Une généralisation du théorème de Rolle
Francinou-Gianella-Nicolas, Oraux X-ENS Analyse 1, page 251 Exercice : Soitf :R→Rune fonction de classeCp.
1. On suppose qu'il existen∈ {0, . . . p−1} tel quef(x) = 0 (xn)lorsque|x|tend vers+∞. Montrer quef(p) s'annule en un point.
2. Comment modier la preuve précédente si on suppose simplement que f estp fois dérivable surR?
3. Que se passe-t-il si n=p?
1. Le casp= 1 et n= 0 généralise le théorème de Rolle : si f tend vers0 en±∞, il existe un réel c tel quef0(c)6= 0. En eet, dans le cas contraire, f0 garderait un signe constant surR (car elle est continue) etf serait strictement monotone. Elle ne pourrait donc pas tendre vers0à la fois en
−∞et en +∞.
Passons maintenant au cas général. Il sut bien entendu de traiter le cas oùn=p−1. Supposons par l'absurde que la fonction f(p) ne s'annule pas sur R. Comme elle est continue, elle garde un signe constant sur R et, quitte à prendre −f, on peut supposer qu'elle est structement positive.
Soitaun réel. La formule de Taylor-Lagrange permet d'armer que pour tout réelx, il existe un réelαx tel que
f(x) =f(a) +f0(a)
1! (x−a) +. . .+f(p−1)(a)
(p−1)! (x−a)p−1+f(p)(αx)
p! (x−a)p On divise cela parxp−1 et on fait tendrexvers+∞et vers −∞. On obtient
f(p−1)(a)
(p−1)! =− lim
x→+∞
xf(p)(αx)
p! =− lim
x→−∞
xf(p)(αx) p!
Mais commef(p)(αx)>0, la première limite est positive et la seconde négative. Il en résulte que f(p−1)(a) = 0. Comme cela vaut pour tout réela, f(p−1)est identiquement nulle et cela contredit la stricte positivité def(p).
2. Dans la preuve précédente, on a toujours le droit d'écrire la formule de Taylor-Lagrange, mais on ne dispose plus de l'argument de continuité pour dire quef(p) garde un signe constant sur R. En réalité, cela reste vrai car une fonction dérivée vérie le théorème des valeurs intermédiaires. C'est le théorème de Darboux.
3. En revanche sip=n, le résultat n'est plus vrai. Pourp= 1, il sut de prendre une fonction bornée à dérivée strictement positive, par exemplex7→ Arctanxou x7→thx. On peut alors en déduire des contre-exemples pourpquelconque. En eet, soitf de classeC1telle quef(x) =o(x)etf0>0 sur R et g telle que g(p−1) = f. On a donc g(p) = f0 ne s'annule pas sur R. Pourtant, comme g(p−1)(x) =o(x), on a successivementg(p−2)=o(x2),gp−3(x) =o(x3), . . . ,g(x) =o(xp)en+∞et en−∞(par le théorème d'intégration des relations de négligeabilité).
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