M ICHEL G ONZALEZ
Inversion du pôle comparatif et renversement des probabilités de choix
Mathématiques et sciences humaines, tome 72 (1980), p. 73-105
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INVERSION DU POLE COMPARATIF ET RENVERSEMENT
*
DES PROBABILITES DE
CHOIX
Michel
GONZALEZ
1. INTRODUCTION
L’étude formalisée des
réponses
de choix s’estlongtemps
limitée aux choixbinaires d’une alternative contre une autre.
L’approche probabiliste qui
as-socie à
chaque réponse
un caractère deplus
ou moinsgrande incertitude,
re-joint
alors souventl’approche
relationnellequi
s’attache auxpropriétés
d’une relation binaire décrivant l’ensemble des
comparaisons
parpaires
ef-fectuées dans un ensemble
spécifié d’objets.
Un choix a presque
toujours
unepolarité qui
doit êtreprécisée :
unobjet paraît plus
lourdqu’un
autre mais il peut aussiparaître plus léger,
et le choix
qui
va en rendre comptepourrait
être celui del’objet jugé
leplus
lourd ou au contraire leplus léger; parmi
deuxobjets,
il y en a unqui
ressembleplus
à un troisième mais il y en a un aussiqui
lui estplus dissemblable,
et ce ne sont pastoujours
des raisonsprofondes qui
font de-mander au
sujet
de choisir leplus
semblableplutôt
que leplus
dissemblable.Implicitement,
on suppose que les deux types deréponses
sontéquivalentes
en sollicitant indifféremment l’une ou l’autre. Il y a aussi ce que l’on
préfère
et ce que l’onrejette,
ce pourquoi
on a leplus
d’aversion. Les deux choix sontparfois
sollicités mais sont rarement confrontés par une ana-lyse
raisonnée.* L’auteur tient à la
disposition
du lecteurintéressé,
un textedéveloppant
les démonstrations des résultats
présentés
dans cet article.**
**
Laboratoire de
Psychologie
de la Culture(Equipe
de Recherche de l’Univer- sité de ParisX,
associée auC.N.R.S.),
Centre UniversitaireSaint-Charles,
162 rue
Saint-Charles,
75740 PARIS CEDEX 15.Si une relation R décrit des choix binaires
exprimés
selon unpôle
com-paratif,
sa relationréciproque Rr
définie parxRry lorsque yRx,
peut décri-re les choix relatifs à l’autre
pôle.
Demême,
siP(x,y)
est laprobabilité qu’a
unsujet
de choisir x contre y selon unpôle,
on peut supposer quePr(x,y) = P(y,x)
est laprobabilité qu’a
ce mêmesujet
de choisir x selonl’autre pôle~
L’existence de deuxpôles
decomparaison
ne pose pas de pro- blèmeici,
tant que lapolarité
de laréponse
ne constitue pas un termespé- cifique
du modèledescriptif
des choix.C’est cette
conception
de laréponse comparative qui guidera
ici l’a-nalyse
du choix d’unobjet parmi plusieurs. L’approche
relationnelle ne suf- fisantplus,
elle laissera le pas à uneperspective probabiliste qui
rendcompte du choix de
chaque
élément d’un ensemble par une loi deprobabilité
sur cet ensemble. Si de telles situations ont fait très tôt
l’objet
d’in-vestigations empiriques (dès 1876,
Fechner demande dedésigner parmi
dixrectangles
deproportions variables,
la formepréférée
et la moinsaimée),
ce n’est
qu’en
1959 que Luce[31
propose avec l’axiome dechoix,
une théo-rie cohérente des
probabilités
de choix dans des ensemblesqui
contiennentgénéralement plus
de deuxobjets.
Laquestion
dupôle
de laréponse
se trou-ve d’ailleurs immédiatement
évoquée
par la confrontation de deuxsystèmes
de
probabilités
de choixqui correspondraient
à chacun despôles.
Maisl’ap- proche
quesuggère
Luce n’aboutitqu’à
unparadoxe (voir
parexemple
le théo-rème
d’impossibilité
de Luce etSuppes [51),
et il faut attendre la contri- bution deMarley
en pour que certainesambiguïtés
soient levées.La
pertinence
del’analyse développée
ici devra sans doute être res-treinte au cas où
chaque pôle
inverse ne donne pas lieu à un processusspé- cifique
decomparaison
et d’élaboration du choix. Certains travaux récentscomme ceux de
Tversky [101
en1977, soulignent
d’ailleursqu’il
n’en va pastoujours ainsi,
comme il ressort de lacomparaison
de certainesréponses
desimilitude et de dissemblance.
A
partir
d’unsystème
deprobabilités
dechoix,
on chercheraquel
autresystème
deprobabilités
de choix sur le même ensemble et fonction dupremier, pourrait
être associé à desréponses
selon unpôle opposé.
La notion centra-le sera celle de renversement
qui
confère un rôlesymétrique
aux deuxpôles
de
comparaison.
Le cas dessystèmes qui
vérifient l’axiome de choix de Lucesera tout
particulièrement examiné,
donnant lieu àquelques
résultats inté-qui précisent
ougénéralisent
des résultatsdéjà
connus.2. NOTIONS PRELIMINAIRES
DEFINITION 1 Soit U un ensemble et l’ensemble des
parties
finies nonvides de U. On dit que P =
{PE /
est unsystème
de choix sur Usi,
pour tout E dans
~(U), PE est
une fonction de E à valeurs réelles dans l’in- tervalle[o,l],
telle quePE(x)
peut êtreinterprété
comme uneprobabilité
de choisir x dans E.Si F est un sous-ensemble de E, la
probabilité PE(F)
de choisir dans E un é-lément de
F,
devra alors être définie parSi E est réduit à deux
éléments, Pr i(x)
seraplutôt
notéP(x,y).
On diraque c’est la
probabilité
de choisir x contre y. En convenant deplus P(x,x) = 1/2,
on note que :Yyeu; P(x,y)
+P(y,x) =
1.P décrit un ensemble de
réponses
ou de choixpotentiels
d’unsujet
con-fronté à divers ensembles
d’objets
inclus dans un même univers U. Si l’ons’intéresse à un autre ensemble de
réponses exprimées
selon unpôle
inversedu
précédent,
on devra naturellements’interroger
sur lescaractéristiques
que
pourrait posséder
unsystème
de choix sur U les décrivant. Uneproprié-
té minimale d’un tel
système Q
serait que,quels
que soient x et y dansU,
Q(x,y) = P(y,x).
Unexemple
va montrer que cela ne suffit pas.Si P est un
système
de choix sur U et siIEI
dénote le nombre d’élé-ments d’un ensemble fini E, on peut définir de la
façon
suivante lesystème
de choix
EE~(U)} :
autrement :
VxcE; ( 1 - 1). (3)
Pr
est bien unsystème
de choix sur v(il
vérifie(1)).
Deplus Pr(x,y) =
P(y,x),
et mêmeEn ce sens,
Pr pourrait
être unsystème
de choix inverse de P. Mais si lesdeux types de
réponses
décrites par P et parPr
sontinterprétées
defaçon symétrique,
aucunen’ayant
de statutprivilégié,
on doit aussi s’attendre àce que le
système
de choix inverse dePr
soit P. Or, si l’inverse(Pr)r
estdéfini de la même
façon
que l’inversePr de
P, par( 1 - 1 ) lorsque
E contient au moins deuxéléments,
on vérifie-rait
aisément,
en substituant àP
sa valeur en fonctionde P,
que(Pr)r
estidentique
à P à une seule condition :P E(x) = IllE 1, quels
que soient E et xdans
E,
c’est-à-direPE(x) = PE(y), quels
que soient x et y dans E. C’est ceque l’on
appelera
lesystème
des choixindifférenciés sur U,
I =défini par
Les
applications
successives de la transformation de P enPr
font aus-si en un certain sens, converger P vers
I, quel
que soit lesystème
de choixde
départ :
si l’on notef(P) = {f(P)E / EeW(U))
lesystème
de choixpr,
lestransformations successives de P forment une
suite (fn(P))
nEiNde systèmes
de
choix,
définis parf 0(P) =
P et et l’on pourra véri-fier que :
quels
que soient E dansO(U)
et x dans E.D’ailleurs,
à mesure que E contientplus d’éléments, Pr E (x)
tend vers1/)E),
si l’on note queCes
quelques
remarques à propos d’une transformation deP, suggèrent quelles propriétés
devrait satisfaire unsystème
de choix inversé. Dans l’errsemble des
systèmes
de choixsur U, l’analyse
est restreinte d’emblée à unecertaine classe P de
systèmes
dechoix, généralement
définis par desproprio-
tés autres que celles
qu’impose
l’existence d’un renversement(par exemple
les
systèmes
de choixqui
vérifient l’axiome de choix deLuce).
Cette res-triction peut se
justifier
de la mêmefaçon
que l’onimpose
au renversementd’un renversement d’être le
système
de choix initial. Si aucun des deux ty- pes deréponses
inverses décrites par P etQ,
n’a de statutspécifique,
unepropriété supposée
vraie pour P doit rester vraie pourQ.
Un renversement sera alors défini comme uneapplication qui
à toutsystème
de choix de Pfait
correspondre
unsystème
de choix deP,
etpossède
les deuxpropriétés évoquées précédemment :
DEFINITION 2 Si P est un ensemble de
systèmes
de choix surU,
on dit quel’application
f de P dans lui-même est un renversement pourP,
si f est une involution :telle que
3. UN PREMIER RENVERSEMENT POUR LES SYSTEMES DE CHOIX NON-DEGENERES
A tout
système
de choix P surU,
on va associer unsystème
dechoix V
telque
quels
que soient les éléments x et y d’unepartie
finie E de U. On aura même défini là un renversement pour une classeassez
large
desystèmes
de choix.Toute
partie
finiede U, E, peut
êtrepartitionnée
en deux classes :et
Si
E P+
= E(ou E° = $) , c’est-à-dire
sichaque PE(y)
est strictementpositif,
on dira que E est P-incertain.
DEFINITION 3 Si P est un
système
de choixsur U, P = (Ô E /
est dé-f ini de la
façon
suivante :si E est
P-incertain,
sinon
P
est biendéfini, quel
que soit lesystème
de choix P. Le théorèmequi
suitmontre même que c’est un
système
de choix.THEOREME 1 Pour tout
système
de choix Psur U, P
est unsystème
de choixsur
U, tel
queet
Preuve On note tout d’abord que 0 1. Par
ailleurs,
si E est P-in-certain,
on déduit aisément de(9), ~ ~~) ~
1.Autrement,
en supposant cexeE E
résultat par récurrence sur le nombre d’éléments de
E,
on obtient de la mêmefaçon :
ce
qui
montreque P
est unsystème
de choix.Notons que,
lorsque EPo
n’est pasvide, P E (x) -
0ou ?~E(x) = 0,
c’est-à-dire
VxeE;
,Autrement,
E est P-incertain etqui
nedépend
pas de x et montre doncl’égalité (11).
Enparticulier,
siE =
{x,y},
donc
~ ~ ~ . z
P
étanttoujours
unsystème
dechoix,
il en est de même de P. MaisP peut
être distinct de P. Il reste àpréciser
dansquels
cas l’identité se réalise.DEFINITION 4 On dit
qu’un système
de choix P sur U estnon-dégénéré lorsque
é-
.. , , ,
Avant de montrer
que P
estidentique
à P seulementlorsque
P estnon-dégéné- ré,
il peut être utile de donnerquelques exemples
de telssystèmes
de choix.La
propriété
laplus générale qui
ne fait pas intervenir la définitionde V
est sans doute celle de stabilité :
DEFINITION 5 On dit
qu’un système
de choix P est stablesi, quel
que soit Edans ~ (U) ,
LEMME 1 Tout
système
de choix stable estnon-dégénéré.
Preuve Si E est
P-incertain,
Eest
aussiP-incertain
etE =0~
cequi
rendl’égalité (12)
triviale.Autrement, d’après (10).
Si P eststable,
on en déduit ainsi
Enfin,
si xappartient
àUn
système
de choix stable se caractérise d’ailleurs par le fait quel’adjonction
à un ensemble d’un élémentqui
nesera jamais
choisi dans cetensemble,
laisserainchangées
lesprobabilités
de choix initiales :LEMME 2 P est un
système
de choix stable si et seulement siPreuve Notons tout d’abord que
(14)
estéquivalente
àOr,
si P est stable et siP E(x) = 0,
Parconséquent,
si y appar-P+ E
tient à
E ,
Sinon = o.Réciproquement,
si P vérifie(14)
et si on peuttoujours
écri-On vérifiera alors de
proche
enproche
surk,
queet donc
Pour k = n, on
parvient
ainsi àEn
particulier,
0.En substituant alors F à E et
x. à yk
dans le raisonnementprécédent,
on ob-J tiendrait
La
plupart
dessystèmes
de choix étudiés defaçon systématique,
sontstables. En
particulier,
si toutes lesparties
finies non vides de U sont P-incertaines,
P est stable!’Lessystèmes
de choixréguliers
définis par Luce etSuppes [51 puis
parMarley [61
sont stables aussi. Lapropriété qui
lescaractérise peut d’ailleurs sembler assez naturelle : .
DEFINITION 6 On dit
qu’un système
de choix P estrégulier si, quel
que soit E dans~(U),
F inclus dans E et x appartenant àF,
LEMME 3 Tout
système
de choixrégulier
est stable donc nondégénéré.
Preuve
Si P estrégulier
et siEP+CFCE,
il suffira de montrer que,quel
que soit x dansEP+, P F (x) - P E (x) ,
et de la mêmefaçon, P E p+(x) - P E (x) .
Revenons à
présent
auxsystèmes
de choixnon-dégénérés
et à la trans-formation P
de P : .z
LEMME 4
P =
P si et seulement si P est unsystème
de choixnon-dégénéré.
Preuve
Si P
= P et on peut se restreindre au cas OùE Po e 0.
On sait alorsd’après (10)
quec’est-à-dire
ce
qui
montre que P estnon-dégénéré.
Réciproquement,
si P estnon-dégénéré
et si E estP-incertain,
E estaussi P-incertain. En
appliquant
alors directement la définition(9)
auxdeux
transformations,
deP en P
et de P enP,
on vérifiera aisément l’iden- tité derE
et deP-.
Si par contre
EPo
n’est pasvide,
on pourra vérifier par récurrence surle nombre d’éléments de E l’identité de
PE
et de en montrant tout d’a- bord :’
puis,
LEMME 5 Si P est un
système
de choixnon-dégénéré, P
est unsystème
dechoix
non-dégénéré.
Preuve
Par définition deV,
Mais,
siP
estnon-dégénéré,
donc etTHEOREME 2 f définie sur l’ensemble des
systèmes
de choix parf(P) =Pest
un
renversement pour l’ensemble dessystèmes
de ch oixnon-dégénérés
et nepeut être un renversement que pour un ensemble de
systèmes non-dégénérés.
Preuve Théorème
1,
Lemmes 4 et 5.4. APPLICATION AUX SYSTEMES DE CHOIX DE LUCE
Le théorème 2 n’assure pas que la transformation de P
en P
soit un renverse- ment pour tout ensemble P de choixnon-dégénérés : quel
que soit P dansP,
~z .
~ .
P = P, mais P, bien que
non-dégénéré,
peut fort bien ne pasappartenir
àP,
comme le montreront
quelques contre-exemples.
On vérifieracependant que
constitue un renversement pour certains ensembles de
systèmes qui
vérifientl’axiome de choix de Luce.
DEFINITION 7
(Luce [31, 1959)
On ditqu’un système
de choix P sur U est unsystème
de choix de Luce s’il vérifie les deux conditions(i)
et(ii)
sous :
(ii)
s’il existe deux éléments deE,
x et y, tels queP(x,y) = 0, alors
On vérifiera d’ailleurs que tout
système
de choixrégulier
satisfaitaussi la condition
(ii).
C’est cette définition que Luce[31 envisage
dansson texte
original
Individual choice behavior. Plus tard(voir
notammentLuce & Galanter
[41,
Luce &Suppes [51),
l’axiome de choix est défini parVFcE; VxeF;
Si toutes les
parties
de U ne sont pasP-incertaines,
ces deux définitionsne sont pas
équivalentes.
Dans le second cas, onparlera plutôt
desystème
de Luce absorbant.
DEFINITION 8 On dit que P est un
système
de choix de Luceabsorbant,
lors-que,
quels
que soient E dans~(U),
F inclus dans E et x appartenant àF,
La
propriété (19)
est en fait la même que lapropriété (18)
car, siPE (F) = 0,
pour tout élément x de
F, PE (x) -
0.Une
propriété
assezsimple
permet dedistinguer
lessystèmes
de Luceabsorbants des
systèmes
de choix de Luce :LEMME 6 P est un
système
de Luce absorbant si et seulement si c’est un sys- tème de choix de Luce tel quePreuve
Gonzalez[21,
lemme 3.Une des
questions
relatives auxsystèmes
dechoix,
examinequelles
pro-priétés
permettent de construire une fonction réelle deU, qui
constitueraitune échelle pour les
objets compares,
dont rendrait compte P.L’analyse
déve-loppée
par Luce[31 répond
à cetobjectif.
Il s’avèrecependant qu’une
clas-se
plus large
que celle dessystèmes
de choix deLuce,
estcompatible
avecl’existence
d’une échelle du typeenvisagé
par Luce : lessystèmes
de choixR.I.C.
(Gonzalez [21).
Définissons
d’abord,
pour toutepartie
finie E de U :DEFINITION 9 On dit
qu’un système
de choix P sur U est unsystème
aux rap- ports de choix incertains constants, ouplus brièvement,
que P est un sys- tème de choixR.I.C., s’il
vérifie les deuxpropriétés (A)
et(B)
ci-dessous:Notons
qu’en
cequi
concerne cette dernièrepropriété, lorsque
x et y appar- tiennent à ilsappartiennent aussi
àFP. D’après (A), ( B )
se ramènetiennent à E
nF,
ilsappartiennent
aussi à F .D’après (A), (B)
se ramène ainsi à°
LEMME 7 P est un
système
de choix de Luce si et seulement si c’est un sys- tème de choix R.I.C. tel quePreuve Gonzalez
C 2 ~,
lemme 11.LEMME 8 P est un
système
de choix R.I.C. si et seulements’il
vérifie lestrois
propriétés
suivantes :Nota
La propriété (c) n’est
autre que la condition(i)
de l’axiome de choixde Luèe.
Preuve Si P est un
système
de choixR.I.C.,
il vérifie(a)
par définition.Si par ailleurs E =
E , FcE,
et x et y sont dansF,
on ad’après (B) :
et en sommant sur y :
qui n’est
autre que(c).
P>
Mais
toujours d’après (B) ,
avec F =Par
conséquent,
c’est-à-dire
"
qui
n’est autre que(b),
sachant queRéciproquement,
si P vérifie(a), (b)
et(c),
on montre que P vérifie aussi(B).
On pourra vérifier(Gonzalez [2 ],
lemme5)
que la condition(i)
de l’a- xiome de choix estéquivalente
à :Soient alors
FcE,
x et y deux éléments deE P> nF.
Commeou,
d’après (a)
et(b),
Mais
aussi,
et etd’après (a) :
qui
se ramène commeprécédemment
àEn
multipliant
les termes degauche
et de droite de(25)
et(26),
et en no-tant que est strictement
positif,
on obtiendrait ainsice
qui
montre que P est unsystème
de choix R.I.C.LEMME 9
Si
P est unsystème
de choixR.I.C.,
P est nondégénéré, c’est-à-
dire,
Preuve
Si P est unsystème
de choixR.I.C.,
on montrera d’abord par récur-rence sur le nombre
d’éléments
de E queSoit alors Si E =
E P+ ,E Po est vide par construction
deV.
Pour montrer que P est non
dégénéré,
on peut donc se restreindre au cas oùE P+
est distinct de E,auquel
cas,d’après (27)
et lespropriétés (a)
et(b)
du lemme 8 :
Mais,
sice
qui signifie
que P est nondégénéré.
COROLLAIRE Un
système
de choix de Luce(absorbant)
est nondégénéré.
Notons ici
qu’un système
de choix R.I.C.peut
ne pas être stable. On montrerait par contre aisémentqu’un système
de choix de Luce est stable.Parmi
lessystèmes
de choix considérésjusqu’à présent, stables, régu- liers, R.I.C.,
deLuce,
etc.,P n’est pratiquement
un renversement que pour lessystèmes
de Luce absorbants. Unsimple exemple
montre que la transforma- tion de P enP n’est
un renversement ni pour les choixstables,
ni pour les choixréguliers,
ni pour les choixR.I.C.,
ni pour les choix de Luce. Soiten effet U =
{a,b,c}
et P lesystème
de choix sur U défini par le tableau I.Tableau I Transf ormation de P
en P
avec 08
a 1- -
Chaque ligne figure
un élément de4l(U) (les
éléments de E sontreprésentés
par les cases non
hachurées).
Danschaque
case, laprobabilité
de choix del’élément
en colonne dansl’ensemble
enligne,
estreportée.
Onpeut
véri- fier que P est unsystème
de choixrégulier (donc
stable et nondégénéré)
etaussi un
système
de choix de Luce(donc R.I.C.).
On notecependant
que :- P n’est
pas stable : en~ ef f et0,
et comme{a, c},
.
c’est-à-dire S x
0(cf.
lemme2).
- P
n’est pasrégulier (cf.
lemme3). On
noted’ailleurs
>P(a,c).
N
"2013’ " "e c7
-
P
n’est pas uns Y stème
R.I.C. car et-
P n’est
donc pas unsystème
de choix de Luce(cf.
lemme7).
z
On pourra par contre vérifier que
P
est nondégénéré et P =
P. -On va à
présent préciser
pourquels
ensembles desystèmes
de choixRLC, ou de Luce, la transformation de P en
P
est un renversement. Larépon-
se est assez
simple
en cequi
concerne lessystèmes
de choix de Luce :P
n’induit un renversement que pour les
systèmes
de Luce absorbants.Considérons d’abord une
propriété
commune auxsystèmes
de choix R.I.C.et de Luce : la condition
(i)
de l’axiome de choix :THEOREME 3
Si
P vérifie la condition(i)
de l’axiome de choix de Luce, ilen va de même pour
P.
P> P>
Preuve
Soit E =EP’.
CommeP(y,x),
on en déduit E =EP’.
Si P vé-rifie la condition
(i)
de l’axiome dechoix,
onpourrait
alors vérifier que E =EP+ (Gonzalez C 2 J,
lemme4)
et donc E =E~+ (cf.
déf. .(9)
de~ P).
Soientalors FcE et xEF. On note que :
Or, d’après
la condition(i)
de l’axiome de Luce :Ainsi :
ou encore
LEMME 10
Quel
que soitle’système
de choix P surU,
Le lecteur démontrera aisément ce résultat par récurrence.
Lorsque E F+
est distinct de E enparticulier,
on vérifiera le résultat pour E en le suppo- sant pourEP°.
P
partage cette dernièrepropriété
avec lessystèmes
de choix R.I.C.(lemme 8).
Deplus,
si P estun système R.I.C.,
Pet Ô
vérifient lacondi-’
tion
(i)
de l’axiome de choix de Luce. Dans cesconditions
est aussi unsystème
de choix R.I.C. siE P+ =E P> (lemme 8). Quelle propriété
de Pimplique
ce résultat? Pour
répondre
à cettequestion,
on doit définir une nouvelleclasse de
systèmes
R.I.C.On dira tout d’abord que
P(x,y)
est certain siP(x,y) =
0 ouP(x,y)
= 1(un
élément est choisi contre l’autre aveccertitude).
DEFINITION 10 On dit
qu’un système
de choixR.I.C.,
P, est unsystème.
R.I.C. absorbant
lorsque
P(x,y) -
1P(x,z)
ouP(y,z)
estcertain). (28)
THEOREME 4 > La ,.- transformation -- -.-..---...--; de P -
en P
est un renversement pourl’ensemble
des
systèmes
R.I.C. absorbants.Preuve Si P est un
système
R.LC.absorbant,
P est nondégénéré (lemme 9)
doncP = P
z(lemme 4).
Deplus (théor. 1), P(x,y) = P(y,x).
Il reste donc à mon-trer
que P
est aussi unsystème
R.I.C. absorbant.Or,
P vérifiant(28),
ilen va de même pour
Y.
Deplus, r
vérifie la condition(i)
de l’axiome dechoix de Luce
(théor. 3)
ainsi que lapropriété (b)
du lemme 8d’après
lelemme
précédent.
Avec le lemme8,
il reste donc à montrer queEP+ =
Lelecteur vérifiera ce résultat par récurrence sur l’ordre de
E,
en se ser-vant de la définition
de V
et de lapropriété (28).
On a vu
qu’un système
de Luce absorbant est unsystème
de Luce(lemme 6),
donc R.I.C.(lemme 7) qui,
en tantqu’il
vérifie(20),
vérifie(28).
Par
conséquent,
unsystème
de Luce absorbant est uns stème
R.I.C. absorbant.Ainsi, lorsque
P est unsystème
de Luceabsorbant, P
est unsystème
R.I.C.absorbant.
Mais,
en tant quesystème
de Luce(lemme 7) : (P(x,y) = !
1 &P(y,z) = 1 )
>P(x,z) =
1.Par
conséquent,
sachant queP(x,y) = P(y,x) :
ce
qui
montre(lemme 7)
queP
est aussi unsystème
de Luce.Enfin, P
est unsystème
de Luce absorbant car laconjonction
de(28)
et de(29)
pourP,
im-plique (20)
pourP.
En conclusion :’
THEOREME 5 La transformation de P
en r
est un renversement pour lessystè-
mes de Luce absorbants.
Le théorème suivant établit
qu’en
cequi
concerne lessystèmes
dechoix R.I.C.
(resp.
deLuce), P
ne peut déterminer de renversement que pour dessystèmes
de choix R.I.C.(resp.
deLuce)
absorbants :THEOREME 6
Si
P est unsystème
de choix R.I.C.(resp.
deLuce), P
est unsystème
R.I.C.(resp.
deLuce)
si et seulement si P est unsystème
de choixR.I.C.
(resp.
deLuce)
absorbant.Preuve Les théorèmes 4 et 5 montrent que cette condition est suffisante.
Réciproquement,
siP
est unsystème R.I.C., P(x,y) =
1 et E ={x,y,z},
supposons que P ne vérifie pas
(28),
c’est-à-dire 0P(x,z)
1 et0
P(y,z)
1. Alors 0P (x, z)
1 et 0P (y, z) 1, auquel
casP E (z)
etP E (z)
seraient strictementpositifs,
cequi
contredit la définition deP
et montre que P est unsystème
R.I.C. absorbant.Si de
plus
P est unsystème
de Luce, en tant quesystème
R.I.C.absorbant,
P est aussi un
système
de Luce absorbant. 1Le tableau II décrit un
système
de Luce absorbant sur U ={a,b,c}.
Onpourra vérifier que
P
est aussi unsystème
de Luce absorbant et que P =~.
Tableau II Transformation en
P
dusystème
de Luceabsorbant P sur
{a,b,c} (0 _ 1)
Montrons enfin que la transformation de P en
P
estl’unique
renverse-ment des
systèmes
R.I.C.(resp.
deLuce)
absorbants :THEOREME 7
Si
P est unsystème
de choix R.I.C. absorbant et siQ
est un sys-tème de choix R.I.C. tel que
Q(x,y) = P(y,x), quels
que soient xet
y dansU,
Q=P.
°Preuve,
Si P est unsystème
de choixR.I.C.,
on pourra montrer(Gonzalez [2],
lemme
12)
queSi P est un
système
de choix R.I.C.absorbant, P
etQ
sont dessystèmes
dechoix R.I.C. tels que
Q(x,y) = quels
que soient x et y. Par consé-P 0
P+0+
,quent
E = EQ , et
comme deplus E = E ,
on en déduit immédiatement avec(30)
l’identitéde ~
et deQ.
5. CONSTRUCTION D’UN RENVERSEMENT POUR LES ENSEMBLES DE SYSTEMES DE CHOIX R.I.C. ET DE LUCE
La difficulté essentielle que
présente
la construction d’un renversement pour un ensemblespécifié
desystèmes
dechoix,
réside dans la coexistencepossible
de choix certains et incertains.Beaucoup
de travaux éludent cette difficulté en écartant d’emblée une telle éventualité. Par làmême,
la per- tinence du proposrisque
fort d’être restreinte à une classe bienparticu-
lière de
réponses comparatives
oud’objets comparés.
Pour fixer la
terminologie,
on diraqu’un système
de choix P sur U estpartout incertain
lorsque
xEE; PE (x)
> 0.Autrement,
on dira que Pn’est
que localement incertain. Lessystèmes
dechoix de Luce et
1 généralement, ’tous les systèmes
P tels que P>=
choix d e Luce et
plus g é n é r a le m ent,
tous 1 essystèmes
P tels que EP’ - E ,
P+sont partout incertains si leurs
probabilités
de choix binaires ne s’annu- lentjamais, c’est-à-dire lorsque
0P(x,y) 1, quels
que soient x et y.Dans ce cas, la distinction entre
systèmes
de choixR.I.C.,
de Luce et deLuce
absorbants,
n’aplus
de sens, chacun de cessystèmes
étant alors unsystème
de Luce(absorbant).
A la différence de
P,
la nouvelle transformationP
de P que l’on vaproposer, n’est définie que pour certains
systèmes
de choix. Elle est toute-fois
identique à ’1’5
sur certains ensembles danslesquels
lesprobabilités
dechoix ne
s’annulent
pas.On montrera ici que la transformation de P en P définit un renverse- ment sur
l’ensemble
dessystèmes
de choix R.I.C. et sur celui des choix de Luce.Après
avoirrappelé quelques
résultats relatifs à lareprésentation
des éléments de U sur une échelle de
rapports
strictementpositive v p
déri-vée de
P,
on montrera enfin quel’échelle
v-
dérivée de Pn’est
autre queà une constante
multiplicative près.
P
A, ..d d P+ Po P>
Après
avoir considéré dansE, E , E
etE
pour unsystème
’h .de choix Pdonné,
on définit àprésent :
E PI = {xEE / 3yEE; P(x,y)
=1}.
Si
Q
est unsystème
de choix tel queQ(x,y) = P(y,x), quels
que soient x et y, on pourra noter queEP1 - E-E Q>
LEMME 11 Pour tout
système
de choix P surU,
PI P> PI PI Preuv-e Par
définition,
. Soit alors x un élément dePreuve Par
définition, (E-E )
c:E-E . Soit alors x un élément de E-ESi y
appartient
àE-E Pl ,P(y,x) 1,
doncP(x,y)
>0,
cequi
montre que xappartient
a et donc l’identité de et deappartient
à(E-E )
, et donc l’identité de E-E et de(E-E )
.DEFINITION 11 Si P est un
système
de choixsur U,
on ditqu’un m+l-uple d’éléments
de U est unP-cycle lorsque
U J m 2013201320132013
et
S’il existe un
P-cycle,
on dit que P estgrossièrement cyclique.
LEMME 12
Quel
que soit E dans~(U), E
est strictement inclus dans E si et seulement si Pn’est
pasgrossièrement cyclique.
Preuve laissée au lecteur. Il sera
plus simple
de montrerqu’il
existe Etel que E =
EPl
si et seulement si P estgrossièrement cyclique.
DEFINITION 12 Soit P un
système
de choixsur U,
tel que :(b)
P n’est pasgrossièrement cyclique.
On définit
P
=lP / Ee4l(U)1
de lafaçon
suivante :Notons tout d’abord que
P
est bien défini : comme P n’est pasgrossiè-
rement
cyclique, E-EP1 n’est
pas vide(lemme 12)
etP pi
est donc défini.De
plus, (E-EP1)P> - E-EPI,
etd’après
la condition(a), quel
que soit y dansE-EPI,
0. On peutd’ailleurs envisager
une définitionéqui-
- P> PI
valente de P : : si E =
EP1
estvide,
et dans ce cas :c’ es t-à-d ire
Autrement,
si x est dans etTHEOREME 8 P est un
système
de choix tel queet, si