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4
 Résultats

4.4 
 Régressions
hiérarchiques
multiples

Nous utiliserons la technique des régressions hiérarchiques multiples afin de vérifier nos trois hypothèses de base. Dans un premier temps, cette technique mesure l’influence des variables contrôles sur la variable dépendante (Bloc 1). Dans un deuxième temps, les variables indépendantes d’intérêt sont introduites, ce qui permet d’évaluer la valeur ajoutée de ces dernières en terme de variance expliquée dans la prédiction de la variable dépendante (Bloc 2).

L’âge, le genre, le nombre d’années d’études après l’école obligatoire, ainsi que les indices de dépression et d’anxiété seront considérées comme variables contrôles. En effet, l’âge et le nombre d’années d’études après l’école obligatoire peuvent représenter des indices d’expérience de vie et éventuellement d’intelligence, ce qui pourrait influencer le rappel de souvenirs involontaires et intrusifs dans les questionnaires respectifs. Le genre a également été choisi comme variable contrôle en vue de certains résultats d’études indiquant que les femmes ont plus facilement accès aux événements émotionnels, et ont plus de facilité à décrire verbalement les événements personnellement vécus (Bauer et al., 2003, Rubin &

Bernsten, 2009). La STAIT et la BDI sont des états d’humeurs susceptibles de faciliter et/ou d’augmenter le nombre de souvenirs involontaires rapportés. Par ailleurs, les souvenirs intrusifs se retrouvent également dans des conditions comme la dépression et l’anxiété (Day, Holmes & Hackmann, 2004 ; Hackmann, Clark & McManus, 2000).

La variable « Genre » a été codée de sorte qu’un coefficient de régression positif indique que la VD est plus élevée pour les hommes. De plus, lorsque la variable « Etudes » montre un coefficient de régression positif, ceci indique que les années d’études suite à une scolarité obligatoire sont élevées.

La proximité linéaire (mulicolinéarité) entre toutes les variables d’intérêt a été estimée à l’aide d’un programme informatisé.

1. Effets de l’inhibition sur la fréquence des souvenirs involontaires

Notre première hypothèse stipule que de faibles capacités d’inhibition facilitent le déclenchement des souvenirs involontaires vécus au quotidien dans une population tout-venant. Dans cette étude, la valence du souvenir involontaire a été ajoutée aux autres variables contrôles de base. Ce choix a été influencé par les études montrant que les souvenirs involontaires positifs sont plus fréquemment vécus que les souvenirs involontaires à valence négative (Bernsten, 1996 ; Bywaters, Andrade & Turpin, 2004 ; Rubin & Berntsen, 2009).

Les résultats de cette régression sont exposés dans le tableau 4.

Tableau 4 : Fréquence du souvenir involontaire prédit par les capacités d’inhibition (N = 93)

Dans le bloc 1 présenté dans le tableau 4, les variables de contrôle expliquent une part significative de variance, avec un R2ajusté = .12 (F(6, 87) = 3.14, p < .01). Trois d’entre elles ont une influence significative sur la fréquence du souvenir involontaire. Il s’agit du genre (t(87) = 2.52, p < .05), du nombre d’années d’études après la scolarité obligatoire (t(87) = -2.48, p < .05) et de la valence du souvenirs involontaire (t(87) = 2.03, p < .05). En d’autres termes, le fait d’être une femme, d’avoir fait peu d’années d’études et de rapporter un souvenir involontaire positif augmenterait la fréquence d’apparition des souvenirs involontaires.

Lorsque les variables indépendantes sont ajoutées dans le bloc 2, elles augmentent significativement la part de variance expliquée par le modèle, R2ajusté = .19 (variation de R2

= .09, variation de F(9, 84) = 3.35 p < .05). Les variables contrôles qui étaient significatives dans le bloc 1 restent significatives une fois les variables indépendantes rentrées dans le modèle. Il s’agit du genre (t(84) = -2.25, p < .05), du nombre d’années d’études (t(84) = -2.74, p < .01) et de la valence du souvenir involontaire (t(84) = 2.35, p < .05). Parmi les variables indépendantes, seul l’indice d’erreurs à la RNT est significatif (t(84) = -2.52, p < .05) pour prédire une part de variance de la fréquence du souvenir involontaire. Cependant, ce lien est négatif, ce qui signifie qu’un nombre élevé d’erreurs produites dans la RNT conduirait à une faible fréquence de souvenirs involontaires. Ce résultat est contraire à notre hypothèse, stipulant qu’une faible résistance à l’interférence proactive serait susceptible d’engendrer une plus grande fréquence d’apparition des souvenirs involontaires.

2. Effets de la fréquence du souvenir involontaire négatif sur la sévérité des symptômes de reviviscences

Selon notre deuxième hypothèse, une fréquence élevée de souvenirs involontaires négatifs contribue à la sévérité des symptômes de reviviscences, suite à un événement stressant. Le tableau 5 résume les résultats obtenus pour cette hypothèse.

Tableau 5 : Sévérité des symptômes de reviviscences prédite par les caractéristiques du souvenir involontaire, numéro 1 (N = 95)

Nous ne trouvons pas les résultats escomptés en fonction de notre hypothèse. Le fait d’ajouter les variables relatives aux souvenirs involontaires dans le bloc 2 rend le modèle de régression

certes significatif (F(8, 87) = 2.74, p < .01), mais aucun des indices à l’intérieur du modèle n’est significatif. En d’autres termes, dans le bloc 2, ni nos variables contrôles ni nos variables indépendantes ne permettent de prédire significativement la variance de la variable

« Reviviscences ».

Après réflexion, nous estimons que la STAIT et le BDI jouent très certainement un rôle important pour prédire les symptômes de l’ESPT, comme le soulignent les corrélations significatives que l’on trouve systématiquement entre les différents types de symptômes (cf. le tableau 3). Les symptômes dépressifs et anxieux prédisant sans surprise les symptômes de l’ESPT, nous avons tenté d’explorer un autre modèle de régression, sans les variables BDI et STAIT en tant que variables de contrôle. Dans ce dernier, seuls l’âge, le genre et le nombre d’années d’études représentent les variables contrôles. Le tableau 6 résume les résultats obtenus pour ce modèle de régression.

Tableau 6 : Sévérité des symptômes de reviviscences prédite par les caractéristiques du souvenir involontaire, numéro 2 (N = 95)

Le bloc 1, constitué des variables de contrôle « Age », « Genre », et « Etudes », n’est pas significatif. Cependant, le bloc 2, dans lequel les variables indépendantes liées aux souvenirs involontaires ont été ajoutées aux variables de contrôle, se montre significatif dans la prédiction des symptômes de reviviscences, avec un R2 ajusté = .10 (variation de R2 = .14, variation de F(6, 89) = 4.95, p < .01). Dans ce deuxième bloc, seules deux variables sont significatives, à savoir la fréquence du souvenir involontaire (t(89) = 2.23, p < .05) et la valence du souvenir involontaire (t(89) = -2.71, p < .01). Autrement dit, ces résultats sont en accord avec notre hypothèse et indiquent que de vivre fréquemment des souvenirs involontaires négatifs impliquerait une plus grande sévérité des symptômes de reviviscences, suite à un événement traumatisant.

Cependant, il faut noter que les indices de fréquence et de valence du souvenir involontaire n’expliquent pas de variance « en plus » des indices de dépression et d’anxiété. En d’autres termes, ces deux variables relatives au souvenir involontaire ne prédisent pas significativement la sévérité des symptômes de reviviscence quand les indices de dépression et d’anxiété sont contrôlés.

Des tableaux de régression dans lesquels la fréquence du souvenir involontaire prédit les autres indices relatifs aux symptômes de l’ESPT, à savoir, l’évitement, l’hyperarousal et la sévérité des symptômes de l’ESPT, se trouvent en annexe (I, II, III). Les deux variables contrôles, la STAIT et la BDI, ainsi que l’intensité des souvenirs involontaires, semblent parfois jouer un rôle dans la prédiction de la variance de ces différents indices d’ESPT.

3. Liens entre l’inhibition et les symptômes de l’ESPT

Notre troisième hypothèse propose que de faibles capacités d’inhibition, et plus particulièrement de résistance à l’interférence proactive, amènent à une sévérité des symptômes de reviviscences. De manière inverse, l’écrasante nature des symptômes post-traumatiques serait susceptible de diminuer les ressources du contrôle cognitif.

Le tableau 7 indique les résultats pour le premier modèle de régression.

Tableau 7 : La sévérité des symptômes de reviviscences prédits par l’inhibition (N = 93)

Le tableau 7 révèle que le bloc 1 n’est pas significatif. En d’autres termes, l’ensemble des variables contrôles ne permet pas d’expliquer suffisamment de variance de la sévérité des symptômes de reviviscences. Nous pouvons également nous apercevoir que le bloc 2, dans

lequel les variables liées à l’inhibition ont été ajoutées, ne donne pas lieu à un modèle significatif. Notre modèle de régression échoue donc dans la prédiction de l’influence directe des capacités d’inhibition sur la sévérité des symptômes de reviviscences. Notons cependant la significativité de la BDI, l’indice de dépression, tant dans le bloc 1 (t(87) = 2.19, p < .05) que dans le bloc 2 (t(84) = 2.15, p < .05). Ce facteur posséderait donc une relation spécifique avec les symptômes de reviviscences. Néanmoins, la significativité seule de l’indice de la BDI ne permet pas de valider le modèle de régression. Par ailleurs, lorsque les indices de la BDI et de la STAIT sont enlevés du modèle de régression, aucune variable n’en ressort de manière significative (annexe IV).

Les modèles de régression dans lesquels les autres indices relatifs à la symptomatologie de l’ESPT sont prédits par les variables de l’inhibition se trouvent en annexe (V, VI, VII). Dans ce cadre, la variable contrôle STAIT semble particulièrement pertinente dans la prédiction des symptômes de l’ESPT.

Notre hypothèse indique également un lien inverse, à savoir une influence des symptômes de l’ESPT dans la prédiction de faibles capacités d’inhibition. Malheureusement, nous n’obtenons pas les résultats escomptés. Ni le nombre d’erreurs à la RNT, ni le nombre d’erreurs de commission à la SART ne semblent pouvoir être prédits par les symptômes de l’ESPT (annexes VIII, IX). Par ailleurs, l’indice de distractibilité comme VD donne lieu à un modèle de régression significatif (annexe X). Cependant, aucune des variables d’intérêt à l’intérieur de ce modèle n’est significative. De plus, le score au CFQ ne peut être interprété comme un indice d’inhibition à proprement parler.

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