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Submitted on 1 Jan 1980
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Diffusion d’impuretés dans le cuivre et l’étain liquides
A. Bruson, M. Gerl
To cite this version:
A. Bruson, M. Gerl. Diffusion d’impuretés dans le cuivre et l’étain liquides. Journal de Physique,
1980, 41 (6), pp.533-542. �10.1051/jphys:01980004106053300�. �jpa-00209277�
533
Diffusion d’impuretés dans le cuivre et l’étain liquides
A. Bruson et M. Gerl
Laboratoire de Physique du Solide (*), Université de Nancy I, CO 140, 54037 Nancy Cedex, France
(Reçu le 14 janvier 1980, accepté le 22 février 1980)
Résumé.
2014En utilisant
unecellule de cisaillement, le coefficient de diffusion Di de 110mAg, 111In, 113Sn, 124Sb
et 195Au dans le cuivre et l’étain liquides
aété mesuré du point de fusion du solvant à 1 850 K. Les résultats sont
comparés
aucoefficient de diffusion DEi obtenu dans l’approximation de collisions binaires de sphères dures équi-
valentes. Le rapport Ci
=Di/DEi, qui traduit les phénomènes à plusieurs corps, est interprété
enfonction de la densité du fluide, de la
masseet de la taille des atomes de soluté par rapport
ausolvant.
Abstract.
2014The diffusion coefficient Di of 110mAg, 111In, 113Sn, 124Sb and 195Au has been measured in liquid
Sn and liquid Cu, in the temperature range from the melting point of the solvent to 1 850 K, using
ashear cell assembly which provides accurate data. The experimental data
arecompared with the binary collision diffusion
coefficient DEi of equivalent hard spheres. The ratio Ci
=Di/DEi is interpreted in terms of the fluid density and of
the
massand size of the solute atoms.
J. Physique 41 (1980) 533-542
JUIN1980,
pClassification Physics Abstracts
66.10
1. Introduction.
-Etant donne leur importance
essentielle dans de nombreux processus metallurgi-
ques (nucleation et croissance au cours de la solidi- fication d’alliages, homog6n6isation et segregation, etc.) il est de premiere importance de connaitre les mecanismes de diffusion dans les metaux et alliages liquides. Contrairement aux solides ou existent de nombreux travaux experimentaux, la diffusion dans
les liquides n’a pas encore fait l’objet d’une 6tude
experimentale exhaustive car les mesures directes y
sont rendues delicates par : (i) les problemes de compa- tibilit6 du liquide avec la cellule de mesure et 1’atmo-
sphere ; (ii) la forte tension de vapeur des metaux ; (iii) les problemes lies a 1’apparition de phenomenes
de convection ; (iv) la forte valeur (D - 10 - 5 cm2 . s -1 )
des coefficients de diffusion dans les liquides.
Du point de vue theorique, la diffusion dans les
liquides a ete abordee a partir des theories propres
aux solides ou aux gaz dilues. Dans un gaz dilue,
le mouvement des particules est essentiellement libre entre collisions, de sorte que le coefficient de diffusion peut s’ecrire :
ou v est la vitesse moyenne des particules et I Ie’
libre parcours moyen. Dans le cas d’un gaz de spheres dures, l - 1 /n62 ou Q est le diametre des spheres et n
(*) Laboratoire associe
auC.N.R.S. n° 155.
leur nombre par unite de volume. On retrouve ainsi
1’expression exacte du coefficient de diffusion d’un gaz de spheres dures : de masse m [1] :
obtenu par resolution de l’equation de Boltzmann.
Si la densite du gaz augmente, il est necessaire d’introduire des correlations g6om6triques et dynami-
ques. La theorie d’Enskog [1] montre que le coeffi- cient de diffusion DE est de la forme DE
=Do/g(6)
ou g(Q) est la fonction de distribution radiale au contact des spheres dures.
La probabilite de collisions augmentant comme la fonction de distribution radiale g( a) au contact des spheres, les correlations geometriques conduisent
directement au coefficient d’Enskog, tenant compte
uniquement des collisions binaires :
L’expression (2) donne un bon ordre de grandeur
du coefficient de diffusion d’un liquide de spheres
dures de diametre a. Les correlations dynamiques
sont traitees theoriquement par des methodes diff6- rentes :
a) A partir des premiers principes [2-8] : a un
atome marque est donnee une vitesse initiale vo(O)
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01980004106053300
et la reaction du milieu est etudiee. La fonction de distribution des atomes environnants etant obtenue,
on peut ecrire l’equation de mouvement de l’atome marque et obtenir l’equation d’evolution de la fonc- tion d’autocorrelation des vitesses :
ce qui conduit directement au coefficient de diffusion
b) Par des methodes fondees sur une approxima-
tion de champ moyen [9-11].
c) Par des methodes utilisant le formalisme de la fonction memoire de Mori [12-15].
Ces deux dernieres methodes ont le d6faut de ne
pas permettre une analyse detaillee de la dynamique
des collisions, alors que les methodes issues des pre- miers principes permettent de controler precisement
les approximations utilisees.
d) Par dynamique moleculaire [16-23]. Ces tra-
vaux montrent que la fonction d’autocorrelation des
vitesses, apres une decroissance initiale brusque de type Langevin, presente une partie negative caract6- ristique de la r6trodiffusion de l’atome marque
sur ses voisins, et une decroissance asymptotique
lente en t-3/2, due a l’amortissement des modes
hydrodynamiques excites par l’atome marque.
Citons egalement Ifs modeles phenomenologiques
de l’oscillateur itinerant [24-26], du volume libre [27]
et des fluctuations continues [28]. Ces modeles intro- duisent des approximations ad hoc pour decrire la diffusion de maniere simple et renoncent a decrire les correlations dynamiques.
Le comportement detaille de la fonction d’auto- correlation des vitesses se refl6te dans la valeur de la constante de diffusion (3) et le but du present travail
est d’etudier la variation de D avec la masse et la taille de 1’atome marque, dans une matrice m6tallique.
Les techniques experimentales les plus couram-
ment utilisees pour mesurer les coefficients de diffu- sion dans les liquides utilisent un capillaire vertical
pour eviter au maximum la convection [29], et une
cellule de cisaillement [30-31], de maniere a controler la temperature et la duree de 1’exp6rience. Cette technique, utilisee dans le present travail, est decrite
dans la section 2. La section 3 est consacree aux r6sul- tats experimentaux obtenus dans le cuivre et retain
liquides, et a leur interpretation.
2. M6thode exp6rimentale.
-Dans la methode
classique du capillaire-r6servoir [32] des corrections
importantes doivent etre apportees aux resultats
bruts car (i) des phenomenes de convection dus au
fort gradient de concentration apparaissent a 1’em-
bouchure du capillaire; (ii) la diffusion commence au
cours du chauffage et se poursuit au cours du refroi-
dissement de l’echantillon ; (iii) des phenomenes de segregation se declenchent au cours du refroidisse-
ment.
De maniere a eviter ces inconvenients, nous avons
construit une cellule de cisaillement d6jd decrite par ailleurs [33-35]. Celle-ci schematisee sur la figure 1,
Fig. 1.
-Representation schematique de la cellule a cisaillement : 1) reservoir de remplissage, 2) metal liquide, 3) disques mobiles, 4) disque central, 5) impuret6, 6) disques fixes. a) Configuration
de la cellule pendant la montee
entemperature du systeme ; b) D6but
de la diffusion ; c) Cisaillement et fin de la diffusion.
[Schematic representation of the shear cell : 1) filling reservoir, 2) liquid metal, 3) movable discs, 4) intermediate disc, 5) impurity, 6) fixed discs. a) Configuration of the cell during the heating of
the system; b) Beginning of the diffusion run; c) Sectionning of
the capillaries; end of the diffusion run.]
comporte vingt disques centres sur un axe de rotation commun, de 4 mm d’6paisseur et de 42 mm de dia-
metre. Des trous de diametre 1,5 mm, perces dans ces disques, permettent de réaliser quatre capillaires
dans lesquels la diffusion est etudiee par la methode de la couche mince. L’ensemble est place dans une atmosphere d’helium, dans un four a resistor de graphite permettant d’obtenir une temperature uni-
forme a ± 2 OC. Une experience typique se deroule
de la maniere suivante :
a) Les capillaires sont initialement remplis de
cuivre ou d’etain pur (99,999 %) fourni par Materials Research Corp. et les logements pratiques dans le disque central (Fig. la) sont remplis d’un alliage
dilue du metal et d’un radioisotope du solute a etudier.
Au cours de la mise en temperature du systeme,
aucun contact entre la source radioactive et le capil-
laire n’est autorise ;
b) Lorsque la temperature du systeme est stabilisee,
le disque central est tourne, de 1’exterieur du four, de
maniere a mettre en contact l’isotope radioactif et la veine liquide, ce qui initialise le traitement de diffu- sion (Fig. 1 b) ;
c) A la fin du traitement (Fig. 1 c) une rotation des
disques les uns par rapport aux autres sectionne la
535
veine liquide en cylindres de longueur 4 mm et le
refroidissement du systeme est ulterieurement effec- tue ;
d) Apres demoulage, les sections des capillaires
sont pesees et analysees par comptage radioactif à 1’aide d’un spectrometre yINa-Tl.
Un profil de concentration typique est donne par la figure 2. Les conditions aux limites de cette exp6-
rience sont celles de la couche en n :
ou 2 h est 1’epaisseur du disque central et 0 la fonc- tion de Heaviside, de sorte que la concentration de solute est de la forme :
ou
En ajustant les resultats experimentaux a 1’expres-
sion (4), on obtient la valeur de D. On peut egalement,
Fig. 2.
-Type de profil de diffusion. Diffusion de l9sAu dans Cu (T
=1 523 K,
t =7 500 s, D
=4,4
x10 -
5cm2.s-1). Courbe Log C/Co
=f (x2) de pente p
=1 /4 Dt.
[A typical concentration profile for the diffusion of 195 Au in
liquid Cu (T
=1 523 K,
t =7 500 s, D
=4.4
x10-5 cm2.s-1).
Curve log (C/Co)
=f(x2) with slope p
=1/4 Dt.]
au prix d’une erreur syst6matique de l’ordre de 2 %,
utiliser 1’expression approchee
qui correspondrait a une condition initiale de couche infiniment mince, pour analyser les resulta ts experi-
mentaux. Cette forme permet une estimation de l’incertitude maximale sur la mesure de D. L’incerti- tude sur les mesures de concentration est en effet de l’ordre de 1%. Le domaine des concentrations
explor6es etant [C1, C2], la pente
fournit la valeur de D. L’incertitude sur D est alors
Dans une experience typique, In C1 - In C2 - 5, OC/C
=1 % de sorte que AD/D rr 1 %. Cette incer- titude, jointe a celle qui resulte de 1’utilisation de
1’expression (5) pour la concentration, conduit à
une incertitude globale ADID - 3 %, confirm6e par la reproductibilite des resultats experimentaux que
nous avons obtenus.
3. R6sultats experimentaux et interpretation.
-Afin
d’etudier 1’influence des parametres caracterisant les solutes (masse, taille, valence, etc.) sur leur coeffi-
cient de diffusion Di, nous avons mesure le coefficient de diffusion de solutes du groupe IB(Cu, Ag, Au) et
de la cinquieme serie de la classification periodique (In, Sn, Sb) dans Cu et Sn liquides, du point de fusion
a 1 850 K. Les tableaux I et II regroupent les valeurs
experimentales de Di ainsi que la valeur du coefficient
"de diffusion DiE obtenu en utilisant la prescription de Protopapas [36], decrite par l’equation (8), et le
rapport Ci
=Dd DiE.
La methode experimentale que nous avons utilisee
nous a permis d’etendre consid6rablement le domaine de temperatures explorees (Figs. 3 et 4). Pour 1’auto- diffusion, 1’accord avec les resultats anterieurement
publi6s est relativement bon, sauf pour Sn a haute
temperature, ou les valeurs de D obtenues par Swa- lin [37-38] sont nettement plus elevees que celles du
present travail. Par ailleurs, les valeurs experimentales
de Di varient sensiblement lineairement avec la tem-
p6rature :
ou les valeurs de Dm, coefficient de diffusion extra-
pole a la temperature de fusion Tm et de A sont donnees
dans les tableaux III et IV.
Tableau I.
-Coefficients de diffusion Di mesurés en fonction de T (K), comparés à la valeur DiE (10-5 cm2 . s-1) (équation (12)), et rapport Ci
=D;/Df dans Cu liquide. Chaque valeur experimentale est la moyenne des mesures
effec tuées dans les quatre capillaires de la cellule.
[Values of the diffusion coefficient Di (10-5 cm2 . s-1), as a function of temperature T (K), compared to DiE (equation (12)), and the ratio Ci
=D;/DiE, in liquid copper. Each experimental result is the mean value of the
data given by the four capillaries of the shear cell.]
Tableau II.
-Coefficients de diffusion Di (cm2 . s-1) mesurés en fonction de T (K), comparés à la valeur DiE (équation (12)) ; et rapport Ci
=D;/DiE dans Sn liquide.
[Values of the diffusion coefficient Di (10- 5 cm2 . s-1) as a function of temperature T (K), compared to DE
(equation (12)), and the ratio Ci
=D;/Df, in liquid tin.]
537
Fig. 3.
-Coefficients d’autodiffusion experimentaux dans le
cuivre liquide : D J. Henderson [35], -.-.-.-
cetravail.
[Experimental self diffusion coefficients in liquid Cu : D J. Hen- derson [35], -o o o-- this work.]
Fig. 4.
-Coefficients d’autodiffusion experimentaux dans l’étain liquide : 0 Ma-Swalin [37],0 Kharkov [38], 0 Foster [39], * M. 0.
Du Fou [40], A Davis-Fryzuck [41], -
cetravail.
[Experimental self diffusion coefficients in liquid tin : D Ma-Swa- lin [37], Q Kharkov [38], o Foster [39], * M. 0. Du Fou [40],
A Davis-Fryzuck [41 ], ---8--- this work.]
3 .1 AUTODIFFUSION.
-Dans le but de determiner l’influence des effets a N corps sur le coefficient d’autodiffusion Ds, il est necessaire de disposer de la
valeur theorique DsE du coefficient de diffusion lors- que seules, des collisions binaires, non correlees,
sont considerees. En l’absence de calculs realistes de DsE dans les metaux etudies dans le present travail,
Tableau IV.
-Valeur de A et Dm dans l’intervalle de températures [Tl, T2] pour la diffusion dans Sn
liquide.
[Values of A and Dm, in the temperature range [T1, T2]
for diffusion in liquid Sn.]
nous avons assimile le metal liquide pur a une assem- bl6e de spheres dures. Il est bien etabli en effet que, si les details de la fonction d’autocorr6lation des vitesses sont mal decrits par cette approximation,
la valeur de DsE obtenue est raisonnable. Le coeffi- cient de diffusion des spheres dures :
est alors fonction du diametre effectif a(T) des sph6res
et de leur fonction de distribution radiale g(6) au
contact.
En utilisant des arguments similaires a ceux du critere de fusion de Lindemann, Protopapas [36]
montre que la variation de as avec la temperature
peut etre decrite par une loi du type :
of B est sensiblement le meme pour tous les m6taux.
Cette variation en temperature de as rend compte, de maniere qualitative, de 1’ecart entre le potentiel interatomique et un potentiel de spheres dures 6qui-
valent. La valeur de Qo est determinee par Protopapas
en choisissant, pour tous les metaux, la valeur du coefficient de remplissage ym
=0,472 au point de
fusion.
Une fois obtenue la variation a(T), on peut cal- culer la valeur de g(c) en utilisant l’equation d’etat
de Carnahan et Starling
Tableau III.
-Valeur de A et Dm dans l’intervalle de températures [Tl, T2] pour la diffusion dans Cu liquide.
[Values of A and Dm, in the temperature range [Tl, T2] for diffusion in liquid Cu.]
Fig. 5.
-Rapport experimental DS/Ds
=C,(y) dans Sn o et
dans Cu D compare
avecles resultats de Alder. DS/Ds calcule
avec