FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
DE BORDEAUX
ANNÉE 1894-95 N° 37
D E
DANS LA ROUGEOLE
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
PRÉSENTÉE ET SOUTENUE PUBLIQUEMENT LE 21 DÉCEMBRE 1894
par
Bernard-Jules-Oscar DUCLOS
Interne provisoire des Hôpitaux Né à Condom (Gers), le 15novembre 1868.
EX^AIVEI]NrA.TEXJFLS IDE! L.A. THÈSE MM. ARNOZAN, professeur, président.
DUPUY, professeur, J DUBREUILH, agrégé,
(
juges.MOUSSOUS, agrégé \
Le Candidat répondra aux questions qui lui serontfaites surles diverses parties de l'enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE Ve GAEORET
17— ruemontméjan—17
1894
M. PITRES Doyen.
PROFESSEURS : MM. MCE..
AZAM.
Clinique médicale ....
Cliniquechirurgicale — j
Pathologie interne
Pathologie et thérapeutique générales
Thérapeutique
Médecine opératoire Clinique obstétricale
Anatomie pathologique
Anatomie
Histologie et Anatomie générale Physiologie
Hygiène
Médecinelégale
Physique -
Chimie »
Histoire naturelle Pharmacie Matièremédicale
Médecine expérimentale ...
Clinique ophtalmologique
Clinique des maladies chirurgicales des enfants ...
AGRÉGÉS EN EXERCICE SECTION DE MÉDECINE
Professeurs honoraires.
MM. PICOT.
PITRES DEMONS.
Pathologie interne et Médecine légale
LANELONGUE.
DUPUY.
VERGELY.
ARNOZAN.
MASSE.
MOUSSOUS.
COYNE.
BOUCHARD.
VIAULT.
JOLYET.
LAYET.
MORACHE.
BERGONIÉ.
BLAREZ.
GUILLAUD.
FIGUIER.
DE NABIAS.
FERRrt.
BADAL.
PIÉCHAUD.
MOUSSOUS.
DUBREU1LH, MESNARD.
CASSAËT.
AUCHÉ.
SECTION DE CHIRURGIE ET ACCOUCHEMENTS
i POUSSON.
Pathologie externe.
Accouchements.
DENUCE.
VILLAR.
RIVIÈRE.
CHAMBRELENT.
SECTION DES SCIENCES ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES Anatomie et Physiologie. IMM. PRINCETEAU. I u. , . t ..
^ Histoire naturelle. N.
SECTION DES
Physique
Chimieet Toxicologie,
Pharmacie
SCIENCES PHYSIQUES
...MM. SIGALAS.
DENIGES.
BARTHE.
COURS COMPLEMENTAIRES
Clin, internedes enfants Clin. desmal.syphil. elculaii...
Clin, des mal. desfemmes.
Clin, des mal. desvoies urin.
Mal. dularynx,des oreilles et dunez.
M. A.MOUSSOUS DUBREUILH.
BOURSIER.
POUSSON.
MOU RE.
Maladiesmentales.... MM. RÉGIS.
Pathologie externe.. DENUCÉ.
Accouchements RIVIÈR.E.
Chimie DENIGÈS.
Zoologie BEILLE.
Le Secrétairede la Faculté, LEMAIRE.
v Par délibérationdu 5 août 1879, la Faculté aarrêté que les opinions émisesdans les
» Thèsesqui lui sontprésentées doivent être considéréescomme propres à leurs auteurs
» et qu'elle n'entend leurdonner ni approbation ni improbation.»
A MON PÈRE
A MA MÈRE
A MES PARENTS
A MES AMIS
A Monsieur le Docteur André MOUSSOUS
Professeur agrégé ci Ici Faculté de Médecine de Bordeaux,
Médecin desHôpitaux,
Chargédu cours de cliniquemédicaledesEnfants,
Officierd'Académie.
A mon Président de Thèse
.Monsieur le Docteur ARNOZAN
Professeur deThérapeutique àla Faculté de Médecine deBordeaux
Médecin des Hôpitaux, Officier d'Académie.
D E
Lit IILSOI tlUTIlit DE Lt LHl.lt
DANS LA ROUGEOLE
INTRODUCTION
Nous avons remarqué, dans le service de clinique
médicale
infantile de M. le professeur agrégé Moussous, en
examinant
des enfants atteints de rougeole, la fréquence d'un
symptôme
que la plupart des auteurs omettent de signaler.
Nous voulons parler de la desquamation de la langue.
Il nous a paru intéressant d'étudier les caractères de
cette
desquamation et defaire de cette étude le sujet de notrethèse.
M. le professeur Moussous a bien voulu nous
permettre de
recueillir les observations des petits malades de son
service.
Nous lui en témoignons toute notre reconnaissance
et le prions
de vouloir bien accepter tous nos remercîments pour
les
con¬seils éclairés qu'il nous a donnés pendant le temps que nous
avons passé dans son service.
Nous nous félicitons de profiter ici de l'usage
traditionnel
qui nous permet de
remercier
nosmaîtres de la Faculté et des
Hôpitaux et en
particulier M. le professeur Démons, M. le
Dr Dubourg et M. le Dr
Mandillon,
pourtous les enseigne¬
ments qu'ils nous ont donnés, dans
leur service, durant le
cours de nos études médicales.
Nous n'auronsgarde d'oublierque M. le Dr Courtin,
chirur¬
gien des hôpitaux, nous a
préparé à l'internat;
nouslui
en témoignons toute notre reconnaissance.Que M. le professeur Arnozan, qui a bien voulu accepter
la
présidence de notre thèse,reçoive l'expression de notre
pro¬fondegratitude.
CHAPITRE PREMIER
HISTORIQUE
La plupart des auteurs qui se
sont occupés de la rougeole,
parlant des manifestations
buccales de cette affection,
se con¬tentent de signaler la présence, sur le
dos de la langue, d'un
enduit saburral, commun non seulementaux
fièvres éruptives,
mais encore à beaucoup d'autres maladies
fébriles.
D'après Rilliet et Barthez
(Maladies des enfants, t. II,
p. 711, 1843) : « La langue conserve
toujours
sonhumidité
pendant la rougeole
normale, très rarement
onla rencontre
collante ou sèche; son pourtour ou sa
pointe seulement sont
d'un rouge rosé assez
vif;
saface dorsale et
sabase sont sou¬
vent couvertes d'un enduit blanc ou jaune assez épais.
Elle
revient à l'état normal pendant la décroissance
de l'éruption;
très rarement, elle restenaturelle
pendant toute
sadurée, très
rarement aussi il s'y développe des
aphtes,
oubien
encoreelle
devient grosse et volumineuse, comme
si l'inflammation envi¬
ronnante s'y propageait ».
Cette description des modifications
de la langue résume, à
peu de choses près, ce que
disent les divers auteurs jusqu'en
1889, soit dans les livres
classiques, soit dans les articles de
journaux où ils s'occupent
de la rougeole.
A cette époque, Caubet, dans sa
thèse (Essai
surles mani¬
festations et les complications
buccales de la rougeole chez les
enfants, Paris, 1889), signale la
desquamation de la langue
et donne des observations à l'appui.
- 14 —
« Dans certains cas, dit-il, on trouve la bouche recouverte
d'un piqueté rouge rappelant absolument le
piqueté
du voiledu palais et attirant immédiatement l'attention par sa
vive
coloration; d'autres fois, c'est à peine si, en examinant avec
grand soin la cavité buccale, on peut percevoir une rougeur
un peu plus accentuée de la langue, un léger érythème de la
face interne des joues, une coloration un peu plus vive des gencives ».
Enfin il est des cas où l'enanthème buccal peut faire défaut
ou tout au moins a pu être si fugace qu'il a déjà disparu lors
de l'examen de la bouche de l'entant.
Outre cet aspect érythémateux que nous venons de signaler,
on peut constater, du côtéde la cavité buccale, certaines modi¬
fications apparaissant le plus souvent à la suite de l'érythème
et attestant une intensité plus grande de l'inflammation. C'est
ainsi qu'on peut voir une desquamation plus ou moins étendue
de la muqueuse de la langue, laissant après elle une colora¬
tion rouge et un aspect irrégulier de la face dorsale, analogue
à celui de la langue dans lascarlatine; nous en avons recueilli plusieurs observations que l'on trouvera plus loin.
Cet aspect irrëgulier de la langue pourrait, dans certains
cas, induire en erreur, si les autres symptômes ne permet¬
taient pas de faire le diagnostic.
Depuis 1889, on n'en omet pas moins la constatation de la desquamation de la langue dans les diverses descriptions qu'on a données de la rougeole.
D'après Baginsky (Traité des maladies des enfants, traduc¬
tion française 1892) :
« La muqueuse buccale est sèche, la langue couverte d'un
enduit blanc grisâtre, les bords de l'organe sont rouges, les papilles saillantes ».
D'après Louis Guinon, dans l'article Rougeole du Traité de
médecine : « La langue n'a rien de spécial, elle est blanche et saburrale, allongée, rouge sur les bords, où les papilles sont gonflées et saillantes; la muqueuse buccale est rouge; mais la
rougeur augmente en arrière; elle forme, sur le voile et lapar¬
tie postérieure de la voûte, un piqueté fin; le pharynx est uni¬
formément rouge dans ses parties antérieures ».
Dieulafoy
fManuel
depathologie interne, 1894),
nousdit
:« La stomatite de la rougeole, véritable exanthème morbilleux
de la bouche, est souvent suivie de desquamation linguale qui
a quelque analogie avec la langue framboisée de la scarlatine.
Cette stomatite morbilleuse, comparable à l'érythème et au catarrhe morbilleux de la gorge et du larynx, ouvre la porte
aux infections secondaires ».
Il semble, par conséquent, que ce symptôme n'ait pas
acquis
droit de cité, et alors que tous les auteurs décrivent ou indi¬
quent tout au moins la desquamation linguale de la scarlatine,
la plupart ne parlent pas de cette même desquamation dans
la
rougeole.
Peut-être peut-on trouver la raison dans ce fait que la lan¬
gue ne se dépouille pas de son épithélium d'une façon cons¬
tante, comme nous le verrons plus loin.
A notre avis, la fréquence, au moins dans les cas que nous
avons observés, est assez grande pour entrer en ligne de compte, et le phénomène assez important pour être au moins signalé, comme vont le prouver les observations empruntées
à
la thèse de Caubet et les observations personnelles qui sui¬
vent.
OBSERVATION I Empruntée à lathèsede C'aubet.
Rougeole. Stomatite légère. Desquamation dela langue.
M... (Malhilde), trois ans et demi,entrée le 15 mars 1889, salle Guersant,
lit n° 13. Service du P1' Grancher.
Pas d'antécédentshéréditaires.
Née à terme, élevéeau sein parsamère. Dentitionnormalement effectuée
sans accidents autres qu'un peu de diarrhée.
Le 20 février, l'enfant est amenée à lasalle Gillette pour des ulcérations
de la plante des pieds et de la commissure labiale gauche, ulcérationsde
natureprobablement tuberculeuse, l'enfantétant atteinte de tumeurblanche
du genoudroit. Depuis4jours, l'enfant est souffrante,elle tousse,elle vomit,
a de la diarrhée. Larmoiement, catarrhe oculo-nasal. L'éruption a paru cette nuit, on la transporte à la salle Guersant.
15 mars : Eruption rubéolique assez pâle sur la face, confluente sur la partie inférieure du tronc en avant et en arrière. Coup de pinceau conjonc-
tival.Gorge rouge avec de la stomatite, langue desquamée,piqueté du voile
du palais.
Lajoue gauche estœdémaliée, comme pendante.
1G mars : Râles sous-crépitants fixés dans le tiers moyen du poumon
gauche.
20 mars : Fausses membranes sur la gorge, passage au pavillon de la diphtérie.
OBSERVATION II Thèse de Caubet.
Rougeole.Desquamation de la langue.
F... (Olive), 29 mois, entrée le il janvier 1889, salle Bouvier et le
1er février, salle Guersant, lit n. 8. Service du Pr Grancher.
Pas d'antécédents héréditaires, père et mère bien portants.
Elevée àParis au biberon, à la crèche. Elle n'a jamais marché seule et
n'a commencé àparler qu'à 14 mois.
Débuts de rachitisme vers20mois. Bronchites répétées. Impétigo.
Il y a deux mois, abcès froids sur le pied
gauche et la main droite, on
l'amène salleBouvier (chirurgie).
Le l0r février, elle rentre salle Guersaut, en pleine éruption
rubéolique.
L'enfant est très pâle. Lalangue est .desquaméeà la pointe;
la
gorge rou- geâtre au niveau des amygdales. Respirationaffaiblie
enarrière
auxdeux
bases, surtout àgauche.
Les phénomènesstélhoscopiquesaugmentent
d'intensité et l'enfant meurt
le 9février.
OBSERVATION III
ThèseCaubet.
Rougeole. Desquamation de lalangue.
R... (Louis), 7 ans, entré le 1erfévrier salle
Guersant, lit n° 22. Service
du PrGrancher.
Père mort. Mère tuberculeuse. L'enfanta étéélevé à Paris par sa mère
avec des soupes etdes panades.
Il y a un an, ila eu un eczéma à la tête.
Depuis deux jours, catarrhe oculo nasal.
L'éruption rubéolique parait le
matin 1er février, surtout surl'avant-bras droit.
2février : L'éruption pâlit, la gorge est rouge,
il
y a unléger degré de
stomatite; la langue estdesquamée.
Râles sous-crépitants aux deuxbases des poumonsen
arrière. Guérison.
Sortie le 14 février.
3 Duc.
— 18 —
OBSERVATION IV Thèse Caubet.
Rougeole. Desquamation de la langue.
N... (Jeanne), 14 mois, entrée le 28 février 1889, salle Guersant, litn° 18.
Service du Pr Grancher.
Eruption rubéolique apparue le 28 février.
1ermars. Eruption peu colorée sur la face et sur le tronc;plus rouge aux avant-bras et sur les cuisses.
Presque pas d'angine, langue sèche, desquamée; elle a un aspectvermeil.
Visage de broncho-pneumonie; amaigrissement extrême; état presque
squelettiqne ; chapelet rachitique au niveau des côtes. L'enfant se meurt.
Enveloppement dans le drap mouillé. Temp. avant, 39,9; après, 38,3.
4 mars. Mort.
OBSERVATION V Thèse Caubet.
Rougeole. Desquamation delàlangue.
Dég... (Jeanne), 10ans, entrée le 3 mars 1889, salle Guersant, lit n. 11, service du P1'Grancher.
Pas d'antécédents héréditaires.
4 mars. Eruption nettement rubéolique généralisée. Langue desquamée.
Râlessous crépitants à bulles fines en arrière, dans toute l'étendue des poumons, avec prédominance à droite.
14 mars. Sortie. Guérison.
OBSERVATION Yl Thèse Caubet.
Rougeole. Desquamation de lalangue.
Féw... (Hélène), 3 ans, entréele 4 mars 1889, salle Guersant, lit n. 16, service du Pr Grancher.
Père bien portant; mère tuberculeuse.
Lesgrands parents maternels sont morts d'affection depoitrine.
L'éruption a apparuhier.
Aujourd'hui 5 mars, éruption rubéoliquepeu coloréeau niveau du men¬
ton, sur le tronc, plus abondante sur le ventre et le dos, caractéristique au cou et derrière les oreilles. Conjonctivite palpébraleassez intense.
Rougeur intense desamygdales, piqueté prononcé sur le voile du palais.
Langue desquamée.
Râles sous-crépitants en arrière et à la base dupoumongauche. Ces phé¬
nomènes restent stalionnaires lesjours suivants.
Le 7 mars, fausses membranes blanchâtres sur lapointe de la langue;on les touche avec dunaphtol camphré.
Le 8 mars, enfant cyanosée. Temp. 40°. Mort.
OBSERVATION YII Thèse Caubet.
Rougeole.Desquamation de la langue,
Bouill... (Paul), 6 ans, entréle 11 mars1889,salle Guersant, litn. 6,ser¬
vice du Pr Grancher.
Pas d'antécédents héréditaires.
Elevé ausein à la campagne ; a marché àdix-huit mois, a parlé à vingt-
quatre mois; pas d'accidents dedentition.
A 3 ans, fluxion depoitrine; depuis, l'enfant tousse tous les hivers. De¬
puis 3jours, l'enfantse plaint de mal à latête.
— 20 —
L'éruption rubéoliquea paru hier.
11 mars. Larges placards rougessur lesmembresinférieurs.
Angine
ca¬ractéristique avec desquamation de la langue.
Râles sous-crépitanls aux deux bases en arrière.
30 mars. L'enfant sortguéri.
OBSERVATION VIII
Thèse Caubet.
Rougeole. Desquamation de la.langue.
Hoffm... (Arsène), 2 ans, entré le 23 mars 1889, salle Guersant,litn. 10,
service du Pr Grancher.
Pas d'antécédentshéréditaires. Né à terme, élevé àla campagne parune nourrice, au biberon. Sevré à onze mois environ. Dentition normale sans
accidents. Il y a deux mois, angine qui a duré huit jours.
Il y aun mois, dysenterie pour laquelle il est soigné pendant
trois
se¬maines à l'hôpital. Depuishuitjours qu'il en était sorti, il était pâle, faible,
somnolent, il toussait. Catarrhe oculo-nasal. Gorge rouge. La langue est
ronge, desquamée.
L'éruption rubéolique a paruhier sur la face; celte éruption interne est
de courte durée; l'enfant sort guéri le 29 mars.
OBSERVATION I
Service deM. leprofesseurMoussous.
Rougeole. Desquamation de la langue.
Louis R..., 3 ans.
Salle18, litn<> 5.
Entré le 17janvier 1894. Vientde la salle 6 où il avait un début de bron¬
cho-pneumonie.
—21 —
18janvier : L'éruplion lui estsortie dans la nuit. Elle est confluente sur
toutela face, qui est recouverted'une plaque rouge frambroise, difïluenle
surle corps oùexistent çà et là quelques plaques qui font un peu saillie
sur la peau.
Lalangue estblanche. Elle commenceà desquamer surles bords et à
la
face dorsale. La gorge est rouge. Pas d'adénopalhie rétro-maxillaire ni
sous-maxillaire. Catarrhes oculaireet nasal, un peu de photophobie.
A l'auscultation, pas de malitéà droite; à gauche, matité légère.
Quel¬
ques râles sous-crépitants à droite, souffle léger par instants avec
râles à
gauche. L'enfant avaitun commencementde
broncho-pneumonie
àla salle
6, où onlui avait mis une mouche à gauche. Pas dedyspnée. Pas
de batte¬
ments des ailes du nez. Temp. du matin, 39,6. Temp. du soir, 39,4. Un
peu d'otite suppurée.
19janvier : L'éruption diminue. Encore un peu de rougeur par
places.
Catarrhe oculaire et nasal. Gorge un peu rouge, amygdales légèrement
tuméfiées. A l'auscultation, matité aux deux bases; à droite, râles sous- crépitants; à gauche, souffle à la base et au tiers moyen avec
râles
sous-crépitants à la fin del'inspiration. Au sommet, râles. Léger
battement des
ailes du nez. Temp. du matin, 37,6.Temp. du soir, 38°. La langue
continue
à desquamer. Les bords sont lisses et brillants. Les
papilles sont turges¬
centes. Le dos de la langue présente une traînée blanchâtre
d'enduit
saburral.
20janvier : L'enfant est très agité; il ne peut pas
tenir
enplace dans
sonlit; il éprouve de la gêne respiratoire : 24 inspirations par
minute. A l'aus¬
cultation, submatité à droite avec léger souffle etrâles
sous-crépitants à la
base; à gauche, matité à la base, souffle s'étendant presque
jusqu'au som¬
met, plusmarqué qu'à droite, avec râles
sous-crépitants très nombreux à
la base, plusrares au sommet. L'éruption morbilleusea presque
complète¬
mentdisparu. Les amygdales etla gorge sont un peu rouges encore
et les
catarrhes oculaire et surtout nasal sont assez accentués. Temp. du matin,
37,8. Temp. du soir, 37,4. La langue est toujours rouge
et luisante à la
pointe et surles bords. La desquamation
continue.
21 janvier : Temp. du matin, 37,6. L'éruption a disparu. L'agitation est
moins accentuée. La rougeur des amygdales et de la gorge est beaucoup
moins intense à droite et à gauche; les râles sont moins nombreux. L'état du petit malade est beaucoup plus satisfaisant. La langue ne se desquame plus; il y a une légère traînée blanchâtre sur le dos de l'organe, contras¬
tant avecla surface brillante et lisse des bords, de la pointe et de la partie
antérieure. Temp. du soir, 37,4.
22janvier : Temp. du matin, 37,8. Mêmes signes que hier à l'ausculta¬
tion. La langue commence à reprendre son épithélium et à perdre sa cou¬
leur rouge. Temp. du soir, 37,6.
23janvier: Temp. du malin, 37,4. L'auscultation est à peu près négative.
La langue areprissa couleur normale. Temp. du soir, 37,6.
24 janvier : Temp. du malin, 36,8. Temp. du soir, 37°. L'enfant est en convalescence.
23janvier : Guérison.
OBSERVATION II Servicede M. leprofesseur Moussous.
Rougeole. Desquamation de la langue.
Lucien E..., 9 ans.
Salle de l'Isolement, lit n° 8 Entré le 22janvier 1894.
Malade depuis le 19janvier. Il a commencé par avoir mal de tête et mal de gorge. Il est resté au lit depuis ce temps.
Le 21 janvier, on a constaté que, sur le corps, il lui sortait de petites plaques rouges. Le 22janvier, ila été porté à l'hôpital des enfants oùil est resté le jour même.
23janvier : Aujourd'hui, l'éruption qui avait couvert tout le corps et qui
était trèsconfluenle sur laface, a beaucoup pâli.
L'enfanta encore un peu de conjonctivite et de catarrhe nasal;pasd'otite
— 23 —
ni dadénopathie rétro ou sous-maxillaire. Le voile du palais est rouge ainsi que les amygdales. L'enfant tousse beaucoup et rejette quelques
mucosités.
Lalangue desquame ainsi queles lèvres.
A l'auscultation, pasde matité d'un côté ni de l'autre; râles de bronchite
à droite et à gauche dans tout le poumon, principalement aux deux bases
où ilssont très nombreux; pasd'oppression, pas debattements des ailes du
nez. Temp. du matin, 37,2. L'éruption fait saillie sur les jambes oùelle est confluente. Tendance ecchymotique sur le dos. Temp. du soir, 38,4.
25janvier : L'éruption a beaucoup pâli; elle est devenue ecchymotique
sur tout le dos. La langue continue à desquamer, les amygdales etle voile
du palais sont encorerouges. Les amygdales sont revenuesàl'état normal.
A l'auscultation, quelques râles sibilants seulement à droite; rien à gau¬
che. L'enfant tousse un peu. Temp. du matin, 37,5. Temp. du soir, 37,4.
26janvier : L'éruption a presque complètement disparu. La langue est lisse, polie et complètement desquamée. Depuisqu'il est malade, l'enfant
n'a pas eu, pour ainsi dire, de catarrhes oculaire et nasal. Lagorge est toujours un peu rouge. A l'auscultation, à droite, submatité à la base, avec râles sibilants et sous-crépitants, souffle par instants dans la respiration forcée; à gauche, râles sibilantset sous-crépitants à la base, pasde souffle.
Temp. du matin, 37,5. Temp. du soir, 37,4.
27janvier : Temp. du matin, 37°. [.'éruption a disparu. La rougeurde la
gorge n'existe plus. L'épilhélium de la langue commence à se reformer. A
droite comme à gauche, les râles sibilants et sous-crépitants ont perdu beaucoup deleur intensité. L'enfant est mieux. La température du soir est 37,2.
28janvier : La langue a repris son aspect normal. Les signes tirés de
l'auscultation de la poitrine sont peu significatifs. Le mieuxs'est accentué.
Temp. du matin, 37,2. Temp. du soir, 37,4.
29janvier : Temp. du matin, 37°. Temp. du soir, 37,2. Convalescence.
Sortie le 2 février. Guérison.
OBSERVATION III
Servicede M. le Pr Moussous.
Rougeole. Desquamation dela langue.
Henri P..., entré le 24janvier.
25janvier : L'enfant est en pleine éruption de rougeole, très
confluente
sur la face, le thorax etle dos; sur lesjambes elle forme des plaques fai¬
sant saillie. On peu de catarrheoculaire, gorge rouge, arrière-fondcouvert
de matières pultacées, légère adénopathie sous-maxillaire.
A l'auscultation : côté droit, quelques râles sous-crépitants à la base. A gauche, malilé àla base avec souffle et râlessous-crépitants. L'enfant n'est
pas oppressé et ne présente pas dedilatation des ailes du nez.
liaunediarrhée intense noirâtre etmêlée desang. Malgré cela, sonventre n'est pas douloureux à la palpalion. Pas de gargouillement dans la fosse
iliaque droite. La langue estblanche et desquamesur les bords, àla pointe
et un peuà la partie moyenne.
Temp. du matin, 38,8; Temp. du soir, 37,8.
26janvier : L'éruption a beaucoup pâli sur tout le corps. La gorge est
encore un peurouge.Al'auscullalion, àgauche, unpeu de matité à la base; diminution du murmurevésiculaire, râles sous-crépitants mêlés àdes sibi¬
lants. A droite, râles sous-crépitants. L'enfant tousse beaucoup. Pasd'op¬
pression.Potionà l'acétated'ammoniaqueetbenzoate de soude. Ladiarrhée
persiste mais est devenue jaune et n'est pas mêlée de sang. Lalangue est privéede son épithélium, rougeet luisante sur les bords et à la pointe; on peut voir les papilles hypertrophiéeset saillantes.
Temp. du matin, 37,8; Temp. du soir, 38".
27janvier : L'éruption a à peu près disparu. Larougeur de lagorges'est
atténuée. A l'auscultation, à droite et à gauche, râles sous-crépitants et sibilantsmaismoins marqués quelaveille. La languecontinueàdesquamer.
Ilreste sur le dos de l'organe une légère traînée blanchâtre forméepar l'enduit saburral.
— 25 —
Temp. du malin, 37,8; Température du soir, 38°.
28janvier : Signes d'auscultation moins caractérisés, c'est à peine si on entend encore quelques râles. La desquamation de la langue a terminé son évolution. L'épithélium se reforme.
Temp. du matin, 37,6; Temp. du soir, 37,8.
29janvier: La langue est revenue à l'étatnormal. L'enfant est en conva¬
lescence..
Temp. du matin, 37,4; Temp. du soir, 37.
Sortie, guérison, le 2 février.
OBSERVATION IV
Marcel P.,., 3 ans et demi.
Entré le 24janvier J894.
23janvier : Comme son frère, l'éruption estdansson pleinet occupe tout le corpsformant des plaquesexcessivement saillantes,sans tendance ecchy- motique. La gorge est rouge et enduite de matières pultacées. Adénopa-
thie rétro-maxillaire. La langue desquame à la pointe, sur les bords et un peusur la face dorsale.
A l'auscultation, quelques petits râles de bronchite seulement.
Temp. du matin, 38,2; Temp. du soir, 39,6.
26janvier : L'éruption a très peu pâli principalement sur les aines, la
gorgeest toujours rouge, la langue continue à desquamer.A l'auscultation,
àgauche,unpeu de matitéavecdiminution dumurmurevésiculaire; souffle léger et râles sous-crépitants.A droite, râles sous-crépitants mêlés de sibi-
lances. L'enfant a l'air moins abattu quehier.
Temp. du matin, 38°. Temp. dusoir, 39o.
27janvier : La gorge est moins rouge. A l'auscultation, toujours un peu de matitéàgauche. Lesouffleadisparu. Les râlessous-crépitants subsistent.
A droite, mêmes râles sous-crépitants et sibilants. La langue desquame
encore. Elle a un aspect lisse etbrillant.
4 Duc.
— 26—
Temp. du malin, 38,4; Temp. du soir, 38,2.
28 janvier : Mêmeétal que le 27. L'épithélium de la
langue
sereforme.
Temp. du malin, 37.8; Temp. du soir, 38,2.
29janvier : Les signes à l'auscultalion ont diminué
d'intensité, la langue
a repris son état normal.
Temp. du matin, 37,8; Temp. du soir, 37,4.
2 février : Convalescence. Sorti guéri le II février.
OBSERVATION V
Service de M.le Pr Mocssous.
Rougeole. Stomatite. Desquamation dela langue.
S... (Hector), 3 ans.
Salle 48, lit n. 2.
Entré le 44février 1894.
4 5 février : L'enfant est en pleine éruption de rougeole depuis hier. Elle
couvre tout le corps; elle est confluente sur le dos et au thorax. Catarrhes
oculaire et nasal. La gorge est rouge etrecouverte de matièrespultacées;
pas d'adénopalhie rétro-maxillaire. L'enfant a une toux un peu rauque.
La
langue est saburrale. L'éruption est légèrement ecchymotique.
Rien du
côté du poumon ni en avant, ni en arrière.
Temp. du malin, 38°; Temp. du soir, 38,6.
46 février : Même état quela veille. L'exanthèmeatoutefois un peu pâli.
La gorge est toujours rouge. Rien du côtédes poumons.
La langue
com¬mence à desquamer. Elle présente une coloration rouge vif. Elle estlisse
et brillante.
Temp. du matin, 38,2; Temp. du soir, 38,8.
17 février: Les catarrhes oculaire et nasal persistent toujours. La bouche
et le dessus du nez se pèlent. La gorge est encore rouge. L'enfant a une
touxsèche. L'éruption a beaucoup pâlietdevientjaune rougeâlre.
Rien du côté de la poitrine.
— 27 —
Temp. du matin, 38,6; Temp. du soir, 39,4.
19 février :les catarrhes oculaire et nasal sont mieux, l'éruption a beau¬
coup pâli, disparu par places. L'enfant tousse un peu et sa gorge est en¬
core tapissée de matière pultacées.
A l'auscultation, rien à droite; à gauche, à la hase et un peu sur le côté,
un peu de matité avec souffle léger sans râles. La température se maintient
bonne. Température du matin, 38°;température du soir, 38,9. On pose une mouche.
20février: L'éruption n'existe presqueplus, lamoucheabeaucoup donné, malgré cela le souffle persiste mais reste léger. La langue est recouverte,
surtout à la pointe, d'ulcérations blanchâtres, oblongues, degrandeur diffé¬
rente, àforme impéligineuse, au nombre de sept ou huit. La langue est complètement desquamée. Son aspect est rouge brillant; on prescrit de
l'acide salicylique
Température du matin, 38,4; température du soir, 38,6.
22 février : L'éruption est encore plus pâle. Quant àla stomatite, les ulcé¬
rations de la facedorsale de la langue se cicatrisent et ontdiminué de moi¬
tié depuis hier. Lalangue reprend la couleur rouge normale. Les ulcéra¬
tions de la pointe ont un peuaugmenté d'étendue; on en constate uneautre
à gauche occupant dans le fond de la bouche lamuqueusedes commissures
des deux mâchoires. Elle mesure environ un centimètre de long et un demi
de large. Plusieurs autres occupent la commissuredes lèvresàgauche,ainsi
que la partie interne de la lèvre supérieure du même côté. Lesganglions
rétro-maxillaires sont un peu engorgés. Une autre ulcération siège à la
partie interne de la lèvre inférieure(au milieu environ), dans le repli gin-
givo-labial etsur la gencive inférieure au même endroit;à droite, rien.
A l'auscultation, matité à gauche dans tout le poumon, avec souffle doux
au sommet, plus dur à la base; à droite, rien. Les amygdales sont encore
rouges, avec quelques matières pultacées, etl'enfant tousse un peu rauque;
pas de tirage. Des deux côtés de la luette se trouvent deux ulcérations
de la
grandeurd'une lentille. Rien sur les amygdales.
Température du matin, 38,4; température du soir, 38,8.