par conséquent, l’objet de cette étude consiste à explorer les liens entre les capacités d’inhibition et les souvenirs involontaires. De plus, il s’agit d’évaluer, dans une population tout venant, si ces deux facteurs sont associés aux souvenirs intrusifs.

Le schéma ci-dessous illustre les différentes interactions qui vont être explorées dans cette étude :

D’après la littérature présentée dans l’introduction portant sur les relations qu’entretiennent ces éléments entre eux, nous nous attendons à certains résultats, pouvant s’illustrer en 3 hypothèses.

La première hypothèse indique que de faibles capacités d’inhibition, telles que l’inhibition de réponse dominante ou la capacité à résister à l’interférence proactive, facilitent le déclenchement des souvenirs autobiographiques involontaires vécus au quotidien dans une population tout-venant (Levy & Anderson, 2008 ; Verwoerd & Wessel, 2007).

La deuxième hypothèse suggère qu’une fréquence élevée de souvenirs autobiographiques involontaires négatifs contribue à une sévérité et à une fréquence élevée des symptômes de reviviscences de l’ESPT, suite à un événement stressant.

La troisième hypothèse stipule une association directe entre l’inhibition et les symptômes de reviviscences. Les difficultés d’inhibition, et plus spécifiquement une faible capacité à résister

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à une interférence proactive, pourraient engendrer une plus grande sévérité des symptômes de reviviscences (Verwoerd, Wessel & de Jong, 2008 ; Wessel, Overwiljk, Verwoerd & de Vrienze, 2008). Inversement, l’écrasante nature des symptômes post-traumatiques serait susceptible de diminuer les ressources du contrôle inhibiteur (Conway & Pleydell-Pearce, 2000).

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3 Méthode

3.1 Participants

Tableau 1 : Caractéristiques de la population

Genre 50% femmes, 50% hommes

Age moyen

24.14 ans (ET = 3.43 ; min : 19;

max : 36) Nombre moyen d'années d'études

après scolarité obligatoire

6.87 ans (ET = 1.83 ; min : 2 ; max : 11)

Langue maternelle française 83%

Nationalité suisse 76%

Nombre de diagnostics ESPT 7 Nombre de personne sous

médicaments* 4

* lexotanil, anxiolytique, adalimumab

Le tableau 1 représente certaines caractéristiques de la population de notre étude. 50 hommes et 50 femmes y ont participé, et l’âge moyen de cet échantillon est de 24 ans. Le nombre d’années d’études effectuées après l’école obligatoire est en moyenne de 7 ans. 17 personnes n’ont pas comme langue maternelle le français, et 24 ne sont pas de nationalité suisse (la double nationalité, dont l’une serait suisse a été exclue de ce groupe). Sur les 100 participants, 7 d’entre eux montrent des scores significatifs donnant lieu à un diagnostic d’ESPT selon le questionnaire SESS (sujets 12, 13, 16, 32, 34, 61, et 66). Finalement, 4 personnes consomment des médicaments (sujets 17, 67, 87 et 93). Ces derniers ayant pu influencer les performances cognitives aux différents tests de cette étude, les données de ces 4 participants ont été supprimées par précaution pour les analyses statistiques.

La participation est volontaire et non rémunérée.

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3.2 Déroulement de l’expérience

Une feuille de consentement a été distribuée au début de chaque passation. Il s’en est suivi une passation de deux tâches informatisées. Puis, plusieurs questionnaires sur papier ont été remplis par le participant.

3.3 Tâches informatisées et questionnaires 3.3.1 Tâches informatisées

Les tâches informatisées ont été programmées avec une version E-prime 1.1 (psychology Software Tools inc., 2002). Elles ont été présentées sur un écran d’ordinateur portable sous Windows Vista ou XP.

La Sustained Attention to Respond Task, « SART » (Robertson et al., 1997) mesure les capacités d’attention soutenue, sous forme de maximisation du recrutement des ressources contrôlées. Le sujet doit répondre à des distracteurs fréquents et éviter de répondre à des distracteurs moins fréquents.

225 chiffres allant de 1 à 9 sont présentés en blanc sur fond noir au centre de l’écran l’un après l’autre, suivant un ordre préétabli pseudo-aléatoire. Les chiffres sont présentés durant 250 ms et sont suivis d’un masque sous forme d’un cercle avec un « X » à l’intérieur pendant 900ms. Il est demandé au sujet d’appuyer sur la barre d’espace avec la main dominante aussi rapidement et correctement possible dès qu’un chiffre apparaît, sauf s’il s’agit du 3. Si ce dernier apparaît à l’écran, le sujet doit inhiber sa réponse. Les chiffres se présentent toujours à l’emplacement du « X » du masque, mais varient quant à leur taille, afin de diminuer les stratégies purement perceptives de détection de cible. Avant de débuter la tâche, une phase d’entraînement comprenant 18 stimuli contenant 2 cibles est imposée aux sujets.

D’après Wallace, Kass et Stanny (2001) la SART évalue tant les capacités d’attention soutenue (en mesurant le nombre d’omissions ainsi que le temps de réaction lors des essais

« go » réussis) que les capacités d’inhibition de réponse dominante en calculant la somme des erreurs de commission (appuyer sur 3 alors qu’il ne fallait pas). C’est cette dernière mesure qui sera employée en tant que variable d’intérêt.

La Recent Negative Task (Hamilton & Martin, 2005) représente la deuxième épreuve informatisée de notre étude. C’est un instrument de mesure de la capacité de résistance à l’interférence proactive. Le sujet doit mémoriser une liste de 3 mots présentés l’un après l’autre. Puis, lors de l’apparition du mot-cible, si celui-ci fait partie de la liste des 3 mots

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présentés juste avant (condition positive), le sujet doit répondre le plus rapidement et le plus correctement possible. Si le mot-cible ne fait pas partie de la liste des trois mots présentés juste avant, alors le sujet ne doit pas répondre (condition négative). Par ailleurs, la condition négative contient soit des cibles « récentes », soit des cibles « non récentes », c’est-à-dire que la cible était dans la cible présentée 3 essais auparavant.

80 essais, dont 20 dans chacune des deux conditions « négative récente » et « négative non récente » et 40 dans la condition positive, sont proposés. Les stimuli représentent 16 mots de valence, de fréquence, d’excitabilité et d’imaginabilité neutres. Ce sont des mots français de 5 à 6 lettres, sémantiquement ou phonologiquement non associés. Chaque mot s’affiche en blanc sur fond noir durant 750ms et est suivi d’une croix de fixation. Ensuite l’écran devient blanc et quatre étoiles (****) s’affichent. Puis un mot-cible en noir sur un fond d’écran blanc apparaît pendant 600ms. L’écran reste blanc jusqu’à ce que le sujet réponde à l’aide de l’index de sa main dominante sur le bouton de réponse approprié. Une séance d’entraînement est proposée avant de débuter la tâche.

La mesure de l’effet de l’interférence proactive s’obtient en calculant la différence de temps de réaction (pour chaque essai correct) entre la condition « négative récente » et la condition

« négative non récente ». En cas d’effet de l’interférence proactive, un temps de réaction plus élevé dans la condition « récente négative » que dans la condition « récente non négative » doit pouvoir s’observer. De même, un plus grand nombre d’erreurs (« oui » au lieu de « non ») dans la condition « négative récente » que dans la condition « négative non récente » doit également se remarquer.

3.3.2 Questionnaires

L’intrusive Memory Questionnaire, IMQ (Verwoerd & Wessel, 2007) est un questionnaire auto-reporté mesurant différentes caractéristiques du souvenir autobiographique involontaire vécu le plus fréquemment par le sujet au cours de la semaine dernière. Avant de commencer le questionnaire, une brève définition de ce qu’est un souvenir involontaire est présentée. Puis, sur la base d’une échelle visuelle analogique allant de 0 (= pas du tout) à 100 (= extrêmement), le sujet indique la fréquence, l’intensité ainsi que la valence du souvenir involontaire rapporté.

Ces mesures seront nos variables d’intérêt. Concernant la valence, les auteurs proposent l’utilisation d’un score, calculé en soustrayant l’évaluation de la valence négative à celle de la valence positive, et en ajoutant 100 au résultat. Un score de 0 représentera un score extrêmement négatif, et un score de 200 un souvenir extrêmement positif. Par ailleurs, le sujet

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inscrit également l’intervalle temporel en jours qui sépare l’événement de l’apparition du souvenir involontaire, et répond à des questions additionnelles concernant l’émotion précise lors du rappel du souvenir, ainsi que le/les période(s) d’apparition du souvenir involontaire.

Ce questionnaire a été traduit en français par le Professeur M. Van der Linden.

Le Stressful Events and Symptoms Scale, “SESS” (David, Ceschi, & Van der Linden, en cours de validation) est une nouvelle modification du « Posttraumatic Diagnostic Scale » (Foa, Cashman, Jaycox, & Perry, 1997). Ce questionnaire se présente sous forme d’auto-évaluation afin de mesurer l’état de stress post-traumatique ainsi que la sévérité des symptômes post- traumatique, selon les normes du DSM-IV-TR (Association Psychiatrique Américaine, 2005). La première partie de ce questionnaire se présente sous forme d’une check-list d’événements stressants (par ex. : accident de transport ; catastrophe environnementale ; cambriolage ; harcèlement ou intimidation,…). Le participant rapporte la fréquence et la sévérité pour chaque événement vécu. La deuxième partie de cet outil évalue la sévérité subjective du traumatisme (critère A, DSM-IV-TR, 2005), ainsi que la sévérité des symptômes associés à l’événement (critères B à F, DSM-IV-TR, 2005).

Le Cognitive Failure Questionnaire, « CFQ » (Broadbent, Cooper, FitzGerald, & Parkes, 1982) est un questionnaire auto-reporté qui évalue les défaillances cognitives quotidiennes dans le domaine mnésique, perceptuel et moteur, survenues au cours des 6 derniers mois. 25 phrases affirmatives sont présentées et le sujet inscrit son degré d’accord avec celles-ci sur une échelle de Lickert à 5 points, allant de « jamais » à « toujours ». Les phrases sont de type :

« Vous arrive-t-il de lire quelque chose sans être concentré, et donc de devoir le relire ? »,

« Vous arrive-t-il d’oublier si vous avez éteint la lumière ou bien fermé la porte à clé ? » ou encore, « Avez-vous du mal à vous décider ? ». Le score total peut aller de 0 à 100, traduisant la tendance aux défaillances cognitives, c’est-à-dire la distractibilité. La version française crée par Vom Hofe, Mainemarre et Vannier (1998) présente une forte consistance interne (α = .91) et une fidélité test-retest de .88 à un mois d’intervalle.

Le State-Trait Anxiety Inventory, « STAI » (Spielberg, Gorsuch & Lushene, 1983 ; pour la version française : Gauthier & Bouchard, 1993) détermine le degré d’anxiété. Cet instrument d’auto-évalutation est composé de deux sous-échelles indépendantes: l’anxiété-état et l’anxiété-trait. Dans cette recherche, seule l’échelle d’anxiété-trait (AT) a été utilisée. Celle-ci comprend vingt phrases qui évaluent l’anxiété ressentie de manière stable. Le sujet indique sur une échelle de Likert à quatre points variant de «presque jamais» à «presque toujours» la fréquence à laquelle il ressent habituellement les symptômes énumérés. Deux types d’items se

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retrouvent dans chaque échelle : ceux exprimant la présence d’anxiété et ceux exprimant l’absence d’anxiété. Les résultats de cette échelle s’obtiennent en additionnant la somme des points accordés par le sujet à chaque item manifestant la présence d’états émotifs déplaisants et des points inversés de chaque item manifestant l’absence d’états émotifs déplaisants, et les scores peuvent s’étendre de 20 à 80. Un score élevé traduit une haute anxiété-trait. La version française (Gauthier & Bouchard, 1993) de ce questionnaire obtient une forte cohérence interne (α = .91).

L’inventaire de Dépression de Beck (2ème édition), « BDI II » (Beck, Steer & Brown, 1996a) consiste en un questionnaire d’auto-évaluation destiné à mesurer la sévérité de la dépression chez les sujets à partir de 16 ans. Cet inventaire a été élaboré pour évaluer les symptômes correspondant aux critères diagnostiques des troubles dépressifs selon le DSM- IV-TR (APA, 2000). Ce questionnaire comporte 21 items cotés de 0 à 3. Les notes seuils se résument ainsi : de 0 à 11 le niveau de dépression est minimum ; de 12-19 points le niveau de dépression est léger ; 20 à 27 points donnent un niveau de dépression modéré et pour finir 28 - 63 points suggèrent un niveau de dépression sévère. La version française (Beck et al., 1996b) obtient un coefficient de cohérence interne excellent (α = .90).

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4 Résultats

4.1 Analyses préliminaires

La normalité de toutes les variables a été contrôlée à l’aide d’une analyse du coefficient d’aplatissement (kurtosis) et de l’asymétrie (skewness). Selon Weston et Gore (2006), les valeurs seuils indiquant que la distribution est considérée comme normale est de 7 pour la valeur absolue de l’aplatissement et de 3 pour l’asymétrie. Après application de ce coefficient sur nos données, il apparaît que la variable « IMQ time », qui représente le nombre de jours passés depuis l’événement relatif au souvenir, ainsi que la variable « rntRIPTR », qui indique la moyenne du temps de réaction pour les items dans la condition interférente, n’entrent pas dans les critères. En effet, ces deux variables ont un coefficient d’aplatissement plus élevé que 7. Par conséquent, ces dernières seront écartées des analyses statistiques.

Afin de confirmer l’effet d’interférence dans la tâche RNT, la moyenne des erreurs de la condition « cibles non récentes » (condition contrôle) a été comparée à la moyenne des erreurs de la condition « cibles récentes » (condition interférence). Les résultats indiquent que les sujets ont réalisé significativement plus d’erreurs dans la condition « cibles récentes » (t(95) = 6.66, p ≤ .001), ce qui signifie que l’effet d’interférence proactive de la tâche est bien mesurable par l’indice d’erreurs de la RNT.

Concernant la tâche SART, une comparaison entre la moyenne des erreurs de commission réalisées lors de la première moitié de la tâche et la moyenne des erreurs de commission réalisées en seconde moitié de la tâche n’a pas révélé de différence (t(95) = .33, p ≤ .74).

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4.2 Statistiques descriptives

Voici un tableau représentant la moyenne, l’écart-type et l’étendue des variables d’intérêts de notre étude.

Tableau 2 : Statistiques descriptives

Note : IMQ - Fréquence = « Intrusive Memory Questionnaire » : fréquence du souvenir involontaire ; IMQ - Valence = « Intrusive Memory Questionnaire » : valence du souvenir involontaire ; IMQ - Intensité =

« Intrusive Memory Questionnaire » : intensité du souvenir involontaire ; CFQ - Distractibilité = « Cognitive Failures Questionnaire » : score global ; RTN – Erreurs = « Recent Negative Task » : nombre d’erreurs en condition d’interférence ; SART - Commission = « Sustained Attention to Respond Task » : nombre d’erreurs de commission ; Reviviscences = « Stressful Events and Symptoms Scale » : sévérité des symptômes du critère B du DSM-IV de l’Etat de Stress Post-Traumatique (ESPT) ; Evitement = « Stressful Events and Symptoms Scale » : sévérité des symptômes du critère C du DSM-IV de l’ESPT ; Hypervigilance = « Stressful Events and Symptoms Scale » : sévérité des symptômes du critère D du DSM-IV de l’ESPT ; Sévérité ESPT = « Stressful Events and Symptoms Scale » : sévérité totale de tous les symptômes de l’ESPT ; STAIT = « State Trait Anxiety Inventory » : score global d’anxiété trait ; BDI = « Beck Depression Inventory » : score global de dépression.

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4.3 Analyses corrélationnelles

Des corrélations de Pearson à partir de nos données sont effectuées afin d’estimer les liens entre les variables d’intérêts.

Tableau 3 : Corrélations (N=94)

Concernant les liens entre les souvenirs involontaires et les différentes facettes du contrôle cognitif, ce tableau indique que la fréquence du souvenir involontaire est négativement corrélée avec l’indice d’erreur à la RNT (r(94) = -.25, p < .05). Ce résultat est contraire à nos prédictions, à savoir qu’une faible résistance à l’interférence proactive serait associée à une fréquence élevée de souvenirs involontaires.

Par ailleurs, la fréquence du souvenir involontaire corrèle fortement avec les symptômes de reviviscences de l’ESPT (r(94) = .28, p < .01), ainsi qu’avec l’indice de sévérité des symptômes de l’ESPT (r(94) = .25, p < .05). Quant à l’indice d’intensité du souvenir involontaire, il est également associé aux symptômes de reviviscences (r(94) = .25, p < .05), et à l’indice de sévérité des symptômes de l’ESPT (r(94) = .23, p < .05).

L’âge, le genre, le nombre d’années d’études, la BDI et la STAIT représentent nos variables de contrôle. A noter que la variable « Genre » a été codée de sorte qu’un coefficient de corrélation positif indique que la VD soit plus élevée pour les hommes. Il est intéressant d’observer que l’âge et le nombre d’erreurs dans la tâche RNT sont liés de façon négative (r(94) = -.23, p < .05). De plus, le genre corrèle négativement avec la fréquence des souvenirs involontaires (r(94) = -.24, p < .05) ainsi qu’avec l’indice de distractibilité du CFQ (r(94) = - .28, p < .01). L’indice de dépression donné par le score à la BDI corrèle modestement avec la distractibilité (r(94) = .23, p < .05), et est fortement associé à la valence du souvenir

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involontaire (r(94) = -.30, p < .01), ainsi qu’avec tous les indices relatifs à la symptomatologie de l’ESPT. L’indice relatif à l’anxiété, la STAIT, corrèle avec la distractibilité (r(94) = .37, p < .01) et avec la valence du souvenir involontaire (r(94) = -.33, p

< 0.1). De fortes corrélations sont également observées entre la STAIT et la sévérité des symptômes de l’ESPT (r(94) = .40, p < .01), la sévérité des symptômes d’évitement (r(94)

= .37, p < .01), et la sévérité des symptômes d’hypervigilance (r(94) = .41, p < .01).

En fonction de nos trois hypothèses de base, des analyses de régressions permettront de clarifier les apports de chaque variable d’intérêt dans la prédiction de nos variables dépendantes, tout en contrôlant l’effet des variables contrôles.

4.4 Régressions hiérarchiques multiples

Nous utiliserons la technique des régressions hiérarchiques multiples afin de vérifier nos trois hypothèses de base. Dans un premier temps, cette technique mesure l’influence des variables contrôles sur la variable dépendante (Bloc 1). Dans un deuxième temps, les variables indépendantes d’intérêt sont introduites, ce qui permet d’évaluer la valeur ajoutée de ces dernières en terme de variance expliquée dans la prédiction de la variable dépendante (Bloc 2).

L’âge, le genre, le nombre d’années d’études après l’école obligatoire, ainsi que les indices de dépression et d’anxiété seront considérées comme variables contrôles. En effet, l’âge et le nombre d’années d’études après l’école obligatoire peuvent représenter des indices d’expérience de vie et éventuellement d’intelligence, ce qui pourrait influencer le rappel de souvenirs involontaires et intrusifs dans les questionnaires respectifs. Le genre a également été choisi comme variable contrôle en vue de certains résultats d’études indiquant que les femmes ont plus facilement accès aux événements émotionnels, et ont plus de facilité à décrire verbalement les événements personnellement vécus (Bauer et al., 2003, Rubin &

Bernsten, 2009). La STAIT et la BDI sont des états d’humeurs susceptibles de faciliter et/ou d’augmenter le nombre de souvenirs involontaires rapportés. Par ailleurs, les souvenirs intrusifs se retrouvent également dans des conditions comme la dépression et l’anxiété (Day, Holmes & Hackmann, 2004 ; Hackmann, Clark & McManus, 2000).

La variable « Genre » a été codée de sorte qu’un coefficient de régression positif indique que la VD est plus élevée pour les hommes. De plus, lorsque la variable « Etudes » montre un coefficient de régression positif, ceci indique que les années d’études suite à une scolarité obligatoire sont élevées.

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La proximité linéaire (mulicolinéarité) entre toutes les variables d’intérêt a été estimée à l’aide d’un programme informatisé.

1. Effets de l’inhibition sur la fréquence des souvenirs involontaires

Notre première hypothèse stipule que de faibles capacités d’inhibition facilitent le déclenchement des souvenirs involontaires vécus au quotidien dans une population tout- venant. Dans cette étude, la valence du souvenir involontaire a été ajoutée aux autres variables contrôles de base. Ce choix a été influencé par les études montrant que les souvenirs involontaires positifs sont plus fréquemment vécus que les souvenirs involontaires à valence négative (Bernsten, 1996 ; Bywaters, Andrade & Turpin, 2004 ; Rubin & Berntsen, 2009).

Les résultats de cette régression sont exposés dans le tableau 4.

Tableau 4 : Fréquence du souvenir involontaire prédit par les capacités d’inhibition (N = 93)

Dans le bloc 1 présenté dans le tableau 4, les variables de contrôle expliquent une part significative de variance, avec un R2ajusté = .12 (F(6, 87) = 3.14, p < .01). Trois d’entre elles ont une influence significative sur la fréquence du souvenir involontaire. Il s’agit du genre (t(87) = -2.52, p < .05), du nombre d’années d’études après la scolarité obligatoire (t(87) = - 2.48, p < .05) et de la valence du souvenirs involontaire (t(87) = 2.03, p < .05). En d’autres termes, le fait d’être une femme, d’avoir fait peu d’années d’études et de rapporter un souvenir involontaire positif augmenterait la fréquence d’apparition des souvenirs involontaires.

Références

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