• Aucun résultat trouvé

Du genre et des classes d'âge : analyse croisée de trois nécropoles de l'âge du Bronze (Gemeinlebarn F, Nogara-Olmo, Neckarsulm) et réflexion sur l'organisation sociale

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Du genre et des classes d'âge : analyse croisée de trois nécropoles de l'âge du Bronze (Gemeinlebarn F, Nogara-Olmo, Neckarsulm) et réflexion sur l'organisation sociale"

Copied!
19
0
0

Texte intégral

(1)

Article

Reference

Du genre et des classes d'âge : analyse croisée de trois nécropoles de l'âge du Bronze (Gemeinlebarn F, Nogara-Olmo, Neckarsulm) et

réflexion sur l'organisation sociale

DAVID-ELBIALI, Mireille

Abstract

Trois nécropoles de l'âge du Bronze, situées dans des régions distinctes et appartenant à des phases chronologiques différentes, sont investiguées ici : Gemeinlebarn F à Traismauer en Basse-Autriche date de la fin du Bronze ancien, l'Olmo à Nogara dans la plaine padane orientale appartient au Bronze moyen avancé et au Bronze récent, Neckarsulm en Allemagne du Sud-Ouest remonte à la phase HaA1 du nord des Alpes. L'architecture des tombes, le rituel funéraire, l'organisation spatiale des nécropoles, la proportion et la répartition des individus selon les sexes et les classes d'âge, ainsi que la nature et l'attribution du mobilier sont examinés en détail. Malgré des divergences importantes entre elles, dues notamment à des facteurs chronologiques et culturels, ces nécropoles renvoient une image analogue de la

« société des morts » de l'âge du Bronze. Ce sont le genre et les classes d'âge qui structurent le plus fortement ces populations et c'est surtout par le biais du mobilier que cela se voit.

DAVID-ELBIALI, Mireille. Du genre et des classes d'âge : analyse croisée de trois nécropoles de l'âge du Bronze (Gemeinlebarn F, Nogara-Olmo, Neckarsulm) et réflexion sur l'organisation sociale. Notizie Archeologiche Bergomensi, 2011, vol. 19, p. 135-150

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:17688

Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.

(2)

NOTIZIE

ARCHEOLOGICHE BERGOMENSI

19 2011

(3)

“IL FILO DEL TEMPO”

Studi di preistoria e protostoria in onore di Raffaele Carlo de Marinis

a cura di STEFANIA CASINI

Comune di Bergamo

(4)

Du genre et des classes d’âge: analyse croisée de trois nécropoles de l’âge du Bronze (Gemeinlebarn F, Nogara- Olmo, Neckarsulm) et réflexion sur l’organisation sociale

Mireille David-Elbiali

Introduction

Le sexe et l’âge sont des données biologiques qui assurent une classification naturelle des individus et qui structurent les sociétés humaines, aussi loin que remontent les témoignages. Elles jouent, du reste, encore un rôle fondamental aujourd’hui, même si de nombreux autres critères entrent en jeu dans l’articulation des sociétés complexes.

A l’âge du Bronze, genre et classes d’âge peuvent être appréhendés surtout par le biais de l’étude des sépultures. Ainsi le mobilier funéraire n’est pas distribué de façon aléatoire, mais attribué en fonction du genre et des classes d’âge, selon des règles qui varient au gré des groupes culturels, comme permettent de le constater les déterminations anthropologiques des individus qui en sont pourvu. Ce mobilier est constitué à cette époque essentiellement par des récipients en céramique et des objets en bronze ou, occasionnellement, en or, en ambre, en verre et en matières dures animales. Ces objets appartiennent à deux grandes catégories: la parure et les armes. Il est exceptionnel de trouver d’autres catégories, comme des véhicules ou des outils. Au mobilier funéraire s’ajoutent d’autres critères livrés par les sépultures qui alimentent la réflexion sur l’organisation sociale, ce sont l’implantation et l’architecture des tombes, ainsi que leur distribution spatiale.

Il ne fait en effet pas de doute que les paramètres évoqués ci-dessus constituent un témoignage de la structure interne de la société, dont le déchiffrement n’est ni aisé ni univoque. Le but de cet article est de comparer trois nécropoles, situées dans des régions géographiques différentes et qui appartiennent à trois phases chronologiques distinctes pour montrer la persistance d’une certaine forme de structuration sous-jacente de la société, lisible dans les mobiliers funéraires, l’architecture des tombes et leur distribution à l’intérieur des cimetières.

Présentation succincte des nécropoles

Le choix s’est porté sur trois nécropoles – Gemeinlebarn F, Nogara et Neckarsulm – publiées sous forme de monographies, dans lesquelles les inhumations sont majoritaires, pour disposer ainsi des données anthropologiques nécessaires à l’analyse, et qui ont livré suffisamment de mobilier.

Ces nécropoles se différencient non seulement par leur situation géographique (fig. 1) et leur période d’utilisation, mais chacune a ses caractéristiques propres; il est néanmoins intéressant de constater plusieurs convergences.

Gemeinlebarn F. La première nécropole est celle de Gemeinlebarn F – ensuite dénommée (G) – sur la commune de Traismauer dans le district de Sankt Pölten en Basse-Autriche. Sise en bordure de la terrasse basse du Danube, elle occupait une surface de 2,5 ha. Elle a été explorée en très grande partie entre 1973 et 1984 et publiée par Johannes-Wolfgang Neugebauer en 1991. Elle a livré 257 sépultures à inhumation, dont dix avec deux individus successifs, une incinération et 85 trous de poteau, vestiges de constructions funéraires de nature indéterminée, et une inhumation supplémentaire trouvée sur une parcelle adjacente. La nécropole se développerait, d’après l’auteur, à partir de trois noyaux principaux – zones 1, 2 et 3 – qui réuniraient les tombes les plus riches au centre et les plus pauvres en périphérie. La durée d’utilisation de la nécropole est estimée à environ

Notizie Archeologiche Bergomensi, 19, 2011, pp. 135-150 ISSN: 1127-2155

(5)

un siècle. Elle remonte à la phase Gemeinlebarn III, soit le BzA2b et BzA2c du Bronze ancien, et appartient au groupe de Böheimkirchen. Une des caractéristiques de la région de (G) est que, malheureusement, aussi bien les habitats que les cimetières montrent des traces de destructions anciennes liées apparemment au passage à la culture de V te ov. Ainsi 94% des tombes ont été profanées et ce sont les objets métalliques qui ont été récupérés en priorité.

Nogara, Olmo. La deuxième nécropole est celle de l’Olmo à Nogara – ensuite dénommée (O) – dans la province de Verona en Italie du Nord-Est. Sise sur un dos de sable en bordure d’un ancien méandre de la rivière Tartaro, un affluent du Po, sa surface est estimée à 1,5 ha.

Identifiée dans les années 1936-37, elle a été fouillée essentiellement entre 1990 et 2002 et certaines zones n’ont pas encore été explorées.

La monographie du site est parue en 2005 sous la direction de Luciano Salzani. La nécropole a livré 456 inhumations et 61 crémations, une fosse contenant les dépouilles de deux jeunes bovins, qui peut être interprétée comme une «sépulture animale», et deux palissades qui sont les vestiges d’une route longeant le cimetière à l’ouest. La majeure partie des tombes datent de l’âge du Bronze et la nécropole se développe à partir de deux noyaux – B et C – qui remontent au Bronze moyen II, puis elle s’étend au nord avec le groupe A tout en se densifiant dans les zones B et C au Bronze moyen III. Enfin au Bronze récent, la zone C connaît une forte extension vers le sud. La durée d’utilisation du cimetière est estimée à 250 ans.

La nécropole appartient à la koinè palafittico-terramaricole.

Neckarsulm. La troisième est la petite nécropole de Trendpark Süd à Neckarsulm (Lkr.

Heilbronn) – ensuite dénommée (N) – dans le Baden-Württemberg en Allemagne du Sud. Située sur une faible pente près de la confluence du Sulm et du Neckar, elle occupait une surface d’environ 0,6 ha. Elle a été fouillée rapidement en 2001 et publiée dans le cadre d’une thèse de doctorat par Steffen Knöpke en 2009. Elle a livré 32 sépultures organisées en rangées irrégulières et renfermant 50 individus masculins, tous inhumés. Sa durée d’utilisation peut être estimée à moins d’un siècle et elle est attribuable à la phase HaA1 du nord des Alpes.

Nature des tombes

Avant d’aborder la question du mobilier, il faut se pencher sur la nature de ces sépultures, soit la manière dont elles ont été construites et les rituels qui y ont été pratiqués, qui peuvent eux aussi fluctuer en fonction du genre et des classes d’âge.

Implantation. Dans les trois nécropoles, les sépultures sont en fosse. A (G) et (O), le volume varie en fonction de l’âge – petit pour les enfants, maximal pour les adultes – et, dans une certaine mesure, du genre. La différence de volume des corps explique en partie ce phénomène, mais la dotation en mobilier joue aussi un rôle. Dans les deux cimetières existent quelques fosses importantes, comme la T. 6 de (G) avec ses 3,30 m par 2,18 m, malheureusement saccagée, qui abritait un sujet mature à sénile probablement féminin, jouxtant la T. 7 (2,64 x 1,70 m), une riche tombe masculine avec armes, ou à (O), les T. 194 (3,20 x 1,15 m) et 411 (2,90 x 1,10 m), les plus grandes tombes respectivement masculine et féminine. A (N), les fosses sont étroites. La longueur varie peu et

Fig. 1: Carte de l’Europe avec position géographique des nécropoles: G) Traismauer-Gemeinlebarn F (district de Sankt Pölten, Autriche); O) Nogara-Olmo (province de Verona, Italie); N) Neckarsulm-Trendpark

Süd (Landkreis Heilbronn, Allemagne).

(6)

se situe entre 2 m et 2,50 m, au contraire de la largeur, dépendante surtout du nombre d’individus inhumés, entre un et cinq. Cette fréquence élevée des tombes collectives est une caractéristique de (N).

Même si les sépultures d’enfants sont souvent décrites comme superficielles, la profondeur des fosses ne semble néanmoins pas jouer un rôle déterminant. Les conditions de gisement, avec souvent la destruction des sols anciens, influent évidemment sur cette appréciation, mais un lien direct entre la taille de la fosse, sa profondeur et sa richesse en mobilier ne peut être démontré.

Architecture interne. Il n’est pas aisé de retrouver dans quoi le corps a été déposé dans la fosse. Dans la nécropole de (G), un cercueil a été identifié avec certitude dans un tiers des cas et, à part dix-sept sépultures qui en étaient dépourvues de façon sûre, on peut seulement envisager que la majorité des autres étaient aussi des tombes en coffre. A (O), seuls quelques coffres en bois ont été repérés par la présence de fibres ligneuses conservées. Il est possible que la plupart d’entre eux se soient complètement décomposés. Les fouilleurs postulent aussi l’utilisation de suaires fermés par une aiguille. A (N), les fouilleurs excluent l’usage de coffres en bois en raison de l’étroitesse des fosses et privilégient l’idée de l’utilisation de suaires fermés par une épingle. Dans ces nécropoles, une analyse fine de la position des ossements et des trouvailles ne semble pas avoir été réalisée pour observer si la décomposition des corps avait eu lieu en espace vide ou comblé.

Rituel funéraire

En ce qui concerne le rituel funéraire, la plus grande différence observée est celle de l’orientation du corps en fonction du genre dans la nécropole de (G): les sujets féminins sont déposés sur le côté droit avec la tête au sud et les masculins sur le côté gauche avec la tête au nord. Cette norme suit la tradition néolithique et disparaîtra à la fin du Bronze ancien. Elle n’a pas toujours été scrupuleusement respectée à (G): quatre femmes ont la tête au nord, mais trois avec le regard correctement dirigé, trois hommes ont le regard dirigé à l’ouest, deux femmes et un homme ont été allongés sur le dos dans des cercueils monoxyles et une femme sur le ventre, un seul individu a été incinéré ; son sexe n’est pas déterminé. Toutes les tombes sont individuelles.

Dans les deux autres nécropoles, aucune différence de rituel ne distingue les genres ou les classes d’âge. A (N), les individus sont tous inhumés allongés sur le dos avec la tête au sud et les bras en diverses positions. Dans ce cimetière, il y a par contre un nombre inhabituel de tombes avec plusieurs individus, comme déjà mentionné ci-dessus. En effet, à une vingtaine de sépultures individuelles s’ajoutent huit tombes doubles, trois triples et une contenant même cinq individus.

Toutes les dépositions sauf une seraient contemporaines, déposées sur le même niveau et sans trace de réouverture des tombes, mais étant donné l’état de conservation des sépultures, décrites comme superficielles et malmenées par les travaux agricoles, et la rapidité de la fouille, la fiabilité de cette affirmation semble relative.

A (O), sur les 59 incinérations du Bronze moyen et récent, on dénombre une dizaine d’enfants, deux individus juvéniles, dont un est féminin d’après le mobilier, une crémation double de deux adultes, une femme et un homme, deux adultes de sexe indéterminé et, pour les 44 autres, il n’y a aucune indication de sexe ou de classe d’âge. Compte tenu du déficit en sépultures masculines pour la période du Bronze récent, il n’est pas impossible qu’une majorité des crémations situées dans la zone C sud soient masculines, mais aucun autre argument que celui-là ne permet de le supposer. La très grande majorité des tombes sont cependant des inhumations en position allongée sur le dos, assez souvent avec la tête à l’ouest. Les sépultures sont toujours individuelles, à de rares exceptions : trois femmes et deux hommes associés à un fœtus/nouveau-né ou jeune enfant déposé sur ou près du corps, trois tombes avec des ossements épars d’enfant ou d’adulte, probablement des sépultures perturbées, et une sépulture double contenant deux adultes masculins armés.

Sexe/genre et classes d’âge

Si l’anthropologie permet de différencier les deux sexes dans un certain nombre de cas et uniquement chez les sujets adultes, l’analyse du mobilier n’appréhende que le genre, soit le “sexe

(7)

culturel”. Il faut se garder de surestimer les résultats de la détermination anthropologique, qui repose sur des bases qui ne sont en fait pas plus fiables qu’une analyse du mobilier bien conduite. En ce qui concerne les classes d’âge, elles sont assez précises chez les sujets non adultes et perdent ensuite de leur acuité, mais même peu sûres elles sont incontournables pour tenir un discours sur la société.

Les classes d’âge retenues sont reprises d’un article d’A. Vanzetti et S. Borgognini Tarli1. Elles apparaissent comme les plus pertinentes pour réaliser une analyse croisée avec du mobilier. Ce sont: Infans I (e1), jeunes enfants de 0 à 6 ans, il est parfois possible de rajouter une classe Fœtus/

Nouveau-nés (NN) pour les très petits enfants d’avant la naissance jusqu’à 1 an; Infans II (e2), enfants de 6 à 12 ans; Juvenis (j), sujets juvéniles de 12 à 18 ans; Adulte jeune (aj) de 18 à 25 ans;

Adulte (a) de 25 à 40 ans ou lorsqu’un sujet est âgé de plus de 18 ans, mais sans autre précision possible; Adulte mature (m) de 40 à 60 ans; Adulte sénile (s) plus de 60 ans.

5.1. Proportion des sujets adultes et non-adultes et des sexes/genres

La nécropole de (N) se distingue nettement des autres, car elle semble n’avoir été utilisée que pour un groupe restreint d’individus masculins adultes. Aucun nouveau-né, enfant ou adolescent n’a été retrouvé; l’individu le plus jeune est un sujet gracile âgé de 17 à 19 ans, à cheval entre le sujet juvénile et l’adulte jeune. Les femmes semblent aussi absentes, ce qui reste néanmoins incertain, car l’état de conservation des ossements n’est pas optimal. Quelques individus graciles, dont le sexe n’a pu être déterminé avec certitude, sont mentionnés, mais aucun autre indice, comme la nature du mobilier, ne fait cependant penser qu’il pourrait s’agir de femmes. Le recrutement funéraire ne correspond en tout cas pas à la population normale d’une communauté villageoise et l’auteur de la monographie envisage un usage du cimetière réservé à un groupe particulier.

Dans les deux autres nécropoles, la situation est habituelle, à savoir une proportion plus ou moins équilibrée d’adultes des deux sexes et des sujets adultes et non adultes (fig. 2 et 3), même s’il y a toujours un déficit pour ces derniers. A (G) comme à (O), un nombre relativement élevé de tombes de nouveau-nés et de petits enfants, décrites comme superficielles dans les deux cas, pourrait avoir disparu en raison des travaux agricoles, d’après les auteurs. A (G), sur 268 individus inhumés, 255 fournissent des informations d’âge ou de sexe: il y a 106 sujets non adultes et 149 sujets adultes, répartis entre 63 femmes, 73 hommes et 13 indéterminés. A (O), sur 456 inhumations, 441 datent de l’âge du Bronze et fournissent des informations sur la classe d’âge et/ou le genre;

elles se répartissent en 181 sujets non adultes et 260 sujets adultes, dont 106 femmes et 154 hommes. Le surplus d’hommes n’est pas expliqué. Dans les deux cas, la répartition tient compte des déterminations anthropologiques et des données du mobilier funéraire.

Représentation des classes d’âge. L’absence de sujets non adultes à (N) a déjà été relevée ci-dessus. Tant à (G) qu’à (O), ce sont logiquement les enfants en bas âge qui sont les plus nombreux, suivis par les enfants entre 6 et 12 ans et les sujets juvéniles; en effet, passé le stade délicat du sevrage et des maladies infantiles, les chances de survie sont meilleures. Si le phénomène de la forte mortalité infantile dans les populations de l’ère pré-pénicilline est un phénomène bien identifié, il n’est pas pour autant fréquent de retrouver ces petits squelettes dans les cimetières.

D’une part la conservation de ces os graciles, encore en grande partie cartilagineux, est forcément plus aléatoire que celle des ossements des adultes, d’autre part ces sépultures sont souvent superficielles, comme cela a été dit ci-dessus, enfin il y a le choix culturel de ne pas enterrer ces jeunes enfants, du moins pas avec le reste de la communauté. A (G), sur 33 enfants entre 0 et 6 ans, seuls cinq sont des nouveau-nés de 0 à 1 an. La situation est tout autre à (O), où sur 168 sujets non adultes dont la classe d’âge est connue, 111 sont âgés de 0 à 6 ans et, parmi eux, 62 appartiennent à la classe des fœtus et nouveau-nés entre 0 et 1 an. Ce qui est particulièrement intéressant à (O) est que ces très jeunes sujets sont tous concentrés dans la zone C, dont la partie sud date du Bronze récent, à part un sujet dans la zone A et moins d’une dizaine dans la zone B.

Au tournant du Bronze récent, marqué par un changement d’ordre très probablement religieux, les jeunes enfants sont plus souvent inhumés dans la nécropole.

Chez les adultes jeunes âgés environ de 18 à 25 ans, la proportion de femmes est toujours nettement supérieure à celles des hommes, phénomène qu’on attribue volontiers au décès de

1) VANZETTI-BORGOGNINI TARLI 2003, p. 348.

(8)

Fig. 2: Répartition par classes d’âge des sujets non adultes.

Fig. 3: Répartition par classes d’âge et genres des sujets adultes.

(9)

jeunes femmes en couches. C’est dans la classe des adultes qu’on retrouve le maximum d’individus tant à (G), aussi bien pour les femmes que pour les hommes, qu’à (N), alors qu’à (O), ce sont les adultes matures, où les hommes sont en proportion significativement plus importante que les femmes. Les sujets séniles sont rares à (G) comme à (N), alors qu’à (O), ils représentent une classe encore importante, en particulier pour les hommes. Il est difficile d’interpréter ce décalage.

Il y a sans doute un artefact lié à la méthode anthropologique appliquée, ainsi à (G) – à cause de l’état de remaniement des os? – certains sujets sont attribués à des fourchettes d’âge très larges, par exemple de 20 à 80 ans, mais ceci n’est par contre pas le cas à (N). Une différence liée au mode de vie dans une société plus structurée à (O) est ainsi envisageable, éventuellement avec des ressources alimentaires mieux gérées.

Répartition du mobilier funéraire

L’observation du mobilier funéraire, terme qui s’applique ici à tous les objets découverts dans la tombe, est dépendante de l’état de préservation des sépultures et pas seulement des objets eux- mêmes. A (G), 94% des tombes ont été profanées et 86% d’entre elles de façon importante. Dans 77% des sépultures, plus de la moitié des ossements manque. Lors de l’étude, l’auteur a par conséquent défini un indice de destruction qui permet de tenir compte de ce phénomène dans l’interprétation des observations faites dans ce cimetière – indice de 1 à 5, l’indice 1 décrivant les tombes intactes, puis les autres tous les stades jusqu’à celles où le squelette a disparu. Dans la nécropole de (O), seules 372 inhumations sur 456 sont utilisables pour l’analyse des mobiliers funéraires, les autres portent des traces de destruction sur la partie haute du corps, là où les objets sont présents. Quant à (N), il est aussi fait mention de destructions, liées notamment au fait que les sépultures étaient peu profondes, et de pillage et ces informations ont aussi été prises en compte.

Fig. 4: Mobilier distinctif du genre.

(10)

Fig. 5: Gemeinlebarn F. Tableau récapitulatif des sépultures féminines avec mobilier, FT:

anneau de chevelure; Cér: céramique (d’après les données de NEUGEBAUER et Al. 1991).

(11)

Fig. 6: Nogara-Olmo. Tableau récapitulatif des sépultures féminines avec mobilier (FP: fermoir en ambre, FT:

anneau de chevelure; Tasse C: carénée) (d’après les données de SALZANI 2005).

(12)

Fig. 7: Gemeinlebarn F. Tableau récapitulatif des sépultures masculines avec mobilier (FT: anneau de chevelure;

Cér: céramique) (d’après les données de NEUGEBAUER et Al. 1991).

Les objets retrouvés dans les tombes appartiennent à deux catégories: les biens personnels, qui faisaient partie du costume, armement compris, et les offrandes. Ces dernières sont très rares, à l’exception des récipients en céramique. Une offrande végétale, apparemment de la vigne, a été mise en évidence dans la T. 131 de (O), alors que de la faune est mentionnée dans les T. 1 et 25/

2 de (N) et dans une demi-douzaine de tombes de (G).

Le costume permet de distinguer les deux genres et les sujets adultes des non adultes (fig. 4):

la parure est caractéristique pour les femmes et les fillettes, ces dernières pouvant recevoir aussi des objets spécifiques, alors que les armes sont déposées dans les tombes d’adultes masculins.

Certaines armes (poignards) se retrouvent dans des tombes d’enfants, considérés alors comme des garçons, et dans de rares tombes féminines. Quelques éléments de parure peuvent aussi être associés à des sujets masculins. La nature des armes est tributaire de l’évolution technique de l’armement, alors que la parure, féminine et masculine, est liée à l’évolution de la mode et à l’identité du groupe culturel.

Mobilier féminin. Les femmes reçoivent toujours des éléments de parure, dont certains sont déjà présents dans les tombes de fillettes, du moins est-ce ainsi qu’on peut interpréter les sépultures

(13)

d’enfants avec parure féminine, ce que confirme du reste l’orientation des squelettes à (G), qui diffère selon le genre (fig. 5). A (G) et à (O), il s’agit des épingles et des anneaux de chevelure, auxquels il faut ajouter les perles et les aiguilles pour (O) (fig. 6). Dans cette dernière nécropole, les pendentifs sont réservés presque exclusivement aux enfants, une des deux sortes de pendentifs, en forme de peigne et fabriqués le plus souvent en bois de cerf, pouvant se retrouver exceptionnellement dans quelques tombes de femmes adultes. A (G), la situation est plus délicate à évaluer en raison du pillage des tombes. Ainsi les parures annulaires de bras et de jambes sont plus fréquentes dans les sépultures des sujets jeunes, les pièces à extrémités en spirale étant même absentes dans les tombes de femmes adultes avec coiffe. Il n’est toutefois pas possible d’exclure que ces ornements aient été la cible privilégiée des pilleurs de tombes, comme semblent l’indiquer les traces d’oxyde de cuivre observées sur les os longs dans quelques sépultures. A (G), les éléments de coiffe, qui comprennent un étroit ruban de métal décoré et des tutuli spiralés en nombre variable ou alors des tutuli coniques ou un unique tutulus en forme de chapeau, ne sont documentés qu’à partir de la classe d’âge des adultes jeunes, soit environ 18 à 20 ans. A (O), c’est aussi le cas pour la paire d’épingles semblables avec fermoirs en ambre associée à la troisième épingle, qui constitue la parure féminine adulte standard la plus riche. On pourrait donc fixer vers 18-20 ans l’âge approximatif du mariage pour les jeunes filles, qui coïnciderait avec l’adoption d’un costume spécifique d’adulte. A partir de cet âge, le costume ne varie plus, les mêmes éléments se retrouvent chez les femmes matures et séniles.

Ce qui change, c’est la proportion de femmes qui bénéficient de ces parures. Ainsi à (O), le pourcentage de femmes dotées de parure passe de 73% pour les jeunes adultes, à 45% pour les adultes, à 75% pour les femmes matures et à 60% pour les femmes séniles.

Mobilier masculin. Le mobilier masculin est constitué d’armes et d’objets spécifiques dans toutes les nécropoles, auxquelles s’ajoutent de la parure à (G) et à (N), alors qu’elle est totalement absente à (O). Au Bronze ancien à (G) (fig. 7), le mobilier est composé du poignard, présent dans neuf tombes, associé à la hache dans quatre cas, du crochet de ceinture (7 cas) et d’une épingle à tête globuleuse perforée (7 cas), d’un type identique aux épingles des tombes féminines. Au Bronze moyen à (O) (fig. 8), le mobilier comprend l’épée (43 cas), associée au poignard (11 cas) et à des cabochons de métal, vestiges possibles d’un casque composite. Dans cette nécropole, l’épée apparaît comme une offrande déposée sur le corps du guerrier, bien qu’on puisse supposer que du vivant de ce dernier elle faisait partie du costume. Enfin à (N) (fig. 9), l’objet le plus fréquent est l’épingle, découverte à une vingtaine d’exemplaires. L’épée est présente dans trois sépultures, une fois associée à un couteau, une fois à un bracelet et une fois à une bague en or. Deux autres couteaux et un rasoir complètent le mobilier avec des éléments divers, certains appartenant au baudrier de l’épée.

Fig. 8: Nogara-Olmo (Verona). Tableau récapitulatif des sépultures masculines avec mobilier (Tasses, ACR: à

anse cornue, C: carénée, H: haute) (d’après les données de SALZANI 2005).

(14)

Fig. 9: Neckarsulm. Tableau récapitulatif des sépultures avec mobilier (divers comprend: manettes, serre-joints,

tubes enroulés, rivets, annelets, fragments de tiges, pierre à aiguiser, poinçon, perle d’ambre) (d’après les données de KNÖPKE 2009).

Une unique pointe de lance a été retrouvée dans un sillon au pied de la T. 18. Les éléments spécifiquement masculins du mobilier ne sont présents qu’à partir de la classe d’âge des hommes adultes, soit vers 25 ans. A (G), il s’agit de la hache, du poignard – un doute concerne la T. 172 sans squelette conservé, dont la taille de la fosse évoque une tombe d’enfant – et du crochet de ceinture, à (O), du casque et des tasses hautes et à anse cornue, à (N), de l’épée et du couteau. Il faut relever qu’à (O), l’épée apparaît déjà chez les adultes jeunes, à partir d’environ 20 ans, alors que le poignard est présent dans trois tombes d’enfants et dans une tombe féminine T. 411. Cette femme sénile réunit en effet tous les attributs des femmes adultes – paire d’épingles plus troisième épingle, perles, anneaux de chevelure, peigne – et deux attributs d’enfant masculin – poignard et tasse carénée – On retrouve par contre chez les enfants mâles certains attributs plus fréquents chez les sujets

féminins, comme les anneaux de chevelure et un bracelet à (G).

Dépôt de céramique. Les tessons isolés découverts dans les tombes n’ont pas été pris en compte dans le mobilier, car ils peuvent provenir de cultes liés à la fréquentation du cimetière et se trouver ainsi mêlés à la terre de remplissage. Dans les nécropoles examinées, l’offrande de récipients en céramique correspond au dépôt d’un à deux récipients au maximum par individu. Si dans le groupe d’Unterwölbling en Basse-Autriche, le dépôt de céramique dans la tombe est habituel au Bronze ancien, cette pratique se raréfie à la fin de la période et est exceptionnelle à (G). Dans quatre sépultures seulement ont été exhumés des récipients entiers qui font partie du mobilier. La T. 7 m a livré une amphore au pied du sujet et les T. 207 a et T. 246B E2, une écuelle au niveau de la poitrine. Dans le cas de l’enfant, l’écuelle est petite. L’écuelle de la crémation T. 213 contenait une offrande de viande. Les écuelles et plats creux seraient destinés aux offrandes de viande et les tasses, cruches et amphores aux boissons. A (O), le dépôt de céramique est exceptionnel, les tasses sont considérées comme des vases à libations et les types sont distincts selon le genre et l’âge. Ainsi une femme mature et une fillette sont associées à un fond de vase tronconique, huit hommes adultes, matures et séniles à une tasse haute ou à anse cornue – une seule tombe d’un sujet sénile avec épée, casque et poignard, ayant livré les deux – et deux enfants, probablement des garçons, à une tasse carénée. Une femme sénile T. 411 a reçu également une tasse carénée, comme les garçons. A (N), le dépôt d’un récipient en céramique est plus fréquent, il concerne dix-sept inhumations. Il peut s’agir d’une écuelle, d’une tasse, d’un gobelet ou d’une amphore; un seul individu T. 22/1, sénile et associé à une épée et à une bague en or, a reçu deux tasses.

Organisation spatiale des nécropoles: répartition des sépultures selon les classes d’âge et les genres et la dotation en mobilier

La nécropole de (N) (fig. 10), dont l’analyse est simplifiée en raison de l’absence de sujets non adultes et de femmes, est organisée en rangées irrégulières et chaque classe d’âge est représentée dans les tombes individuelles et dans les tombes multiples; à l’intérieur de ces dernières, toutes les combinaisons sont possibles. En ce qui concerne le mobilier, la même constatation peut être faite, à savoir que des tombes individuelles en sont pourvues et d’autres dépourvues, comme les tombes collectives. Les individus avec épée sont regroupés à l’est et partagent chacun une tombe multiple avec des individus bien dotés ou non. Par exemple, le sujet 18/1 avec épée et couteau est

(15)

associé à un sujet 18/2 avec rasoir, par contre 22/1, qui possède une épée et une bague en or, a été retrouvé avec deux individus sans mobilier, mais dans une tombe au moins partiellement pillée.

Dans les deux autres nécropoles, femmes, hommes et enfants se retrouvent mêlés dans des proportions variables dans chacune des zones. A (G), l’examen détaillé de la zone 1 au nord de la nécropole (fig. 11) montre la présence de seulement trois tombes avec attributs masculins spécifiques, en l’occurrence un poignard ou un crochet de ceinture; elles sont dispersées dans la partie sud. Les sépultures féminines avec mobilier sont plus nombreuses et plus riches et elles sont assez largement distribuées. Quelques petits groupes de sépultures d’enfants et d’adultes, de deux à sept unités, semblent se dessiner, certaines avec mobilier, d’autres non, sans régularité évidente. Les autres zones ne se distinguent pas fondamentalement de ce modèle.

A (O), la zone C est la plus vaste et donc la plus significative. Elle se décompose en trois parties distinctes. La partie nord, qui regroupe surtout des inhumations du Bronze moyen, est

Fig.10: Neckarsulm. Plan de la nécropole avec indication pour chaque tombe du genre, de la classe d’âge et du mobilier (complété d’après KNÖPKE 2009).

(16)

Fig. 11: Gemeinlebarn F. Plan de la zone 1 située au nord de la nécropole avec indication pour chaque tombe du genre, de la classe d’âge et du mobilier (complété d’après NEUGEBAUER 1991).

(17)

organisée en trois bandes longitudinales: au centre, il y a un mélange de sépultures des deux sexes et d’enfants, alors qu’à l’ouest, les femmes sont beaucoup plus nombreuses et, à l’est, les hommes. Vingt-huit porteurs d’épée et vingt- trois tombes féminines dotées de paires d’épingles appartiennent à cette zone. Dans la partie centrale de la zone C, est concentrée la majorité des crémations, presque toujours de sexe et d’âge indéterminés. La partie sud de la zone C, fondée au Bronze récent, présente une organisation en rangées irrégulières surtout à l’ouest et se caractérise par une forte proportion d’inhumations d’enfants et de femmes, alors que les inhumations masculines y sont clairsemées.

Si les tombes féminines avec mobilier sont bien représentées et les jeunes enfants mieux dotés que dans les autres zones, les sépultures masculines sont presque toujours dépourvues d’objets et surtout, aucune tombe avec arme n’a été retrouvée.

Conclusion

La première remarque qui s’impose est que dans les trois nécropoles examinées, aucune sépulture ne se distingue des autres de façon éclatante, par son architecture, son emplacement, son rituel ou son mobilier exceptionnel. Il n’y a ainsi rien de comparable avec ce qui sera observé au Premier âge du Fer avec des tombes «princières», comme par exemple sur le territoire de la culture de Golasecca, les deux sépultures de guerriers de Sesto Calende, avec char et objets d’importation ou les somptueuses crémations féminines de Como et de Golasecca avec parures en bronze, ambre et corail, vaisselle de banquet en céramique et en métal, etc.2. En effet, tombes sans mobilier et avec mobilier se côtoient et ces dernières, qu’elles soient féminines ou masculines, recèlent toujours les mêmes catégories limitées d’objets, spécifiques du genre et de l’âge. Ainsi la société apparaît fortement structurée, mais sans présence d’une classe aristocratique qui se distinguerait nettement du reste de la population.

L’architecture des tombes et leur implantation ne présentent pas de différences significatives, si ce n’est peut-être les sépultures multiples de (N), qui se comportent toutefois comme un agrégat de sépultures individuelles. Le rituel par contre se singularise à (G), où la position contractée des corps et leur orientation selon le genre suivent encore la tradition néolithique; ceci n’a cependant pas d’incidence sur les autres paramètres. L’organisation des nécropoles apparaît assez chaotique et ce qui a présidé à la répartition des tombes échappe à notre analyse, car il s’agit probablement de liens sociaux complexes. A (G), beaucoup de sépultures sont isolées, alors que d’autres semblent réunies en petits groupes, vraisemblablement familiaux avec un mélange d’adultes et d’enfants. A (O) et à (N), les rangées irrégulières dominent, même si dans la première de nombreux regroupements se dessinent aussi. Malgré cette complexité, il est clair qu’à (G) et à (O) il n’y a pas d’exclusion mutuelle des sujets adultes et non adultes, ni des genres entre eux, avec des zones qui seraient réservées aux enfants ou aux hommes ou aux femmes. Il y a mélange, ce qui suggère que les liens familiaux jouent un rôle important dans cette répartition des tombes et que chaque catégorie occupe une place à part entière dans la société. A côté de ces zones de mélange, il y a néanmoins aussi des espaces ou les femmes sont plus nombreuses et d’autres où ce sont les hommes ou encore les enfants, comme en témoigne la zone C de (O). Le cas de (N), unique pour

Fig. 12: Tableau synoptique du mobilier des sujets non adultes.

2) DE MARINIS 1997.

(18)

l’âge du Bronze, ne se laisse pas réduire à une seule interprétation et l’hypothèse d’un cimetière réservé à une communauté particulière, de compagnons d’armes ou religieuse ou autre, qui n’aurait peut-être pas affaire cette fois avec la sempiternelle aristocratie guerrière ou le prestige, n’apporte pas une réponse définitive. (N) met- elle en lumière un nouvel échelon inattendu de complexité de la société de la fin de l’âge du Bronze ou est-elle le fruit d’un concours de circonstances particulières?

Les objets composant le mobilier sont évidemment propres à la période, comme le montrent bien les armes. Ainsi à (G), la hache est encore associée au poignard, alors qu’à (O), l’épée, parfois encore accompagnée du poignard, témoigne d’une évolution de la technique de combat et qu’à (N), les poignards ont disparu remplacés par des couteaux. Ils sont aussi propres à la culture auxquelles ils appartiennent et les types diffèrent donc d’une nécropole à

l’autre: épingles à tête globuleuse de type Malching pour les deux genres à (G), longues épingles féminines avec fermoirs en ambre à (O) ou encore épingles courtes à tête massive de type Neckarsulm, Wollmesheim ou Schwabsburg à (N). Les catégories d’objets réservés à chaque genre fluctuent également. A (G), c’est la coiffe qui distingue le costume des femmes adultes, alors que les épingles jouent un rôle mineur. Par contre à (O), les paires d’épingles semblables, souvent avec fermoirs en ambre, et une troisième épingle constituent la dotation la plus importante des femmes adultes. Tant à (G) qu’à (N), une épingle unique est souvent documentée dans les tombes masculines, alors que celle-ci fait complètement défaut à (O), où l’épingle est l’apanage exclusif des femmes.

Ces catégories d’objets diffèrent aussi en fonction de l’âge et distinguent les sujets adultes et non adultes. Par exemple à (O), les pendentifs sont réservés presque exclusivement aux sujets non adultes, probablement féminins. Les anneaux de chevelure portés par les enfants de deux sexes à (G) ne le sont plus par les hommes, par contre ils le sont encore par les femmes. Les tableaux des figures 12 et 13 montrent quels sont les objets caractéristiques pour les sujets non adultes et adultes et pour chaque genre dans chacune des nécropoles examinées.

Malgré les différences chronologiques et géographiques, il est intéressant de constater l’analogie de la structuration sous-jacente qui émerge de l’étude de ces nécropoles: les genres et les classes d’âge sont systématiquement distingués d’une manière comparable. Si cela se voit exclusivement chez les individus qui ont reçu un mobilier qui s’est conservé, on doit imaginer que le costume, même en l’absence des objets en métal, devait permettre d’identifier immédiatement une personne:

le genre, ce qui nous paraît évident parce que c’est encore le plus souvent le cas aujourd’hui, bien que ce ne soit théoriquement pas obligatoire, et la distinction entre l’enfance et l’âge adulte. Les enfants des deux sexes reçoivent un mobilier disparate, à connotation plutôt féminine, sauf à (O) où cinq enfants sont associés soit à un poignard, soit à une tasse à libations, et ont donc été attribués au genre masculin, mais ces objets n’appartiennent toutefois pas aux mêmes types que ceux déposés dans les tombes des hommes adultes. Chez les garçons, les individus juvéniles sont les moins bien dotés. Au-delà de l’enfance et pour les deux genres, le costume ne change pas, mais sa fréquence fluctue. Pour les femmes, le passage à l’âge adulte semble se faire vers 18-20 ans et la classe des adultes jeunes est bien dotée, tant à (G) qu’à (O). Les femmes matures et séniles, qui sont donc peu ou plus en mesure d’avoir des enfants, sont toujours bien dotées, elles le sont même particulièrement à (O), ce qui confirme un rôle social indépendant de la maternité. Chez les hommes, la classe d’âge des jeunes adultes est mal dotée et c’est seulement vers 25 ans qu’apparaissent tous les éléments spécifiques des hommes adultes. La dotation augmente ensuite régulièrement, les hommes matures étant les mieux pourvus. Malgré le cas particulier de (N), où seuls des hommes sont inhumés, les règles y sont identiques. Il faut aussi relever que chez les hommes, dans chaque classe d’âge adulte, il y a un nombre très réduit d’individus qui sont dotés

Fig. 13: Tableau synoptique du mobilier des adultes.

(19)

de la totalité des marqueurs spécifiques. A (G), il y a un homme adulte et deux matures dotés d’une hache, les deux derniers ayant en plus un poignard et un des deux un crochet de ceinture. A (O), il y a un sujet adulte, un mature et un sénile équipés à la fois d’une épée, d’un poignard, du casque et d’une tasse. A (N), il y a un seul homme adulte, un seul mature et un seul sénile qui possèdent une épée et le premier d’entre eux serait originaire d’une autre région, d’après les analyses chimiques réalisées. Malgré des lacunes probables dues notamment à la violation des sépultures, derrière ce phénomène se cache peut-être une hiérarchie par classe d’âge plus stricte que chez les femmes, qui sont plus nombreuses à recevoir du mobilier.

Les trois nécropoles examinées montrent que genre et classes d’âge apparaissent comme les facteurs structurants déterminants de la société de l’âge du Bronze d’Europe continentale.

Mireille David-Elbiali Institut F.-A. Forel, Sciences de la Terre et de l’environnement Laboratoire d’archéologie préhistorique et anthropologie Université de Genève Route des Acacias 18 CH-1211 Genève 4 mireille.david-elbiali@bluewin.ch

Riassunto

Il genere e le classi di età: analisi incrociata di tre necropoli dell’età del Bronzo (Gemeinlebarn F, Nogara- Olmo, Neckarsulm) e riflessioni sull’organizzazione sociale. Le tre necropoli dell’età del Bronzo indagate sono situate in regioni distinte e appartengono a fasi cronologiche diverse: Gemeinlebarn F a Traismauer si trova nella Bassa Austria e la necropoli è datata alla fine del Bronzo Antico; l’Olmo a Nogara è localizzata in area padana orientale e la necropoli appartiene al Bronzo Medio avanzato e Recente; la necropoli di Neckarsulm si trova in Germania sud- occidentale e risale alla fase Ha A1 nord-alpina del Bronzo Finale. L’architettura delle tombe, il rituale funerario, l’organizzazione spaziale delle necropoli, la percentuale e la distribuzione degli individui secondo i sessi e le classi di età, come la natura e l’attribuzione del corredo sono esaminate in dettaglio. Malgrado divari importanti tra di loro, dovuti tra l’altro a fattori cronologici e culturali, queste necropoli danno un’immagine analoga della “società dei morti”

dell’età del Bronzo. Il genere e le classe di età costituiscono la struttura fondante di queste popolazioni e ciò traspare in primo luogo dai corredi funerari.

Bibliographie

DE MARINIS R.C.

1997 Golasecca: i più antichi Celti d’Italia, in M. ANTICO GALLINA (a c. di), Popoli italici e culture regionali.

Popoli dell’Italia antica, Milano, pp. 10-41.

KNÖPKE S.-WAHL J.

2009 (collab.), Der urnenfelderzeitliche Männerfriedhof von Neckarsulm, Stuttgart, Forschungen und Berichte zur Vor- und Fr ühgeschichte in Baden- Württemberg, 116.

NEUGEBAUER J.-W.-GATTRINGER A.-STADLER P.

1991 (collab.), Nekropole F von Gemeinlebar n, Niederöster reich: Untersuchungen zu den Bestattungssitten und zum Grabraub in der ausgehenden Frühbronzezeit in Niederösterreich südlich der Donau

zwischen Enns und W ienerwald, Römisch- germanische Forschungen, 49, Mainz am Rhein.

SALZANI L.

2005 (a c. di), La necropoli dell’età del Bronzo all’Olmo di Nogara, Memorie, II serie, Sezione scienze dell’uomo, 8, Verona.

VANZETTI A.-BORGOGNINI TARLI S.

2003 Alcuni problemi relativi alle sepolture ad incinerazione della tarda età del Bronzo in Italia centrale e meridionale affrontati a partire dalle determinazioni antropologiche, in Le comunità della preistoria italiana: studi e ricerche sul Neolitico e le Età dei metalli, Atti Riunione Scientifica Istit. Ital. Preist. e Prot., XXXV, pp.

345-365.

Références

Documents relatifs

Il peut s'agir d'autre part des marques de l'extraction de l'étui corné, nécessitant la découpe de la peau à la base de ce demier ; cette opération laisse des

Une analyse des différents produits et objets qui caractérisent les populations de l'âge du Bronze installées en Suisse montre que les biens de subsistance, ainsi que les

A la faveur d'une intervention récente sur le site de Saint-Prex VD-La Moraine, nous présentons les résultats des fouilles ainsi qu'un inventaire de l'ensemble du mobilier provenant

Disclaimer: layout of this document may differ from the published version. 1

Éprouver de l’attraction romantique ou sexuelle pour les femmes n’implique donc pas forcément de se retrouver au sein de cette communauté et s’il semble possible

Plusieurs sites des Alpes, du Plateau et du Jura permettent de se faire une bon- ne idée de l'architecture présente en milieu terrestre.. Les vestiges conservés

Eine der interessantesten unter ihnen, jene von Ayent VS -le Chateau, hat vier Horizonte zwischen der Früh- und der Spätbronzezeit geliefert, deren Bauten sich in der

Par contre, l'organisation intérieure des maisons, la reconnaissance de zones d'activités artisanales, les relations entre villages ou l'intégration du village dans son terroir sont