A NNALES DE L ’I. H. P.
A NDRÉ R OT
Sur les équations de base de la Mécanique ondulatoire non relativiste
Annales de l’I. H. P., tome 16, n
o4 (1960), p. 235-287
<http://www.numdam.org/item?id=AIHP_1960__16_4_235_0>
© Gauthier-Villars, 1960, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Annales de l’I. H. P. » implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (http://www.numdam.org/conditions).
Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit conte- nir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques
http://www.numdam.org/
Sur les équations de base
de la Mécanique ondulatoire
nonrelativiste
par
André ROT.
INTRODUCTION.
,
Ce travail trouve son
origine
dans la tentativedéveloppée depuis quelques
années par M. Louis deBroglie
en vue de réaliser lasynthèse
des notions d’onde et de
corpuscule,
notions quel’interprétation
usuellede la
Mécanique
ondulatoire ne fait quejuxtaposer
par l’intermédiaire de lacomplémentarité.
On sait que M. Louis deBroglie
aproposé
dereprésenter
lescorpuscules
par une ondepossédant.ùne région singulière,
ou à la limite une
singularité
dutype pôle, représentant
lecorpuscule
au sens
strict,
le mouvement de cettesingularité
étant déterminé par la formule duguidage [4].
Cette formule a été établie par M. Louis deBroglie
sous des conditions assezparticulières ;
elle conduit à des ambi-guïtés lorsqu’on
veutl’appliquer
à l’étude du mouvement relatif parexemple
et nous avionsentrepris
de lui donner la forme laplus générale possible.
D’autre
part,
M. Louis deBroglie
suppose que l’ondesingulière
dontnous venons de
parler
est soumise à uneéquation
non linéaire dont la forme nous est encore inconnueaujourd’hui.
Nous avons donc voulunous rendre compte dans
quelles
limitesl’équation
deSchrôdinger
peutêtre modifiée ou
complétée.
Or les raisonnementsqui
conduisent à formuler cetteéquation
sont loin d’être sansambiguïté :
le raisonnement suivi par M.Schrôdinger,
etqui
n’a pas à notre connaisance étécomplété
depuis
defaçon essentielle,
conduit enfait,
comme nous le montrons auchapitre I,
à toute une gammed’équations
de nature fortdifférente,
gamme
parmi laquelle l’équation
usuelle ne sedistingue
que par sasimplicité.
Nous avons donc cherché à formuler une déduction à la foisplus rigoureuse
etplus générale
deséquations
d’onde. Deux Idées direc- trices nous ont servi dans cette recherche.La
première
remonte àHamilton ;
elle consiste à voir dans lesprin- cipes
variationnels de ladynamique l’analogue
d’unprincipe
de Fermât.Mais pour obtenir la formulation
générale
que nous désirions il nousfallait
partir
directement duprincipe
d’Hamilton et non pas de celui deMaupertuis
comme on le faitgénéralement;
c’est la seulefaçon
d’éviterpar
exemple
l’introduction aposteriori
des forces d’inertie dansl’équa-
tion
d’onde,
introductionqui
n’a pu être menée à bienjusqu’ici.
La seconde idée résulte des travaux de M. Hadamard sur la Théorie des
bicaractéristiques
deséquations
aux dérivéespartielles
du secondordre en liaison avec la
propagation
des ondes. Cette théorie adéjà
étélargement
utilisée en relativité enparticulier
par MM. G. Darmois et Lichnérowicz pour établir leséquations
du mouvement, et M. Louis deBroglie
a lui-mêmesignalé
l’étroiteparenté qui
lui lie la formule duguidage. Après
avoirrappelé
lesprincipes
de la théorie des bicaracté-ristiques
et montré que leurséquations peuvent
se ramener canoni-quement à
unprincipe variationnel,
nous avonsappliqué
ce résultat àl’optique.
Contrairement à cequi
est fait d’habitude où on montre quel’optique géométrique
est uneapproximation
del’optique physique,
nousmontrons
qu’il
estpossible
de déduire duprincipe
deFermât,
non pasune mais toute une famille
d’équations
d’onde. Il nous restait à trans-poser cette méthode du
principe
de Fermât auprincipe
d’Hamilton.Pour
cela il nous a fallu d’abord modifier ceprincipe
pour lui donnerune forme
plus homogène,
cequi
conduit à retrouver un casparticulier
d’un théorème dû à NI.
Eisenhart,
et à donner uneinterprétation lnéca-
nique
etgéométrique
des nouvellesquantités
introduites. Tous cesrésultats font
l’objet
duchapitre
II.Le
chapitre
III est consacré àl’équation
d’onde. Nous avons d’aborddonné
l’expression générale
de la famille de ceséquations. Toutefois,
demême que le passage du
principe
de Fermat àl’optique
ondulatoire fait passer de ladescription
dansl’espace
à trois dimensions à une propaga- tion d’ondes dans un espace àquatre dimensions,
le passage duprincipe
d’Hamilton aux
équations
d’onde fait intervenir un espace àcinq
diiiien-237 sions. Pour
pouvoir interpréter
les ondesmécaniques
il nous faut donctrouver un moyen de les «
projeter »
surl’espace
et letemps.
C’est cette«
projecl,ion » qui
introduit le termeimaginaire
dansl’équation
deSchrôdinger
etqui
permet encore l’introduction de la constante de Planck. Elle nous fournit la forme laplus générale
del’équation d’onde,
forme
qui
n’avaitjamais
été donnée à notre connaissance. La fin de cechapitre
est consacrée à lagénéralisation
de la formule duguidage
et àla discussion du rôle
joué
par les transformations dejauge
dans la théoriede M. Louis de
Broglie.
Enfin le
chapitre
IV est consacré à l’examen de diversespossibilités qui
sont contenues dans laMécanique
ondulatoire non relativiste etqui passaient
pour êtrel’apanage
des théories relativistes : c’est le cas duspin
et del’espace isotopique.
Avant de
développer
cesquelques résultats,
nous voudrionsexprimer
à M. Louis de
Broglie
notreprofonde gratitude
pour l’intérêtqu’il
a bienvoulu
témoigner
à ce travail et pour les nombreuses remarquesqu’il
nous a
prodiguées
à cesujet.
CHAPI TRE I.
L’ÉQUATION
D’ONDE DESCHRÔDINGER.
I. . Introduction. - L’idée fondamentale
qui
a donné naissance à laMécanique
ondulatoire estqu’il y
a lieu d’associer à la matière unphéno-
mène
étendu,
tout comme la théorie du rayonnernent et del’enetphoto- électrique
conduit à associer aux ondes lumineuses un «corpuscule
delumière »; le
photon.
Pour
développer
cetteidée, M.
Louis deBroglie puis
M.Schrôdinger
se sont servis de
l’analogie
deforme, déjà signalée
au siècle dernier parHamilton, qui
existe entre leprincipe
deMaupertuis
et leprincipe
deFermât. En étudiant de ce
point
de vue le comportement par rapport àun
repère
fixe etrigide
d’unpoint
matériel(corpuscule)
soumis à unchamp
de forces extérieures dérivant d’unpotentiel indépendant
dutemps, M.
Schrôdinger
est parvenu defaçon
tout à fait satisfaisante àformuler
l’équation
d’onde gouvernant les états stationnaires. Par contre, pour aborder le casplus général
dessystèmes
non conservatifs il n’est paspossible
dereprendre
le même raisonnement en partantcette
fois deséquations générales
de ladynamique analytique,
parexemple
sousla forme que leur a
donne Jacobi,
de sorteque l’équation générale
de laMécanique
ondulatoire est obtenue defaçon
si peu satisfaisantequ’il
estpréférable
de la poser apriori
sans trop chercher à lajustifier.
M.
Schrôdinger
lui-même avait bien vu cetteambiguïté puisqu’il
propose dans le même Mémoire[14
p.i63]
deuxéquations différentes,
sespréfé-
rences n’allant à la seconde que pour des raisons de
simplicité.
Après
avoir résumé leraisonnement, aujourd’hui classique, qui
conduit à
l’équation
des ondes dans le cas despotentiels conservatifs,
nous montrerons comment la méthode suivie par M.
Schrôdinger
conduiten fait à toute une gamme
d’équations.
Dans ce travail nous nous
placerons toujours
sous leshypothèses qui
servent de base à la
mécanique classique
non relativiste.2. . L’équation de
Schrôdinger indépendante
du temps. - Considérons le mouvement d’unpoint
matériel de masse m sous l’influence d’unchamp
de forces dérivant d’unpotentiel V(M) = V(x1, x2, x3) indépen-
dant du
temps.
Nous supposerons que nousrapportons
ce mouvement àun
système
fixe de coordonnéescurvilignes
xi,x2,
xv. Ceshypothèses
peuvent paraître
très restrictives euégard
à lagrande généralité
des loisde la
dynamique;
c’estcependant
le seul cas où les raisonnements seprésentent
sous une formeparfaitement
claire.Dans ces
conditions,
le carré de l’élément delongueur
euclidiennes’exprime
sous la forme :ds? =
gij(xk)
dxidxj ( i, j, k = 1, 2, 3),de sorte que
l’énergie cinétique
T seprésente
comme une formequadra- tique homogène
descomposantes
de la vitesse : .2 T =
mgij(xk)
Nous
désignons
par unpoint
la dérivée parrapport
autemps :
et nous utilisons la convention de sommation sur les indices muets, usuelle en calcul tensoriel. Les moments
conjugués
deLagrange
sont :et la fonction de
Hamilton, qui
est, dans ce casparticulier, égale
àl’énergie,
a pourexpression :
(2.2)
2m
goïj désignant
le cofacteur de gij dans ledéveloppement
du déterminant ~~~des gij.
Si dans
(2.2)
nous posons : (2.3)pj = - ~S(xk, t) ~xf
nous obtenons
l’équation
de Jacobi enégalant
le résultat obtenu à~S ~t
H(xk, - ~S ~xi)
= I 2m gij~S ~xi
~S ~xi + V (xk) = ~S ~téquation
danslaquelle
la variable t sesépare
en posant :S t) = Et - So
(xk)
L’action de
Maupertuis
est alors déterminée parl’équation
deJacobi raccourcie :
I 2m gij ~S0 ~xi ~S0 ~xj +
V(xk) = E
ou encore, sous forme vectorielle :
(2./:)
(grad S0)2
= 2m(E - V),Cette
équation exprime
que les surfacesSo (Xli)
= constante del’espace
à trois dimensions se
déplacent
avec la vitesse[14,
p,26]
(2.5) u
= E |grad S0|
=E 2m(E - V)
elles
jouent
le rôle de surfaced’ondes,
ondes dont S(Xli, t)
serait laphase.
Ainsi se trouveprécisée
la relationpressentie
parHamilton, qui
iexiste entre la théorie de Jacobi et celle
d’Huygens.
C’est cetteanalogie qui
futexploitée
par les fondateurs de la nouvelle théorie en une induc- tion d’unegéniale simplicité : puisque l’optique géométrique
n’est.
qu’une approximation
del’optique
ondulatoire lamécanique classique
n’est elle pas
qu’une approximation
d’uneMécanique
ondulatoire ? Ils’avérait,
eneffet,
àl’époque
que laMécanique
cesse d’être valable pour lespetites trajectoires
à l’échelleatomique,
tout commel’optique géomé-
trique
estincapable
de rendrecompte
desphénomènes
de diffraction.Supposons
donc avec M.Schrôdinger
que les ondes que nous envisa- geons soientpurement sinusoïdales ;
cela revient à admettre que lagrandeur qui
se propage estproportionnelle
à :(2.6)
cos[kS(xk,
t) + Cte] ==cosA [Et - S0(xk)],en choisissant convenablement
l’origine
destemps.
Pour des raisonsd’homogénéité
la constante k doit avoir la dimension de l’inverse d’uneaction;
et larelation
desquanta
E ~== nous invite à écrire le facteur(2.6)
sous la forme :cosI [Et - S0(xk)] (h=h 203C0)
La
longueur
d’onde À est par suite donnée par la relation de M. Louis deBroglie :
03BB = u v = h 2m(E - V)
Si nous admettons encore que la
grandeur qui
se propage est denature scalaire non pourrons écrire
l’équation
depropagation
sous laforme
classique :
’039403A8 - I u2 ~203A8 ~t2
= o
A
désignant l’opérateur laplacien qui,
dans lesystème
de coordonnéesadopté ici,
a pourexpression
(2.7)
0394 = I g ~ ~xk(g gki~ ~xi)
Tenant
compte
del’hypothèse précédente
et de la relation(2.5)
ilvient :
(2.8)
2 2m
039403A8 + (E - V)03A8 = o,Telle est
l’équation
aux dérivéespartielles qui
doitremplacer
leséqua-
tions du mouvement de la
dynamique
pour l’étude desphénomènes
àtrès
petite
échelle. Elle contient enparamètre l’énergie
E et les niveauxquantifiés
de cetteénergie
sont les valeurs propres de cetteéquation
compte tenu des conditions
d’uniformité,
derégularité,
et de borne àimposer
à la fonction d’onde.3. L’équation de Schrôdinger
dépendant
du temps. --L’équation précédente n’est
valable que pour des ondes ~’purement
sinusoïdaleset
lorsque
lepotentiel
des forces estconservatif ;
c’est-à-direlorsque l’énergie
est uneintégrale première
du mouvement. Pour étendre la théorie auxsystèmes
non conservatifs il fautremplacer l’équation (2.8)
par une autre
plus générale
dont leparamètre
E aura été éliminé. Pour cela remarquons quel’hypothèse
« Wdépend
sinusoïdalement dutemps »
est,
équivalente
à(3.I) 2
~203A8 ~t2 = -E203A8
.Et c’est ici que les choses commencent à être
beaucoup
moins claires.Pour éliminer E entre
(~. ~) et (3.1),
onpeut
en effetopérer
deplusieurs
façons qui
conduisent à des résultats de nature entièrement différente.Par
exemple,
on pourraappliquer l’opérateur [2 2m
0394 - V] àl’équa-
tion
(2.8)
et obtenir :(3.2)
[2 2m0394 - V ][
2 2m039403A8 - V03A8] + 2~203A8 ~t2
= o,C’est une
équation
linéaire duquatrième
ordreanalogue
à celle dèsmilieux
élastiques.
Enparticulier
les solutions de(2.8)
sont encoresolutions de
(3.2),
ainsi que leursuperposition.
C’est cetteéquation qui
avait enpremier
lieu été considérée par àI.Schrôdinger [14,
p.1 63]
comme «
l’équation
désondes, unique
etgénérale,
àlaquelle
satisfait le scalaire dechamp
W » .’ " .
Mais on aurait pu tout aussi bien élever purement et
simplement l’équation (2.8)
au carré( au
sensalgébrique
et non au sens desopéra- teurs )
pour obtenir.
’
(3.3)
(2 2m
039403A8 - V03A8)2 = E203A82
= -203A8~203A8 ~t2 .C’est cette fois une
équation
du secondordre,
mais nonlinéaire;
elleest encore satisfaite par les solutions de
(2.8),
mais évidemmentplus
par leur
superposition.
Il est clair que l’élimination de E entre leséquations (2.8)
et(3.1) peut
s’effectuer d’une infinité defaçons, parmi lesquelles
celles que nous venonsd’indiquer
sont de loin lesplus simples.
Leséquations
obtenues peuvent être d’un ordre et d’undegré
arbitraires.
Cependant
il existe une autreméthode, proposée
par M.Schrôdinger
et universellement
adoptée depuis ;
ellepermet
d’obtenir uneéquation
du secondordre, linéaire,
doncplus simple
que(3.2)
et(3.3).
Si l’onadmet en effet que la fonction d’onde 03A8
(on
nepeut plus parler
degrandeur
au sensphysique
duterme)
est essentiellementcomplexe, l’hypothèse
selonlaquelle
le qr dessystèmes
conservatifs est sinusoïdal pourra s’écrire :03A8
proportionnel
àei [E1 - S0 (xk)]
ou, ce
qui
estéquivalent,
- i
~03A8 ~t = E
03A8.On obtient ainsi
l’équation
bien connue : :(3.4)
2 2m039403A8 - V03A8 - i~03A8 ~t
= o.4. Le choix des équations d’onde. - Il résulte de ce
qui précède
quel’équation générale qui
doitrégir
lecomportement
de la fonction d’ondeest loin d’être
univoquement déterminée,
et il semblequ’aucune
raisonne
permette
de trancher en faveur de l’une ou de l’autre des troiséquations
que nous avons écrites - ou même d’autresplus compliquées
encore.
Une condition
qui
est souventinvoquée
pourjustifier l’équation (3 . 4)
est la nécessité de retrouver
l’équation
de Jacobilorque,
dansl’équation d’onde,
on fait tendre la constante de Planck vers zéro.Or,
il est trèsfacile de vérifier que les
équations (3.2)
et(3.3)
conduisent toutesdeux à cette limite
classique (approximation
del’optique géométrique).
Il reste alors la confrontation des résultats
théoriques
avec les résultatsexpérimentaux.
Il convient tout d’abord de remarquer que,d’après
lafaçon
même dont elles ont étéobtenues,
leséquations précédentes
seréduisent toutes à
l’équation (2.8)
dans le cas dessystèmes conservatifs;
elles fourniront donc toutes trois les
mêmes
niveauxd’énergie.
D’autre
part,
lamajorité
des résultatssusceptibles
de traductionexpérimentale
repose essentiellement surl’interpréta tion qu’il
convient de donner à la fonction d’onde. A ce
sujet,
de nombreuxauteurs
invoquent
cetteinterprétation
pour déterminerl’équation
d’onde. A notre
avis,
cettequestion
ne doit intervenirqu’après
l’obtention de cette
équation
etcompte
tenujustement
despropriétés mathématiques
quel’équation impose
à ses solutions.Historiquement
d’ailleurs le
problème
de lasignification
du W s’estprésenté après l’adoption
deséquations (2.8)
et(3.4)
et lespremiers
résultats obtenusdans le calcul des niveaux
d’énergie
des atomes. Cettefaçon
deprocéder
que nous
critiquons possède
encore l’inconvénientmajeur
d’oublier les considérationsphysiques
dont est issue laMécanique ondulatoire,
à telpoint qti’il
ne semble pasqu’on
aît tenté sérieusement dejustifier
a
priori,
par un raisonnementphysique,
la nécessité d’utiliser unefonction d’onde essentiellement
complexe, jamais susceptible
dedégénérer
en unequantité
réelle.Acceptons cependant
cette base de discussion. On a souvent écrit quel’interprétation probabiliste impliquait
pour W la nécessité d’obéirà une
équation
linéaire. Si l’on admet cepoint
de vue, on ne doit pas pour autantrejeter l’équation (3.2);
le faitqu’elle permette
de définirplusieurs
densités deprobabilité qui
ne soient pas définiespositives
n’étant pas une
objection
insurmontable comme le montrel’exemple
del’équation
de Klein-Gordon et l’utilisation des «métriques
indéfinies »en théorie
quantique
deschamps. Ajoutons
encore quel’adoption
del’équation (3.2)
n’eûtpeut-être
pas conduit àl’interprétation proba-
hiliste de la
Mécanique quantique
1Mais la nécessité d’une
équation
linéaire pourqu’une
telle inter-prétation
soitpossible
ne nous semble nullement démontrée. Ne serait-ce.que parce que la théorie habituelle n’utilise pas la linéarité en définissant la densité de
probabilité par |03A8 |2,
cequi
entraîne lerejet
des axiomes du calcul desprobabilités.
La condition de norme parexemple
n’estnullement unc
conséquence
de la linéarité del’équation
deSchrôdinger,
mais bien de son
homogénéité ;
on voit instantanément que si qr estune solution de
l’équation
non linéaire(3 . 3),
il en sera de même de C03A8et la fonction d’onde pourra encore être normée.
Le seul
postulat
de la théorie orthodoxequi
semblerait devoir être abandonné par une théorie basée sur uneéquation
non linéaire serait leprincipe
dedécomposition spectrale [4,
p.33];
ceci nous ramenantà la confrontation de la théorie avec
l’expérience.
Eneffet, l’expérience
a abondamment
prouvé
que lesparticules
de lamicrophysique
sontsusceptibles
deproduire
desphénomènes
d’interférence et de diffraction.Comme la théorie des interférences lumineuses rend compte de
façon
très satisfaisante de ces
phénomènes
en admettant que la vibration résultante est lasuperposition,
parsimple addition,
des vibrationscomposantes,
on enconclut,
un peutrop rapidement peut-être,
quel’équation
des ondesqu’il
convient d’associer auxcorpuscules
doit êtreune
équation
linéaire.Cependant
cette loi decomposition
des vibrationsn’est, après
tout,peut-être
pas absolumentrigoureuse,
et une loi decomposition
dessolutions de
l’équation
des ondes .différente de la loi d’additionpermettrait
de décrire desphénomènes identiques.
Pour donner à cetteidée un
support plus
concret, raisonnons parexemple
surInexpérience
très
classique
des trousd’Young. Désignons
par Wi la fonction d’ondequ’on
obtient dans le cas où l’un des deux trous est obturé. De même 03A82sera la fonction d’onde
correspondant
au cas où c’est l’autre trouqui
est bouché.
Lorsque
les deux trous sont simultanément ouverts la fonction d’onde devra traduire lacomposition
des vibrations associées à qr i et à ~’2. Tant que nous aurons affaire à une théorie basée sur uneéquation
linéaire nous pourrons écrire que1I~’3
est une combinaison linéaire des deuxfonctions
d’onde Wi et W2. Par contre, dans le cadre d’une théorie dontl’équation
de base serait nonlinéaire,
le lienalgébrique
entre d’unepart
et qr 1 et ’If 2 d’autrepart
peut devenirextrêmement
complexe. Supposons
néammoins quel’équation
d’ondede cette théorie nous
permette
d’écrire une loi decomposition :
~(~ ~ .~
t) =~[~i(~ ~
.~ ~ W2 y~ ~, t)>>L’expression analytique
de la fonction 5 étant trèscompliquée
nouspourrons la
représenter
par une série :03A83 = a1003A81 + a003A82 + a20 + 2 ai 03A8103A82 + ....
Si les fonctions
~’~
et ~r~ oscillent relativement peu autour d’une valeur moyenne assezfaible,
et si la suite des coefficients Clpq dudéveloppement précédent
décroît suffisammentrapidement
on pourra,tout au moins en
première approximation,
ne retenir que les deuxpremiers
termes de cedéveloppement
etreprésenter
la fonction d’onde résultante03A83
par une combinaison linéaire de Wi etqr 2 :
03A83 ~ a10 03A81 + a0103A82
tout comme dans le cas où la théorie
reposerait
sur uneéquation
linéaire.Par contre cette conclusion devient entièrement
inacceptable lorsque,
dans certaines
régions
del’espace
parexemple,
l’une des deux fonctions composantes, ou les deux à lafois, prend
des valeurs trèsélevées,
detelle sorte que les
puissances supérieures
de la fonctiond’onde,
loind’être
négligeables,
deviennent au contraireprépondérantes.
Nousrejoignons
ainsi tout naturellement l’une des idéescaractéristiques
émises par M. Louis de
Broglie
pourtenter
dedévelopper
une théoriequi
procure unedescription plus complète
desparticules
en faisantnotamment intervenir leur structure interne
f ~~.
Nous reviendronsplus longuement
sur cesujet
auparagraphe
15 de ce travail. Maisprécisé-
~
_ ment au moment où diverses tentatives sont faites pour
compléter
ladescription
fournie par la théorie actuelle en cherchant notamment às’appuyer
sur deséquations
nonlinéaires,
il ne nous a pas paru inutiled’essayer
depréciser
les raisonnementsqui permettent
d’asseoir leséquations
de lamécanique
ondulatoire sur des basesplus
solides quecelles que nous venons de
rappeler.
’5. Remarques générales concernant les équations précédentes. - Les trois
équations
que nous avons écrites auparagraphe
3 constituent desgénéralisations
del’équation (2.8)
obtenue elle-même àpartir
del’équation
de Jacobi raccourcie(2.4).
Or cetteéquation
nes’applique
~
qu’à
dessystèmes
conservatifsrapportés
à des axes fixes.Or,
mêmedans ce cas
particulier, l’usage
del’équation
de Jacobi raccourcie nes’impose nullement;
il a en outre l’inconvénient de limiter le choix desconstantes du mouvement en fixant arbitrairement
l’intégrale première
de
l’énergie.
De toute
façon,
leséquations
duparagraphe 3
ne sont valables que dans unsystème
de coordonnées en translation uniforme parrapport
à« l’ensemble des étoiles
fixes » ;
c’est-à-dire encore dans le cas où la fonction deLagrange
est de la forme(xl, t, xl) = I 2mgikxixk+V(xi, t).
Or ce n’est évidemment pas là le cas
général.
Lamécanique
de Newtonnous permet en effet de
rapporter
leséquations
du mouvementà
n’importe quel système
decoordonnées,
pouvant enparticulier
dépendre
dutemps,
et aussi d’étudier le mouvement par rapportà
n’importe quel système
de référence. On est conduit dans ce casà
employer
des fonctions deLagrange qui comportent
des termesdépendant
linéairement descomposantes
de la vitesse.D’autre
part,
nous devons aussi considérer le cas où les forcesagissant
sur le
corpuscule
sont de natureélectromagnétique;
c’est-à-direqu’elles dépendent
non seulement d’unpotentiel
mais aussi d’unpotentiel
vecteur. Nous sommes encore ramenés dans ce cas à des fonctions de
Lagrange
contenant des termes linéaires parrapport
auxcomposantes
de la vitesse. On sait que dans ce cas lamécanique
ondulatoire utiliseun
procédé
aussi formel que nonjustifié qui oblige
àtoujours
passer par l’intermédiaire de coordonnées cartésiennesrectangulaires.
Pour toutes ces
raisons,
il serait souhaitable depouvoir reprendre
leraisonnement
exposé
au début du secondparagraphe
ens’appuyant
cette fois sur
l’équation
de Jacobi(non raccourcie).
Il semble malheu-reusement que cela ne soit pas
possible;
enparticulier
lagénéralisation
de la formule
(2.5)
définissant la vitesse des surfaces d’ondeprésente
de grosses difficultés. C’est pour cela que nous avons cherché à nous
appuyer sur le
principe
de Hamiltonplutôt
que surl’équation
de Jacobi.De cette
façon
nous pourrons nousplacer
d’emblée dans unsystème
de coordonnées absolument
quelconque
cequi
nouspermettra
dedévelopper
une théorie ondulatoirepossédant
le mêmedegré
degénéralité
que lamécanique classique.
CHAPITRE II.
UNE FORME DES
ÉQUATIONS
DE LADYNAMIQUE CLASSIQUE.
. 6. Les bicaractéristiques des équations aux dérivées
partielles
dusecond ordre. - Considérons une
équation
aux dérivéespartielles
dusecond ordre à une fonction inconnue
9 (Xi,
...,xn)
de n variablesindépendantes,
linéaire parrapport
aux dérivées d’ordre 2de q :
Les coefficients sont
supposés pouvoir dépendre
desvariables mais pas de la fonction inconnue ni de ses dérivées pre- mières. Ils sont en outre tels que
det ~ == o
j, est une fonction
quelconque
desvariables,
de la fonctioninconnue et éventuellement de ses dérivées
premières.
On
appelle
variétéscaractéristiques
de cetteéquation
les surfaces 03B8(x1, .... xn) = Cte,la fonction
03B8(x1,
..., vérifiantl’équation
aux dérivéespartielles
dupremier
ordre(6.2) ’ ° aik ’ ~03B8 ~03B8 = o.~ °
On sait que ces surfaces se
présentent
naturellement dans l’étude duproblème
deCauchy [7,
p.263].
Pourintégrer l’équation (6.2)
etdéterminer les fonctions 6 on forme le
système caractéristique
(6.3) dx1 a1k ~03B8 ~xk =
dx2 a2k~03B8 ~xk =...= dxn ank~03B8 ~xk
C’est un
système d’équations
différentielles dupremier
ordrequi définit
une famille de courbes
caractéristiques
del’équation (6.2)
etappelées bicaractéristiques
deInéquation (6.1).
Introduisons un
paramètre
arbitraire T endésignant
par d’r la valeurcommune des
rapports (6.3)
et cherchons lesystème
différentiel du second ordresatisfait
par lesbicaractéristiques.
On adiaprés (6.3) :
d2xl d03C42 = d d03C4(alm~03B8 ~xm) = alm~203B8 ~xm ~xn
dxn d03C4 +~03B8 ~xm
dalm d03C4.Désignons
par le cofacteur de ail dans ledéveloppement
du déter-minant des Comme
3~
.
03B4ij
étant lesymbole
habituel deKronecker,
on a :(6.~) de sorte que
D’autre
part,
en dérivant(6.2)
parrapport
à xi on obtient~ ~xi
(ail ~03B8 ~xj ~03B8 ~xl) =
~alj ~xt ~03B8 ~xi~03B8 ~xj + 2ajl ~2 03B8 ~xl ~xl
~03B8 ~xlet en résolvant
compte
tenu de(6.4)
et de(6.3) :
2
~203B8 ~xi~xn
= -
~ajl ~xi aln~03B8 ~xj = ~a/n ~xi
dxn d03C4.
’
En
reportant
cetteexpression
dans(6.5),
on obtient finalement leséquations
du second ordre cherchées :aild2xl d03C42 + dail d03C4 dxl d03C4 - I 2 ~aln ~xi dxl d03C4 dxn d03C4 = o.
Sous cette
forme,
on reconnaît leséquations d’Euler-Lagrange
déter-minant les courbes extrémales de
l’intégrale :
(6.6)
aildxl d03C4 dxtd03C4d03C4
et
d’après (6.2)
et(6.3)
ces extrémales satisfont à la condition (6.7) aijdxt d03C4 dxj d03C4 = o,.
Cette
propriété
desbicaractéristiques
deséquations
aux dérivées par- tielles du second ordre contient enparticulier
le cas bien connu suivant :les
bicaractéristiques
del’opérateur
différentiel du second ordre deBeltrami (laplacien généralisé)
d’une variété riemannienne sont lesgéodésiques
delongueur
nulle de cette variété. C’est cettepropriété
essentielle
qui
est àl’origine
des travaux de MM. G. Darmois et.A. Lichnerowicz sur le
principe
desgéodésiques
en relativitégénérale.
7.
-L’optique
ondulatoireet l’optique géométrique.
- Commeexemple
d’application
des résultats duparagraphe précédent,
nous allons montrerqu’ils
réalisent le passage del’optique
ondulatoire àl’optique géomé-
trique
et inversement. Pourcela,
considéronsl’équation
aux dérivéespartielles qui régit
lapropagation
de la lumière dans un milieu per- manent, transparent,isotrope
et nondispersif
d’indicen (x,
y,z)
:F est l’une des composantes du
champ électromagnétique mais,
pour cequi
i nouspréoccupe ici,
il nous suffira de la considérer comme une« variable lumineuse » au sens de Fiesnel. Nous avons en outre
posé
03BD(x, y, z) =
c n(x, y, z)
.
On sait que
l’optique géométrique
seprésente
comme uneapproxi-
mation de
l’optique physique
valable seulementlorsque
lalongueur
d’onde des vibrations lumineuses est
négligeable
vis-à-vis des autreslongueurs
intervenant dans leproblème.
Nous chercherons donc unesolution de
(’l.1) qui
soit de la forme ,(7.-~) ) F ( x, ~y~, z. t j == cz ( x, y, .~,; t S ( x, y, z, t )
en
supposant
que la constanle k est extrêmementgrande. Après
avoirreporté (7.2)
dans(7.i)
on peut, dans cesconditions, négliger
tousles termes devant ceux
qui
contiennent le facteur k2 et il reste(7.3) I v2
(~S ~t)2 - (~S ~x)2 - (~S ~y)2 - (~S ~z)2 = o
qui
montre que les surfacesS (x,
y, ,~,t)
= Cte sont les variétés carac-téristiques
del’équation ( 7,1 ). D’aprés
les résultats duparagraphe précédent,
lesbicaractéristiques
del’équation
depropagation
ont pouréquation
(7.4) 03B4
[v2 (dt d03C4) 2 - (dx d03C4)2 - (dy d03C4)2 - (dz d03C4)2]
d03C4 = oavec la condition
(7.5) v2(dt d03C4)2 -
(dx d03C4)2 - (dy d03C4)2 - (dz d03C4)2 = o.
L’équation
d’Euler relative à la variable t fournitl’intégrale première
(7.6)
~
~,~
dt
- oet les trois autres
( nous
n’écrirons que celle en x, les deux autres étantidentiques)
d d03C4(dx d03C4) + I 2~v2 ~x ( dt d03C4)2 =
os’écrivent en éliminant le
paramètre
On
reconnaît,
sous cetteforme,
leséquations
des extrémales de l’inté-grale
(7.8) M1 M,dx2+dy2+dz2 03C1(x,y,z)
qui, compte
tenu del’intégrale première (7.6)
et de la condition(7.5)
n’est pas autre chose que le
temps
mis par la lumière pourparcourir
l’arc
Mo Mi
d’extrémale. En effet, prenant cetemps
deparcours t
comme
paramètre,
leséquations d’EuIer-Lagrange
assurant l’extremumde
(7.8)
s’écriventbien [10,
p.d dt(
I p2dx dt) =
I 2~ ~x(
I p2)[( dx dt)
2+(dy dt)
2+( dz dt)2 ] = -
I 2 I p2 ~p2 ~x.Donnons une
interprétation géométrique
de ce résultat.Désignons
par
R3 l’espace physique (euclidien)
à trois dimensions et considéronsun espace
Ri
à unedimension,
l’abscisse d’unpoint
deRi
étantdésignée
par t. Formons alors
l’espace produit R4
=R3
XRi
et munissons-le d’unestructure
d’espace
deRiemann (1)
en définissant la forme fondamentale (7.9) d’12 = p2 dt2 - - {(y2 - dz2.Dans cet espace, les formules
(Î. ~ )
et(7.5)
définissent lesgéodé-
siques
delongueur nulle,
et les extrémales del’intégrale (7.8)
sont lesprojections
de cesgéodésiques
surl’espace R:;,
lesprojetantes
étant leslignes
lelong desquelles t
varie seul. Nous avons ainsi montré que les rayons lumineux del’optique géométrique,
donnés par leprincipe
deFermât,
sont lesprojections
surl’espace physique,
lelong
deslignes
detemps, des
bicaractéristiques
del’équation
depropagation.
Inversement,
considérons un rayon lumineux del’optique géomé- trique.-
C’est une courbe C deR;j
dont leséquations
sont celles des extrémales de(7.8).
A toutpoint
M de G associons unpoint
deR.
dont la
quatrième
coordonnée soitégale
à(7.I0) t = MM0dx2+dy2+dz203C1(x,y,z)
On obtient ainsi une
géodésique
delongueur
nulle de R, muni de la(’ ) On aura bien soin de ne pas confondre cet espace-temps, construit comme uu espace-temps de configuration, avec l’espace-temps de la relativité restreinte, qui est (pseudo) euclidien et correspond à un indice n (x, y, z) égal à 1 .