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 Discussion

5.2 
 Limites

Premièrement, en vue du peu de résultats obtenus en lien avec la littérature et avec nos hypothèses, nous pouvons nous interroger quant à la pertinence des tâches et questionnaires utilisés dans cette étude. Les tâches informatisées n’ont pas montré les relations attendues. En effet, nous n’avons pas trouvé de corrélations significatives entre la SART, la RNT et l’indice de distractibilité du CFQ. Or, il a été énoncé que le score au CFQ corrèle avec la performance à la SART (Robertson et al., 1996). De plus, Friedman et Miyake (2004) ont proposé que les capacités d’inhibition de réponse dominante et de distracteur étaient associées à la performance au CFQ, ce qui n’est pas le cas dans notre étude. Ces mêmes auteurs ont également postulé une relation entre la résistance à l’interférence proactive et les pensées involontaires (Friedman & Miyake, 2004). Or, nous n’avons pas observé de lien entre la performance à la RNT et la fréquence des souvenirs involontaires.

Nos analyses indiquent également que mis à part une corrélation avec le symptôme de l’hypervigilance de l’ESPT, la STAIT et la BDI, l’indice du CFQ ne montre pas de lien avec les indices relatifs aux souvenirs autobiographiques involontaires, ni avec les symptômes d’intrusions suite à un événement traumatisant. Encore une fois, ces observations vont à l’encontre des résultats obtenus dans la littérature, stipulant qu’un lien est observable entre

l’indice de distractibilité et les intrusions mnésiques, qu’elles soient cliniques ou pas (Verwoerd & Wessel, 2007). De futures études sont nécessaires pour préciser les liens entre le CFQ et les différentes facettes de l’inhibition, ainsi qu’avec les intrusions mnésiques.

Concernant l’IMQ, il faut noter que ce questionnaire auto-reporté n’a été utilisé jusqu’à présent que dans une seule recherche (Verwoerd & Wessel, 2007), et plusieurs complications peuvent être rencontrées avec cet outil. Premièrement, l’IMQ se base uniquement sur un souvenir involontaire survenu au cours de la semaine dernière. Or, ne s’appuyer que sur un seul souvenir involontaire au cours de la semaine dernière peut sembler limitatif, étant donné que ce dernier n’est peut-être pas représentatif des souvenirs involontaires vécus en général.

De plus, il s’agit d’une mesure rétrospective, ce qui laisse la possibilité à de fausses estimations. Par ailleurs, beaucoup de nos participants ont trouvé cette tâche difficile, et ont suggéré qu’il leur était impossible de faire venir en conscience un souvenir involontaire lors d’un rappel volontaire. Il faut également relever la possible confusion chez nos participants entre la définition des souvenirs involontaires et des pensées involontaires. Les recherches futures sur les souvenirs involontaires devraient favoriser l’utilisation de « Diaries » (journaux tenus on line) qui permettent des mesures prometteuses en terme de fiabilité et d’écologie.

Même si le questionnaire SESS n’a pas encore fait l’objet d’une validation, nous avons pu laboratoire, et d’étudier le traitement cognitif péri-traumatique lors de l’événement stressant (Holmes & Bourne, 2008).

Concernant l’étude des éventuels liens entre les capacités d’inhibition et les intrusions mnésiques suite à un événement traumatisant, il est possible que notre population de référence, composée d’une majorité d’étudiants, ne soit pas optimale. Certes, il a été montré qu’il est possible de rencontrer des symptômes de l’ESPT dans une population d’étudiants (Bernat et al., 1998), et dans notre étude nous avons même détecté 7 participants avec un diagnostic d’ESPT. Néanmoins, il est possible que le rôle de l’inhibition dans la tentative de réduire les

intrusions mnésiques ait été de moindre importance que dans une population clinique, où il est essentiel pour la personne de compter sur ses capacités de contrôle inhibiteur pour réduire les intrusions mnésiques. De même, si l’événement traumatique n’est pas majeur dans la vie de la personne, il est probable que celui-ci n’entraîne pas de grand bouleversement dans le fonctionnement du contrôle exécutif.

Il est à relever que notre étude s’est principalement focalisée sur les symptômes de reviviscences de l’ESPT. Nous avons considéré ces symptômes séparément, mais il faut garder en tête qu’ils sont néanmoins liés avec les autres symptômes d’ESPT, tels que l’évitement ou l’hyperarousal. Par exemple, les reviviscences peuvent engendrer une forte réaction physiologique (arousal), ou encore il est envisageable qu’un évitement des situations susceptibles de provoquer des intrusions stressantes peut également être rencontré. Il aurait été intéressant d’approfondir ces relations en lien avec les capacités d’inhibition.

De manière plus globale, si l’on se réfère au modèle de Ehlers et Clark (2000), les symptômes de reviviscences trouvent leur origine dans l’altération du traitement mnésique en lien avec le traumatisme, mais également dans les évaluations négatives de l’événement traumatique et de ses séquelles. Cette étude s’est concentrée sur le traitement mnésique amenant aux reviviscences, mais n’a pas pris en compte les croyances ainsi que les stratégies de coping et de régulation de soi-même. L’étude de ces derniers facteurs aurait certainement pu amener à une compréhension plus approfondie des intrusions mnésiques.

Par ailleurs, il aurait été intéressant d’introduire d’autres variables liées au contrôle exécutif.

Par exemple, Wessel et al. (2008) ont remarqué que la capacité de la mise à jour était liée à une plus grande fréquence de souvenirs intrusifs rapportés dans les journaux on-line, 48h après avoir visionné un film à caractère traumatique.

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