Universit´e Lyon 1 M1 CAPES: Alg`ebre g´en´erale Automne 2016 Epreuve du 12 d´ecembre 2016
Sujet + Corrig´e
On d´esigne par N l’ensemble des entiers naturels, par Z l’anneau des entiers relatifs, par Q, R et C les corps des nombres rationnels, r´eels et complexes.
Exercice 1.
On d´esigne par P ⊂ N l’ensemble des nombres premiers.
1) Montrer, par une r´ecurrence, que tout entier n ≥ 2 admet un facteur premier p ∈ P.
2) (Infinit´e de nombres premiers)
Soit n ∈ N \ {0}. Montrer que tout facteur premier p de n! + 1 satisfait `a p > n.
En d´eduire que P est infini.
3) (Suite d’entiers sans facteurs premiers communs)
On consid`ere la suite (Fn)n∈N = (22n + 1)n∈N des nombres de Fermat.
a) Montrer que pour tout entier n ≥ 1, Πn−1k=0Fk = Fn− 2.
b) En d´eduire que pour tout entier k ∈ {1, . . . , n − 1}, pgcd (Fk, Fn) = 1 et que P est infini.
4) (Probabilit´e que deux entiers soient premiers entre eux)
Soit n ∈ N \ {0}. On se propose d’´ecrire la probabilit´e Pn que deux entiers a et b dans {1, . . . , n}
soient premiers entre eux au moyen de la formule (admise) du crible:
|
r
[
i=1
Ui|=
r
X
k=1
(−1)k−1 X
1≤i1<i2<···<ik≤r
| Ui1∩ Ui2∩ . . . ∩ Uik | (?) o`u U1, . . . , Ur sont des ensembles finis et | U | d´esigne le cardinal de l’ensemble U.
a) Ecrire explicitement la formule (?) pour r = 2 et r = 3.
Soient p1, . . . , pr la liste des nombres premiers entre 1 et n. On pose, pour tout i ∈ {1, . . . , r}, Ui=(a, b) ∈ {1, 2, . . . , n}2, pi| a et pi| b
b) Expliquer pourquoi le nombre de couples d’entiers (a, b) ∈ {1, . . . , n}2avec a et b premiers entre eux est ´egal `a n2− |Sr
i=1Ui| .
c) Montrer que pour tout (a, b) ∈ {1, . . . , n}2, on a
(a, b) ∈ Ui1∩ · · · ∩ Uik ⇔ pi1· · · pik | a et pi1· · · pik | b.
[Commencer par montrer que si pgcd (p, q) = 1, alors p | m et q | m ⇔ pq | m. Utiliser ensuite une r´ecurrence sur k.]
d) On d´esigne par E(x) la partie enti`ere du r´eel x ∈ R. Montrer que
Pn= 1 +
r
X
k=1
(−1)k X
1≤i1<...<ik≤r
(E(p n
i1···pik))2
n2 .
Corrig´e de l’exercice 1
1) 2 est premier. Supposons que tout entier naturel d avec 2 ≤ d ≤ n admette un facteur premier.
Si n + 1 est premier p = n + 1 est ce facteur premier. Si n + 1 est compos´e, on a n + 1 = dd0 avec 2 ≤ d, d0≤ n. Par hypoth`ese de r´ecurrence d admet un facteur premier p et ce facteur divise n + 1.
2) Supposons que p soit un nombre premier tel que p | n! + 1 et p ≤ n. Comme n! = Πnj=1j, on a p | n! et donc p | n! + 1 − n! = 1. C’est absurde.
Quel que soit n ∈ N , il existe un nombre premier p (facteur de n! + 1) tel que p > n, i.e. P n’est pas une partie finie de N.
3) a) F0= 220+ 1 = 2 + 1 = 3 et F1− 2 = 22+ 1 − 2 = 3.
Supposons Πn−1k=0Fk= Fn− 2 pour n ≥ 1. On a alors
Πnk=0Fk = (Πn−1k=0Fk) Fn= (Fn− 2)(Fn) = (22n− 1)(22n + 1) = (22n+1 − 1) = Fn+1− 2.
b) Soit k ≤ n − 1 et d ∈ N tel que d | Fk et d | Fn.
On a d | Πn−1l=0Fl = Fn− 2 et donc d | Fn− (Fn− 2) = 2, i.e. d = 1 ou d = 2. Fn ´etant impair, d = 1.
Si pn est l’un des facteurs premiers de Fn, les termes de la suite (pn)n∈N sont deux `a deux distincts, i.e. P est infini.
4) a) r = 2 :
|
2
[
i=1
Ui|=| U1| + | U2| − | U1∩ U2| . r = 3:
|
3
[
i=1
Ui|=| U1| + | U2| + | U3| −(| U1∩ U2| + | U1∩ U3| + | U2∩ U3|)+ | U1∩ U2∩ U3| .
b) Pour deux entiers a et b, pgcd (a, b) 6= 1 ssi il existe un nombre premier p tel que p | a et p | b:
en effet, si d | a, d | b, d 6= 1, tout facteur premier p de d convient; r´eciproquement, si p est un diviseur premier commun, alors pgcd (a, b) ≥ p.
On a donc pgcd (a, b) 6= 1 ssi il existe i ∈ {1, . . . , r} tel que (a, b) ∈ Ui ssi (a, b) ∈S
i∈{1,...,r}Ui. Le nombre de couples d’entiers premiers entre eux est donc le cardinal du compl´ementaire de S
i∈{1,...,r}Ui qui est ´egal `a | {1, . . . , n}2| − |S
i∈{1,...,r}Ui| .
c) On utilise le lemme de Gauss: supposons a et b premiers entre eux et soit c tel que a | c et b | c.
c s’´ecrit c = ad, d ∈ Z. Par Gauss, b | ad et pgcd (a, b) = 1 ⇒ b | d; d s’´ecrit d = bd0, d0 ∈ Z et donc c = abd0.
Passons `a la question: si pi1· · · pik | a on a aussi pij | c pour tout j ∈ {1, . . . , k}.
Dans l’autre sens: supposons pi1 | c, . . . , pik | c. On va montrer pi1· · · pik | c par r´ecurrence finie sur l ≤ k. L’assertion est vraie pour un facteur premier. Supposons vrai pour l ≤ k − 1 facteurs premiers et montrons vrai pour l + 1: si pi1 | c, . . . , pil+1 | c, par hypoth`ese de r´ecurrence, pi1· · · pil | c. Les pij ´etant premiers distincts, pgcd (pi1· · · pil, pil+1) = 1. Par le rappel sur Gauss, (pi1· · · pil)pil+1 | c.
d) Le nombre d’entiers a ∈ {1, . . . , n} tels que pi1· · · pik | a est le nombre de multiples de pi1· · · pik
entre 1 et n, i.e. c’est le nombre d’entiers l ∈ N \ {0} tels que l ≤ p n
i1···pil. Ce nombre est ´egal `a E(p n
i1···pil). Par c),
Ui1∩ · · · ∩ Uik = {(a, b), pi1· · · pik | a et pi1· · · pik | b}.
D’o`u
| Ui1∩ · · · ∩ Uik |= E( n pi1· · · pik
)2 et
Pn= n2− |S
i∈{1,...,r}Ui|
n2 = 1 +
r
X
k=1
(−1)k X
1≤i1<...<ik≤r
(E(p n
i1···pik))2
n2 .
Exercice 2.
Partie A.
Pour un entier n ∈ N \ {0}, on d´esigne par Un le groupe multiplicatif des racines n−i`emes de 1 dans C. On a donc z ∈ Un ssi zn = 1.
On rappelle que l’ordre de z ∈ Un est le plus petit entier strictement positif o(z) tel que zo(z)= 1.
Une racine z ∈ Un est dite primitive si z est d’ordre n dans Un. On notera Rn⊂ Un l’ensemble des racines primitives.
1) Soit ζ = exp(2πin ) ∈ Un.
a) Montrer, `a l’aide de la division euclidienne, que si m ∈ N est tel que ζm= 1 alors n | m.
b) Montrer que l’ordre de ζl dans Un est ´egal `a n pgcd (n,l). c) En d´eduire le cardinal de Rn. Que vaut | R1000|?
Corrig´e:
a) Si m = nq + r, 0 ≤ r < n, on a 1 = ζm= ζnqζr = (ζn)qζr = ζr. Par d´efinition de l’ordre n de ζ, l’in´egalit´e r < n implique r = 0.
b) Supposons que m soit tel que (ζl)m= ζlm= 1. Par le a), n | lm, i.e.
n
pgcd (n, l) | l
pgcd (n, l)m
et le lemme de Gauss implique pgcdn(n,l) | m. Pour conclure, il suffit d’observer que m = pgcdn(n,l) (le plus petit m possible) convient.
c) Par le b) ζl est d’ordre n ssi pgcd (n, l) = 1. On a donc | Rn |= ϕ(n) (l’indicatrice d’Euler).
ϕ(1000) = ϕ(103) = ϕ(2353) = ϕ(23)ϕ(53) = (23− 22)(53− 52) = (8 − 4)(125 − 25) = 400.
On d´esigne par Div(n) l’ensemble des diviseurs positifs de n.
2) Montrer que Un=S
d∈Div(n)Rd. [Proc´eder par double inclusion.]
Corrig´e: supposons z ∈ Rd avec d | n. On a zn = zdnd = (zd)nd = 1. Donc z ∈ Un.
Supposons z ∈ Un. Par Lagrange, l’ordre d de z est un diviseur de n, i.e. z ∈ Rd avec d diviseur de n.
La question qui suit ne sera pas utilis´ee par la suite
On rappelle que si (K, ·K) et (K0, ·K0) sont deux groupes, le produit cart´esien K × K0 l’est aussi pour la loi de composition
(k, k0) · (l, l0) = (k ·Kl, k0·K0l0).
3) Soient p et q deux entiers naturels avec pgcd (p, q) = 1.
a) Montrer que l’application
ψ : Up× Uq → C : (u, v) 7→ uv
est `a valeurs dans Upq et que ψ : Up× Uq → Upq est un morphisme de groupes.
b) En vous servant de l’identit´e de B´ezout, montrer que ψ : Up× Uq → Upq est surjectif.
c) En d´eduire que ψ est un isomorphisme de groupes (i.e. que ψ est un morphisme bijectif).
d)? (G´en´eralisation) Montrer que le produit K × K0 de deux groupes finis est un groupe cyclique si et seulement si K et K0 sont des groupes cycliques d’ordres | K | et | K0| premiers entre eux.
Corrig´e:
a) Si (u, v) ∈ Up× Uq, on a (uv)pq = upqvpq = (up)q(vq)p= 1, i.e. uv ∈ Upq.
Pour ψ : Up× Uq → Upq, on a ψ((u, v)(u0, v0)) = ψ(uu0, vv0) = uu0vv0= uv u0v0= ψ(u, v)ψ(u0, v0).
b) Par B´ezout, on sait qu’ il existe (u, v) ∈ Z2 tel que uq + vp = 1.
Tout ω ∈ Upq s’´ecrit ω = exp(2πilpq ) pour un certain l ∈ Z et on a
exp(2πil
pq ) = exp(2πi(uq + vp)l
pq ) = exp(2πiul
p )exp(2πivl
q ) = ψ(exp(2πiul
p ), exp(2πivl q )).
c) Si A et B sont des ensembles finis de mˆeme cardinal, on sait qu’une application f : A → B est bijective ssi elle injective ssi elle est surjective. Ici, | Up× Uq|=| Up| | Uq |= pq =| Upq| .
d)? Un groupe C d’ordre n est cyclique ssi il contient un ´el´ement d’ordre n.
Calculons l’ordre d’un ´el´ement (u, u0) ∈ K × K0:
on a (1, 1) = (u, u0)m= (um, u0m) ssi m est un commun multiple des ordres de u et de u0.
On v´erifie que le plus petit commun multiple convient, i.e. ordre (u, u0) = ppcm (ordre (u), ordre (u0)).
Venons-en `a la question:
Dans le sens ⇐: K et K0´etant cycliques, il existe u ∈ K d’ordre | K | et u0 ∈ K0d’ordre | K0|. Ces ordres ´etant premiers entre eux, dans K × K0 on a: ordre (u, u0)= ppcm (| K |, | K0|) =| K | | K0|.
D`es lors, K × K0 est cyclique de g´en´erateur (u, u0).
Dans l’autre sens ⇒: K × K0 ´etant cyclique, il existe (u, u0) ∈ K × K0 d’ordre | K | | K0|.
Notons o(x) l’ordre de x. On a donc
o(u, u0) = ppcm (o(u), o(u0)) = o(u) o(u0)
pgcd (o(u), o(u0)) =| K | | K0 | .
Cette ´egalit´e pour o(u) ∈ Div(| K |) et o(u0) ∈ div(| K0 |) implique o(u) =| K |, o(u0) =| K0 | et pgcd (o(u), o(u0)) = 1. D`es lors K et K0 sont cycliques d’ordres ´etrangers.
Remarque: ⇐ s’obtient aussi comme suit: deux groupes cycliques de mˆeme ordre ´etant isomorphes, l’isomorphisme des points a), b), c) donne l’implication. (Observer qu’en rempla¸cant Up× Uq par Z/pZ × Z/qZ, c’ est le th´eor`eme des restes chinois.)
Partie B.
Soit n ∈ N \ {0}.
4)
a) Effectuer la division euclidienne de Xn− 1 par X − 1.
b) Factoriser le polynˆome Xn− 1 dans C[X] et dans R[X].
Corrig´e:
a) Xn− 1 = (X − 1)(Xn−1+ Xn−2+ . . . + 1).
b) Les racines de Xn − 1 sont les racines n−i`emes de 1: ce sont les nombres complexes ζl, l ∈ {0, . . . , n − 1} o`u ζ = exp(2πin ).
Pour n impair, 1 est la seule racine r´eelle, les n − 1 autres racines viennent par paires de racines conjugu´ees (ζl, ζn−l), l ∈ {1, . . . ,n−12 }.
Pour n pair, ±1 sont les racines r´eelles, (ζl, ζn−l), l ∈ {1, . . . ,n−22 } les paires de racines conjugu´ees.
Dans C[X]:
Xn− 1 = (X − 1)Π1≤l≤n−1(X − ζl).
dans R[X]:
n impair:
Xn− 1 = (X − 1)Π1≤l≤n−1
2 ((X − ζl)(X − ζn−l)) n pair:
Xn− 1 = (X − 1)(X + 1)Π1≤l≤n−2
2 ((X − ζl)(X − ζn−l)), avec
(X − ζl)(X − ζn−l) = (X − ζl)(X − ζl) = X2− (ζl+ ζl)X + 1 irr´eductible dans R[X].
On d´efinit le n−i`eme polynˆome cyclotomique Φn∈ C[X] par Φn= Πz∈Rn(X − z).
5) a) Soit p un nombre premier. Montrer que Φp=Pp−1 i=0 Xi. b) Ecrire explicitement les polynˆomes Φn, pour 1 ≤ n ≤ 7.
Corrig´e:
a) On a Rp = Up\ {1} car pgcd (l, p) = 1 pour l ∈ {1, . . . , p − 1}.
Les racines primitives sont donc les p − 1 racines de Xp− 1 distinctes de 1, i.e.
Xp− 1 = (X − 1)Πz∈Up\{1}(X − z) = (X − 1)Φp. En utilisant (Xp− 1) = (X − 1)(1 + X + . . . + Xp−1), on a
(X − 1)(Φp− (1 + X + . . . + Xp−1)) = 0.
D’o`u
Φp= 1 + X + . . . + Xp−1, par int´egrit´e de C[X].
b)
n = 1 : U1= {1} = R1, Φ1= (X − 1)
n = 2 : Φ2= 1 + X (par a)) n = 3 : Φ3= 1 + X + X2 (par a))
n = 4 : U4= {1, i, −1, −i}, R4= {i, −i}, Φ4= (X − i)(X + i) = 1 + X2. n = 5 : Φ5= 1 + X + X2+ X3+ X4, (par a))
n = 6 : notons ζ = eπi3 = 12+ i
√3 2 . U6 = {1, ζ, ζ2 = −12 + i
√3
2 , ζ3 = −1, ζ4 = ζ2, ζ5 = ζ}, R6 = {ζ, ζ}, Φ6 = (X − ζ)(X − ζ) = 1 − X + X2.
n = 7 : Φ7= 1 + X + X2+ X3+ X4+ X5+ X6 (par a)).
On se propose `a pr´esent de montrer que, pour tout n ≥ 1, le polynˆome Φnest `a coefficients entiers, i.e. que Φn∈ Z[X].
On rappelle qu’un polynˆome P ∈ Q[X] est dit unitaire (ou normalis´e) si son coefficient de plus haut degr´e est ´egal `a 1.
6) Soient A, B ∈ Z[X] deux polynˆomes (`a coefficients entiers) avec B unitaire et soit A = BQ + R
la division euclidienne de A par B dans Q[X].
Montrer, en proc´edant par r´ecurrence sur le degr´e n de A pour B de degr´e fix´e m, que le quotient Q et le reste R sont dans Z[X].
[On distinguera n < m de n ≥ m. Pour n ≥ m, on utilisera A = anBXn−m+ (A − anBXn−m) o`u an est le coefficient de A de degr´e n.]
Corrig´e:
Si m = 0, B = 1, A = 1 × A + 0 et l’assertion est triviale pour tout n.
Supposons m 6= 0. Pour n < m, A = 0 × B + A et l’assertion est aussi triviale. C’est donc vrai pour n = 0. Soit donc n ≥ m et supposons l’assertion vraie pour tout polynˆome A de degr´e au plus n − 1.
Pour A de degr´e n,
A − anBXn−m= A − an(Xm+ bm−1Xm−1+ . . . + b0)Xn−m
= an−1Xn−1+ . . . + a0− an(bm−1Xn−1+ . . . + b0Xn−m)
est de degr´e au plus n − 1. Par hypoth`ese de r´ecurrence, le quotient Q0 et le reste R0 dans la division
A − anBXn−m= BQ0+ R0 sont dans Z[X]. Observer alors que
A = B(Q0+ anXn−m) + R0
est la division de A par B et Q = Q0+ anXn−m∈ Z[X], R = R0 ∈ Z[X].
7) a) Montrer en vous servant de la question 2, que pour tout n ∈ N \ {0}, Xn− 1 = Πd∈Div(n)Φd.
b) En d´eduire, `a l’aide de 6) et d’ une r´ecurrence sur n, que pour tout n ≥ 1, Φn∈ Z[X].
Corrig´e:
a) On utilise Un=S
d|nRd comme suit:
Xn− 1 = Πz∈Un(X − z) = Πz∈S
d|nRd(X − z) = Πd|nΠz∈Rd(X − z) = Πd|nΦd. b) Pour n = 1, Φ1= X − 1 ∈ Z[X]. Supposons Φl ∈ Z[X] pour tout l ≤ n − 1. On a
Xn− 1 = Πd|nΦd = (Πd|n,d<nΦd) Φn,
ce qui montre que Φn est le quotient de la division euclidienne de Xn− 1 ∈ Z[X] par le polynˆome unitaire Πd|n,d<nΦd∈ Z[X]. Par la question 6), Φn∈ Z[X].
Partie C
On se propose `a pr´esent de montrer l’irr´eductibilit´e de Φp, p premier, en se servant du crit`ere d’Eisenstein (admis ici):
Soit A =P
j∈N ajXj ∈ Z[X] un polynˆome de degr´e dA≥ 1.
On suppose qu’ il existe un nombre premier p ∈ N tel que - p divise aj pour tout j ∈ {0, . . . , dA− 1}
- p ne divise pas adA
- p2 ne divise pas a0,
alors, A est un polynˆome irr´eductible de Q[X].
8) a) Montrer que pour tout entier n ≥ 1 et tout entier k ∈ [1, n] on a:
kn k
= nn − 1 k − 1
o`u le coefficient du binˆome est donn´e par nk = k!(n−k)!n! .
b) Montrer que pour tout entier premier p et tout entier k ∈ [1, p − 1], p divise kp.
Corrig´e:
a) C’est un calcul: k nk = kk!(n−k)!n! = (k−1)!(n−1−(k−1))!n(n−1)! = n n−1k−1.
b) On suppose p premier et k ≤ p − 1. On a donc pgcd (k, p) = 1. Par a), p divise k pk; par Gauss, p divise pk.
9) a) Montrer, en utilisant 5 a), que
Φp(X + 1) =
p−1
X
j=0
p j + 1
Xj.
b) Utiliser le crit`ere d’Eisenstein pour montrer que le polynˆome Φp(X + 1) est irr´eductible dans Q[X].
c) En d´eduire que Φp est irr´eductible dans Q[X].
Corrig´e:
a) On a (X − 1)Φp= Xp− 1. En ´evaluant cette identit´e sur le polynˆome X + 1 (i.e. en rempla¸cant X par X + 1), il vient
XΦp(X +1) = (X +1)p−1 =
p
X
j=0
p j
Xj−1 =
p
X
j=1
p j
Xj = X
p
X
j=1
p j
Xj−1= X
p−1
X
j=0
p j + 1
Xj.
On a donc X (Φp(X + 1) −Pp−1 j=0
p
j+1Xj) = 0, i.e.
Φp(X + 1) =
p−1
X
j=0
p j + 1
Xj.
b) Par la question 8) b), p | j+1p pour j ∈ [0, p − 2]. De plus, p ne divise pas pp = 1 et p2 ne divise pas p1 = p. Par le crit`ere d’ Eisenstein Φp(X + 1) est irr´eductible dans Q[X].
c) L’irr´eductibilit´e de Φp r´esulte du fait que si A = BC alors A(X + 1) = B(X + 1)C(X + 1).
Toute factorisation de Φp en polynˆomes de degr´e ≥ 1 induirait une factorisation de Φp(X + 1).